28 Juin 2024
Pour remédier à la hernie touchant les prépubères, on observait jadis dans le nord du bassin méditerranéen paysan et rural (par ex. Corrèze, Ardèche, Italie), un remède bien particulier. Cette cérémonie était dirigée par le forgeron et rappelait sans équivoque la castration des bêtes domestiques (en particulier celle des cochons). Ce rituel de martelage était en effet mis en scène avec le même matériel de chirurgie que celui employé pour les animaux.
Que peut-on dire de ce rituel étrange ? Tout d'abord, qu'un rite ne découle pas forcement d’un fait réel, mais peut aussi mettre en scène un discours symbolique. C'est-à-dire que le rite de la cure de la hernie vaut plus pour sa représentation du passage de l'enfance à la puberté, plutôt que comme un possible remède à une maladie : la cure de la hernie a pour véritable raison d’être la ritualisation du passage à la puberté et le rite mené par le forgeron vaut plus pour son sens symbolique que pour ses vertus curatives. Cette dimension reste cependant inconsciente aux paysans, qui croient à un remède qui leur rappelle une action familière : la castration des cochons.
Un rite renvoie donc à une idée et non à une réalité. En tant que rite, la cure de la hernie est le fruit de l’évolution, dans le temps long, de plusieurs pratiques plus ou moins barbares ou raisonnées. Cette évolution voit l'objet de l'action perdre de l'importance au dépens du sens symbolique de cette même action.
Si le rite paraît donc incompréhensible et si son sens demeure caché au non-initiés, c'est qu'il s’est éloigné du réel pour devenir un symbole inconscient. À propos du rite que nous venons d’évoquer, le sens s'est caché derrière une justification utilitaire : remédier à une crise de hernie.
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