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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Le culte du peyotl, par Weston La Barre

Le cactus peyotl

Le cactus peyotl

Le culte du peyotl

par Weston La Barre

 

 

A peu près à l'époque où la religion de la Danse des Esprits sombrait dans la défaite militaire, un nouveau culte venu du Nord du Mexique se répandit dans les Plaines du Sud des États-Unis, probablement par l'intermédiaire des tribus Apaches du Nouveau-Mexique et peut-être aussi de certaines tribus peu connues de l'Ouest du Texas. Les Huichol du Mexique employaient le peyotl dans les rituels de chasse et les cérémonies des prémices depuis l'époque pré-colombienne. Dans les plaines, le culte du peyotl trouvait une assise ethnographique et psychologique dans l'ancienne quête de la vision solitaire comparable à la quête visionnaire collective de la Danse du Soleil des temps proto-historiques, mais, cette fois, la vision était garantie par une plante hallucinogène. Le culte du peyotl se propagea vers le nord, chez les Kiowa et les Comanches jusqu'aux Saskatchewan du Canada, et vers l'ouest à travers le Grand Bassin jusqu'à la Californie orientale. Il revint même vers le sud atteignant les Navajos du Nouveau Mexique.

Le peyotl, mot qui vient de l'aztèque, est une des nombreuses plantes psychotropiques (teonanacatl, olo liuhqui, datura, mescal, etc.) de cette tribu; c'est le petit cactus Lophophora williamsii Lemaire qui pousse dans la zone aride des deux rives du Rio Grande et plus loin vers le sud-ouest de cette région. C'est une plante sans épines, en forme de carotte et dont la plus grande partie est enterrée; ce qui sort du sol a la forme d'une pelote à épingles; on la coupe transversalement et on la fait sécher pour obtenir le bouton de peyotl à goût de mauvaise herbe ligneuse. Fait remarquable, même pour un cactus, le peyotl contient plus d'une douzaine d'alcaloïdes psychotropiques du groupe des isoquinilines; le principal de ces hallucinogènes est la mescaline qui contient le radical indole présent dans de nombreuses autres drogues hallucinogènes. On a confondu autrefois le peyotl avec le champignon basidiomycète teonanacatl, avec datura spp., avec la fève mescal (Sophora secundiflora) et même avec le pulque, boisson fermentée fabriquée avec le suc de l'agave americana, qui n'appartient pas à la famille. des cactées.

L'« assemblée du peyotl » est un rituel qui dure toute la nuit. Elle se tient dans un tipi, autour d'un autel de terre en forme de croissant et d'un feu sacré; il est dirigé par un chamane, le Chef de la Route. Tenant un bâton dans sa main gauche et, de la droite, secouant une calebasse, le Chef de la Route chante quatre « chants d'ouverture » bien déterminés, accompagné de la musique de son chef du Tambour et pendant que le Chef du Cèdre fait brûler des copeaux aromatiques. Le Chef du Feu est muni d'un bâton de fumée incandescent qui sert à allumer les cigarettes sacrées roulées dans de la balle de maïs séchée ou dans des feuilles de chêne black jack coupées en rectangles; la fumée porte la prière de chaque participant vers le Père Peyotl au centre du croissant formé par l'autel; pendant toute la nuit le Chef du Feu entretient le feu et donne à ses cendres la forme d'un oiseau-tonnerre ou de quelque autre oiseau messager. Les boutons de peyotl fournis par le Chef de la Route sont offerts à la ronde à intervalles réguliers et mangés. Pendant la plus grande partie de la nuit le tambour et la calebasse passent de main en main autour de la tente, dans le sens des aiguilles d'une montre, tandis que chacun des hommes chante quatre chants de peyotl qui lui sont personnels et dont quelques-uns lui ont peut-être été « inspirés » dans une séance précédente. Au moment où le Chef de la Route chante le Chant de Minuit et où il sort pour siffler vers les quatre points cardinaux dans un os provenant de l'aile d'un aigle, les assistants peuvent également se retirer un court instant avant de réintégrer la tente et de recommencer à chanter jusqu'à l'aube, moment où le chamane entonne le Chant du Matin. Vient ensuite un repas rituel de fruits sans noyaux, de viande sans os, de maïs séché trempé dans de l'eau sucrée, le tout pris avec les doigts dans un récipient commun pour chaque espèce d'aliments; le récipient est passé de main en main dans le sens des aiguilles d'une montre. Après la réunion proprement dite, les fidèles flânent nonchalamment à l'ombre d'un ramada (berceau de feuillage) en se racontant les visions qu'ils ont eues au cours de la séance présente ou précédemment; un repas profane a lieu vers midi.

Face à la persécution des missionnaires, les groupes peyotlistes se sont légalement incorporés à l’Église Américaine Indigène, suivant les lois en vigueur dans différents États. L'Église dite néo-américaine » en est une copie; elle a été fondée par des bohèmes blancs (beatniks et hippies) soucieux d'échapper aux agents fédéraux chargés de la répression contre la drogue, en usant des garanties constitutionnelles s'appliquant à la liberté religieuse, garanties qui ont jusqu'ici protégé les fidèles indigènes authentiques. Le culte du peyotl est, de loin, la principale religion des Indiens américains d'aujourd'hui.

Le culte du peyotl, par Weston La Barre
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