20 Janvier 2022
Après mille ans de domination musulmane, puis deux cents autres de colonisation britannique, l'Inde est aujourd'hui indépendante. Elle est cependant une exception culturelle dans un monde globalisé. Menacée à ses frontières par la Chine productiviste et communiste, menacée intérieurement par l'islamisme et menacée culturellement par le consumérisme occidental, l'Inde se sent en danger.
En Inde, comme au Pakistan ou au Bangladesh, des tensions animent effectivement les communautés hindoues, indigènes et musulmanes. Il convient donc d'en rappeler les circonstances : le millénaire de colonisation musulmane étant le plus souvent à l'origine de ces conflits.
Au siècle, comme au millénaire dernier, l'Inde fut colonisée et non colonisatrice. Ce sont les Arabo-musulmans, les Perses et les Turcs qui ont ravagé le pays et mis fin à son âge d'or. Puis ce furent les Britanniques de la Compagnie des Indes qui pillèrent ses richesses.
En Inde, le Kali Yuga, le mythique âge védique de la destruction, fut sans aucun doute incarné par les invasions musulmanes, dont les exactions durèrent plus de 800 ans et firent du génocide des hindous le plus grand massacre de tous les temps (devançant sur ce triste sujet celui des Amérindiens).
Cette sinistre histoire, trop souvent ignorée en Occident, nécessitait d'être résumée en quelques dates et événements essentiels.
Si le prophète Mohamed (aussi orthographié Mahomet) est la figure centrale de l'islam, on sait très peu de choses sur lui. Ce n'est que plusieurs siècles après sa mort qu'une première biographie de Mahomet fut composée, mais celle-ci était emprunt de fantastique, ce qui rajoutait à la légende plutôt qu'à la véracité historique.
Au début de l'islam, le prophète est considéré comme un moyen de parvenir à la doctrine ultime de Dieu, réunie dans le Coran. Ce n'est que plus tard que sa personne devint aussi importante que son message. D'abord présenté comme un homme simple, capable de fauter, le personnage de Mahomet se complexifia, se mystifia, avant de devenir un être quasi céleste. Celui-ci peut alors fauter, ou sembler inflexible et cruel, mais il n'en demeure pas moins implacable de sagesse.
Ce que l'on sait avec certitude de Mahomet se résume en quelques lignes. Né en 570 et mort en 632, le prophète des Arabes aurait donc vécu 62 ans et aurait exercé, avec son frère, la profession de caravanier, c'est-à-dire de garde du corps et d'agent de sécurité au service des commerçants qui traversaient alors le désert d'Arabie à dos de dromadaires et de chameaux.
Sa première femme, Khadija, de quinze ans plus âgée que lui, avait déjà été mariée mais ses précédents maris étaient décédés. Faisant partie d'une riche famille de notables nestoriens (une communauté chrétienne en Orient), Khadija apportera à Mahomet une aisance financière qui lui permettra toute sa vie de se livrer sans faillir à l'activité de prophète et d'homme politique.
Ce que l'on croit savoir de Mahomet ne repose bien souvent que sur des sources douteuses. Par exemple, certaines traditions musulmanes refusent de reconnaître la différence d'âge conséquente entre Khadija et Mahomet. Par ailleurs, la doctrine chiite ne lui reconnaît aucun mari antérieur à Mahomet, alors que la doctrine sunnite en reconnaît plusieurs. Il en est de même pour l'âge exact de Aïcha, la dernière épouse légitime du prophète, qui aurait eu entre six et neuf ans à l'âge de son mariage, et guère plus lors de la consommation de ce mariage, tandis que d'autres traditions la présentent au contraire comme une adolescente pubère.
Khadija Meurt en 619, alors que Mahomet a 49 ans et prêche depuis une dizaine d'années la parole sainte. Elle lui laisse un empire financier conséquent et une respectabilité sociale non négligeable. Après 25 ans de vie commune monogame, comme il est coutume dans le monde arabe de l'époque, Mahomet prend un nombre important d'autres femmes, d'origines ethniques et religieuses différentes, dont certaines sont des jeunes filles encore vierges, tandis que d'autres sont des vieilles femmes déjà veuves, qui se marient au prophète afin d'échapper à la misère ou pour que leur union bénéficie aux enjeux d'alliances. Le nombre total de femmes du prophète varie entre dix et treize, dont : Khadija, Sauda, Aïcha, Hafsa, Zaynab, Umm Salma Hend, Zaynab, Juwayriya, Oum Habiba, Safia, Maimouna. En outre, Mahomet avait également deux esclaves, Maria et Rayhana, avec qui il entretenait des relations conjugales. Ibn Khatir (1301-1373) ajoute quant à lui 25 esclaves femmes. Si toutes ne furent pas les concubines du prophète, toutes furent par lui affranchies.
À partir de 610 jusqu'à sa mort, l'archange Gabriel, le messager divin, dicte à Mahomet le Coran, c'est-à-dire le livre saint ultime qui référence les paroles de Dieu lui-même, dans un arabe poétique et raffiné, bien que taillé dans une langue qui manie avec obsession la menace et l'anathème. Impressionner, faire peur, et séduire, voilà en somme l'objectif du Coran, qui est censé offrir à l'espèce humaine le code ultime de bonne conduite qu'elle se devra de respecter pour ne pas provoquer la colère divine. Fortement ancré dans la culture bédouine, tout autant qu'influencé par les mystiques juives et chrétiennes, Mahomet propose alors une doctrine universelle, basée sur la sauvegarde des intérêts patriarcaux, de l'ordre établi, en même temps que sur la crainte d'un châtiment éternel et implacable pour qui ne croirait pas, ou ne respecterait pas ces quelques lois essentielles et intraitables.
De même que Jésus, Moïse ou Abraham, Mahomet possède à son crédit de nombreux miracles, comme de s’être déplacé une nuit, de La Mecque à Jérusalem, en volant dans les airs grâce à un divin cheval, offert par l'ange Gabriel à Mahomet (et semblable à Uchchaihshravas le cheval blanc aux multiples têtes d'Indra, le dieu védique du tonnerre, ou encore à Pégase, le cheval ailé de la mythologie gréco-romaine).
Le prosélytisme de Mahomet gêne dans une contrée ou règne un polythéisme tolérant et où fourmillent une multitude de divinités qui cohabitent en harmonie (si les peuples du désert se font la guerre, ce n'est pas au nom de leurs dieux respectifs). La volonté mahométane d'éradiquer toute forme de culte qui ne soit pas uniquement dédié à Allah, le dieu du ciel, brusque les autorités locales qui, effrayées de l'importance économique et démographique des sectateurs de Mahomet, décident de pousser ses partisans à l’exil.
En 622, trois ans après la mort de sa femme et dix ans après avoir reçu les premiers messages de l'ange Gabriel, Mahomet et sa communauté (qui n'était alors qu'une secte), quittent La Mecque, capitale de l'Arabie, pour s'en aller vivre à Médine, dans une oasis alors peu peuplée. Durant cet épisode qui est appelé l'hégire (l’exil), Mahomet ordonne à ses disciples de couvrir leurs femmes, afin que celles-ci ne cèdent pas aux étrangers, et que les étrangers ne leur demandent pas la main (ceci afin que la congrégation reste soudée, unie et imperméable aux influences extérieures). Certains de représenter une foi nouvelle qui surpassera toutes les autres par son implacable justice, les partisans de Mahomet vivent alors huit ans en exil, grossissant leurs rangs en attendant le jour propice pour revenir à La Mecque et régner enfin sur la ville, puis sur l’ensemble de la péninsule arabique.
La conquête de La Mecque eut finalement lieu en 630, à la suite d'une bataille opposant Mahomet et 10 000 des siens aux défenseurs de la ville. Régnant deux années seulement sur un empire commercial pour une fois unifié derrière une seule autorité et une seule culture religieuse, Mahomet meurt bientôt, laissant derrière lui un très vaste héritage mystique, littéraire et politique. À sa suite, l'Arabie connaît un essor sans précédent grâce à la pacification de la région. Au lieu d'un désert livré aux pirates et aux brigands, l'islam a fédéré les clans locaux au nom du djihad, et c'est en dehors de l’Arabie, vers la Perse, l’Inde ou la Palestine, que s'exerceront alors les pressions militaires arabes, et en particulier les célèbres et funestes razzias.
Trois ans après la mort du prophète, Damas (Syrie), la ville la plus prospère du Moyen-Orient, tombe aux mains des Arabes. À nouveau se jouait dans l'Histoire le même épisode : les nomades passaient sur les cités et les nations pour les détruire ou les transformer à jamais, comme les Germains marchèrent sur Rome, comme les Huns sur l'Europe, comme les Conquistadors sur l'Amérique, et comme les Turco-Mongols vers l'Occident.
Cinquante ans après la mort du prophète, l'entière péninsule arabe est soumise au dieu Allah, qui de chef des dieux du panthéon berbère, devient dieu unique et nouvelle incarnation du Yahvé des juifs ou du Seigneur des chrétiens. Ceux qui héritèrent du pouvoir de Mahomet furent ses héritiers directs, qui furent alors les premiers califes musulmans. Leur rôle était d'incarner le pouvoir théologique, mais bientôt, enivrés de luxe et de confort, ces califes ne furent plus que les représentants sur Terre d'un pouvoir politique soumis aux enjeux de pouvoir.
Quelques décennies seulement après la mort de Mahomet, l’essentiel de la route commerciale terrestre entre l’Europe et l'Asie est sous domination musulmane et adopte la loi coranique. En quelques siècles à peine, des rives de l’Atlantique à celles du Pacifique, du détroit de Gibraltar à celui de Malacca, d'innombrables peuples tombent sous le joug de l'islam.
De 711 à 1200, les razzias musulmanes sur l'Inde du Nord, puis du Sud, seront la cause de millions de morts et d'une dépréciation totale de la démographie et des cultures indiennes, qu'elles soient jaïnes, bouddhistes ou hindoues.
Sous pression militaire permanente, victimes de l’intolérance fanatique des califes et de la nouvelle aristocratie arabe, puis turque et enfin persane, les hindous vont subir quelque 800 ans de domination religieuse et raciale, comprenant un nombre incalculable de massacres, de viols et de pogroms gigantesques. La quasi-totalité des temples hindous de la vallée du Gange seront détruits et avec leurs pierres, l'envahisseur construira des casernes et des mosquées.
Ceux qui n'avaient pas été massacrés ou qui n'avaient pas encore été convertis de force, se virent proposer des réductions de taxe et des facilités de commerce en échange de leur soumission. Tous les moyens furent employés afin que de Constantinople à Singapour, les peuples soient soumis à Allah et donc aux chefs de guerres arabes.
Si les habitants les plus pauvres du sous-continent se convertirent de bon cœur, dans l’espoir de se libérer du système des castes, l'immense majorité des Indiens demeurèrent sourds aux sirènes de l'islam. Les hindous, trop attachés à la richesse de leurs traditions spirituelles, ne firent pas l'erreur des Celtes qui abandonnèrent leurs cultes ancestraux pour adopter ceux de Rome. Au contraire, c'est avec mépris et condescendance que les hindous ont toujours considéré les monothéismes abrahamiques (religions qu'ils considèrent comme jeunes, schismatiques, intolérantes et relativement pauvres spirituellement).
Quant à la population autochtone du sous-continent qui s'était convertie à la foi des envahisseurs arabes, turcs ou perses, elle resta profondément divisée entre les plus riches, qui avaient été mis au sommet des État par les califes et les plus pauvres, qui demeuraient en rade, convertis par intérêt à une religion étrangère, et condamné à demeurer à jamais étrangers dans leur propre patrie.
Très tôt après la mort du prophète, la traite orientale commence. Si l'esclavage était aboli entre musulmans, il restait légal si l'esclave était un infidèle. Un infidèle n'avait cependant pas le droit de posséder d'esclave musulman.
On estime à près de douze millions le nombre de ses victimes, c'est-à-dire d'esclaves déportés par les Arabo-musulmans à l’intérieur du triangle constitué de l'Asie centrale, de l'Inde et de l'Afrique orientale, avec en son centre la péninsule arabique. Par comparaison, huit millions d'Africains furent victimes du commerce triangulaire occidental, aussi appelé traite négrière. La traite orientale dura plus d'un millénaire (approximativement de 650 à 1900).
Les femmes, les filles et les garçons des nations conquises qui refusaient de se convertir ou qui avaient eu l'audace de se défendre, étaient envoyés comme esclaves dans les grandes villes de la Mésopotamie. De là, ils repartaient, à pied et traité comme du bétail, vers le Moyen-Orient et le Maghreb, où ils étaient finalement achetés pour peupler les harems des guerriers qui s'étaient enrichis en pillant l'Afrique du nord et l'Espagne.
Des premières incursions et razzias vers 700 jusqu'à la pacification britannique, des millions d'Indiens et d'Indiennes furent déportés comme prostitués, esclaves et travailleurs forcés. Des côtes du Gujarat, ils embarquaient, pour rejoindre Oman, Barhain, pour être renvoyés dans les colonies arabo-musulmanes soudanaises ou nord-africaines.
Quand l'islam progressa en Perse puis en Asie centrale et en Europe, les esclaves à la peau blanche et aux cheveux blonds furent les plus appréciés. Capturées par des tribus turques alors que leurs villages étaient l'objet de razzias, les femmes slaves étaient particulièrement valorisées.
Au sud, c'était en Afrique, sur la côte est, entre le Kenya et la terre d’Oman, que les commerçants arabes achetaient aux roitelets locaux des hommes de bonne corpulence, en bonne santé, qu'ils émasculaient pour en faire des hommes à tout faire, janissaires (hommes de main), gardiens de harem ou autres jardiniers.
En 656, Bagdad et la Perse tout entière tombent sous la domination islamique. Là où le modèle arabe se heurte à la culture millénaire de la Perse, c'est l'islam qui poursuit le mécanisme d’acculturation. En 661, un schisme intervient entre chiites persans (Iraniens) et partisans sunnites de la lignée des califes, c'est-à-dire des chefs de guerre qui succédèrent à Mohammed.
En 680, 42 ans seulement après la mort de Mahomet, un schisme intervient dans la communauté des croyants, créant ainsi le courant dissident du chiisme. La cause en est le massacre des 70 membres de la suite de Hussein, le petit-fils du prophète qui désirait destituer les califes corrompus et s'approprier à leur place l’exercice du califat islamique. La bataille opposa l'armée du calife Yazid Ibn Mu'awiyya, composée d'environ 30 000 hommes, aux quelques sectateurs partisans de Hussein. À la suite du massacre de Kerbala, leurs cadavres furent livrés aux chiens, et les proches d'Hussein furent réduits en esclavage, puis torturés en place publique.
En 700, soit pas même un siècle après la mort du prophète, les riches et stratégiques régions de Transoxiane et de Sogdiane (actuel Afghanistan) commencent à subir l'influence musulmane, qui ne cessera de s’étendre jusqu’aux conversions de masse vers l'an 800 et à l'instauration de l'islam comme religion d'État vers l'an 1000.
Les montagnes d'Asie centrale contrôlées, c'est tout naturellement que les conquérants pillent les cités prospères de la route de la soie : vers l'ouest, c'est Samarcande (710), vers l'est c'est Kashgar (715), qui subissent la razzia, entraînant systématiquement massacres, déportations, conversions de masse, application de la charia et surtout : mise en place d'une aristocratie étrangère à la tête des cités, des États et des empires, dont le principal dessein était de s'enrichir par le pillage, de convertir par la force et de détruire les cultures et les traditions autochtones.
En 715, Kashgar, la porte de la Chine est donc prise. Dans le cours du siècle suivant un génocide ethnique et culturel extermine les bouddhistes de Transoxiane et les peuples indo-européens caucasoïdes assimilés aux Tokhariens du bassin du Tarim.
En 751, Khotan, cité millénaire de la route de la soie associée au passage du désert du Taklamakan, est prise. C'est-à-dire qu'elle est pillée. En, 786, c'est Kaboul qui subit elle aussi la première de ses innombrables razzias.
Malgré le chaos et les tourments des guerres incessantes, un tel rassemblement de peuples et un si vaste empire, gouverné non pas par un empereur ou un roi mais par un dieu et la parole de son prophète, permirent d'unifier et de pacifier des régions jadis hostiles à la civilisation. Le commerce s'en trouva augmenté, car facilité. La loi coranique devint la base religieuse et juridique d'une civilisation commune à des peuples aussi disparates que les Berbères, les Tamouls ou les Huis.
Combattu et dégradé sur son front nord, l'hindouisme va, dès le 9e siècle, s'étendre vers les îles de l’Indonésie. Le brahmanisme et le système des castes s'imposent à Bali comme structure sociale de référence. Vers l'an 800, l’hindouisme est présent dans les îles des Philippines (Moluques).
Mohammed ayant été un commerçant spécialisé dans la défense armée des caravanes qui traversaient le désert d'Arabie, l’islam s'est naturellement développé selon deux ressorts principaux : l'un guerrier, l'autre commercial. L'empire que le sabre avait conquis, le commerce le maintenait et la religion l'augmentait. De plus, les conversions volontaires parmi les aristocraties locales permettaient à cette religion de s'ancrer dans les nations. Aux hordes de pilleurs succédaient les prédicateurs, les imams et les dignitaires du culte, seuls à pouvoir rendre la justice selon les préceptes du Coran.
De Venise à Xi'an, sur quelque 8000 kilomètres de distance, le commerce et ses bénéfices se faisaient selon la bienveillance de l'islam et de ses partis. Par conséquent, la suprématie économique des Arabes dans le monde médiéval était sans partage. En comparaison des fastes orientaux et des harems de Bagdad, les châteaux forts et les teintures européennes devaient paraître humbles et ternes.
L'hégémonie et l'insolente réussite islamique prirent cependant fin à deux dates symboliques : en 1494, Colomb découvre l'Amérique et en 1498, le Portugais Vasco de Gama ouvre le passage au sud de l'Afrique vers l'Inde. Ces deux voyages permirent d'enfin contourner la route de la soie, mais aussi celle des épices, pour se procurer directement les produits asiatiques à leur source.
En Europe, en 712, soit pas même un siècle après la mort du prophète Mahomet, les Arabes s'emparent de l'Andalousie et dépossèdent de leur autorité les dynasties wisigothes et catholiques. Les Maures saccagent puis détruisent les royaumes germaniques de la péninsule Ibérique. Bientôt commencent les incursions et les razzias en territoires franc et ligure. La progression islamique se heurte pourtant à une véritable résistance des Francs qui dominent alors l'Europe et dont le goût des combats violents, des tournois, des joutes et des duels, en font des adversaires de valeur.
Dans une Europe ou le polythéisme n'est plus qu'une saveur que l'on dépose sur une morale judéo-chrétienne, Charlemagne est sacré empereur et protecteur des chrétiens. C'est un roi qui dialogue avec l'ennemi maure, mais qui s'oppose à ses invasions. Ces dernières sont stoppées du côté méridional des Pyrénées.
En 732, non loin de Poitiers, le maire du palais du roi des Francs, Charles Martel (« Charles le Marteau », du nom de son arme favorite) défait une campagne de razzias menée depuis le midi et qui menaçait directement Paris et le bassin Seine-Rhône-Rhin-Danube. En 736, ceux que l'on nomme les Sarrasins, sont malgré tout à Avignon, où ils ont fondé un royaume. Ils sont installés pour commercer mais aussi pour mener des pillages en Provence et dans les Alpes.
Les îles de la Méditerranée sous contrôle arabe ou ravagées par eux, la paix n'est plus assurée dans cette mer. Les pirates arabes font peser sur les voyageurs qui l'empruntent le risque d'être capturé et réduit en esclavage. Des navires arabes pillent les embouchures des principaux foyers de population des côtes ligures, françaises et adriatiques. En 827 et 831, les Arabes débarquent et procèdent à des razzias en Sardaigne, puis en Sicile, deux royaumes insulaires normands. Ces offensives sont repoussées à chaque fois. Rome est malgré tout pillée.
Dès 636, Jérusalem et la Palestine, qui appartenaient à des royaumes francs, passent aux Arabes. Des siècles de guerres territoriales et religieuses vont marquer la cohabitation des Européens et des Arabes en Palestine, pour culminer dans les croisades (1096 à 1270), que mena l'Occident afin de libérer et venger leurs alliées de Palestine et d'Asie mineure.
Des royaumes francs vivaient depuis le début du premier millénaire en terre palestinienne, en parfaite cohabitation avec les tribus berbères, juives, arabes et hellènes. Mais quand l'islam s'implanta dans la région, la charia s'appliqua. Ceux qui ne se convertirent pas, ni ne prêtèrent allégeance à Allah, à Mahomet et aux califes et vizirs qui représentent leur autorité sur Terre, furent massacrés.
En quelques années, de terre chrétienne, la Palestine devint musulmane. Les croisades furent aussi dévastatrices qu'inefficaces, principalement à cause des rivalités entre les roitelets européens, plus attirés en Terre sainte par le pillage que par la sauvegarde réelle des intérêts de la chrétienté ou la protection pérenne des royaumes francs de Palestine. Alors que les troupes de Saladin s'amassaient en vue d'imposer l'hégémonie islamique sur ce côté du bassin méditerranéen, les armées chrétiennes, désorganisées, corrompues, aux mains de la trouble organisation templière, ne réussirent jamais à véritablement disputer le pouvoir aux Arabes et c'est dans des bains de sang inutiles que se finirent la plupart des croisades. Aussi, après avoir été souvent chassé temporairement du littoral palestinien, l'islam y est finalement demeuré pour ne plus en repartir.
Cependant, la vertu des croisades est d'avoir éloigné pour quelques siècles la guerre en dehors de l’Europe, en canalisant loin des terres anglaises, picardes et gasconnes, la violence qui minait le Moyen-Âge européen. Par ailleurs, les croisades confortèrent encore le pouvoir de la papauté. Enfin, les croisades eurent pour effet de marquer un arrêt définitif à l’expansion arabe en détournant les forces arabes d’Espagne vers le Moyen-Orient, ce qui laissa quelques siècles de répit à l'Europe.
Par la suite, contenu dans ses frontières naturelles, l'Empire arabe s'effondra en quelques décennies, remplacé par celui des Turcs, nomades d'Asie centrale qui se convertirent très vite à l'islam pour infiltrer la noblesse perse et mongole. Ce sont les Turcs qui envahirent les Balkans et menacèrent Vienne en 1529. À cette date, la menace arabe ne se limitait plus qu’à de la piraterie sans grande envergure.
Né à Tikrit, en Irak, à plus de 1000 km de Jérusalem, Saladin régna comme maître incontesté du monde musulman, ce qui fut assez rare dans l'Histoire de cette civilisation pour être remarqué. Après avoir été gouverneur d’Égypte et avoir remporté un nombre impressionnant de batailles, c'est lui qui incarnera aux yeux de la noblesse chevaleresque franque le plus redoutable, le plus admiré et le plus craint de tous leurs ennemis. Le nom du Grand Saladin, dont le nom signifie « la rectitude de la foi » évoque encore de nos jours une profonde admiration mêlée à une peur viscérale. L'intelligence, la diplomatie, la noblesse, mais aussi le fanatisme, la cruauté et l'indifférence totale envers la mort des soldats et des populations ennemies, ont fait de Saladin le plus grand des généraux arabes que connut l'âge d'or de cette civilisation.
En 1187, il adressait cette profession de foi à ses vizirs et aux nations sous son contrôle…
« Tuer les infidèles est plus légitime que l'eau de pluie ; c'est le devoir des sultans et des rois » (cité par G. Chauvel, dans Saladin Rassembleur de l'Islam).
… tandis qu'à travers le Dar Al-islam, son appel résonnait ainsi :
« Mobilisation générale. Que l'on nous croit ou non, notre seul objectif en cette vie qui nous a été accordée, est la lutte contre l'incroyant. » (Lettre à Touran-chah, ibid.)
C'est lui qui reprendra Jérusalem, ce qui poussera les puissances occidentales à s'unir pour répondre à l'appel du Pape afin de délivrer la Terre sainte.
En revanche, en Espagne, grâce à des siècles de lutte acharnée ayant mobilisé les forces de très nombreux monarques francs et goths, la croisade de la Reconquista fut un succès.
C'est au 10e siècle, que l’Europe chrétienne, mais surtout franque, célèbre ses premières victoires significatives : Barcelone est reprise en 985, de même qu'en 990 les Maures sont chassés des Alpes, dont ils terrorisaient la population en menant des razzias tout au long des vallées d'altitude, riches en étapes commerciales. Libérés de la menace islamique, les pouvoirs du roi de France et ceux du Pape s'étendent alors sans obstacle sur l’Europe continentale.
En 999, durant la Grande Peur de la fin du monde, renforcée encore par un épisode de peste et de famine, le maître de l'Al Andalou, le redoutable Almanzor pille la ville sainte de Compostelle. Cet événement provoque une telle vague d'indignation et une telle soif de revanche à travers les seigneuries européennes que la Reconquista reprend. Des comtes, des ducs, des chefs, des volontaires normands se joignent aux Goths et aux Francs, afin de résister à l'Empire des Maures (qui s'étendait du Sahara jusqu'aux Pyrénées).
Quelques siècles, le front s'est stabilisé au milieu de l'Espagne, qui devint alors une zone tampon que les puissances franques et normandes surveillaient et armaient pour qu'elle soit un bouclier contre les Maures, qui sans cela, auraient dévasté l’Europe en y pratiquant les mêmes razzias que de l'autre côté de l’Eurasie, dans les plaines du Penjab et dans la vallée du Gange et de l'Indus.
La frontière se stabilisa donc quelque temps dans les plaines de l'Aragon et du Léon, ce qui créa un pays sans droit, ni loi, qui fit le bonheur des trafiquants et fut le refuge de bandes armées de renégats et de soldats en déroute. Les déserts semi-arides qui entourent l'Aragonais, comme celui des Bardenas Reales devinrent de véritables repères à brigands, qui n'hésitaient pas à rançonner les commerçants.
À la prise de Grenade en 1492, la charia fut abolie ; les musulmans et les juifs durent soit se convertir afin de participer à la ré-hispanisation de la péninsule Ibérique, soit quitter l'Espagne au plus vite.
De l’époque où les musulmans commencèrent leur conquête vers 632, l’Histoire de l’Inde devint une longue et monotone série de meurtres, de massacres, de spoliations et de destructions. C’était comme toujours au nom de la Guerre Sainte et de leur foi en un dieu unique que les barbares détruisirent des civilisations et anéantirent des races entières.
Après la mort du prophète Mahomet en 632, l'islam, c'est-à-dire littéralement, « la soumission à Dieu », et qu'il faut comprendre comme « la soumission au dieu unique des Arabes », s'est étendu très rapidement des côtes atlantiques à celles du Pacifique. En moins de quatre siècles, toutes les nations du monde, à part celles d'Amérique ou d’Océanie, sont sous domination musulmane (Afrique, Asie, Moyen-Orient), ou craignent de le devenir (Europe).
Les plus anciennes traces de présence de l’islam en Inde remontent à l'époque même où vivait Mahomet. Des communautés arabes, de longue date installées au Tamil Nadu et au Kerala, avaient propagé dans leur communauté sa parole et la première mosquée indienne, la mosquée Cheraman Juma, dans le Kerala, fut construite en 629, soit trois ans avant la mort du prophète.
Ces premières communautés de fidèles étaient des commerçants, des navigateurs, parfois des petits agriculteurs convertis, et ils n'avaient aucun intérêt à semer le trouble dans leur pays d’accueil. Cette cohabitation pacifique entre musulmans et populations locales explique pourquoi, alors que l'Inde du Nord était ravagée par des guerres menées par des mercenaires venus de Perse et d'Arabie, dans le sud du pays, la paix régna encore pour quelques siècles de plus.
À l'inverse de l'Europe, où les rois catholiques francs, normands et goths stoppèrent, puis chassèrent les arabo-musulmans d'Espagne, de France, de Sardaigne, de Sicile, et plus tard, des Balkans, l'Inde dut subir presque un millénaire complet d'une occupation militaire, religieuse et culturelle qui faillit lui être fatale. L'islam et ses dirigeants furent imposés aux Indiens si longtemps et d'une manière si brutale, que l'on ne saurait comprendre l'Inde si l'impasse était faite sur cette période funeste mais essentielle de son Histoire. L'irruption de l'islam dans le sous-continent fut la cause principale de la décadence irrémédiable d'une culture raffinée et d'un pays jadis prospère et en avance scientifique sur son temps.
En tentant d'imposer un dieu importé d'Arabie, un livre rédigé dans une langue étrangère, ainsi qu'un gouvernement unique à tous les peuples de l'Inde, les conquérants musulmans arabes, turcs et persans, commirent un des pires crimes qui puisse être imputé à une puissance d'occupation : empêcher à ceux que l'on tient sous le joug de l'épée, de continuer à vivre leur vie, d'aimer leurs dieux et d'honorer leurs traditions, pour la simple et cruelle raison qu'ils ne furent pas supérieurs à leurs envahisseurs dans les arts de la guerre et dans le vice du commerce (deux domaines que les hindous méprisaient mais dans lesquels leurs nouveaux maîtres excellaient).
La technique de combat de la razzia consiste à piller de manière rapide et préparée une zone géographique plus ou moins étendue. Suite au pillage, qu'accompagnent viols et massacres, les troupes se retirent aussi vite qu'elles sont apparues, en ne réclamant ni terre, ni suzeraineté. Après avoir dévasté des contrées sur plusieurs centaines de kilomètres et brûlé et profané tous les temples rencontrés en chemin, les armées arabes se retiraient, charrettes pleines de trésors, prisons roulantes pleines de femmes et d’enfants, de filles, d'hommes enchaînés (qu'on fouettait pour qu'ils ne s’effondrent pas de fatigue).
Dans Islamic Jihad : A legacy of forced conversion, imperialism and slavery, l'historien M. A. Khan nous renseigne en ces termes sur l’originalité des guerres musulmanes en Inde :
« Il y avait bien sûr des guerres dans l'Inde préislamique, mais elles n’aboutissaient pas à l’esclavage, ni aux ravages ou aux massacres à grande échelle, ne détruisaient pas les sites religieux, ni les récoltes, ni les paysans. Les batailles étaient habituellement menées en rase campagne et mettaient en contact des armées régulières. […] Il n’y avait pas de concept de razzia, c’est pourquoi les Indiens ne s’attendaient pas aux massacres qui les attendaient. Les Indiens étaient forcés de fuir dans la jungle ou dans les montagnes ou de faire face aux massacres, ou à la réduction en esclavage et à leur exploitation impitoyable, tandis que leur société était réduite puis détruite. Les musulmans attaquaient constamment les populations indigènes, les populations idolâtres et parfois se battaient également entre eux au cours de révoltes de généraux, de chefs ou de princes durant toute la période de l’occupation islamique. »
Du fait de cette technique de guerre déloyale, il était très difficile aux nations indiennes de résister à la puissance de destruction déployée par les armées arabes en campagne, dont les mouvements étaient décidés à l’instinct et inspirés par le fanatisme religieux. Au contraire, les armées indiennes étaient composées de mercenaires salariés. Or, les rajas qui avaient tant investi dans leur armée de fonctionnaires, n'avaient aucun intérêt à les voir mourir au combat.
En effet, les soldats indiens appartenaient à la caste des kshatriyas (« guerriers » en sanskrit) ; ils considéraient comme leur devoir de défendre leur nation, mais non d'envahir leurs voisins. De fait, face à des armées nombreuses, bien entraînées mais qui ne bataillaient qu'en ultime ressort, et seulement si tous les autres moyens diplomatiques avaient été épuisés, les forces musulmanes, ne craignant ni la mort ni le déshonneur, rompues à toutes les techniques de la piraterie, ne connurent aucun obstacle.
La première razzia sur le territoire indien date de 636, lorsqu'à la suite d'un acte de piraterie de la marine gujarati, une campagne éclaire menée par les Arabes pilla l’embouchure de la Narada, un des foyers du commerce et de l’économie indienne.
D'abord sporadiques, les razzias devinrent plus fréquentes après l'an 700, pour devenir régulières et systématiques vers l'an 1000, jusqu'à l'invasion et la domination totale de l'Inde par les musulmans vers 1200 et après.
Constatant depuis un demi-siècle que les proches vallées du Gange, de l'Indus et de la Yamuna n'étaient pas bien défendues, en 711, les premiers musulmans arabes, conduits par Muhammad Bin Qasim, arrivent dans le Sindh, sur la rive occidentale de l'Indus.
En 712, en représailles à une attaque de la piraterie indienne sur les navires de commerces arabo-perses, les troupes islamiques remontent la vallée de l'Indus en la dévastant, pour prendre et piller Multan, ville prospère et capitale du Penjab. Lors de la bataille de Multan, la suprématie au combat des Arabes est presque miraculeuse : accompagné de seulement 6000 cavaliers et fantassins, le célèbre général Qassim dévaste la région du Sindh, et démolit tant qu'il le peut tous les temples qu'il rencontre, tandis que les 50 000 soldats hindous qui leur font face ne peuvent les arrêter. Tout comme Alexandre n'avait pour cible que Darius et non son armée, les musulmans avaient concentré leurs efforts sur la personne du raja, qui perdit la vie durant la bataille… Ce qui eut comme conséquence la sédition et la débandade de ses troupes.
De 712 à 715, les campagnes de Youssouf Sakifi dévastent toute l'Inde du Nord. Qasim organisa des raids menés depuis Karachi, dont l'objectif était le pillage des villes prospères du Gujarat et du Rajasthan (cependant, pour avoir violé deux princesses hindoues destinées au harem d'un calife, Qasim fut rappelé et exécuté en étant cousu vif dans une peau d’animal).
Les États qui tombaient sous domination musulmane furent systématiquement pillés, et leurs populations massacrées. Des impôts furent prélevés auprès des nations conquises, et les membres des familles royales furent maintenus en détention tant que ces tributs n'étaient pas versés. Les Indiens des castes inférieures, comme les agriculteurs Jats, furent considérés comme des prisonniers de guerre et déportés. Les premières communautés musulmanes autochtones d'Inde du Nord, c'est-à-dire composées d'Indiens convertis, furent donc celles qui émergèrent des camps de réfugiés du Sindh. Elles étaient « composées de larges groupes d’esclaves convertis de force à l’islam et d’un petit nombre de maîtres arabes » (M. A. Khan, op. cit.) Jacques Dupuis, dans son Histoire de l'Inde, résume très bien la situation :
Il y eut des conversions forcées, surtout au début : un certain nombre d'hindous se convertirent pour échapper à la mort. Mais, lorsque le pouvoir des sultans fut établi dans l'Inde, l'attrait des avantages sociaux devint plus efficace que la contrainte. En effet, l'égalitarisme musulman efface toute distinction officielle entre les conquérants et les hindous convertis : celui qui s'est converti devient, en principe, l'égal des vainqueurs ; il cesse de payer l’impôt spécial que paient les infidèles (le jizya) ; il peut prétendre à toutes les fonctions qu'exercent les autres musulmans ; et il est fondé en droit à partager leurs privilèges. Aussi, les musulmans deviennent-ils nombreux dans le nord de l'Inde.
Le Sindh est donc islamisé puis annexé à l'Empire des califes, qui s'étend dès lors de Grenade à l'Indus. Plus à l'est, pour quelque temps encore la progression musulmane va être ralentie, les États de la vallée du Gange, farouchement hindous, lui opposant une véritable résistance. L'état montagneux du Cachemire demeurait lui aussi encore hindou. Il était dirigé par le raja Lalitaditya (v. 724 - 760), alors maître d'un empire qui s'étendait du Ladakh aux plateaux supérieurs de l'Indus.
Ne se contentant plus du pillage et de la déportation des biens et des esclaves en terre islamique, les colons musulmans qui s'étaient installés en Inde tentèrent de soumettre sa population au choix suivant : se convertir et demeurer sur leur terre, ou mourir. Cette dernière option comportait comme variantes l'esclavage et la prostitution (bien souvent accompagnés de déportation). Dans un premier temps, face à la masse démographique des hindous et des animistes, les conquérants musulmans accordèrent le statut de dhimmis aux hindous, pourtant réservé normalement aux seuls peuples du Livre. Lorsque l'on demanda au sultan Iltutmish (v. 1236) pourquoi il ne donnait pas le choix aux hindous entre la conversion ou la mort, il répondit :
En ce moment en Inde les musulmans sont aussi peu nombreux que du sel dans un grand bol, mais après un certain nombre d’années, lorsque les musulmans seront bien établis et que leurs forces seront plus importantes, il sera alors possible de donner aux hindous le choix entre la mort et l’islam.
En s'acquittant d'une taxe (la jizya), les dhimmis achetaient la tolérance des musulmans. En conséquence, leur religion n'est pas interdite et ils n'étaient ni persécutés, ni réduits en esclavage. La jizya n'était pas la seule taxe imposée aux non-musulmans. Ceux-ci devaient aussi s'acquitter d'autres impôts qui leur étaient propres.
Enfin, il était interdit aux Indiens « mécréants » de marier leurs femmes à des musulmans, ou de se marier eux-mêmes à des femmes musulmanes. Il leur était par ailleurs interdit d'édifier des temples et de prier en public.
« La conquête arabe eut pour effet de figer les diverses Églises orientales dans les positions qu'elles occupaient. À la différence de l'empire chrétien, qui avait tenté d'imposer l'uniformité religieuse à tous ses ressortissants (idéal jamais réalisé, puisque les juifs ne pouvaient être ni convertis ni expulsés), les Arabes, comme avant eux les Perses, étaient disposés à accepter les minorités religieuses, pourvu qu'elles fussent des « gens du Livre ». Les chrétiens, avec les zoroastriens et les juifs, devinrent des dhimmis, ou « protégés », dont la liberté de culte était garantie par le paiement de la djizya : d’abord taxe de capitation, celle-ci devint rapidement un impôt de remplacement du service militaire, auquel on ajouta un nouvel impôt foncier, le kharadj. Chaque secte fut traitée comme un milet, communauté semi-autonome à l'intérieur de l'État, chacune d'elles étant placée sous l'autorité de son chef religieux, responsable de sa bonne tenue devant le gouvernement du calife. Chaque communauté devait garder les lieux de culte qu'elle possédait au moment de la conquête, arrangement qui convenait mieux aux orthodoxes qu'aux chrétiens schismatiques, puisque Héraclius avait récemment affecté plusieurs églises à leur usage. La dernière règle connut quelques entorses : les musulmans annexèrent certaines églises chrétiennes, telle la grande cathédrale Saint-Jean de Damas, et détruisirent périodiquement d' autres sanctuaires ; dans le même temps, on construisit un grand nombre d'églises et de synagogues. Les docteurs musulmans de la loi permettaient en effet aux dhimmis de construire des bâtiments, pourvu qu'ils ne fussent pas plus hauts que les édifices musulmans et que le son des cloches et des offices ne vînt pas troubler l'ouïe des fidèles de l'islam. En revanche, on ne tolérait aucune exception à la règle selon laquelle les dhimmis devaient porter des vêtements particuliers et ne jamais monter à cheval. Ils ne devaient pas offenser en public la religion des musulmans, ni essayer de les convertir, ni tenter d'épouser leurs femmes, ni parler dédaigneusement de l'islam. Et il leur fallait rester loyaux envers l’État. » S. Runciman, Histoire des Croisades.
Le dhimmi doit se plier à un bon nombre de règles qui ont pour but de sauvegarder les intérêts de l'islam, telle que l'interdiction d'évangéliser ou de faire du prosélytisme. Il lui est totalement interdit de critiquer, de blasphémer ou de se moquer d'Allah et de Mahomet, sous peine d'expropriation et de mise à mort. Il est aussi interdit aux dhimmis d'exprimer leur attachement à leur religion, de même que de prier dans l'espace public ou de revendiquer sa religion.
Bien évidemment, le Coran enjoint aux dhimmis de ne pas tuer un musulman (sourate 4, 93), ni de l'expulser de chez lui (2, 85 et 86), ni de lui faire subir des épreuves (85, 10), ou encore de rompre une promesse (9, 95 et 96).
Le dhimmi ne doit pas non plus, par son attitude, enfreindre les lois de la charia, comme porter atteinte à la famille ou à la morale, en étant par exemple efféminé. Bien sûr, il lui est totalement interdit d’espionner contre l’islam, mais aussi de prendre parti contre l'islam si la communauté islamique est attaquée. En cas de guerre contre une nation infidèle, le dhimmi ne doit donc pas prendre parti contre un belligérant musulman. Enfin, un dhimmi n'a pas le droit de porter les armes, et doit rester soumis à l'autorité de l'islam.
De même, les dhimmis ne peuvent adopter d’enfants musulmans ni léguer leur héritage à des musulmans. Les dhimmis ne peuvent pas non plus hériter d'un musulman. De telles ségrégations ont été voulues par Allah et Mahomet afin que l'islam ne se détériore pas ni ne se corrompe au contact des peuples infidèles.
Occasionnellement, il peut être demandé aux dhimmis, comme cela était le cas encore au Maroc dans les années 1930, de se vêtir distinctement et de cacher leurs femmes, de ne pas posséder de cheval, de ne monter que des ânes ou encore d'enterrer leurs morts sans faire entendre de lamentations. Par ailleurs, afin que les dhimmis ne montent pas l’échelle sociale, ni ne prennent une quelconque importance en terre d'islam, le fonctionnariat leur est traditionnellement interdit.
Enfin, si la justice de Dieu s’appliquait en principe à tous, celle des hommes était réservée aux seuls musulmans, car un mécréant était systématiquement considéré comme n'ayant aucun droit. Pour les emplois publics, les plus hautes places dans l'armée, l'enrôlement des artistes de cour, dans toutes ces catégories professionnelles, le candidat devait être musulman pour être investi. Quant aux classes éduquées mais mécréantes, tels les brahmanes, il s'agissait de les castrer ou de leur ôter la liberté, puis de les employer comme comptables ou collecteurs d’impôts, sur le modèle des eunuques et des janissaires.
Les nouveaux maîtres de l'Inde finirent par révoquer le statut de dhimmi pour les hindous, les bouddhistes et les jaïns, qui dès lors devinrent des citoyens de troisième zone dans leur propre patrie. Les idoles, les « murtis » dont le culte est essentiel à la branche hindoue que l'on appelle la bhakti (« la dévotion ») furent détruites, de même que les statues et les images des divinités hindoues, dont la vue contredisait les versets du Coran qui condamnent toute représentation du divin, du prophète ou même de tout ce qui pourrait être figuratif (Allah étant indescriptible et seul créateur de ce qui doit être).
Aux yeux des musulmans, dont la foi était neuve, vaillante et bientôt impériale, les dieux hindous n'étaient que des démons, ou des djinns, que les Indiens adoraient par sorcellerie, idolâtrie ou pure bêtise.
Par ailleurs, culte carnivore s'il en est, l'islam imposait chaque année durant le ramadan, l'exécution de centaines de milliers de vaches, qui servaient aux agapes nocturnes qui célébraient la fin du jeûne. La vache étant un animal sacré, traité par les hindous à l’égal d'une mère, les Indiens observaient donc avec un immense effroi l'envahisseur imposer des coutumes qui consistaient à jeûner tout le jour durant, pour ensuite se repaître de viandes grillées toute la nuit suivante.
Ne craignant aucune menace à ses frontières orientales, occidentales et septentrionales, les conquérants islamiques entreprirent l'épuration ethnique et culturelle de leur vaste territoire. Commencée en 780 en Mésopotamie sous le règne du troisième calife abbasside Al-Madhi, une vaste inquisition va être menée presque trente ans durant, à l'encontre non seulement des polythéistes, mais aussi des monothéistes qui ne respectent pas l'unité de Dieu et professent à la place la dualité ou la pluralité d'un dieu unique.
L'inquisition musulmane reposait sur l'observation et la dénonciation de tous les maîtres spirituels du manichéisme, du christianisme, et du zoroastrisme, qui professaient que Dieu n'était pas « un et indivisible », mais « un divisible en trois », comme le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ou « divisible en deux », comme le Bien et le Mal des théories dualistes inspirées de l'ancienne Perse. Les comportements suspects, les théories hétérodoxes, étaient aussitôt rapportés au calife, qui pouvait décider d'un procès, qui menait invariablement vers une mise à mort pour mécréance et diffusion d'idées fausses et idolâtres.
L'inquisition islamique se répéta durant le règne du calife suivant, Al-Hadi, tout comme sous celui de son successeur le calife Al-Rachid, qui finit tout de même par l'abolir avant de mourir en 809. Cependant, les persécutions ne s’arrêtèrent pas pour autant.
Un siècle plus tard, durant la première partie du 10e siècle et le règne du 18e calife Al-Muqtadir, les persécutions envers les manichéens sont telles que seulement 500 d'entre eux réussirent à quitter la Mésopotamie vivants et à fuir à travers l'Iran pour s'installer à Samarcande, ville de commerce cosmopolite. Cette ville prospère fut la nouvelle demeure pour quelques siècles encore de leur patriarcat, avant que les musulmans ne les en chassent de nouveau… Suite à quoi ils furent contraints de suivre la route de la soie vers l'est, pour subsister encore quelques siècles dans les steppes mongoles et s'introduire enfin en Chine, où se situe encore aujourd'hui le dernier temple manichéen encore en activité (Cao'an, Fujiang).
En l'an 1000, la Perse, l’Afghanistan, toute la Mésopotamie et l’Afrique du Nord sont composés de populations majoritairement musulmanes. Quant aux minorités religieuses et ethniques, elles sont maîtrisées, soumises et vivent dans la crainte et l'humilité.
La persécution qu'ils subissent en Perse pousse les derniers zoroastriens à émigrer en Inde, où ils s'affairent alors dans les métiers réservés aux castes nobles mais subalternes, comme le commerce, l'usure ou l'administration. Ce sont les « farsis », c'est-à-dire les Perses qui vivent en dehors de leur patrie ancestrale.
L'islam a pu s’étendre plus à l'est de l'Indus, par le média d'un commerce florissant, qui accoste les rives de l'Indonésie et propose des réductions à l'importation aux commerçants et aristocrates locaux qui se convertissent.
Très vite, attirées par les traités d'alliances et le commerce florissant des arabo-perses, les tribus turques et mongoles d'Asie centrale se convertissent rapidement, puis continuent de mener, à présent au nom du djihad, la guerre permanente qu'elles avaient de tout temps menée aux civilisations sédentaires.
En 1006, la ville la plus prospère du bassin du Tarim, Khotan, tombe sous la domination des Turcs musulmans et sa population indo-européenne est éradiquée (de sorte que l’on crut jusqu'à de récentes découvertes archéologiques que ces peuples à la peau blanche et aux cheveux roux, mentionnés par les chroniques chinoises, appartenaient au domaine de la mythologie et des aberrations légendaires…)
En 1200, durant le règne de Khorezm, les bouddhistes d’Ouzbékistan (anciennement Sogdiane et Transoxiane) sont eux aussi massacrés en très grand nombre et leurs temples rasés pour édifier à leur place des mosquées et des bases militaires. Le même sort frappe leurs coreligionnaires afghans ou penjabis. Pour l’islam, tout ce qui n’est pas musulman provient d’un temps d’ignorance, « jahiliya », et doit être détruit et rebaptisé « islamique ».
Après les premières razzias qui le frappèrent au début du 8e siècle, le territoire de l'Afghanistan actuel est en l'an 1000 presque entièrement islamisé. Et ceci, grâce à une campagne définitive menée par Subuktigin de Ghazni, qui anéantit sa population hindoue et bouddhiste. Les cols d'altitude qui servent de passage aux biens et aux esclaves entre l'Inde, l'Asie centrale et le monde perso-arabe, prirent alors le nom d'Hindu Kush, qui veut dire littéralement « le massacre des hindous ». Ibn Battuta, qui traverse la région vers 1333, signale en effet qu' « il y a au milieu de la route une montagne nommée Hindu Kush, c'est-à-dire « qui tue les Hindous », parce que beaucoup d'entre les esclaves mâles et femelles que l'on emmène de l'Inde meurent dans cette montagne, à cause de la violence du froid et de la quantité de neige. » Selon un chroniqueur musulman, à la suite du raid et de la capture d'esclaves par le sultan turc Subuktigin de Ghazni (942 – 997) : « [les esclaves] étaient si nombreux que leurs prix tombèrent très bas… » Loin de s’offusquer du nombre élevé de victimes innocentes, le même chroniqueur ajoute : « la condition des hommes était dégradée mais c’est là la bonté d’Allah de faire pleuvoir les honneurs sur sa propre religion et de dégrader les infidèles. »
En 980, le sultan Subuktigin de Ghazni envahit le Gandhara, dernière poche hindoue dans la région. Son roi, le Raja Jaya Pala, dont la demeure était dans la capitale Kaboul, est déporté et meurt en captivité. Selon Victoria Schofield, historienne des armées :
Subuktigin avait pour objectif l'expulsion de tous les hindous de la vallée de Kaboul ainsi que du Gandhara, et pour cela il menait une guerre sainte contre les hindous qui avaient habité ces régions [depuis la fin du troisième millénaire avant J.-C.]
Affairé à unir les provinces afghanes sous la bannière islamique, Subuktigin de Ghazni meurt durant une campagne qui l'avait mené jusqu'à la ville prospère et triplement millénaire de Bactres. Son fils aîné Ismaël lui succéda quelque temps, avant qu'il ne soit assassiné par son frère cadet, qui deviendra le redoutable Mahmoud de Ghazni. En 40 ans de carrière, ce dernier ne perdit pas une seule bataille.
De la mort de Subuktigin en 997 jusqu'en 1300, les tribus turco-afghanes originaires d'Asie septentrionale s'imposeront comme les maîtres du Penjab, de la Bactriane, mais aussi de l'Asie mineure et d'une partie de l'Europe balkanique. Ils donnèrent naissance aux dynasties ghaznévide, ouïgoure et ottomane.
Mahmoud de Ghazni (971 - 1030) est l'un des conquérants les plus cruels que la Terre hébergea pour le malheur de l'humanité. En 25 ans, de 1001 à 1026, il va piller l'Inde du Nord pas moins de 17 fois. La destruction des temples hindous est systématique, de même que la réduction en esclavage des femmes et des enfants. Les villes sacrées de Somnath, dédiées à Shiva, Matura, la ville de Krishna, et Kanauj, la capitale des Harshas (dynastie hindoue qui régnait sur les rives du Gange) sont saquées.
Le Tarik-i-Yamini écrit par Al-Utbi, le secrétaire de Mahmoud de Ghazni, documente de nombreux épisodes de ses campagnes militaires sanglantes. Nous apprenons alors que dans la ville de Thanesar :
« Le sang des infidèles coulait si copieusement que le fleuve était décoloré, nonobstant sa pureté, et que les gens ne pouvaient plus en boire l’eau. Les infidèles désertèrent le fort et tentèrent de traverser la rivière fumante mais beaucoup furent massacrés, pris ou noyés, près de 50 000 d’entre eux furent tués. […] Les épées envoyaient des éclairs au milieu des ténèbres de la mêlée et des fontaines de sang coulaient comme à la chute des étoiles du matin. Les amis de Dieu défièrent leurs adversaires… Les musulmans firent s’abattre leur vengeance sur les infidèles, ennemis de Dieu en tuant 15 000 d’entre eux… En faisant de la nourriture pour les bêtes sauvages et les oiseaux de proie… Dieu récompensa ses amis par des butins au-delà de toute mesure et espoir, incluant 500 000 esclaves et de magnifiques hommes et femmes. »
Toujours selon Al-Utbi, après la prise de Thanesar, l’armée musulmane ramena 200 000 captifs à Ghazni, en Afghanistan, 900 km plus à l'est, de l’autre côté des redoutables cols enneigés de l'Hindu Kush. En 1019, 53 000 esclaves furent pris. Il fut enregistré dans les annales de l'administration que la part du calife, qui représentait 1/5e des prises, s'élevait à 150 000 captifs, ce qui suggère un nombre total de 750 000 esclaves. 500 000 furent pris en une seule campagne.
Mahmoud de Ghazni va aussi piller par deux fois le temple shivaïte de Somnath. Lors du second sac, en 1026, le Shiva Lingam du temple (la pierre sacrée symbolisant le pouvoir de procréation du dieu sauvage) est détruit. Des centaines de sadhus prennent soudain les armes pour défendre leurs temples mais chacun d’entre eux est massacré ou réduit en esclave. Certains sont torturés pour l'exemple, tandis que les murs de leurs temples sont enduits de naphtaline puis incendiés pour qu'il n'en reste rien que des gravats. L'incendie de la ville de Somnath dura 20 jours, durant lesquels les statues, les icônes d'argent et les offrandes dédiées aux divinités hindoues furent réduites en lingots ou taillés en pierres précieuses afin qu'ils soient rapatriés en territoire islamique, sur le dos de milliers de chameaux.
Quant au butin du sac de Matura, il fut estimé à trois millions de roupies. Assortis du butin de la prise de Kanauj, quelque 53 000 esclaves (Wikipédia) prirent la direction des cols enneigés de l'Hindu Kush, pour être vendus sur les marchés de Ghazni, la ville afghane dont Mahmoud de Ghazni avait fait sa capitale.
Après le Sindh, c'est le Penjab et le Cachemire, qui sont intégrés au califat à la fin du 11e siècle. Dans les chroniques du Tarikh-i-Alfi (L'Histoire du Monde), commandées par l'empereur Akbar, il est fait mention des habituels massacres de masse et des réductions en esclavage. Par exemple, pour l’année 1079, durant une énième campagne au Penjab, l'ouvrage propose le chiffre de 100 000 victimes.
Grâce à leur suprématie militaire, les Ghaznivides sont craints jusqu'au golfe du Bengale. Cependant, faute d'organisation et à cause de guerres intestines, les conquêtes de Mahmoud de Ghazni ne perdurent pas. Une fois leurs campagnes achevées, les troupes musulmanes se retirent des pays ravagés après avoir mis à leurs têtes les partis locaux qui leur avaient prêté allégeance.
L'acculturation des peuples polythéistes et animistes ne se fit pas sans mal. Le grand savant ouzbek Al-Biruni (973 - 1048), qui suivit les troupes islamiques dans leurs multiples invasions du Penjab, eut tout le loisir de contempler et même d’apprécier la culture et la civilisation hindoue. Il dégagea trois raisons essentielles qui selon lui, feront à jamais obstacle à l'épanouissement sans résistance de l'islam. Selon Al-Biruni, les deux cultures, indienne et islamique, ne peuvent véritablement communiquer à cause de la difficulté du sanskrit, qui interdit l'approche universelle et facile des textes sacrés du védisme et du brahmanisme. Il lui semblait aussi impensable que l'arabe, une langue étrangère, imposée par un envahisseur encore en petit nombre, remplace un jour le sanskrit comme langue sacrée. Un autre obstacle de taille était pour lui la trop grande différence de manières, de valeurs et de coutumes entre les deux civilisations. Au fanatisme musulman répond le racisme védique, à la parole de dieu répond la tradition élémentaire et primordiale. À l'universalisme musulman s'oppose le système des castes, à un Coran psalmodié, les hindous répondent avec la danse ou le rituel, à la prière quotidienne répond l'offrande permanente et enfin, à l'obligation d'aimer et de suivre les règles d'un seul dieu et d'un seul prophète, les hindous préfèrent une infinité de voies d'accès au divin. Enfin, pour Al-Biruni il existe un dernier obstacle majeur au dialogue interreligieux et interethnique entre hindous et musulmans, et selon ses propres mots, il s'agit « de la ferme croyance des Indiens que leur science est supérieure ». Al-Biruni écrit d'ailleurs, admiratif, que « ce qui fait la grandeur de l'Inde est son architecture, sa philosophie et sa religion. »
En effet, à la suite des conquêtes islamiques, le sous-continent émerge d'un âge d'or qui avait duré un millénaire et qui avait vu sa culture et sa mystique érigées au rang de modèle parmi les civilisations, influençant jusqu'aux lointaines civilisations gréco-romaines et polynésiennes. De fait, si les nomades turcs et mongols s'étaient convertis très vite, afin d'adopter les codes et les possibilités d'une civilisation nouvelle dans laquelle ils voulaient prendre part, au contraire, les Indiens, dirigés par des élites savantes, n'avaient aucun intérêt à renier leur riche culture et leur immense savoir, à la fois métaphysique et astronomique, pour adopter la théologie du Coran (qui à bien des égards leur parut simpliste).
L'hindouisme suggère des réponses, propose des chemins de pensées, tandis que le monothéisme abrahamique définit, juge, et rationalise la vie et l'existence tout entières. Par le fleurissement de ses cultes hétérogènes, l'hindouisme participa grandement à la diversité du patrimoine culturel et civilisationnel de l'humanité. Inversement, des Dix Commandements à la charia, en passant par les édits papaux et l'Inquisition, la croyance en un dieu unique de tradition abrahamique s'est souvent traduite par une tyrannie culturelle et religieuse qui combattait férocement tout ce qui contestait son hégémonie. En Afrique, l’islam et l’Église éradiquèrent l'animisme. En Sibérie, l'orthodoxie méprise les chamanes. En Iran, les musulmans exterminèrent les zoroastriens. En Irak, il n'y a pas même une décennie, les Yézidis furent réduits en esclavage par les troupes de Daesh. En Amérique du Nord, les Peaux-Rouges virent leurs traditions éradiquées en quelques générations par une acculturation massive et abrasive au modèle mexicain ou américain, de tradition catholique ou protestante.
Jamais l'hindouisme ou même le bouddhisme ne furent coupables de telles exactions. Autrement dit, jamais des exactions d'une telle ampleur ne furent commises en se revendiquant des religions dharmiques. Les textes hindous encourageant le meurtre des étrangers et des infidèles n'existent pas, tandis qu'ils fourmillent dans le Coran et le Talmud (dont les rédactions sont pourtant bien postérieures aux Védas). Aucun texte canonique hindou ne déresponsabilise le viol et le vol, comme cela peut se trouver dans le Talmud, qui affirme que les non-juifs valent moins que des animaux (leur viol et leur vol pouvant être tolérés sous certaines conditions). Nulle part dans les Védas et les Upanishads, ne sont prescrits la lapidation des femmes adultères, comme le recommandent les hadiths du Coran. Si les monothéismes abrahamiques sont évangélistes (à l’exception du judaïsme), exclusifs et inflexibles, les sagesses indiennes sont intimes, philosophiques et mouvantes.
Si l'on devient chrétien par un baptême, et musulman en récitant trois fois un serment, on ne devient hindou que par la naissance. Tournés sur eux-mêmes, concentrés dans leur péninsule, les Indiens n'ont jamais éprouvé le besoin de se mêler des coutumes et des croyances des autres peuples de la terre.
L'hindouisme, qu'il soit de tradition védique, vishnavite, shivaïte, tantrique ou bouddhiste, n’encourage pas la conversion, l'évangélisation ou même le sermon moral envers ceux qui ne suivent pas les lois dharmiques. Pour un hindou, celui qui ne vit pas selon la vie sainte prônée par les enseignements des gourous, se perd lui-même, et sa prochaine incarnation sera une épreuve de plus. L'hindou n'éprouve donc pas le besoin de corriger l’impie, ni même de lui faire la morale ou de lui imposer son point de vue. L'hindou sait que, selon la loi karmique, chacun recevra le lot qui lui convient et qui lui est destiné. L'hindou n'a pas besoin d'un dieu vengeur, il sait qu’il est son propre ennemi et que c'est à cause des propres actions (karma en sanskrit) qu'il sera amené, en cas de mauvaise conduite, à se réincarner en une condition plus basse de l'existence. Pour les hindous, ni enfer ni paradis éternels, mais une suite de vies mélioratives ou dépréciatives.
Alors que l'islam demande une soumission totale aux mots du Coran, que l’Église demande une fidélité unique à la figure du Christ, les hindous ne professent que l'observation du monde et la vénération de quelques dieux élémentaires.
Les dieux indiens sont des incarnations des forces vitales de l'Univers. Mais ils ne sont pas lointains, inatteignables si ce n'est dans la mort, la honte et le jugement des péchés. Au contraire, ils sont en l'homme, ils agissent en lui, s'incarnent en lui, de sorte que pour les aimer, il suffit de s'aimer soi-même, et d'accepter la condition que la destinée nous a consacrée. En terre hindoue, Dieu n'est pas un juge, mais un ami, un ange gardien, et une lumière sur un chemin. S'il porte plusieurs noms et revêt plusieurs visages, c'est pour que chacun puisse le trouver à son image, et l'aimer à sa mesure et à son goût.
Ainsi, il n'existe pas une manière de prier en hindouisme, mais des dizaines : debout, assis, allongé, rampant, en silence, dans le vacarme des clochettes, en chantant, en hurlant, en fumant, en se lavant, car toute position est considérée comme salutaire, du moment qu'elle permet de faire prospérer la vie spirituelle du croyant.
Si les hindous ne sont pas partisans des prières à heure fixe, ni des grands rassemblements dominicaux, ils pratiquent avec ferveur le yoga et de la méditation. La pratique du pèlerinage est pour eux essentielle, elle a encore un sens profond. Quand un hindou s'exprime sur ses croyances, il cite rarement les Védas, à peine la Bhagavad Gita, mais il raconte une légende, un conte ou une parabole. Les hindous ne sont pas un peuple « du livre » ; ils ne considèrent pas les mots comme un moyen d'enfermer la réalité dans une certaine dimension.
Au contraire, l'hindou est libre de créer un univers mystique qui lui est propre et de le développer en fonction de ses aspirations.
Un hindou se forme spirituellement tout au long de sa vie, sans qu'aucun clergé ne soit a priori responsable de son cheminement spirituel. À dessin, pour se parfaire dans la connaissance du monde, il peut se rapprocher d'une idole qu'il comprendrait ou apprécierait plus qu'une autre, d'un temple plus adapté à sa pratique du yoga ou même d'un gourou, qui l'aidera à suivre son propre chemin dans la vie. Il pourra même connaître plusieurs gourous dans sa vie, dont il jugera lui-même les bienfaits sur l'évolution de sa spiritualité.
Enfin, un hindou peut choisir de ne vénérer aucune idole, et de se concentrer sur sa vie intérieure. Il peut se retirer du monde. En somme, la vie d'un hindou pratiquant est une suite de possibilités, et non une suite d'obstacles.
À la différence de l'islam et du christianisme, l'hindouisme ne comprend pas qu'une vérité, mais plusieurs, qui coïncident toutes pour se compléter et donner une vision protéiforme de la réalité. Même si l'hindou adhère entièrement aux enseignements d'un maître spirituel ou d'une école de pensée, il sait qu'il existe un nombre incalculable d'autres croyances et d'autres tentatives d'expliquer le monde. Si, à la lecture du Coran et du Talmud, il peut sembler aventureux de qualifier l'islam et le judaïsme de « religions de paix », dire de l'hindouisme qu'il s'agit d'une religion de tolérance serait au contraire enfoncer une porte ouverte : les notions de djihad, de croisade, de baptême ou de « peuple élu » ne trouvent dans l'hindouisme aucun pareil, ni aucun écho.
Des hindous révèrent plutôt Shiva, d'autres plutôt Kali ou Krishna, mais tous vivent dans la tolérance. Ils n'imaginent pas qu'au nom d'un livre saint ou d'une coutume quelconque, on puisse s’arroger le droit d'imposer aux autres une manière bien précise de se comporter. Les Indiens savent bien qu'ils ont assez à s'occuper de leur propre corps, de leur propre âme et de leurs propres vies passées et futures, pour ne pas avoir à se mêler de celles des autres peuples avec lesquelles ils partagent la Terre.
Avant les razzias, les invasions, les génocides, l'esclavage et les conversions forcées, le sous-continent indien connaissait un véritable âge d'or. Au début de notre ère, la société brahmanique, héritière du védisme ancestral indo-européen, avait fait place à une société multiconfessionnelle et multiethnique où chaque communauté, malgré ses différences, vivait en harmonie. Le védisme, le shivaïsme, le vishnavisme, le bouddhisme et le jaïnisme étaient respectés dans leurs pratiques, car le principe de la non-violence (ahimsa), l'idée qu'il existe différents chemins pour rejoindre le divin, ainsi que le souci que la tradition initiale, restaient les piliers de toute secte et de tout courant philosophique ou religieux.
La sagesse védique s'étendait de l'Anatolie aux îles de l'Indonésie. Durant de longs millénaires, du Néolithique jusqu'au Moyen-Âge, une Pax Indica avait permis à des peuples aussi distants les uns des autres, comme les Chinois, les Tamouls ou les Romains, de communiquer, d'échanger, mais aussi de cohabiter. Depuis la Grèce et la Thrace, des prêtres de Dionysos faisaient le voyage vers l'Orient, afin de se familiariser avec la pensée mystique égyptienne, perse et indienne… Il semble d'ailleurs évident que les doctrines orphiques et pythagoriciennes trouvèrent leur inspiration dans la gymnosophie des yogis indiens.
Alexandre le Grand (-356 à -323) avait été reçu en Inde avec circonspection, mais sans crainte. L'immense Mère-Inde accueillait tous les conquérants, tous les voyageurs, tous les commerçants, avec la même curiosité bienveillante. Ceux qui osaient y entrer en respectaient les coutumes et même en reprenaient les traditions : Alexandre reconnut Dionysos en Shiva, et son armée fit le pèlerinage de la ville sainte de Nysa consacrée à cette divinité.
En raison des frontières géographiques naturelles du sous-continent indien (composées de déserts et de montagnes infranchissables), les royaumes ou les empires indiens ne tentèrent jamais d'envahir leurs voisins, que ce soit la Chine, le Tibet ou la Perse. Si une influence indienne existait en Indonésie et en Asie centrale (jusque dans le massif du Pamir et du Tian Shan), il s'agissait d'une présence culturelle et commerciale, mais en aucun cas militaire.
À trop vouloir donner de l'islam une image policée et consensuelle, les médias occidentaux n'hésitent pas à faire naître des mythes, comme celui que l'on appelle de l'oxymoron d' « islam des Lumières ». Derrière ce vocable, se cachent pourtant des faits historiques brutaux.
Au contact des deux monothéismes impérialistes que sont le christianisme romain et l'islam, le patrimoine de la culture mondiale, qui avait mis des millénaires à s'enrichir, fut irrémédiablement appauvri en quelques siècles. Que l'islam ait été jadis glorieux, conquérant, fier, puissant et prospère, cela ne fait aucun doute, mais il est très aventureux d'avancer, même naïvement, que cette religion se fit un jour, en quelques lieux que ce soit, le garant de la tolérance, de la liberté de penser et d'entreprendre.
Depuis quelques décennies, en Europe, il est pourtant commun de répéter que l'islam médiéval était un islam des Lumières. À l'obscurantisme catholique, alors en vogue en Europe, répondrait un islam ouvert, multiethnique et éclairé. Rien n'est moins vrai.
Si les auteurs grecs et romains de l'Antiquité furent redécouverts par des lettrés arabes et persans, il n'en demeure pas moins vrai que ces livres étaient frappés d'infamie et que les étudier en terre d'islam exposait leurs lecteurs à la calomnie. Si la philosophie grecque a bien été réintroduite en Europe à travers des manuscrits et des traductions arabes, la philosophie hellénique était cependant considérée comme hérétique et les manuscrits de Platon, d’Aristote mais aussi des sages de l'hindouisme, étaient étudiés en secret (de sorte que leur influence dans le monde islamique resta extrêmement mesurée).
Quant aux avancées en navigation et en chirurgie attribuées aux Arabes, toutes ou presque furent empruntées à la civilisation brahmanique, aux commerçants tamouls et aux médecins ayurvédiques et chinois. Le jeu d'échecs lui-même est une création indienne popularisée au Moyen-Orient par les Sarrasins, puis adoptée par les croisés en Terre sainte. Enfin, les découvertes astronomiques et algébriques des mahométans ont été exagérées et se réduisent en vérité pour beaucoup, comme le zéro, à des découvertes indiennes transmises par les Arabes en Occident par le canal de la Route des épices et de la soie.
Il est pourtant vrai que la profession de scientifique est très respectée en islam car, comme nous le rappelle un proverbe arabe, « qui connaît bien le monde, la philosophie comme la science, se rapproche d'Allah. » Cependant, dans un contexte qui rappelle l'Inquisition chrétienne, les recherches scientifiques menées par un musulman ne doivent pas aller à l'encontre de la doctrine du Coran. Le Coran étant la vérité, donnée par Dieu, sa parole ne peut ni être remise en cause, ni retranchée, ni ajoutée, ni transformée, ni mise en doute. Le Coran étant la transcription exacte en arabe des paroles d'Allah, il est possible d'en interpréter les mots, mais pas d'en adapter les concepts à la modernité. En guise d'exemple significatif, mentionnons Averroes (1126 - 1198), l'un des plus grands esprits de son temps, qui n'était pas moins un lanceur de fatwa chronique et un fanatique défenseur de la charia.
L'an 1000 marque l'islamisation totale de la Perse, qui devient après l’Afghanistan (anciennement Arachosie, Ariane et Bactriane), le second territoire indo-européen à se convertir. Toute l'Inde du Nord est sous la domination musulmane et seul l’extrême sud de la péninsule indienne est encore hindou et indépendant. C'est dans cette poche de résistance dravidienne que va subsister le sanskrit, qui sera la langue des philosophes et poètes Ramanuja et Shankara. Ainsi, la culture aryenne sera sauvegardée par ceux qui se feront un devoir de la conserver, alors que le foyer aryen nordique subissait quant à lui de plein fouet l'acculturation arabo-musulmane.
Le début du second millénaire est donc une période noire pour les cultures polythéistes indo-européennes : sous la pression han, mongole et turque, elles ont disparu de Chine et de Sibérie. En Afrique du Nord et en Anatolie, il ne reste plus aucune trace des royaumes normands et celtes. Les villes du Gange sont régulièrement pillées par les Arabo-Turcs (à la suite du sac de Varanasi en 1194, la ville sainte de Shiva n'est plus qu'un vaste monceau de gravats que parsèment, suivant la coutume, des amoncellements de crânes en forme de collines et de pyramides).
L'an 1000 aura été fatal au bouddhisme indien, qui quitte la vallée du Gange pour trouver refuge dans les hauts plateaux tibétains et en Chine. Contrairement aux prêtres hindous, dont les familles nombreuses assuraient, malgré les persécutions, la survivance, le clergé bouddhiste, célibataire et ascète, fut éradiqué sans difficulté.
De 950 à 1050 se construit un immense complexe de temples hindous ainsi qu'une nouvelle capitale à Kadjuraho. Pour la première fois en plusieurs millénaires, le centre névralgique de l'Inde se déplace vers le sud, pour s'installer dans les jungles qui annoncent le plateau du Deccan.
Vers 1100 et pour un siècle, l'hindouisme fuit les plaines du Gange pour rejoindre les plus hauts plateaux du Brahmapoutre et la vallée de l'Assam. L'Assam devient alors un refuge pour les rajas qui refusent de se soumettre aux musulmans. Une alliance de rois hindous dont certains viennent de Birmanie, fonde une capitale à Sivasagar (« le fort de Shiva »). En 1253, le royaume indo-birman de Sivasagar entre en guerre et réussit à stopper les Turcs, qui n'étendront pas leur influence plus à l'est vers la péninsule de Siam.
La péninsule tamoule devient elle aussi une terre de refuge pour le sanskrit, ainsi que la pratique des rituels védiques et brahmaniques. L'Empire chola (-300 à 1279) assure ce rôle de défenseur de la culture autochtone face à l’acculturation islamique dans le nord de la péninsule indienne.
Autour des îles de l’Indonésie, mais aussi jusqu'en Chine et tout autour du rivage de l'Indochine, l'influence tamoule est à son paroxysme et repose entièrement sur le commerce.
L'Histoire nous enseigne que l'hindouisme ne peut être accusé d'impérialisme ou de prosélytisme. Nulle part, on ne trouve la trace d'une expansion violente, ni de campagnes destructrices. C'est absolument pacifiquement que l'hindouisme prit le pas sur des cultures locales pas assez structurées ou complexes pour satisfaire les élites nées de l'enrichissement du commerce tamoul. L'hindouisme, à l’échelle de l'Asie tout entière, n'est donc pas tant une religion qu'une culture et une tradition permettant la diffusion et la pérennité d'un savoir hérité d'une « tradition initiale » (un terme qui se traduirait en sanskrit par « Sanatama Dharma », une expression utilisée par les hindous pour décrire leur propre croyance).
Si l'hindouisme se propagea très vite en Indochine, ce n'est qu'au quatrième siècle de notre ère que la culture indienne est devenue vraiment notable en Indonésie, preuve qu'il s'agissait avant tout d'une culture aristocratique, adoptée par les commerçants et les lettrés locaux, qui ne furent pas convertis par la force, mais plutôt par le temps, l’usage et l’évolution des mœurs. De même, ce n'est qu’avec l'Empire de Gangganara (400 à 1000), en Malaisie, soit presque un millénaire après les premiers contacts avec les commerçants tamouls que la péninsule malaise deviendra officiellement et largement hindoue. Cependant, dès le début du second millénaire, après quelques siècles seulement de pratiques hindoues, les peuples de l'archipel indonésien adoptèrent irrémédiablement l'islam.
En 1150, les Khmers hindous construisent Angkor Wat (Cambodge). En 1281, c'est le temple de Shiva qui est inauguré par la diaspora des commerçants tamouls à Quanzhou, en Chine. D'autres temples hindo-bouddhistes sont érigés dans la région. De 1293 à 1500, le puissant royaume hindou et bouddhiste de Majapahit, depuis la Malaisie, règne sur l'Indonésie et Bornéo.
Ajoutons que les commerçants tamouls n'étaient pas les seuls Indiens à arpenter les eaux du globe. Parmi leurs grands rivaux à l’échelle du sous-continent, citons les commerçants du Gujarat, dont l'aire d'influence s’étendait des côtes d'Oman à celles de la Swahilie et de l'Afrique du Sud.
Aux Cholas succèdent les Pandyas (1076 - 1380), dont la capitale est située tout à fait au sud de l'Inde, à Madurai (dont la fondation légendaire remonterait au 3e millénaire av. J.-C.) Les Pandyas seront durant de longs siècles la seule puissance hindoue à lutter encore pour son indépendance face à l'hégémonie musulmane étendue sur l'ensemble du sous-continent.
Profitant des revenus colossaux engendrés par la maîtrise de la route de la soie et des épices, les musulmans renforcent leurs pressions au début du second millénaire sur le nord de l'Inde. Les razzias deviennent encore plus nombreuses et les exactions toujours aussi systématiques. Les armées islamiques sont à présent étoffées de guerriers turcs, mongols, persans et berbères.
Alors que les Arabes semblent perdre de l'influence, les peuples turcs nouvellement convertis, ainsi que les Mongols, devenus les Moghols, les remplacent pour redonner un souffle conquérant à un islam encore jeune et vaillant.
En 1192, lors de la bataille de Tarain, l'Afghan (Turc) Mohamed de Ghur écrase la résistance rajpoute menée par Prithvi Raj, qui est tué dans la bataille. Selon les commentateurs de l'époque, 120 000 cavaliers musulmans sont engagés dans la bataille. Les chevaux étant originaires d'Asie centrale, il était très difficile aux rajas hindous de les importer depuis l'autre côté de l'Himalaya et du Pamir. En conséquence, les forces hindoues, qui possédaient de nombreux chars mais peu de chevaux sellés, furent détruites.
Privé de son chef charismatique, le raja Prithvi, la vallée du Gange est livrée une nouvelle fois aux pillages, cette fois par les troupes de Mohamed de Ghur. En 1194, Varanasi est pillée, ses temples sont détruits et leurs pierres servent à l'érection de bâtiments militaires et administratifs à l'extérieur de la ville. Dans un témoignage contemporain, le Taj-ul-Ma’asir’ par Hassn Nizam-i-Naishapuri, il est dit que « lorsque Qutb-ul-Din Aibak, le premier sultan de Delhi d’origine turco-afghane, conquit Meerat en 1195, il en détruisit tous les temples hindous de la ville et érigea des mosquées à leur place. Dans la ville de Aligarth, il convertit par l’épée les habitants hindous de la ville à l’islam et décapita tous ceux qui refusèrent de s’y soumettre. »
De sa campagne en Uttar Pradesh, Aibak prit au Raja Bhim quelque 200 000 esclaves et « même le musulman le plus pauvre devint propriétaire d’esclaves » (cité par M. A. Khan, op. cit.) Khan ajoute : « Durant les 13e et 14e siècles et la domination des Khilji et des Tughlaq, l’esclavage s’accrut et l’islam se répandit. Des milliers d’esclaves étaient vendus quotidiennement à bas prix. »
En 1199, la dévastation musulmane a rejoint le delta du Gange et du Brahmapoutre. Le Bengale est pillé et ses foyers religieux, bibliothèques et universités, sont détruits et incendiés. En 1202, c'est le Bihar qui est envahi par les troupes de Bakhtiyar Khalji.
En 1205, le sultan Bakhtiyar Khalji conquit de manière permanente le Bengale. Bakhtiyar Khalji devenant alors, en plus de roi, pourvoyeur d’esclaves castrés. Ce sinistre commerce dura au Bengale jusqu’à la période moghole (1526 – 1857). Selon Khan, la castration « était une pratique commune dans la totalité du monde musulman, contribuant au déclin de la population indienne de 200 millions en 1000 à 170 millions en 1500. »
À la fin du 12e siècle la présence musulmane est permanente en Inde. Vers 1200 à 1300, ce sont les Turcs de la tribu des Khiljis (Khaljis) et des Tughlaq qui dominent le nord de l'Inde. Delhi devient leur nouvelle capitale. En 1206, s'y installe le premier sultanat. Aybak, premier sultan de Delhi, érige alors la première mosquée de la ville, la Quwatt al Islam, en utilisant les pierres et le marbre d'une vingtaine de temples hindous et jaïns des alentours.
En 1265, non loin de Delhi, l'entière population masculine de la ville de Mewat, la capitale rajpoute (100 000 habitants hindous) est massacrée par les troupes du sultan Ghiyas Udin Balban.
De 1295 à 1316 la dynastie afghane Khalji accède au trône du sultanat de Delhi. Alaul-Din Khalji, qui régna de 1296 à 1316, arrive au pouvoir après avoir fait décapiter son oncle le vieux roi Jalal-u-din Firuz, ainsi que toute sa famille et ses alliés.
Le nombre d’esclaves capturés par Alaul-Din Khalji était prodigieux ; il enchaîna et humilia les esclaves. Durant le seul sac de Somnath, Aladin Khalji prit un grand nombre de captifs et de très belles et élégantes jeunes filles d’un nombre approchant les 20 000 et des enfants des deux sexes plus que la plume ne peut les compter. Les armées mahométanes amenèrent le pays à sa ruine totale, détruisirent la vie de ses habitants et mirent à sac les villes capturant les enfants.
L’historien Persan Wassaf (1265 - 1328) écrit dans son livre Tazjiyat-ul-Amsar wa Tajriyat ul Asa :
Lorsque Alaul-Din Khalji captura la ville de Kambayat dans le golfe de Cambay, il tua tous les adultes hindous mâles pour la gloire de l’islam, déversa des rivières de sang, déporta toutes les femmes du pays avec leur or, leur argent et leurs bijoux vers sa ville natale et fit de 20 000 filles indiennes ses esclaves privées.
La cour d'Alaul-Din Khalji aurait été composée de dizaines de milliers d'esclaves sexuels, dont de nombreux n'avaient pas même atteint la puberté. Si le sultan Alaul-Din Khalji eut 50 000 garçons à son service personnel, le Sultan Muhammad Tughlaq (qui régna de 1325 à 1351) en aurait eu lui 20 000, et le Sultan Firoz Tughlaq (r. 1351 à 1388), un total improbable de 180 000 esclaves.
Kazi Mughisuddin de Bayanah, conseiller d'Alaul-Din, lui suggère de « sans cesse maintenir les hindous dans une situation de soumission et d'abjection, car il s'agit là d'un devoir religieux envers ceux qui ne sont que les éternels ennemis du prophète, qui lui-même nous [les musulmans] a intimé l'ordre de les supplicier et de les maintenir sous notre joug dans la captivité, ou bien de les convertir à l’islam, ou bien encore de les tuer, après avoir ravi leurs biens. »
En conséquence, le soufi Amir Khusrau (1253 - 1325) commente dans ses chroniques : « Les Turcs quand il leur plaisait, pouvaient s’emparer d’un hindou, le vendre ou l’acheter. » Toujours selon le mystique soufi, lors du siège de Chittorgarh, Alaul-Din Khalji ordonna le massacre des 30 000 habitants après les avoir assiégés puis désarmés. Les assiégés, avant de se voir massacrer brûlèrent leurs filles et leurs femmes avant que l’ennemi ne les réduise en esclavage.
En 1297, Alaul-Din s'oppose à la présence de 200 000 Mongols musulmans installés par son oncle en périphérie de Delhi. Afin de leur faire quitter l'Inde, et suite à une intrigue et en un seul jour, Alaul-Din en exécute 20 000 à 30 000.
De 1297 à 1301, Alaul-Din concentre ses armées sur la conquête du Rajasthan et du Gujarat. Le siège du fort Rothambor, principale place forte rajpoute, dure un an. Le butin amassé par cette campagne militaire est de nature exceptionnelle, ces deux États étant parmi les plus prospères de l'Inde.
La crise économique et la famine frappent alors l'Inde du Nord, en conséquence du chaos créé par les guerres permanentes. Le sultanat de Delhi pratique l’interventionnisme pour geler les salaires, tandis que les campagnes militaires sont financées avec des impôts en grande partie prélevés à travers la taxe jizya (imposée aux dhimmis et aux non-musulmans). Des campagnes de persécutions sont menées contre ceux qui enfreignent les lois de la charia, comme les consommateurs d'alcool de palme ou les adorateurs d'idoles ou d'icônes.
Rien ne semble cependant en mesure de juguler les avancées de l'empire commercial culturel et militaire musulman. Vers 1300, l'islam s'introduit en Malaisie grâce au commerce, tandis que vers 1300 à 1400, le Cachemire s'islamise à grande vitesse. Des intrigues de palais mènent un musulman à la tête du Cachemire, entraînant des persécutions contre les hindous. Seuls les Pandits (« les lettrés ») indispensables par leur connaissance du persan, peuvent continuer à suivre leur culte. S'ils sont tolérés, c'est grâce aux services qu'ils rendent à l'administration des sultans musulmans, pour la plupart turcs ou mongols et ignorant la langue perse (très proche du cachemiri et des langues de la famille sanskrite).
En 1305, la région centrale du Malava est conquise par Alaul-Din, et c'est l'Inde tout entière qui tombe sous la domination du sultanat de Delhi. Dès 1307, des raids et des razzias sont lancés depuis le nord du pays vers le sud et le pays tamoul.
De 1309 à 1311, des violentes campagnes sont dirigées par Malik Kafur contre les royaumes hindous de Deogiri, dans le Maharashtra, de Warangal dans le Pays télugu et enfin à Madurai. Des dizaines de milliers de cadavres jonchent les routes empruntées par les troupes de Kafur.
Le temple de Shiva et de la Grande Déesse à Halebidu est détruit, les villes et les villages incendiés. Les chroniqueurs de l'époque notent qu'il fallut plus d'un millier de chameaux pour rapatrier à Delhi tous les trésors dérobés durant ces trois campagnes.
Lors de la campagne du sac de la ville de Madurai, le temple de Srirangam de Tiruchirapalli est saccagé, ses sadhus et ses prêtres y sont trucidés sans ménagement. Trois jours durant, le temple et la ville sont les lieux d'un immense déferlement de violence : la nuit brille comme le jour à cause des bûchers et des autodafés où brûlaient les agamas, les tantras et les icônes des dieux tamouls.
De retour à Delhi, Alaul-Din finit sa vie entouré de ses richesses, mais fou et trahi, entouré d'une cour décadente et corrompue.
Lui succède la dynastie des Tughlaq. Sous leur règne, la taxe des dhimmis est rétablie et les droits des minorités religieuses sont encore plus contrôlés. Firuz Shah Tughlaq raconte dans son autobiographie :
« Les hindous qui pratiquent leur culte trop près d'une fontaine ou d'un point d'eau sont alors arrêtés et sur le champ exécutés sur la place publique. [...] Des hindous avaient érigé un temple et une nouvelle idole dans le village de Kohana et les idolâtres s'y assemblaient pour y mener leurs rituels. Ces gens furent arrêtés, et furent amenés devant moi. J'ordonnais alors leur mise à mort pour s'être conduits de manière perverse et j'ordonnais la publication de ce jugement. J’ordonnais aussi que les livres, les idoles et les objets du culte des infidèles fussent saisis et brûlés en public. Quant à ceux qui n'avaient pas péri ce jour-là, qu'ils se tiennent dans la crainte et le respect des punitions islamiques, que ce jugement soit un avertissement pour eux et qu'ils sachent qu'on ne peut pas suivre de telles pratiques dans un pays musulman. »
Face à la grave crise économique que le sultanat n'arrive pas à endiguer, une nouvelle monnaie est inventée, mais elle précipite encore l'inflation. La corruption, les divisions, et les intrigues affaiblissent encore le sultanat, qui pourtant trouve le moyen de lever une armée de 370 000 hommes qu'il loge, nourrit et paie parfois sans les utiliser de l'année. Quand ils ne touchent pas leurs soldes, les mercenaires deviennent des bandes de détrousseurs, qui pullulent dans les campagnes.
En, 1323 dans le Pays tamoul, le temple de Srirangam est à nouveau pillé et dévasté, cette fois par les troupes de Muhammad bin Tughlaq. 12 000 sadhus sont massacrés en une seule nuit.
De 1335 à 1378, est instauré le sultanat de Madurai, que traversa le grand voyageur arabe Ibn Batuta. Celui-ci nota dans ses mémoires le cruel comportement de son sultan, Ghiyas-ud-Din Muhammad Damghani. Ibn Batura raconte que quotidiennement les troupes du sultan allaient en campagne pour capturer des jeunes femmes qu'ils amenaient tout de suite au palais pour être violées puis réduites en esclavage et envoyées dans les harems du despote.
La résistance hindoue annihilée dans l'extrême sud de la péninsule, c'est autour de la nouvelle ville de Vijayanagar, dans le Deccan qu'elle va renaître. Durant trois siècles des guerres les plus sanglantes de l'Histoire du sous-continent, elle va s'acharner à repousser les invasions musulmanes venues du nord.
L'armée de Vijayanagar est alors la plus grande que jamais ne connut le sous-continent. Elle était composée d'un million d'hommes salariés et entraînés, maîtrisant tous les arts de la guerre, de la navigation à la cavalerie. Entraînés dans des écoles et vivant avec leur famille, ces soldats d'élite étaient dotés d'une puissante cavalerie, dont certains généraux étaient Turcs et Arabes. Les jungles du centre de l'Inde fournissaient aussi à cette armée de nombreux éléphants de guerre, qui malheureusement furent bien vite dépassés par les nouvelles techniques de guerre incluant les armes à feu et les obus.
Chose assez intrigante pour être remarquée, malgré les incursions meurtrières du sultanat de Delhi, l'Empire de Vijayanagar ne persécuta pas les musulmans qui vivaient sous son contrôle dans le Kérala et le Pays Tamoul. Ceci prouve encore une fois la tolérance et les compromis dont firent preuve les hindous à l'égard de l'islam et des musulmans.
Malgré tout, de 1347 à 1528, l'Inde centrale est dévastée par le sultan de Bahmani, dont l'historien persan Ferishtha (1560-1620) nous apprend « qu'en de très nombreuses occasions, le sultan tua une centaine de milliers d’hindous, ce qui semblait alors comme une sorte de barème punitif minimum et symbolique. »
En 1353, suite à la victoire hindoue à la bataille de Mudgal dans le Karnataka, Bukka Raya passe la garnison, qui s'était pourtant rendue, au fil de l'épée. La cruauté hindoue égale alors celle des musulmans. Vijayanagar tombe pourtant entre 1365 et 1367 aux mains du sultan de Bahmani, et les populations de ses villes et villages environnants sont massacrées. 500 000 victimes sont à déplorer parmi les populations indigènes hindoues. Rien qu'à Raichur Doab, 70 000 hindous sont massacrés sur l'ordre du sultan de Bahmani, comme vengeance des massacres de la bataille de Mugdal.
Le sultanat de Delhi et la dynastie des Tughlaq (adapté depuis Jungpionier, CCAS 3,0. Sources : Johnson, Die muslimischen Invasionen ; Gordon, Weltatlas der alten Kulturen ; Verlag, Indien)
Le sultan décrète aussi l'incendie des temples et des bibliothèques, ainsi que la destruction de toutes les idoles rencontrées sur son chemin. Les prêtres sont massacrés, les gourous déportés, les disciples et étudiants éparpillés. La capitale de l'Empire de Vijayanagar fut occupée six mois durant, puis rasée une fois ses environs totalement pillés et dévastés.
Dans le nord de l'Inde, il ne reste pour ainsi dire qu'une poignée de temples encore debout, et à part le temple de Vrindavan, construit sous Akbar, aucun monument hindou d'envergure n'avait été bâti depuis de longs siècles.
Au Cachemire, le sultan Sikandar Butshikan ordonne aux hindous de ne plus quitter leurs résidences, ainsi que de couvrir leurs femmes et de détruire leurs temples. Bientôt, le territoire du Cachemire est interdit aux non-musulmans. Dans cette région historique du védisme, il devient interdit d'adorer des icônes en métal ou en bois. La destruction du temple solaire de Martan, l'un des plus majestueux et ancestral de l'Inde, aurait même duré une année entière.
Ce sont les chroniques du Tarikh-i-Firishta qui nous renseignent :
De nombreux brahmanes, plutôt que d'abandonner leur foi, ou leurs terres, s'empoisonnaient, tandis que d'autres s'enfuyaient pour ne pas devenir mahométans. Après qu'ils eurent tous quitté le pays, le sultan Sikundur ordonna la destruction de tous les temples hindous, ce qui lui valut le titre honorifique de destructeur d’idoles.
Temple de Martand, v. 1870 (Leiden University Library, photo, image 100455 Collection page Southeast Asian & Caribbean Images)
Dans sa Grammaire des civilisations, L'historien français Fernand Braudel résume ainsi la situation :
[La colonisation musulmane de l'Inde fut une] expérience coloniale d’une extrême violence durant laquelle les musulmans ne pouvaient diriger ce pays que par l’exercice d’une terreur systématique. La cruauté était la norme, ainsi que les crémations, les exécutions sommaires, les crucifixions ou empalements, les tortures inventives… Les temples hindous furent détruits et remplacés par des mosquées. Il y eut des conversions forcées à l’occasion. Si jamais une révolte éclatait, elle était instantanément et sauvagement réprimée, les maisons étaient brûlées, les campagnes dévastées, les hommes massacrés, les femmes et enfants réduits en esclavage.
Sous le règne du sultan Zain Ul-Abidin, de 1420 à 1470, le Cachemire connaît cependant une paix relative et les Pandits furent rappelés au pays pour gérer et administrer le royaume en persan. De cette époque, datent les premières traductions du Mahabharata en persan, ainsi que d’œuvres arabes et persanes en hindi. Quelques décennies durant, il fut permis aux hindous de reconstruire leurs temples, et la taxe jizya qui leur est imposée fut même abolie.
Descendant du grand Gengis Khan, Tamerlan partit de Samarcande, passa en Perse puis en Mésopotamie et enfin en Inde en 1398, avec 90 000 cavaliers mongols.
Reprochant aux musulmans de Delhi de trop tolérer les hindous, Tamerlan met la ville à sac durant de longues journées : avant son entrée dans Delhi, 100 000 prisonniers sont mis à mort pour l'exemple. Au fort de Bhatner, les 10 000 occupants sont passés à trépas alors que certains d'entre eux refusent de payer la rançon que Tamerlan exige d'eux. Seules les communautés musulmanes de la ville de Delhi sont épargnées tandis que la ville tout entière sombre dans un chaos indescriptible. De très nombreux esclaves sont alors déportés à Samarcande. Les têtes des victimes s'entassent en pyramides dans les ruelles et les campagnes. Les cadavres apportent la maladie et la famine, et le désordre favorisent les incendies.
Tamerlan et ses armées attaquent ensuite les villes de Sirsa, Fatehabad, Sunam, Kaithal et Panipat, qu'il soumet à sa suzeraineté. Dans la ville de Sarsuti, à l'approche de ses troupes, les populations non-musulmanes se réfugient dans la campagne, où elles sont poursuivies par les troupes de Tamerlan qui les font périr par milliers. Ceux qui restèrent en ville périrent aussi de la même façon.
Les rebelles à la marche de Tamerlan étaient combattus avec ardeur, puis une fois vaincus, les combattants étaient déportés comme esclaves et leurs villes réduites à l'état de cendres. Systématiquement, durant les campagnes de Tamerlan, les civils étaient massacrés en exemple avant une bataille. Mais encore, après la bataille, les soldats qui s'enfuyaient étaient rattrapés et massacrés sans aucune pitié, de sorte qu'il n'y avait aucune échappatoire pour les mécréants à la colère de Tamerlan, « conquérant de l'islam ».
Selon les travaux de Habib et Raychaudhuri (The Cambridge Economie History of India), quand « Tamerlan envahit l'Inde, de 1398 à 1399, sa collection d'esclaves était composée de 100 000 hindous dont la plupart appartenaient à des lieutenants et à des aides de camp, ayant été offerts par le chef Tamerlan en cadeau à ses meilleurs éléments ». Chaque soldat recevait jusqu'à 20 esclaves de tout sexe et de toute condition, tandis que les dignitaires pouvaient en posséder plusieurs centaines. Cependant, l'ensemble de ces esclaves furent mis à mort avant l'entrée dans Delhi, afin d'éviter d'avoir à les surveiller et à risquer d'eux une révolte.
En 1399, suite à la bataille de Meerut, tous les habitants hindous de la ville ainsi que l'ensemble de ceux qui participèrent à sa défense furent mis à mort.
En réaction, vers 1400 se fondent au Rajasthan des confréries de guerriers hindous qui se proposent de sauver leur modèle de civilisation. Ce sont les Rajpoutes, une des castes de kshatriyas les plus célèbres et glorieuses. Ils fondèrent des royaumes au Gujarat et au Rajasthan.
En Assam, les royaumes hindous et l'Empire de Shivasagar stoppent l'avancée islamique, de même qu'en Birmanie le bouddhisme résiste et coupe l'accès à l'Indochine aux musulmans, donc aussi à la Chine et à la Thaïlande.
Dans la première moitié du 15e siècle, les Tamouls ont perdu leur influence sur les mers, que dominent à présent les Chinois, qui flottent jusqu’au large du golfe Persique et dominent sans rival la mer de Ceylan et le golfe du Bengale.
De 1414 à 1423, c'est la dynastie des Sayyids qui règne sur le sultanat de Delhi. Comme en témoigne l'historien musulman Yahya bin Ahmad, le sultanat ordonna de « châtier et punir les infidèles » des villes et villages d'Ahar, de Khur, de Kampila, de Gwalior, de Seori, de Chandawar, de Etawa, de Sirhind, de Bail, de Katehr et de Rahtors.
L'Empire musulman affaibli par les guerres intestines qui ruinent les efforts d'hégémonie des sultans de Delhi, le vishnavisme connaît un essor, en particulier grâce à la personne de Chaitanya Mahaprabhu (1485 – 1533). Il va redécouvrir le lieu saint de Vrindavan, voisin de la ville rasée par les musulmans de Mathura. Efféminé, androgyne, avatar de Krishna proclamé par ses disciples, Chaitanya Mahaprabhu va redécouvrir les jardins où Krishna aurait passé sa jeunesse. Ils devinrent dès lors un centre religieux important.
En 1499, un brahmane du Bengale est arrêté par les hommes du sultan Lodhi, parce qu'il a amassé autour de lui une foule d'admirateurs en professant la théorie suivante : « l'islam et l'hindouisme sont tous les deux vrais et authentiques, mais il existe des chemins différents pour approcher Dieu. » En réponse à cette profession de foi, le sultan Sikandar demande à ses experts en droit islamique s'il était possible de penser ainsi en respectant l'islam, et suite à leur réponse défavorable, il n'eut d'autre choix que de proposer au brahmane la conversion ou la mort. Refusant de se convertir, le brahmane fut mis à mort. Dans les chroniques du Tarikh-i Daadi de Abdullah, les violences de la dynastie des Lodhis sont décrites en ces termes :
Lodhi était un musulman si zélé, qu'il n'avait comme unique obsession que de détruire les divers lieux dans lesquels les païens se réunissaient pour adorer leurs idoles. Il détruisit complètement le temple de Mathura, et donna les pierres des idoles et des statues à ses bouchers pour qu'ils coupent dessus la viande qui célébra le festin de la victoire. Tous les hindous de Mathura se sont vus interdits de raser leur barbe et leurs cheveux, ainsi que d'effectuer leurs ablutions quotidiennes. Sous son règne, chaque ville devait se conformer à la charia et l’idolâtrie fut sévèrement réprimée.
En 1520, la bataille de la rivière Krishna est, selon Jacques Dupuis « le chant du cygne des armées médiévales ». Un million d'hommes et 5000 éléphants sont mis en échec par la mitraille du sultan de Bijapur, dont les troupes sont constituées de 500 000 hommes et d'une forte artillerie. La bataille est finalement gagnée par les hindous, mais la catastrophe fut frôlée. Suite à cette bataille, des arbalétriers portugais seront embauchés par les hindous pour combattre le sultan de Bijapur et enfin prendre la ville de Bijapur.
Plus tard, sous la conduite du dernier des empereurs de Vijayanagar, Ram Jaya, les actes de guerres hindous prendront la forme des razzias musulmanes et d'une guérilla rapide et ciblée. Les sultanats du Deccan feront souvent appel à lui pour arbitrer des conflits intérieurs. En 1559 et 1560, une vaste campagne de dévastation est menée par Ram Raya dans le centre de l'Inde et la vallée du Gange. Selon Mohammed Qacim Firishta, historien persan contemporain des faits, « sur des centaines de kilomètres carrés, il n'y a plus trace de population. Ils ont massacré les musulmans et pillés leurs maisons. » Ultimement, le fort de Ahmednagar fut pris par Raja Ram Jaya.
En 1565, une alliance de royaumes musulmans du Deccan attaque l'Empire de Vijayanagar pour ce qui peut être considéré comme l'une des plus grandes batailles de tous les temps : la bataille de Talikota, près du fleuve Krishna. Un million d'hindous font face à 500 000 musulmans dotés d'une nombreuse artillerie.
Il s'agit en quelque sorte d'une redite de la bataille du fleuve Krishna qui s'était déroulée 50 ans plus tôt, mais cette fois ce sont les musulmans qui emportent la victoire. Deux généraux musulmans aux ordres de Ram Jaya le trahissent d'ailleurs ce jour-là, observant le précepte islamique qui interdit de se battre aux côtés des infidèles contre un belligérant musulman. Par vengeance et en punition des campagnes de dévastation menées par Ram Jaya, la cruauté des vainqueurs est incommensurable : 100 000 soldats sont massacrés sur place, le Raja Ram Jaya est capturé et sa tête finit au bout d'une lance.
Vijayanagar est pillée, puis rasée par l'alliance du Deccan. À travers le pays les vastes complexes de temples hindous sont détruits, ainsi que les bâtiments impériaux et administratifs. L'Empire Vijayanagar ne survivra pas à la défaite de Talikota, car il est entièrement détruit par les musulmans : ses principaux monuments sont rasés, sa population massacrée, ses femmes violées. Pour simple exemple, de centre théologique et politique de première importance, Hampi, était redevenu un village de paysans à la suite de la chute de l'Empire Vijayanagar (jusqu'à la redécouverte au milieu du 20ème siècle de son potentiel archéologique et touristique.)
Malgré tout, une nouvelle capitale hindoue s'installe encore plus au sud et des royaumes indépendants naissent dans les montagnes et poursuivent la lutte contre les royaumes musulmans du Deccan. En 1578 est créé le royaume hindou de Mysore.
En 1649, le sultan de Bijapur éradique les royaumes indépendants et rebelles des montagnes autour d'Hampi. Mais six ans plus tard, la lutte hindoue reprend sous la direction de Shivaji, le chef du clan des Marathes, une caste originellement paysanne mais qui devint celle aussi de guerriers, de pirates et de talentueux administrateurs de vastes territoires.
En 1469 naît Guru Nanak, le fondateur de la doctrine sikhe. Après avoir voyagé dans le monde indien puis dans le monde arabe, il enseigne une doctrine qui se propose de dépasser les différences entre les différentes traditions religieuses, pour favoriser une étude œcuménique du divin. Le sikhisme n'est d'abord pas une religion à part entière, mais juste une tradition qui ne souhaite pas faire sécession ni se présenter comme un nouveau culte.
Né dans un contexte de guerre de religions entre hindous et musulmans, le sikhisme proposa de surmonter les différences de culte pour ne s’intéresser qu'à l'enseignement divin de chacune d'elles. L'étude du Coran, comme de la Bible ou des Védas est encouragée, mais c'est le Guru Grand Sahid qui est considéré comme le livre le plus saint des sikhs. Il raconte la vie de Guru Nanak, le fondateur de la tradition, ainsi que des neuf autres successeurs qui suivirent à la tête de ce culte, à la fois indépendants de l'hindouisme et jugés hérétiques par l'islam. Le sikhisme considère comme une perte de temps de comparer les religions et les dieux entre eux. L'unité de Dieu, malgré ses représentations, ses prophètes supposés et ses incarnations, est placée au-dessus de tout et est considérée comme une valeur suprême de cette religion. « Il n'y a pas de musulmans, pas d'hindous, il y a des sikhs ! » clamait Guru Nanak.
Avant de mourir, Nanak désigne un second gourou pour perpétuer la tradition. Neuf autres gourous suivront, et chacun ajoutera son enseignement en complétant celui de Nanak. L'édition d'un livre fédérateur, semblable à une bible ou un coran, est l’œuvre du cinquième gourou, Guru Arjun. Celui-ci instaurera aussi un baptême sikh, ce qui en fera une religion à part quelque 160 ans après la mort de Guru Nanak.
« [Le sikhisme] a surgi au milieu de l’Hindouisme ; l’idée du grand fondateur, le Gourou Nanak (1469 - 1539), étant de réunir les Hindous et les Musulmans dans une ligue d’amour envers Dieu et de serviabilité envers les hommes. La pensée de Gourou Nanak, telle qu’elle est exprimée non seulement par ses paroles, mais surtout par sa vie, c’était de faire converger ces éléments hostiles du peuple hindou, vers un centre que tous pussent accepter. Ce centre, c’est avant tout l’amour de Dieu, Bhakti, la dévotion — Bhakti envers Dieu et aussi envers le Gourou, le Maître, car le mot même de Sikh vient du mot Shishya, disciple, et cette idée de l’amour de Dieu et du Maître est la base même, la vraie racine du Sikhisme. C’est donc, originairement, un mouvement de dévotion. La philosophie est la même que celle des Hindous, mais le mouvement est réformateur dans sa nature, en lutte contre le formalisme du temps, contre le cérémonial, afin de trouver la vie cachée sous les formes, l’essence de la vérité qui a inspiré les cérémonies.
À l’époque de Gourou Nanak, ainsi que cela se présente trop souvent dans l’histoire du monde, une grande religion était devenue de plus en plus formaliste et les hommes dépérissaient en mangeant l’enveloppe du grain au lieu de se nourrir du grain lui-même. Le Gourou Nanak s’efforça de trouver le grain et, en agissant ainsi, il rejeta, en grande partie, l’enveloppe ; il s’efforça d’amener les hommes à voir la réalité de la religion, la vie, l’essence de cette religion, et à trouver cette vie et cette essence dans l’amour de Dieu et du Gourou, dans l’amour des hommes considérés comme les enfants d’un même Dieu. […] Lorsqu’il mourut, après soixante-dix ans d’une noble vie et d’un enseignement sans prix, ses disciples se disputèrent sur la question de savoir à quelle religion il appartenait réellement ; fallait-il le brûler comme un Hindou, ou l’enterrer comme un Musulman ? Tandis qu’ils se disputaient, quelqu’un souleva le linceul qui recouvrait le cadavre ; le corps avait disparu, il ne fut donc ni brûlé, ni enterré. » A. Besant, Des religions pratiquées actuellement dans l’Inde.
En 1708, Guru Gobind Singh, le dernier et ultime gourou canonique, refuse de se convertir à l'islam. En conséquence de quoi, il est assassiné par les autorités musulmanes. Dès lors, les sikhs se révoltent et créent l'État indépendant sikh du Penjab. La puissante cavalerie sikhe empêchera dans un premier temps une reconquête, puis suite à la prise de Lahore, l'Empire sikh est fondé.
De 1799 à 1849, il ne cessera de s'étendre du Penjab aux pieds de l'Himalaya et du Cachemire. L'ennemi musulman perdant de la puissance, les sikhs tourneront alors leurs efforts de guerre contre la présence colonisatrice des Anglais. Depuis ce combat pour défendre la terre indienne contre les envahisseurs, les sikhs et leur religion jouissent parmi les Indiens de toutes confessions d'un très grand respect.
Le sikhisme refuse les idoles et prône un dieu unique, semblable à celui tout puissant et omniscient du monothéisme abrahamique. Mais il reprend aussi à son compte les principes essentiels de l'héritage védique, tels que le karma, les avatars et les réincarnations.
Dans le sikhisme, une vie intègre et honnête permet de se rapprocher de Dieu et de connaître la mukti, c'est-à-dire la libération de l'âme. Par ailleurs, l'ascétisme ou le retrait du monde ne sont pas nécessaires pour parfaire l'élévation spirituelle. Les richesses matérielles ne sont pas non plus condamnées, mieux : elles sont une récompense à celui qui agit comme il plaît à Dieu.
Un autre concept védique, la maya, c'est-à-dire le caractère illusoire de la réalité est repris par les sikhs. Il s'agit d'un mur érigé entre Dieu et ses créatures, et que seules l'étude et la prière peuvent faire tomber. Sikh est un terme qui veut d'ailleurs dire « étudiant ».
Comme les hindous, les bouddhistes et les jaïnes, les sikhs respectent l'ahimsa (refus de la violence envers le vivant). Le sikhisme bannit la viande (avec cependant une rigueur relative), et l'ensemble des activités qui maltraitent ou encouragent la maltraitance animale, car « Dieu est en toute existence ».
De même, les vices comme les jeux de hasard et l'alcool sont interdits. Afin de marquer leur respect envers tout ce que Dieu fait pousser, les sikhs ne se coupent ni la barbe, ni les cheveux. Les sikhs initiés, plus âgés, ou faisant partie des classes les plus nobles, s'entourent donc les cheveux d'un turban et portent la barbe. Entre autres, leur panoplie distinctive comprend un petit couteau, qui se porte cérémonieusement mais quotidiennement à la ceinture, afin de symboliser la lutte contre les forces du mal, mais aussi le courage que donnent la prière et l'adoration de Dieu (qu'ils appellent indistinctement Satnam, « le véritable Nom »).
Bien que lui ressemblant, le sikhisme se distingue nettement de l'hindouisme : il ne reconnaît pas les idoles ni le caractère divin des gourous, prophètes et avatars, tout en acceptant leur existence, et refuse théoriquement le système des castes et les mariages arrangés (le mariage sikh est plutôt le couronnement d'une union spirituelle et mystique entre deux personnes, qui se rapproche du tantrisme).
Le principal lieu sacré du sikhisme est le temple d'or de Amritsar, à quelques kilomètres de la frontière pakistanaise, au Penjab indien. Bien qu'ils représentent 60 % de la population de cet État, où leur culte trouve ses origines, les sikhs ne sont que 1,7 % de la population nationale indienne, soit quelque 21 millions. Jadis très présents dans la vallée de l'Indus, mais en raison de plusieurs siècles de persécutions religieuses, les sikhs ne sont plus aujourd'hui que quelques milliers au Pakistan et en Afghanistan. En outre, une diaspora prospère de commerçants et d'hommes d'affaires sikhs, mais aussi de chauffeurs de taxi, est installée à Singapour, au Canada, aux États-Unis, en Australie et à Londres. En France, les sikhs seraient 10 000, concentrés particulièrement aux alentours de la ville de Bobigny, en banlieue parisienne.
En 1504, avec la prise de Kaboul par Babur, les Mongols règnent sans partage sur le nord de la plaque indienne. Babur est le chef d'une tribu mongole originaire des steppes situées entre la mer Caspienne et la mer d'Aral. Descendant de Gengis Khan, à la suite de mésaventures il perd tout ce qu'il possède puis vaque comme cavalier errant, fédère une horde, et conquiert l'Afghanistan.
En 1524, Babur prend Lahore, puis fonde en 1526, la dynastie des Moghols en Inde du Nord. Babur confit dans son autobiographie que son objectif lors de ces conquêtes dans le nord de l'Inde n'était pas seulement de massacrer les sikhs et les hindous, mais aussi les chiites et les soufis qui ne suivaient pas les préceptes du sunnisme. Il décrit lui-même « les tours de crânes des infidèles érigées au sommet des collines. »
En 1545, Sher Shah Suri, un chef de clan afghan né au Bengale, entre dans le Penjab pour défaire la révolte sikhe menée par Kirat Singh durant la bataille du fort de Kalinjar. Lors de l'attaque, Shah Suri est gravement brûlé par une explosion et ordonne à ses lieutenants de prendre la place avant qu'il ne passe à trépas. Dans les heures qui suivent, le fort est pris et tous ses occupants exécutés sans aucune forme de jugement ni aucun respect pour les lois de la reddition.
Fort de son succès, Sher Shah Suri qui survécut à ses blessures devient le maître du sultanat de Delhi pour les dix années à venir. Son règne, s'il commença dans le sang et le fer, fut tout de même assez éclairé pour que l'Histoire le retienne comme un moment de relative harmonie entre les communautés raciales et religieuses. Les hindous ne furent pas persécutés et les razzias et campagnes de dévastation cessèrent.
Plutôt que de mener la guerre dans le sud de l'Inde, Sher Shah Suri préféra combattre ses rivaux musulmans, en particulier les Mongols et la noblesse turque héritière des invasions de Tamerlan et Babur. Sous ses ordres, la monnaie est enfin réformée justement et la crise économique est endiguée. Pour la première fois depuis presque un millénaire, la paix et la prospérité du commerce règnent de l'Indus au Bengale. L'islam s'implante alors en Inde sous le règne de Sher Shah d'une manière bien plus efficace que jamais ne le furent les conversions forcées ou intéressées.
Un an après la mort de Sher Shah, son rival de toujours, Hyumayun, le fils de Babur, reprend Delhi, puis meurt à son tour.
Akbar, qui succéda à Shah Sher Sahi et Humayun sur le trône du sultanat de Delhi, fut peut-être le plus glorieux et le plus célèbre roi de son temps. Aujourd'hui encore il demeure comme le moins impopulaire des rois musulmans qui régnèrent impitoyablement sur le sous-continent. En 1556, commence le règne sanguinaire mais éclairé d'Akbar en Inde du Nord, il durera jusqu'en 1605.
Dès le début de son règne, Akbar entreprend des campagnes militaires qu'il gagne grâce à la terreur qu'inspire son armée en mouvement. En 1560, à Garha, dans le Penjab, pour l'exemple, 48 000 hindous et rajputs sont exécutés. Lors de la conquête des contreforts de l'Himalaya et de l'Himachal Pradesh, comme le raconte l'historien et chroniqueur contemporain des faits Nizamuddin Ahmad dans le Tabakat-i Akbari :
La forteresse de Bhumi [déesse de la Terre] qui est aussi un temple, fut prise grâce à la vaillance des soldats musulmans. Une partie des Rajpoutes qui défendaient la place se battirent jusqu'à ce qu'ils soient coupés en deux et gisent sur le sol. Quant aux brahmanes, qui depuis de si longues années avaient servi dans le temple, ils ne s'étaient pas battus ni avaient même songé à le faire, mais furent tout de même exécutés. Ensuite, presque 200 vaches noires appartenant aux hindous et saisies dans les combats, furent assemblées dans le temple. C'est alors que des soldats turcs, des sauvages, les criblèrent toutes de balles et de flèches, puis ils se déchaussèrent et remplirent leurs bottes du sang des vaches, qu'ils aspergèrent ensuite sur les murs du temple.
En 1568, Chittorgarh, la capitale des Rajpoutes de Mewar est à nouveau assiégée puis pillée. Akbar ordonne l'exécution de 30 000 civils hindous, dont les femmes, pour échapper à l'esclavage et au viol, pratiquent le suicide par immolation. 8000 femmes rajpoutes se suivent ainsi dans un vaste bûcher, pratiquant ainsi le jauhar.
Quant à Akbar et à ses proches lieutenants, ils retirent de leurs méfaits une foule importante d'eunuques et de mignons qui ont pour unique devoir de satisfaire tous leurs désirs même les plus pervers. Ainsi, Saïd Khan Chaghtai, un officier du fils d'Akbar Jahangir durant le règne de Aurangzeb, en possédait à lui seul jusqu'à 1200.
Les atrocités et les victoires d'Akbar eurent pour effet de fédérer sous son règne les provinces indiennes qui s'étendaient du Gujarat au Bengale, sans rivale possible. En 1591, à la suite d'une épidémie de peste, la ville de Hyderabad, dans le centre-sud de l'Inde, est créée par Akbar, qui l'orne d'un arc de triomphe somptueux.
Empereur se voulant éclairé, Akbar favorisa un temps une cour cosmopolite et multi-religieuse, puis il se piqua de mystique, de poésie et d'occultisme et fonda sa propre religion, un fait assez unique dans l'Histoire depuis Akhenaton pour être noté.
À la fin du règne d'Akbar, l'akbarisme fut même imposé par décret à la vaste population qui vivait sous la domination du sultanat de Delhi, qui n'avait jamais été aussi puissant et comptait alors 100 millions de sujets. Akbar interdit de nommer les nouveau-nés du nom de Mohamed, et la transmigration des âmes, c'est-à-dire la réincarnation, fut incorporée au corpus intellectuel et mystique du Coran. Selon l'akbarisme, il n'existe qu'un seul dieu et Akbar est son prophète. Le Coran est perçu par l'akbarisme comme une œuvre non plus divine mais humaine et la poésie métaphysique indienne est envisagée avec sérieux et attention pour la première fois par les élites intellectuelles musulmanes. Akbar donnera même un précepteur hindou à son fils.
Sa tentative d'instaurer un nouveau culte est cependant un échec et provoque un profond malaise dans le monde musulman. Son culte ne survécut pas à sa mort, en 1605.
Son petit-fils, Shah Jahan sera célèbre pour avoir fait ériger le palais funéraire du Taj Mahal en l'honneur de sa défunte femme. Outre ce chef-d’œuvre architectural, Shah Jahan est aussi responsable de la destruction de tous les temples hindous construits sous son père et son grand-père. Cependant, si leurs temples sont détruits, les croyants ne sont pas persécutés, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas systématiquement massacrés ou réduits en esclavage. Archétype du roi langoureux et plongé dans les délices en fuyant les responsabilités, Shah Jahan passa plus de temps dans les palais d'été sur les hauts plateaux du Cachemire qu'en campagne militaire et il finit emprisonné dans la prison du fort rouge, à Agra, dépossédé de son trône par son propre clan.
L’historien musulman Firishta (1560 - 1620) auteur de Tarikh-i Firishta que nous avons déjà cité et du Gulshan-i Ibrahim, est un contemporain du règne d'Akbar. Il fut le premier à faire le bilan des siècles de guerres et de massacres qui avaient précédé. Il estima ainsi que plus de 400 millions d’Indiens furent massacrés pendant l’invasion et l’occupation islamique de l’Inde.
Les survivants des razzias et diverses campagnes militaires étaient réduits en esclavage et les mâles castrés, de sorte que la population indienne, qui était initialement estimée à près de 600 millions d’individus, était tombée à 200 millions vers le milieu du 15e siècle.
Comble du malheur mais conséquence inévitable des guerres, de 1630 à 1632 une grande famine touche l'Inde tout entière. De multiples famines continuent de frapper le sous-continent dans les décennies et les siècles suivants. À cause du cannibalisme, les routes ne sont plus sûres car les gens se mangent. On s'enrôle comme esclave dans la traite orientale, pour manger quelque chose. On vend sa famille pour un dîner. Une secte nihiliste et tueuse, consacrée à la déesse Kali, les Thuggees, tuent les voyageurs et les commerçants à travers l'Inde ; le pays sombre encore un peu plus dans le chaos.
Aurangzeb (1658 – 1707) est le dernier des grands tyrans du sultanat de Delhi, sa cruauté égalant celle de ses aînés. Il accéda au trône en emprisonnant son père, Shah Jahan. Il l'accusa d'apostasie car le vieux monarque étudiait des livres impies, c'est-à-dire qui ne glorifiaient ni Allah ni son prophète Mahomet. À l'inverse de son père, Aurangzeb marqua l'Inde d'une emprunte impitoyable et redoutable et sous son règne furent menées parmi les plus funestes campagnes de djihad.
Aurangzeb détruisit de très nombreux temples encore debout, il réintroduisit la taxe jizya que devaient payer les mécréants pour demeurer en vie, et il ordonna aussi de très nombreuses conversions forcées. Pour autant, Aurangzeb pu tolérer que les temples déjà construits soient restaurés, tant que de nouveaux ne seraient pas érigés ailleurs.
En 1659, non loin d'Hyderabad, 22 000 garçons furent émasculés et offerts au commandeur musulman ou vendus comme esclaves sur la place du marché.
Le principal opposant à Aurangzeb fut le chef de guerre hindou Shivaji, qui pouvait s’enorgueillir d'une victoire contre les Anglais. Fort d'une petite armée de 50 000 rapides fantassins armés de lance-pierres et assistés de 7000 cavaliers, il menait une guerre de type guérilla dans le centre de l'Inde. Bientôt, 700 navires seront à sa disposition dans les eaux de l'océan Indien. En 1664, Shivaji pille Surat, et l'année d'après, en représailles, Aurangzeb détruit le temple de Somnath, qui se retrouve réduit à l'état de cendre et de poussière pour la troisième fois de son Histoire.
La guerre entre les Moghols d'Aurangzeb et les Marathes de Shivaji dura un quart de siècle et fit une centaine de milliers de victimes dans chacune des armées, chaque année durant. On estime par ailleurs à deux millions le nombre de morts civils dus aux famines et aux pestes qui se manifestaient en ces temps de chaos. Les champs étaient ravagés et personne ne les cultivait plus. La sécheresse frappa aussi de nombreuses fois le pays.
En 1669, Aurangzeb publie l'ordre à ses gouverneurs de province de faire preuve de la plus grande fermeté envers les infidèles. Ils doivent « détruire avec zèle les écoles et les temples des infidèles, car il est essentiel de combattre l'enseignement et la pratique des rituels idolâtres. » De très nombreux temples sont détruits. Sur leurs fondations et avec leurs pierres sont construites des mosquées. Les noms des villes sont changés : depuis Akbar, Prayang était devenue Allahabad, à présent Mathura devient Islamabad (Uttar Pradesh).
En 2019, mettant fin à plus de 300 ans d'humiliation musulmane envers la culture et l'Histoire des hindous, le Premier ministre indien Narendra Modi prend la décision de débaptiser Allahabad pour lui rendre son nom originel de « Prayagraj », afin que : « l'erreur faite par Akbar soit rectifiée ». Cette décision s'inscrivait alors dans un vaste mouvement politique de reconquête de la dignité du peuple indien et hindou, entrepris suite à l'arrivée au pouvoir du parti nationaliste hindou (quelques mois plus tôt, l'île de Ross, dans les îles Andaman, jadis nommée en référence à l'explorateur britannique qui la visita en premier, fut elle aussi débaptisée pour être renommée « Netaji Subhash Chandra Bose Island », du nom d'un des héros de l'Indépendance indienne, qui dans les années 1940, n'hésita pas à faire alliance avec l'Allemagne nazie pour combattre l'ennemi commun anglais et colonialiste).
En 1681, les invasions musulmanes reprennent vers le sud, menées par Aurangzeb lui-même. Bientôt son empire s'étend jusqu'aux berges du fleuve Kavéry, chères aux poètes tamouls. Cependant, l'économie rendue exsangue à cause des guerres perpétuelles, et les puissances perse et européennes commençant à disputer son pouvoir et ses frontières, Aurangzeb décide en 1689 de vendre à la couronne britannique la place du marché de Calcutta, puis bientôt la ville tout entière, que les Britanniques s'empressent d'occuper, de renforcer et de moderniser, afin d'en faire la place forte de la Compagnie des Indes avant la chute du sultanat de Delhi et le déplacement de la capitale administrative britannique à New Delhi. Aurangzeb meurt en 1707, et son testament partage son empire en trois parties qui sont héritées par ses trois fils.
De 1712 à 1728, le sud de l'Inde hindoue est défendu par les troupes marathes de Serfoji 1er, un raja tamoul dont les succès assurèrent une gloire éternelle, faisant de lui le protagoniste d'un grand nombre de contes et de fables. Sous son règne est composé l'Abhirami Andati, le grand poème d'Abhirami Battar adressé à la Grande Déesse Abhirami (Durga / Dévi / Parvati). Ce chant, encore entonné lors des rituels et célébrations tamouls, est considéré comme le dernier chef-d’œuvre de la poésie tamoule classique.
En 1714, les Marathes signent des accords de paix avec le Grand Moghol, et collectent même les impôts pour le sultanat de Delhi, tout en maintenant la paix dans les régions méridionales et centrales de l'Inde. En échange de leurs services, le sultanat de Delhi ne ravage plus le sud de l'Inde, tout en ayant la certitude qu'aucun musulman ne sera agressé sur les territoires que dominent les puissances marathes.
Au nord du sous-continent, la stabilité du sultanat de Delhi est mise à mal par de nouveaux raids, cette fois encore venus depuis l'autre versant des hautes montagnes de l'Hindu Kush. À présent, l'Inde n'est plus qu'une proie que les différents partis arabes, turcs, persans et moghols se disputent en vain ; les royaumes et empires ne perdurant jamais plus de quelques années ou quelques décennies au plus.
Durant son invasion de l'Empire moghol, de 1738 à 1740, le perse Nader Shah et ses hommes massacrent plus de 300 000 Indiens, musulmans et hindous sans distinction. Delhi est à nouveau pillé, sa population déportée.
Le sultanat de Delhi démantelé, la paix est à nouveau rompue, le djihad conte les sikhs et les hindous est à nouveau entrepris. En 1746, suite à la bataille de Lahore mettant les troupes d'élites sikhes face aux légions du Diwan de Lahore, 7000 soldats meurent à la bataille et 3000 autres sont capturés puis exécutés sur la place publique de Lahore. 17 ans plus tard, lors de sa campagne de dévastation du Penjab, l'afghan Ahmad Shah Durrani et ses troupes tuèrent encore de 25 000 à 30 000 sikhs.
Les Marathes sont eux aussi ciblés. Leur défaite à la bataille de Panipat en 1761 provoque leur chute définitive. À la suite de la bataille, 40 000 à 70 000 soldats marathes ainsi que 20 000 de leurs femmes et enfants, furent réduits en esclavage, puis déportés pour peupler les harems du nord de l'Inde et de l’Afghanistan, alors sous influence culturelle perse.
Dès lors, il ne reste plus que l'extrême sud de la péninsule où quelques rares royaumes hindous demeurent indépendants.
En 1782, à la suite d'intrigues, le musulman Tipu prend la tête du royaume hindou de Mysore.
Dès lors, la jalousie des sultanats musulmans du Deccan est aiguisée contre les Marathes. Ces partis s'unissent alors dans une alliance des royaumes musulmans du Deccan et du Kerala, et sous l'égide des fanatiques sultans de Bijapur, ils continuent le djihad après quelques décennies de paix relative commencées à la fin du règne d'Aurangzeb.
Tipu annexa le Kerala dont la prospère et nombreuse communauté musulmane autochtone fut pour lui un appui décisif dans son effort d'islamiser le pays tamoul.
D'une personnalité ambivalente, à la fois bigot de l'islam mais aussi ouvert personnellement au pluralisme, Tipu n'en menait pas moins une guerre sans merci envers les hindous et les catholiques.
Lors de l'attaque surprise du camp des troupes hindoues de Kodava, 500 soldats furent exécutés dans la nuit et 40 000 autres s'enfuirent dans les jungles et les collines environnantes pour échapper à la mort, dans un désordre empêchant toute défense.
La ville sainte de Seringapatam est prise. Les jeunes garçons sont alors rassemblés, puis circoncis de force et incorporés aux troupes de Tipu. Leur famille est détenue captive. Ceux qui refusent de servir sont torturés, tués ou convertis de force. L'administrateur britannique, contemporain des faits, Mark Wilks propose le chiffre de 70 000 Kodavas incorporés de force dans l'armée de Tipu. L'historien Mir Kirmani suggère 80 000 prisonniers, hommes femmes et enfants.
Dans une lettre, Tipu raconte lui-même sa campagne :
De la plus rapide des manières, nous fîmes prisonniers en une seule prise 40 000 Gooris. Pris de peur à l'approche de notre armée victorieuse, ils s'étaient enfuis dans les bois et s'étaient réfugiés au sommet de montagnes inaccessibles même aux oiseaux. Après les en avoir délogés, nous les déportâmes loin de leur pays de naissance, puis nous les éduquâmes dans le respect de l'islam. Enfin, nous les avons incorporés dans notre armée.
Durant le règne de Tipu, de 1782 à 1799, les persécutions contre les minorités religieuses flambent, sur fond de guerre anglo-indienne. Les congrégations qui ne respecteraient ni l'autorité du Coran ni celle des sultans sont en danger d’éradication soudaine. Tipu ne souhaite que ni les Anglais ni les catholiques, alors puissants dans la région, ni aucun parti hindou ne lui disputent son pouvoir.
Le massacre de Mangalore ôte la vie en quelques heures à 5600 chrétiens, tandis qu'un nouveau massacre à Seringapatam fait quelque 800 victimes, hommes, femmes et enfants, parmi la communauté vishnavite locale, les Iyengars, affiliés à l'enseignement de Ramanuja.
À mi-règne, en 1788, Tipu ordonne à ses gouverneurs de procéder à la conversion systématique des hindous à l'islam. En juillet de cette même année, 200 brahmanes sont réunis dans une mosquée, puis convertis de force et de la viande de bœuf leur est servie en repas, qu'ils sont obligés d'avaler.
Dans le fort de la ville sainte des hindous, Seringapatam, qu'il a si souvent tyrannisée, Tipu fait apposer une stèle dont le texte est sans équivoque :
Ô Allah tout puissant, Détruis les infidèles tout entiers ! Arrache leurs entrailles, perce leurs pieds ! Dérange leurs conseils, bouleverse leurs nations, détruis-les jusqu'à leurs racines ! Fais que la mort les entoure, que leur subsistance leur soit enlevée ! Réduis ce qu'il leur reste de jours à vivre ! Instaure la maladie en eux ! Prive-les de la vue, fais revêtir à leur visage un masque de honte !
À Seringapatam, Harihar et Hospet, les principaux temples sont détruits, et des mosquées sont construites à leur place, à la manière des premiers sultans de Delhi qui détruisaient les villes saintes comme Mathura ou Varanasi pour en récupérer les marbres et les pierres de taille nécessaires à l'érection des premières mosquées et des casernes.
Dans le nord du pays, les persécutions ne faiblissent pas, mais elles concernent aussi à présent les Européens et leurs religions. Le 16 mai 1857, Bahadur Shah exécute dans son palais de Delhi une cinquantaine de civils, femmes et enfants européens capturés à la suite des émeutes ayant frappé la ville les jours précédents. Les Anglais ayant été suspectés d'avoir fomenté les émeutes, leurs familles sont alors exécutées sans pitié par Bahadur.
Avec la chute du sultanat de Delhi, la montée en puissance des Britanniques et les dernières exactions menées par Tipu Sultan, l'hégémonie musulmane sur l'Inde s'estompa, alors que s'achève la période la plus funeste dans l'Histoire du sous-continent, marquée par l’intolérance, la haine religieuse et les guerres interminables. Ces dernières ne suivaient bien souvent aucune autre règle que celle du pillage, de l'enrichissement et de la jouissance toujours plus fanatique des plaisirs pervers de cours corrompues et décadentes, dominées par des monarques cruels et belliqueux.
Le nombre exact de victimes qui subirent les conséquences des invasions musulmanes est difficile à estimer. Du côté indien, l'Histoire ne fut ni écrite ni racontée, mais vécue et subie, de sorte que peu de chiffres émergent des rares chroniques de l'époque en question. Du côté musulman, le nombre de victimes des différentes campagnes eut tendance à être exagéré, afin de renforcer encore la gloire macabre de ces conquérants, pour qui un hindou tué voulait dire un mécréant de moins sur Terre, « dont la mort plaisait à Allah ».
Un bilan chiffré des victimes des 800 ans de colonisation musulmane en Inde a été fait par des historiens contemporains des faits mais aussi par d'autres chercheurs plus proches de nous. L'historien perse Firishta, contemporain d'Akbar, estime à lui à 400 millions le nombre total de victimes hindoues. Ce chiffre est une estimation haute, pour 800 ans de colonisation. Une estimation basse est proposée par l'indianiste belge Koenraad Elst dans l'article Y a-t-il eu un génocide islamique des hindous ?
Il n’y a pas d’estimations officielles du nombre total de victimes hindoues aux mains des musulmans. Au premier abord, à la vue des importants témoignages des chroniqueurs musulmans de l’époque au cours de treize siècles et sur un territoire aussi vaste que le sous-continent indien, la guerre sainte tua facilement plus de six millions d’hindous.
Selon M. A. Kahn et son ouvrage Islamic Jihad :
Les estimations suggèrent que les conquêtes et la domination musulmane en Inde firent entre 60 et 80 millions de morts dans la seule période allant de l’an 1000 à l’an 1525.
Quant à l'historien K. S. Lal, dans Theory and Practice of Muslim State in India, il avance que la population indienne a décru entre 1000 et 1500, passant de 200 à 170 millions. Durant le règne des Moghols, la population de l'Inde baissa même à 120 millions.
Histoire
Braudel, Fernand. Grammaire des civilisations. Arthaud, 1987.
Chklovski, Victor. Le voyage de Marco Polo. Payot, 2003.
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Runciman, Steven. Histoire des croisades. Taillandier, 2006.
Islam
Al-Sheha, Abdurrahman, Les Droits de l’Homme en Islam : Halte aux Préjugés ! Ed. Assia, bureau de prêche de Rabwah, Riyad, Arabie saoudite, 2001.
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Dupuis, Jacques. Histoire de l'Inde, des origines à la fin du 20e siècle. Kailash, 2005.
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