28 Juin 2024
Le climat du Néolithique
Au néolithique le climat est celui de l’holocène. Au maximum de l’avancée des glaces il fait très froid et sec sur l’ensemble de l’Europe et du proche orient. À la fin du pléistocène (16 000-13 000) se déclenchent de fortes pluies et les forêts et steppes méditerranéennes se développent et s’étendent. Une rupture climatique, le Dryas III intervient vers -12 000 et installe une nappe froide et sèche. Puis, le climat va évoluer vers celui d’aujourd’hui. Au Néolithique la chênaie se développe, avec le châtaignier et le noisetier. Une immense forêt recouvre le Languedoc et la Provence vers -7000, forêts que les hommes vont commencer à défricher dès le Mésolithique.
J. Lubbock, archéologue du 19e siècle propose cette définition : le néolithique est la dernière période de la préhistoire qui est caractérisé par le développement de la pierre polie. Cette définition parait trop exclusive et porte à controverse : l’usage de la pierre polie n’est qu’une facette d’une accélération dans l’évolution de l’espèce humaine.
L’agriculture est inventée durant le néolithique et l’homme se sédentarise, quittant peu à peu sa vie de chasseur collecteur pour devenir agriculteur et s’établir en de véritables villages. Ce qui caractérise donc le néolithique c’est la réussite de l’homme à dompter la nature, à la domestiquer ainsi que la mise en place d’un véritable système d’échange et de production.
Le statu de l’homme du Néolithique va donc évoluer. Il passe de celui de chasseur / collecteur à celui d’éleveur / agriculteur. Cependant le passage d’un état à l’autre se fait très lentement et les deux modes de vie vont cohabiter sur le territoire français. La chasse n’est pas abandonnée même lorsque les populations se sédentarisent et élèvent du bétail. Les populations de l’Epipaléolithique et du Mésolithique français organisaient savamment des cueillettes sauvages et exploitaient les fruits et les légumes sauvages.
C’est dans le courant du 8e millénaire que l’élevage et la domestication des animaux est entreprise au Moyen-Orient. A travers l’Anatolie et la Thessalie cette technique typique du néolithique progresse en Europe. Cependant, à cause de se situation géographique éloignée, à l’opposée des premières zones agricoles d’Europe (Balkans, Égée, Danube), l’agriculture n’apparaît que bien plus tardivement en France.
L’économie nouvelle se diffuse d’abord à travers l’aire méditerranéenne, tandis que le courant danubien progresse plus lentement. C’est donc naturellement dans le sud de la France que l'on observe les premières tribus maîtrisant l’agriculture. Les techniques d’élevage remontent ensuite progressivement vers le nord. Si l’agriculture apparaît en Grèce vers -7000, ce n’est qu’un millénaire et demi plus tard qu’on en retrouve des traces en Alsace, en Lorraine et en Champagne.
En France, c’est vers 3300-2400 que l’expansion agricultrice à lieu, renforçant les acquis du Néolithique moyen. À cette période, l’élevage du bœuf dépasse celui des caprins et des puits de plusieurs mètres de profondeurs sont creusés.
Les hommes du Néolithique avaient une technique bien particulière d’augmenter le rendement de leur production agricole : par le feu ou par la hache, les forêts étaient défrichées afin de fournir un vaste domaine agricole autour des villages. Comme les terres cultivées étaient rapidement abandonnées du fait de leur faible rendement et de l’invasion des mauvaises herbes, il fallait pouvoir redisposer de nouvelles terres cultivables. Cette technique se combinait alors avec une mobilité spatiale plus ou moins lâche.
Le Néolithique ancien
Au Mésolithique, les sociétés tardenoisiennes et castelnoviennes sont installées sur le territoire français. Il s’agit de tribus de chasseurs / collecteurs qui vivent dans de vastes forêts et pratiquent l’horticulture. Ces cultures primitives vont apprendre l’agriculture au contact des peuples venus du sud et du rivage méditerranéen.
On observe alors une réelle division nord / sud dans le développement du Néolithique en France. Au Nord c’est le Rubané qui va s’installer, au Sud c’est le Cardial.
Le courant Rubané est né dans les Carpates et provient du Néolithique ancien balkanique. Dans un premier temps, la culture Rubanée se développe sur les rives du Danube, puis, les populations du centre de l’Europe vont migrer vers le Rhin et vers l’Ukraine. Cette expansion culturelle ne dure que quelques siècles. C’est surtout dans le Bassin Parisien que le Rubané va se développer en France, mais de façon tardive.
Les sites du Rubané s’installent sur des terres classiques qui sont alors couvertes de forêts à feuilles caduques (aulnes, frênes, ormes, chênes). Les terrains loessiques facilitent l’agriculture primitive. Cette culture s’étend de la seconde moitié du 6e millénaire à la première moitié du 5e millénaire avant notre ère. Le carbone 14 propose une datation de -5400à -4600 ans.
Les Rubanés sont essentiellement des agriculteurs. Les céréales cultivées sont le blé, l’amidonnier, et plus rarement de l’orge, des pois et des lentilles. Le mode d’agriculture du Rubané est dit sur « brûlis », c'est-à-dire que l’agriculture s’établit sur l’abatage des forêts puis l’incendie des souches.
L’élevage est important. On élève le bœuf, le porc et plus rarement des ovins et des caprins.
Bien que l’agriculture soit importante, la chasse et la pêche se maintiennent.
La Technologie lithique du Rubané comprend des outils sculptés et polis, notamment des herminettes, des faucilles enchâssées dans un manche courbe, des grattoirs, des perçoirs.
Cette culture est appelée « Rubanée » car elle est caractérisée par des céramiques modelées à la main et ornées de formes en « ruban ». D’abord simples, elles vont évoluer vers une stylisation des formes : des formes abstraites sont imprimées sur le pourtour des vases. Il s’agit de décors en ruban.
L’évolution de la culture Rubanée se fait à travers le temps mais aussi à travers l’espace. Ainsi, de par sa situation en « bout de course », la France et le Bassin parisien ont pu développer une forme particulière du Rubané.
L’un des faits les plus marquants du Rubané est son mode d’habitation. On retrouve des habitations le long des vallées, dont l’aire s’étend sur un à deux hectares, et dont les terres consacrées à l’agriculture située autour, s’étendent sur 10 à 2O20 hectares. Les maisons sont longues et rectangulaires et elles ont des dimensions impressionnantes : 6 à 7 mètres de largeur et 8 à 45 mètres de longueur (La longueur moyenne étant de 25 mètres). L’architecture de ces maisons est complexe : elles se composent de différents alignements de pieux, disposés en 3 rangées parallèles, d’un diamètre de 20 centimètres. Une tranchée entoure la maison (son utilisation peut-être celui d’un dépotoir). Sur une charpente assez complexe, repose de larges poteaux sur lesquels est appliqué un torchis et de la paille. Les fossés à l’extérieur servent de dépotoirs. La durée de vie de ces bâtiments est d’une génération humaine. La partie avant est un grenier de réception, la zone centrale est celle de l’activité principale et de l’espace privé. Seules des variations sont constatées sur le rôle de la zone arrière pour l’ensemble de la culture.
Une aire d’activité se déploie autour de la maison et une distance de 30 à 50 mètres sépare les différentes bâtisses. Dans le Bassin Parisien, les villages accueillent près de 100 personnes. On remarque une réelle organisation spatiale dans le processus de reconstruction des maisons. Les maisons sont disposées en parallèle et possèdent une orientation constante. Elles se regroupent en agglomérations. Ces agglomérations sont parfois ceintes de palissades et on a retrouvé dans ces villages, des fours à céramique ou à pain. Les villages sont séparés de 3 à 4 km et on estime une démographie de 15 à 20 familles pour une population moyenne de 50 à 100 personnes. Enfin, les maisons se renouvellent tous les 30 ans, se reconstruisant parfois à la place des anciennes maisons, ou au contraire se déplaçant le long des vallées.
On observe peu de variations dans l’élaboration de l’habitat du Rubané. C’est véritablement une marque identitaire de cette culture.
Le Cardial s’étend tout autour de la méditerranée occidentale à partir des côtes de Dalmatie et d’Italie méridionale, pour se propager vers la Provence, le Languedoc, la Catalogne, l’Afrique du Nord et le Portugal. Chronologiquement, cette civilisation se situe entre -6000 et -4800 ans.
La dénomination de cette culture provient du « Cardium », un coquillage utilisé pour la décoration par impression de la céramique. De façon générale, la céramique du Cardial se caractérise par sa technique d’impression du motif. Les niveaux moyens et récents du Cordial sont marqués par un appauvrissement du style et par une complication des formes des poteries.
On retrouve des traces récentes du Cardial (céramiques typiques) sur les terres atlantiques, de la Gironde aux Pays de la Loire. Par ailleurs, l’influence des groupes épicardiaux se font sentir dans les Alpes et jusqu’au Jura. En France, on observe comme principaux sites Cardiaux, ceux de Gazel (Languedoc) et Fontbrégoua (Provence).
L’habitat est divers : Grottes ou sous abris, mais aussi des cabanes circulaires et des groupements de huttes. L’économie du Cardial repose sur le petit élevage (importation de moutons du Moyen-Orient, de caprins) et plus rarement sur les porcs et les bœufs. La chasse reste très importante (Cerfs, Chevreuils, Sangliers.) La pêche aussi est présente. Quant à l’agriculture, elle est surtout composée de blé et d’orge.
L’industrie lithique se développe sur les traditions du mésolithique récent. Il s’agit essentiellement de production laminaire. On retrouve des faucilles, des grattoirs, des burins, des perçoirs, d’herminettes et de haches en pierres polies. L’outillage osseux est très important (poinçons, spatules, ciseaux).
Les habitudes funéraires sont aussi influencées par les traditions mésolithiques : Les sépultures sont groupées en nécropoles et la position du mort est fœtale. On retrouve dans les sites funéraires des restes de parures ; ces objets sont composés de perles et de pendeloques en os, en coquillages ou en pierres tendres. Le façonnement des bracelets en pierre polie est typique du Cardial.
La diffusion du cardial est caractérisée par l’adaptation aux nouveaux environnements, par la néolithisation des nouveaux milieux traversés. Le mode de vie néolithique du Cardial s’est adapté progressivement et on remarque une acculturation importante des peuples locaux, ce qui peut expliquer la diffusion rapide du Cardial à travers les terres, notamment vers le nord de la France.
Le groupe de Villeneuve St Germain, passage du 6e au 5e millénaire, occupe le Nord de la France et surtout le Bassin Parisien. Il s’étend jusqu’en Belgique. Cette culture est caractérisée par le décor particulier de la céramique (en guirlandes accrochées) et par la présence de bracelets en pierres (ce qui fait figure de point d’encrage à la culture Cardiale)
Le groupe du Cerny est aussi une culture de la fin du néolithique ancien. Il se situe au milieu du 5e millénaire. Des structures protomégalitiques le caractérisent (présence de monuments à Passy dans l’Yonne). Le Cerny se situe au croisement culturel du Rubané et du Cardial. En effet, si les maisons sont du type danubien, la céramique du Cerny marquée par des décors en guirlandes le rattache à une influence méridionale (à travers le Villeneuve St Germain). Cette culture se situe sur les côtes atlantiques.
Le Chasséen marque une étape importante dans la néolithisation de la France. En effet, selon le préhistorien belge Marcel Otte, le Chasséen « correspond à l’adaptation complète au mode de vie néolithique, tant sur le plan économique, que sur le plan technique ». Le Chasséen se situe en Saône et Loire. L’extension du Chasséen touche la France entière mais se développe en différents faciès régionaux. Ainsi, le groupe du néolithique moyen bourguignon lui est apparenté. Les origines du Chasséen peuvent être méridionales ; le groupe de Monbolo (fin 5e millénaire) présente des rapports avec le Cardial. Le Chasséen s’étend sur le 4e millénaire, de -3600 à -2800 ans environ.
L’habitat du Chasséen est situé sur l’extrémité de plateaux fortifiés. La multiplication des sites étendus indique l’augmentation démographique qui eut lieu à cette époque. Les maisons ont des soubassements de pierres et des plans allongés aux angles courbes. On remarque encore des habitats en grottes, en plein air (colonnes en bois). Il peut s’agir d’habitats saisonniers.
L’économie du Chasséen est fondé sur l’élevage, l’agriculture et le commerce.
Les sépultures du Chasséen sont disposées en fosses ou sous abris rocheux. Parfois aussi dans les mégalithes. Les corps sont placés en position fléchie.
Sur le plan artistique, le Chasséen propose des statuettes en terre cuite à caractère féminin et de forme plate.
Le Michelsberg (4500-3500) s’étend en Allemagne, en Bohême, en Suisse, en Belgique et à l’Est de la France. L’habitat du Michelsberg est installé en bordure de lacs et de rivières sur des escarpements naturels, et les sites sont fortifiés. Les maisons sont rectangulaires et un fossé extérieur les délimite. Leurs dimensions sont de 13m de largeur pour 40 à 60 m de longueur.
Tout comme le Chasséen, l’économie du Michelsberg est orientée vers l’agriculture (orge) et l’élevage. Bien que l’élevage se développe et se généralise au Michelsberg, la chasse et la pêche restent présentes. Comme au Chasséen, l’économie comprend aussi le commerce (nous y reviendrons)
L’industrie lithique du Michelsberg est riche. On retrouve des armatures foliacées et triangulaires à retouches bifaciales, ainsi que des outils sur lames (couteaux, grattoirs et perçoirs). Les haches sont massives et parfois polies. Quant à l’industrie osseuse, elle est composée de hameçons, de peignes, de pioches ainsi que de lissoirs, aiguilles et ciseaux.
Les sites funéraires sont composés de fosses à fonds dallés et les corps sont encore une fois en position fœtale. Les rares éléments de parures retrouvées, présentent des perles et des pendeloques composées de diverses matières, soit : en os, en pierre ou en ambre.
Le style de la poterie du Chasséen et du Michelsberg nous indique une forte ressemblance : Il s’agit de « céramique lisse ». Ce n’est pas le seul point de rapprochement entre les deux cultures. En effet, comme nous l’avons vu, tant au niveau économique, industriel ou funéraire, en France, le Chasséen et la Michelsberg se ressemblent beaucoup. On peut alors parler d’une culture « Chasséo-Michelsberg » dans le bassin parisien. Selon Marcel Otte, ce sont ces deux cultures qui ont « peut-être contribué à l’extinction des Rubanés ».
C’est au Néolithique moyen que se développe l’industrie minière. Le Chasséen et le Michelsberg exploitent en effet intensivement les mines de silex. On considère que l'extraction minière commence au Cerny, et qu’elle prend son essor au Chasséo-Michelsberg. La mine de Cerny est profonde de sept mètres et traverse trois couches de silex. L’exploitation a surtout eu lieu dans la partie inférieure et moyenne. Il s’agit d’une exploitation en galeries, intense et profonde. La partie inférieure est travaillée avant pour ensuite, permettre de la combler avec les roches rejetées des couches supérieurs : les trous sont comblés une fois le banc inférieur exploité.
L’exploitation minière du silex repose en fait sur une double activité : l’extraction minière de la matière première, mais aussi sur sa transformation. En effet, des manufactures de taille de silex sont présentes près des mines. De cette façon la chaîne de production des outils en silex peut-être réalisée dans sa totalité dans le même lieu. L’exemple le plus représentatif de ce système d’exploitation minière, est la mine du Grand-Pressigny. Comme celles du Michelsberg, les mines du Grand-Pressigny présentent un outillage laminaire très travaillé. La production de ces grandes lames dépasse les besoins des populations locales et sont destinées à être exportées.
Le commerce se développe à partir de l’exploitation des mines de silex. Les lames du Grand-Pressigny sont très recherchées et se déplacent sur de vastes distances (remontant de la côte atlantique vers le centre et le nord de la France sur plusieurs centaines de kilomètres.) Les lames du Grand-Pressigny circulent vers la Bretagne, les Pays Bas et l’Allemagne. Il faut citer aussi Rumigny et Lhéry comme mines productrices et exportatrices situées dans le Bassin Parisien. L’apogée de ces productions et exportations se situe autour de -2400 et -1850. En outre, le climat du Néolithique entraîne l’Europe vers un paysage de steppes. Cela favorise les déplacements car de longues distances peuvent être effectuées sans obstacle majeur.
La France est, de par ses côtes méditerranéenne et atlantique, une terre tournée tout autant sur le continent que sur la mer. Le rivage méditerranéen est propice aux échanges avec la Corse et surtout l’Italie du Nord (ce qui a favorisé le mouvement cardial).
Les circuits de biens de luxe commence le plus souvent à partir d'un centre minier ou d’une côte collectionnant et taillant les coquillages. À partir de ces centres de production, s’étale un vaste réseau d’échanges qui peut parfois s’étendre jusqu’à plus de 1500 km dans les terres (la Jadéite circule sur plus de 1700 km et les roches noires vosgiennes extraites des mines de fond de carrières ont un réseau de diffusion d’une circonférence de 200 km). C’est ainsi que des coquillages de la côte Atlantique sont retrouvés dans des lieux funéraires du Sud Ouest de la France ou dans le Massif Central.
Ce sont surtout des biens de prestige qui semblent être le sujet principal de ce proto-commerce. Il peut s’agir de couteaux en cuivre, de batterie de cuisine en céramique, de larges et longues lames de silex, ou encore de bijoux et tissages en perles de coquillages. Ces objets sont le plus souvent retrouvés dans des sites funéraires.
Les commerces de silex et d’ambre sont les plus importants, et les habitudes de voyages commerciaux sont établies. Des chemins usuels apparaissent et aident à la transmission des progrès culturels et techniques grâce au commerce. De cette façon, les avancées techniques du Sud de la France vont lentement remonter vers le Nord.
Les villages lacustres
Les conditions humides sont favorables et laissent des sites complets aux grandes dimensions. Par ailleurs, l’eau stagnante permet la conservation des instruments (peigne en os, vannerie, outils en bois et en os, traces de piliers et pieux couchés).
Les sites lacustres sont situés dans des régions montagneuses et autour des lacs, notamment ceux du Jura. Au lac de Chalain on remarque que l’occupation du terrain dépend des variations du niveau de l’eau. En effet, les villages ne sont occupés, au plus, que 10 ou 20 ans, et sont reconstruits fréquemment. Le lac de Claveau dans le Jura présente des maisons sur pilotis, mais à sec, surplombant des marais.
L’organisation des bâtiments est réfléchie : alignement parallèle des huttes et chemin central les reliant. Les toits sont en chaux et le planché est rehaussé. Les petites maisons ont des dimensions modestes : 6 m sur 4. Les villages sont ceints de palissades, et des chemins suspendus traversent le lac pour faire passer les hommes et le bétail.
Les enceintes énigmatiques
On retrouve plus de 200 enceintes en pierres entre la Gironde et le Centre. Les entrées sont en « pinces de crabe » et placées en des endroits où la vue est bien dégagée. On remarque, dans les fosses, la présence de squelettes entiers ou partiels d’hommes ou d’animaux. Cependant, pas de traces humaines n’est constatée à l’intérieur. Leur rôle peut être de refuge collectif ou de dépotoir, voire d’une marque d’un territoire. En tout cas, ce n’est pas un lieu d’habitation.
Le Néolithique récent
Le Seine-Oise-Marne (S.O.M.) se situe en Belgique, en Allemagne et dans le nord de la France (entre les trois cours d’eau qui lui donnent son nom). La littérature préhistorique distingue deux périodes du S.O.M. : Le S.O.M. ancien (3400-2800) et le S.O.M. Récent (2400-1600). L’habitat du S.O.M. est composé de structures semi enterrées rectangulaires aux dimensions modestes (3 m / 6). L’outillage est composé de haches en bois de cerf ainsi que de grandes lames provenant du Grand-Pressigny. Le S.O.M. propose aussi des perles en cuivre retrouvées dans les sites funéraires. En effet, c’est au Néolithique final que le cuivre fait son apparition.
Le S.O.M. est surtout connu pour son domaine funéraire très riche. C’est en effet dans le domaine funéraire que les informations sur l’environnement culturel des hommes du Néolithique, et en particulier du S.O.M., sont les plus riches. Les sépultures sont collectives et les incinérations typiques de la fin du Néolithique. En France, on localise les vestiges funéraires surtout dans le Languedoc et le Morbihan. Parfois, plusieurs centaines de morts s’entassent dans des caveaux dont la réouverture était effectuée pour y réintroduire de nouveaux cadavres. Ainsi, dans l’ouest de la France, on retrouve des sépultures en forme de chambre à couloir, dont l’importance de la chambre est dominante.
La sépulture collective n’est pas une architecture, mais un genre funéraire, car on peut observer la diversité architecturale des sites. Dans la Marne, Leroi-Gourhan met à jour un vaste site funéraire dans une grotte artificielle (hypogé) creusée en zone calcaire. Dans le Bassin Parisien, les tombes sont creusées à même la colline et sont semi enterrées. Sur la côte atlantique, on recouvre la tombe par un tumulus et on en indique la présence par un menhir. L’entrée de ces monuments est parfois très exigu (un diamètre de 50cm) et fermée d’un bouchon à gorge en pierre. Il existe une répartition sexuelle dans la position fœtale du mort : couchage à droite ou à gauche si homme ou femme.
On retrouve aussi des charniers imposants de plusieurs centaines de personnes. De plus, tous les habitants ne bénéficient pas d’une tombe et il apparaît les signes d’une inégalité de classe face à la mort. Dans le Bassin Parisien, on ne trouve que des petites tombes implantées au cœur du village.
Plusieurs étapes chronologiques marquent le développement des pratiques funéraires du néolithique :
1) Les tombes sont longues et rectangulaires, les corps sont disposés en position fœtale, une anti-chambre conserve des biens collectifs.
2) Même configuration d’espace, mais des biens individuels sont placés près des corps, comme associés à leur propriétaire.
3) Une longue ou ronde sépulture n’abrite qu’un seul corps et ses biens de prestige.
On observe donc un mouvement de rites funéraires qui tendent vers l’individualité de la sépulture.
Les mégalithes Bretons
Très présents en Bretagne et au Sud de l’Angleterre, les mégalithes funéraires sont des monuments à entrée en couloir débouchant sur une vaste chambre. L’importance de la chambre va devenir croissant et le couloir va disparaître. Il s’agit d’un travail gigantesque nécessitant l’emploi de toute une communauté : il faut transporter des pierres, grandes et lourdes. Les murs sont très épais et l’édifice est recouvert d’une colline artificielle, le tumulus.
Les cistes
Les cistes sont des sépultures individuelles en coffre de bois. On peut ouvrir la tombe et y ajouter un mort. Les cistes sont hermétiques et recouverts de terre, enfouis. Les nécropoles des cistes sont entourées de kerns dans le sud de la France. Au Chasséen, on retrouve des tombes à deux corps, inhumés ensembles. Vers -4300, les cistes se généralisent et se collectivisent. Dans le nord, la nécropole de Passy montre des monuments qui s’agrandissent, s’élargissent. Le mobilier est composé de flèches et de lames de silex, d’outils en os pour les hommes, et de farine et de parures pour les femmes.
Le cuivre et la métallurgie
L’usage du cuivre, est l’un des faits les plus marquants de la fin du Néolithique.
Le cuivre est un minerai qu’il faut réduire à forte température. Le travail du cuivre se fait au martelage et on n’utilise peu ou pas le moulage. Il existe de grands réseaux de mines dans l’Hérault, découverts par Paul Ambert. Des contacts étroit avec l’Italie, amène la métallurgie au Sud de la France (mouvement Cardial. Dans le Nord, les gisements sont moins exploitables et il faut attendre l’âge de bronze pour que la métallurgie se développe. Malgré cela, les objets se diffusent à grande échelle. Le Languedoc fournit de petites perles en cuivre et le Bassin Parisien reçoit des Balkans et de l’Allemagne des perles de cuivre. Les objets en cuivre, sont donc très rares et précieux. L’impact du cuivre sur l’économie est d’abord négligeable mais c’est surtout la naissance culturelle et technique d’un nouvel artisanat qui naît avec le cuivre : on peut alors changer la matière.
Mentionnons enfin le Campaniforme (début 3e millénaire), dont les limites spatiales ne sont pas évidentes. En effet, le Campaniforme connaît une très grande dispersion à travers l’Europe, du Portugal à la Bohême. Le Campaniforme, c’est « l’utilisation au même moment (…) de produits manufacturés similaires. » (Dictionnaire de la Préhistoire, D. Violon). Ces produits sont des vases en céramique en forme de cloche inversée. Une des explications à la présence diffuse de ces objets est la suivante : il s’agirait d’une diffusion à partir d’un ou plusieurs centres de production. Le Campaniforme, entité assez vague, représente aussi une phase chronologique intermédiaire entre les groupes du Néolithique final et le début de l’âge du bronze auquel il sert de substrat.
Le Chalcolithique correspond au passage du Néolithique supérieur à l’age du bronze. Lors de cette phase, l’industrie de la pierre garde une place prépondérante mais coexiste avec une faible métallurgie. Le Chalcolithique représente plus un stade économique et technique qu’une réelle entité chronologique.
Au Néolithique final, la culture pyrénéenne (Pyrénaïque) est un faciès culturel qui s’étend de l’Aube et du Roussillon à la côte Catalane. Le métal côtoie quelques perles d’or, et les sites sont plutôt funéraires que domestiques. La culture pyrénaïque a beaucoup influencé le développement culturel de la région jusqu’à une phase avancée de l’age du bronze.
Enfin, Fontbuisse est un site situé dans le Gard, datant du Néolithique récent et final (fin 3e début second millénaire). Il succède au Chasséen. Des petites maisons sont enfoncées dans la terre, et l’usage du cuivre est diffus. L’essentiel de leur subsistance est assuré par l’élevage.
Bibliographie :
P. Ambert et J. Vaquer, La première métallurgie en France et dans les pays limitrophes. Centre d'Anthropologie, Toulouse, 2002.
P. Chambon, Les morts dans les sépultures collectives Néolithique en France. CNRS édition, 2003.
J.P. Demoule, La France de la Préhistoire. Nathan, 1990.
J.P. Demoule et J. Guilaine Picard, Le Néolithique de la France. CNRS, 1986.
Dictionnaire de la Préhistoire, Encyclopedia Universalis, Albin Michel, 1999
M. Otte, La Protohistoire. Université De Boech, 2002.
A.M. Petrequin, Le Néolithique des lacs, Collection Les Hespérides, 1988.
D. Violon, La Préhistoire : Histoire et dictionnaire. Laffont, 2004.
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