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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Le VERBE CRÉATEUR (mythe cosmogonique)

Brahma

Brahma

Brahma se donne pour première compagne dans l'Univers Sarasvati, la déesse de l'intelligence, de l'art et de la musique, qui elle-même donnera naissance à son avatar Vak, la déesse du verbe et des paroles convaincantes.

Quand les fonctions du mental se sont résorbées en paramatman, en Brahman, en l'Absolu, le monde phénoménal cesse entièrement d'être perçu ; ce monde n'est, par conséquent, qu'une simple expression verbale.

Shankara, Le plus beau fleuron de la discrimination (398)

Dans le commencement il régla d'après les paroles du Veda le nom, la fonction et la condition de chaque chose individuellement. Et le Seigneur créa la troupe subtile des dieux doués de vie. 

Lois de Manu, 18, 19.

Dans l’hindouisme, le son originel de l'univers, le « ôm » régénérateur et créateur, est aussi relié au mythe du verbe créateur :

Le Ôm primordial résonnait quand Brahma proclama dans l'univers le mantra magique suivant : Je suis le substrat de l'univers, je suis le brahman, libéré des sortilèges et de l'illusion, libre de tout ce qui équipait mon corps et qui m'attachait à lui : je suis l’œil de la sagesse.

Légende brahmanique

Le ôm n'est cependant pas un mot, mais un son, le son de l'Univers. Comme expliqué dans les Upanishads, dans le « AUM » le A représente l'eau, le U, le rêve et le M le sommeil, et chacune de ces expériences respectives sont le support de l'existence. La lettre-son A du AUM représente l'âme intemporelle et universelle d'un individu. Elle peut s'exprimer d'un millier de façons différentes. L'identité vulgaire d'un individu, telle que communément perçue, est la plus basse de ses manifestations. Le A doit se fondre dans la lettre-son U, qui représente l'état onirique de la conscience. C'est la seconde manifestation de l'existence dont la plus petite expression est l’œuf primordial. Enfin, la lettre-son M représente l'âme universelle, qui est la cause des précédentes facettes d'une personnalité et qui se fond dans l'identité suprême de toute existence : le brahman, le corps de Brahma.

« Ôm, l’impérissable son est la graine de toute création. Passé, présent, futur, tout cela n’est rien sinon le déploiement de Ôm. Quant à ce qui transcende les trois royaumes du temps, cela, en vérité est l’éclosion du son Ôm. […] À l’expérience du monde extérieur correspond A, le son premier, source d’action et de réussite. Celui qui s’ouvre à cet aspect agit librement et connaît le succès. À l’expérience du monde intérieur correspond U, le deuxième son, source d’observance, source d’intégration. Celui qui s’ouvre à cet aspect perpétue la tradition de la sagesse et intègre lui-même les multiples facettes de la vie. Tout ce qu’il rencontre lui parle de Brahman. Au sommeil sans rêves, correspond M, le troisième son, source d’équilibre et d’union. Celui qui s’ouvre à cet aspect ne fait plus qu’un avec le monde et possède la mesure de toute chose. Quant au Soi unique et pur, indivisible, indescriptible, le bien suprême, un sans second, il correspond à Ôm dans sa totalité. Celui qui s’ouvre à cela devient alors le Soi. » Mandukya Upanishad, trad. G. Farcet.

Différentes cosmogonies s'opposent concernant Brahma ; dans l'une d'entre elles, Brahma crée la vie par le verbe, tandis que dans d'autres il crée la vie à travers l'amour. Quelle que soit la version, Brahma crée toujours la vie comme le fit le dieu des chrétiens « par amour » et à travers « le verbe ».

Le verbe de Brahma ne manque donc pas d'évoquer la théogonie chrétienne proposée par Jean (80 - 120). Son Évangile nous annonce en effet :

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes et les ténèbres n’ont pu l’atteindre.

Jean, 1

De même, Brahma est présenté dans les Vedas comme « le verbe », qui était « au commencement auprès de Dieu », car il logeait en Vishnou avant que celui-ci ne le laisse prendre la forme d'un œuf.

Des versets coraniques font eux aussi mention de la création divine comme émanant du verbe ou de la pensée, reprenant ainsi les traditions chrétiennes et brahmaniques :

Il est le créateur des cieux et de la terre à partir du néant ! Lorsqu'il décide une chose, il dit seulement : « sois », et elle est aussitôt.

Coran 2, 17

Dans le sikhisme, doctrine qui s'inspire à la fois du Coran et des religions dharmiques, on retrouve le même principe du verbe créateur :

Avec la parole, tu as créé la création et après l’avoir faite tu la pénètres.

Guru Granth Sahib, 5.

La force du verbe c'est aussi le pouvoir créateur des mantras prononcés correctement et le pouvoir destructeur des mantras mal prononcés :

Zarathoustra, ne fais connaître ce mantra à personne d'autre qu'au père, au fils ou au frère né du même sein ou au prêtre domestique. Voilà les paroles qui seront pour toi puissantes et de ferme soutien. Elles sont de sages conseils et t'assureront la victoire comme la guérison. Ce sont ces paroles qui purifieront la tête criminelle et feront siffler la flèche lancée depuis l'arrière, et scintiller l'arme levée pour frapper.

Avesta, yasht 14.

Possible influence du christianisme ou du védisme ancestral, si ce n'est trace de la tradition primordiale, nous retrouvons le mythe du verbe créateur dans l'épopée finlandaise du Kalevala :

La terre, née de la parole [de Luonnotar], étend ses plaines, les veines aux vives couleurs diaprent les pierres et sillonnent les rochers.

A. Geffroy, op. cit.

De même, en Égypte :

Rê fut lié à Atoum, qui a surgi de l'océan primordial par un acte de volonté personnelle et qui a mis en œuvre le cycle des naissances divines en engendrant Shou et Tefnout. Dans son acte de création, Rê fut secondé par Sia, « l'intelligence » prévoyante, et par Hou, « la parole créatrice », et par Hiké, le « magicien » qui concrétise la parole par son énergie.

A. Eggebrecht, L’Égypte ancienne.

Le VERBE CRÉATEUR (mythe cosmogonique)

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