16 Décembre 2021
Une partie des corpus avestique et védique remonte à la fin du second millénaire avant notre ère, mais est encore utilisée dans les cérémonies zoroastriennes et hindoues. Grâce à ces textes, nous possédons une connaissance directe et sans filtre de certaines des divinités les plus anciennes de l'humanité, telles que Ahura-Mazda, Mithra, Varuna, Indra ou encore les divinités gémellaires de la fertilité et du matin nommé Dioscures en Occident et Ashvins en Orient. Comme en témoigne l'Avesta, le Rig-Véda et les traités d'alliance du Mitanni (v. -1500 à -1300), ces divinités étaient jadis honorées à travers le monde civilisé, du bassin méditerranéen jusqu'en Inde, en passant par la Mésopotamie.
Selon la tradition védique, le Véda est l’œuvre de Brahma, le dieu créateur. Celui-ci le composa lors de la création de l'Univers, puis le corpus fut divisé en 3 (ou 4) parties par Narada, le premier fils de Brahma. Il fut ensuite traduit en sanskrit, la langue des dieux, par les rishis célestes. Ceux-ci, incarnés sur Terre, composèrent des chants, de sorte que les brahmanes puissent les apprendre, les transmettre et les réciter, afin de mener à bien les rituels nécessaires au maintien de la loi dharmique sur Terre.
Bien que divisé en plusieurs parties, leur unité ne doit pas être ignorée : séparément, les Védas sont semblables à la brise divine qui souffle sur les flots de l'océan cosmique, mais ensemble, leur puissance s'ajoute et ils se fondent en une œuvre magistrale, à l'échelle de l'univers. La maîtrise des Védas est nécessaire au bon déroulement des rituels et sacrifices. Sans eux, aucun salut ne serait proposé aux êtres et sans la parole des Védas, l'ordre cosmique ne pourrait exister. Les Védas sont la parole qui apaise les querelles entre sages et après laquelle se taisent les bavards. Sans elle, nul combat ne peut être gagné et nulle liberté ne peut être espérée.
Les Védas sont parmi les textes les plus difficiles qui soient. Leur langue elle-même n'est pas encore du sanskrit, mais une de ses formes archaïques. Les figures de style, les références, le sens même des mots employés dans ces chants sont, aux Européens comme aux Indiens du 21e siècle, extrêmement difficiles à comprendre. Sans travail d'initiation et de diction, ni mise en contexte, les Védas demeurent pour le vulgaire un charabia de mots, de prières et de symboles dont il a trop de mal à percevoir les nuances tout comme le sens véritable.
Dans le brahmanisme, le verbe est la source de la vie. Ainsi, de l’aveu même des brahmanes, les hymnes védiques valent surtout pour leurs vibrations, et leur place dans la grande cosmologie des Anciens, liée aux éléments et aux planètes.
Pour donner du cœur à l'ouvrage et de l'espoir, des flots jaillirent des mantras, des formules magiques et les incantations nécessaires pour vaincre le Mal. Ces chants s'élevaient au-dessus de la surface de l'océan de lait et résonnaient jusqu'au plus profond de l'univers.
Le rituel aryen se déroule selon les formules des hymnes védiques ou avestiques, et il ordonne à la fois les cérémonies mais aussi la marche du monde et la course des planètes, garantissant ainsi la stabilité des éléments (de tels concepts se retrouvent en Amérique centrale).
Des castes de brahmanes sont spécialisées dans l'étude de certaines branches des Védas, mais très rares sont ceux qui les maîtrisent toutes. Les trois Védas qui font consensus parmi les traditions védiques sont le Rig-Véda, le Sama-Véda et le Yajur-Véda.
Le Rig-Véda est le plus célèbre de ces recueils, parce qu'il est le plus ancien, le plus étudié, mais aussi et surtout le plus accessible, car le moins ésotérique des quatre. Il est constitué de 1028 hymnes, soit 10 462 stances, partagés en dix recueils. Il s'agit d'une suite de chants plus ou moins longs, qui étaient employés aux temps immémoriaux du néolithique aryen. L'immense majorité des hymnes du Rig-Véda sont des louanges adressées aux dieux, quelques-uns sont des poèmes spéculatifs ou mythologiques. Les auteurs des hymnes des Védas varient ; il peut s'agir de Brahma lui-même, de ses assistants de création les prajapatis, les rishis célestes (les Saptarishis), ou encore de l'écrivain mythique Vyasa (pour les Védas les plus récents).
Le Rig-Véda fut compilé vers -1200, mais ses premières compositions remonteraient vers -1700 à -1800. Les tribus védiques n'habitaient pas encore la péninsule indienne, mais plutôt le nord-ouest de l'Himalaya ou l'Asie centrale (selon les hypothèses). La composition des Védas se stabilisa et se standardisa vers -500, en réponse aux doctrines bouddhiste et jaïne, alors en plein essor. Ce n'est qu'au 19e siècle que les premières œuvres complètes des Védas seront imprimées et enfin traduites en hindi, puis en bengali et en anglais.
Le Sama-Véda s'adresse aux chantres brahmanes. Il contient 1810 strophes, elles sont autant de conseils pour une adaptation musicale des hymnes du Rig-Véda.
Inspiré lui aussi du Rig-Véda, Le Yajur-Véda est composé de -1200 à -1000. Il s'agit d'un recueil de gestes, de mantras (paroles), de rites et de magie liés à la bonne tenue des rituels décrits dans le Sama-Véda et durant lesquels sont chantés les hymnes du Rig-Véda. Le Yajur-Véda est proposé en deux versions, une blanche et une noire (appelées Krishna Yajur-Véda). Leur différence repose en partie sur la forme du discours mais non sur le fond. Populaire dans le sud de l'Inde. La compilation Taittiriya Shakta est une version sud indienne du Yajur-Véda Noir. Ce recueil contient moins d'invocations mais plus de commentaires métaphysiques. Le poème mystique du Sri Rudram est inclus dans ce Véda.
Le quatrième Véda est l'Atharva-Véda, composé quelque temps après les trois premiers. L'Arthava-Véda, parfois considéré comme moins sacré que les trois précédents car plus tardif et de nature plus composite. Il fut compilé vers -900 et attribué à des rishis comme Atharva, Vashishte et Kashiapa. Il est constitué de 731 hymnes, consacrés à la médecine, à la magie, à la prière, et à la correcte manière de déployer la puissance des mantras. Il contient cependant des « brahmanas » c’est-à-dire des commentaires, bien plus fournis que ceux du Rig-Véda.
L'hindouisme moderne découle essentiellement du védisme. Il prend forme dans Le Livre de Manu (Lois de Manu, v. -150) qui est le texte de références pour comprendre la société aryenne indienne.
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