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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Autour de la MER NOIRE (la mer de SCYTHIE)

Autour de la MER NOIRE (la mer de SCYTHIE)

Plus dangereuse que la Méditerranée, la mer Noire, connue jadis sous le nom de mer de Scythie, fut colonisée moins vite par les Grecques ou les autres nations. Les eaux, comme les abords de cette mer possédaient une très mauvaise réputation parmi les navigateurs. Dans son introduction au Périple de la Mer Noire de l’écrivain et navigateur grec Arrien (85-146), Henry Chotard rappelle les dangers de ce voyage :

« De la mer Égée à la mer Noire, la route n’est pas longue, mais elle est difficile ; elle traverse deux détroits, et entre ces deux détroits une mer, la Propontide. Un courant rapide porte les eaux vers l’archipel ; et s’il gêne encore aujourd’hui nos navires si puissants et nos marins si expérimentés, de combien de naufrages ne dut-il pas être autrefois la cause ?

Avait-on enfin franchi le Bosphore, deux îles, ou deux rochers, pour mieux dire, les Cyanées, gardaient l’entrée de la mer, et tant de vaisseaux sans doute s’étaient brisés sur leurs flancs que la fable les crut mobiles, et les montra tantôt s’écartant, tantôt se rapprochant ; ils ne semblaient s’entrouvrir que pour écraser les imprudents qui s’engageaient entre eux.

Cette mer, que les Grecs atteignaient avec tant de peine, elle les maltraita tant, qu’ils la nommèrent inhospitalière. Ils la trouvaient presque sans cesse agitée par des vents tumultueux : les rivages que leur inexpérience n’osait quitter, étaient hérissés de rochers ; et quand ils y brisaient leurs navires, ils ne rencontraient au sortir des flots et de la tempête, que des peuples barbares ; qui les égorgeaient pour les piller ; ils n’avaient à espérer ni abri ni secours : la terre était plus cruelle encore que la mer. »

Effectivement, la traversée de la mer Noire ne fut pas de tout repos pour Arrien :

« Nous avons navigué d’abord avec les vents qui, le matin, soufflent des fleuves, et aussi avec la rame ; car ces vents étaient frais, comme dit Homère, mais insuffisants pour qui voulait naviguer vite. Puis le calme se fit si bien, que nous ne nous servîmes plus que de nos rames. Ensuite, du côté de l’Eurus, une nuée s’éleva tout à coup, qui creva, et poussa sur nous un vent violent, qui nous était exactement contraire, et qui faillit nous perdre. En peu de temps il rendit la mer si grosse que non seulement par les rames, mais encore par les parties où il n’y a pas de rames, une grande quantité d’eau entrait chez nous des deux côtés. […] Heureusement les flots ne nous prenaient pas de travers ; et nous finîmes par nous tirer de là à grand-peine et à force de rames ; et après avoir cependant beaucoup souffert, nous arrivâmes à Athènes [du Pont-Euxin]. » Le Périple de la Mer Noire, 6.

Le voyage de la mer Noire étant si dangereux, qu'on lui préférait souvent celui qui consistait à relier la Méditerranée depuis la Baltique, la mer du Nord puis la Manche et l'Atlantique. Nestor rapporte ainsi que les tribus slaves se rapprochaient d'abord de Rome en longeant les cotes de l'atlantique, pour ensuite entrer en Grèce ou à Constantinople. Ce qui représente un immense détour sur une carte, était en réalité un raccourci car la navigation permettait d'avancer bien plus vite que sur terre.

« Du temps où les Polianes vivaient isolés dans leurs montagnes, il y avait une route qui allait du pays des Varègues en Grèce et du pays des Grecs chez les Varègues, le long du Dnieper. Au-dessus du Dniepr, il y avait un portage pour les bateaux jusqu'à la Lovot ; par la Lovot on entrait dans le grand lac Ilmen. De ce lac sort le Volkhov qui tombe dans le grand lac Nevo, d'où il coule dans la mer des Varègues. Par cette mer on peut aller à Rome, de Rome par la mer à Constantinople, et de Constantinople à la mer du Pont où se jette le fleuve Dnieper. Car le Dnieper sort de la forêt d'Okov et se dirige vers le midi ; la Dvina sort de la même forêt et se dirige vers le nord où elle se jette dans la mer des Varègues ; la Volga qui prend aussi sa source dans cette forêt, se dirige vers l'orient et se jette par soixante-dix bouches dans la mer Khvalisienne. On peut donc ainsi aller par la Volga de la Russie à la Bulgarie et chez les Khvalis, à l'orient jusqu'au pays des Sémites ; par la Dvina chez les Varègues, du pays des Varègues à Rome, de Rome chez la race de Cham [Afrique]. Le Dnieper se jette dans la mer du Pont par trois bouches : cette mer s'appelle Russe, et c'est sur ses bords que prêcha, suivant la tradition, saint André, frère de Pierre. » Nestor, Chronique, 4. Trad. Léger.

 

Afin de nous familiariser avec la toponymie locale, entreprenons à présent le tour de la mer Noire. Pour ce faire, suivons le mouvement qui est celui d'Ammien Marcellin dans le chapitre 22, 8

de son Histoire de Rome. Depuis la Grèce, celui-ci décrit la rive sud de la mer Noire jusqu'au Caucase, avant de décrire celui de la rive nord lors du retour vers l'ouest :

« La crête élevée du mont Athos (Macédoine) et l’île d’Eubée, malgré la distance qui les sépare, marquent la limite réciproque de la mer Égée et de celle de Thessalie (Grèce).

L’Égée, à partir de ce dernier point, va s’élargissant, surtout vers la droite, vers la côte de Troade [Troie], vers le temple des rats d’Apollon Sminthien et l’héroïque plaine d’Ilion.

Plus au nord, l’Égée forme le golfe de Mélas, d’où l’on découvre dès l’entrée la patrie de Protagoras et de Démocrite, puis le repaire sanglant du cruel Diomède de Thrace, et enfin l’étroite vallée où l’on voit le cours de l’Hèbre (actuel Maritsa, Bulgarie).

L’Égée ensuite se resserre, et, obéissant à une impulsion naturelle, court se joindre au Pont. De là, ouvrant l’Hellespont, et laissant de côté le Rhodope (Thrace) et les tombeaux d’Achille et d’Ajax, sont Dardanie (Dardanelles) et Abydos. Plus loin sont Lampsaque, présent du roi des Perses à Thémistocle, et Paros, fondée par Parius, fils de Jason.

La mer s'évase alors en forme de demi-cercle : en longeant la côte vers l'est, elle devient la Propontide (actuelle Marmara) et arrose à l’est la Nicomédie, où se trouvent la ville de Cyzique et la colline de Dindyme, sanctuaire révéré de la mère des dieux. Par le nord, la mer longe la Chersonèse (rives nord de la mer Noire).

En continuant vers l'est, la mer visite les ports d’Athyras, de Sélymbrie et de Constantinople, l’ancienne Byzance, colonie athénienne. »

Au milieu du premier millénaire de notre ère, Byzance était la capitale de l’Empire romain d'Orient. Sa prospérité et sa richesse étaient si légendaires, que la ville entra dans le langage courant comme synonyme du pays de Cocagne. Cité grecque modernisée et développée par Rome (Constantinople), elle fut plus tard pillée par les croisés francs et normands, puis conquise par les Turcs ottomans, qui en déportèrent et massacrèrent la population gréco-orthodoxe. Constantinople devint alors Istanbul, tandis que l'Anatolie devint le pays des Turcs, c’est-à-dire la Turquie.

« Là s’arrête le courant, et se trouve accomplie la communication des deux mers (Noire et Méditerranée). Alors les deux rives de nouveau s’écartent, embrassant une nappe d’eau sans limites auxquelles la vue puisse atteindre (mer Noire). La forme de cette mer, au dire de tous les géographes, est celle d’un arc scythe avec sa corde.

Elle a pour bornes, au levant, le Palus-Méotide (mer d'Azov) ; au couchant, l’empire romain. Ses côtes septentrionales sont habitées par des peuples différents de mœurs et de langage. Son vaste littoral est parsemé de villes grecques, toutes, un très petit nombre excepté, fondées par Milet, cités depuis longtemps établies en Asie Mineure.

Les deux extrémités de l’arc sont figurées par les deux Bosphores, l’un Thrace, l’autre Cimmérien. Au sortir du Bosphore, se montre la côte de Bithynie

Après la Bithynie viennent les États du Pont et de la Paphlagonie, où l’on remarque Héraclée et Sinope, Polémonion et Amisos, villes considérables, toutes créations de l’actif génie des Grecs ; et Cérasonte, dont l'on exporte le doux fruit jusqu'en Grèce. Du sein d’îles altières s’élèvent les villes importantes de Trapézonte et de Pityunte.

Plus loin on rencontre le port d’Acon, et divers fleuves, l’Achéron, l’Arcadius, l’Iris, le Tibre, et plus loin le Parthénius (actuel Bartin) ; tous se précipitant d’un cours rapide vers la mer. Non loin de là est le Thermodon (Cappadoce), qui descend du mont Armonius, et coule entre les bois de Thémiscire (Anatolie), où jadis les Amazones vinrent chercher un refuge.

À partir du fleuve Halys (actuel Kizilirmak), tout le littoral s’étend en ligne aussi directe que la corde tendue entre les deux extrémités de l’arc. À ses confins, on trouve les Dahas, le plus belliqueux peuple de la terre, et les Chalybes (ancêtres des Géorgiens), qui, les premiers, arrachèrent le fer de la mine. Les vastes contrés qu’on rencontre ensuite sont occupées par les [ancêtres des actuels Géorgiens ; peuples sans communication avec la Grèce].

Mais à peu de distance sont les tombes de trois héros, Sthénélus, Idmon et Tiphys ; le premier, compagnon d’Hercule, et blessé mortellement en combattant avec lui les Amazones ; le second, devin des Argonautes ; et le troisième, leur habile pilote.

Au-delà de cette contrée se trouve le fleuve Callichore (Oxinos), ainsi nommé parce que Bacchus, après avoir en trois ans accompli la conquête des Indes, célébra son retour, sur ses bords ombragés et fleuris, par des chœurs de danse et des orgies.

On arrive ensuite au Phase (Rioni en géorgien), dont les eaux murmurantes baignent les peuples de Colchide. Au nombre de ces villes il faut citer Phase, qui prend son nom du fleuve, et Dioscure, dont la fondation est attribuée à Amphitus et Cercius, cochers de Castor et de Pollux.

Tout auprès sont les Achéens, qui, suivant quelques auteurs, après une guerre antérieure à celle dont Hélène fut le sujet, rejetés sur les rives du Pont par la tempête, trouvant des ennemis partout et ne pouvant s’établir nulle part, finirent par occuper la cime de montagnes couvertes de neiges éternelles (Caucase). L’âpreté du climat fit contracter à ces émigrés l’habitude de vivre de rapine, et les rendit bientôt les plus féroces des brigands. Touchant les Cercètes leurs voisins, on ne sait rien qui soit digne de remarque.

Derrière ces derniers sont les Cimmériens. Là se trouvent plusieurs villes milésiennes, et Panticapée (Tauride, actuelle Crimée) leur métropole, qu’arrose l’Hypanis (actuel Boug en Ukraine), alors grossi des tributs de nombreux affluents. Au-delà, mais à de grandes distances, des tribus d’Amazones habitent les deux rives du Tanaïs (Don), et s’étendent jusqu’à la mer Caspienne. Ce fleuve forme la limite réciproque de l’Europe et de l’Asie. Au-delà du Tanaïs s’étend indéfiniment la contrée des Sarmates, arrosée de fleuves sans nombre. » Adapté depuis Ammien Marcellin.

De nombreuses colonies grecques sont installées en Tauride (ou Chersonèse), région des rives de la Mer Noire (Crimée). Les populations autochtones étaient apparentées aux Scythes ou aux Cimmériens. Le royaume du Bosphore régna sur la Tauride, avant que les Goths ne l'annexèrent.

« La Chersonèse est sur la gauche, elle est remplie de colonies grecques. Aussi les habitants en sont-ils doux et pacifiques ; ils s’adonnent à l’agriculture, et vivent de ses produits. Une faible distance les sépare de la Tauride, partagée entre les diverses tribus des Ariques, des Sinques et des Napéens, toutes également redoutables par la barbarie invétérée de leurs mœurs. C’est au point que la mer qui les baigne en a reçu l’épithète d’inhospitalière. Les Grecs ont nommé la région le Pont-Euxin. Ces peuples immolent des victimes humaines. Ils sacrifient les étrangers à Artémis et suspendent les crânes de leurs victimes aux parois des temples, comme le plus glorieux des trophées. Leucé, île inhabitée et consacrée à Achille, est une dépendance de la Tauride. Les voyageurs que le hasard y jette visitent ses temples, et contemplent les offrandes faites en l’honneur du héros, mais regagnent vers le soir leurs navires ; car c’est risquer sa vie, dit-on, que d’y passer la nuit. » Ibid.

« Avec le temps, sans doute, le nom du Pont a changé ; il est devenu le Pont-Euxin ; plus habiles, les Grecs luttèrent plus heureusement contre ses vents et ses flots ; ils vinrent plus nombreux, et ils eurent raison des barbares ; ils créèrent eux-mêmes les abris et les ports qui manquaient ; leurs colonies s’échelonnèrent sur ces côtes ouvertes enfin, et pour toujours. D’ingénieux colons tirèrent d’un sol longtemps ingrat des richesses inconnues, ou développèrent des industries et des arts naissants, dont les barbares usaient à peine. La terre féconde des Scythes produisit du blé en abondance, et de longs convois s’acheminèrent vers l’Attique ; au midi, la terre donna ses fers, ses métaux divers, ses bois ; la Colchide laissa recueillir l’or de ses fleuves, De nouvelles routes s’ouvrirent au commerce ; les caravanes de l’Inde arrivèrent jusqu’à Trébizonde et jusqu’à Sinope ; et la Grèce reçut enfin le prix de ses longs labeurs, des dangers sans nombre qu’elle avait affrontés : son sang, en arrosant le sol, l’avait fécondé. » H. Chotard, introduction au Périple de la Mer Noire d'Arrien.

En voyage dans la région, Arrien remarque la présence d'une Athènes du Pont-Euxin. Il ne s'agit cependant pas d'une véritable cité, mais plutôt d'un petit village, qui ne possède pas de digue, ni d'équipement. Grâce à une crique sous un rocher, le village peut cependant accueillir une galère. Preuve de la difficulté à vivre et à prospérer sur les bords de la mer Noire, des ruines surplombent la ville. Elles témoignent d'une époque lointaine où des puissances, probablement grecques mais déjà disparues du temps d'Arrien, avaient tentées d’administrer la région.

Dans ce lieu, écrit Arrien, « se trouve un temple de Minerve, qui est grec, et d’où est tiré le nom de la ville ; un château abandonné y est aussi. Le port peut en été recevoir quelques vaisseaux, et leur fournir un abri contre les vents. Les navires qui y entrent, seraient également protégés contre Borée, mais non contre l’Aparctias [deux vents du nord], ni contre le vent que l’on appelle le vent de Thrace. »

Arrien est alors peu inspiré de mouiller dans ce petit port, qui n'est pas assez équipé pour protéger les navires alors qu'une tempête s'annonce. Il est intéressant de constater qu'il s'agit d'un port de pécheurs grecs, et non d’un comptoir commercial. C’est une véritable communauté grecque autonome en pays scythe, dont le commerce n'est pas l'activité principale. Ce village n'est pas en capacité d'héberger un navire grec de passage :

« Aux approches de la nuit, il y eut de terribles coups de tonnerre et d’éclairs ; le vent ne resta pas le même [...] et le port ne fut plus sûr pour les vaisseaux. » Les marins grecs se précipitent alors pour décharger leurs marchandises afin de ne pas les perdre dans la mer. À quelques mètres du rivage, leurs bateaux risquant d'être fracassés, ils les tirent sur la plage : « Avant donc que la mer fût tout à fait mauvaise, nous tirâmes sur le rivage tous les bateaux qu'Athènes avait pu recevoir, à l’exception de la trirème qui, mouillée sous un rocher, resta sur ses ancres, sans avoir rien à craindre. »

Revenons à Ammien Marcellin et finissons le tour de la mer Noire en sa compagnie. On apprendra qu’il existait des Gètes d'Asie et d'Europe, des Gaulois d'Anatolie et de Gaule, et aussi des Alains d'Asie et d'autres d'Europe. Tous ces peuples sont nomades, ce qui expliquent leur répartition géographique :

« Le nord de la Tauride, est habité par les Alains d’Europe et les Costoboques (Daces-Thraces), et, derrière ceux-ci, par d’innombrables tribus scythiques, répandues dans des espaces sans limites. Un petit nombre de ces peuples se nourrit de blé ; tout le reste erre indéfiniment dans de vastes et arides solitudes, que jamais n’ouvrit le soc et ne féconda la semence. Ils y vivent au milieu des frimas, à la façon des bêtes sauvages. Des chariots couverts d’écorce leur servent à transporter partout, au gré de leur fantaisie, habitation, mobilier et famille.

La plage, quand on arrive à la dernière partie de la courbure, se couvre d’une multitude de ports. Là s’élève l’île de Peucé, demeure des Troglodytes. On y voit aussi Histros (ou Histria, en actuelle Roumanie), ville jadis des plus puissantes, sans parler d’une foule d’autres parsemées sur la côte de Thrace.

Là, le Danube, sorti des monts Rauraques (pré-Alpes), aux confins de la Rhétie, et grossi, dans son immense parcours, des eaux de plus de soixante rivières navigables, vient par sept bouches s’absorber dans la mer de Scythie. »

 

Une illustration : le voyage des Tchakaviens

Afin d'illustrer le trajet le long des côtes de la Mer Noire puis des mers de Marmara, de la Méditerranée et de l'Adriatique, voici un extrait du livre Gan-Veyan, de l'historien croate Mitjel Yoshamya. Ce récit est « la 3e légende de Vaeya, telle qu'interprétée par feu le barde Fabian Tomashic-Velnic ». Au lieu des dénominations archaïques en ancien tchakavien (vieux-croate), la topologie moderne a été adoptée pour nommer les lieux mentionnés.

Les Tchakaviens sont les ancêtres des actuels habitants de l'Istrie et de l'île Adriatique nommée Véglia en italien et Krk en croate. Les premiers ancêtres des Végliens étaient résidents de la ville portuaire de Mitanni, située à l'ouest du Caucase, sur la Mer d'Azov. Ils vivaient de la navigation commerciale et de la pêche. Ils menaient aussi des cavalcades dans les steppes environnantes situées plus à l'est.

« Quand vint pour eux le moment de migrer, leur amiral, Harvatye Mariakyr, organisa une flotte de sept vaisseaux beaux et solides, composée : d'un vaisseau-mère, nommé le Grand Destructeur, d'un drakkar, d'un éclaireur, d'un vieux cargo, d'une goélette petite et rapide, d'un bateau à double coque, et d'un septième navire dont l'utilité et le nom furent oubliés par les siècles.

Un jour printanier, alors que le ciel était dégagé, tout en chantant des hymnes à la mer, les marins gagnèrent leur bateau respectif, puis délièrent les cordes et enfin les navires prirent le large.

La flotte au complet navigua une année complète pour rejoindre la mer Adriatique. Pour se diriger, leur seul indicateur fut l'étoile qui indiquait le nord, l'étoile polaire, aussi appelée l'étoile de Thor. Ainsi, cette étoile était derrière eux à leur départ, mais à leur arrivée, elle était à leur proue.

D'abord, la flotte canota à travers la mer d'Azov, puis, après avoir dépassée le détroit de Crimée, elle rejoignit la Mer Noire, à l'est de laquelle s'apercevaient les sommets enneigés de la chaîne du Caucase. Cependant, les marins prirent la direction de l'ouest, et longèrent la péninsule de Crimée, puis la côte Pontique, pour rejoindre le delta du Danube. Tout au long de leur chemin, ils purent constater qu'il ne voguait avec eux que de rares bateaux et qu'il n'y avait par conséquent aucun port d'envergure, malgré les larges baies.

Ensuite, ils passèrent Constantinople, et continuèrent à travers la petite mer de Marmara et des Dardanelles, pour rejoindre les eaux chaudes de la mer Égée, où flottaient de nombreux bateaux grecs, occupés à pécher ou à commercer.

Continuant leur voyage vers le sud, ils franchirent les archipels grecs et passèrent la Crête. C'est là qu'ils perdirent leur septième navire, dans un naufrage. L'équipage de ce navire resta à terre et décida de vivre en Crête.

Les autres, après s'être reposés, embarquèrent à nouveau sur les six vaisseaux et entrèrent dans la Méditerranée, appelée à l'époque la « Grande Mer ». Ensuite, ils naviguèrent en suivant la côte du Péloponnèse jusqu'à la baie de Corinthe. Tout au long de leur voyage, l'esprit de la navigation et l'esprit de la pêche les protégèrent et les guidèrent. Ils leur assurèrent aussi un bon climat et une pêche abondante, malheureusement les marins furent attaqués par deux monstres marins : Shtrigun and Orkuul. Ces deux monstres les torturèrent alors avec des éclairs, des tempêtes et des vents surpuissants… Mais les marins s'en tirèrent à bon compte et continuèrent leur route vers les Pouilles italiennes, d'où ils entrèrent dans la mer Adriatique.

Grâce au vent du sud, ils avancèrent rapidement vers le nord, en suivant la côte albanaise, passant à travers les îles de la Dalmatie. Là, ils purent déjà apercevoir les pics enneigés des Alpes.

Enfin, au début de l'hiver, les six vaisseaux accostèrent au nord de l'archipel qui prolonge la péninsule de l'Istrie. La légende raconte que ce sont ces marins qui apportèrent aux gens du pays la langue véglienne, ainsi que la première forme d'écriture dans la région, le Glagolitique, la plus ancienne forme d'écriture d'une langue slave.

Arrivés en vue des îles Kvarner, les marins décidèrent de s'arrêter définitivement. L'équipage des navires mit pied à terre sur une petite île, tandis que l'amiral Harvatye Mariakyr et ceux du vaisseau-mère partaient en expédition de reconnaissance sur l'île principale de Vaeya, nommée de nos jours Krk. »

Autour de la MER NOIRE (la mer de SCYTHIE)
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