27 Novembre 2023
Ce sont avant tout les dieux mitanniens proprement dits, c'est- à-dire Tésup et sa parèdre Hépa (Hebe, Hépit), sur lesquels nous reviendrons, puis les dieux des pays annexés par le Mitanni, ou sur lesquels il étend son influence, ou ceux encore des pays dans lesquels la civilisation mitanienne plonge ses racines : Sumer et Babylone.
Les dieux aryens. Ce seront donc les dieux du clan indien qui gouverne : Mitra, Varuna, Indra, les Nasatya.
Les dieux des pays voisins. Le dieu de l'Assyrie, Assur ; les dieux de l'ouest de la Mésopotamie, Zababa au culte duquel était attaché Sargon l'Ancien dans son enfance ; Ishara, variété d'Ishtar, représentée par le Scorpion, dans laquelle les Mitanniens voient la dame du serment ; Shala, la parèdre d'Amurru, le dieu de l'ouest. [...]
Enfin, les dieux de Babylone et de Sumer : Anu, dieu du ciel et sa parèdre Antum ; Enlil, dieu de la terre et sa parèdre Ninlil ; Sin, Dieu-lune et seigneur du serment, le soleil Shamash, Ishtar, déesse de fertilité et de fécondité, Ea, dieu des eaux douces et amères et sa parèdre Damkina, Nergal et Ninégal, divinités du monde inférieur, Nisaba déesse des céréales.
En plus de ce riche panthéon et pris en bloc : les montagnes, les fleuves, le Tigre, l'Euphrate, le ciel, la terre, les vents, les nuages qui sont divinisés.
Si nous mettons à part ce dernier paragraphe qui place le divin partout, il nous reste à expliquer les deux personnages principaux: Tésup et Hepa.
Tésup est un dieu élémentaire, un dieu des sommets, de la foudre et de l'orage, secondairement de la pluie bienfaisante et, par suite, de la fertilité. Le dieu du panthéon mésopotamien auquel il peut le mieux être comparé, c'est Adad, venu de l'ouest, qui a tous les premiers caractères de Tésup; d'ailleurs, les représentations des deux dieux diffèrent peu : c'est un homme court-vêtu, la tête couverte d'un casque ou d'une tiare, tenant le foudre et la hache à la main. Tésup et Adad sont debout sur le taureau, leur animal attribut : Tésup est aussi représenté chaque pied sur la pointe d'une montagne. Cette identité est accusée par l'idéogramme du dieu, IM, que les vocabulaires nous invitent à prononcer non pas Adad, lorsqu'il s'agit du dieu asianique, mais Tésup.
Hépa (sans doute la même que Hépit), est la parèdre du dieu ; c'en est la contre-partie, déesse de fertilité et de fécondité comme Ishtar ; mais elle est vêtue, coiffée de la tiare, représentée bien plus comme déesse de fertilité que comme déesse de fécondité, aspect qui convient mieux à Ishtar. Avec Tésup, elle constitue le couple divin par excellence, le Grand dieu et la Grande déesse, dont l'union produit sur terre le renouveau, la fertilité des champs, la pluie bienfaisante pour les récoltes, le croît des troupeaux.
Ce couple divin primordial semble prépondérant dans la religion asianique, et il est intéressant de voir l'ébauche qu'en ont donnée certaines cités sumériennes primitives, quand elles adorent un principe de fertilité et de fécondité comme Nidaba, déesse des céréales, Tammuz, esprit de la végétation, Shara de la ville d'Umma, dieu-verdure. Mais en terre asianique, le système est mieux ordonné; il n'est point noyé parmi les dieux accessoires. Il y aura plusieurs Tésup (le traité en compte plus de vingt) selon qu'il est de telle ou telle ville (Wasuqani, Alep, etc.) ou représenté sous différents aspects (Tésup du secours, du camp, etc.) mais ce sera Tésup ; il y aura plusieurs Hépa (quatre dans le traité), mais ce sera Hépa. [...]
Un texte alphabétique de Ras-Shamra en hurrite a conservé les noms des principales divinités hurrites ; outre le grand couple déjà cité, il énumère Hammân, Anat (de Syrie), Simégi, Nupatig, Hudéna, Hudillura, Kumarpi (ou Kumarwi), Sauska (une forme d'Ishtar).