17 Décembre 2021
Sauf mention contraire, les textes sont adaptés de la traduction du Rig-Véda par Alexandre Langlois
Prière à Brahma
Yajur-Veda
Cité par A. F. Soupé, dans Études sur la littérature sanscrite
Il est un maître souverain, un maître de tous les mondes…
Cet être unique et inébranlable est plus rapide que la pensée, et les dieux eux-mêmes sont impuissants à concevoir ce suprême auteur qui les a tous devancés.
Quoique immobile, il dépasse de beaucoup tous les êtres : il est plus léger que les vents ; il met en mouvement, à son gré, le reste de l’univers entier et déborde bien au-delà…
Ils sont tombés dans une nuit bien profonde, ceux qui ignorent les devoirs religieux ; ils sont plongés dans une nuit plus profonde encore, ceux qui se contentent de connaître ces devoirs sans les pratiquer…
Que le souffle du vent emporte mon corps qui n’est que cendre ; mais, ô Brahma, souviens-toi de mes intentions, de mes efforts, de mes actes.
Conduis-nous par des voies sûres à l’éternelle béatitude.
Toi qui connais tous les êtres, purifie-nous de toutes nos fautes, et nous te consacrerons nos plus ardentes prières.
Mes lèvres, dans cette coupe d’or, ne cherchent que la vérité.
Ô Brahma, astre inextinguible, je t’adore sous la forme du brillant soleil ; entends mes vœux !
Hymne à l’Âme Primordiale de l'Univers (Paratma)
Rishi Prajapati, Rig-Veda
Au commencement les ténèbres étaient enveloppées de ténèbres ; l'eau n'était troublée d'aucune vague. Tout était confondu.
Rien n’existait alors, ni visible, ni invisible. Il n'y avait pas de région supérieure, ni d’air, ni de ciel.
Où était cette coquille remplie des mondes à paraître ? Dans quel lit se trouvait contenu l'océan primordial ? S'il n'y avait rien, où donc étaient les profondeurs impénétrables de l’espace ? Qui sait ces choses ? Qui pourrait les dire ? D’où viennent les êtres ? Comment fut la Création ?
La mort n'existait pas, pas plus que l'immortalité, point d’immortalité. Rien n’annonçait le jour ni la nuit. Lui seul respirait, mais en laissant échapper aucun souffle, renfermé sur lui-même.
Il n’existait alors que lui, l’Être qui reposait au sein de ce chaos, et qui, par la force de sa volonté, fut de ce grand Rien le grand Tout.
Il est le premier créateur de la Création, il la soutient donc. Quel autre que lui pourrait le faire ?
Du haut du ciel, il a les yeux tournés vers un univers qu'il est le seul à vraiment connaître. Quel autre que Lui en sait autant ?
Les dieux eux aussi furent créés par lui. Mais lui-même, qui sait comment il fut conçu ?
Il est donc l'âme primordiale et suprême de l'Univers.
De lui naquit Kama, l’Amour, de l'esprit duquel jaillit la première semence. Puis, à force de travail et d’intelligence, les Vénérables Rishis Célestes parvinrent à marier ce qui était réel avec ce qui était apparent.
Hymne védique au Soleil (Surya)
Rishi Prascanwa, Rig-Véda, 1, 4, 4.
Le soleil se lève et s'approche de nous. Après avoir attelé à son char les sept chevaux oints de beurre sacré le transportent à travers l'espace qui est sa demeure.
C’est l’œil du monde, le gardien de tous les êtres, animés et inanimés. Il voit parmi les mortels le juste et l’injuste.
Il y a si peu, nous étions entourés de ténèbres, à présent nous sommes éclairés par le plus brillant des astres.
Alors présentons nous devant le Soleil, Sourya, le plus grand des dieux, la plus belle des lumières célestes.
Le soleil le fils d'Aditi, qui est la Lumière Primordiale, vient de naître mais déjà il est vigoureux !
Astre éblouissant, la chevelure couronnée de rayons étincelant comme des flammes, ses rayons lumineux éclairant les êtres,
Le Soleil, ce dieu qui renferme tous les trésors, s’élève aux yeux de l’univers.
Il est porté par sept chevaux brillants qui tirent un char qui ne connaît pas d'obstacle.
Devant lui, qui est l'œil du monde, les étoiles telles que les voleurs, disparaissent avec l'ombre de la nuit.
Survolant l’océan des lumières, Mitra, Aryaman et Varuna lui ont ouvert la voie alors, soumis à leurs lois.
Il parcourt les mondes, et de même que le berger inspecte son troupeau, il passe en revue tous les êtres.
Alors qu'il passe au-dessus de nos têtes, nous lui adressons nos prières :
« Généreux Soleil, voyageur, fanal exposé aux yeux de tous, étincelant de ta propre lumière, tu remplis le ciel tout entier de ton éclat. Pour apporter le bonheur, tu te lèves à la vue du peuple des dieux, à la vue des hommes, à la vue du ciel tout entier ! Soleil purifiant, Soleil protecteur, avec cet œil dont tu vois le monde humain, tu parcours le ciel et les vastes régions de l'espace, mesurant les jours et les nuits et contemplant les créatures.
Soleil ! Toi qui te lèves aujourd’hui, dis à Mitra et Varuna que nous sommes purifiés de nos fautes. Dis-leur que des offrandes douces, que le miel, ont été préparés pour eux. En te levant aujourd’hui, et en montant jusqu'au plus haut du ciel, détruis le mal qui me ronge le cœur et pâlit mon visage. »
Hymne védique à Mitra
Rishi Vishvamitra, Rig-Véda, 3, 4, 4.
Mitra, toi qui soutiens la Terre et le Ciel, l'humanité tout entière ainsi que les divinités qui veillent sur elle,
Toi qui es sensible à nos louanges,
Toi qui regardes les hommes sans jamais fermer l’œil,
Toi qui es le roi sage et puissant dont nous possédons la faveur et l'heureuse amitié,
Ô Mitra, nous t'adressons nos holocaustes et nos libations de beurre afin que tu viennes à notre secours.
Mitra, divin fils de la Lumière, qu’il soit dans l’abondance, le mortel qui t’offre ses offrandes et ses sacrifices.
Car celui que tu protèges ne connaîtra ni la mort ni la défaite et le mal ne le touchera ni de loin ni de près.
Exempts de péché, heureux de nos discours et de nos serments prononcés, à genoux sur la terre sacrée, assis sur la pelouse consacrée, là où nos rituels vont se dérouler, puissions-nous obtenir ta faveur, ô fils d'Aditi.
Mitra, toutes les espèces vivantes, qu'elles soient d'essence divine, semi-divine, démoniaque, mortelle ou minérale, t'honorent,
Alors étends-toi sur l'univers, emplis le ciel de ta grandeur et la terre de ton opulence !
Hymne à Varuna
Les écoles des rishis Brigou et Angiras, Atharva-Véda, 4, 16
De l'assemblée divine il est le gardien dont la vue se projette au loin.
Il se meut avec vitesse et agilité et sa renommée est grande parmi les divinités.
Si quelqu'un se rebelle, se révolte, ou s'il s'enfuit avec un autre pour se cacher et comploter, le roi Varuna saura leur plan, car il les suivra dans leur repaire et se tiendra à leur côté telle une troisième personne.
De sa surface jusqu'au plus haut du ciel, dont les frontières sont si lointaines, la Terre appartient à Sa Majesté Varuna.
D'ailleurs, les deux océans que sont la terre et le ciel, sont les deux reins de Varuna, alors même que celui-ci se cache dans la plus petite des gouttes d'eau.
Celui qui voudrait s'affranchir des limites de la voûte céleste, Varuna ne le libérera pas et l'en empêchera. Ses agents descendent du ciel pour rejoindre la Terre, qu'il surveille grâce à leurs milliers d'yeux.
Tout ce qui existe entre le ciel et la Terre, et même au-delà, Varuna voit à travers, c’est-à-dire qu'il voit les choses telles qu’elles sont vraiment.
Varuna compte les clignements d'yeux et lorsqu'un joueur lance les dés et s'apprête à gagner, il établit ses lois.
Varuna, que tes pièges s'arment et s'apprêtent à attraper le menteur, mais je t'en prie, qu'ils laissent aller celui qui dit la vérité.
Hymne à Mitra et Varuna
Rishi Sroutavit, Rig-Véda, 4, 3, 16
Mitra, Varuna, c'est grâce à vous que les vaches du céleste pâturage grandissent et inondent la Terre de leurs grâces.
Rois généreux, c'est vous qui consolidez l’édifice du ciel et de la terre, c'est vous qui faites croître les plantes, c'est vous qui nous envoyez la pluie !
Mitra, Varuna, c'est sur votre roue que le monde tourne !
Que vos chevaux dociles et bien domestiqués vous amènent ici, sur le lieu du sacrifice et des rituels.
Voyez nos libations de beurre, voyez comme nous vous attendons.
Mitra et Varuna, prenez place sur votre trône, situé entre le ciel et la terre, prenez place au cœur du foyer sacré.
D'ici, bénissez ceux qui croient en vous, donnez-lui une force telle qu’on la dirait soutenue sur mille colonnes.
Que de votre char tombe sur nous le nectar qui permet aux dieux d'être immortels.
La lueur de l’or et du fer de votre char et de son timon semble heureusement se marier avec le ciel.
Réunis dans ce lieu fortuné, près de ce foyer arrosé du beurre (sacré), puissions-nous obtenir le miel (divin) qui tombe de ce char !
Au lever de l’Aurore, dès qu’apparaît le Soleil, vous montez sur son char étincelant d’or et de là, vous embrassez d'un regard Aditi, la Lumière de la Conscience et sa sœur Diti, la Substance matérielle.
Hymne à Mitra, Aryaman et Varuna
Vashisht, Rig-Véda, 5, 5, 1 à 7
Après avoir attelé à son char les sept chevaux oints de beurre sacré qui le transporteront à travers l'espace qui est sa demeure, le Soleil se lève et s'approche de nous.
C’est l’œil du monde, le gardien de tous les êtres, animés et inanimés ; il voit parmi les mortels le juste et l’injuste.
Montés sur l’océan lumineux, Mitra, Aryaman et Varuna, lui ont ouvert la voie alors, soumis à leurs lois, tu parcours les mondes, et, de même que le berger inspecte son troupeau, tu passes en revue tous les êtres.
Soleil ! Toi qui te lèves aujourd’hui, dis à Mitra et Varuna que nous sommes exempts de fautes. Dis-leur que des mets aussi doux que le miel ont été préparés pour eux.
Ô divins Mitra et Varuna, nous vous adressons cet hommage au milieu des sacrifices afin que vous éloigniez de nous tous les dangers et que vous nous accordiez vos bénédictions.
Dieux frères, fils de la Lumière Primordiale, Mitra, Aryaman et Varuna, vous êtes les ennemis de l'impiété car c'est dans la demeure de l'Ordre Cosmique que vous avez grandi, puissants et invincibles.
Mitra et Varuna vous possédez une insurpassable puissance qui vous rend vainqueurs des insensés et vous rapproche du sage qui vous honore par le sacrifice, éloignant de lui le mal, et le conduisant sur le bon chemin, car vous connaissez le gué par lequel le fleuve large et profond peut être traversé.
Irréprochables protecteurs des Aryens, Mitra et Varuna, accordez donc à vos serviteurs une protection infaillible !
Amenez-nous donc sans encombre sur l'autre bord et qu'à travers les rituels que nous vous adressons, nous obtenions de nombreux enfants, et que nous évitions la colère des dieux.
Si quelqu'un refuse de participer à l’holocauste, que Varuna le frappe de maux.
Mais, ô Dieux secourables, protecteurs des Aryens, protégez vos serviteurs contre tout ennemi, et ouvrez pour eux les bras généreux du vaste univers.
Ô maîtres généreux et lumineux, nous tremblons de crainte devant vous car votre influence est un secret et votre triomphe est le signe d'une force mystérieuse.
Rassurez-nous par la grandeur de votre puissance !
Récompensez donc la prière du brahmane, qui chante vos hymnes au milieu d’une abondance d’offrandes.
Donnez-lui donc une vaste et prospère maisonnée !
Ciel (Dyaus Pitar) et Terre (Prithvi)
Par rishi Bharadwadja, Rig-Véda, 5, 1, 9
Ciel et Terre, belles divinités, vastes, étendues, invulnérables, vous êtes le refuge des mondes.
Vos idoles humides des libations de beurre, vous distillez votre savoureux miel.
Bien que vivant séparés l'un de l'autre, en vous circule une semence féconde, un précieux lait, grâce à laquelle vous remplissez l'office de Varuna, le créateur de notre monde et de ses créatures.
Ciel et Terre, qui régnez sur ce monde, répandez sur nous la semence qui convient aux enfants de Manu !
Les germes que vous semez, quoique différents, concourent tous au même ensemble et le mortel qui vous honore voit ses vœux comblés et sa race prospérer.
Ciel et Terre, vous êtes les divinités qui forment, qui distillent, qui répandent le précieux miel.
Versez-le donc sur nous, et que grâce à vous nous obtenions pour nos familles le sacrifice, la richesse, la gloire, l’abondance des vivres et la force !
Par rishi Agastya, Rig-Véda, 2, 5, 3
Du Ciel ou de la Terre, laquelle de ces divinités est la plus ancienne ? Laquelle est la plus jeune ? Comment sont-elles apparues ? Ô poètes, qui d'entre vous le sait ?
Tandis que le Jour et la Nuit vous escortent en roulant comme deux roues, vous êtes le carrosse qui porte l'univers.
Toutes deux immobiles et tranquilles, elles contiennent des êtres doués de mouvement et de vie.
Tels que des parents qui toujours gardent près d'eux leur enfant chéri, ô Ciel et Terre, faîtes nous jouir d'Aditi, la lumière et la conscience, qui furent avant que tout ne soit.
Que votre faveur soit constante, inaltérable ; Ciel et Terre, accordez donc cette grâce à ceux qui chantent vos noms !
Ciel et Terre, protégez-nous contre le mal !
Nous vous appartenons et les dieux sont eux aussi vos enfants !
Ciel, Terre, protégez-nous contre le mal !
En implorant le secours des dieux, j’invoque dans le sacrifice ces deux divinités, ces glorieux et beaux aïeux, aux épaules vastes et solides, car ce sont eux qui renferment l’immortalité.
Ciel et Terre, protégez-nous contre le mal !
Durant notre rituel, les dieux eux-mêmes vous régaleront de l'offrande que l'on réserve à ses parents.
Si nous avons commis quelque faute contre les dieux, contre nos amis, nos enfants ou notre père, que cette prière nous obtienne le pardon.
Ciel et Terre, protégez-nous contre le mal !
Hymne védique à la Terre (Prithvi)
Les écoles des rishis Brigou et Angiras
Atharva-Véda, 12, 1.
Vérité, grandeur, ordre universel [Rta], force, bénédiction, dévotion, réalité supérieure, universelle, sans commencement ni fin [Brahman], sacrifice, voici tout ce qui chante les louanges de la Terre.
Que cette Terre, maîtresse de ce qui est et sera, nous offre un vaste domaine !
La terre possède un relief composé de montagnes, de dépressions et de plaines, grâce auxquelles elle accueille des plantes aux nombreuses vertus.
Elle qui n'est pas polluée par ce que sont les hommes, qu'elle s’épanouisse, qu'elle s'arrange pour nous et qu'elle nous offre ses richesses !
La Terre, sur laquelle se trouvent les mers, les rivières et les sources, sur laquelle croissent les hommes et leur nourriture, sur laquelle la vie respire et se transforme, que cette Terre nous assure de quoi nous désaltérer.
C'est sur la Terre que poussent la nourriture et les tribus d'êtres humains, c'est elle qui permet à chacun de respirer, c'est elle qui déplace les choses et les créatures, alors qu'elle nous fournit le bétail ainsi que tout ce dont nous avons besoin.
Que la Terre, où marchèrent les premiers hommes et où les dévas vainquirent les assuras, nous procure toutes sortes de bétails, de chevaux, de volailles, mais aussi la chance et la gloire !
La Terre, qui est le soutien de toute chose, est pourvoyeuse de santé, elle est le sein dans lequel tous les êtres vivants trouvent refuge.
Elle est la protectrice d'Agni, le dieu du feu, dont chaque existence profite.
Elle est aussi l'amie d'Indra, le taureau qui nous a offert toutes les richesses que nous possédons aujourd'hui.
La vaste terre, que les dévas sans sommeil surveillent sans cesse attentivement, traira pour nous son précieux miel et plus encore, elle nous couvrira de gloire.
Cette Terre, qui n'était jadis que de l'eau mêlée à l'océan primordial de l'espace, cette Terre, que les rishis créèrent grâce à leur divin pouvoir d'illusion [maya], cette Terre dont le cœur se trouve au plus haut du ciel, auréolée de vérité, que cette Terre nous offre sa force et son éclat, ainsi que la souveraineté suprême.
La Terre fut mesurée par les Ashvins, c'est sur elle que Vishnou mit le pied et le puissant Indra est son allié.
Qu'elle me nourrisse de son lait, qu'elle soit une mère pour moi, qui suis son fils.
Les sommets enneigés ainsi que les forêts doivent lui être reconnaissants.
Le brun, le noir, le rouge, toutes les couleurs, ainsi que la terre ferme, voici ce qu'Indra protège.
Je me suis donc installé sur la Terre, mais je ne l'ai pas abîmée, ni blessée, ni tuée.
Terre, fais-nous une place en ton nombril et nourris nous de la force qui émane de ton corps.
Rends-toi pure pour nous recevoir.
La Terre est la mère, et moi je suis le fils de la Terre.
Parjanya, le dieu de la pluie, est notre père, lui aussi nous sauvera.
Le terrain sur lequel les prêtres dévoués aux œuvres saintes dressent l'altar et sur lequel ils pratiquent les rituels et disposent des offrandes, nous fera prospérer comme elle prospère elle-même.
Celui qui nous hait, celui qui cherche à batailler contre nous, avec son esprit comme avec ses armes, soumets-le à nous. En faisant ainsi, tu devanceras nos souhaits !
Les mortels sont nés de toi et vivent de toi qui soutiens sans distinction bipèdes et quadrupèdes.
C'est en toi que les mortels, sur lesquels le soleil levant jette une lumière éternelle avec ses rayons, trouvent leur origine. [...]
C'est sur Terre que les hommes pratiquent les sacrifices en honneur des dieux, qu'ils pratiquent les oblations.
C'est aussi sur Terre qu'ils vivent, repus et satisfaits.
Que cette Terre nous offre donc l'air et la vie, qu'elle nous fasse vivre longtemps.
Shanti Mantra
Krishna Yajur-Véda, Taittiriya Samhita
commentaire du Sri Rudram.
Ô Terre, nous t'adressons des mots d'amour et douceur, et nourrissons pour toi des pensées douces et aimantes.
Puissions-nous ne jamais te blesser, ni t'exploiter…
Adressons donc nos prières aux dieux et à tous les êtres de la création.
Parmi les hommes, accomplissons un sacrifice plein d'amour.
Puisse Dieu accroître l'éclat et la splendeur de celui qui lui adresse ses sacrifices, puissent nos ancêtres se réjouirent et connaître à leur tour le bonheur !
Om Shanti ! Shanti ! Shanti…
Que la paix soit sur l'univers…
Hymne védique à la Terre (Prithvi)
Les écoles des rishis Brigou et Angiras
Atharva-Véda, 12, 1
Vérité, grandeur, ordre universel [Rta], force, bénédiction, dévotion, réalité supérieure, universelle, sans commencement ni fin [Brahman], sacrifice, voici tout ce qui chante les louanges de la Terre.
Que cette Terre, maîtresse de ce qui est et sera, nous offre un vaste domaine !
La terre possède un relief composé de montagnes, de dépressions et de plaines, grâce auxquelles elle accueille des plantes aux nombreuses vertus.
Elle qui n'est pas polluée par ce que sont les hommes, qu'elle s’épanouisse, qu'elle s'arrange pour nous et qu'elle nous offre ses richesses !
La Terre, sur laquelle se trouvent les mers, les rivières et les sources, sur laquelle croissent les hommes et leur nourriture, sur laquelle la vie respire et se transforme, que cette Terre nous assure de quoi nous désaltérer.
C'est sur la Terre que poussent la nourriture et les tribus d'êtres humains, c'est elle qui permet à chacun de respirer, c'est elle qui déplace les choses et les créatures, alors qu'elle nous fournit le bétail ainsi que tout ce dont nous avons besoin.
Que la Terre, où marchèrent les premiers hommes et où les dévas vainquirent les assuras, nous procure toutes sortes de bétails, de chevaux, de volailles, mais aussi la chance et la gloire !
La Terre, qui est le soutien de toute chose, est pourvoyeuse de santé, elle est le sein dans lequel tous les êtres vivants trouvent refuge.
Elle est la protectrice d'Agni, le dieu du feu, dont chaque existence profite.
Elle est aussi l'amie d'Indra, le taureau qui nous a offert toutes les richesses que nous possédons aujourd'hui.
La vaste terre, que les dévas sans sommeil surveillent sans cesse attentivement, traira pour nous son précieux miel et plus encore, elle nous couvrira de gloire.
Cette Terre, qui n'était jadis que de l'eau mêlée à l'océan primordial de l'espace, cette Terre, que les rishis créèrent grâce à leur divin pouvoir d'illusion [maya], cette Terre dont le cœur se trouve au plus haut du ciel, auréolée de vérité, que cette Terre nous offre sa force et son éclat, ainsi que la souveraineté suprême.
La Terre fut mesurée par les Ashvins, c'est sur elle que Vishnou mit le pied et le puissant Indra est son allié.
Qu'elle me nourrisse de son lait, qu'elle soit une mère pour moi, qui suis son fils.
Les sommets enneigés ainsi que les forêts doivent lui être reconnaissants.
Le brun, le noir, le rouge, toutes les couleurs, ainsi que la terre ferme, voici ce qu'Indra protège.
Je me suis donc installé sur la Terre, mais je ne l'ai pas abîmée, ni blessée, ni tuée.
Terre, fais-nous une place en ton nombril et nourris nous de la force qui émane de ton corps.
Rends-toi pure pour nous recevoir.
La Terre est la mère, et moi je suis le fils de la Terre.
Parjanya, le dieu de la pluie, est notre père, lui aussi nous sauvera.
Le terrain sur lequel les prêtres dévoués aux œuvres saintes dressent l'altar et sur lequel ils pratiquent les rituels et disposent des offrandes, nous fera prospérer comme elle prospère elle-même.
Celui qui nous hait, celui qui cherche à batailler contre nous, avec son esprit comme avec ses armes, soumets-le à nous. En faisant ainsi, tu devanceras nos souhaits !
Les mortels sont nés de toi et vivent de toi qui soutiens sans distinction bipèdes et quadrupèdes.
C'est en toi que les mortels, sur lesquels le soleil levant jette une lumière éternelle avec ses rayons, trouvent leur origine. [...]
C'est sur Terre que les hommes pratiquent les sacrifices en honneur des dieux, qu'ils pratiquent les oblations.
C'est aussi sur Terre qu'ils vivent, repus et satisfaits.
Que cette Terre nous offre donc l'air et la vie, qu'elle nous fasse vivre longtemps.
Hymne aux vaches célestes
Par rishi Savara, Rig-Véda, 8, 8, 27.
Que le merveilleux Vayu souffle, que les vaches de leur langue caressent les plantes !
Que les plantes boivent leurs eaux, qui donnent la force et la vie.
Ô Rudra, que ta colère épargne ces êtres féconds qui portent notre nourriture !
Ces vaches peuvent être charnues ou maigrelettes, elles peuvent même parfois ne former entre elles qu'un seul et même corps, celui de la terre.
Ces vaches, qui livrent leur corps aux dieux, et dont Soma connaît toutes les formes, amène-les, ô Indra, dans notre pâturage ; qu’elles nous donnent leur lait !
Que Varuna, le divin créateur, le gardien de la justesse cosmique, s’unisse à nos Ancêtres et à tous les dieux, qu'il conduise dans mon pâturage ces vaches fortunées et que leur race s’y propage heureusement.
Hymne à Sarasvati
Par rishi Bharadwadja, Rig-Véda, 4, 8, 14
Sarasvati, tu es celle qui inspire les paroles justes et saintes, c’est donc à toi que s’adresse notre sacrifice.
Toi qui purifies nos cœurs, toi qui es comblée de nos offrandes et sous le fanion de laquelle brillent toutes les prières, que notre sacrifice te soit agréable, ô toi qui en es le trésor !
Sarasvati, tu as donné au Feu un fils, le roi Divodasa, le plus zélé serviteur des dieux et le plus consciencieux ministre des célestes offices.
Ne songeant qu'à notre intérêt, alors que nous ne sommes rien, tu as frappé à mort l’avare Pani, qui ne pensait qu’à son propre intérêt et refusait de se donner sans réserve à l'humanité et à son agriculture.
Sans ton concours, nous n'aurions jamais été. Telle est ta puissance bienfaisante.
Divine Sarasvati, tu as trois sources et dans chaque monde en est située une.
Tu as aussi sept membres, qui te sont six sœurs.
Ensemble mais sous ta direction, vous protégez les cinq espèces d’êtres qui peuplent les trois mondes.
Divine Sarasvati, la puissance de tes torrents, la violence de tes vagues, brise le sommet des montagnes comme de simples branches.
Que nos hymnes et nos rituels t’honorent donc, ô Sarasvati !
Nous t'appelons à notre secours, toi qui jadis as surgi depuis le plus profond des cieux pour frapper les Démons qui nous opprimaient.
Ô divine Sarasvati, gardienne de la Prière et maîtresse de l’Abondance, sauve-nous en pourvoyant à notre existence !
Divine Sarasvati, déesse enturbannée d’offrandes, si tu guéris les mortels, ton eau est du poison pour tes ennemis !
La Magie, l'Illusion, le Mensonge, devant toi admettent leur défaite et se rangent aux côtés de tes innombrables alliés.
Divine Sarasvati, déesse entourée des plus gourmandes offrandes, toi que l'on invoque au milieu des combats, protège-nous et comme Pushan, qui nous offre le Printemps, sois pour nous bienfaisante.
Divine Sarasvati, protège donc celui qui t’invoque, tout comme tu pris le parti d'Indra qui réclamait ta protection avant d'engager son combat contre Vritra, le Dragon de la Sécheresse.
C'est d'ailleurs en t'adressant ses offrandes que le roi des dieux obtint la mort de notre ennemi.
Ainsi, terrible Sarasvati, pour notre survie, triomphe encore je t'en prie de Vritra et réjouis-toi de nos louanges !
Comme le Soleil amène les Jours telle qu’une vague immense, admirable, brillante et impétueuse, accompagnée de ses six autres sœurs, Sarasvati triomphe de nos ennemis.
Cependant d'entre toutes c'est elle la plus aimable, la plus puissante, celle dont les œuvres sont glorieuses et méritent d'être chantées par les sages.
Sarasvati, tu nous conduis sur un juste chemin, alors je t'en prie ne nous humilie pas mais abreuve-nous plutôt de ton lait céleste,
Conserve l'entente entre nos familles, et ne nous laisse pas vivre sans nous témoigner ton estime,
Ô Sarasvati, tu arrives dans un fracas de torrent pour t'éloigner dans un murmure de ruisseau…
Hymnes védiques en l'honneur de l'Aurore
Hymne à Ushas, Prascanwa, Rig-Véda, 1, 4, 2.
Les rishis qui ont imploré ton secours, ô grande déesse, ont toujours été exaucés, alors accueille également notre prière, et réponds-y par le don d’une brillante et pure abondance.
Aurore, accorde-nous ce qu'il convient que nous nous nourrissions et approche-toi des innocents qui pour toi chantent des hymnes et jettent des oblations !
Viens aujourd’hui au sein de nos familles qui toutes sont disposées à t’honorer par leurs offrandes.
Accorde-leur une abondance telle, que nous soyons renommés pour nos vaches, nos chevaux et notre vigueur.
Divine Aurore, après avoir de tes rayons illuminé les portes du ciel, accorde-nous que notre maison soit puissante, que nos ennemis s’en éloignent, et que de fécondes vaches y entretiennent l’abondance.
Aurore, toi que nous honorons par nos offrandes, apporte-nous tout ce qui nous permettra d’élever nos enfants et nos petits-enfants.
Aurore, bénis, en les éclairant de tes rayons, le père de famille et ses enfants.
Aurore, amène aussi ici du ciel tous les dieux auxquels nous avons adressé nos libations !
Mère des dieux, œil de la terre, messagère du sacrifice, brille pour nous !
Rends-nous glorieux parmi les nôtres.
Hymne à Ushas, Prascanwa, Rig-Véda, 1, 4, 3
L’Aurore, comme une mère de famille, vient pour protéger le monde.
Elle arrive, arrêtant le vol malfaisant de la nuit, et excitant l’essor nouveau des oiseaux.
Aurore, fille du ciel, nous t'invoquons pour que de tes rayons tu chasses nos ennemis et confondes leur haine.
Dans la région lointaine où se lève le Soleil, la voilà qui attelle ses chevaux, puis elle les dirige vers les nuages et le vent des tempêtes qui jusqu'ici nous amène son attelage.
Alors, séduit, subjugué par son aspect, le monde entier se prosterne devant elle.
Ô brillante Aurore, l’oiseau, l’homme et le quadrupède, à ton retour dans le ciel, se lèvent de tous côtés.
Tu es l'ennemie de la paresse et quand tu parais, il n’est plus de créatures qui s’oublient encore dans le repos.
Prévoyante déesse, dès l’instant où tu brilles, tu deviens la vie, le souffle de l’univers.
Ainsi, l'Aurore excite de la même façon l’homme pressé qui se lève à l'aube pour accroître sa fortune et le pauvre, qui se lève à la même heure pour accroître celle d'un autre.
Le monde était courbé par le sommeil, la voilà qui annonce que le temps est venu de marcher, de jouir de la vie, de songer aux sacrifices et d’augmenter sa fortune.
L’obscurité régnait, à présent l’Aurore éclaire au loin l’horizon, et brille en chaque être.
Comme le berger répand ses troupeaux dans la plaine, la belle déesse répand ses rayons dans les champs de l’air ; telle qu’une mer profonde, elle remplit tout de sa grandeur.
Elle maintient les œuvres divines du soleil, et se pénètre de ses rayons, qu’elle reflète.
Hymnes à Ushas et aux Ashvins
Par Rishi Gotama, Rig-Véda, 1, 6, 12
L’Aurore ouvre les voies et s’avance à l’orient.
Elle s’étend, elle remplit le monde, placée entre le ciel et l’air, elle découvre son corps à l’orient.
Sa lueur éveille les nations et embellit les régions célestes.
Elle se lève et se montre à la vue comme une femme qui sort du bain.
Telle qu’une femme désirant plaire, l’heureuse fille du Ciel déploie ses formes devant les hommes.
Comme une danseuse, l’Aurore révèle ses formes en se mouvant et comme la vache découvre sa mamelle féconde, elle découvre son sein, et distribue son lait au monde entier.
C'est ainsi que sa lumière dissipe les ténèbres.
Nous venons de traverser l’océan de cette nuit. L’Aurore se lève, elle brille et sourit, belle, bienveillante, elle ramène la vie.
La déesse, poursuivant sa marche, et d’un large regard embrassant tous les mondes, illumine et fait lever tout ce qui respire.
C’est vers elle que monte la voix de tous les êtres doués d'intelligence.
La voilà qui ouvre les portes du ciel, et force sa sœur la Nuit à se cacher.
Par Rishi Coutsa, Rig-Véda 1, 8, 1
Si ces deux sœurs poursuivent sans fin la même route, elles n'y apparaissent que chacune à leur tour, selon l'ordre dicté par le Soleil.
Sans jamais se bousculer, sans jamais s’arrêter, couvertes de la douce rosée, la Nuit et l’Aurore sont unies en pensée mais divisées en couleurs et apparences.
Toutes deux immortelles, elles se suivent, parcourant le ciel qu'elles affublent tour à tour de leurs couleurs.
Ramenant au Jour la Parole et la Prière, l’Aurore répand ses teintes brillantes en illuminant le monde et en visitant toutes ses créatures.
Éclatante interprète des chants sacrés, l’aurore étale ses parures pour nous ouvrir les portes du jour ; en illuminant l’univers, elle nous en montre les trésors.
De sa main puissante, elle invite tous les êtres à se réveiller et le monde endormi à se mouvoir.
Elle est celle qui nous pousse à goûter la joie, à accomplir les rites sacrés et à travailler à notre prospérité.
Levons-nous, tandis qu'un esprit nouveau recommence à nous animer !
L’ombre s’éloigne, le jour s’approche, l’aurore a frayé la route que le soleil doit suivre ; marchons vers la clarté, vers la vie !
Il y a encore si peu, les ténèbres nous empêchaient la vue, à présent, Ushas nous permet de jeter au loin notre regard…
Ushas, fille du ciel, tu te révèles à nous, favorable, resplendissante, couverte de ton manteau de lumière, maîtresse de toutes les richesses que renferme la terre. Tu ranimes par ta clarté tout ce qui existe, tu ressuscites tout ce qui est mort…
Déesse de la lumière, elle dissipe la sinistre obscurité.
Du haut de son char magnifique, conduit par des chevaux de course au poil rouge, elle vient régénérer la nature.
Déployant toutes ses splendeurs, ses vagues de clarté inondant les plages célestes, Ushas s’avance, à l’abri de la vieillesse et de la mort…
Depuis quand nous visite-t-elle, celle qui nous éclaire maintenant ?
Elle ne fait qu’imiter celles ayant déjà lui et devancer celles qui luiront encore.
Cependant elle nous arrive, elle est là, toujours aussi éclatante !
Son amant est le Soleil et il ne cesse de courir après elle.
Mais ils ne sont plus, ceux qui jadis l'ont vu étinceler comme aujourd’hui, tandis que c’est à notre tour de la voir à cette heure-ci.
Quant à ceux qui après nous la verront, l'Aurore magnifique, eux aussi devront mourir un jour, car c'est elle qui consume la vie humaine.
Hymnes védiques au Feu (Agni)
Par Madhoutchhandas, Rig-Véda, 1, 1, 1
Je chante Agni, le Feu, le dieu sacrificateur, le prêtre pontife, le magnifique héraut du sacrifice, qui joint à la sagesse des œuvres la vérité et l’éclat si varié de la gloire.
Que le Feu, qui est digne d’être chanté par les rishis d’aujourd’hui comme par ceux d'hier, rassemble ici les dieux. Qu'il enveloppe de toute part nos pures offrandes et qu'il fasse qu'elles s'élèvent jusqu'aux dieux ! C'est le signal : que les dieux accourent !
Que par la Feu, l’homme obtienne une fortune sans cesse croissante, que la chance soit avec lui et qu'une nombreuse descendance le soutienne alors que son chemin le rapprochera de Yamaloka, la demeure du Seigneur de la Mort.
Feu, toi qui es le gardien brillant de nos offrandes, la splendeur de l'Ordre naturel, moral et cosmique de l'univers, ô Feu qui grandis au sein du foyer que tu habites, viens à nous, avec la bonté qu’un père a pour son enfant !
Sois notre ami, notre bienfaiteur, car chaque jour, soir et matin, nous venons vers toi et t'apportons l’hommage de nos prières.
Agni, le bien que tu feras à ton serviteur, par le fait de sa reconnaissance, tournera à ton avantage.
Par rishi Canwa, Rig-Véda, 1, 3, 4.
Par des hymnes solennels, nous invoquons, au nom de l’assemblée religieuse ici réunie, le grand Feu Sacrificiel, que tant d’autres invoquent comme nous.
Agni, augmente la force des mortels !
Nous t’honorons par des holocaustes ; sois-nous aujourd’hui favorable, sois notre protecteur, ô dieu qui possède toutes les richesses !
Nous te choisissons pour être notre messager auprès des dieux et notre prêtre sacrificateur, toi qui possèdes tous les biens.
Que tes flammes grandissent et s’étendent jusqu'à ce que tes rayons touchent le ciel !
Pour les dieux Varuna, Mitra et Aryaman, que s’allument les feux du premier et plus anciens des messagers.
Agni, tu es pour les mortels un heureux messager, un sacrificateur, un gardien du foyer domestique et une source de joie.
Toutes les œuvres fortes et constantes qu’accomplissent les dieux se font par ton concours. Il en va de même pour le mortel qui t’honore et obtient par toi toute l’opulence qu’il souhaite.
À travers toi, ô Feu toujours vigoureux, se consomment tous les holocaustes ; sois-nous donc favorable aujourd’hui et dans l’avenir, et, par les sacrifices que nous t'offrons, augmente la force des dieux.
C’est toi, brillant de ton propre éclat, que les hommes honorent quand ils veulent être vainqueurs de leurs ennemis et qu'ils mettent pour cela le feu à leurs offrandes.
C’est avec toi que les dieux ont vaincu Vritra le Dragon de la Sécheresse.
C'est avec toi qu’ils ont étendu le ciel, la terre et les eaux, pour en faire le domicile des êtres vivant.
Que le Feu soit pour celui qui l’invoque, le riche bienfaiteur qui le dirige vers la richesse comme le cheval hennissant porte le guerrier vers le bétail de ses ennemis.
Prends place au centre de notre sacrifice car tu es noble, grand, et digne de nos hommages.
Brille donc, Agni, le bien-aimé des dieux, et enveloppe-toi d’une fumée éclatante et remarquable !
Objet précieux du sacrifice et maître des holocaustes, c'est toi que les dieux ont allumé sur terre afin que vive Manu, l'ancêtre de l’humanité.
C'est toi qu’honorent le généreux père de famille et ceux qui chantent les hymnes védiques !
Que nos chants s’élèvent pour célébrer la grandeur d’Agni !
Fais notre bonheur, toi qui en as la puissance.
Lève-toi donc, et sois notre protecteur.
Élève-toi pour nous accorder l’abondance, à nous qui, par les hymnes de nos prêtres, invoquons ton appui.
Lève-toi, et sois notre guide pour nous sauver du mal.
Dieu jeune et vigoureux, ô Feu, sauve-nous des démons, sauve-nous des méchants, sauve-nous de ceux qui sont étrangers à toute générosité et de tous les ennemis de notre bonheur.
Sauve-nous de l’ennemi cruel, et de celui qui veut notre mort.
Brûle tous nos ennemis, fais que nous nous levions également pour agir et pour vivre.
Fais que les dieux acceptent nos sacrifices.
De toi jaillissent des rayons brûlants, qui comme nos guerriers armés de massue, accablent de tous côtés nos vils ennemis !
Ne souffre pas que nous ayons pour maître un mortel qui nous hait, et qui aiguise ses flèches contre nous.
Ce n’est pas en vain que nous te demandons la richesse, car c'est elle qui procure la force.
Nous appelons à notre sacrifice, des lointaines régions où ils séjournent, le clan des Tourvasa, celui des Yadu et celui des Ougradéva. Qu’ils nous rejoignent dans le sacrifice et dans le feu !
Agni, dieu vainqueur des Dasyu, ramène aussi à la cérémonie les vénérables sages et les rois qui nous ont quittés.
Agni, c’est Manu qui, pour le bonheur de la race à jamais bénie, a constitué ton lumineux foyer.
Par rishi Vamadeva, Rig-Véda, 3, 4, 9.
Ô toi qui donnes la vie, que ce sacrifice nous procure des génisses, des agneaux, des coursiers, de solides amis, des appuis inébranlables !
Que notre famille soit nombreuse, notre opulence splendide !
Protège vigoureusement l’homme qui couvre de sueur son corps et son front pour soutenir l’éclat de tes feux ; arrache-le aux étreintes des méchants.
Dieu sage, tu distingues entre les mortels, les mauvais et les bons, comme le cheval sait distinguer sur son dos les fardeaux lourds ou légers !
Agni, tandis que, dans le but de te posséder, nous travaillons des pieds, des mains, de tout notre corps, les prêtres accomplissent également leur tâche.
Hymnes védiques au Vent (Vayu)
Par Madhoutchhandas, Rig-Véda, 1, 1, 2.
Vayu, des prêtres chanteurs, habiles à connaître les jours propices aux sacrifices, te célèbrent à l'instant par leurs vers,
Alors viens illustre Vayu, et prends ta part de ces liqueurs préparées avec soin, puis écoute notre prière.
Par rishi Anila, Rig-Véda, 8, 8, 26.
Chantons la grandeur du Vent, l’impétueux Vayu, qui dans sa marche brise tous les obstacles.
Sa course le mène jusqu'au ciel tandis que sur terre, il soulève la poussière.
Les Nuages sont ses épouses ; elles se rassemblent lorsqu'elles entendent hurler sa voix, qui résonne comme le tonnerre.
Elles se préparent alors à combattre avec lui, l'accompagnant même sur son char.
Âme des dieux, germe du monde, cet être divin se déplace à sa volonté et le bruit qu’il fait entendre sur son passage est semblable à sa glorieuse forme.
Il est le Dieu qui s’avance, le roi du monde, qui chaque jour s'élance dans les plaines de l'Espace.
Premier-né d’entre les vents, ami des Ondines, les divinités des mers, des lacs et des rivières, il est le maître équitable dont on ne saurait dire où sont le berceau et la demeure.
Offrons donc en son honneur offrandes et sacrifices !
Par Madhoutchhandas, Rig-Véda, 1, 1, 2.
Vayu ! Tu as répondu au vœu de tes serviteurs, nous entendons ta voix s’élever : elle atteste que tu as bien reçu nos libations de soma [nectar] !
Hymnes en l'honneur d'Indra
Rig-Véda
Par rishi Gritsamada, Rig-Véda, 2, 6, 4.
C’est Indra, le dieu qui est né en premier, celui qui a embelli les autres divinités par ses œuvres et dont la force et la grandeur infinies font trembler le Ciel et la Terre.
C’est Indra, qui a consolidé la terre et le ciel, qui a déchiré les nuages orageux et agrandie la plaine des airs.
C’est par Indra que vivent tous les êtres, c'est lui qui a refoulé les démons dans des grottes ténébreuses et s’est emparé de leurs dépouilles comme un chasseur de sa proie.
Car Indra est celui qui n’emploie sa puissance qu’à frapper sans cesse le Mal et le Faux.
Il est celui qui immole les monstres et qui jamais ne pardonne l’impertinence.
Par Madhoutchhandas, Rig-Véda, 1, 1, 4.
Il est celui qui met l’ordre dans la confusion et donne la forme au chaos.
Accompagné des Maroutes, qui brisent tout obstacle et transportent avec eux les nuées orageuses, Indra est allé au plus profond de la caverne pour en délivrer les vaches célestes.
Soit d’ici-bas, soit de l’air qui enveloppe la terre, soit du vaste séjour de la lumière, ô libéral Indra, puisses-tu nous entendre !
C'est lui qui règne sur le soleil et l’aurore et c'est à lui qu'obéissent les eaux. Il est le modèle de l’univers, la source qui anime les êtres inanimés.
Devant Indra, dont le bras est armé de la foudre, s’inclinent avec vénération le ciel et la terre et frémissent les montagnes !
Pour élargir l’horizon, il a élevé le soleil dans le ciel et pour nous offrir la prospérité, au milieu des vaches célestes, il a lancé sa foudre.
C’est à Indra qu'appartiennent les chevaux rapides, les campagnes fertiles, les génisses, les villes, les chars remplis de richesses.
C’est alors Indra que sollicite en priant le riche ou le pauvre, à qui s’adressent les invocations du prêtre et le chant du poète.
C’est lui que prient les peuples victorieux et c'est lui qu'au combat les guerriers appellent à leur secours.
Tous l’appellent à leurs secours, comme le fermier appelle sa vache nourricière.
Ainsi, se rendent vers lui comme les marchands vers la mer, comme les femmes vont à la montagne pour y cueillir des fleurs, les prêtres-chanteurs, avides de tes faveurs entourent ton autel.
Ô Indra, approche donc de notre sacrifice et toi qui aimes les libations, bois celles que nous t’offrons.
Si tu es satisfait, toi qui possèdes toutes les richesses, accorde-nous des troupeaux de vaches.
Riche d’or, et protégés par toi, nous pouvons repousser nos ennemis à pied comme à cheval.
Ainsi, dans les grandes comme dans les petites affaires, c’est Indra que nous invoquons ; Indra, qui s’unit à nous, et frappe nos ennemis de sa foudre.
Dans les combats fertiles en butin, c'est Indra qui nous protège ; sois pour nous un allié terrible !
Par rishi Savya, Rig-Véda, 1, 4, 5
Pour prendre part à nos rituels, Indra accourt avec l’impétuosité du taureau, toujours prêt à prouver sa force dans le combat pour montrer qu'il mérite nos louanges.
Indra est plus étendu que le ciel, plus grand que la terre.
Terrible et puissant, c'est en faveur des hommes qu'il s’enflamme, et, tel que le taureau aiguise ses cornes, il affûte pour nous son éclair foudroyant.
Ni la ruse, ni la violence ne sauraient triompher de lui.
Océan aérien, il est comme la mer et reçoit dans son sein les vastes torrents du ciel.
Au milieu des guerres suscitées par nos fautes, ne nous abandonne pas.
Ta puissance ne connaît point de rivale et le bruit terrible qui résonne dans les rivières et les vagues vient de toi.
Comment les mondes ne trembleraient-ils pas de crainte devant toi ?
En te célébrant Indra, fais que nous puissions dire à nos adversaires : « Allez-vous-en ! Vous n'avez pas votre place ici ! »
Fais que nos ennemis eux-mêmes reconnaissent la chance d'être placés sous ta protection.
Ô Indra, viens à notre secours ! Donne-nous l’or qui procure l’opulence, offre-nous la victoire, dote-nous d'une force constante et durable.
Tel qu’un taureau qui s’approche avec amour de ses compagnes, ô Indra, vient visiter les hommes de ta puissance.
C'est protégés par toi, ô Indra, que nous prenons nos armes, auxquelles tu donnes la force de ta foudre.
Avec nos champions armés de flèches, de pieux et de lances, mais surtout avec ton aide, ô Indra, nous résisterons à la foule de nos adversaires et nous en serons victorieux.
Cependant, il n'y a pas que le guerrier qui obtienne la faveur d'Indra dans la mêlée, mais aussi l’homme qui désire un fils ou le sage qui s’attache à la prière.
Offrons donc à Indra un sacrifice aussi ardent qu'il l'est lui-même, afin qu'il puisse, après avoir bu nos libations, triompher de Vritra, le dragon de la sécheresse.
Se distinguant comme se distingue de la plaine la cime d'une colline, couvert d’une cuirasse de fer, enivré de nos libations, Indra est donc allé, chevauchant au milieu de ses troupes, vers le lieu où sont enchaînés les nuages pour les en libérer.
Autour des sombres flancs de Vritra s’étendait une montagne noire qui arrêtait la course des eaux. C'est Indra qui délivra ces ondes prisonnières, en les précipitant en torrents sur les versants de la montagne.
Adressons donc notre prière au puissant Sakra, à l’époux de Satchi. Louons et glorifions celui qui écoute, donne la pluie et comble nos désirs.
C’est pour toi, Indra, que sont préparées ces libations copieuses qui ont jailli dans le mortier sous les coups du pilon, et qui reposent dans les vases ici présents.
Viens te désaltérer, satisfais ton désir, et comble ensuite nos vœux en nous accordant la richesse, toi qui ne délaces jamais tes chaussures et qui ne connais aucun repos dans la lutte.
Le soma, l’enivrante boisson qui garantit aux dieux l'immortalité, doit toujours remplir ton corps, comme une mer toujours gonflée d’eau, comme une langue toujours humectée de salive.
Ces boissons enivrantes, ces holocaustes qui augmentent ta force, ces libations offertes pour la mort de Vritra, ô maître de la vertu, t'ont toujours flatté et l’on t’a vu, facilement vainqueur, détourner des milliers de malheurs loin de l’homme qui t’offre un digne sacrifice et jette pour toi des poignées d'herbes kusha dans le feu sacrificiel.
Quand la divine puissance émanant des offrandes s’unit à lui, comme le Soleil à l’Aurore, alors sa force devient indomptable et elle dissipe les ténèbres, soulevant de sinistres clameurs dans les rangs des ennemis, qui aussitôt se retrouvent précipités dans la poussière.
Puissant et victorieux, la Foudre comme compagne, tu vas de combats en combats, détruisant successivement les villes des Asuras.
Tu es le glorieux meurtrier du démon Namoutchi, des asuras Carandja et Parnaya et ton bras seul a suffi pour briser les cent villes construites par l'asura Vangrida.
Vingt rois, suivis de plus de cent mille soldats, étaient venus attaquer Susravas, qui n’avait d’autre allié que toi qui, pour le défendre, a écrasé tous ses ennemis sous les roues de ton char.
Non moins chanceux, Tourvayana a lui aussi obtenu ta protection alors qu'encore enfant, grâce à toi, les rishis Coutsa, Atithigwa et le prince Ayou le reconnurent pour maharaja.
Ainsi, il travaille au bonheur de sa nation, le prince ami de la vertu qui, en l’honneur d’Indra, présente l’holocauste, fait chanter les hymnes sacrés et accompagne la prière de riches offrandes. Pour lui, et sur son royaume, le généreux Indra fera tomber la pluie du plus haut des cieux.
Par rishi Vasoucra, Rig-Véda, 7, 7, 9.
Attachée à l’arbre, la Vache mugit. La flèche ailée de la foudre traverse l’air pour aller frapper l’homme. Le monde entier est dans la crainte.
Allons donc honorer Indra, le chef des dieux.
Indra répondit aux prières des rishis :
« Ô chantres, prêtres et poètes, si je suis prompt à récompenser les libations de mes serviteurs, c'est sans faillir que je donne la mort à celui qui marche de côté ou qui abuse de sa grandeur pour blesser la justice. Rien ne peut m’arrêter dans ce que j'entreprends, ni mes ennemis, ni leurs montagnes. Chaque jour le Soleil tremble de peur et en m’entendant accourir, le sourd lui aussi frémit.
Cependant, je ne suis pas du nombre de ces vantards, qui même s'ils n'entreprennent rien se vantent tout de même d'une fausse gloire. C'est quand arrive le moment terrible de la bataille, qu'on peut alors voir mes prouesses. Lorsque je m’engage dans l’obscurité de la mêlée, les Grands Rishis sont à mes côtés pour m’encourager. C'est ainsi que j'entre dans la caverne du démon qui dort tranquille et que je l'attrape par le pied pour le rejeter au loin.
Chantres, prêtres et poètes, c'est à vous que je veux vous distribuer les richesses du lâche qui, entouré de femmes, ose attaquer le héros. Entendez donc de moi la vérité : je veux que, bipèdes et quadrupèdes, tous de moi tiennent la vie. »
Ces paroles terminées, Indra saisit un Nuage par sa brume et l’attire jusqu'à lui, mais plutôt que de le dévorer, il enveloppe sa lumineuse tête avec, puis, du haut de son trône, il le soulève, le brise, puis enfin, suivant les ondes qui s'en échappent, il descend avec lui jusqu'à nous, sur la surface de la terre.
C'est alors qu'Indra se change en un gros bélier, que les sacrificateurs immolent lors de la cérémonie rituelle.
Ses membres sont ensuite jetés de toute part, comme l'on jette des dés sur une table de jeux.
Alors que se déroule la cérémonie, passent à travers la voûte céleste le Vent et le Soleil, occupés à purifier l'univers.
La vie d’Indra est la nôtre, à nous de ne pas oublier cette vérité.
Glorifions donc Indra par nos sacrifices.
Par lui se manifeste la lumière, par lui se dissipe l’obscurité.
Invocations en l'honneur de Rudra
Extrait du Rig-Véda
Nous t'invoquons Rudra, le meilleur des dieux, car tu es notre refuge, toi qui nous envoies la pluie comme remède !
Tu es le maître des mantras, de la magie, des chants religieux et des sacrifices, et c'est toi qui nous accordes l'extase du véritable bonheur.
Rudra, nous sommes ton peuple, fais que nous soyons bien portants car c'est ta faveur seule que nous souhaitons.
Sois bon pour moi, pour mes enfants et mes petits-enfants.
Épargne parmi nous le vieillard et l’enfant, le père et le fils.
Épargne celui et celle qui nous ont donné le jour.
Rudra, maître du monde, ne trouble pas nos aïeux, ne trouble pas nos enfants, qu’ils soient à nos côtés ou dans le ventre des femmes, ne les trouble pas non plus, ni nos pères, ni nos mères et tiens ta colère éloignée de ceux qui nous sont chers.
Rudra, abstiens-toi de frapper les personnes qui nous sont chères et éloigne de nous ta colère, qui tue les vaches et les enfants.
Répands plutôt ta bénédiction sur nos troupeaux de chevaux, de brebis, de béliers, de vaches, sur nos hommes, nos femmes, nos enfants, et sur tous les autres biens qui répondent de toi.
Ne réduis pas la durée de nos vies, n'afflige pas notre bétail, ni nos chevaux.
N'afflige pas non plus ceux qui nous aident et travaillent pour nous.
Ainsi nous te dédicacerons de nombreuses libations et d’innombrables offrandes.
Rudra, nous t'adressons nos salutations respectueuses et nous nous prosternons entre tes bras, devant ta divine colère ainsi que devant ton arc et tes flèches. Puissent tes flèches nous êtres tendres et nous bénir, elles qui depuis ton carquois pourvoient à toutes les douceurs.
Rudra, que tes projectiles nous contournent mais que ta violente colère brûle la méchanceté dans nos actions et éradique nos mauvaises intentions.
Détache la corde de ton arc pour ceux qui sont généreux avec toi et rends nos enfants beaux et forts en échange de nos rituels, offrandes et sacrifices.
Rudra, maître des montagnes, que ton aspect ne soit pas à l'image de nos vices et que ton doux regard se pose sur nous et nous tranquillise en nous révélant notre véritable nature.
Ton bras féroce, levé au ciel, ne l'abaisse pas sur les êtres vivants, transforme-le plutôt en corne d'abondance, ô toi qui depuis le sommet de la montagne irradie le monde de douceur.
Rudra, toi qui nous couvres de richesse, toi qui donnes du sens à nos espoirs, fait que tes milliers de flèches pleuvent sur d'autres que nous.
Fais-nous te ressembler, pur Seigneur de la parole, que tes mots d'amour ennoblissent notre pensée, que tes mots purifient notre esprit.
Ô toi qui es notre protecteur, notre porte-parole, notre docteur, notre dieu suprême, réduis en poussière le serpent qui est en nous et qui est la source de nos vices.
Par rishi Coutsa, Rig-Véda, 1, 8, 2
À l'aube tu nous visites, alors que les bergères et les servantes t'admirent en se réjouissant.
À ta vue, toutes les créatures, et surtout celles qui ont la garde du bétail et de la Terre, c'est-à-dire les jeunes filles, les brahmanes et les dévas, feront jaillir de joyeuses louanges à ton égard :
« Ô maître du soleil, charme-nous et fais-nous jouir ! » s'écrient-ils tous à l'unisson sur ton passage.
Seigneur de la douce colère, détache donc ton arc aux deux bouts, émousse tes pointes et vide au sol ton carquois des flèches qui nous étaient destinées.
Dieu aux milles yeux, sois notre bienfaiteur, sois celui qui procurera le calme de l'esprit.
Plutôt que de nous frapper, entoure-nous de tes bras et protège-nous des maladies et du vice.
Rudra, Seigneur du monde, toi qui médites sur la destruction de tous les obstacles, absorbe en toi ma pensée, fais que je ne sois plus qu'une partie de toi.
Fais que j'oublie mes volontés de conquête et que je me calme, assis en tailleur.
Prends possession de moi et ne deviens qu'un avec mon esprit.
Rudra, calme donc les bipèdes et tiens les quadrupèdes à l'écart des maladies et nous serons heureux, le monde sera en paix. L'univers aussi.
Sri Rudram
Extraits
Krishna Yajur-Véda, Taittiriya Samhita, 4, 5 à 4, 7
Ôm Namo Bhagavathe Rudraya
« Prosternation devant le divin Rudra »
2nd chamaka
Ô Shiva je te salue, toi dont l'univers porte le nom. Ô Shiva, puisses-tu m'accorder l'abondance, la créativité, la conscience, l'étude, l'éloquence, le mental, l'effort intense, la rapidité de mes mouvements, de bonnes idées et de bonnes pensées, une bonne ouïe et une vue perspicace !
Ô Shiva, accorde-moi aussi la force intérieure, la vitalité, le pouvoir et la puissance, et une longue vie dont la vieillesse sera empreinte de sagesse. Accorde-moi ensuite la sagesse et le respect qui viennent avec l'âge. Pour cela, donne-moi une bonne circulation sanguine, une nourriture saine et appropriée à chacun de mes organes. Donne-moi aussi la force vitale, la capacité d'expurger mon corps de ses sécrétions néfastes et de ses déchets en tout genre, que ce soit des déchets organiques comme des idées néfastes.
Accorde-moi la conscience, le corps et l'abri, la sécurité de mes membres, et le repos de mes os. Fasse enfin que je sois conscient de mes articulations comme du déroulement de ma pensée.
Fais de moi un bienfaiteur ! Donne-moi la possibilité d'offrir des cadeaux ! Laisse-moi la liberté de choisir, de me développer, de prospérer, de voir ma famille s'agrandir ! Donne-moi la souveraineté, la juste colère, donne-moi l’infini, l'insondable, l'eau potable et la victoire, donne-moi la gloire ! Fais-moi connaître la plénitude, l’honnêteté, la confiance comme la foi en soi !
Fais aussi que je puisse devenir la création tout entière, ainsi que toutes les richesses ! Fais que je sois capable de convaincre, capable de rayonner au-dehors et en moi-même, capable de jouer, de me réjouir, de jouir des bons mots, de jouir des bonnes actions, de ce qui est justement dit et justement fait, de jouir de ce qui est né et de ce qui va naître…
Que tout ceci soit à moi ! Et que tout ceci me procure la gloire de compter près de moi de nombreux auditeurs et de nombreux disciples renommés, qui deviendront célèbres pour leur écoute et leur maîtrise des Védas, et qui seront dotés d'une illumination intérieure et d'un savoir divin, qui les rendra capables de communiquer avec les divinités !
Donne-moi donc une bonne histoire à raconter, un bon passé à me souvenir et un avenir brillant à espérer. Fais-moi progresser, montre-moi la voie vers ma réalisation. Garde mon grenier toujours plein et mon esprit toujours vif et imaginatif. Garde mon esprit en état de raisonner clairement et justement. Donne-moi aussi le talent d'enseigner, d'inspirer et d'être inspiré, de rechercher, de découvrir, et de chercher encore les vérités cachées et la véritable connaissance.
Permets-moi enfin de me mélanger aux vérités cachées pour ne plus faire qu'un avec elles, afin que je puisse percevoir nettement les rythmes du cosmos, ainsi que tout ce que mes sens ne peuvent percevoir.
Salutations à Rudra - Shiva
Salutation à toi, Seigneur de l’univers, détenteur du troisième œil, destructeur des trois mondes et des trois villes, maître du temps et des trois types de feux. Toi qui portes à la gorge la marque bleue du poison que tu as bu pour sauver le monde, toi qui as vaincu la mort, toi qui es absolument tout en absolument toute chose, toi qui es la paix éternelle, le plus généreux et le plus parfait des dieux, nous te saluons !
Salutation encore et prosternations, devant l’ordonnateur des quatre directions.
Salutation au gardien des chemins, au gardien de la lumière, au gardien de la santé.
Salutation aux arbres, dont les branches et les feuilles sont les cheveux du Seigneur des animaux, de la fertilité et de l'agriculture.
Salutation à celui qui est sale, à celui dont le corps est recouvert de poussière et de boue.
Salutation au Seigneur des aliments, au maître des sens et au vainqueur des poisons.
Salutation à celui qui est une maladie mortelle pour ses ennemis, à celui dont la monture est un taureau.
Salutation encore à celui qui seul peut arrêter la ronde des naissances et des morts.
Salutation donc au Seigneur de la création, maître du corps, de l'espace et du temps.
Salutation à celui qui est l'aurige de la vie et le maître des forêts et de la vie sauvage.
Salutation à celui qui ne peut être blessé et qui connaît toutes les plantes médicinales, comment les mélanger et comment les utiliser.
Salutation au protecteur de tout ce qui vit, au maître des arbres.
Salutation encore et encore, au messager, au commerçant, au voyageur qui traverse les sous-bois.
Enfin, nous saluons le chef des légions, le premier des fantassins, celui qui de son cri tonitruant fait vibrer l’univers tout entier.
Salutation au maître et au guide de ceux qui recherchent la sagesse. » Sri Rudram, 1, 1.
« Salutation encore au meilleur des cambrioleurs, au chef des voleurs de grand chemin, au plus grand des escrocs, au braconnier nocturne, qui s'est introduit en nous pour nous voler, tout en régnant sur tout ce qui nous est extérieur,
Il est aussi le voleur des récoltes du vice, le voleur des bijoux et l'épée de la justice, de même qu'il est celui qui fuit la justice ; il est le criminel, le tueur, le massacreur. Il est l'inspirateur de celui qui vole celui qu'il doit servir, de celui qui utilise ses mains pour se défendre et qui cause le trouble dans sa communauté.
Salutation encore à celui qui porte comme simple habit un pagne rouge, et qui vit humblement dans la forêt, retiré des hommes. Il est le chef de ceux qui volent, dans les maisons et dans les champs, la propriété que d'autres nomment privée. [...]
Salutation à celui qui est assis, comme à celui qui est allongé.
Salutation aussi à celui qui rêve comme à celui qui est éveillé,
Salutation à celui qui est debout et attend comme à celui qui court.
Salutation donc à l'assemblée et à celui qui règne sur cette assemblée, à celui qui est un cheval et à celui qui monte ce cheval. » Sri Rudram, 1, 3.
« Salutation au malheur qui accable, ainsi qu'à celui qui en fait sa cible et l'a transpercé,
Salutation à celui qui aide le bien et qui est craint par le mal.
Salutation à celui qui est lié et qui est le chef de ceux qui sont emprisonnés.
Salutation au chef des légions meurtrières, qui est le chef de nos passions, de nos pulsions.
Salutation aux membres du clan et à ceux qui dirigent ce clan,
Salutation aussi aux mercenaires et aux pires filous de toutes les races.
Salutation à celui qui est leur chef à tous.
Salutation à celui qui est laid comme à celui qui a l'air de n'importe qui.
Salutation encore à celui qui a une grande âme, comme à celui dont la personnalité est empreinte de faiblesse.
Salutation donc à celui qui conduit un char, comme à celui qui ne possède pas de char.
Salutation à celui qui est le véhicule, mais aussi celui qui montre à tous les véhicules le chemin.
Salutation à celui qui est un soldat, tout en étant lui-même le chef de l'armée.
Salutation à ceux qui conduisent correctement ce véhicule, mais salutation aussi à ceux qui n'y parviennent pas.
Salutation à chacun des artisans qui ont travaillé à l’élaboration de ce véhicule.
Salutation aux potiers ainsi qu'aux forgerons.
Salutation encore aux chasseurs d'oiseaux et aux pêcheurs.
Salutation à ce qui est gigantesque, grand, grotesque ou minuscule.
Salutation à ceux qui fabriquent les archers et à ceux qui fabriquent les flèches.
Salutation aux prédateurs, à celui qui chasse les animaux sauvages, attrape les chiens avec son lasso puis les dresse.
Salutation à celui qui est un chien et qui nous protège des chiens.
Salutation aux chiens et aux maîtres qui les ont dressés. » Sri Rudram, 1, 4.
« Salutation au plus âgé comme au plus jeune.
Salutation à celui qui est né avant comme à celui qui est né après.
Salutation aux hommes d'âge mûr comme aux jeunots.
Salutation à ceux qui sont nés dans toutes les castes, de celles qui trouvent leurs racines dans le ventre jusqu'à celles qui les trouvent dans les pieds.
Salutation à ceux qui sont nés humains, avec tous les défauts que cela implique, et salutation à ceux qui sont nés autres.
Salutation à ceux qui possèdent en eux le divin comme le démoniaque.
Salutation à celui qui pourrit en enfer comme à celui qui jouit des faveurs du paradis.
Salutation au Seigneur des jardins et des champs.
Salutation à celui qui cultive et à celui qui récolte.
Salutation à celui qui est loué par les Védas, particulièrement à la fin.
Salutation à celui qui est dans le mystère des arbres des forêts et qui prend la forme des sous-bois.
Salutation à celui qui est la forme du son et la forme de son écho.
Salutation à celui qui est la rapide cavalerie et l'intrépide infanterie,
Salutation aux braves comme aux lâches.
Salutation au héros, comme à l'anonyme.
Salutation à celui qui armé, conduit un char vers l'ennemi.
Salutation à ceux qui portent un casque solide et à ceux qui profitent de la magie d'un charme.
Salutation au glorieux chef des glorieuses légions divines : Rudra-Shiva-Ganapati. » Sri Rudram, 1, 6.
« Salutation au crieur qui bat le tambour pour ameuter le voisinage et annoncer la nouvelle, salutation à ce qui sort de son tambour ainsi qu'à celui qui l'a envoyé.
Salutation au courageux qui ne fuit jamais devant l'attaque, comme au circonspect qui se renseigne sur son ennemi en l’espionnant.
Salutation à l'émissaire comme à l'adversaire.
Salutation à celui qui est si proche des hommes, qu'il est pour eux un carquois rempli de flèches aux nombreux pouvoirs.
Salutation au penseur subtil qui possède des idées aiguisées comme un couteau, mais salutation aussi à celui dont la compagnie ennuie et dont le discours fatigue.
Salutation celui qui maîtrise les plus puissants des projectiles et à celui qui possède les meilleures armes.
Salutation à celui qui emprunte les sentiers, comme à celui qui suit la grande route.
Salutation à celui qui se conduit comme une source et à celui qui se comporte comme un torrent.
Salutation à celui qui est dans les étangs et dans les lacs.
Salutation à celui qui est dans la fluide ondée des rivières, ainsi que dans les impassibles marais putrides.
Salutation à celui qui est dans les puits et dans les sources.
Salutation à celui qui est dans la pluie mais aussi dans l'aridité des déserts.
Salutation à celui qui est à la fois l'éclair et les nuages amoncelés.
Salutation à celui qui est la substance qui brûle mais aussi la chaleur qui est créée par cette combustion.
Salutation à celui qui est dans la mousson ainsi que dans le vent chaud des typhons.
Salutation à celui possède, comme à celui qui possède le possédant. » Sri Rudram, 1, 7.
« Salutation à Soma et à Rudra.
Salutation à celui qui est de la couleur cuivrée de l'aube innocente.
Salutation au grand pacificateur, à Pashupati, le Seigneur-protecteur des animaux.
Salutation à ce qui est féroce et à ce qui est effrayant.
Salutation à celui qui tue en s'approchant de sa victime et salutation à celui qui l’atteint de loin.
Salutation au meurtrier comme au destructeur de l'univers.
Salutation à celui dont la chevelure est semblable aux lianes qui entourent les arbres de la jungle.
Salutation à celui qui est dans le « AUM », le son qui traverse l'univers ainsi que la vie et la mort.
« A-U-M Nama Shivaya », gloire au protecteur de l'humanité, le doux Shiva.
Salutation aux fleuves sacrés et à ceux qui se purifient sur leurs rives.
Salutation à celui qui est de tous les côtés et de tous les partis, de chacune des rives du fleuve.
Salutation à celui qui nous aide à traverser à la nage l'océan de nos vices et qui nous guide vers le repos et le salut.
Salutation à celui qui fit l'âme entrer dans le cœur des hommes et salutation à celui qui les encouragea à jouir du fruit de leurs actions.
Salutation à celui qui est à la fois dans l'herbe tendre de la berge et dans l'écume blanchâtre et bouillonnante des flots.
Salutation à celui qui est dans le lit sablonneux comme dans les vagues du fleuve. » Sri Rudram, 1, 8.
« Salutation à celui qui trace un chemin dans le désert.
Salutation à celui qui s'abrite sous un rocher comme à celui qui habite dans une confortable demeure.
Salutation à celui qui a les cheveux emmêlés mais qui se tient prêt à défendre les siens.
Salutation à celui qui habite la Terre et à celui qui habite une maison.
Salutation au yogi qui est assis sur un coussin et à celui qui est assis sur un trône.
Salutation à celui qui vit dans les sous-bois et dans les grottes.
Salutation à celui qui médite dans un torrent et à celui qui médite quand tombe sur lui la neige.
Salutation à celui qui est l'infiniment petit des particules de poussière et à celui qui est la boue de ces particules amassées.
Salutation à celui qui est le bois sec et la jungle luxuriante.
Salutation à ce qui est solide et à ce qui est en toc.
Salutation à ce qui est droit comme à ce qui est tortueux.
Salutation à celui qui est dans les bourgeons du printemps comme dans les feuilles brunes de l'automne.
Salutation à celui qui est prêt à frapper et à celui qui frappe pour se défendre.
Salutation à celui qui avertit et à celui qui punit.
Salutation à celui qui est généreux avec ceux qui le vénèrent, salutations à celui qui est adoré par les dieux mêmes.
Salutation à celui qui n'a pas de forme mortelle et qui n'a ni commencement ni fin.
Salutation à celui qui exauce les prières des dieux mêmes.
Salutation à ceux qui sont constants dans leur quête de non-violence en pensée, en paroles et en actions.
Salutation à celui qui est en toute chose et qui voyage à travers toute chose. » Sri Rudram, 1, 9.
Hymne à Yama et aux ancêtres (Pitrs)
Rishi Yama, Rig-Véda 7, 6, 9
Honore par l’holocauste le fils du Soleil, le roi Yama, le Seigneur de la Mort, lui qui traverse les grands abîmes, il est la voie et le rendez-vous des nations.
Yama le premier nous indiqua le chemin que depuis nous suivons tous infailliblement.
Cette route, nos pères l’ont parcourue avant nous et nous sommes nés pour aussi y marquer nos pas.
Roi Yama, toi que la prière des sages a amené jusqu'à nous, sois heureux de notre holocauste et viens prendre ta place sur le trône du sacrifice.
Que nos vénérables ancêtres t'accompagnent.
Aujourd'hui, à travers cette cérémonie, assis sur la pelouse sacrée, j’invoque le Soleil, qui est ton père.
Nous avons présent avec nous, parmi nos Ancêtres, Angiras, les Navagwas, les Atharvans, l'engeance de Bhrigu et celle de Soma.
Nous espérons obtenir d'eux leur bienveillance, leur heureuse protection !
Toi qui viens de mourir, viens ici toi aussi, rejoins-nous par les voies ancestrales où nos pères sont passés avant nous.
En route, tu apercevras les deux rois du monde, Yama et Varuna, qui se réjouissent de nos offrandes.
En suivant cet heureux chemin tu trouveras deux chiens qui ont le pelage d'un tigre et quatre yeux.
Ce sont les enfants de Sarama, la mère de tous les animaux sauvages.
Ces chiens appartiennent au roi Yama dont ils sont les fidèles défenseurs. Ce sont aussi ses messagers. Ils ont de larges naseaux, une respiration forte, une grande vigueur et élancés à travers le monde, rien ne peut les arrêter.
Tout ce que nous espérons, c'est qu'ils nous permettent de voir le soleil un jour de plus et de respirer sous lui sans difficulté.
Tes ancêtres et Yama t'attendent, installés sur le trône que nous avons dressé afin que s'élève la Piété. Afin de nous rejoindre, tu as été dépouillé de toute impureté, alors entre dans cette demeure sacrée, et incarne-toi dans ton nouveau corps de lumière.
Le voilà qui arrive, ô vénérables ancêtres, alors dispersez-vous ! Laissez libre la place qui lui a été réservée, car Yama a permis qu'il puisse jouir des libations qui lui seront adressées le matin et le soir.
Prenant le Feu pour témoin, répandez ensuite les libations en l’honneur de Yama et offrez-lui un holocauste aussi doux que le miel, comme c'est lui qui parmi les dieux peut nous donner une longue vie. Faîtes aussi couler vers lui nos offrandes de beurre clarifié !
Que notre hommage s’adresse aussi aux premiers sages, à nos ancêtres rishis qui nous ont ouvert la route.
Car enfin, Matali, le conducteur du char d'Indra doit sa grandeur aux rituels que lui dédie le rishi Gavya.
Yama doit son pouvoir au sage Angiras.
Quant à Brihaspati, le Gourou des dieux, c'est au Rishi Rikwan qu'il doit son aura.
La liste serait longue, car il existe bien d'autres dieux qui doivent leur gloire à la piété de ceux qui les réjouissent, les uns grâce à une invocation, les autres grâce à une offrande.
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