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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

LINGAM et MÉGALITHISME

Rudra

Rudra

Salutations à la source de toute sérénité et de tout plaisir. Salutations à celui qui procure les plaisirs dans ce monde et dans les autres. 

Sri Rudram, 1, 8.

Shiva est associé au lingam, ce phallus de glace, de terre glaise ou de pierre, que l'on trouve dans les lieux de culte hindous et qui symbolise le pouvoir d'ensemencement. Shiva est en effet la divinité de la virilité et de l'exercice sexuel (yoga tantrique).

Ce monument vulgaire [...] ne saurait être comparée aux splendeurs complexes des pagodes du sud ni aux opulentes simplicités marmoréennes des mosquées du nord. Il est trivial, ce kiosque populaire, de pierre grise, sans art, sans mystère ; mais ainsi, il n’est que plus extraordinaire et poignant. […] Il témoigne de la survivance tenace du culte ancestral qu’aucune civilisation, aucune invasion de barbares, aucun cataclysme moral ou cosmique n’ont pu déraciner. L’âme mystique de ces adorateurs et de ces adoratrices du Shiva-Lingam, que je vois circuler autour de moi, est bien identique à l’âme mystique des premiers idolâtres qui, à l’origine de la période humaine, crurent rendre hommage au Dieu créateur en lui donnant la forme du principe mâle qui féconde. 

J. Bois, Visions de l’Inde.

LINGAM et MÉGALITHISME

La grande déesse est quant à elle associée au yoni, qui se trouve invariablement autour du lingam, et qui symbolise la puissance de vie féminine sous la forme d'un réceptacle semblable au vagin. Le yoni accueille les libations que l'on dépose sur le sommet du lingam. Si le lingam est l'agent actif masculin de l'Univers, le yoni est son principe féminin.

Il vient à l'aube, celui que les bergères et les servantes voient se lever en se réjouissant. À sa vue, toutes les créatures, et surtout celles qui ont la garde du bétail et de la Terre, c’est-à-dire les jeunes filles, les brahmanes et les dévas, tous font jaillir de joyeuses louanges à son égard : « ô maître du soleil, charme-nous et fais-nous jouir ! » s'écrient-ils.

Sri Rudram, 1, 1.

Des pierres phalliques furent retrouvées dans les décombres de Mohenjo-daro et Harappa, ce qui fait remonter à plus de 2300 av. J.-C. le culte du phallus en Inde. Par contre, les Vedas ne le mentionnent pas.

Le phallus se retrouve par contre abondamment en Europe méditerranéenne, ce qui nous indiquerait que son culte ne soit ni aryen ni nomade, mais lié à la culture de la terre et donc propre aux civilisations sédentaires. Dans L'Amour à Rome, Pierre Grimal associe d'ailleurs les Vestales, gardiennes du feu sacré du foyer, au culte du phallus : « Les Vestales, ces prêtresses vierges qui avaient en dépôt les pénates du peuple romain, de mystérieux fétiches qu'il était criminel de regarder, entouraient aussi de vénération l'image d'un sexe masculin placée dans le sanctuaire dont elles avaient la charge. » C'est donc sans surprise que les plus anciens lingams se retrouvent à Çyatal Huyuk, cité comptant parmi les premières communautés agricoles de l'humanité (v. -7000).

Alain Daniélou propose quant à lui de relier les monolithes au culte du lingam. Si cette théorie peut sembler surprenante, après un temps de réflexion, elle nous paraît comme évidente. Shiva porte en lui les stigmates du paléolithique, avec son côté chamane, maître de la nature et des esprits, capable de se métamorphoser comme bon lui semble pour mener à bien ses interventions.

Shiva est le dieu de la fertilité, à la fois masculine et agricole. Passés de nomades à sédentaires, les hommes se rendirent esclaves des saisons, du climat, mais se tournaient toujours vers lui, le maître de la nature et des esprits. Ils lui attribuèrent de nouvelles qualités, bien que semblables aux précédentes. De cerf, d'ours, de panthère, de cheval, Shiva devint le taureau, c’est-à-dire le moteur de la charrue, tandis que sa compagne la Grande Déesse, le principe chthonien et maternel, devint la gardienne des champs, la maîtresse des céréales, la reine des moussons et la déesse de la beauté, c'est-à-dire du renouveau printanier.

Des mégalithes et autres tumulus furent retrouvés dans le plateau du Deccan, dans une aire géographique que l'on pensait être trop éloignée des côtes atlantiques pour y trouver ce genre de monuments typiques de l'Europe occidentale. Étonnamment, ces mégalithes indiens se concentrent dans le sud de la péninsule, et non au nord. Cela laisse à penser que cette mode des mégalithes en Inde, qui est plus tardive qu'en Europe (de 2000 à 500 av. J.-C., plutôt que de 4500 à 1500 av. J.-C.), n'est pas arrivée dans le sous-continent par les voies terrestres, mais par voie maritime (la péninsule du Deccan étant située juste en face des côtes éthiopiennes et arabes).

 

Temple de Dionysos (Délos, Grèce)

Temple de Dionysos (Délos, Grèce)

LINGAM et MÉGALITHISME
LINGAM et MÉGALITHISME
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