L'influence mésopotamienne en Egypte

L'influence mésopotamienne en Égypte commence vers -6100 ans, avec le début de la néolithisation : les habitants du delta du Nil et de la Moyenne-Égypte, adoptent les premières formes d'agriculture développées au Levant. Durant Nagada II (-3500 à -3300), les Égyptiens abandonnent leurs cabanes de roseaux pour produire en masse des briques de terre cuite et construire leurs premières cités en se basant sur le modèle mésopotamien (qui sera aussi adopté en Inde).

En outre, les études génétiques ont associé les premières populations agricoles du Fayoum (Égypte), de Mérimdé (-5500 à -4500, Égypte) mais aussi de Badari (-4400 à -3800, Moyen-Orient), aux populations du Proche-Orient descendantes de la culture natoufienne (-12 550 à -9550, Levant) ; toutes ces tribus partagent en effet la même généalogie génétique (haplogroupe Y-E).

Un phénomène différent se produit en Inde à la même époque. Si le Levant et la Mésopotamie apportent à Meghard l'agriculture, ce n'est pas à travers une migration humaine mais à la suite d'une influence culturelle, car la signature génétique des habitants de la vallée de l'Indus resta en très grande majorité indigène (haplogroupes Y-H, Y-L, Y-R2, Y-K), tandis que l'haplogroupe Y-E demeura très marginal dans la région. Si ce n'est la migration tardive des porteurs moyen-orientaux de l'haplotype Y-J (commerçants sémites), il n'y a pas eu de migration démographique paléolithique ou néolithique depuis le Moyen-Orient vers l'Inde.

Si la Mésopotamie influença la néolithisation de la Basse-Égypte et si, au début de l'Antiquité, l’Égypte semble jouir d'une certaine renommée aux yeux des Mésopotamiens, l'archéologie ne nous a livré qu'un poignard, une palette et quelques objets manufacturés illustrant les échanges entre les deux régions : ce qui n'est pas assez pour imaginer l’Égypte, le Levant et la Mésopotamie partageant une même ère culturelle.

Si l'inter-influence de ces civilisations est certaine, elle demeure limitée et ne permet pas d'expliquer leurs très nombreuses similitudes théologiques et mythologiques.

Si tant de similitudes s'observent entre spiritualités indiennes, mésopotamiennes et égyptiennes, c'est plutôt parce que les ancêtres des populations indiennes, mésopotamiennes et égyptiennes ont cohabité durant le Paléolithique récent et moyen dans les steppes est-africaines, yéménites et iraniennes. Ce qui n'est plus que « ressemblances » durant l'Antiquité, était au Paléolithique une véritable culture commune, partagée par les peuples résidant sur le littoral afro-arabo-indien entre -60 000 et -10 000 ans.