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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

LA LITTÉRATURE SACRÉE HINDOUE (Veda et puranas)

LA LITTÉRATURE SACRÉE HINDOUE (Veda et puranas)

Le corpus védique

Une partie des corpus avestique et védique remonte à la fin du second millénaire avant notre ère, mais est encore utilisée dans les cérémonies zoroastriennes et hindoues. Grâce à ces textes, nous possédons une connaissance directe et sans filtre de certaines des divinités les plus anciennes de l'humanité, telles que Ahura-Mazda, Mithra, Varuna, Indra ou encore les divinités gémellaires de la fertilité et du matin nommé Dioscures en Occident et Ashvins en Orient. Comme en témoigne l'Avesta, le Rig-Véda et les traités d'alliance du Mitanni (v. -1500 à -1300), ces divinités étaient jadis honorées à travers le monde civilisé, du bassin méditerranéen jusqu'en Inde, en passant par la Mésopotamie.

Selon la tradition védique, le Véda est l’œuvre de Brahma, le dieu créateur. Celui-ci le composa lors de la création de l'Univers, puis le corpus fut divisé en 3 (ou 4) parties par Narada, le premier fils de Brahma. Il fut ensuite traduit en sanskrit, la langue des dieux, par les rishis célestes. Ceux-ci, incarnés sur Terre, composèrent des chants, de sorte que les brahmanes puissent les apprendre, les transmettre et les réciter, afin de mener à bien les rituels nécessaires au maintien de la loi dharmique sur Terre.

Bien que divisé en plusieurs parties, leur unité ne doit pas être ignorée : séparément, les Védas sont semblables à la brise divine qui souffle sur les flots de l'océan cosmique, mais ensemble, leur puissance s'ajoute et ils se fondent en une œuvre magistrale, à l'échelle de l'univers. La maîtrise des Védas est nécessaire au bon déroulement des rituels et sacrifices. Sans eux, aucun salut ne serait proposé aux êtres et sans la parole des Védas, l'ordre cosmique ne pourrait exister. Les Védas sont la parole qui apaise les querelles entre sages et après laquelle se taisent les bavards. Sans elle, nul combat ne peut être gagné et nulle liberté ne peut être espérée.

Tirumular, Tirumantiram (payiram)

Les Védas sont parmi les textes les plus difficiles qui soient. Leur langue elle-même n'est pas encore du sanskrit, mais une de ses formes archaïques. Les figures de style, les références, le sens même des mots employés dans ces chants sont, aux Européens comme aux Indiens du 21e siècle, extrêmement difficiles à comprendre. Sans travail d'initiation et de diction, ni mise en contexte, les Védas demeurent pour le vulgaire un charabia de mots, de prières et de symboles dont il a trop de mal à percevoir les nuances tout comme le sens véritable.

Dans le brahmanisme, le verbe est la source de la vie. Ainsi, de l’aveu même des brahmanes, les hymnes védiques valent surtout pour leurs vibrations, et leur place dans la grande cosmologie des Anciens, liée aux éléments et aux planètes.

Pour donner du cœur à l'ouvrage et de l'espoir, des flots jaillirent des mantras, des formules magiques et les incantations nécessaires pour vaincre le Mal. Ces chants s'élevaient au-dessus de la surface de l'océan de lait et résonnaient jusqu'au plus profond de l'univers.

Kurma Purana.

Le rituel aryen se déroule selon les formules des hymnes védiques ou avestiques, et il ordonne à la fois les cérémonies mais aussi la marche du monde et la course des planètes, garantissant ainsi la stabilité des éléments (de tels concepts se retrouvent en Amérique centrale).

Des castes de brahmanes sont spécialisées dans l'étude de certaines branches des Védas, mais très rares sont ceux qui les maîtrisent toutes. Les trois Védas qui font consensus parmi les traditions védiques sont le Rig-Véda, le Sama-Véda et le Yajur-Véda.

Le Rig-Véda est le plus célèbre de ces recueils, parce qu'il est le plus ancien, le plus étudié, mais aussi et surtout le plus accessible, car le moins ésotérique des quatre. Il est constitué de 1028 hymnes, soit 10 462 stances, partagés en dix recueils. Il s'agit d'une suite de chants plus ou moins longs, qui étaient employés aux temps immémoriaux du néolithique aryen. L'immense majorité des hymnes du Rig-Véda sont des louanges adressées aux dieux, quelques-uns sont des poèmes spéculatifs ou mythologiques. Les auteurs des hymnes des Védas varient ; il peut s'agir de Brahma lui-même, de ses assistants de création les prajapatis, les rishis célestes (les Saptarishis), ou encore de l'écrivain mythique Vyasa (pour les Védas les plus récents).

Le Rig-Véda fut compilé vers -1200, mais ses premières compositions remonteraient vers -1700 à -1800. Les tribus védiques n'habitaient pas encore la péninsule indienne, mais plutôt le nord-ouest de l'Himalaya ou l'Asie centrale (selon les hypothèses). La composition des Védas se stabilisa et se standardisa vers -500, en réponse aux doctrines bouddhiste et jaïne, alors en plein essor. Ce n'est qu'au 19e siècle que les premières œuvres complètes des Védas seront imprimées et enfin traduites en hindi, puis en bengali et en anglais.

Le Sama-Véda s'adresse aux chantres brahmanes. Il contient 1810 strophes, elles sont autant de conseils pour une adaptation musicale des hymnes du Rig-Véda.

Inspiré lui aussi du Rig-Véda, Le Yajur-Véda est composé de -1200 à -1000. Il s'agit d'un recueil de gestes, de mantras (paroles), de rites et de magie liés à la bonne tenue des rituels décrits dans le Sama-Véda et durant lesquels sont chantés les hymnes du Rig-Véda. Le Yajur-Véda est proposé en deux versions, une blanche et une noire (appelées Krishna Yajur-Véda). Leur différence repose en partie sur la forme du discours mais non sur le fond. Populaire dans le sud de l'Inde. La compilation Taittiriya Shakta est une version sud indienne du Yajur-Véda Noir. Ce recueil contient moins d'invocations mais plus de commentaires métaphysiques. Le poème mystique du Sri Rudram est inclus dans ce Véda.

Le quatrième Véda est l'Atharva-Véda, composé quelque temps après les trois premiers. L'Arthava-Véda, parfois considéré comme moins sacré que les trois précédents car plus tardif et de nature plus composite. Il fut compilé vers -900 et attribué à des rishis comme Atharva, Vashishte et Kashiapa. Il est constitué de 731 hymnes, consacrés à la médecine, à la magie, à la prière, et à la correcte manière de déployer la puissance des mantras. Il contient cependant des « brahmanas » c’est-à-dire des commentaires, bien plus fournis que ceux du Rig-Véda.

L'hindouisme moderne découle essentiellement du védisme. Il prend forme dans Le Livre de Manu (Lois de Manu, v. -150) qui est le texte de références pour comprendre la société aryenne indienne.

 

La tradition orale

L'oralité des Védas n'est pas un choix par défaut, qui aurait disparu dès l'apparition du papier, de l'encre ou de l'imprimerie, mais plutôt un média indispensable à la correcte conservation des authentiques et ancestraux Védas (de la racine étymologique indo-européenne « vid », que l'on retrouve dans le latin « vidi » et le français « voir »).

La tradition orale des Védas, leur apprentissage par cœur, leur stricte attention quant à la prononciation, au rythme, ainsi qu'à tous les éléments du culte, rendaient leur maîtrise indispensable à tous les brahmanes du sous-continent. Une fois écrits, les brahmanes avaient peur que les textes ne soient plus appris par cœur, et qu’ils ne soient donc plus transmis comme un trésor de génération en génération. À cause de l'imprimerie, pensaient-ils (et le futur leur aura donné raison), le sanskrit deviendrait une langue morte dont on se passerait. Il en serait de même pour les mantras, qui se répéteraient peut-être encore, mais mal prononcés, car on aurait appris à les lire, et non pas à les dire.

Cette dimension orale du savoir et de sa transmission, explique le peu de témoignages directs que nous possédions des temps reculés. La révolution de l’imprimerie, puis celle d'internet, éloigna encore un peu plus les modernes et leur « mémoire externe », des Anciens et de leur fameuse tradition orale.

Au milieu du 19e siècle, les prêtres et brahmanes virent d'un mauvais œil la traduction des Védas par les Occidentaux. Les premières traductions en anglais furent catastrophiques, parfois même des blagues ou des pastiches, volontairement ridicules et brouillées par des brahmanes qui refusaient de voir leurs mantras imprimés par des étrangers. Les Britanniques ou les Français les auraient alors interprétés sans initiation, ce qui aurait eu des conséquences néfastes. L'étude des Védas est en effet fortement déconseillée à celui qui n'est pas accompagné d'un gourou spécialiste des Védas. Si les mantras védiques ne sont pas prononcés correctement, leurs forces s'annulent ou deviennent néfastes.

Les femmes brahmanes, seules, n'ont donc pas le droit d'étudier les Védas, c'est-à-dire de les entendre ou de les lire. Elles le peuvent cependant, si elles acceptent l'égide d'un précepteur brahmane (et ceci au même titre qu'un homme ou qu'une femme appartenant aux castes kshatriya et vaishya).

 

Les épopées indiennes

Composées vers la fin du premier millénaire avant notre ère, les deux épopées du Mahabharata et du Ramayana sont les émanations les plus populaires de la culture aryenne indienne. On y ressent cependant très fortement l'influence du jaïnisme et de la riche spiritualité dravidienne, dont le syncrétisme avec le védisme donna naissance au vaishnavisme, c’est-à-dire au culte de Vishnou, notamment à travers les avatars Rama et Krishna.

Plus populaires que les Vedas et tout à fait accessibles aux non-initiés, le Ramayana et le Mahabharata sont sans aucun doute les textes les plus universellement révérés de l'hindouisme. Ces deux épopées, que l'on rapprocherait en Europe de l’Iliade et de l'Odyssée, présentent un bien plus grand choix de textes que le corpus védique. .

Les grandes épopées hindoues jouissent d'une popularité qui n'a pas dévalué jusqu'à nos jours, grâce à leurs multiples adaptations, que ce soit au théâtre, à la télévision ou au cinéma. Le Mahabharata est attribué à Vyasa et le Ramayana à l’ascète Valmiki. Leurs compositions sont difficiles à dater, mais on les situe souvent entre -700 et -300, avec une source d'inspiration remontant peut-être au-delà du premier millénaire av. J.-C. Leurs récits, légendaires, relatent des événements censés s'être déroulés plusieurs millénaires plus tôt.

Ces deux récits peuvent sembler similaires : le Ramayana raconte la bataille qui oppose Rama et son armée de singes contre Ravana et ses rakshasas, durant le Tetra Yuga, le troisième âge de l'humanité. Le Mahabharata raconte la guerre du Kurukshetra, dont l'issue sera la naissance du Kali Yuga, l'âge final de l'humanité. Rama est l'avatar de Vishnou protagoniste du Ramayana, Krishna est l'avatar de Vishnou protagoniste du Mahabharata. Il existe cependant une différence de taille : le Ramayana est un véritable roman de chevalerie, pouvant se lire comme une quête initiatique. Sa longueur est modeste et son intrigue ramassée, comme il sied à un roman d'aventures. Au contraire, le Mahabharata est une très longue saga, dont la lecture elle-même est l’œuvre d'une vie. Le Mahabharata est à ce jour le plus long poème de l'humanité, d'une taille plusieurs fois supérieure à la Bible, au Coran et aux Iliade et Odyssée réunis.

Une fois le zénith de la mythologie indienne atteint avec ces foisonnantes épopées, les mythes se borneront à se réécrire, à se raconter autrement, inlassablement, mais aucune nouvelle personnalité ne viendra transformer le panthéon indien. L'Histoire et l'écriture, empêcheront la naissance de nouveaux dieux.

 

Le Mahabharata est la grande épopée du nord de l'Inde. Composé au fil du premier millénaire avant notre ère et puisant son inspiration dans le védisme et les traditions populaires indiennes et jaïnes, le Mahabharata raconte les aventures de Arjuna et ses frères, conseillés par le divin Krishna. Les Pandavas, les Kauravas, Karna, Krishna, Arjuna, Bhishma, Yudhishthira et Draupati sont ses protagonistes les plus récurrents. Ils s’affronteront tous lors de la guerre du Kurukshetra.

Sa rédaction est attribuée à Ved Vyasa, « le savant des Vedas », un titre honorifique que l'on retrouve souvent comme signature d'œuvres collectives, composées durant les premiers siècles de notre ère. La légende raconte que l'écrivain visionnaire Ved Vyasa en dicta les vers à Ganesh, le dieu du savoir.

 

Que soit d'abord rendu hommage à Vishnou, le seigneur des eaux primordiales, puis à Yama, le premier des êtres. Gloire soit aussi rendue à la déesse Sarasvati, d'où découlent toute intelligence et toute vérité.

Harivamsa, hommage préliminaire

Si l'orientaliste allemand Max Müller (1823 – 1900) fut le premier à traduire, commenter et publier des extraits du Mahabharata en Europe, le bengali Kisari Mohan Ganguli fut le premier à en proposer une traduction complète et en anglais. Il publia ses écrits à Calcutta de 1883 à 1896. Le Mahabharata étant le plus grand roman et poème épique jamais composé par l'homme, il n'existe jusqu'à présent aucune autre version traduite qui soit aussi complète. Cette version comprend plus d'une dizaine de tomes.

Le passage du Mahabharata le plus populaire, mais qui semble être plus récent et daté du début du premier millénaire, est la mondialement célèbre Bhagavad Gita, « l'enseignement du bienheureux ».

La Gita met en scène Krishna qui apparaît aux yeux du guerrier Arjuna tel qu'il est véritablement, c’est-à-dire le dieu Vishnou. L'entrevue de Krishna et Arjuna est considérée comme le zénith absolu de la pensée indienne. Inspirée peut-être des dialogues des philosophes grecques, la Bhagavad Gita est l'enseignement que donne un dieu au meilleur de ses disciples.

L'appendice au Mahabharata est le Harivamsa, attribué lui aussi à Vyasa. Le Harivamsa est une sorte d'annexe au Mahabharata. Il s'agit d'une cosmogonie, d'une théogonie puis d'une généalogie de l'avatar de Vishnou nommé Krishna (Hari étant un des nombreux noms de Vishnou). La généalogie de la famille de Vishnou-Hari raconte donc la vie de Krishna, le mystérieux protagoniste dont le Mahabharata révèle pourtant peu de choses. Composé au début de notre ère, il est le premier texte centré sur ce personnage et sa jeunesse. Le Harivamsa synthétise, en quelques chapitres concis, deux millénaires de traditions védiques qui précédèrent sa composition. Moins brillant et métaphysique que le Bhagavata Purana ou la Bhagavad Gita, le Harivamsa est cependant la parfaite porte d'entrée aux mythes indiens.

Rama, son frère Lakshman, son ami Hanuman et sa femme Sita, sont les héros du Ramayana, ils combattent le démon Ravana en quelque 48 000 vers. Le Ramayana est la première œuvre littéraire indienne que l'on puisse assurément attribuer à un auteur unique ; Valmiki, un indigène hors caste qui vivait dans une forêt sur les bords du Gange, vers le milieu du premier millénaire avant notre ère.

Certaines traditions reconnaissent Valmiki, comme un avatar de Brahma, car malgré sa naissance il devint célèbre par sa sagesse et la parfaite maîtrise des Vedas. Grâce à sa narration ambitieuse et dynamique, le Ramayana est considéré comme le premier des romans de chevalerie, et probablement comme le premier des romans modernes ; non seulement Valmiki s'en revendique l'auteur, mais encore se réserve pour lui-même une place de choix dans son œuvre. En effet, à la fin de l'épopée, Valmiki n'est plus seulement narrateur, mais aussi un personnage de son propre récit, en accueillant dans son ashram son héroïne, Sita, qui y vivra ses dernières années. C'est d'ailleurs Valmiki qui éduquera Lava et Kusha, les fils de Rama, le protagoniste de son propre récit.

Le prince Rama était destiné à régner sur le royaume prospère de Kosala, dont Ayodhya était la capitale. Il était doté d'alliés nombreux et fidèles. Aîné de ses frères, Rama bénéficia d'une éducation destinée à lui permettre de réaliser des exploits militaires, puis il se vit très jeune promis à Sita, la princesse du puissant état de Mithila. Mithila était alors dirigé par le saint roi Janaka (présenté parfois comme un avatar de Vishnou).

Cependant, le père de Rama avait accordé à une de ses reines un souhait en échange de son amour. Et cette reine désirait qu'à la place de Rama, ce fût son fils Bharata qui devienne roi. Ne pouvant se soustraire à sa promesse, le roi Dasharatha n'eut donc d'autre choix que de couronner son fils Bharata et d'ordonner à Rama un exil hors des frontières du royaume. Par amour et fidélité, sa femme Sita et son frère Lakshman le suivirent en exil.

Bharata régna avec justice, mais le père mourut de chagrin. Quant à la princesse Sita, elle fut capturée par le démon Ravana (maître de l'île de Lanka).

L'exil dura quatorze ans, à la fin de quoi Bharata remit la couronne à Rama, qui régna enfin sur Ayodhya. Au terme de son règne, Lava et Kusha, fils de Rama et Sita, remplacèrent leur père à la tête du royaume.

À sa mort, Rama rejoint l'endroit le plus haut du cosmos, Vaikuntha, le paradis de Vishnou. Il comprend alors que Vishnou et lui ne sont qu'une seule et même entité et il se fond en elle. Il entre alors à Saket-Loka, aussi appelé Saketa, l'Ayodhya Céleste, où l'attend Sita.

Rama, associé à sa femme et à son demi-frère, prend la place de Vishnou dans la Trimurti hindoue. Il est l'agent préservateur, le sauveur, le garant de la stabilité de l'Univers. Son rôle est de détruire le Mal incarné par Ravana. Sita (dont l’étymologie sanskrite signifie « sillon ») prend la place de la divinité créatrice. Elle est une incarnation de la déesse mère tout comme de la shakti. C'est elle qui permet à Rama de se mettre en marche, d'accomplir ses exploits. Elle est sa raison d'être. Quant à Lakshman, qui manie plus souvent l'arme que son frère, il incarne le rôle destructeur, c'est lui qui coupe le nez de la sorcière qui agressait Sita, de même que c'est lui qui mènera, l'âme en peine et le cœur en deuil, Sita jusqu'à l'ashram forestier de Valmiki, où elle passera seule ses dernières années. C'est aussi Lakshman qui causera la mort de Rama, en laissant le terrible rishi Durvasa interrompre l'entretien que menait son frère avec l'ange de la mort.

 

Les puranas

Les Puranas sont les « légendes ancestrales » composées au long du premier millénaire de notre ère. Ce sont la troisième génération de textes sacrés de tradition védique et sanskrite.

Il existe 18 puranas majeurs, les Mahapuranas, ce sont les plus connus. Ils sont accompagnés de 18 ou 100 puranas mineurs. Vyasa est encore une fois crédité comme le compilateur de nombre d'entre eux.

Les Puranas les plus régulièrement cités sont le Kurma Purana, le Matsya Purana, le Skanda Purana, le Vamana Purana, le Varaha Purana, le Kalki Purana (parfois classé comme Purana mineur) et bien sûr le Shiva Purana (un des rares traduits dans notre langue).

Il est possible que le Matsya Purana soit le plus ancien des Puranas, dont la rédaction remonterait à la fin du premier millénaire av. J.-C., tandis que le Varaha Purana est bien plus récent (car on y sent l'influence de la Bhakti et du philosophe Ramanuja, ce qui permet de la dater du début du second millénaire apr. J.-C.). Pourtant, le Matsya comme le Varaha Purana mentionne les mêmes légendes (en particulier celle du barattage de la mer de lait ou encore du déluge dont Manu fut le seul rescapé), ce qui témoigne d'une stabilité incroyable des coutumes et croyances indiennes, qui ne varièrent qu'à peine au long des siècles et qui furent reprises inlassablement d'une génération à l'autre, d'une zone géographique à l'autre.

Le purana le plus populaire jusqu'à nos jours est sûrement le Bhagavata Purana, aussi appelé « le livre de Krishna ». Avec la Bhagavad Gita, il est considéré comme le plus sacré des textes par certaines traditions vishnavites, c’est l'un des deux principaux livres saints de la tradition vishnavite. Sa composition légendaire remonte à plusieurs millénaires avant notre ère et témoigne de la vie et des miracles de Krishna. Comme tous les autres Puranas majeurs, le Bhagavata Purana est crédité à Vyasa, et si les traditions qu'il relate semblent bien plus anciennes, il fut vraisemblablement composé vers 500 apr. J.-C.

Les dates de rédactions des puranas varient beaucoup, et plus encore que les Vedas ou les grandes épopées, il est difficile de leur assigner un auteur, mais aussi un contexte de composition. Les Puranas possèdent d'ailleurs une respectabilité variable. Pour les partisans les plus humbles de Kali, ils sont le fondement unique de leur culte, tandis que pour les brahmanes gardiens des traditions védiques, ils ne sont que des contes, considérés bien en deçà des Upanishads et des Vedas.

Les puranas, s'ils sont une dépréciation métaphysique et poétique évidente par rapport aux œuvres plus typiques de l'âge d'or aryen et brahmanique, possèdent cependant l’intérêt d'être bien plus faciles d'accès. Ils ont même servi d'inspiration aux poètes arabes et aux fabliaux européens, par leur facilité à aborder sous une forme plaisante, les enjeux les plus essentiels de la condition humaine, comme la mort, l'amitié, la dévotion, l'alimentation ou la sexualité.

Vishnou et le serpent cosmique Sesha.

Vishnou et le serpent cosmique Sesha.

LA LITTÉRATURE SACRÉE HINDOUE (Veda et puranas)
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