24 Décembre 2021
Récit composé à partir du mythe du barattage de la mer de lait tel que présenté dans le Kurma Purana (trad. de J.-A. Dubois). Il contient aussi les versets 74 et 75 de l' Abirami Andati d'Abirami Pattar.
*
Après une certaine accalmie, au plus haut du Mérou, la menace que faisait peser les assuras sur les dévas recommença de plus belle, car ceux-ci se multipliaient et continuaient de jalouser le séjour des dieux dans le domaine paradisiaque du Svarga. Les assuras n'avaient donc de cesse de batailler contre eux en des guerres cruelles et sanguinaires qu'ils gagnaient plus souvent que leur lumineux adversaires. Cependant, bien qu'ils gravissent toujours un peu plus haut les pentes du Mérou, les portes d'Indrapura leur demeuraient encore fermées.
Ne pouvant plus soutenir les attaques de leurs terribles ennemis, les dévas réunis avec Indra à leur tête, allèrent trouver Vishnou le dieu-sauveur afin d'implorer son assistance. Après lui avoir rendu de longs et profonds hommages, ils lui dirent d'une seule voix :
« Grand Dieu, nos ennemis ne cessent de nous poursuivre et de nous faire la guerre, et tous les jours nous avons la douleur de voir quelques-uns d'entre-nous tomber sous leurs coups. Quel remède pourriez-vous apporter à de si grands maux ?
_ Cessez de vous plaindre et d'avoir peur, leur répondit Vishnou. Il existe un moyen d'être invulnérables et de jouir de l’immortalité ; il s'agit de boire le nectar d'Amrita.
_ Où trouver ce nectar ? lui demandèrent les dieux avec empressement. Daignez, maître souverain du monde, nous indiquer les moyens de nous le procurer.
_ Faites mousser l'océan de lait et vous l'en verrez sortir !
_ Mais, ajoutèrent les dieux que l'anxiété animait toujours, ce nectar pour lequel nous allons baratter la mer, les démons pourront-ils aussi s'en saisir ?
_ Non, car c’est moi-même qui en ferai la distribution aussitôt qu’il paraîtra. Soyez donc sans inquiétude à ce sujet car je trouverai le moyen de tromper les assuras et jamais ils ne pourront en profiter. Cependant, il est dans votre intérêt de joindre vos efforts aux leurs parce que, en raison de leur force extraordinaire, ils contribueront grandement à la réussite de votre entreprise, travail long et pénible. »
Les dieux ainsi conseillés, s'accordèrent avec les démons sur un traité de paix et d’amitié et c'est ensemble qu'ils allèrent retrouver Vishnou pour lui demander comment s’y prendre pour faire jaillir le nectar dont il leur avait parlé, et qui devait leur procurer l’immortalité.
« Prenez comme pilon, leur dit Vishnou, le mont Mandara et comme corde le roi des serpents Vasuki, et transportez-les jusqu'à l'océan de lait. Vous entourerez alors la montagne de Vasuki et à tour de rôle, d'un coté les dieux le tireront, et de l'autre coté les démons l'attireront. Ainsi, la montagne vous servira de moulin, et si vous la tourner avec force et sans relâche, le nectar jaillira de la mousse amassée. »
Après avoir dit ces paroles, Vishnou dit secrètement à Indra le chef des dieux :
« Gardez-vous bien de tirer le serpent par la tête, mais choisissez sa queue, parce qu’il doit en sortir une quantité prodigieuse de venin qui vous infecterait tous ! Proposez donc aux démons de se saisir du coté où est situé la tête en leur expliquant que c'est par déférence envers leur puissance que vous agissez ainsi. Vous verrez que leur orgueil les poussera à se saisir de cette partie la plus dangereuse de Vasuki et la plupart d'entre eux périront par son venin.»
Les dieux et les démons, ensemble et sans tarder, allèrent chercher la montagne et le serpent, et les amenèrent comme prévu à l'océan de lait, puis ils commencèrent à travailler comme Vishnou leur avait dit de le faire. Mais à peine eurent-ils commencé l’ouvrage qu’ils s’aperçurent que la montagne ne tenait pas en place et coulait en son font. Déconcertés par cet événement inattendu, ils s'en allèrent une nouvelle fois trouver Vishnou, et lui racontèrent ce qui était arrivé : « La montagne que nous avons transportée selon vos ordres, ne tient pas et elle aura bientôt disparu si vous ne daignez nous aider, car vous êtes notre seule recourt dans l'adversité ! »
_ Allons, ne vous laissez pas décourager par cet accident », répondit Vishnou qui aussitôt, pour la soutenir, s’incarna en tortue pour nager dans la mer de lait jusqu'à la base de la montagne, qui dès lors reposa sur sa carapace.
Les dieux et les démons se remirent alors à l’ouvrage et firent rouler la montagne sur le dos de la tortue. Le frottement que ce roulement causait en tournant, produisit un doux balancement qui endormit la tortue et provoqua le flux et le reflux des marées ; mouvement qui n'a pas cessé depuis.
Tandis que les dieux et les démons travaillaient de toutes leurs forces, il sortit d'abord de la gueule du serpent une quantité prodigieuse de venin qui fit périr un très-grand nombre de démons. Ceux qui survécurent prirent la fuite saisis d’épouvante, et dirent aux dieux que s’ils voulaient qu’ils continuassent à les aider, ils devaient à leur tour prendre le serpent par la tête tandis qu'ils le saisiraient plutôt par la queue. Vishnou ordonna alors à Vasuki de retenir son venin et c'est sans danger que les dieux le saisirent par la tête et qu'à l'unisson des démons ils continuèrent de faire tourner la montagne.
Pour fruit de leurs efforts, ils virent d’abord naître de l'écume un superbe cheval blanc, Ushaishravas, l'ancêtre des chevaux. Les dieux, saisis d’admiration à cette vue, demandèrent à Vishnou ce qu’ils devaient faire du cheval. « Donnez-le à Indra. Il est votre roi et ce présent est digne de lui », leur répondit-il. Des écumes de la mer de lait, Indra reçut encore un autre cadeau: Airavata, l'éléphant à mille tête devint sa monture au combat, le père des éléphants qui dès lors peuplèrent la Terre.
Trois jours célestes après cet événement, ce qui représente 26 milliards d'années en temporalité humaine, il sortit une nouvelle fois de la gueule du serpent une quantité de venin si prodigieuse qu’à sa vue les dieux et les démons prirent la fuite.
« Où fuyez-vous donc ? s’écria Kurma la tortue. Cette quantité de venin qui vous épouvante ne nuira à personne si vous invoquez Shiva. Il répondra à vos prières et boira tout ce venin ! » C'est donc ce qu'ils firent, adressant tous leur prière au dieu mystérieux dont la demeure est la montagne Kailash et dont le plus fidèle serviteur est le serpent Vasuki lui-même.
En effet, la quantité de venin que vomit alors le serpent fut si grande qu’il eût inondé tout l'univers, et fait périr tous ses habitants, si Shiva n’était promptement accouru pour le boire. C'est d'ailleurs depuis cet événement que Shiva porte à son cou la marque d'un poison que nul autre que lui n'aurait pu boire sans danger. Les séquelles de ce poison lui rendirent aussi la peau bleue.
C’est depuis cette époque que le venin se trouve dans les dents des serpents, parce que lorsque le venin du roi Vasuki se répandit, il en tomba quelques gouttes sur ses fils, les princes serpenteaux qui les léchèrent, les gardèrent au font de leur gorge et les transmirent à leur postérité.
Les dieux et les géants ayant repris leurs travaux, ils virent bientôt naître des ondes la belle Lakshmi, la déesse de la santé, de la fortune, de la prospérité et de l'abondance. Surpris à sa vue, ils commençaient déjà à se la disputer, lorsque Vishnou intervint et leur dit :
« Dieux et démons, c’est pour vous que j’ai pris tant de peines, alors je suis en droit d’exiger de vous une reconnaissance et un respect que vous ne sauriez mieux me témoigner en me laissant Lakshmi. Il est même dans votre intérêt de le faire, car sinon, elle pourrait faire naître l'envie et la jalousie parmi vous. »
Lakshmi est depuis l'épouse de Vishnou. Elle est la déesse de la bonne santé, de la prospérité, de l'abondance, tant matérielle que spirituelle. Parfois présentée comme un avatar de Vishnou lui-même, elle représente aussi la sagesse et à ce titre, comme Sarasvati, elle est une gardienne des Védas. Souvent tenant entre ses doigts un lotus, elle est celle qui permet le bonheur, le calme et la transcendance à travers les œuvres philosophique, musicale et religieuse, ainsi que grâce au dévouement pour les traditions.
À la suite de sa sœur, mais sans que son passage ne soit aussi remarqué des dévas et des asuras, apparut Alakshmi, la Malchance, laissée aux mains des Asuras. C'est sur le dos d'un singe, un animal auquel elle ressemblait, qu' Alakshmi émergea de la mer de lait. Comme son nom l'indique, A-lakshmi est la déesse inverse de Lakshmi. C'est la déesse des pensées suicidaires et meurtrières mais aussi de la rancœur et de la pauvreté. Provoquant la jalousie et les mauvaises énergies dans son sillage, elle sera très souvent envoyée sur Terre pour y semer la discorde entre les hommes.
La Lune apparut peu de temps après. Elle était de couleur blanche, et d’une beauté ravissante. Shiva la prit comme ornement pour sa chevelure et il ne resta aux dieux et aux démons que le dépit d’avoir travaillé beaucoup et longtemps pour n'en récolter encore aucun fruit.
De ce glorieux barattage, jaillirent encore d'autres trésors dont une conque étincelante qui permet au vainqueur d'annoncer sa victoire. Vishnou s'en empara aussitôt, et depuis ne l'a jamais lâchée. Ensuite, une pierre apparut d'entre les flots agités. C'était une pierre noire et translucide qui garantirait l'invincibilité à celui qui la porterait. Sous la forme de Krishna, son plus glorieux avatar, Vishnou s'en empara tout aussi rapidement puis s'en fit un collier qui orne depuis sa céleste poitrine.
Il sortit enfin de l'écume blanchâtre l'arbre de la connaissance, aussi nommé l'arbre à souhait. Shakti apparut alors et le transplanta sur Sripura, son île secrète, où est situé le merveilleux jardin de Kapanga, irrigué par des torrents de nectar.
Indra prit aussi une branche de cet arbre pour fleurir le verger d'Indrapura, et c'est tout naturellement que la bouture prit sa place dans le verger de Nandana, situé au cœur des jardins de la cité des dieux.
Enfin, la Terre en prit un rameau qu'elle déposa dans la campagne du Bihar, à quelques kilomètres de Gaya, à l'endroit où des centaines de millions d'années plus tard, Siddhartha Gotama Bouddha trouverait l'illumination et la juste méthode pour s'affranchir de tout, y compris de la mort.
Fatigués et outrés de colère, car à part la Trimurti, Shakti et Indra, aucun d'entre eux n'avait encore récolté les fruits de son labeur, les dieux et les démons donnèrent libre cours à leur ressentiment et à leurs plaintes, et ne conservant plus pour Vishnou ni crainte ni respect ils lui crièrent :
« Nous nous sommes aperçus, mais trop tard que vous n’êtes, Shiva et toi, que des imposteurs et des fourbes qui nous prenez pour des dupes en cherchant à faire des affaires à nos dépens."
Vishnou rougit de ces reproches et, pour les apaiser, il leur répondit :
« Soyez patients, ce n’est que par la pénibilité et l'opiniâtreté que vous parviendrez à vous procurer le nectar d'Amrita, et avec elle l’immortalité. Si vous n’en jouissez pas encore, ce n’est certainement pas ma faute, car je n’ai pas cherché à vous tromper. Voyez comme je vous aide : il y a déjà longtemps que je soutiens la montagne sur mon dos et je ne me lasse pas de la porter. Ne vous découragez donc pas et continuez ce que vous avez entrepris. C'est très certainement que vous obtiendrez à la fin ce que vous désirez si ardemment. "
Encouragés par ces paroles, les dieux et les démons reprirent leurs travaux, mais encore des centaines de millions d'années se passèrent toujours aussi vainement. Tant et si bien que tout dieu et démon qu'ils étaient, ils vieillirent sous le travail sans avoir obtenu l’objet de leurs désirs.
Pour leur donner du cœur à l'ouvrage et de l'espoir, des flots jaillirent alors des mantras, des formules magiques et les incantations nécessaires pour vaincre le Mal. Ces chants s'élevaient au dessus de la surface de l'océan de lait et résonnaient jusqu'au plus profond de l'univers.
Des nymphes apparurent alors, portées par le bouillonnement des vagues et remontant à la surface des flots comme des poissons volants. À leur tête, il y avait la déesse de l'ivresse, Varouni. L'apercevant, Aditi et Kashiapa remarquèrent immédiatement qu'il s'agissait de la shakti de leur fils Varouna, le divins rois des illusionnistes, le grand ordonnateur de la vie sur terre. Ils lui assignèrent donc Varouni comme épouse légitime.
Apparurent ensuite la splendide Rambha et son cortège de nymphes, les apsaras, qui devinrent dès lors les compagnes d'Indra lequel fit une pause dans son labeur pour les conduire en son palais d'Indrapura. Dotée d'une beauté irrésistible, maîtresse dans les charmes sensuelles et la danse, Indra les enverra souvent sur Terre pour perturber les ascètes dans leur quête de l'absolu.
Devant s’absenter d'Indrapura à cause de la quête d'immortalité qui mobilisait dévas et asuras, Indra confia les apsaras aux Gandharvas, les musiciens célestes que Brahma avait créés pour le bonheur des dévas, et dont le rôle consistait à jouer pour eux, sans cesse, les plus belles mélodies avec les plus délicats des instruments. Magnanime, Indra partage depuis avec eux les charmes insondables de ces créatures, qui ne sont autres que le plaisir et la passion faite chaire, et dotées de la jeunesse éternelle.
À la suite des Apsaras apparurent les Daikinis, dansantes les corps nus, leurs cheveux ébouriffés. Aussitôt, elles furent adorées par les rishis qui, sur terre, incarnés dans un corps, avaient fait du tantrisme, c'est à dire de l'union transcendantale entre les genres, leur principale philosophie. Moins sophistiquées que les apsaras, les daikinis étaient de tout aussi belles et jeunes filles, à la fois rusées et sauvages, à la fois nymphes, sorcières, vampires et femmes fatales. Tout comme les apsaras, elles aussi s'incarneront bientôt sur Terre pour divertir de leur méditation les sages et les ascètes qui voudraient connaître la Moksha et atteindre la libération totale de leur existence.
Si les apsaras avaient suivi Indra et les dévas, les daikinis suivirent plutôt Shakti, et rejoignirent Sripura et les jardins de Kapanga. Sous l'arbre de la connaissance, elles se mirent alors à danser frénétiquement. Depuis, gardienne des arbres et de ce verger merveilleux, ces jeunes filles dansent à souhait dans l'ombre des arbres, brillantes comme cent mille soleils, vivant là dans la joie éternelle, certaines que plus jamais elles ne renaîtraient d'une autre mère.
Apsaras et daikinis, unirent alors leurs encouragements pour pousser les dieux et les démons à l'effort ultime. Cependant, tous ces mantras, tous ces encouragements ne suffisaient pas, et accablés sous le poids de la fatigue et de l’âge, les dévas furent à nouveau tentés de cesser leur activité. Sans compter que depuis le début de leurs efforts à tous, aucun asura n'avait reçu le moindre présent.
« Pourquoi, se disaient-ils, s'infliger encore de nouvelles peines ? Le nectar que nous recherchons devait nous rendre heureux et immortels, mais après avoir en vain essayé de nous le procurer par de si intenses efforts, nous touchons déjà au bout de notre vie sans avoir pu l’obtenir. Ce nectar chimérique nous rendra-t-il la vie quand nous l’aurons perdue par l’excès de travail et de fatigue ? »
Vishnou, confus à l'écoute de ces plaintes que les dieux et les démons se murmuraient entre eux, pensa avec tristesse aux suites fâcheuses qui allaient se produire s'ils cessaient leur ouvrage. Afin de les exciter une dernière fois à l'effort, comme ultime encouragement, Vishnou leur conta à tous en quoi consistait son immortelle essence et l'infinie puissance qu'il tirait lui-même de l'Amrita, le nectar d'immortalité. Son discours, décisif et galvanisant, eut pour effet de motiver une nouvelle fois les créatures célestes qui redoublèrent encore d'effort pour faire jaillir de l'océan primordial le nectar tant promis et tant espéré.
Enfin, au dessus des flots bouillonnant, dieux et démons virent paraître l'amrita, l’élixir d'immortalité. À cette vue, les dieux et les démons furent remplis d'allégresse. C'est Dhavantari, un avatar de Vishnou qui portait la coupe de nectar dans ses mains, le mystérieux calice sacré nommé Khumba. Dhavantari devint dès lors le médecin des dieux ainsi que le gardien de l'Ayurvéda, la médecine traditionnelle védique.
Dès que le nectar parut, Vishnou prit la forme d'une prostituée, Mohini, une femme faite pour le plaisir et la joie des sens, maîtresse ultime de la séduction. Dans sa toute puissance, signe du caractère protéiforme de ses avatars, Vishnou s'incarna donc sous une forme féminine, sous les traits de Mohini, la femme fatale aux charmes irrésistibles, l'ultime tentatrice ultime dotée de l'inaltérable séduction qui émane du divin.
Aussitôt que les démons la virent, ils en devinrent éperdument amoureux. Aveuglés par la passion qu'ils éprouvaient pour elle, ils ne pensèrent plus à l'amrita qui venait de jaillir des flots et qu'ils avaient mis une éternité à baratter. Shiva lui-même sortit de sa retraite et délaissa le mont Kailash pour tenter de séduire Mohini, laquelle refusa ses avances mais obtint de lui le pouvoir de distribuer elle-même le nectar à ceux qui l'avaient fait jaillir des flots de l'océan de l'immensité.
Mohini dit alors aux démons de s’asseoir en ligne, et aux dieux d’en faire autant. Puis adressant la parole aux uns et aux autres, elle leur dit : « Vous savez tous que les personnes qu’on veut honorer dans un banquet sont servies en dernier. Décidez donc à ce sujet et dites-moi par qui vous voulez que je commence la distribution du nectar. »
Les démons, cédant une nouvelle fois à leur orgueil en se considérant comme bien au-dessus des dieux, en raison de leur force et de leur courage, lui répondirent qu’elle pouvait commencer la distribution par les dieux. Ce fut donc ce que fit Mohini, permettant à chacun d'eux de boire goulûment tout le nectar qu'il désirait. Cependant, à peine fut-elle parvenue au bout de la rangée où les dieux étaient assis que tout l'Amrita fut fini, et qu'il n’en resta pas une goutte pour les démons.
Outrés d’avoir été si indignement trompés par cette femme et ne pouvant se venger sur elle de l’injure qui leur avait été faite, parce qu’elle s'était déjà enfuie, ces démons cherchèrent à s’en venger en livrant bataille aux dieux. Mais ils s’aperçurent bientôt que leurs coups ne faisaient plus aucun mal à leurs ennemis parce que le nectar que ces derniers avaient bu les avaient rendus invulnérables et immortels. Ne jouissant pas des mêmes avantages, ils furent obligés de trouver leur salut dans la fuite et de se cacher pour sauver leur vie.
Depuis ce jour, les asuras ne représentent plus aucune menace pour l'univers, ni pour les dévas, ni pour les planètes et ceux qui vivent dessus.
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Kamadenyu, la vache céleste
Profitant de ce que l'océan du chaos s'était caillé, et qu'il était alors plus facile de la modeler et de lui donner une forme utile et bénéfique, les artisans des dévas, les triplés Ribbhus, créèrent grâce aux flots transcendées, une créature miraculeuse et essentielle à la sauvegarde de la vie sur terre , une vache.
La Terre se reconnut alors dans cet animal si généreux et placide, et s'incarna alors en lui, ce qui fit de lui Kamadenyu, la vache céleste. Comme souvent avec les créations des ribbhus, Kamadenyu fut créée afin que l'humanité puisse jouir de ses bienfaits. Elle est depuis la nourrice des dieux tout autant que celle des hommes, l'incarnation du lait maternelle comme du lait qui compose l'océan primordiale.
La voyant, Vishnou l'emporta au plus haut des cieux, à Goloka, les prairies célestes situées au coeur de Vaikuntha. Là, sous la forme de Krishna, Vishnou est son bouvier qu’il emmène régulièrement paître dans des paturpâges où fleurit le basilic sacré.
Son corps était composé de celui d'une vache, de la tête et des seins d'une femme, des ailes d'un oiseau et de la queue d'un paon. De ses pis coulait l'amrita, l'elixir d'immortalité. Les dévas burent alors son lait, puis l'envoyèrent sur terre où elle devint la mère de tous les bovins qui la peuplent depuis. Sur terre, elle fut d'abord confiée au prajapati Vashishte, puis celui-ci la confia à Jamagdani qui la confia à son tour à son fils le plus glorieux, Parashurama, l'avatar de Vishnou lui-même. C'est avec lui que Kamadenyu vit depuis sous bonne garde. Depuis son apparition lors du barattage de la mer de lait, Kamadenyu est adorée sur terre, mais paradoxallement il n'existe aucun temple dédié à elle car son adoration est asssurée par la stricte interdiction de consommer la chaire de ses filles, ainsi que de les exploiter de manière intensive.
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