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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

LE GRAND SACRIFICE DU CHEVAL ROYAL (extrait du Véda et traduction de Jean-Antoine Dubois)

Le rituel védique de l'Ashvamedha

 

Paru initialement sous le titre « Description de l'Ashvamedha ou le grand sacrifice du cheval », dans Exposé de quelques-uns des principaux articles de la théogonie des brahmanes (1825). Orthographe modernisée.

 

 

DESCRIPTION DE L’ASHVAMEDHA

 

OU

 

LE GRAND SACRIFICE DU CHEVAL

 

 

Le sacrifice du cheval appelé Ashvamedha, dont je n’ai fait que donner une très-courte analyse dans un autre ouvrage, est sans contredit le plus célèbre de tous parmi les Hindous. Il en est fait très-fréquemment mention dans leurs livres les plus anciens. Les principaux fruits de ce fameux et redoutable sacrifice, étaient de rendre invulnérables les princes qui le faisaient faire, de leur procurer constamment la victoire dans les combats, et de leur assurer finalement une domination universelle. Les dieux et les asuras y avaient fréquemment recours pour en éprouver tous les fruits dans les guerres qu’ils se faisaient les uns aux autres. Il était aussi en usage parmi les anciens Rajahs ; mais l’expérience de son manque de succès dans ces temps modernes, jointe aux dépenses énormes qu’il occasionnait, n’auront pas peu contribué à le faire tomber en désuétude, Quoi qu’il en soit, il est certain qu’il ne se pratique plus. Ayant parlé des fruits et du mérite de ce sacrifice dans un autre ouvrage, j’en décrirai ici les circonstances et les cérémonies.

Les détails curieux que je vais donner sur ce sujet et les suivants, sont extraits et fidèlement traduits d’un manuscrit de famille en langue Kannada, qui me fut prêté par un brahmane Purohota de ma connaissance, du nom de Darmaya, habitant la ville de Parmapoutry dans le Carnatique.

On reconnaît quatre grands sacrifices dont les noms sont :

1. Ashvamedha ou sacrifice du cheval ;

2. Rajahchuy ou sacrifice de l’éléphant ;

3. Go-Méda ou sacrifice de la vache ;

4. Nara-Méda ou sacrifice de l’homme.

 

Voici les parties dont est composé l’Ashvamedha :

 

article premier

Manière de faire le sacrifice appelé Indra-Puja,

qui est une partie de l’Ashvamedha

 

(C’est le grand pénitent Risica, qui enseigne le mode de procéder à ce sacrifice, et en prescrit les cérémonies.)

On choisira un terrain convenable sur le bord d’un fleuve ; on entourera d’une haie un espace de dix mille coudées en carré. On construira à l’est de ce terrain une maison de vingt coudées, qui servira à faire le sacrifice à Indra, la fin de ce sacrifice est de purifier les choses qui font la matière du principal.

On bâtira au fond du carré une autre maison de vingt-cinq coudées de long, pour y offrir les sacrifices à Yama, le dieu de la mort, afin d’obtenir de lui qu’il veille sur la vie de la victime jusqu’à ce que le sacrifice soit accompli.

On construira une troisième maison à l’ouest du carré, de trente-deux coudées de longueur, pour offrir les sacrifices à Varuna (le dieu des eaux), afin qu’il fasse tomber les pluies nécessaires pour donner l’accroissement aux plantes destinées à la nourriture de la victime.

On bâtira une quatrième maison au nord pour y faire les sacrifices aux substances employées dans le cours des cérémonies.

Enfin on élèvera une cinquième maison au centre du carré, pour y garder tout ce qui est employé dans le sacrifice du cheval.

La veille du jour où doivent commencer les cérémonies, le Purohota désigné pour y présider, s’y préparera par le jeûne, et le lendemain, de grand matin, il fera le sacrifice aux morts appelé Briddy-Poudja. S’étant ensuite rendu à la maison située à l’est du carré, il fera venir quatre brahmanes savants, et fera apporter le beurre et autres articles et instruments nécessaires aux sacrifices, entre autres un grand vase de bois pour contenir le beurre liquéfié, deux grandes cuillers de bois pour verser le beurre dans le feu, et des vases de terre pour contenir le riz cuit au lait. Il ornera la maison en couvrant le dessous du plancher avec des toiles neuves, et plaçant tout autour des tornans ou guirlandes faites de feuilles de manguier. Il placera quatre vases de cuivre aux quatre coins de la maison, et, y ayant jeté des pierres précieuses de diverses espèces, il les couvrira d’une toile neuve. Après quoi, ayant fait le bain avec son épouse dans de l’eau où on, aura mêlé de la graine de sésame et du safran, il fera d’abord asseoir les quatre brahmanes mentionnés ci-dessus, qui doivent aussi s’être purifiés par des ablutions dans de l’eau dans laquelle on aura fait délayer de la poudre de santal ; puis s’étant assis lui-même sur un siégé enrichi de pierreries, il dira :

« Que le soleil, la lune, Yama, le temps, et tout ce qui a vie ; que le jour, la nuit, le vent, l’air et tous les habitants des airs, que les dieux qui président aux huit coins du monde, et Brahma lui-même, viennent s’asseoir parmi nous ! »

Après cela, mettant dans un vase une fleur trempée dans du beurre liquéfié, avec quelques graines de riz, il prendra le vase entre ses mains, et dira, adressant la parole aux brahmanes :

« Dites que ce jour où je commence le sacrifice à Indra, qui est une partie du sacrifice du cheval, soit pour moi un jour de vertu ! »

« Qu’il soit ainsi ! » répondront les brahmanes par trois fois.

« Que ce sacrifice me procure l’abondance des richesses ! »

« Qu’il vous en procure autant que vous pourrez en souhaiter ! » repartiront les brahmanes.

« Que je vive heureux ! »

« Soyez heureux ! soyez heureux ! » répondront les brahmanes.

Sur ces entrefaites, quatre bandes de musiciens placés aux quatre coins de la maison, joueront des instruments ; et, lorsqu’ils auront fini, le Purohita, ayant fait apporter un vase de cuivre, y versera de l’eau consacrée dans laquelle il mêlera des graines de sésame, et mettra sur l’orifice du vase un coco et de l’herbe darba. Mettant ensuite une toile neuve sur ses épaules, et une autre sur celles de sa femme qui se tiendra derrière lui, il dira en présence d’un brahmane :

« Aujourd’hui, tel jour de tel mois ; de telle année, pour obtenir le pardon de mes péchés, et pour purifier les diverses substances, qui doivent servir au sacrifice du cheval, je vais commencer à faire durant six mois le sacrifice à Indra. »

Il ajoutera : « Dieux, à qui je vais offrir des sacrifices, recevez les articles que je vais vous présenter, et accordez-moi en récompense des richesses en abondance ! »

Il placera ensuite quatre vases aux quatre coins de la maison, sur quatre petits monceaux composés de diverses espèces de grains. Il mettra sur ces vases des feuilles de manguier et un coco autour duquel il collera avec du lait caillé des grains de riz ; et ayant jeté dans chaque vase quelques pièces des cinq principaux métaux, il dira, portant les mains sur les petits tas de grains : « Graines ! je pense à vous. Faites venir les dieux à qui je vais offrir le sacrifice ! »

Touchant ensuite l’eau, il dira :

« Eau ! vous êtes le séjour de Varuna, j’aurai souvent besoin de vous dans les sacrifices que je vais offrir à Indra ! »

Portant ensuite les mains sur les feuilles de manguier, il dira :

« Feuilles ! que l’arbre d’où je vous ai tirées porte beaucoup de fruits ! qu’il soit le roi des forêts ! Qu’il reçoive l’hommage que je vous offre ! »

Après cela, portant la main sur le coco, il dira :

« Coco, les dieux et les hommes vous mangent avec plaisir ! Je vais donc me servir de vous dans le sacrifice que je vais faire ! »

Portant la main sur le second vase, il dira :

« Vase, contenez et prenez la nature du dieu à qui je vais offrir le sacrifice ! Restez ici aussi longtemps que je le lui offrirai ! »

Par la vertu de ces paroles il fixera le dieu dans le vase, auquel il appliquera la petite marque circulaire rouge qu’on imprime sur le front, et il offrira sur ce vase le sacrifice à Indra.

La cérémonie finie, il placera auprès du vase celui des quatre brahmanes destiné à faire le sacrifice appelé Homa.

Il offrira, sur le vase placé au sud, le sacrifice aux planètes, et placera auprès un des brahmanes assistants.

Il offrira, sur le vase placé au nord, le sacrifice aux huit dieux gardiens des huit coins du monde, et placera auprès celui des quatre brahmanes chargé d’avoir soin du feu.

Enfin, il offrira, sur le vase placé à l’ouest, le sacrifice aux asuras et aux démons, et placera auprès le brahmane destiné à verser le beurre dans le feu. Il se placera lui-même derrière lui, ayant sa femme à son côté.

Cela fini, il creusera une fosse ronde de deux coudées de profondeur et autant de diamètre. Il mettra dans la fosse un très-fort vase de cuivre des mêmes dimensions. Ce vase est destiné à contenir le feu du sacrifice. En le plaçant, il adressera à la terre la prière suivante :

« Terre ! vous étés la mère et le soutien de tous les hommes ! Vous pardonnez aisément le mal qu’on vous fait ! Vous êtes digne de nos hommages, et vous pouvez remplir nos vœux ! Je vais vous causer bien des peines et des tourments par le feu continuel que je vais faire brûler sur vous pendant six mois, et qui deviendra de jour en jour plus ardent par la quantité de beurre qu’on y jettera ! Pardonnez-moi cette faute, et permettez-moi de commencer le sacrifice à Indra, qui est la première partie du sacrifice du cheval ! »

Cette prière finie, il plantera quatre arcs en carré autour de la fosse, et les entourera d’une corde, afin d’empêcher les asuras de venir près de la cuvette, et d’enlever le beurre qu’on y jette dedans.

Il récitera en même temps la prière suivante :

« Arcs ! on se sert de vous dans les combats pour faire périr les asuras ! Je vous ai placés auprès de cette cuvette : faites mourir les asuras qui oseront en approcher ! »

S’adressant ensuite à la corde, il dira :

« Corde qui passez d’un arc à un autre, servez de filet pour prendre les asuras qui oseront approcher, et ne les laissez jamais pénétrer jusqu’à la cuvette ! C’est dans cette confiance que je vais commencer avec joie le sacrifice. »

Ayant dit ces prières, il jettera dans la cuvette quelques pièces d’or et d’argent, et formera autour trois carrés avec de l’herbe darba. Il fera l’évocation du feu qu’il purifiera par la prière marquée pour cela. Après quoi, allant auprès du brahmane chargé d’entretenir le feu, il lui dira de s’asseoir ; puis, prenant de la main gauche un vase de métal, il le remplira d’eau avec la main droite, le couvrira d’herbe darba, et le posera par terre, à sa gauche, sur de la même herbe dont il prendra deux tiges, disant : « Vous êtes pure, vous êtes l’épouse de Vishnou ! » Coupant ensuite ces deux tiges par le milieu, il dira : « Vous êtes pure aux yeux même de Vishnou ! »

Après quoi, croisant les mains de façon que la droite soit sur la gauche, et ayant la paume de la main tournée en bas, il prendra ces deux tiges avec le pouce et l’index, les trempera trois fois dans l’eau, et laissera tomber dans le vase l’eau qui en découlera ; il le prendra ensuite entre les mains, et y trempant dedans les doigts de la main droite, il arrosera tous les articles qui doivent servir au sacrifice. Cela fini, il mettra du beurre liquéfié dans le vase préparé pour cela ; et prenant un tison de feu, il fera trois fois le tour du vase, et versera dans le feu le beurre qui y est contenu. Il fera ensuite passer sur le feu la cuiller de bois qui sert à verser le beurre, la frottera bien avec de l’herbe darba, la fera passer sur le feu une seconde fols, et la mettra au nord du vase dans lequel est contenue l’eau. Après cela, répandant une traînée d’eau autour du feu, il lui donnera le nom de pur, et en fera l’évocation en ces termes :

« Feu, qui portez le nom de pur, venez ici ! venez ici ! venez ici ! »

Il lui offrira ensuite la puja, et fera le homa. Il fera ce dernier durant le premier mois, avec du beurre et du lait caillé ; il en répandra sur le feu au moins trois cents fois par jour, en sorte qu’à la fin du mois, il doit y en avoir versé dix mille fois. Chaque fois qu’il en versera, il dira :

« Qu’Indra, à longues oreilles, me soit favorable ! Que le soleil, les étoiles, Brihaspati, et les huit dieux gardiens des coins du monde, me soient favorables, et détruisent mes ennemis ! »

Le second mois, il fera le homa le même nombre de fois, avec du riz au lait et du beurre. Il récitera, en le faisant, la prière suivante :

« Adoration à Indra, qui porte la foudre ! Adoration à ses armes et à toute sa suite ! »

Le troisième mois, il fera le même nombre de fois le homa, avec du lait de vache ; mais on ne doit pas se servir pour cela du lait d’une vache maigre, ou d’une autre dont le veau vient de naître. Le lait doit toujours être trait dans un vase nouveau, et en le versant on récitera le mantra suivant :

« Indra ! vous êtes le plus grand des dieux ! Vous pouvez nous combler de biens, et de vous dépend notre salut ! »

Le quatrième mois sera employé à offrir le homa à différentes divinités, mais en particulier à Vishnou, En l’offrant, il dira :

« Vishnou ! les dieux sont témoins du bonheur dont on jouit dans le lieu que vous habitez ! Ils en sont si charmés qu’ils ouvrent de grands yeux pour le mieux considérer ! »

Telle est la prière qu’on doit réciter dix mille fois durant le mois.

Le cinquième mois, le Purohota se servira, pour faire le homa, de branches de toulochy, trempées dans le beurre liquéfié. Il l’offrira à Vishnou, et toutes les fois qu’il le fera, il récitera le mantra suivant :

« Vishnou ! c’est par l’effet de votre protection, et de l’amour que vous avez pour les brahmanes, qu’ils ne payent pas de cazena, et qu’ils emploient leur loisir à faire le homa ! »

Enfin, le sixième mois sera employé à faire dix mille fois le homa, à l’honneur des neuf planètes ; il le fera trois cents fois par jour, et se servira pour cela de morceaux de bois de neuf diverses espèces, qu’il trempera dans le beurre et dans le miel. En faisant le homa à l’honneur du soleil, il se servira des morceaux de bois de l’arbre appelé Arta, et récitera le mantra suivant :

« Soleil ! vous êtes couvert de la poussière qui s’élève de la terre ! Vous faites pleuvoir une pluie d’Amrita ! »

Dans le homa offert à la lune, il se servira des morceaux de bois de l’arbre appelé Polacha, qu’il trempera dans du beurre, dans lequel il aura mêlé des graines de sésame, et dira :

« Lune ! tous les hommes jouissent de vos faveurs, et vous rafraîchissez tout, par les pluies et la rosée que vous faites tomber ! »

En offrant le homa à Mars, il usera des morceaux de l’arbre kodura, qu’il trempera dans le beurre, et dira :

« Mars ! votre tête est toute de feu ! Vous êtes le fils de la terre ; vous en êtes le maître, ainsi que du Svarga ! »

Lorsqu’il offre le homa à Mercure, il doit se servir de morceaux de bois de l’arbre Oparga, qu’il trempera dans le beurre et dans le lait caillé, disant :

« Mercure ! vous êtes le matin semblable à du feu ! Vous êtes le fils de la lune ! »

En offrant le homa à Jupiter, il doit se servir des morceaux de l’arbre Assouata, qu’il trempera dans du beurre dans lequel il aura mêlé quelques graines de riz, et dira :

« Jupiter ! monté sur le char qui sert de voiture aux dieux, vous voyez de là tout ce qui se passe sur la terre ! »

En offrant le homa à Vénus, il emploiera des morceaux de bois de l’arbre Ourambara, qu’il trempera dans du beurre et du lait caillé, disant :

« Vénus ! les uns vous offrent leurs adorations, et les autres vous confondent avec le monde, dont ils pensent que vous êtes la figure ! »

Lorsqu’il offrira le homa à Saturne, il se servira des morceaux de bois de l’arbre Chony, qu’il trempera dans le beurre, et dira :

« Saturne ! soyez favorable à mes désirs ! Que ce que je boirai me fasse plaisir, et que la pluie qui tombera pour moi, comme pour les autres, serve a me rafraîchir ! »

En offrant le homa à Rahou, il se servira de l’herbe darba, qu’il trempera dans du beurre, et dira :

« Rahou ! ma volonté peut dans ce moment aller d’un bout du monde à l’autre ! Elle est lumière de sa nature, et vous exercez votre empire sur elle ! »

Enfin, prenant ce qui reste de beurre, il fera le homa a l’honneur de Kétou, et offrira ensuite pour Neiveddiam du riz au lait aux huit dieux gardiens des coins du monde. Il en offrira aussi à Brahma, à Vishnou et aux dieux qui composent leur suite, ainsi qu’aux fleuves, à la mer, à la terre et aux animaux. Finalement il fera trois fois le homa, et ayant mêlé ensemble du lait, du beurre, du caille, de l’urine et de la bouse de vache, il portera ce mélange sous les narines et le flairera pendant quelque temps. Après quoi il donnera en présent à un des brahmanes qui l’ont assisté dans ses cérémonies une coupe d’or pleine de graines de sésame, des habits enrichis d’or et une vache, et dira :

« Aujourd’hui, tel jour, de tel mois, de telle année, et pour finir heureusement le sacrifice à Indra, je donne à tel brahmane tel présent. »

Après cela versant par terre du lait caillé, il dira ;

« Terre ! rafraîchissez-vous ! »

Il versera ensuite de l’eau sur ce qui doit servir au grand sacrifice, et dira :

« Que la terre, les arbres, l’eau, les vaches et autres animaux, que les denrées, le beurre et toutes les espèces de fruits, soient purifiés par les sacrifices que je viens de faire ! »

Celui qui aura le soin de faire à Indra le sacrifice, avant de faire le grand sacrifice du cheval, recevra le pardon de ses péchés, et recueillera tous les fruits attachés à ce grand sacrifice. Celui qui l’omettra ne retirera aucun fruit de ce dernier ; car de même qu’une femme stérile n’enfante jamais, de même aussi le sacrifice du cheval ne produit aucun fruit s’il n’est précédé du sacrifice à Indra.

Les quatre grands sacrifices dont je vous ai parlé, sont à l’égard des autres ce que les rois sont à l’égard des autres hommes ; les éléphants à l’égard des autres animaux ; les lions à l’égard des bêtes féroces ; et les rats à l’égard des insectes qui habitent dans la terre. C’est par ces sacrifices que sont purifiés les yeux, les oreilles, le nez, le sens du toucher, les mains, les pieds, la volonté, etc. Aussi rendent-ils les hommes propres à remplir tous leurs devoirs de religion, et leur assurent un bonheur éternel après la mort. Chacun des quatre grands sacrifices peut être comparé à un tronc d’arbre, et les sacrifices qui les précèdent à ses branches. Les sacrifices qui précèdent servent à purifier les substances qui doivent être offertes dans le principale sacrifice. Les principales de ces substances sont : l’herbe darba, les graines de sésame, le beurre, le riz, et diverses sortes de fruits. On doit faire transporter tous ces articles dans la maison où se fait le sacrifice à Indra.

L’herbe darba doit être cueillie à l’époque de la nouvelle lune du mois Badra ; en la cueillant on dira :

« Herbe darba ! vous êtes la fille de Brabma ! Vous servez à purifier les hommes ! Je vous cueille pour vous faire servir dans le sacrifice du cheval ; faites que mes vœux soient accomplis ! »

Cette prière finie, on doit couper avec un couteau de cuivre les racines et la pointe de l’herbe à la hauteur d’une palme.

Voici ce qu ! on doit observer en recueillant les graines de sésame. On ira dans un champ déjà moissonné, et d’où les oiseaux mêmes, ne trouvant plus rien à manger, se sont retirés. Les brahmanes destinés à cueillir les graines de sésame s’y prépareront par le bain, et diront, en les ramassant, le mantra suivant :

« Graines de sésame ! vous êtes nées du corps de Vishnou ! Vous êtes vertueuses ! Vous détruisez nos péchés ! Je vous cueille pour vous faire servir aux sacrifices ! Vous contribuerez à combler de joie les dieux mêmes ! »

Voici la manière de préparer le beurre employé dans le sacrifice. On nourrira pendant un mois cent vaches avec de l’herbe darba, dans laquelle on mêlera du sel. On appellera ensuite un berger, et après lui avoir fait faire ses ablutions, on lui fera traire les vaches dans une coupe d’argent. Pendant qu’il les traira, le brahmane officiant récitera la prière suivante : « Vache, que les dieux ont mis sur la terre sous la forme d’une bête, je trais votre lait pour servir au sacrifice que je vais accomplir ; pardonnez-moi la douleur que je cause par-là à votre veau ! »

On fera ensuite chauffer ce lait ; et, pour cet effet, on entretiendra le feu avec des morceaux de l’arbre Assuata, et on remuera bien le lait avec un morceau de l’arbre Veinacra. C’est ainsi que doit se faire le beurre destiné au sacrifice. Les fruits les plus propres pour le Neiveddia, sont les bananes, les marmelles et le petit fruit appelé Amelaka, et voici la prière qu’il faut réciter en les cueillant :

« Fruits que les dieux ont créés à l’usage des hommes, et qui ont été trouvés dans les campagnes et les bois, pardonnez-moi le péché commis en vous coupant, et restez dans cet endroit-ci ! »

On fera ensuite sécher au soleil le riz qui doit servir au sacrifice, et après l’avoir pilé par trois fois, et bien émondé, on en remplira trois mille grands vases de terre, et on dira en les remplissant :

« Riz ! vous avez la figure de Lakshmi ; vous conservez la vie aux hommes. Je vous ai ramassé pour les sacrifices que je vais accomplir, et pour faire plaisir aux dieux ! »

 

 

article second

Manière de faire le sacrifice à Yama,

qui fait partie du sacrifice du Cheval

 

On commencera par bâtir une maison au sud. La veille du sacrifice, le brahmane qui y doit présider se fera raser sur tout le corps, ne mangera d’autre substance que du beurre liquéfié, et couchera sur la terre nue, sur laquelle il aura parsemé de l’herbe darba. Le jour du sacrifice, s’étant levé de bon matin avec sa femme, ils iront ensemble faire leurs ablutions. Il fera ensuite venir quatre brahmanes de couleur fort obscur, et après les cérémonies préparatoires d’usage, il fera asseoir ces brahmanes ; et leur dira :

« Hommes vertueux, venez vous disposer à faire le sacrifice ! »

« Nous venons tout disposés à cela, » répondront-ils.

Il leur offrira ensuite un sacrifice, et leur présentera de la poudre de bois de santal, des fleurs, et des vêtements noirs.

Prenant après cela, de la main gauche, un vase de métal, dans lequel il aura mis de l’eau, des graines de sésame, trois tiges d’herbe darba, et une banane, il couvrira l’orifice du vase avec la main droite, et ayant la face tournée au nord, il dira :

« Aujourd’hui, le douzième de la nouvelle lune du mois Veichaca (mai), je forme le dessein de faire chaque jour, durant l’espace de quatre mois, mille fois par jour le homa, avec du beurre liquéfié et des morceaux de l’arbre Veisinca, à l’honneur de Yama, pour obtenir de lui qu’il prolonge mes jours jusqu’à l’accomplissement du sacrifice du cheval ! »

Après cela, 11 fera placer une cuvette de fer pour contenir le feu, fera placer aux quatre coins quatre vases de la même matière, fera graver sur une plaque de fer la figure de Yama, et la placera au sud de la cuvette.

Il offrira ensuite la puja à différentes divinités, commençant par les démons auxquels il présentera pour neiveddian du riz et de la chair de buffle, disant en même temps :

« Démons de quelque caste que vous puissiez être, qui êtes sur la terre ! contentez-vous de ce que je vous offre, et retirez-vous loin d’ici, pendant tout le temps que je ferai mes sacrifices ! »

Il fera après cela, graver une fleur sur une plaque de fer, la mettra sur le vase qui représente Vishnou, et mettant la main sur ce vase, il y évoquera Vishnou en ces termes :

« Venez, Vishnou, honorer ce lieu de votre présence ! Je dois y faire la puja durant quatre mois : faites que je puisse le terminer heureusement ! »

Il lui offrira la puja, et après cela il l’offrira a Ganesh, disant :

« Vous êtes le dieu qui éloignez tous les obstacles. Vous n’avez qu’une dent et vous avez la tête d’un éléphant. Recevez le sacrifice que je vous offre, et faites que je puisse terminer heureusement celui que j’ai entrepris. »

Il offrira aussi la puja au soleil et à Shiva.

Allant ensuite à l’orient, il y fera l’invocation d’Indra, et lui offrira la puja, en disant :

« Indra ! vous êtes le roi des dieux ! Vous avez cent yeux ! Vous êtes monté sur un éléphant ! vous portez la foudre pour arme ! Vous avez fait cent fois le sacrifice du cheval ! Je vous offre mes adorations ! »

S’avançant après cela vers le sud-est, il fera l’évocation du feu, lui offrira la puja, et dira :

« Grand dieu ! vous êtes monté sur un bélier ! Vous portez pour arme une massue ! Vous jetiez un grand éclat ! Vous êtes témoin de tous les sacrifices ! Je vous offre mes adorations ! »

Passant ensuite au sud-est, il offrira le sacrifice à Yama ; après quoi, ayant purifié la cuiller de bois dont il se sert, il versera du beurre liquéfie dans le vase destiné à le contenir ; après quoi il coupera mille morceaux du bois de l’arbre appelé Birinchi, de la longueur d’une palme chacun, les placera à l’ouest, et fera ensuite, avec du simple beurre liquéfié, le homa aux neuf planètes, aux huit dieux gardiens des huit coins du monde, et commençant par l’est, il fera d’abord le homa en l’honneur du soleil, disant :

« Fils de Kachiapa ! vous êtes de couleur rouge ! Vous portez pour arme une fleur ! Vous effacez nos péchés ! Vous êtes le père du jour ! Je vous offre mes adorations ! »

Après cela, il fera égoutter dans un vase plein d’eau le beurre qui reste dans la cuiller de bois, et offrira le homa à la lune, disant :

« Lune ! vous êtes née de la mer de lait ! Vous êtes de la couleur d’un beau diamant ! Vous faites l’ornement du front de Shiva ! »

S’avançant au sud, il fera l’évocation de Mars, lui offrira le homa, en disant :

« Mars ! vous êtes le fils de la terre ! vous êtes de petite taille ! Vous êtes de couleur rougeâtre, et jetez l’éclat d’un éclair ! »

Passant au sud-ouest, il offrira le homa à Mercure, et dira :

« Mercure ! vous êtes le fils de la lune ! Vous êtes de couleur d’or ! Vous êtes doué d’excellentes qualités ! »

Allant au nord, il fera l’évocation de Jupiter, lui offrira le homa avec des fleurs trempées dans du beurre, et dira :

« Jupiter ! vous êtes le gourou des dieux ! Vous avez quatre bras et êtes de couleur d’or ! Vous portez pour armes un vase et un bâton, et un cheval vous sert de monture ! »

Il retournera à l’orient, fera l’évocation de Vénus, lui offrira le homa avec des fleurs jaunes trempées dans le beurre, et dira :

« Vénus ! vous êtes le gourou des asuras ! Vous êtes de couleur blanche ! Vous portez pour arme un bâton, et un crapaud vous sert de monture ! »

Il fera à l’ouest l’évocation de Saturne, lui offrira le homa avec des fleurs trempées dans le beurre, et dira :

« Saturne ! vous avez quatre bras ! Vous êtes de couleur noire ; vous portez un arc pour arme, et avez un vautour pour monture ! »

Il fera à l’ouest l’évocation de Rahu lui offrira le homa avec des fleurs noires trempées dans du beurre, et dira :

« Rahu ! vous êtes le fils de Chinguy-Kaya ; vous êtes d’un naturel colère et emporté ; vous n’avez que la moitié de votre corps ; on est saisi de frayeur en vous voyant ; vous êtes l’ennemi du soleil et de la lune ; vous êtes de couleur noire ! »

Il fera au nord-ouest l’évocation de Ketu, lui fera le homa avec la fleur Outpala trempée dans le beurre, et dira :

« Ketu ! vous n’avez que la moitié de votre corps ; vous êtes de couleur noire ; vous êtes d’une force extraordinaire ; vous êtes d’un naturel fourbe, colère et emporté ! »

Il fera de cette manière cent fois le homa à chaque planète en particulier. Il le fera ensuite à toutes les divinités en général qui habitent sur la terre, et offrira aux démons le même neiveddiam que celui mentionné auparavant, afin d’être délivré des obstacles qu’ils pourraient sans cela apporter à l’accomplissement du sacrifice. Celui qui ferait la puja à Yama, sans offrir en même temps le neiveddiam aux démons, le ferait inutilement. Les dieux refuseraient alors de manger ce qu’il leur présenterait.

Se tournant ensuite à la gauche, il offrira le homa à Brihaspati, disant :

« Adoration à Brihaspati ! Je lui offre ce homa ! »

Se tournant à la droite, il fera le même sacrifice à Ganesh, à Rudra, à Shakti, à la tortue [Kurma], et aussi au siège sur lequel il s’assied.

Après cela, s’étant procuré la statue de Vishnou, en cuivre, il la placera à l’est de la cuvette mentionnée ci-devant ; lui fera faire ses ablutions avec diverses eaux et y répandant d’abord dessus de l’urine de vache, il dira :

« Urine ! vous chassez les mauvaises odeurs ! Vous servez à engraisser ! Vous êtes une divinité ! Répandez sur nous les richesses ! »

Versant du lait sur la statue, il dira :

« Lait ! vous faites plaisir à tout le monde ! Vous êtes la pluie d’Amrita que la lune nous envoie ! »

En versant sur elle du lait caillé, il dira :

« Lait caillé ! vous servez à rafraîchir ! »

En versant de l’eau dans laquelle il aura mêlé du santal, il dira.

« Vishnou ! vous avez cent têtes, cent yeux, cent pieds ! Vous êtes répandu dans tout le monde ! Vous êtes plus grand que le monde de dix pouces ! »

Versant sur le dieu de l’eau bien claire et bien pure, il dira :

« Eau qui êtes sur la terre ! vous servez à purifier tout ce qui est employé dans la puja ! Vous êtes l’œil du combat ! »

Versant du lait, du beurre, du lait caillé, du sucre et du miel mêlés ensemble, il dira :

« Je pense à la femme de Vishnou et à Vasudeva ! Que Vishnou tourne mon cœur à la vertu et aux biens, présents et à venir ! »

Celui qui, après avoir ainsi lavé Vishnou, lui offrira la puja, obtiendra le pardon dé ses péchés, et Vishnou purifiera tout, ce qui doit servir aux autres sacrifices. Celui qui fera le sacrifice à Yama, sans l’avoir offert auparavant a Vishnou, travaillera inutilement. Les asuras viendront manger tout ce qu’il offrira.

Le sacrificateur mettant ensuite les deux mains sur la terre de manière que les mains se croisent, la droite passant sur la gauche, dira :

« Terre ! je vous offre mes adorations ! Vous êtes solide et stable ! Vous êtes heureuse ! Faites périr mes ennemis et comblez-moi de richesses ! »

Après cela, prenant de la main droite quelques tiges d’herbe darba, il balaiera avec elles tout autour du feu, et dira :

« Je balaye tout autour de ce feu, pour tirer ce qu’il y a de malpropre, parce que je dois faire le homa, et plusieurs autres sacrifices au feu. »

Sans la terre, il ne saurait y avoir de sacrifice, parce qu’il ne saurait y avoir de denrées. On doit donc lui offrir le sacrifice. On commencera d’abord par verser une traînée d’eau sur la terre qui est autour du feu, commençant par l’ouest et continuant par le sud, et disant en même temps :

« Terre ! rafraîchissez-vous, et ne soyez pas irritée contre moi ! »

Appuyant ensuite le genou droit sur la terre, et tenant de l’herbe darba dans les deux poings fermés, le droit appuyé sur le gauche, il dira :

« Adoration aux dieux inférieurs ! adoration à la terre ! adoration au Svarga ! adoration à Yama, fils de Brahma ! »

Il adressera ensuite à Yama la prière suivante :

« Yama ! vous êtes d’une force extraordinaire ! Vous portez pour arme un bâton ! Comme c’est vous qui donnez la mort aux hommes, je vous prie de prolonger mes jours jusqu’à ce que j’aie accompli le sacrifice du cheval ! C’est en offrant des sacrifices qu’on devient vertueux ; mais on ne peut en offrir si on ne jouit de la vie, et on ne peut en jouir qu’autant que vous le voulez. Faites donc, puisque vous portez le nom de roi vertueux, que, en jouisse jusqu’à ce que j’aie accompli le grand acte de vertu que j’ai commencé ! Donnez-moi l’esprit de pénitence, de piété, de sagesse, de douceur et de vérité, afin que je paisse accomplir dignement un pareil sacrifice, qui, en me procurant le pardon de mes péchés, m’assurera une place dans le Svarga, et me fera jouir dans ce monde d’un bonheur inaltérable. Vous êtes la figure de tous les dieux ! Vishnou et le soleil vous offrent leurs hommages. Daignez aussi recevoir les miens, et faites-moi la grâce de terminer heureusement le sacrifice que j’ai commencé ! »

Il fera ensuite apporter les divers articles qui, doivent servir au grand sacrifice, pour les purifier, ainsi que les présents qui doivent être offerts, qui consisteront en vêtements, fleurs, poudre de bois de santal, etc., etc., et fera remplir mille grands vases avec les eaux des sept fleuves sacrés. Il offrira au soleil deux paires d’habits de couleur rouge ; un coquillage à la lune ; à Mars, un bélier rouge et des vêtements de la même couleur ; à Mercure, de l’or et des vêtements jaunes ; à Jupiter, de l’argent et deux paires d’habits couleur de cendre ; à Vénus, de l’argent et des vêtements blancs ; à Saturne, du fer et des vêtements rouges. Tout ce qu’il offrira à Rahu et à Ketu, doit être de couleur noire.

En cueillant les fleurs qui doivent servir au sacrifice, il dira :

« Fleurs, qui êtes nées sur les arbrisseaux des villages et des bois, je vous cueille pour être employées au sacrifice que je vais faire ! Faites que je puisse l’accomplir heureusement ! »

En coupant le bois de santal, il dira :

« santal, qui êtes né sur la montagne Maleya, vous êtes cher à tous les dieux ! C’est pour eux que je vous coupe : puissent-ils vous recevoir avec plaisir de mes mains ! »

En remplissant le vase d’eau, il dira :

« Eau ! vous donnez et conservez la vie à tout ce qui en jouit ! Je vous mets dans ces vases pour vous faire servir au sacrifice, et pour faire plaisir aux dieux ! »

Il fera, après cela, l’invocation des eaux sacrées, disant :

« Eau de la mer, et de tous les fleuves sacrés, qui effacez nos péchés et nous purifiez, je vous évoque dans ce lieu ! Il faut être sans péchés pour offrir dignement le sacrifice ; venez donc détruire les miens et me purifier de toute tache ! »

Voici maintenant de quelle matière doivent être les mille vases destinés à contenir l’eau : il doit y en avoir cent cinquante en terre ; cent eu fer ; deux cents en cuivre ordinaire ; cent en cuivre blanc ; deux cents en cuivre rouge ; cent en argent ; cinquante en étain et cent en or. On doit les remplir tous d’eau dans laquelle on mêle des pierreries et de la poudre de santal.

Après avoir offert la puja à Yama, le principal sacrificateur présentera à chacun des brahmanes présents, une vache et de l’or, disant :

« Aujourd’hui, tel jour, de tel mois, etc., etc., pour terminer heureusement les sacrifices à Yama, que je commençai le douzième de la lune du mois veichaca, et qui a duré quatre mois, je donne cette vache et cet or au brahmane qui a exercé tel office dans le sacrifice. »

Le brahmane, en recevant la vache, la prendra par la queue, récitera le gayatri, et dira ensuite :

« Vache, qui êtes née de Surabi, et qui êtes venue sur la terre pour le bonheur des hommes ! que le présent qu’on vient de me faire de vous, mette au sacrifice sa dernière perfection ! »

On doit toujours mettre un brahmane à la garde des divers articles qui servent au sacrifice. Si on les confie à un shudra, et qu’il vienne seulement à y toucher, ils ne seront plus propres à être offerts ; les dieux ne voudraient pas les manger, et celui qui oserait les leur offrir commettrait un crime qui le conduirait sûrement en enfer.

Enfin le chef des cérémonies et son épouse prendront un peu de la cendre du feu qui aura servi pour les sacrifices, et l’imprimant sur leur front, ils diront :

« Que Jamadagni et Kachiapa prolongent nos jours ! »

Ils finiront par servir un repas à cent trois brahmanes.

Si dans le cours des sacrifices on a commis quelque faute, elle sera remise en servant à manger aux brahmanes. Il n’y a pas sur la terre d’autre dieu que les brahmanes. Ce sont eux qui donnent aux eaux sacrées leur vertu, et aux sacrifices leur efficacité ; en un mot, tout est soumis à leur volonté et n’a de mérite que pour eux. Qu’on se fasse donc un devoir de leur offrir des sacrifices et de les contenter.

Le sacrificateur finira par adresser la prière suivante à Yama :

« Yama ! Dieu vous a établi pour être le juge des hommes, et pour examiner ce qu’ils font de bien et de mal ! Je viens de vous offrir la puja, accordez-moi une longue vie ! En vivant, on devient heureux, on jouit des plaisirs, on se procure l’objet de ses vœux ; aussi la vie est-elle le premier de tous les biens. Comme c’est de vous qu’elle dépend, je vous offre de nouveau mes vœux afin que vous me la prolongiez ! »

 

 

article troisième

Manière de faire le sacrifice à Varuna,

qui fait partie du grand sacrifice du Cheval.

 

Comme dans le cours du grand sacrifice du cheval celui qui y préside doit souvent servir à manger aux brahmanes, et que tout ce qu’il leur présentera doit avoir été purifié, il doit mettre le tout dans une maison qu’il fera construire pour cela à l’ouest, et qui servira en même temps pour offrir la puja à Varuna.

Varuna est le dieu des eaux, et l’eau est une des principales substances qui servent à conserver la vie. Sans eau, il n’y aurait pas de denrées ; sans denrées, on n’aurait pas de quoi manger ; si on n’avait pas de quoi manger, on ne saurait vivre ; et si on ne vivait pas, il n’y aurait pas de sacrifices. Ainsi on ne doit pas manquer dé faire la puja à l’eau, qu’on doit regarder comme une des choses les plus nécessaires, et qui d’ailleurs sert à purifier.

Le mois djechta est celui où on doit commencer ce sacrifice. Le brahmane qui y préside, se fera la veille raser la tête et rogner les ongles ; il passera, aussi bien que sa femme, la journée sans rien manger : ils prendront seulement, vers le soir, plein le creux de la main de farine de froment et de graines de sésame, et coucheront tous les deux sur la terre nue. Le lendemain, de bon matin, ils iront faire leurs ablutions ensemble, et après avoir fait une libation à leurs ancêtres, ils offriront un sacrifice à leur gourou ; ils feront ensuite venir quatre brahmanes vêtus de blanc. Alors le président de la cérémonie, qui doit aussi être vêtu de blanc, offrira le sacrifice au brahmane destiné à exercer les fonctions d’assary ; lui présentera des vêtements, des guirlandes de fleurs, des pierreries, et le fera asseoir au nord sur un siège de bois couvert de drap rouge. Il présentera à celui qui fait le personnage de Brahma, des habits rouges, des guirlandes de fleurs de la même couleur, et le fera asseoir au midi, sur un lapis de couleur rouge. Il présentera au brahmane qui fait les fonctions de maître des cérémonies, des habits jaunes, des guirlandes de la même couleur ; au quatrième brahmane, qui est celui qui est destiné à le suppléer en cas d’accident, il présentera des vêtements couleur de citron, et le fera asseoir à l’ouest, sur une peau de gazelle. Il se placera derrière lui, ayant sa femme à ses côtes ; après quoi, prenant un vase de cuivre plein d’eau, il dira :

« Aujourd’hui tel jour, tel mois, etc., etc., afin de purifier l’eau et en avoir en abondance, je vais commencer la puja et le homa en l’Honneur de Varuna ; et je le continuerai durant cinq mois de suite, »

Après cela, il jettera au nord-est l’eau contenue dans le vase, fera le san-calpa, et sera par là purifié de tout péché et de toute souillure.

Il offrira ensuite le sacrifice ordinaire à Ganesh, qu’il se représentera sous la forme d’un nain, avec un gros ventre et une tête d’éléphant, sans que ces difformités apparentes diminuent rien de sa beauté.

Il offrira de plus le sacrifice au soleil, afin d’être préservé des maladies qui pourraient interrompre ses cérémonies. Il fera l’évocation de cet astre sur le vase placé à l’orient. Il se le représentera assis sur une fleur rouge, et jetant un éclat éblouissant. Après lui avoir offert la puja, il lui dira :

« Dieu des dieux, faites que je puisse terminer heureusement le sacrifice que j’ai commencé. Vous êtes le gourou du monde. Écartez de moi la maladie, la douleur et les esprits malfaisants. »

Il fera aussi le sacrifice à Vishnou, auquel il présentera du toulochy de poudre de bois de santal, et dira :

« Dieu, qui avez la figure de tous les autres dieux, et qui recevez leurs hommages ! vous êtes l’époux de Lakshmi, et rendez les hommes heureux. »

Il fera de plus, tous les jours, le sacrifice à Shiva, afin qu’il éloigne les démons. S’il y manquait, ces derniers viendraient manger le beurre destiné au grand sacrifice, et le feraient manquer. Il préparera d’abord les articles nécessaires à ce sacrifice, et remplissant d’eau un crâne humain, il en arrosera tout ce qui doit servir au sacrifice. Il se représentera ensuite le dieu Shiva de couleur blanche ; vêtu d’une peau de tigre, le corps couvert de cendres, et ceint de serpents, après quoi il lui offrira le sacrifice, et lui présentera la fleur appelée datura, qui a une odeur enivrante, et dira :

« Shiva ! vous êtes un démon ; vous êtes le chef des démons ! Vous éloignez de nous tout ce qui peut nuire ; écartez loin d’ici tous les démons, afin qu’ils ne troublent pas mes sacrifices ! Comme il n’y a que vous qui puissiez les mettre en fuite, je m’adresse à vous pour cela ! Daignez exaucer mes vœux ! »

Enfin, comme il y a une infinité de maux qu’on ne peut prévoir, pour s’en garantir il offrira le sacrifice à Durga, à laquelle il dira :

« Saisi de crainte à la vue des maux qui peuvent me survenir, tant de la part des voleurs que des maladies et autres causes, je vous implore, grande déesse, pour que vous m’en délivriez, et que je puisse accomplir le sacrifice que j’ai commencé ! »

S’étant ensuite mis une fleur sur la tête, il offrira la puja à Durga, à laquelle il adressera cent huit fois la prière suivante :

« Déesse Durga ! vous êtes d’une figure qui inspire de l’horreur ; vous avez de larges dents ; vous êtes toujours accompagnée d’un million de femmes des démons ! Écartez les maux qui nous environnent ; je vous offre mes adorations ! Donnez-moi, déesse, la santé, les richesses et la victoire sur tous mes ennemis ! Pardonnez-moi mes péchés ; éloignez de moi tout sujet de douleur ! Faites périr ceux qui me souhaitent du mal ! C’est par votre faveur que j’ai commencé ce sacrifice, et que je veux le finir ! »

Il offrira enfin le sacrifice à chacune des neuf planètes, de la manière décrite auparavant, et le sacrifice des morts appelé Briddy.

Après cela, il fera le homa de la manière suivante :

Des brahmanes, et non des personnes d’autre caste, creuseront d’abord une fosse de cinq coudées de profondeur, et autant de largeur. On y placera une cuvette d’argent, du poids de deux mana (quarante livres), pour contenir le feu, et on y jettera dedans des pierreries de cinq espèces différentes. Ce sera le président et sa femme qui placeront eux-mêmes la cuvette, au son des instruments de musique, et tous les assistants pousseront à la fois des cris de joie. Après avoir placé la cuvette, le sacrificateur adressera à la terre là prière qui commence par ces mots : « Terre ! » et comme ci-devant. Après quoi, il offrira un sacrifice à la cuvette, et l’assurera bien en remplissant avec du sable les espaces vides. Si, par la force et la continuité du feu, la cuvette venait à se rompre, ce serait un événement de très-mauvais augure, et qui présagerait de grands malheurs. En voici le détail, et les remèdes qu’on y doit apporter.

Si la cuvette vient à se rompre ou à se percer du côté de l’est, on verra périr tout ce qu’on peut avoir de vaches ou de chevaux.

Si c’est du côté du sud-est, tout ce qu’on a sera consumé par le feu.

Si c’est du côté du sud, on doit s’attendre à mourir sous peu de temps.

Si c’est du côté du sud-ouest, on perdra tout son bien.

Si c’est du côté de l’ouest, on mourra de soif.

Si c’est du côté du nord-ouest, on périra par la foudre.

Si c’est du côté du nord, on perdra tout ce qu’on a de vêtements.

Si c’est enfin du côté du nord-est, on perdra ses terres.

Le moyen de se préserver de ces maux, c’est de faire des largesses aux brahmanes, et voici en quoi elles doivent consister.

Si la cuvette vient à se rompre du côté de l’est, on leur donnera des vêtements de couleur rouge.

Si c’est du côté du sud-est, on leur donnera du riz et du beurre liquéfié.

Si c’est du côté du sud, on leur donnera du fer et des habits noirs.

Si c’est du côté du sud-ouest, on leur donnera du cuivre et de l’étain.

Si c’est du côté de l’ouest, on leur donnera des vases propres à contenir l’eau.

Si c’est du côté du nord-ouest, on leur donnera des éventails et des parasols.

Si c’est du côté du nord, on leur donnera des habillements blancs.

Enfin, si c’est du côté du nord-ouest, on leur donnera cinq onces d’or.

Voici maintenant la manière de faire ces présents. On mettra ce qu’on prétend donner dans une petite corbeille neuve, à laquelle on offrira en sacrifice des fleurs et de la poudre de bois de santal, et ayant offert le même sacrifice au brahmane auquel le présent est offert, on dira :

« Aujourd’hui tel jour, de tel mois, de telle année, etc., moi, tel, etc., pour me préserver des maux dont je suis menacé, à cause de la rupture de la cuvette, qui est arrivée en offrant le sacrifice à Varuna, qui fait partie du grand sacrifice du cheval, je fais tel présent à tel brahmane. »

Après cela, le sacrificateur commencera le homa. Il mettra d’abord autour du feu des tiges de l’herbe de Darza. Il prendra deux, autres tiges qu’il mettra sur le vase où on garde le beurre, après leur avoir coupé la racine et la pointe ; mais on ne doit pas les couper avec les ongles. En même mets il récitera la prière qui commence par ces mots : « Herbe darba ; » et comme ci-devant.

Cela fini, il présentera au feu le vase qui contient le beurre, purifiera par trois fois les instruments qui doivent servir pour jeter cette substance dans le feu, et prenant un petit morceau de l’arbre Assouala, de la longueur d’une palme, il commencera par faire le homa Maha-Biarity, et dira en jetant le beurre dans le feu :

« Adoration au Patala ! adoration à la terre ! adoration au Svarga ! Venez, dieu Varuna ! venez ! je vais vous faire le homa ! »

Il fera ainsi mille huit fois le homa avec du beurre liquéfié, des graines de sésame, et quelques grains de riz en l’honneur de Varuna.

Il fera aussi le homa en l’honneur du feu.

Outre cela, comme le feu ne saurait subsister sans le vent, il fera le homa en l’honneur de cet élément, et récitera la prière suivante :

« Vent ! vous avez vaincu même les dieux : eux et le soleil vous emploient dans leurs principales fonctions ! »

Il répétera cinq fois ce homa, en l’honneur du vent. Il l’offrira ensuite au soleil, à Prajapati, à l’air, au Svarga, à Brahma, à la terre, et aux rois de la terre. Après quoi il adressera à Varuna cette prière :

« Varuna ! vous êtes le dieu des eaux. Le feu, le soleil, Vishnou, Brahma et Brihaspati obéissent à vos ordres. Je vais, sous vos auspices, faire des creux pour contenir l’eau qui doit servir au grand sacrifice ! »

Après cela, il fera creuser deux réservoirs, de cent coudées chacun, qu’il fera revêtir de briques. L’un servira à contenir l’eau des fleuves sacrés, et l’autre celle qu’on puise dans les étangs, pour les usages ordinaires.

Lorsqu’on commencera à creuser la terre, le sacrificateur récitera la prière suivante :

« Terre ! j’ouvre aujourd’hui votre sein pour conserver l’eau qui doit servir au grand sacrifice du cheval. Pardonnez-moi la douleur que je vous cause ! »

Après qu’on aura fini de creuser les deux réservoirs, il y jettera dedans du lait, du beurre, du lait caillé, de la bouse, et de l’urine de vache mêlés ensemble, et cinq espèces de pierreries. Faisant ensuite l’évocation des eaux sacrées, il dira :

« Eaux sacrées de la mer, des fleuves et des étangs ! venez toutes en ce lieu pour me purifier de mes péchés ! Que les eaux sacrées du Gange, que celles qui sont à Pourochattma, à Kashi, à Brindabara, à Ayoddiah, se rendent toutes ici, pour servir au sacrifice que je vais faire ! »

Après en avoir fait ainsi l’évocation, il leur offrira la puja, les purifiera, et en mettra dans les deux réservoirs autant qu’il en faudra pour le grand sacrifice. Il adressera ensuite à ces eaux la prière suivante :

« Eaux ! vous êtes la vie de tout ce qui a vie. Vous êtes pures, et vous purifiez tout. C’est par vous que tout est purifié dans les sacrifices, et, sans vous, il serait impossible d’en offrir ! »

Comme tout ce qui doit être offert dans le sacrifice du cheval doit être très-pur, on ne doit pas manquer de purifier l’eau qu’on aura mise dans les deux réservoirs. On récitera pour cela la prière suivante.

« Eau qui avez pu être souillée par le sang, l’urine, par le contact des parias et autres personnes viles, ou par celui de quelque vase malpropre dont on se sera servi pour vous puiser ! soyez purifiée de tout ce que vous avez pu contracter de souillures ! »

Il adressera ensuite cette prière à Varuna.

« Vous êtes le dieu de tout ce qui a vie. Vous êtes toujours dans la fraîcheur ! Faites que je puisse heureusement terminer le sacrifice que j’ai commencé ! »

Après cela il jettera dans les deux réservoirs de la poudre de bois de santal, de camphre, et autres substances odoriférantes, couvrira ces réservoirs de toiles, et y placera auprès deux brahmanes pour les garder ; il finira par offrir des présents aux quatre brahmanes qui ont officié avec lui, et dira :

« Aujourd’hui tel jour, etc., etc., afin de terminer heureusement le sacrifice que je viens de faire à Varuna, qui fait partie du grand sacrifice du cheval, je donne au brahmane qui a fait le personnage d’Assary, deux paires d’habillements et telle quantité d’or ; à celui qui a fait le personnage de Brahma, je donne ce vase rempli de diverses substances ; à celui qui a fait celui d’Atta, une vache et des vêtements. Je fais enfin ce présent en or, à celui qui a fait celui de Chadassy. Que toutes les fautes que j’ai pu faire durant le cours du sacrifice, me soient pardonnées ! »

« Qu’elles vous soient pardonnées ! » répondront les brahmanes.

article quatrième

Manière de faire le sacrifice aux Nuages,

qui fait partie du sacrifice du Cheval.

 

Après avoir parlé des sacrifices qu’on doit faire à l’est, au sud et à l’ouest, il faut maintenant décrire celui qu’on doit faire au nord. C’est de ce côté-là que doit être bâtie l’écurie pour le cheval.

Le sacrifice du cheval est, sans contredit, celui qui a le plus grand mérite ; mais il perd toute sa vertu, si le cheval a quelque souillure. On ne doit pas manquer de faire celui dont je vais parler, afin de purifier l’herbe qu’on lui donnera à manger. S’il mangé des herbes qui aient quelque souillure, il les contractera et ne sera plus propre au sacrifice. Qu’on ne manque donc pas de purifier l’herbe qu’on doit lui donner.

On lui construira d’abord une maison en briques, au nord de celle où on doit offrir le sacrifice ; elle doit avoir cent coudées de long et cinquante de large. On bâtira au nord de l’écurie une maison en terre, de trente coudées de long, destinée à contenir herbe avec laquelle on doit nourrir le cheval ; à l’est de cette dernière, on en bâtira une troisième en briques, de mille coudées de long, qui doit servira contenir les diverses substances destinées au sacrifice. Sous le toit de toutes ces maisons, on tendra des toiles neuves entourées de festons. On construira, à l’ouest, une quatrième maison en briques, de cinquante coudées de long, destinée à faire le sacrifice aux nuages, afin d’obtenir leurs faveurs, parce que si on ne les contentait pas, il n’y aurait pas de pluie. S’il n’y avait pas de pluie, l’herbe ne croîtrait pas ; s’il n’y avait pas d’herbe, le cheval ne saurait vivre ; et si le cheval ne vivait pas, il n’y aurait pas de sacrifice. Il est donc indispensable de faire le sacrifice aux nuages, qu’on doit commencer le 15e de la lune du mois Djesta. Le brahmane qui doit y présider se fera raser la tête dès la veille, fera ses ablutions et ne mangera rien jusqu’après le coucher du soleil, et couchera, ainsi que sa femme, sur la terre nue. Ils passeront tous les deux la nuit sans dormir et sans user des droits du mariage ; et leurs vêtements doivent être de couleur verte.

Le lendemain, s’étant levés de grand matin, ils feront ensemble leurs ablutions ; après quoi, le mari fera le sandia, offrira le torpam aux ancêtres, et le sacrifice des morts appelé Briddy ; le vachudara et la puja, aux seize mères ; ayant ensuite fait deux fois l’achamaniam, noué le petit floc de cheveux du sommet de la tête, et imprimé sur son front la marque circulaire rouge, il fera venir quatre brahmanes, et, ayant fait le san-calpa, il prendra un vase rempli d’eau, dans laquelle il mettra des graines de sésame et un coco, disant :

« Aujourd’hui, tel jour de tel mois, etc., je commence le sacrifice à Varuna, qui fait partie de l’Ashvamedha, et qui doit purifier le cheval et l’herbe dont il doit se nourrir. »

Il purifiera ensuite le froment, le beurre, la farine, le riz, l’herbe darba, les fleurs, les instruments qui doivent être employés au sacrifice, un vase de bois destiné à contenir l’eau, un mortier et un pilon pour piler le riz, un petit van pour l’émonder, un vase pour le faire cuire, un petit bâton pour le remuer, neuf plats neufs de cuivre, du sable, et quatre pieux. Il mettra dans le vase de bois, de l’eau, des fleurs et de l’herbe darba. C’est cette eau qui doit lui servir à purifier toutes les autres substances, il en jettera d’abord sur le froment, et dira :

« Froment ! je vous purifie par le sacrifice que je vais faire de toutes les souillures que vous pourrez avoir contractées par l’attouchement des animaux, des oiseaux et des insectes ! »

Il jettera de cette eau sur le beurre, disant :

« Beurre, qui avez été souillé pour avoir été mis dans des vases sales, ou pour avoir été touché par des Parias ! je vous lave de toute souillure, et vous rends propre à être offert en sacrifice. »

Il purifiera de la même manière, le riz, l’herbe darba, les fleurs, les fruits, les instruments qui doivent servir au sacrifice.

Il purifiera ensuite le feu, en récitant les prières ordinaires, lui donnera le nom de Biddou, lui offrira un sacrifice de fleurs et de santal, y jettera dessus une tramée de beurre, et placera aux quatre coins, les quatre brahmanes destinés à faire le homa. II prendra un morceau de bois de la longueur d’une palme, qu’il trempera dans le beurre, et le jettera dans le feu, disant :

« Indra ! vous êtes le roi des dieux et celui des nuages ! Je commence le sacrifice en leur honneur : faites-moi la grâce de le pouvoir terminer ! »

Il fera ensuite le homa en l’honneur de Yama, et dira :

« Yama ! vous avez la figure du temps ! Vous disposez de nos jours et les terminez quand il vous plaît ! Si vous me faites mourir, vous interromprez le sacrifice que j’ai commencé ! Je vous offre le homa, afin que vous prolongiez mes jours ! »

En offrant le sacrifice à Neiretta, il dira :

« Neiretta ! vous êtes le dieu des richesses ! Les richesses sont nécessaires pour faire le sacrifice. Je vous offre le homa, comblez-moi de biens et de richesses ! »

En faisant le homa à Varuna, il dira :

« Varuna ! vous êtes le dieu des eaux ! Les eaux purifient toutes choses. Je vous offre le homa, afin que vous me procuriez, par leur moyen, la pureté nécessaire au sacrifice ! »

Offrant ensuite le homa au vent, il dira ;

« Vent ! vous êtes le parent du feu ! Sans vent il n’y a pas de feu. Sans feu, il ne peut y avoir de homa. C’est pourquoi je fais ce dernier en votre honneur ! »

En faisant le homa à Kubera, il dira :

« Vous êtes le roi des asuras ! Ces derniers se plaisent à mettre obstacle aux sacrifices. Je vous offre le homa afin que vous me délivriez de leurs contradictions ! »

S’adressant enfin à Shiva, il lui dira :

« Shiva ! c’est de vous que nous vient la connaissance ! Sans connaissances il n’y a point de sacrifice. Je m’adresse à vous pour que vous me donniez celles qui me sont nécessaires, pour terminer celui que j’ai commencé ! »

Il fera ensuite le homa à chacune des planètes en particulier. Il l’offrira aussi au dieu du village, afin que tout ce qui y croît fructifie. Il le fera pour la même fin aux dieux des bois.

Mais comme le homa fait aux nuages est le principal, il le fera avec du riz au lait et du beurre, et en jettera cent huit fois dans le feu. S’il y manquait, il n’y aurait ni pluie ni denrées. En le faisant, il dira :

« Nuages ! vous faîtes tomber l’eau en pluie, et vous conservez la vie à tout ce qui en jouît ! S’il n’y avait pas de pluie, il n’y aurait ni herbe ni denrées. S’il n’y avait ni herbe ni denrées, les animaux ne sauraient vivre, et s’il n’y avait pas d’animaux on ne saurait faire le sacrifice du cheval. Je vous offre donc le homa, afin que par vos faveurs je puisse terminer heureusement le sacrifice que j’ai commencé ! »

Il doit faire de cette manière le homa, cent huit fois par jour, durant l’espace de quatre mois.

Le cinquième mois, on doit chercher un cheval propre au sacrifice. Pour cela on se procurera une jument pleine, de couleur rouge ou noire, et lui ayant mis sur le cou des guirlandes de fleurs, on la conduira à l’écurie qui lui est destinée, après l’avoir payée sa juste valeur. Dès qu’elle y sera rendue, on la purifiera par le bain. Pour cela on fera l’évocation de toutes les eaux sacrées, disant :

« Eaux sacrées de la mer, des fleuves, des puits, des étangs, venez toutes dans ce vase pour laver cette jument, et la purifier ! Eaux du Gange, de la Yamuna, de l'Indus, de la Sarasvati, du Nerbuda, du Godavery, du Kavery, venez toutes dans ce vase ! »

Cette prière finie, on placera la jument sur une estrade et on la lavera, disant ;

« Jument ! vous êtes ce qu’il y a de plus distingué parmi les animaux quadrupèdes ! Vous avez le pouvoir de nous accorder le Svarga ! Je vous lave afin que le poulain que vous mettrez bas, naisse pur et sans souillure. Vous servez de monture aux rois. Je fais l’Ashvamedha, pour me procurer une place dans le Svarga ; et afin que la viande de votre poulain, qui doit servir de nourriture aux dieux, n’ait pas de souillure, je vous frotte avec de l’huile et de l’eau ! »

Après l’avoir ainsi purifiée, on la couvrira de toiles neuves, et lui ayant offert le sacrifice ordinaire, on l’attachera à l’écurie qui lui est destinée, ayant la tête tournée à l’orient, et on dira :

« Restez là jusqu à ce que vous mettiez bas votre poulain. »

S’adressant ensuite au licol avec lequel elle doit être attachée, et qui doit être de soie rouge, on dira :

« Corde ! vous êtes de soie rouge ! Varuna vous a donnée à nous. Servez à attacher cette jument jusqu’à ce qu’elle mette bas le poulain destiné au sacrifice ! »

On aura toujours soin de purifier l’herbe qu’elle doit manger, et on ne lui donnera à boire que du lait, seulement une fois par jour, à midi. On placera près d’elle vingt hommes bien armés pour la garder. Si elle venait à mourir ou à être enlevée, il faudrait s’en procurer une autre, et recommencer toutes les cérémonies.

Afin d’écarter toutes les contradictions qui pourraient survenir de la part des asuras, on ne manquera pas de leur offrir un sacrifice, disant en même temps :

« asuras de quelque caste que vous puissiez être, qui êtes sur la terre ou dans les airs, je vous offre le sacrifice, afin que vous ne fassiez aucun mal à cette jument ! »

Faisant ensuite l’évocation d’Indra, on lui offrira le sacrifice, disant :

« Indra ! vous êtes le roi des dieux et des nuages. Je vous offre le sacrifice afin que vous restiez auprès de cette jument, et que vous la préserviez de tout accident. »

Dès que la jument aura mis bas, on couvrira le poulain avec des toiles neuves et pures, et on examinera avec attention s’il a les marques requises pour servir au sacrifice. S’il ne les a pas, on cherchera une autre jument, et on recommencera toutes les cérémonies.

On ne fera boire au poulain que du lait de vache. Trois jours après sa naissance, on récitera sur lui le mantra qui sert à prolonger la vie, et portant les mains sur les différentes parties de son corps, à mesure qu’on les nommera, on dira :

« Que la déesse Kali lui conserve la tête ; Bouvoucheou, le front ; Daikini, les yeux ; et Sarasvati, le museau ! Que les habitants de l’air lui conservent les oreilles ; la terre, les narines ; Garuda, les lèvres ; et la mère du monde, le cou ! Qu’Indra lui conserve la poitrine ; Chinda, le ventre ; Djeya, le haut du cou ; Durga, les pieds et les cornes des pieds ! Que la lettre on le conserve dans les airs ; la lettre prin, sur la terre ; in, à l’est ; pin, au sud ; van, au sud-ouest ; ban, à l’ouest ; bon, au nord-ouest ; kan, au nord ; et Shiva, au nord-est ! Que la déesse à dix bras le conserve dans les combats ; Bhairava, dans le chemin ; et Kali, dans le lieu du sacrifice ! »

Après avoir fini cette prière, on attachera le poulain à l’écurie, de manière qu’il ne soit jamais exposé aux rayons du soleil. Le président finira par donner des présents aux brahmanes, et dira :

« Aujourd’hui, etc., pour finir heureusement le sacrifice aux nuages, qui fait partie du grand sacrifice du cheval, je donne à tel et tel brahmane cette vache avec ses ornements, et deux paires de vêtements ! »

 

article cinquième

Manière de faire le sacrifice du Cheval

 

Après que Poilada eut appris du grand pénitent Risika la manière de procéder aux quatre sacrifices dont on vient de donner la description, il vint le trouver de nouveau, pour le prier de l’instruire de la manière dé procéder au dernier et principal sacrifice. S’étant d’abord prosterné de tout son long devant lui, il lui dit : « Illustre et heureux pénitent ! vous montrez la vérité sous un si beau jour, qu’après vous avoir entendu quelques moments, il ne reste plus aucun doute dans l’esprit, et on se retire, étonné de s’être laissé entraîner à l’erreur qu’on voit à découvert. Veuillez bien donc continuer de m’instruire sur le même sujet. »

À quoi le grand pénitent reprenant la parole, dit :

On doit commencer le grand sacrifice du cheval, le quinzième de la lune du mois mâga, lorsqu’elle tombe le lundi, le mercredi ou le Jeudi, sous l’étoile kartica, ou les deux qui la suivent, et il doit durer un an entier. On tracera, dans le carré dont on a parlé ailleurs, et dans l’enceinte duquel on a déjà fait les autres sacrifices, un espace d’une lieue de long, et on y construira une maison, dont on ornera le dessous du toit de toiles neuves, entourées de festons. Au milieu de cet espace, on en tracera un second de mille coudées de long, qui sera le lieu du sacrifice. On plantera des bananiers tout autour, aux pieds desquels on mettra cinquante vases d’or, ou, si on ne le peut, des vases d’argent ou de cuivre, ou au moins de terre. On creusera, au milieu de cet espace, une fosse de dix coudées de profondeur, et on y placera une cuvette en or, pour contenir le feu. En creusant la terre, on récitera la prière qui commence par ces mots : « Terre ! etc., » comme ci-devant. On offrira ensuite le sacrifice ordinaire à la pioche, dont on doit se servir pour creuser la fosse. Cette pioche doit être faite durant le temps de la nuit, par le forgeron. On la placera sur un siège propre, on lui offrira de la poudre de santal, une guirlande de fleurs, et après lui avoir appliqué la marque circulaire rouge appelée Tiloky, on récitera le mantra suivant :

« Pioche ! Brahma lui-même vous offrit le sacrifice, lorsqu’il se servit de vous pour consolider la terre ; je vous l’offre aussi, parce que je vais me servir de vous pour creuser une fosse ! »

Ce doit être des brahmanes du Rig-Véda qui feront les fosses. Ils en creuseront une seconde au nord, qu’on revêtira de fer, pour y offrir le homa aux planètes ; une troisième au sud, qu’on revêtira de cuivre, et qui servira à faire le homa aux huit dieux gardiens des coins du monde. On en creusera cinq autres au sud de celle-là, qui serviront à faire le homa aux cinq divinités, Vishnou, Shiva, Ganesh, le soleil, et Durga. On en fera trois au sud de ces dernières, dans lesquelles on offrira le homa à Brahma, i Vishnou et Shiva. Toutes ces fosses doivent avoir des cuvettes d’or, d’argent, ou de cuivre. On placera au sud de chacune dix brahmanes, qui feront le personnage de Brahma ; dix à l’est, pour faire celui d’Atta dix à l’ouest, qui feront celui de Chadassy ; et dix au nord, pour faire celui d’Assary. Les brahmanes du Sama-Véda, feront le homa aux planètes. Ceux du Rig-Véda le feront aux huit dieux gardiens des coins du monde ; ceux de l’Yajur-Véda, à la Trimurti ; et ceux de l’Atharva-Véda, aux cinq dieux mentionnés ci-dessus.

Après ces cérémonies préparatoires, le président du sacrifice, accompagné de sa femme, fera le sacrifice à tous les brahmanes mentionnés ci-dessus et leur présentera des vêtements, des joyaux et de la poudre de bois de santal. Ensuite les brahmanes qui exercent les fonctions d’Otta, placeront auprès de chaque cuvette un vase plein d’eau, à laquelle, ils feront, la puja. On mènera après cela le cheval auprès du président. On le frottera bien en sa présence, avec de l’huile et du safran. On le couvrira de toiles blanches. On lui attachera au cou une clochette. On l’ornera de joyaux et on lui mettra au cou une corde d’or, à laquelle on attachera la feuille de la victoire. Voici ce qu’on doit avoir écrit sur la feuille de palmier ainsi appelée.

« Cheval ! vous êtes de race de cheval. Vous êtes un dieu et vous servez à tout ce qu’on veut vous employer. Allez parcourir toute la terre, et revenez vainqueur de tous les rois qui y sont. »

On le lâchera ensuite, disant en même temps :

« Cheval ! parcourez les montagnes, les déserts, les forêts, les villes. Foulez tout sous vos pieds et soyez vainqueur de tous les rois. Vainquez tous vos ennemis et les nôtres. Faites périr tout ce qui existe de voleurs, de asuras, de malfaiteurs. Faites-les tous périr. Faites-les tous périr au plus vite. Effrayez-les par des hennissements terribles et chassez-les à coups de pieds et à coups de dents. »

Cette prière finie, on lâchera le cheval du côté du nord, et on mettra à sa suite une armée de soldats aguerris, qui l’accompagneront partout et le défendront jusqu’à son retour. S’il n’est pas revenu au bout de six mois, on enverra une autre armée, pour en avoir des nouvelles. S’il vient à mourir ou qu’il soit enlevé, sans qu’on puisse le délivrer, il faudra s’en procurer un autre avec toutes les cérémonies décrites ci-dessus.

Durant l’absence du cheval, le président du sacrifice et sa femme, ne pourront pas manger de riz, mais seront obligés de se nourrir de fruits, de légumes et de laitage. Ils coucheront durant ce temps sur la terre nue, après l’avoir parsemée avec de l’herbe darba.

Dès que le cheval sera de retour, on le remettra dans son écurie, et on lui fera faire le bain. On fera pour cela l’évocation des eaux sacrées, récitant à cette fin le mantra qui commence par ces mots : « Eaux sacrées de la mer, des fleuves, etc., » comme ci-devant.

Sur ces entrefaites, on fera apporter le beurre qui aura été purifié par le sacrifice fait à l’ouest. On le mettra dans des vases de cuivre, et les brahmanes du Sama-Véda commenceront le homa en l’honneur des planètes. Ceux qui feront les fonctions d’Assary, tenant le rituel à la main, dicteront les prières à ceux qui feront les fonctions d’Otta, qui les réciteront ensemble et jetteront mille fois par jour du beurre dans le feu. Ils en jetteront le poids de cent roupies. On commencera par purifier le feu de la manière suivante.

On mettra au nord de la cuvette un vase plein d’eau, dans laquelle on aura mêlé des fleurs et de l’herbe darba. Après quoi le brahmane qui fait cette cérémonie, tenant le genou droit appuyé sur la terre, tenant la main gauche entr’ouverte, la paume de la main tournée en haut et prenant de la main droite un tison de feu, dira :

« Feu ! vous êtes de tous les êtres celui qui jette le plus d’éclat. Vous êtes le principe de toute vertu. Je vous purifie, parce que vous devez servir au grand sacrifice du cheval. Restez ici autan que ce sacrifice durera. S’il y a en vous quelque partie qui ait touché des choses impures, qu’elle se retire, parce que tout doit être pur dans vous. »

Cette prière finie, il jettera dans la cuvette le tison, de façon que le côté enflammé soit tourné vers lui. Touchant ensuite le feu, il dira :

« Feu ! vous avez de tout côté, des pieds, des mains, des yeux, un visage. Vous êtes la figure du monde. Vous allez servir au sacrifice du cheval. »

Il élèvera ensuite la main gauche, et prenant de la droite un morceau du bols Assuata, d’une palme de long, il le trempera dans le beurre et le jettera au feu sans rien dire ; puis jetant des grains de riz autour du feu, il dira :

« Dieu soleil ! c’est de vous qu’est né l’Egniam. C’est de vous qu’est né le maître de l’Egniam. Ce grand sacrifice sert à vous purifier et à purifier les dieux mêmes. Nous parlons, en le faisant, le langage des dieux. »

Après cela il jettera de l’eau autour du feu, plein le creux de la main, et récitera le mantra qui commence par ces mots : « Démons ! etc. ; » comme ci-devant ; il récitera aussi la prière à Shiva, qui commence par ces paroles : « Vous êtes le chef des démons, etc., » comme ci-devant.

Il fera ensuite méditation sur le feu, et se le représentant sous la forme d’un homme qui a la barbe, les sourcils et les cheveux châtains, il lui fera le sacrifice. Puis il fera le homa comme il suit.

Des brahmanes du Sama-Véda s’étant placés aux quatre côtés de la cuvette où on doit faire le homa aux planètes, diront :

« Soleil ! vous êtes couvert d’une poussière noirâtre ; assis sur un char d’or dans les cieux, vous voyez de là le monde et l’Amrita !

Ils feront le homa mille fois par jour en récitant cette prière.

Les brahmanes de l’Yajur-Véda se placeront du coté où ils doivent faire le homa aux huit dieux gardiens des coins du monde. Ils le feront mille fois par jour, et diront en le faisant :

« Vous êtes le dieu du monde ! vous êtes dans le homa, l’assary et l’otta ! »

Les brahmanes de l’Atharva-Véda feront cinq mille fois par jour le homa aux cinq divinités mentionnées auparavant, et en le faisant ils diront :

« Vents, et tout ce qu’il y a de dieux dans le Svarga ! je fais le homa en votre honneur, et j’offre ce beurre aux principaux d’entre vous ! »

Les brahmanes du Rig-Véda l’offriront à Brahma le même nombre de fois, et diront en le faisant :

« Nous offrons ce beurre à celui par qui est né le cheval, et tout ce qui existe et qui porté le nom de suprême !  »

Ils le feront aussi mille fois par jour à Shiva, et diront :

« C’est de vous que Bharata est né. Vous êtes plus grand que lui. Après lui ont paru la terre, le Svarga et les autres créatures ! »

Ils le feront enfin le même nombre de fois à Vishnou, disant :

« Quelle est la manière dont vous ayez formé les hommes ? Les brahmanes sont sortis de votre tête, les kshatriya de vos épaules, les vaishyas de votre ventre, et les shudras de vos pieds ! »

Cela fini, ils jetteront pour la dernière fois du beurre dans le feu, disant

« J’offre cela à Brahma, Vishnou, Ishana1, et à toute sa suite ! »

Ces premiers homas finis, on en offrira d’autres de la manière suivante.

On commencera par le faire au soleil ; mais comme il n’a pas de dents, on lui offrira une bouillie faite avec de la farine de froment. On présentera à la lune du riz au lait avec du beurre. Comme Mars est toujours affamé, on lui présentera du riz dans lequel on aura mêlé de la farine de froment, pour le rendre plus nourrissant. Mercure n’étant qu’un enfant, on ne lui offrira que du riz détrempé dans du lait. Jupiter, en qualité de gourou des dieux, étant extrêmement pur, on lui présentera du riz dans du lait caillé. On offrira à Saturne du riz et des pois cuits ensemble ; à Rahu, du riz et de la chair de mouton ; et à Ketu, du riz et du lait de brebis.

Après cela les brahmanes du Sama-Véda recommenceront le homa en l’honneur des planètes. Ceux de l’Yajur-Véda en feront de même à l’égard des huit dieux gardiens des coins du monde, et ainsi des autres brahmanes. On renouvellera ces sacrifices tous les jours, jusqu’au retour du cheval. Dès qu’il sera revenu, on le mènera dans l’endroit où on fait le homa, et l’ayant couvert de guirlandes de fleurs et d’autres ornements, on lui frottera le corps, avec de la poudre de bois de santal et d’autres parfums, et on le purifiera. Pour cela les brahmanes s’étant réunis, prendront chacun une tige d’herbe darba et l’ayant trempée dans l’eau ils aspergeront le cheval, disant :

« Cheval ! vous êtes né d’une bête. Vous avez quatre pieds. Comme vous avez parcouru beaucoup de pays, vous devez avoir contracté plusieurs souillures, pour avoir touché ou mangé des substances impures. Nous vous purifions, parce que vous devez servir de nourriture aux dieux ! »

Après quoi lui jetant de l’eau successivement sur les différentes parties du corps, on dira : « Je te purifie les oreilles, les yeux, le front, etc., etc. » « Que les péchés qui sont dans ton corps fuient par l’attouchement de cette eau ! »

Après l’avoir purifiée, on lui adressera, avant de l’immoler, cette prière.

« Cheval ! vous êtes le plus distingué des animaux. Vous êtes venu pour mon bonheur et pour me procurer de la vertu. Je ne puis vous immoler sans pécher, parce que c’en est un très-grand de vous ôter la vie. Pardonnez-le moi, vous contribuerez par votre mort à mon bonheur. Vous êtes d’une douceur sans égale. Les hommes trouveront leur salut dans votre mort ! »

Après cette prière, on offrira au cheval le sacrifice ; ensuite on l’offrira au coutelas qui doit être employé pour l’immoler. On méditera d’abord durant quelque temps sur ce coutelas, qu’on se représentera comme ayant les dents pleines de venin, le ventre aplati, le naturel méchant et sanguinaire. On le regardera comme le protecteur de la vertu, terrassant et punissant tout ce qui se présente devant lui. Après se l’être ainsi représenté, on lui appliquera la marque rouge appelée Tiloky, et on lui offrira le sacrifice, lui adressant en même temps la prière suivante :

« Coutelas ! vous portez une arme noire et pointue d’une main, et de l’autre une corde. Vous avez une nombreuse parenté. Je vais me servir de vous pour immoler ce cheval. Rassasiez-vous de sa chair et de son sang. Vous êtes bien aiguisé, tuez ce cheval qui doit servir de victime. Tuez-le, vous ferez plaisir aux dieux ! »

Cette prière finie, un des brahmanes qui aura le plus de force, prendra le coutelas, et lui ayant encore offert une fois le sacrifice, il tranchera la tête au cheval.

On recevra dans des vases de cuivre le sang qui ruisselle, et ayant dépecé la chair en morceaux, on la mettra dans des vases de métal ; ensuite un brahmane prenant de la main gauche un des os du cheval, fera le Prana-Pratista, afin de ressusciter le cheval, et dira :

« Que la chair, le sang, la moelle, les os, la peau du cheval, reviennent sur cet os ! »

Il prononcera ensuite la lettre zon, et dira : « Que les yeux lui reviennent ! »

Il prononcera zin et dira : « Que la langue lui revienne. Kon, que les oreilles lui reviennent. Non, que le nez, les pieds et tous les membres lui reviennent. Enfin, que tout ce qu’il avait lui revienne incessamment et se place dans le même ordre où il était auparavant Que la vie revienne à ce cheval nouvellement formé. Qu’elle y vienne et que tous les maux fuient loin de lui ! »

Après avoir donné la vie à ce nouveau cheval, on le lâchera et on le laissera aller où il voudra. Après cela on purifiera la chair du cheval immolé, en l’arrosant d’eau lustrale, disant en même temps :

« Je vous, purifie par cette eau du Gange, des souillures, que vous ayez contractées en mangeant des substances impures, en touchant de l’urine ou d’autres ordures, et en fréquentant les endroits souillés ! »

Il jettera ensuite le beurre sur les viandes, et dira :

« Je vous purifie avec ce beurre, de toutes les souillures que vous avez contractées, en mangeant des choses de mauvaise odeur, des choses crues, des choses aigres et enivrantes. Je vais vous donner à manger aux dieux ! »

On mêlera ensuite avec cette viande, du sucre, du miel et du lait, et les brahmanes du Rig-Véda feront avec elle, mille huit fois le homa à chaque dieu du Trimurti, et en offriront chaque fois le poids de vingt roupies. En faisant le homa à Brahma, ils réciteront la prière suivante :

« Brahma ! vous êtes le créateur des hommes, des animaux et de tout ce qui existe. Je vous offre de la viande de ce cheval que j’ai purifié. Mangez-en et délivrez de l’enfer un million de mes ancêtres ! Adoration à Brahma, créateur de toutes choses ! Je lui offre cela ! »

On en offrira le même nombre de fols à Shiva, en disant :

« Shiva ! vous êtes toujours ivre. Vous êtes le chef des démons. Vous avez le corps ceint de serpents qui vous servent de joyaux. Vous portez la lune sur le front. Vous avez trois yeux et cinq visages. Je vous offre cette viande de cheval que j’ai purifiée, et dans laquelle j’ai mêlé du sucre. Mangez-la et délivrez-moi des maux que peuvent me faire les démons ! »

On offrira le même nombre de fois le homa à Vishnou, disant :

« Vishnou ! c’est vous qui êtes l’auteur de l’Egniam et du homa. C’est vous aussi qui êtes l’auteur du Rig-Véda, Yajur-Véda et Sama-Véda. C’est enfin de vous que sont nés les dieux et les pénitents. Vous êtes né avant toutes choses, et vous êtes le dieu de l’Egniam ! »

Après cela, on fera la même offrande de nouveau à Brahma, ensuite à Ishana, à Vishnou et à toute leur suite ; aux montagnes, aux fleuves, à la mer, à tous les dieux et à toutes les déesses en général. Après quoi, prenant un morceau de bois Assouatta, de la longueur d’une palme, on le jettera dans le feu sans rien dire, après l’avoir trempé dans du beurre. On donnera à ce feu le nom de Mira. Ensuite les trois brahmanes du Rig-Véda, qui font les fonctions d’Otta, feront le homa en jetant dans le feu, du beurre, un morceau de bois trempé dans le beurre, des graines de sésame et du riz.

Les brahmanes des autres Védas prendront de la chair de cheval avec du beurre, et accompagnés du prince qui fait faire le sacrifice, et de sa femme, ils réciteront tous ensemble le gayatri et la prière qui commencera par ces mots : « Vishnou, les cieux ! etc. » Comme ci-devant, et ils feront le homa autant de fois qu’il restera de chair de cheval et d’autres substances propres à cela. Après quoi, ayant offert au feu, en sacrifice, des vêtements et du battel, ils l’éteindront, et pour cela ils y verseront dessus mille cruches de petit-lait. On doit cependant conserver un peu de ce feu, pour servir à d’autres usages.

Ces cérémonies finies, le prince qui fait faire le sacrifice retournera chez lui accompagné de tous les brahmanes, auxquels il fera servir un repas splendide ; mais lui et sa femme ne mangeront rien de tout ce jour-là. Le lendemain il fera avec pompe le bain avec les cérémonies qui seront décrites dans l’article suivant.


 

article sixième

Manière de faire le bain, qui sert de perfection au grand sacrifice du Cheval.

 

Je vous ai parlé (dit Poilada au grand pénitent Risika) du grand sacrifice du cheval et des parties dont il est composé. Je vais vous parler à présent des ablutions que le prince doit faire le lendemain, auxquelles on donne le nom d’Abitra.

Le prince qui aura fait faire le sacrifice, s’assoira ce jour-là sur un trône d’or, entouré de tous les brahmanes qui ont fait les cérémonies, ou qui y ont assisté. Il invitera tous les princes ses voisins, et tous ses sujets à se rendre a la cérémonie. Il fera apporter, pour donner en présent des toiles et des étoffes sans nombre, de l’or, de l’argent et des pierreries, des vaches, des éléphants, des chevaux, des palanquins, des parasols, etc.

Comme ce jour doit être un jour de joie, on rassemblera tous les joueurs d’instruments, les chantres, les danseuses et les bouffons du pays. On plantera, auprès du trône du prince, un bananier, et on fera apporter un grand nombre de vases d’or, d’argent, de cuivre et de terre, qu’on remplira des eaux des différents fleuves sacrés. On placera à l’est du trône du roi, qui doit avoir sa femme à ses côtés, un vase d’or qu’on remplira d’eau de la mer. On mettra par-dessus des feuilles de bananier, et on couvrira le tout d’une toile. On remplira d’eau du Gange, un vase d’argent, et d’eau de pluie, un vase de terre. On remplira six vases de cuivre, des eaux de l’Indus, de la Yamuna, de la Sarasvati, du Narbuda, du Godavery et du Kavery. On mettra dans d’autres vases, d’autres substances ; savoir : dans un, de l’huile et du safran ; dans un autre, du beurre ; dans un troisième, du lait caillé, du lait, du beurre, du miel et du sucre mêlés ensemble ; dans un quatrième, du lait, du beurre, du lait caillé, de l’urine et de la bouse de vache mêlés ensemble ; dans un cinquième, de la poudre de bois de santal ; dans un sixième, de l’huile odoriférante, et dans un septième, de l’eau chaude.

Alors un des brahmanes officiants, s’approchant du prince, qu’il fera tourner du côté de l’ouest, tandis qu’il se tournera lui-même du côté de l’est, dira :

« Aujourd’hui, tel jour, de tel mois, de telle année, etc., pour terminer le grand sacrifice du cheval, que ce prince vient de faire faire pour obtenir le pardon de tous ses péchés, et le rendre digne de recevoir les sacrifices des hommes, à la réserve des brahmanes, je vais le laver avec ces eaux, de la mer, du Gange, de la Yamuna, etc., etc. »

Alors les joueurs d’instruments se mettront à jouer tous ensemble, et le brahmane ayant récité le gayatri sur le vase d’or, dira :

« Mer ! vous contenez dans votre sein toutes les eaux du monde. Vous êtes enrichie de toute sorte de pierreries. Je me sers de votre eau pour laver ce prince, qui a fait faire le grand sacrifice du cheval. »

Cette prière finie, il répandra sur la tête du prince et celle de son épouse, l’eau du vase ; pendant cette cérémonie, tous crieront victoire ! victoire ! et les joueurs d’instruments feront retentir l’air tous ensemble, de sons extrêmement forts et capables d’inspirer la terreur.

Il prendra ensuite le vase d’argent, récitera le Gayatri, et dira ;

« Gange ! vous êtes la rédemptrice du monde. Vous en êtes la maîtresse. De vous dépend notre bonheur dans ce monde et dans l’autre. Je me sers de votre eau pour laver ce prince ! »

Cela fini, il répandra l’eau sur la tête du prince et de sa femme. Tous les brahmanes crieront victoire ! victoire ! et les musiciens joueront tous à la fois de leurs instruments.

Il prendra le vase contenant l’eau de pluie, récitera le gayatri, et dira :

« Je lave ce prince en présence des brahmanes, avec cette eau de pluie ! »

Les brahmanes feront les mêmes acclamations, au son dès instruments.

Il prendra le vase contenant l’eau de la Yamuna, et ayant récité le gayatri, il dira :

« Youmna ! vous êtes le plus beau et le plus distingué dés fleuves. Vous comblez les hommes de richesses et de bonheur. Je me sers de vos eaux pour laver ce vertueux prince ! »

Les brahmanes crieront victoire ! au son des instruments de musique.

Il prendra de la même manière le vase contenant l’eau du Godavéry, et dira :

« Godavéry ! vous êtes le plus grand de tous les fleuves. Vous effacez nos péchés, Je lave ce prince de vos eaux. Contribuez à son bonheur ! »

Ayant pris le vase qui contient l’eau du Sarasvati, il dira :

« Je lave ce prince avec l’eau du Sarasvati, pour le préserver de toute maladie ! »

En versant l’eau du fleuve Nerbouda, il dira :

« Fleuve Nerbouda ! vous méritez le sacrifice. Vous contribuez à prolonger nos jours. Je lave ce prince de vos eaux. Accordez-lui une longue vie. »

Versant l’eau du Kavery, il dira après avoir récité le gayatri :

« Kavery ! le dieu Kubera vous offrit autrefois le sacrifice, pour obtenir de vous les richesses. Je lave de vos eaux ce prince. Comblez-le de richesses et de biens ! »

Il prendra ensuite le vase plein d’huile et de safran, récitera le gayatri, et dira :

« Nettoyez tout ce qu’il peut y avoir de malpropre sur le corps de ce prince ! »

Prenait le vase plein du Pantchamourta, il récitera le gayatri, et dira :

« Lait, petit-lait, beurre, sucre et miel ! vous faites les délices des dieux et des hommes. Je vous répands sur ce prince pour lui faire plaisir ! »

En versant le vase contenant la poudre de santal délayée dans l’eau, il dira :

« santal ! vous répandez une odeur suave, et vous faites les délices des dieux. Je vous répands sur ce prince. Contribuez à son bonheur ! »

En versant l’huile odoriférante, il dira après avoir récité le gayatri :

« Huile ! vous chassez les maladies, et vous servez à prolonger nos jours. Je vous verse sur ce prince. Faites qu’il vive longtemps ! »

Prenant le vase plein d’eau chaude, il récitera le gayatri et dira :

« Eau qui avez été chauffée, je vous verse sur ce prince, pour ôter la malpropreté qu’il peut avoir sur le corps ! »

À chaque fois qu’on verse sur le prince les substances contenues dans les vases, on joue des instruments, et les brahmanes font retentir l’air de cris de victoire ! victoire !

Cela fini, on prendra un vase qui doit avoir mille trous. On le mettra sur la tête du, prince, et les brahmanes, les princes présents, et ses sujets mêlés ensemble, jetteront de l’eau chaude dans ce vase, et le lavant pour la dernière fois, achèveront de tirer la crasse qu’il peut encore avoir sur le corps. Après quoi le prince fera sa toilette dans le goût le plus splendide, ira s’asseoir sur un trône d’or, et tous les brahmanes iront le saluer, et lui diront :

« Prince qui portez à présent le nom de Iajyna, soyez heureux ! »

Ils prendront ensuite avec la cuiller dont ils se sont servis pour jeter le beurre dans le feu, des cendres du feu qui a servi aux sacrifices, et les ayant mêlées avec un peu de beurre, ils en appliqueront sur le front du prince, disant :

« Que Kachiapa, et le reste des pénitents vous conservent le front ! »

Ils lui en mettront sur le cou, et diront :

« Que Yama et ses ministres quittent votre cou ! »

Ils lui en appliqueront sur les épaules et diront :

« Qu’Indra et les dieux vous conservent les épaules ! »

On donnera aussi de ces cendres à tous les brahmanes et aux princes présents.

Toutes ces cérémonies finies, le prince distribuera des présents aux brahmanes ; et comme ce jour doit être un jour de joie pour tout le monde, il fera aussi donner des toiles et du riz aux pauvres des autres castes.

Mais il doit pratiquer, ce jour-là une autre œuvre d’un si grand mérite, que les dieux eux-mêmes n’en sauraient faire connaître l’excellence. Voici en quoi elle consiste.

Le roi sera pendant l’espace de deux gahdia (environ 48 minutes), le kalpa-vriksha, c’est-à-dire l’arbre du Svarga, ainsi nommé, qui donne tout ce qu’on peut désirer. Après avoir conçu ce dessein, il s’exprimera en ces termes en présence de tous les brahmanes, de tous les princes et de tous les peuples rassemblés :

« Aujourd’hui tel jour, de tel mois, de telle année, etc., etc., afin d’obtenir des biens immenses dans le monde de Brahma, et afin de devenir semblable à lui, je prends la résolution de donner, durant l’espace de deux gahdia (48 minutes), tout ce qu’on me demandera, me demandât-on tout ce que je possède dans le monde ! »

Après cela, il s’assoira sur son trône, tenant les mains jointes, recevra avec affabilité tous ceux qui se présenteront, et leur donnera tout ce qu’ils lui demanderont. S’il refusait quelque chose à quelqu’un, il perdrait tout le fruit du sacrifice qu’il vient de faire faire. Ainsi, lui demandât-on sa femme, ses enfants, son royaume, il doit tout donner. Si cependant il se présente des brahmanes, il doit s’estimer heureux et leur donner le double de ce qu’ils demanderont, dans la ferme espérance qu’il recevra dix mille fois plus qu’il ne leur donnera. S’il se présente des kshatriyas, ou des vaishyas, il recevra cent fois plus qu’il ne leur donnera. S’il se présente des shudras, il doit leur donner aussi ; mais il ne doit s’attendre à recevoir que la valeur de ce qu’il leur aura donné.

Si un brahmane lui demande sa femme, et qu’il en ait un enfant, ce dernier sera une source de bénédictions pour sa famille, et chaque fois qu’il fera le sacrifice des morts, il délivrera de l’enfer trois cent mille de ses ancêtres.

Le prince distribuera ensuite des présents aux brahmanes qui ont officié au sacrifice. Il donnera à ceux qui ont fait le personnage de Brahma, des vases d’or pour contenir le riz et l’eau, des vêtements pour un an, des maisons et des lits. Il donnera à ceux qui ont fait les fonctions d’Otta ; cent vaches à chacun des vases d’or pour contenir le lait, des vêtements, etc. À ceux qui ont fait les fonctions d’Assary, il donnera mille vases d’or, des vêtements précieux, et en quantité, des palanquins, des éléphants, des chevaux, des pierres précieuses, en un mot tout ce qu’ils désireront. Il donnera à ceux qui ont fait les fonctions de Chadassy, de l’or, de l’argent, des palanquins, des chevaux et des pierreries. En donnant ces présents, il dira :

« Aujourd’hui, etc., pour terminer heureusement le sacrifice du cheval, je donne à tel et tel brahmane qui a exercé telle et telle fonction, tel et tel présent ! »

Il répandra ensuite de l’eau sur les articles présentés, et en le recevant, chaque brahmane dira : « Je l’ai reçu ! » récitera le gayatri, et ajoutera :

« Prince ! le grand sacrifice que vous venez de finir, a aujourd’hui son accomplissement, parce que vous avez su me contenter par les présents que vous venez de me faire ! »

Il finira par réciter la prière suivante :

« Que toutes les fautes que j’ai commises dans le sacrifice, par ignorance ou de propos délibéré, me soient pardonnées par le souvenir de Vishnou ! »

Après quoi, il récitera le gayatri.

 


conclusion

 

Voilà quelles sont les cérémonies qu’on doit pratiquer dans l’Ashvamedha. Celui qui le fera faire, deviendra sur la terre le roi des rois, obtiendra le pardon de ses péchés et n’aura rien à craindre des peines de l’enfer. Il jouira d’un bonheur inaltérable durant sa vie, et à sa mort, il ira régner dans le Svarga. S’il y a quelques grands pécheurs dans sa race, ils obtiendront tous la rémission de leurs péchés. Enfin, il n’y aura pas même jusqu’à ses domestiques qui ne participent aux mérites de ce sacrifice, en obtenant la rémission de leurs péchés.

Celui qui aura fait le sacrifice du Cheval, n’aura plus de maître dans le ciel ou sur la terre. Les dieux eux-mêmes trembleront devant lui, et lui offriront des sacrifices.

L’Ashvamedha est, à l’égard des autres sacrifices, ce que le Gange est vis-à-vis des autres fleuves ; ce que Vishnou est par rapport aux autres dieux ; ce que Shiva est par rapport aux dieux qui se distinguent le plus par leur clémence ; ce que Rama est par rapport aux princes les plus vertueux ; ce qu’est le Véda vis-à-vis des autres sciences ; ce que sont les brahmanes par rapport aux shudras. C’est Brahma lui-même qui, dès le commencement du monde, s’étant revêtu d’une forme humaine, institua ce grand sacrifice pour le salut des hommes, et comme un moyen de leur procurer toute sorte de biens sur la terre.

Ceux qui auront eu le bonheur de faire une fois ce sacrifice, ne doivent plus ensuite faire les sacrifices ordinaires. Comme un homme qui aurait à sa disposition les eaux de tous les fleuves, ne perdrait pas son temps à creuser un puits pour s’y désaltérer.

Celui qui aura fait ce sacrifice, portera le reste de sa vie le nom de Jadjyna ; il ne payera plus de tribut à aucun roi de la terre ; il ne les saluera même pas. Il doit conserver dans sa maison le feu du sacrifice, jusqu’à la fin de ses jours ; et c’est avec ce feu que doit être allumée la pile sur laquelle son épouse et lui seront consumés. Si ce feu venait à s’éteindre par inadvertance, ou autrement, il perdrait tout le fruit du sacrifice.

Celui qui a fait le sacrifice ne doit après cela rien refuser de ce qu’on lui demande. Il ne doit tuer aucun animal ni insecte. Il aura soin de faire tous les jours le sacrifice aux brahmanes, et de leur offrir des présents.

Il n’est rien de plus efficace que ce sacrifice, pour effacer les péchés quels qu’ils puissent être. Tuer un brahmane ou une vache, s’enivrer, voler de l’or, jouir de la femme de son Gourou, procurer l’avortement, sont les crimes les plus énormes ; mais les eût-on commis par milliers, le sacrifice du Cheval les efface tous, et il n’en reste pas plus de vestige ; qu’il n’en reste du coton qu’on jette dans le feu.

Enfin le maître du sacrifice partagera ; par égales portions, tout ce qui aura servi au sacrifice, et le terrain même sur lequel on l’aura fait, aux brahmanes officiants. Si par quelque considération humaine, il en donne plus aux uns qu’aux autres ; il ira en enfer.

 

1Shiva.

LE GRAND SACRIFICE DU CHEVAL ROYAL (extrait du Véda et traduction de Jean-Antoine Dubois)
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