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Arya-Dharma, l'héritage indo-européen

La bibliothèque numérique consacrée aux traditions et mythologies primordiales et indo-européennes

Le panthéon indo-européen, en résumé

Si la linguistique et la génétique prouvent l'existence des Indo-Européens, c'est surtout la mythologie comparée qui nous renseigne sur eux.

La mythologie comparée repose sur l'étude systématique et scientifique des mythes et légendes. Regroupés thématiquement, géographiquement et généalogiquement, ces mythes nous renseignent sur la spiritualité, mais aussi sur la vie et la pensée de ceux qui croyaient en eux. Les deux grands ouvriers de ce champ de recherche sont les conférenciers, professeurs et écrivains George Dumézil (1898 - 1986) et Mircéa Eliade (1907 - 1986). Mis sur la piste d'un peuple originel par les progrès de la linguistique au début du 20e siècle, et formés à la méthode ethnographique, ces deux chercheurs recensèrent et expliquèrent les ressemblances sociales et mythologiques des différentes ethnies indo-européennes.

Le panthéon indo-européen classique est plutôt simple. Il existe plusieurs catégories de divinités qui cohabitent sans se défier, ni se contrarier.

Trois d'entre elles sont regroupées pour composer une triade sacrée constituée de trois divinités masculines. L'un de ces dieux assure la fonction sacrée, un autre assure la sécurité et la pérennité de la société, tandis qu'un dernier incarne la fertilité.

Chacun de ces trois dieux est bénéfique et faste. C'est à eux que s'adressent la plupart des prières, des hymnes et des sacrifices. En Inde védique, il s'agit de Varuna (le créateur), associé à Aryaman (le protecteur des familles et des Aryens) et Mitra (le juge solaire).

Cette triade sacrée n'est pas nécessairement canonique ou officielle ; en Inde, il peut aussi s'agir de Varuna (Créateur céleste), associé à Indra (la Pluie, le héros sauveur) et Mitra (le « contrat », le punisseur). À Rome, Jupiter, Mars et Quirinus formèrent une première triade « indigène », qui fut remplacée par Jupiter, Junon et Minerve à la suite de l'hellénisation.

À cette triade s'ajoute un dieu cosmogonique, céleste, créateur et en retrait. Il est le père de toutes les autres divinités, ainsi que celui qui sépara le ciel de la Terre. Pour que la vie se fasse, il dut cependant faire sacrifice de lui-même et demeurer à jamais en retrait. C'est le Zurvan perse, le Chronos grec, le Dis Pater gaulois, le Brahma védique. Ce dieu est lié à la mort et aux mondes souterrains, c'est le Saturne romain, le Yama védique, l'Imra des Kailashas.

À ces divinités essentielles, s'ajoutent des parèdres féminines. C'est ainsi que l'on associe au dieu du Ciel une déesse Terre. À la Lumière est attribuée la Matière et au Soleil, la Lune. Ces compagnes font office de principes réactifs féminins. Jalouses comme Héra et Indrani, les compagnes de Zeus et Indra, ou dévouées comme Parvati et Lakshmi, les compagnes de Shiva et Vishnou, elles motivent les actes et les décisions des divinités majeures.

Identifiée parfois à une de ces parèdres, se dégage en parallèle de ce panthéon classique, une figure à la fois supérieure et hors cadre : la Grande Déesse, déesse-mère. C'est Rhéa en Grèce, Aphrodite céleste pour les orphiques, Cybèle en Phrygie, Bellone en Gaule, Parashakti Dévi en Inde.

Une autre catégorie de divinités concerne les dieux mineurs, associés à un élément conceptuel ou naturel particulier. Il s'agit du Feu, du Vent, de la Beauté, de l'Amour… Ces dieux sont qualifiés de mineurs car leur culte n'est pas aussi diffus ni aussi fervent que celui des divinités centrales, mais il ne s'agit pas de dieux faibles ou négligeables. Par exemple, d'Étrurie jusqu'en Scythie, la divinité de la chasse Artémis (connue par ailleurs sous d'innombrables noms) était honorée de très nombreux sacrifices sanglants. En Inde, Agni est à la fois le dieu du feu et du foyer, de sorte qu'il est mentionné aussi souvent qu'Indra et plus souvent que Varuna.

En outre, le culte solaire est très prégnant dans la spiritualité indo-européenne. Mais où trouve-t-il sa place ?

Tout d'abord, même si le soleil est incarné par une divinité qui lui est propre, il n'est pas incarné d'une seule manière. En Inde, s'il est Surya, il est aussi Indra, Vishnou et bien d'autres, en fonction du contexte et du rituel. La littérature védique et puranique donne à cet astre jusqu'à plusieurs dizaines d'identités différentes, qui varient au fil de l'année solaire…

Chez les Ligures, de manière parfaitement semblable, le Soleil est adoré et nommé en fonction des différents moments de la journée (soleil du matin, du soir, etc.)

En Perse, le Soleil est l'attribut de Mithra, « l'œil du monde », mais il n'est pas une divinité en tant que telle. De même en Grèce, le Soleil (Hélios), est une forme d'Apollon (le rôle et la fonction d'Apollon dépassant de loin la stricte fonction solaire).

Le culte solaire doit donc être perçu comme un des principaux éléments du culte en général et des rituels en particulier, plutôt que comme la vénération d'un personnage particulier du panthéon. En somme, si la liturgie païenne s'adresse très souvent au Soleil, c'est pour s'adresser à une divinité qui peut être tout aussi importante, si ce n'est plus, que le dieu-Soleil lui-même.

Durant l'Antiquité tardive, à cette structure de base du panthéon, s'ajoutèrent des divinités issues de cultes marginaux. Il s'agit de sectes ultra-minoritaires et fanatiques, lesquelles sont tolérées par les cultes principaux car elles ne cherchent pas à les subvertir. Ces mouvements ascétiques hétérodoxes favorisent le culte de divinités liées à la fertilité, au phallus sacré, à la vie éternelle ainsi qu'aux mondes souterrains et infernaux. Il s'agit des cultes de Cernunnos, Shiva, Dionysos, Cybèle, Mithra, mais aussi des maîtres spirituels semi-légendaires comme l'Aryen Zarathoustra, le Scythe Zalmoxis, le Grec Pythagore ou le Thrace Orphée.

L'influence moyen-orientale se fait puissamment sentir sur ces cultes et ces profils mythologiques : Cybèle est Ishtar, Pythagore puisa une partie de sa sagesse en Égypte et chez les Perses, Orphée payait un tribut partagé entre l'Égypte et l'Hyperborée, tandis que Mithra devait autant au Shamash élamite qu'au Mitra aryen.

Remarquons enfin qu'une divinité peut être dotée d'attributs variés, selon le culte qui lui est associé. Prenons le cas d'Aphrodite :

- dans le contexte du panthéon grec classique, elle est alternativement la compagne d'Apollon, de Dionysos ou d'Héphaïstos.

- divinité majeure, elle est la Déesse-Mère, la femme-céleste.

- divinité mineure, elle est la personnification du désir et la patronne des prostituées.

- dans le contexte initiatique importé de Phrygie, elle est Cybèle, compagne du mortel Attis.

 

Il existe donc deux traditions indo-européennes :

- Une tradition sibérienne ancestrale, minimaliste et centrée autour d'un dieu chthonien, maître de la nature (Cernunnos, Pashupati, Priape, Dionysos).

- Une tradition tripartite, née entre les steppes européennes, iraniennes et altaïques. Cette tradition est elle aussi animiste, mais reconnaît plusieurs dieux complémentaires. Cette tradition est née de la montée en puissance des tribus guerrières (kourganes).

Les deux traditions peuvent collaborer (en Inde avec le védisme et le shivaïsme), ou simplement se tolérer (en Grèce avec le panthéon olympien, majoritaire, et l'orphisme et le pythagorisme, cultes à mystères élitistes).

 

Toutes les divinités que nous venons de mentionner sont fastes. Les Indo-Européens n'adoraient pas de divinités incarnant des concepts malsains, vicieux ou maléfiques.

Il se trouve bien dans leur mythologie des êtres dangereux, qui peuplent particulièrement les lieux aquatiques, comme les rivières et les sources, mais si ce n'est quelques nymphes tutélaires, ces créatures légendaires ne sont pas l'objet d'un culte.

Quant aux personnages mythologiques ou religieux incarnant les forces du mal, comme les dives, les titans ou les asuras, ils sont associés aux peuples ennemis. C'est ainsi que les dives perses évoquent les dévas védiques, de même que les démons suras et asuras sont les dieux tutélaires des indigènes du sous-continent.

Le panthéon indo-européen, en résumé
Le panthéon indo-européen, en résumé
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