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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

L'extase chamanique

L'extase chamanique

Par delà les époques et les lieux, ce qui unit le chamanisme et, par exemple, le brahmanisme, c'est un désir de transcendance, d'extase ; pour ces systèmes religieux, l'expérience est l’essence même de la croyance. C'est à travers l'expérience et non la raison ou la pratique du rituel1, que le chamane, le druide ou le brahmane accède à la « véritable réalité », laquelle est normalement brouillée par le voile de l'Illusion (Maya en sanskrit). Le pouvoir du chamane, du druide ou du brahmane est de « démasquer » la réalité afin d'apercevoir les choses telles qu'elles sont véritablement. Si le brahmane assume au quotidien une fonction de prêtre ritualiste, son ambition ultime est tout autre : le vœu des brahmanes, dont témoigne toute la littérature des brahmanas (v. -600), est de devenir rishi : c'est-à-dire un être illuminé, libéré de toute contingence, vivant en permanence l'extase, malgré sa présence physique sur terre (notion de Para-nirvana).

Pour le chamanisme comme pour le brahmanisme, l'établissement d'une communication directe entre le domaine terrestre et le domaine divin est souhaitable et même tout à fait réalisable. Le passage depuis le monde illusoire de la réalité, vers ce « monde-autre », « monde parallèle », mais permanent et sacré, contenant en lui les âmes des êtres vivants, le passé et le devenir de la faune et de la flore confondues2, est même un rite des plus fondamentaux. Ainsi, selon la doctrine tengriste, originaire de Sibérie :

« Nous savons que le voyage au ciel est un des exercices particuliers du sorcier : cette ascension cosmique finit, de nos jours encore, par le conduire au plus près du sommet des cieux, au plus près du grand dieu. Rien ne nous autorise à croire qu'il n'en était pas de même jadis. Nous aurions alors pour chaque homme la possibilité concrète d'être en rapport avec Tângri3, puisque, en principe, tout le monde peut devenir chaman. […] Le chaman a la nostalgie du voyage au ciel : passer de la terre au ciel et vice versa est une de ses fonctions primordiales : " La croyance chamanique implique la croyance dans la possibilité concrète de l'ascension au ciel. "4 Ce passage d'un niveau à l'autre se ferait réellement en souvenir d'une époque heureuse où tous les humains pouvaient passer à leur volonté de l'un à l'autre. »5

 

 

Avant l'importation du bouddhisme (v. 300 à 600) et du Bön (v. 1000) sur le haut plateau himalayen, le chamanisme de type mongole était présent sur le haut plateau tibétain. On retrouve donc dans le bouddhisme tibétain, et notamment dans le tantrisme, des concepts tout à fait typiques du « salut chamanique ». Dans ses commentaires au Bardo Thödol6, le lama sikkimais Kasi Dawa Samdup7 expose que « le but de toutes les écoles de Yoga indienne ou tibétaine, ainsi que le Bardo Thödol, est de dépasser ce lent procédé d'évolution normale et gagner la libération dès maintenant. »

L'expression « dès maintenant » signifie pour les Indiens le Samadi, qui est l'instant d'illumination qui saisit l'ascète. Chez les bouddhistes japonais existe un concept similaire, celui du Satori, qui est un court moment d'extase et de compréhension totale de l'univers, malgré la persistance du corps et de l'incarnation physique.

Cette transcendance immédiate et soudaine, propre au chamanisme, s'oppose à la sagesse obtenue par l'étude des Écritures (monothéismes abrahamiques) et à la pratique assidue des rituels (polythéismes classiques et antiques).

Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que les premières religions du salut, au sens qu'en donne les ethno-historiens (tels que le mithriacisme, l'orphisme et le christianisme) furent, à leur commencement tout du moins, des cultes pratiquant l'expérience psychédélique8 rituelle. Le dionysisme et le christianisme des premiers temps étaient des mystères qualifiés par les chroniqueurs d'orgiaques, dans le sens ou la danse rythmée et l'ingestion d'excitants mystiques (en particulier le vin, le cannabis et l'opium) étaient favorisés en vue de se rapprocher du divin. La présence du vin dans les rassemblements n'était d'ailleurs pas étranger au sentiment d'agapé9 ressenti par les premiers initiés chrétiens.

Si les religions du salut10 sont habituellement citées comme les premières à proposer le salut universel, c'est avant tout parce qu'elles tranchent avec le ritualisme de caste excessif des polythéismes classiques. Mais ce caractère inédit n'est donc en rien justifié : des millénaires avant l'avènement des cultes à mystères et à prophètes, le chamanisme, qu'elle que soit sa forme, proposait déjà un salut immédiat, quasiment instantané, sous la forme d'une extase, d'une transe, bien souvent provoquée par la consommation d'un enthéogène puissant :

« L'avantage du champignon est qu'il permet à tout un chacun (ou presque) d'atteindre les états de conscience d'un Blake ou d'un saint Jean à Patmos, sans avoir à passer par les mêmes austérités. Le champignon, comme toutes les substances psychédéliques naturelles, nous permet de voir, plus fortement et plus lumineusement qu'avec notre œil mortel, bien au delà des horizons de cette vie passagère; il nous permet de voyager dans le temps, de traverser d'autres niveaux de réalité, de connaître d'autres plans d'existence, comme disent les Indiens, il permet de voir dieu. »11

 

 

Le chamanisme, dont les universitaires trouvent la notion si volubile et dont nous peinons à donner une définition universelle, ne proposerait donc pas une gnose métaphysique, ni une philosophie de vie, mais simplement une expérience. Cette expérience ne reposerait pas sur une réflexion, sur un cheminement intellectuel ou même spirituel, mais plutôt sur une expérience totale qui se rapprocherait beaucoup du théâtre de la cruauté théorisée par Antonin Artaud12 : l'expérience de la nuit, du rythme et de la danse, galvanisée par la consommation massive d'excitants mystiques13 propose une initiation brutale qui « force » le monde « réel », celui des apparences, à se révéler dépouillé, comme purifié de la couche illusoire qui le salit habituellement.

Ce qui semble à l'origine une pratique individuelle devient le sujet d'un expérience collective hystérique. Ainsi, chez les Étrusques comme chez la plupart des peuples antiques, « les danseurs étaient amenés à la transe et à un état d’extase et de communion collective par le biais du vin, de la musique et de la danse. […] Les contrastes chromatiques et les formes géométriques engendrées par le mouvement et les virevoltes des étoffes superposées créaient des illusions d'optique qui participaient à l'extase ressentie. »14

Le chamane est un voyageur, et comme tout voyageur, il a besoin d'un moyen de locomotion pour réaliser son transfert. Pour atteindre l'extase, les chamanes disposent en effet de nombreux moyens, qu'ils utilisent conjointement afin de favoriser leur « voyage » vers le monde des esprits15. Il s'agit particulièrement des enthéogènes, de la musique, de la danse, du jeûne et de la solitude16.

À travers le média du dérèglement des sens, le chamanisme propose une illumination accessible, possible et, si nécessaire, renouvelable. Le chamanisme est donc une possibilité de salut accessible à tous, qui participe à la sérénité et à l'accomplissement de la spiritualité au sein de la communauté.

La mystique des peuples dotés d'une croyance de type chamanique est donc marquée par une expérience directe de la mystique et du sacré, plutôt qu'à travers l'action d'un clergé ou la lecture studieuse d'un recueil de textes sacrés. C'est ainsi que le savant et explorateur Hartley Burr Alexander (1873-1939) évoque en termes mélioratifs le sentiment religieux des Amérindiens, dont les ancêtres ne connurent que le chamanisme depuis la découverte de leur continent au Paléolithique supérieur jusqu'à la colonisation européenne :

« Le Peau-Rouge est un mystique à un degré que l'on ne trouve ailleurs que chez les ascètes orientaux ou chrétiens, et je ne crois pas qu'il y ait eu au monde un autre peuple autant voué à la vision intérieure [...]. Dans toutes les détresses de la vie, l'Indien, homme ou femme, peut solliciter cette communion mystique entre lui-même et les puissances du monde (qu'il nomme du nom générique d'origine sioux, Wakonda). Le chercheur se retire, seul, et s'il est homme, porte avec lui sa pipe de cérémonie et un peu de tabac. Au désert, il entonne une chanson ou il profère une prière, ou parfois un seul cri : « Ho-oh! Wakonda ! » Il attend, en jeûnant, la révélation que, peut-être, lui apporteront les puissances. Parfois, comme preuve de l'intensité de sa détresse et de son besoin, il peut donner une offrande de son sang, afin que les ministres du Grand Mystère lui répondent sans hésiter. C'est ainsi que les prophètes des Peaux-Rouges achèvent leurs révélations, non seulement pour le soulagement de leur détresse individuelle, mais aussi pour le bien-être de leur peuple. »17

Ce qui est particulièrement intéressant dans ce témoignage de première main, c'est de constater que l'expérience chamanique est réalisable même sans l'intervention du chamane. Si elle est traditionnellement balisée par un chamane, la voie chamanique peut donc tout aussi bien s'entreprendre seul. De même, si elle est traditionnellement empruntée avec l'aide d'un adjuvant psychédélique, la voie chamanique peut aussi s'entreprendre dans la plus parfaite sobriété. Dès lors, ce concept de salut individuel accessible à tous et à chaque instant ne peut qu'évoquer la pratique du yoga en générale et de la méditation en particulier. Guidée par un maître, la pratique du yoga est plus salvatrice que simplement pratiquée par un individu solitaire sans initiation dans ce domaine. Ceci étant, la présence et l'action d'un maître ne sont pas indispensables à la pratique du yoga, et rien n'empêche un individu motivé et talentueux de profiter seul de ses bienfaits. C'est ainsi que le Bouddha vécut son illumination : absolument seul sous un arbre.

Plutôt qu'en des rites ou des références mythologiques particulières, le chamanisme consiste donc simplement à présenter des méthodes permettant de relier le monde « par défaut » au « monde-autre ».

 

 

Son importance dans l'histoire des religions, le chamanisme ne le doit pas seulement à son ancestralité, mais aussi à son influence.

Les témoignages des influences conjointes du chamanisme et de la consommation rituelle des enthéogènes sur les grands civilisations sont légions, mais ce qui est moins connu, c'est l'influence du chamanisme locale sur des mouvements religieux de première importance, comme le zoroastrisme, le védisme, le druidisme, le christianisme nestorien18, le soufisme, le spiritisme, le rastafarisme ou encore les diverses obédiences du New-Age et du néo-féminisme (néo-sorcellerie).

En Mésopotamie et dans le bassin méditerranéen, des confréries de mystiques sauvages et parfois auto-mutilés, consommaient des enthéogènes tels que l'opium, le datura, le cannabis, le lotus, la jusquiame ou encore la belladone ; ces fanatiques formaient des sectes, que l'on qualifia plus tard d'orphiques, de dionysiaques et de mithriaques, mais qui n'ont jamais été unies par une quelconque doctrine, si ce n'est le goût de l’expérience directe de l'extase. Les orphiques consommaient l'opium collégialement. Les pythies delphiques divinisaient assises au dessus d'un brasier d'enthéogènes. Les prêtres sacrificateurs mayas officiaient sous l'influence du psilocybe, tandis que les sacrifiés aztèques l'étaient sous l’emprise du datura. Les premiers chrétiens buvaient du vin lors d'orgies secrètes. Les Scandinaves se réunissaient pour boire un mélange de bière et de jusquiame, puis consulter le « seidr », la magie pratiquée par une sorte de sorcier polymorphe et vagabond. En Asie centrale, le chamanisme est à la base du tengrisme, du bönpo, du lamaïsme et du soufisme. En Inde, le sadhuïsme local présente toutes les caractéristiques classiques du chamanisme. En Amérique, le chamanisme amazonien influença le polythéisme andin, tandis que le chamanisme mexicain est inextricablement mêlé aux polythéismes mayas, aztèques et toltèques.

Par puritanisme judéo-chrétien, lui-même inspiré du rejet existentiel de l'héritage païen par le monothéisme abrahamique, le monde universitaire a longtemps refusé d'admettre l'importance et l'influence que ces plantes ont pu avoir sur l'évolution des civilisations humaines. La situation évolue pourtant : nous avons cité dans notre étude des Français qui ont récemment fait des enthéogènes le sujet de leur thèse de doctorat en pharmacie. Mentionnons aussi la diffusion par Radio France en novembre 2023 d'une série d'émissions sur la Préhistoire, dont une évoquait le rôle des enthéogènes. Cependant, si, indéniablement, les mentalités évoluent, notre société n'est toujours pas prête à apprécier et à accepter le rôle fondamental du chamanisme en général et des enthéogènes en particulier.

Même si la forme champignonnesque est omniprésente à travers l'Histoire, même si le chanvre fut la première plante cultivée au début du Néolithique, et même si des religions actuelles, suivies par des centaines de millions d'adeptes, tel l'hindouisme shivaïte, prônent l'usage mystique des enthéogènes, le sujet reste malgré tout sensible. L'interdit, ce ne sont pas seulement le chamanisme, l'enthéogène, la danse sensuelle ou amorale, c'est surtout l'expérience directe du sentiment religieux fanatique, extatique et véritable. L'interdit, ce sont la sensation « autre » et l'accès au « monde-autre. » C'est l'extase en elle-même.

Depuis 2000 ans et plus, la vérité se trouve dans le mot. Qu'il soit consigné dans un livre ou sur des tables de lois, il fait autorité. On s'y réfère. Certains livres, qualifiés de saints, sont idolâtrés. D'autres, brûlés, témoignent de leur supposée dangerosité. Or, il n'en a pas toujours été ainsi.

Avant que ne commence l'Histoire, le mot n'avait de pouvoir qu'oral. On ne savait pas le coucher sur papier, tout juste gravait-on sur des roches et rochers des symboles, des glyphes et des runes, mais qui n'étaient en rien des lettres ni des mots. Les prophètes, ou plutôt les chamanes ancestraux, existaient probablement déjà dans la mythologie et la conscience collective du Paléolithique, mais leurs paroles n'étaient pas sanctifiées, ni leurs discours standardisés pour perdurer dans le temps. Leurs hagiographies étaient composées de fables populaires, d'apologues, mais aussi de rapports astraux, climatiques et cynégétiques.

Cependant, contrairement aux traditions antiques, la tradition orale préhistorique ne reposait pas sur un canon littéraire, mais plutôt sur une expérience directe avec le surnaturel. La figure du chamane ancestral, de la proto-divinité, protégeait la tribu, montrait le chemin astral au psychonaute, mais disparaissait alors que débutait l'expérience enthéogénique. Celle-ci laissait alors place, dans le corps, le cœur et l'esprit du psychonaute, à un sentiment océanique total, parfois démentiel, irraisonné si ce n'est irraisonnable. Un « autre-monde » devenait alors perceptible. De même, une « pensée-autre » jaillissait de ces expériences brutales et salvatrices.

Les esprits existaient, car chacun pouvait faire l'expérience de leur existence. Les « mondes autres », bizarres, souterrains ou célestes, paraissent inconcevables à l'esprit sobre, alors qu'ils deviennent non seulement plausibles, mais aussi visitables pour celui qui s'est enivré d'enthéogènes.

« Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ? » sont les problématiques sur lesquelles a toujours reposé le sentiment religieux. C'est en tout cas à de telles problématiques que tentent de répondre les religions et croyances diverses. Or, c'est exactement à cela que répond l’expérience psychédélique.

 

 

Notes

 

1Si le védisme est un culte ritualiste, ce n'est plus le cas du brahmanisme, qui propose une véritable théologie du salut par la dissolution psychique et physique dans l'Âme du monde (le Brahman).

2Un tel concept est proposé par le Dreamtime aborigène.

3Tengri (ou Tângri), littéralement « La Hauteur », « la Montagne », « le Céleste » est la divinité masculine centrale des peuples nomades turciques pré-islamiques.

4M. Eliade, Le Chamanisme et les techniques archaïques de l'extase.

5J.-P. Roux, Tängri. Essai sur le Ciel-Dieu des peuples altaïques.

6Souvent surnommé « Le Livre tibétain des morts. »

71868–1922, professeur d'Alexandra David-Neel.

8Est psychédélique, ce qui est provoqué par la consommation d'un psychotrope.

9« Amour divin, inconditionnel ».

10Les plus prépondérantes sont le mithriacisme, l'orphisme, le christianisme, l'islam, le bouddhisme, le jaïnisme, le tantrisme shivaïte, le vishnouïsme bakhtiste et krishnaïte.

11R. G. Wasson, Le Champignon divin de l'immortalité.

12Artaud raconte ses expériences spirituelles et psychédéliques dans Voyage chez les Tarahumaras, tandis qu'il expose ses concepts intellectuels dans Le Théâtre et son double.

13le plus souvent une plante enthéogène contenant une substance proche de la DMT (Diméthyltryptamine).

14Audrey Gouy (archéologue, Université de Lille), « Arts, Musique et danse au diapason de la vie », magasine Historia numéro spécial Étrusques, 2023.

15« Selon les sociétés chamaniques qui y font appel, « la drogue » ouvre à l'invisible, elle enclenche la communication avec les esprits, elle induit une grande mobilité de l'âme. En effet, en disloquant la perception ordinaire, en provoquant des impressions de discontinuité, de décentrement ou de voyage, elle dénote un changement d'état. Elle rend possible l'expérience directe d'un ailleurs qui, dans le cas des sociétés traditionnelles, est fortement balisé par la mythologie. Stimulé par la drogue, et aussi par le biais d'un apprentissage, le chamane peut avoir la certitude de rencontrer les êtres de l'invisible, de vivre leurs aventures. Sous l'effet du produit, les éléments du mythe deviennent réalité. Le chamane, comme il le dit parfois, perçoit ce monde-ci avec les yeux du monde-autre. D'ailleurs, les deux ne font plus qu'un. Le chamane éprouve leur complémentarité. Maintenant « il sait », « il voit », « il entend »...» M. Perrin, Le chamanisme.

16« Jeûne, purification, « squelettisation », mort symbolique et résurrection à l'issue d'une transe, démembrement, scarifications, arbres chamaniques, montées au ciel par l'arc-en-ciel, remplacement d'organes internes et introduction du pouvoir magique dans le corps du chaman sous la forme de galets, cristaux de roche, meurtre du néophyte par les démons initiatiques, voyages sur des animaux volants, abstinence sexuelle, magie des flèches de maladie, aptitude à chasser le mal en le suçant, et à envoyer les forces en soufflant la fumée, Esprits tutélaires, tests d'anthropophagie, « maux » animés, source de puissance et cause de la douleur. Toutes ces pratiques d'initiation chamanique et de recherche de la puissance magique se retrouvent dans le prisme miroitant que constituent les sociétés indigènes sur la surface de la planète : des aborigènes australiens à l'Indonésie, le Japon, la Chine, la Sibérie, puis, passant le détroit de Behring, le Grand Nord américain, et tout le continent, du nord au sud en passant par le Mexique. » J. Wilbert, Le Tabac et l'extase chamanique chez les Indiens warao du Venezuela (trad. V. Bardet), dans P. T. Furst (sous la dir.), La Chair des dieux, L'Usage rituel des plantes psychédéliques, Seuil, 1974.

17L'Art et la philosophie des Indiens de l’Amérique du nord, 1926.

18Lors de sa visite à la cour du grand mongol, le moine chrétien Rubroek rencontre un prêtre nestorien indigène. Il ne retrouve pas en lui un frère en religion. L'envoyé du pape reproche au nestorien sa crédulité en ses rêves, sa croyance et la réincarnation, ainsi que sa prétention à agresser des adversaires en utilisant la prière. Il s'agit là de pratique tout à fait chamanique centrale asiatique, que l'on retrouve par ailleurs dans le bouddhisme tibétain et dans l'hindouisme.

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