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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

La CONSTITUTION de SPARTE

La loi de Lycurgue reconstituée

v. -900 à -377, défaite de Sparte face à Athènes

 

 

Présentation

Aussi traduit comme La Constitution des Lacédémoniens, La Constitution de Sparte est un traité de philosophie politique de Xénophon rédigé en 378 ou 377. La loi de Lycurgue, législateur de Sparte, est appelée la « Grande Rhétra ». Ce terme renvoie à un oracle que Lycurgue aurait reçu à Delphes. Son étymologie indo-européenne évoque le Rta védique et le Arta zoroastrien. C'est Plutarque, dans le chapitre qu'il consacre à Lycurgue dans la Vie des hommes illustres, qui nous documente sur le Grande Rhétra.

Cédons cependant la plume à Fustel de Coulanges (1830-1889), éminent historien français, spécialiste de l'historiographie et de l'histoire des institutions, ancien direction de l'École normale supérieure :

« Sparte a toujours eu des rois. […] Il paraît que les premiers rois doriens régnèrent en maîtres absolus. Mais dès la troisième génération la querelle s’engagea entre les rois et l’aristocratie. Il y eut pendant deux siècles une série de luttes qui firent de Sparte une des cités les plus agitées de la Grèce ; on sait qu’un de ces rois, le père de Lycurgue, périt frappé dans une guerre civile.

Rien n’est plus obscur que l’histoire de Lycurgue ; son biographe [Plutarque] commence par ces mots : « On ne peut rien dire de lui qui ne soit sujet à controverse. » Il paraît du moins certain que Lycurgue parut au milieu des discordes, « dans un temps où le gouvernement flottait dans une agitation perpétuelle. » Ce qui ressort le plus clairement de tous les renseignements qui nous sont parvenus sur lui, c’est que sa réforme porta à la royauté un coup dont elle ne se releva jamais. « Sous Charilaos, dit Aristote, la monarchie fit place à une aristocratie. » Or ce Charilaos [r. de -780 à -750] était roi lorsque Lycurgue fit sa réforme. On sait d’ailleurs par Plutarque que Lycurgue ne fut chargé des fonctions de législateur qu’au milieu d’une émeute pendant laquelle le roi Charilaos dut chercher un asile dans un temple. Lycurgue fut un moment le maître de supprimer la royauté ; il s’en garda bien, jugeant la royauté nécessaire et la famille régnante inviolable. Mais il fit en sorte que les rois fussent désormais soumis au Sénat en ce qui concernait le gouvernement, et qu’ils ne fussent plus que les présidents de cette assemblée et les exécuteurs de ses décisions. Un siècle après, la royauté fut encore affaiblie et ce pouvoir exécutif lui fut ôté ; on le confia à des magistrats annuels qui furent appelés éphores.

Il est facile de juger par les attributions qu’on donna aux éphores, de celles qu’on laissa aux rois. Les éphores rendaient la justice en matière civile, tandis que le Sénat jugeait les affaires criminelles. Les éphores, sur l’avis du Sénat, déclaraient la guerre ou réglaient les clauses des traités de paix. En temps de guerre, deux éphores accompagnaient le roi, le surveillaient ; c’étaient eux qui fixaient le plan de campagne et commandaient toutes les opérations. Que restait-il donc aux rois, si on leur ôtait la justice, les relations extérieures, les opérations militaires ? Il leur restait le sacerdoce. Hérodote décrit leurs prérogatives :

« Si la cité fait un sacrifice, ils ont la première place au repas sacré ; on les sert les premiers et on leur donne double portion. Ils font aussi les premiers la libation, et la peau des victimes leur appartient. On leur donne à chacun, deux fois par mois, une victime qu’ils immolent à Apollon. »

« Les rois, dit Xénophon, accomplissent les sacrifices publics et ils ont la meilleure part des victimes. »

S’ils ne jugent ni en matière civile ni en matière criminelle, on leur réserve du moins le jugement dans toutes les affaires qui concernent la religion. En cas de guerre, un des deux rois marche toujours à la tête des troupes, faisant chaque jour les sacrifices et consultant les présages. En présence de l’ennemi, il immole des victimes, et quand les signes sont favorables, il donne le signal de la bataille. Dans le combat il est entouré de devins qui lui indiquent la volonté des dieux, et de joueurs de flûte qui font entendre les hymnes sacrés. Les Spartiates disent que c’est le roi qui commande, parce qu’il tient dans ses mains la religion et les auspices ; mais ce sont les éphores et les polémarques qui règlent tous les mouvements de l’armée.

Il est donc vrai de dire que la royauté de Sparte n’est qu’un sacerdoce héréditaire. La même révolution qui a supprimé la puissance politique du roi dans toutes les cités, l’a supprimée aussi à Sparte. La puissance appartient réellement au Sénat qui dirige et aux éphores qui exécutent. Les rois, dans tout ce qui ne concerne pas la religion, obéissent aux éphores. Aussi Hérodote peut-il dire que Sparte ne connaît pas le régime monarchique, et Aristote que le gouvernement de Sparte est une aristocratie. » Fustel de Coulanges, La Cité antique.

 

Le système de Lycurgue fait en réalité coexister des éléments de plusieurs régimes : la dyarchie (le pouvoir exercé par deux rois), l'oligarchie (le pouvoir d'un petit nombre), la gérousie (le sénat, l'assemblée des anciens) ; la tyrannie (des éphores) et enfin la démocratie, représenté par l'assemblée (l'Ekklésia).

Aristote rapporte que selon certains, les Spartiates sont au nombre de 10 000 sous les premiers rois. [...] La première mention fiable est celle que fournit Hérodote : en 480 av. J.-C., le roi Démarate estime le nombre des Hoplites mobilisables à un peu plus de 8 000 ; un an plus tard, 5 000 Hoplites spartiates sont présents à la bataille de Platées. Ce nombre décroît tout au long du Ve siècle, principalement en raison du tremblement de terre de 464 av. J.-C., qui selon Plutarque21, détruit le gymnase, tuant ainsi tous les éphèbes, et de la révolte des Hilotes (10 ans de guérilla). Ainsi, à la bataille de Leuctres, en 371 av. J.-C., il n'y a plus que 1200 Hoplites mobilisables, dont 400 meurent au cours du combat. Aristote assure que de son temps, on compte à peine mille citoyens.

Wikipedia, article Sparte

Les Hilotes, les serfs paysans subissant la domination des citoyens spartiates, représenteraient 90 % de la population (150 000 à 200 000 personnes). Dans la campagne lacédémonienne, il y avait environ cent agglomérations perièques. Pour cette raison, Strabon nommait Sparte la « cité aux cent villes ».

 

Bibliographie

Jannet, Claudio. Les Institutions sociales et le droit civil à Sparte. Paris, 1873.

Talbot, Eugène. Œuvres complètes de Xénophon (tome 2 consacré au gouvernement des Lacédémoniens.) Hachette, Paris, 1859.

 

Abréviations

A : Aristote

Al : Le poète Lydien Alcma

An : Anaxagore

At : Athénée

D : Démosthène (contre Macartatus et contre Léocharès).

E : Élien

Eu : Euripide

J : Justinien

H : Héraclide de Pont

L : Lycurgue

P : Plutarque

T : Thucydide

Ty : Tyrtée

P et L : Plutarque, Vie de Lycurgue

P et A : Plutarque, Traité sur l’Amour fraternel

Ph : Philon

Pi : Pindare

S : Strabon

Sol : Solon

So : Sosibios

X : Xénophon (La Constitution des Lacédémoniens, Les Helléniques)

 

*

Lois révélées par Apollon-Phobos à Lycurgue, pour le bien de la cité de Sparte :

 

DÉMOGRAPHIE

Les Homoioi

Les trois tribus qui composent Sparte sont les Hylléis, les Dymanes et les Pamphileis, du nom des trois fils de Doreus, qui est l’ancêtre des Doriens. Ces trois tribus se subdivisent en trente sous-groupes [phratries].

Les Homoioi (les « égaux », « semblables ») en sont issus. Eux-seuls exercent à plein temps la citoyenneté.

Ils obtiennent le droit de vote à la fin de leur service militaire, c’est-à-dire à 30 ans.

Pour être citoyen Homoioi, il faut que quatre conditions soient réunies :

- Être issu d'un citoyen et de la fille d'un citoyen.

- Avoir réussi son service militaire.

- Participer aux repas collectifs (syssities.)

- Posséder un domaine (kleros) permettant de payer sa part à ces repas.

Il doit régner à Sparte la plus grande égalité dans le genre de vie entre les citoyens possédants et le grand nombre, car tous doivent mener une vie commune et austère (T).

Toute espèce de profession en vue du profit est interdite aux hommes libres. S'il leur est interdit de commercer, c'est parce que chacun doit être entièrement disponible pour la guerre, qui est la seule activité civique de valeur.

C'est parmi les Homoioi que l'on choisit ceux qui sont envoyés fonder des colonies.

 

Les Trésantes (X, 9)

Tout homme qui, par lâcheté, se soustrait aux exigences de la loi ou est considéré comme un lâche au combat, sera placé hors de la loi d’égalité et sera appelé « trésante » (tremblant, peureux). (X, 9, 10) Un fils qui survit grâce à sa lâcheté est un motif de honte pour toute sa famille.

Ils ne pourront ni faire partie des équipes sportives, ni des chœurs, ni participer au repas commun. Ils seront aussi exclus du gymnase et n'occuperont que les dernières places lors des danses rituelles.

Il leur est interdit de se promener, frotté d’huile et ils doivent porter des vêtements sales et rapiécés et se raser seulement une partie de la barbe. Dans la rue, ils devront céder le pas et se promener d'un air morne, sinon leurs concitoyens pourront les frapper et ils n'auront pas le droit de se défendre.

Ils ne pourront plus faire des transactions légales (T) ni exercer des magistratures (P).

Ils devront garder chez eux leurs filles et leur faire subir la honte du célibat.

S'ils sont célibataires, ils ne pourront se marier, et resteront redevables de l'amende des célibataires.

Cependant, les Trésantes pourront encore accéder aux lieux publics.

Ils pourront se racheter à la guerre.

 

Les Mothaces

Les Mothaces sont des enfants de familles pauvres que leurs parents ont placé comme écuyers ou valets auprès de puissants. Ils sont alors élevés avec leurs enfants et plus tard ils restent à leur service. Leurs droits politiques sont suspendus, mais leur condition n’a rien de déshonorant car elle n'est en rien un obstacle pour parvenir aux plus hauts honneurs.

 

Les Périèques

Les Périèques (« habitants de la périphérie ») sont libres mais non-citoyens de Sparte, bien qu'il le soit de leur propre cité.

Ils appartiennent à l'État et comme tels, ils doivent servir dans l'armée civique.

Ils ne jouissent d'aucun droit politique et ne peuvent accéder aux magistratures ni participer à l'Assemblée.

Ils détiennent le monopole du commerce et, avec les Hilotes, celui de l'artisanat. Ils peuvent aussi cultiver la terre.

L’artisanat du luxe est banni en Laconie.

 

Les Skirites

Les Skirites résident dans la région montagneuse et sauvage située au nord du pays, à la frontière avec l'Arcadie. Ils appartiennent à l'État lacédémonien et leur statut est comparable à celui des Périèques.

 

Les Hilotes

Les Hilotes sont les paysans dépendants de Sparte, ils vivent sous le statut du servage.

Les Hilotes ne peuvent être achetés et vendus, et doivent rester attachés à la terre.

Les Hilotes ont le devoir de travailler la terre à laquelle ils sont attachés.

Une fois le champ récolté et la rente versée au citoyen propriétaire du champ, le surplus de la récolte leur revient.

Les Hilotes sont totalement exclus de la cité et n'ont pas le droit d'accéder aux lieux publics. Ils doivent porter des vêtements qui permettent de les identifier facilement.

Les citoyens leur déclarent solennellement la guerre chaque année et peuvent les avilir et les terroriser à leur guise. Il est permis de les enivrer de force puis de les mener sur l'agora afin de se moquer d'eux.

Les Hilotes peuvent être exécutés sans jugement par les éphores.

Les Hilotes pouvaient être émancipés par l’État, mais pas par leurs maîtres.

Les Hilotes fournissent les unités de gymnètes à l'armée spartiate.

À titre exceptionnel, ils peuvent être enrôlés pour combattre, suite à quoi ils peuvent être affranchis.

Ils partagent le monopole de l'artisanat avec les Périèques. L’artisanat du luxe leur est interdit.

Les Hilotes peuvent se marier entre eux comme bon leur semble, mais l'union avec des citoyens et des citoyennes est formellement interdite.

Les Hilotes sont autorisés à s'enrichir, par leur travail comme par leur commerce.

 

Les Néodamodes

Les Néodamodes (« nouveaux citoyens ») sont des Hilotes affranchis.

Ils sont attachés à la parcelle de champs qu'ils cultivent. Une fois le champ récolté et la rente versée au citoyen propriétaire du champ, le surplus de la récolte leur revient.

 

Les Messéniens

Le pays de Messène (à l'ouest de Sparte) ayant été conquis, les Messéniens possèdent un statut semblable à celui des Hilotes et s'occupent des tâches agricoles.

 

Les cités de Sparte

Lacédémone est composée, à l'ouest, de la région soumise de Messénie et à l'est et en son centre de la Laconie. La Laconie est divisée en 9 000 lots de terre que les anciens de la tribu assignent à chaque citoyen à sa naissance.

Sa capitale est Sparte, situé dans la vallée de l'Eurotas.

Les autres cités d'importance en Laconie sont :

- Amyclées. Fondé par Amyclas, fils de Lacédémone.

- Geronthrae. Cette cité, qui fut des premières conquêtes doriennes dans le Péloponnèse, contrôle la plaine de l'Eurotas et possède une grande importance stratégique en Laconie.

- La montagne du Ithomé (805 m) domine la plaine de Messénie. Sur son flanc est bâtie une place forte qui demeure dangereuse bien qu'elle ait été plusieurs fois détruite.

 

Les alliés de Sparte

Les cités vassales de Sparte sont une centaine, les principales sont situées sur la côte du Péloponnèse. Il s'agit des cités de : Aulon, Kyparissia, Pylos, Mothoné, Asiné, Koroné, Messène, Thouria, Pharai, Kardamylé, Thalamai, Oitylos, Tainaron, Teuthroné, Las, Gytheion, Hélos, Amyclées, Thérapné, Sellasie, Géronthrai, Akriai, Asopos, Boiai, Epidauros Liméra, Zarax, Kyphanta, Prasiai, Tyros, Thyréa, Oion, Belmina et Pellana.

La ligue du Péloponnèse, dirigée par Sparte, est composée des cités indépendantes suivantes : Delphes, en Phocide, Thèbes, en Béotie, Mégare, Corinthe, Mantinée, Élis, Olympie, Messène, Pylos, Amracie, ainsi que les îles de Leucate (Mer Ionienne), Cythère et Milos (Égée).

 

Les colonies

Avant de fonder une colonie, la pythie du temple d'Apollon de Delphes doit être consultée.

Avant de fonder une colonie, des sacrifices devront être offerts à Apollon.

Un groupe de colons prêt à émigrer doit être composé d'une centaine d'hommes et d'un chef.

Les citoyens déclassés, du fait de leur naissance ou de leur lâcheté, peuvent être envoyés fonder une colonie. C'est ainsi que suite à leur rébellion, les Parthénies et leur chef Phalanthos (des spartiates nés de filles non mariées), furent envoyés fonder la colonie de Tarente.

Les colonies de Sparte jouissent du statut d'indépendance.

En Grèce, les colonies de Sparte sont les suivantes :

- Heraclée de Trachis. Cette cité fut implantée durant la guerre du Péloponnèse, juste au nord de cette région.

- Scillus. À quelques kilomètres d'Olympie, dans la Ville sainte d'Élis, se trouve un quartier Lacédémone : Scillus.

- Cythère, une île située au sud de la péninsule du Péloponnèse. Un gouverneur nommé par Sparte dirige cette colonie.

- Thera, sur l'île de Santorin, dans les Cyclades. C'est depuis Thera que partirent ceux qui fondèrent Cyrène, en Libye.

- Polyrrhenia, au nord-ouest de la Crète.

En Asie Mineure, les colonies de Sparte sont les suivantes :

-Lapathus, à Chypre. Fondée par les Phéniciens, cette ville possède une colonie spartiate.

- Knidos, en Ionie (Asie Mineure). Sparte partage cette cité avec d'autres peuples grecs.

En Libye, les colonies de Sparte sont les suivantes :

- Cinyps, en Tripolitaine. Cette colonie fut fondée par Doreus, le frère aîné de Léonidas, suite à sa déception de ne pas accéder au trône de Lacédémone. Cette colonie fut vite submergée par des tribus locales alliées aux Carthaginois. Dorieus fonda une colonie en Sicile, mais celle-ci ne perdura pas.

En Grande Grèce, les colonies de Sparte sont les suivantes :

- Foronia, au pays des Sabins (centre des Apennins).

-Tarente, au sud de la péninsule italienne, fondée par les Parthénies, c'est de cette colonie, parmi les plus anciennes et des plus prospères de la Grande Grèce, que viennent les meilleurs cavaliers. Ces mercenaires peuvent se joindre aux phalanges hoplites.

- Locri Epizephyroi, sur les côtes italiennes de la mer ionienne (Calabre). Cette colonie fut fondée par des esclaves alliés de Sparte durant la première guerre de Messénie. (A)

 

LES INSTITUTIONS

Les éphores [« les surveillants »]

Tous les citoyens peuvent devenir éphores, y compris ceux d'extraction modeste.

Les éphores sont un directoire de cinq personnes, élus pour un an par l'assemblée, et non rééligibles.

Tous les mois, les éphores jurent de maintenir la royauté.

Ils président l'Assemblée et exécutent ses décisions.

Les éphores sont aussi chargés des affaires étrangères. En période de guerre ce sont eux qui ordonnent la mobilisation et prennent les décisions urgentes sans avoir besoin de l'aval des rois. Si les rois sont en guerre, un éphore, secondé de deux autres éphores, prend la direction de la cité.

Leur autorité est indépendante des rois. Les éphores ne se lèvent pas devant les rois.

Les éphores sont soumis à reddition de comptes sur initiative de leurs successeurs et peuvent être mis à mort à cette occasion.

Si deux rois ne sont pas d'accord, les éphores peuvent les départager et trancher.

Par ailleurs, leur tâche est de surveiller les rois et les habitants de la cité, et de faire respecter les traditions. Pour ce faire, ils ont le pouvoir :

- D’infliger des amendes, des peines de prison, d’intenter un procès criminel et d'ordonner des exécutions.

- De frapper d’amende qui bon leur semble, rois y compris, et d’en exiger le solde sur-le-champ.

- D’interdire les magistrats en fonction.

- D’exécuter sans jugement les Hilotes.

- De proposer des lois à l'Assemblée.

 

La Gérousie (le sénat)

« En plaçant au dernier terme de la vie le droit d’être élu sénateur (60 ans), Lycurgue accorda aux vieillards le droit de concours pour les qualités morales, rendant la vieillesse plus honorable que la force des jeunes gens. » (X, 10).

La Gérousie est une assemblée de 28 hommes âgés de plus de 60 ans, élus à vie par l'Assemblée, après acte de candidature, et acceptation des deux rois.

Chaque citoyen, sans condition de fortune ou de rang, peut se porter candidat.

Un géronte est choisi en fonction de sa vertu militaire et par acclamation (applaudimètre). Il doit être parmi les champions.

Si un géronte vient à mourir, les candidats à sa succession se présentent devant le peuple assemblé dans un ordre déterminé par le tirage au sort, puis se livrent à l’exercice de l’applaudimètre.

Par soucis de vote objectif et afin que la foule ne soit pas haranguée comme cela se fait à Athènes, le candidat n’a pas le droit de parler. Si l'assemblée l'acclame, c'est en considération de sa renommée et de ses accomplissements guerriers, et non pas suite à un discours.

Afin d'éviter tout favoritisme, les juges qui sont chargés d'évaluer ces clameurs sont alors enfermés dans un caisson, afin qu'ils ne voient rien mais entendent mieux.

Le rôle des gérontes est de préparer, de proposer des lois, mais aussi de gérer toutes les affaires de politique intérieure. La gérousie prépare les décisions politiques.

Les propositions de loi lui sont soumises et elle peut y opposer un droit de veto, ainsi que sur les votes de l'Assemblée.

Inversement, la Gérousie ne connaît pas de veto (P.L) et n'a pas de comptes à rendre.

 

Les magistrats

Les rois, associés à un conseil des chefs, sont les dépositaires du pouvoir judiciaire. Dans les occasions importantes, l’assemblée générale des guerriers peut être consultée.

La Gérousie est le tribunal suprême, qui juge les crimes et prononce la peine de mort et la perte des droits civiques. Elle juge les crimes graves, par exemple, les cas de meurtres d'un citoyen, ou par un citoyen.

Elle départage également des rivaux au cours d'une succession royale.

Réunis aux éphores, les gérontes ont le pouvoir de juger les rois.

Les premiers de la république se distinguent par leur soumission aux magistrats, et se font gloire de leur abaissement : dès qu’on les mande, ils ne vont pas, ils courent obéir, persuadés qu’en montrant les premiers cette docilité respectueuse, les autres suivront ; et c’est ce qui a lieu (X, 8).

Passée l’adolescence, ceux qui ont été choisis pour devenir magistrats, s'ils sont dispensés des entraînements militaires, doivent tout de même se livrer à la chasse, et s’entraîner ainsi à supporter les fatigues de la guerre (X, 4).

 

L'Assemblée (« Ekklésia »)

Afin de garantir l'égalité des droits politiques, tous les citoyens participent à l'Assemblée. L'Assemblée se réunit à dates fixes, les soirs de pleine lune et dans les limites de la cité.

Les éphores président l'Assemblée.

Les projets mis en forme par la Gérousie lui sont soumis, elle-même ne pouvant prendre aucune initiative.

Elle approuve ou non, sans les discuter, les amendements proposés par les éphores.

Aucun citoyen n'est autorisé à prendre la parole.

Les décisions sont votées par acclamations, ou, plus rarement, par déplacement des votants. Le vote de l'Assemblée ne lie pas la Gérousie qui peut considérer que le peuple s'est trompé et ne pas prendre en compte son vote.

 

Les rois (X, 13)

La royauté est héréditaire. La dignité royale se transmettait de mâle en mâle et par ordre de primogéniture, selon les règles propres aux familles de chefs de races : les Agis et les Eurypontides.

Le pouvoir royal se transmet au plus proche descendant du plus proche détenteur du pouvoir le plus royal. Selon le droit d'aînesse, le fils passe avant le frère, mais le fils né quand le père est déjà roi l’emporte sur ceux qui sont nés avant que leur père ne devienne roi.

Les rôles des deux rois sont militaires et religieux. Ils sont chefs des armées mais aussi grands prêtres.

Tous les mois, rois et éphores se prêtent un serment réciproque, les éphores au nom de la cité, le roi en son propre nom. Le roi jure de régner conformément aux lois établies ; la cité jure, tant que le roi sera fidèle à sa promesse, de conserver intacte la royauté.

Tout le monde doit se lever de son siège en présence du roi, excepté les éphores de leurs sièges éphoriques.

Les émoluments royaux (X, 13)

Les rois doivent être au-dessus du besoin, sans avoir une fortune excessive. Ainsi, à titre honorable, il est prélevé pour eux une part des victimes immolées et une portion de terrain pris sur les villes voisines.

Près de la demeure royale, il y a un étang qui fournit de l’eau en abondance : cette ressource doit avant tout être distribué à ceux qui en sont privés.

Les rois prennent leurs repas en public, et sont honorés d’une double portion. Cette disposition ne doit pas les inciter à manger le double des autres, mais plutôt à être en capacité de recevoir qui bon leur semblera.

Chacun des deux rois a le droit de recevoir deux convives à leur table.

À la mort d'un roi, un deuil solennel de dix jours doit être suivi dans toute la Laconie. Dans chaque maison, deux personnes libres, un homme et une femme, prendront les habits de deuil, tandis que des milliers de Périèques et d’Hilotes se rendront à Sparte pour chanter les exploits du roi défunt et l’exalter au-dessus de tous ses devanciers (X, Helléniques).

 

LE SACRÉ

Les divinités vénérées à Sparte

Les divinités vénérées à Sparte sont les suivantes :

- Athéna et ses nombreux avatars.

- Zeus, par la volonté de qui les rois tiennent leur pouvoir. En reconnaissance, les rois doivent lui offrir des sacrifices publics. Avant de partir en guerre, les rois doivent sacrifier à Zeus.

- Apollon. Sous la forme du soleil (Hélios) et du bouc protecteur du bétail, il est la divinité tutélaire des festivals. Les sacrifices de chevaux à Hélios se déroulent sur le mont Taygète.

- Dionysos. Si Apollon est la divinité de la belle saison, Dionysos est celle de la saison froide.

- Les Dioscures, Castor et Pollux, fils jumeaux de Zeus. Ils sont les intendants de Sparte (Pi). Sous la forme d'amphores jumelles installées sur des chars, des idoles des Dioscures partent en campagne aux côtés des rois.

- Sont aussi adorées : Arès (dieu de la guerre), Léto (mère d'Apollon), sa fille Artémis (chasse et nature), Neptune (dieu créateur et maître des océans), Asclépios (dieu-médecin) et Ilithyie (déesse de l'enfantement). Chacune de ces divinités possède un sanctuaire ou un temple dans la cité.

Le mythe de Hyacinthe et Adonis est célébré lors des Hyacinthies.

 

Le culte des héros

Sparte célèbre ses héros. Lesquels sont :

- Héraclès, la divinité adorée par les jeunes de la cité. La généalogie des rois remonte jusqu'à lui. Son aussi honorés les Arachnides, les descendants d'Héraclès conquérants du Péloponnèse.

- Les héros et héroïnes de l'Iliade :

- Achille, qui est honoré comme un dieu (An) et qui possède deux sanctuaires dans la cité. Au culte d'Achille s’ajoutent ceux de son ami Patrocle, et des soldats Myrmidons.

- Agamemnon, Cassandre, Clytemnestre

- Le roi de Sparte Ménélas et sa reine Hélène, leurs enfants les Atrides, dont Hermione.

- Les grands ancêtres :

- Karnos, le devin d'Apollon qui guida les Doriens en route vers le Péloponnèse

- Oxylos, l'homme à trois yeux, qui remplaça Karnos pour guider les Doriens vers Sparte.

- Amyclas le fils de Lacédémone, fondateur de la ville d'Amyclée.

- Eurotas, le fils du premier roi de Laconie Lélex. C'est lui qui draina les marécages de la plaine laconienne, rendant ainsi possible son agriculture. Il est la divinité tutélaire du fleuve éponyme.

- Tyndare, le roi qu'Héraclès mit sur le trône de Sparte. C'est de Tyndare que Ménélas reçu le royaume de Sparte.

- Tisamène, roi de Sparte et fils d'Orestre.

- Lacédémone, fils de Zeus, mari de Sparta, roi de Sparte.

- Les rois historiques et héroïques, tels Pausanias et Léonidas, en l'honneur de qui est organisé le festival des Léonidées.

 

Autres cultes de Laconie

Un culte est rendu au grand législateur Lycurgue.

Un culte est rendu à Cynisca, la première femme à avoir gagné un prix aux Jeux olympiques.

Un culte est rendu aux nymphes, dont Ithomé, divinité éponyme de la montagne, et Sparta, fille du fleuve Eurotas.

Dans le village de Boiai, Artémis Soteira est adoré sous la forme d'un myrte.

Dans les cités comme dans les campagnes, il est permis d'ériger des xoana (totems en bois) en l'honneur des divinités locales.

Il est permis de représenter les satyres sur les poteries.

 

Les lieux sacrés de Lacédémone

Outre les nombreux temples et sanctuaires des cités, les principaux lieux sacrés de Lacédémone sont :

- Amyclée, où se déroule le festival des Hyacinthies. C'est la ville de Tyndare et des Dioscures. S'y trouvent le trône et la statue d'Apollon, lesquels sont situés juste au-dessus du tombeau de Hyacinthe.

- Geronthrae. Un temple d'Apollon est érigé sur son acropole. On y trouve aussi le temple et les vergers d'Arès.

- Le mont Ithomé est consacré à Zeus, qui possède un autel en son sommet. Une nymphe éponyme y est célébrée.

 

Prêtres et pythioi

Les prêtres se recrutent parmi les Homoioi. Ce sont eux qui pratiquent les augures.

Les pythioi sont les magistrats chargés de se rendre à Delphes afin de questionner la Pythie (voyante), et d'en recueillir le rapport. Les pythioi doivent être membres de la gérousie et sont nommés par le roi.

 

Les poètes

L'ordre et l'harmonie ont favorisé les arts. Les armes et les muses doivent donc être également pratiquées et adorées.

Les poètes se recrutent parmi les Homoioi.

Leur rôle est de composer les chants choraux utilisés lors des festivals religieux, mais aussi des poèmes célébrant les héros et la propagande militaire.

 

Le caractère sacré de la royauté (X, 13)

Toute atteinte aux prérogatives des rois est punie par la religion.

Les rois tiennent leur pouvoir de la volonté de Zeus, à qui ils doivent offrir des sacrifices publics.

Les rois possèdent le statut et les fonctions de prêtre. A la tête de l’armée, Ce sont donc eux qui sacrifient, et exercent une juridiction souveraine sur le droit religieux.

Afin qu'ils puissent consulter les dieux sans jamais manquer de victime à sacrifier, les rois ont le droit de prélever un porc sur chaque portée de truie.

 

Les sacrifices avant les combats (X, 13)

Avant de se mettre en marche avec son armée, le roi offre en ville un sacrifice à Zeus, ainsi qu'aux autres dieux invoqués habituellement avec lui.

Si les signes sont favorables, le prêtre d'Arès prend le feu de l’autel, puis marche en tête de l’armée jusqu’aux frontières du pays. Le feu ne devant pas s’éteindre, il faut le nourrir de toutes sortes de victimes et d'offrandes et pratiquer de nombreuses libations.

Là, le roi offrira un nouveau sacrifice à Zeus et à Athéna. Si ces deux divinités donnent d’heureux présages, il franchira les frontières du pays.

Le matin de la bataille, juste avant le lever du jour, afin d’obtenir avant tout le monde, la bienveillance de la divinité, le roi sacrifiera à Arès. Pour ce sacrifice, devront être présents les polémarques, les lochages, les pentécostères, les chefs de troupes mercenaires, les porteurs de bagage, ainsi que tous ceux des généraux des villes alliées qui le désirent. Deux éphores, qui ne se mêlent de rien, à moins que le roi ne leur demande d’intervenir, doivent aussi y assister.

Ce n'est qu'une fois le sacrifice terminé, que le roi convoquera ses officiers et donnera ses ordres.

 

LES ANIMATIONS SPORTIVES ET RELIGIEUSES

La poésie chorale

L'ordre et l'harmonie ont favorisé les arts. Les armes et les muses doivent donc être également pratiquées et adorées. Le mérite du cithariste doit égaler celui du combattant. (Al.) L'esprit civique et le sentiment religieux doivent être profonds, de sorte que la poésie chorale doit être encouragée.

Les poètes se recrutent parmi les Homoioi. Leur rôle est de composer les chants choraux utilisés lors des festivals religieux, mais aussi des poèmes célébrant les héros et la propagande militaire.

La poésie et les chants s'accompagnent à la flûte ou à la lyre.

Toutes les classes d'âges et les deux sexes peuvent pratiquer le chant choral, réparti de la manière suivante : chœur d'enfant, chœur d'hommes, chœur de vieillards, chœur de jeunes filles. Pour certains festivals, les chœurs peuvent être mixtes.

Les étrangers sont autorisés à venir enseigner le chant à Sparte.

 

Les festivals

Les pratiques religieuses telles que les festivals, ont priorité sur toute autre préoccupation.

Les festivals sont nécessaires pour renforcer le moral spartiate, apaiser les dieux et éviter les défaites militaires.

Les principaux festivals de Sparte sont les Karneia, les Gymnopédies et les Hyacinthies. Apollon Karneios (le bouc « protecteur du bétail »), est leur divinité tutélaire.

En l'honneur du glorieux roi Léonidas est organisé le festival des Léonidées.

Les sportifs spartiates sont autorisés à se rendre tous les quatre ans, à la fin de l'été, aux Olympiades. Les femmes quant à elles sont autorisées à se rendre 15 jours plus tard aux Héraia, le concours de gymnastique féminine organisé à Olympie en l'honneur de la déesse Héra.

Chaque année, un concours de flagellation est organisé au temple d'Artémis. La personne qui se laisse fouetter le plus longtemps possible remporte l'épreuve.

 

Les Karneia

Les Karneia se déroulent à la fin de l'année. Associées aux vendanges et à la fin de la belle saison, les Karneia annoncent l'hiver.

Elles durent 9 jours. Pendant cette période, toute autre activité doit être interrompue.

 

Les Gymnopédies

Les Gymnopédies se tiennent à Sparte au cours de l'été et durent 5 jours. L’attraction principale est la danse des jeunes gens. « La danse des enfants nus » en est son apothéose.

Le chef de chaque équipe porte une couronne de fleurs, appelée « couronne thyréatique », en mémoire de la victoire contre les Argiens à Thyréa. (So)

Outre les citoyens citadins, les autres habitants de Lacédémone, ainsi que les étrangers et les Hilotes, peuvent aussi assister aux spectacles. Cependant, il est interdit aux célibataires âgés de plus de 30 ans d'y assister.

 

Les Hyacinthies

En l'honneur de Hyacinthe et Adonis, les Hyacinthies se déroulent annuellement en mai-juin, dans le village d'Amyclées (sud-est de Sparte.)

Les Hyacinthies sont des fêtes importantes et si les Spartiates combattent à cette période de l'année, ils doivent interrompent leurs campagnes militaires pour pouvoir retourner en Laconie y participer. (X, H, IV, 5, 11)

Le premier jour du festival est consacré au deuil et des sacrifices sont offerts aux morts. Ce premier jour, ni chant, ni couronne ne sont acceptés au banquet et les pains sacrificiels doivent être très simples.

La célébration principale se déroule le deuxième jour. Les jeunes gens jouent alors de la cithare et de la flûte, et chantent à la gloire d'Apollon. Des courses de chevaux sont organisées. De nombreux chœurs rivalisent dans la ville, en chantant et dansant.

Durant les Hyacinthies, les chars défilent, décorés par les jeunes filles et les femmes de Sparte. Les femmes de Sparte se tissent aussi des tuniques qui seront offertes aux dieux.

Durant le banquet rituel, qui se déroule sous des tentes, les citoyens peuvent inviter leurs proches et leurs parents. De nombreux sacrifices de chevreaux sont offerts pour l'occasion.

De même que pour les Gymnopédies, les Hilotes et les étrangers ont le droit de prendre part aux réjouissances des Hyacinthies.

 

LA VIE EN COMMUNAUTÉ

« Lycurgue accoutume les citoyens à ne pas même savoir vivre seuls, à être toujours comme les abeilles, unies pour le bien public autour de leurs chefs. » (L)

« Lycurgue abitua ses citoyens à vivre de telle sorte qu'ils ne veuillent ni ne puissent vivre seuls, mais qu'ils vivent comme des hommes incorporés dans un régiment, comme les abeilles dans une ruche vis-à-vis de leur reine ». (P.L)

 

La participation aux repas publics (X, 5)

Manger chez soi entraîne une extrême mollesse, il faut donc manger au grand jour et en public, car c'est un moyen sûr de prévenir la désobéissance aux lois.

La participation aux syssities est obligatoire pour faire partie des Homoioi.

Un citoyen est admis à la table à partir de 20 ans, après qu'il ait été coopté à l'unanimité par ses futurs camarades. Le vote se fait au moyen de boulettes de pain jetées dans un vase. (P.L)

Chaque convive doit apporter au pot commun une quote-part mensuelle. La portion de terre allouée à chaque Spartiate (kleros) et cultivée par les hilotes, doit permettre à chaque citoyen de payer cette participation obligatoire. S'il en est incapable, il sera exclu de la syssitie et perdra sa citoyenneté.

Cette part se compose de : 77 l d'orge, 39 l de vin, 3 kg de fromage, 1,5 kg de figues et 10 oboles (7,2 g) pour acheter la viande (P.L).

 

Les « syssities » (X, 5)

Le nombre de convives par syssities peut réunir d'une quinzaine de personnes à quelques centaines. (P.L)

La nourriture des dîners en commun est réglementée, de manière qu’il n’y eût ni trop ni trop peu.

Le plat principal de ce repas est le brouet noir (melas zômos), qui est composé des ingrédients suivants : porc, sel, vinaigre et sang. (At.)

En dehors de la ration qui lui est allouée, un citoyen peut ajouter ce qui provient de sa chasse. De même, les citoyens riches peuvent apporter une participation imprévue ; de sorte que la table ne soit jamais dépourvue pendant le repas, sans être pour cela somptueuse.

Chacun est libre de boire suivant sa soif, mais les breuvages inutiles, qui affaiblissent le corps et l’âme, sont proscrits.

On ne doit pas voir aux repas d’insolence, jamais d’ivresse, jamais de propos ni d’actions indécentes.

Les repas doivent permettre aux anciens de parler aux plus jeunes, qui doivent les écouter sagement et sans les interrompre.

Durant les repas communs, les jeunes doivent avoir pour habitude d’attendre, en écoutant, qu’on les interroge (X, 3).

À la suite de ces repas en plein air, les convives ont l'obligation de faire une promenade en retournant à leur demeure. Chacun doit donc se mettre en garde contre l’excès du vin car il est interdit de demeurer là où l’on a pris son repas. Pour s'en retourner, il est obligatoire de marcher la nuit aussi bien que le jour.

 

Le kleros

L'aristocratie foncière ayant renoncé à ses terres pour les mettre en commun, à la naissance de chaque enfant, les anciens de la tribu lui assignent un des 9 000 lots de terre de Laconie. (P-L, 16)

Ce lot (kleros) est inaliénable et ne peut être mis en vente ou hypothéqué.

Il est non-héréditaire, et sera cultivé par des Hilotes.

Le kleros devra rendre annuellement environ 105 boisseaux de 35 litres de grain pour chaque propriétaire, auxquels s'ajoutent, 12 litres de grain pour sa femme, ainsi qu'une portion prédéterminée de vin et de fruit.

Le produit du kleros sera récolté par un Hilote et reversé en nature à son propriétaire, qui nourrira ainsi sa famille.

Pour un citoyen, il interdit de s'enrichir d'un tel champ, car il est honteux d'acheter ou de vendre la terre. (A, H) De même, il est défendu de vendre la terre anciennement possédée (H).

Un Hilote peut cependant prospérer avec ce terrain car après avoir donné sa part au propriétaire, l’excédent des récoltes lui appartient.

 

La communauté des biens (X, 6)

Si besoin, un citoyen peut se servir des esclaves des autres.

Les chiens de chasse et les chevaux sont propriétés communes. Un citoyen malade, qui a besoin d’une voiture, ou qui veut faire une course pressée, peut donc profiter du premier cheval qu’il voit, le prendre, s’en servir avec ménagement, puis le ramener à sa place.

 

Le devoir d'hospitalité (X, 6)

Afin d'aider les chasseurs attardés et pris au dépourvu, ceux qui ont soupé doivent garder leurs restes. Ceux qui manquent de vivres se servent alors dans leur buffet, prennent ce dont ils ont besoin, puis laissent le surplus.

 

L'économie

La plupart des échanges doivent se faire de manière non monétaire.

L'économie doit se dérouler en autarcie.

Les arts inutiles sont bannis, en particulier l’artisanat du luxe.

Afin de ne pas se corrompre, les citoyens de la cité ne sont pas encouragés à la quitter et à voyager, sauf pour se rendre à des festivals, tels les Olympiades ou les Héraia.

Il faut une autorisation de l’État pour voyager.

Afin que les coutumes étrangères ne corrompent pas la vertu lacédémonienne, les étrangers ne sont pas admis à Sparte, sauf pour affaire.

Des étrangers peuvent s'installer à Sparte pour y enseigner le chant et la poésie.

 

L'argent (X, 7)

La thésaurisation est interdite. Plutôt que d'amasser les richesses, pour accéder à la reconnaissance sociale, il faut avoir fait preuve de sa bravoure au combat, avoir élevé une famille forte et obéissante, et diriger une exploitation productive.

En Laconie, pour réprimer les profits injustes, l'or est remplacé par des barres de fer. Or, cette monnaie de fer est très lourde par rapport à ce qu'elle représente en valeur financière, de sorte qu’on ne peut pas introduire dans une maison l'équivalent en valeur de 100 pièces sans un chariot pour le transporter et un grenier entier pour l'entreposer. De plus, les lingots sont trempés au vinaigre afin d’en augmenter le cassant et d’en diminuer la malléabilité.

À Sparte, la possession doit causer plus d’embarras que l’argent ne donne de plaisir. Des perquisitions d’or et d’argent sont donc régulièrement organisées et si on en trouve quelque part, le détenteur sera mis à l’amende.

LA FAMILLE

Les femmes (X, 1)

Il ne peut sortir de vigoureuse lignée de filles claquemurées pour filer de la laine. D'ailleurs, les esclaves suffisent pour coudre les vêtements. Le plus bel emploi des femmes libres est plutôt de faire des enfants.

Les femmes de Sparte s'occupent de la gestion, de l'agriculture, de la logistique et des tâches alimentaires, tandis que leurs esclaves s'occupent des tâches impures et manuelles.

Pour bien élever une fille et en faire une bonne mère, il faut lui donner pour nourriture du pain en très petite quantité, et des mets le moins possible.

Le vin est interdit aux femmes. Si une femme boit du vin, elle doit le diluer avec de l'eau.

Les femmes ne sont pas autorisées à montrer la moindre émotion qui ne soit pas profitable à l’État. Elles ne sont pas autorisées à montrer de la douleur si leur nouveau-né est condamné à mort car chétif, ou si leurs fils sont tués au combat. Au contraire, elles doivent montrer du mépris envers les lâches. Elles en seront d'autant plus admirées s'il s'agit de leurs propres enfants.

Les citoyennes sont libres de se promener dans la cité.

Les femmes peuvent posséder des terres.

Les femmes sont autorisées à monter à cheval et à conduire un char.

 

Les activités sportives et culturelles des femmes

Pour devenir de bonnes mères et donner naissance à des Spartiates, les jeunes filles doivent avoir accès à une éducation musicale et apprendre la dance, la musique et la poésie.

Lors des festivals, les femmes sont autorisées à chanter dans des chorales mixtes.

Les femmes peuvent apprendre à lire et à écrire.

Les sports, que les femmes sont encouragées à pratiquer sont la lutte, la course, le lancer de javelot (E) et de disque (P). C'est de parents robustes que naissent des enfants vigoureux.

Pour pratiquer l'activité sportive, de même que lors des festivals, les femmes peuvent être nues. Sinon, elles portent une tunique qui recouvre leur corps des épaules aux genoux.

Les femmes sont autorisées à se rendre aux Héraia, le concours de gymnastique féminine organisé à Olympie en l'honneur de la déesse Héra. Ce concours comprend des épreuves adaptées aux femmes. Il est permis de dédier des statues portant le nom des gagnantes.

 

La mode féminine

Il est strictement interdit aux femmes de se maquiller.

Il était interdit aux femmes mariées d'avoir les cheveux longs.

Afin de faciliter leur mouvement, les femmes sont autorisées à porter des robes fendues qui recouvrent les cuisses mais libère la jambe.

Pour pratiquer l'activité sportive, de même que lors des festivals, les femmes peuvent être nues, sinon, elles portent une tunique qui recouvre leur corps des épaules aux genoux.

 

Le mariage (X, 1)

Les femmes se marient sans dot ou au moins avec une dot très minime. Le but de cette disposition était de conserver le patrimoine des familles entre les mains des mâles.

Le mariage se fait par enlèvement ; on rase ensuite le crâne de la jeune fille, qui est habillée en homme et laissée dans une pièce sans lumière où elle est rejointe par son époux, qui a quitté discrètement le banquet commun.

Une trop grande intimité entre mari et femme est considérée comme un obstacle à la passion, et n'est pas encouragée.

L’adultère, masculin comme féminin, n’est pas considéré comme un crime.

La fidélité dans le couple n'est pas une obligation, et les femmes peuvent avoir un enfant d'un autre homme que leur mari, si leur mari leur a donné son accord.

Les mariages entre les citoyens et les castes inférieures ne sont pas permis et si des enfants naissent de telles unions, ils ne seront pas reconnus comme légitimes.

 

Le célibat

Les célibataires en âge d'être mariés sont imposés d'une taxe particulière (X, 1).

Les hommes qui ne se sont pas mariés, sont forcés, même par les temps les plus rigoureux, à marcher de long en large en dehors de l'endroit où les jeunes filles font leurs exercices et leurs danses.

 

La polygamie

Une femme peut appartenir à deux maisons, car les maris peuvent donner naissance à des enfants qui soient leurs héritiers de sang et de vigueur, sans l’être des biens.

Des frères peuvent se partager une seule femme. Si des frères se contentent entre eux d’une seule femme, les enfants issus de ces singuliers mariages sont alors communs à tous. Les membres de ces communautés payent les uns pour les autres, la quote-part aux syssities (repas communs). On empêche ainsi la division du patrimoine paternel. En partageant les frais engendrés par les syssities, même si les descendants sont nombreux et dans l’impossibilité de payer individuellement leur quote-part, ils ne perdent pas leur droit de citer.

Un homme qui ne veut pas épouser une femme, mais qui désire cependant de beaux enfants, est autorisé, s’il voit une femme intelligente et féconde, à prier le mari de la lui prêter pour en avoir postérité.

L’État peut ordonner à une femme mariée sans enfant de trouver un autre homme qui aura plus de succès que son mari pour lui faire engendrer des citoyens. Cette femme ne pourra rien objecter ni se plaindre.

 

La consanguinité

Les mariages dans l’intérieur de la famille sont possibles, sauf s'il s'agit de filles héréditaires.

Le mariage entre frères et sœurs consanguins est prohibé, celui entre frères et sœurs utérins est permis (Ph).

 

Le divorce

Le mari a le droit de répudier arbitrairement sa femme.

Les femmes peuvent demander le divorce librement, sans pour autant risquer de perdre leurs biens personnels.

Les femmes ont le droit de se remarier ou non.

Les seconds mariages des veuves sont encouragés.

 

La pédérastie (X, 2)

Si un homme, épris de l’âme d’un garçon, aspire à s’en faire un ami sans reproche et à vivre près de lui, son souhait sera encouragé et estimé par la société.

L'homme adulte engagé dans un couple pédérastique avec un adolescent devient alors son éraste. L'éraste devra remplacer auprès du jeune l'autorité paternelle, en lui apprenant à bien se comporter et élevant son âme.

Mais si un éraste n'est épris que du corps de son éromène, sa relation sera déclarée infâme. Les relations homosexuelles purement physiques sont interdites.

L'éraste est responsable de son éromène. L'éraste sera frappé d'amende si son éromène montre de la faiblesse (E, P). L'éraste reçoit du crédit ou du discrédit en fonction des actions de son éromène.

Un éromène qui préfère un éraste riche à un éraste pauvre mais valeureux, sera frappé d'amende par les éphores.

 

La procréation (X, 1)

Les enfants étaient encouragés par la législation. Des lois encouragent les rapports sexuels furtifs, car ceux-ci engendrent des enfants vifs et belliqueux. Ainsi :

Il est honteux d’être vu entrant chez sa femme, ou sortant de chez elle.

Le temps du mariage se limite au temps où l’homme jouit de sa vigueur.

Le père de trois garçons est exempté de service militaire (A).

Le père de quatre garçons est exempté de toute charge vis-à-vis de l’État (A).

Si un vieillard est marié à une jeune femme, il doit choisir un homme dont le corps et l’âme lui agréent, et le conduire auprès de sa femme pour se créer des rejetons.

Un homme qui ne veut pas épouser une femme, mais qui désire cependant de beaux enfants, est autorisé, s’il voit une femme intelligente et féconde, à prier le mari de la lui prêter pour en avoir postérité.

L’État peut ordonner à une femme mariée sans enfant, de trouver un autre homme qui aura plus de succès que son mari pour lui faire engendrer des citoyens. Cette femme ne pourra rien objecter ni se plaindre.

 

La naissance des enfants

À leur naissance, les nouveau-nés, garçons comme filles, sont examinés par une commission d'anciens pour déterminer s'ils sont beaux et bien formés. Si ce n'est pas le cas, ils seront considérés comme des bouches inutiles et des charges pour la cité, et devront donc être jetés dans le précipice du gouffre montagneux des Apothètes (P). Là, ils périront abandonnés et noyés. Ainsi, quand un enfant naît, son père doit le présenter aux anciens de sa famille pour être examiné : s'il est en bonne santé, il est rendu au père, sinon, il était jeté dans un profond puits rempli d'eau, si l'on ne peut se déplacer en montagne.

À la naissance de chaque enfant, les anciens de la tribu lui assignent un des 9 000 lots de terre (P-L, 16).

Pour la naissance, la famille doit faire un sacrifice aux dieux et organiser une fête. L'enfant est alors laissé nu et frictionné avec du vin.

Sept jours après la naissance d'un enfant, le devant de sa maison doit être décoré avec des guirlandes d'olives pour les garçons et de laines pour les filles.

 

Les naissances illégitimes

Les enfants nés hors mariage ne font pas partis de la famille, et doivent être tenus à l’écart des cérémonies religieuses et de toute succession de biens.

Les naissances illégitimes doivent être évitées car les gens de cette condition, une fois trop nombreux, créent de sérieuses difficultés au gouvernement.

On distingue les enfants nés d’un citoyen et d’une citoyenne hors mariage, des enfants nés de personnes d’un statut différent, comme l'enfant d’un citoyen et d’une Périèques, avec laquelle la loi ne permettait pas de mariage.

 

L'adoption

L’adoption est un moyen de suppléer aux défaillances de la fécondité naturelle. Elle doit se faire en accord avec les rois, qui peuvent l'autoriser ou la rejeter, en vertu de leur haute juridiction religieuse.

 

Une éducation en communauté (X, 1)

L'éducation des bébés et des jeunes enfants est déléguée à la nourrice.

Chacun a le même droit sur ses enfants et sur ceux des autres ; et chacun use, à l’égard de ces enfants, des ménagements qu’il souhaite pour les siens (X, 1).

Quand un enfant, qui a reçu des coups, vient se plaindre à son père, celui-ci est répréhensible s’il ne donne pas de nouveaux coups à son fils : car on ne peut ainsi rien commander de malhonnête aux enfants (X, 1).

 

Le droit de succession

Les frères et les sœurs héritent de parts égales dans une succession familiale.

Des communautés entre frères sont possibles. Ainsi, le patrimoine ne se divise pas. Tous les enfants restent alors groupés dans le même foyer. Un des frères, le plus capable et le plus souvent l’aîné, dirige la communauté et porte le titre de « conservateur du foyer » (P-A).

Les femmes peuvent léguer leurs propres biens.

 

Les héritières

(Cas général pour la Grèce ne se limitant pas à Sparte)

Une femme n'est pas apte à hériter et à continuer la maison par elle-même. Des dispositions législatives obligent alors leurs plus proches parents, jusqu’au cousin issu de germain, à les épouser ou à les doter.

Le parent déjà marié n’était pas dispensé de cette obligation, car il peut divorcer pour épouser sa parente, sans quoi il perdra l’héritage.

Un parent est en droit d’épouser la fille héritière même malgré elle et de la revendiquer en justice avec l’héritage. Le mariage qu’elle aurait contracté précédemment sera dans ce cas nécessairement dissous.

Le fils né de cette union, une fois arrivé à l’âge d’homme, sera mis en possession des biens de son grand-père maternel auquel il était censé succéder directement, et il deviendra en même temps le tuteur de sa propre mère.

(À propos de Sparte particulièrement)

Si plusieurs enfants naissent de ce mariage, on s’arrangera pour que l’un eût l’héritage et le nom de son grand-père paternel, l’autre l’héritage et le nom de son grand-père maternel, de façon qu’autant que possible chaque famille continua à avoir une existence distincte (D).

Si le père meurt sans avoir marié sa fille, le parent plus proche qu’il laisse pour héritier n’épousera pas lui-même la fille, mais la mariera à un parent du degré suivant. Les arrangements de famille peuvent tempérer la rigueur du droit.

 

L' ÉDUCATION

Le projet pédagogique pour former des guerriers redoutables (X, 2)

L'éducation des bébés et des jeunes enfants est déléguée à la nourrice. Ensuite, l'éducation est obligatoire, collective et organisée par l’État : elle vise à former des soldats disciplinés, efficaces et attachés au bien de la cité.

L'essentiel de la formation militaire consiste à s'endurcir physiquement par l'athlétisme, à manier les armes, à marcher en formation, à survivre dans la nature, et surtout, à obéir sans condition aux supérieurs et à toujours rechercher le bien de la cité (P.L).

De leur naissance à l’âge 7 ans, les garçons vivent avec les femmes. À 7 ans, ils sont retirés aux femmes et commencent un entraînement militaire en caserne. Ils vivent par classe d'âge et hors de la tutelle parentale.

Les jeunes Spartiates apprennent à lire et à écrire mais, toute science superflue et sans profit est exclue du programme éducatif. Seuls sont enseignés :

- La musique et le chant (les chants militaires). Les élégies de Tyrtée sont apprises comme chants de marche.

- La danse (en arme ou sans arme).

- La lecture des poèmes d'Homère.

Les étudiants apprennent aussi les bonnes manières et la discipline.

 

La mode infantile (X, 2)

En entrant dans sa caserne, un enfant se fait raser le crâne.

Les enfants reçoivent un manteau par an.

Afin que les enfants gravissent plus facilement les hauteurs, descendent plus sûrement les pentes, apprennent à bondir, à sauter, à courir nu-pieds plus lestement, le port de la chaussure leur est interdit.

Au lieu de les amollir par des vêtements, il est convenable de les accoutumer à porter le même habit toute l’année, car c’est le meilleur moyen de les endurcir au froid comme au chaud.

 

Les privations (X, 2)

Les étudiants dorment sur des paillasses de roseaux qu'ils ont cassées et fabriquées de leurs mains. En hiver, du chardon est mêlé à leur litière.

Les enfants ne prennent jamais de bain sauf certains jours de l'année.

Dans les casernes, les repas communs sont réglementés de manière que les garçons ne puissent se charger l’estomac par la surabondance des mets. Mais encore, ils ne seront pas pris au dépourvu quand il leur faudra se priver. Habitués à ce régime, ils deviendront des soldats capables de supporter à jeun les fatigues, tout en subsistant plus longtemps avec la même ration. En s’entraînant ainsi, ils auront moins besoin d’aliments, et trouveront toute nourriture à leur portée.

Les étudiants participent à divers concours, comme des combats rituels ou des flagellations au sanctuaire d'Artémis.

Les enfants peuvent aussi être enfermés dans une pièce de nuit, ou lavé avec du vin. Ces exercices visent à mettre en avant les plus vigoureux et les plus endurants à la douleur.

Les brimades et les humiliations sont possibles pour punir les enfants lâches ou faibles.

Les enfants surpris à voler seront fouettés jusqu'au sang.

Les blessures infligées à l’entraînement, même mortelles, n’entraînent ni représailles ni punition.

Chacun a le même droit sur ses enfants et sur ceux des autres ; et chacun use, à l’égard de ces enfants, des ménagements qu’il souhaite pour les siens.

Quand un enfant, qui a reçu des coups, vient se plaindre à son père, celui-ci est répréhensible, s’il ne donne pas de nouveaux coups à son fils : car on ne peut ainsi rien commander de malhonnête aux enfants.

 

Le vol de nourriture (X, 2)

Si les enfants ont trop faim, il leur est permis de voler ce qu’il leur manque pour satisfaire leur appétit. Le vol est un très bon exercice car celui qui veut voler doit veiller la nuit, ruser le jour, tendre des pièges et mettre des gens au guet. En les dressant à ces manœuvres, le vol rend les enfants plus adroits à se procurer le nécessaire et plus propres à la guerre.

Cependant, si le voleur est pris sur le fait, il lui sera imposé une bonne correction, car à Sparte on punit les voleurs pour avoir mal volé.

Ceux qui seront surpris à voler seront fouettés jusqu'au sang.

 

Le pédonome et les mastigophores (X, 2)

Un chef spécial est nommé pour former les enfants. Le pédonome (« régulateur des enfants ») sera choisi parmi ceux qui se destinent aux plus hautes magistratures.

Les élèves doivent une grande réserve et une extrême soumission à leur professeur, qui possède le pouvoir de les regrouper comme il le souhaite et de les punir sévèrement s'il les trouve paresseux.

Des jeunes mastigophores (« fouetteurs ») secondent le pédonome afin de l'aider à châtier.

Si le pédonome vient à s'absenter, les enfants ne doivent pas rester sans surveillant. Le premier venu des citoyens doit alors prendre la place du pédonome et commander aux enfants ce qu’il croit bien. Le remplaçant pourra châtier les délinquants.

Quoi qu'il en soit, les enfants ne doivent pas demeurer sans chef. Le plus habile de chaque classe commandera donc aux autres en cas d'absence des adultes.

 

Le comportement des adolescents (X, 3)

Les enfants passent de l’enfance à l’adolescence à 18 ans. À cet âge, les enfants ont une forte dose de vanité, d’insolence, de passion désordonnée pour les plaisirs, alors de nombreux travaux leur sont imposés afin de les occuper. Quiconque se dispense de ces exercices est exclu des hautes fonctions.

Il est ordonné aux jeunes gens de marcher dans les rues les mains sous la robe, en silence, sans tourner la tête, les yeux devant les pieds. En agissant ainsi, un jeune homme fait comprendre qu’en fait de modestie, l’homme a encore plus de fermeté que la femme.

Durant les repas communs, les jeunes doivent attendre, en écoutant, qu’on les interroge.

 

L’entraînement

Les exercices gymniques sont prescrits par la loi à tous les Lacédémoniens, filles et garçons, femmes et hommes, et ce tant qu’ils sont à l’armée.

De 12 et 16 ans, ils pratiquent la lutte, la gymnastique et d'autres exercices physiques comme la course, la course sur du sable, le saut, le lancer du javelot, le lancer du disque, les sports hippiques, le maniement des armes, telles que la lance et l'épée courte, la marche prolongée et forcée alourdie de sable et de pierre, ou encore le bivouac. Les promenades ou les courses ne doivent cependant pas les mener trop loin de leur compagnie, afin que personne ne se trouve loin de ses armes.

Les blessures infligées à l’entraînement, même mortelles, n’entraînent ni représailles ni punition.

La palestre (salle de sport) ouvre au matin et ferme au crépuscule. Les hommes adultes y sont interdits en dehors des métiers qui y sont attachés (Sol). C'est là que sont gardés les huiles et les onguents.

Chaque année, un concours de flagellation est organisé au temple d'Artémis. La personne qui se laisse fouetter le plus longtemps possible remporte l'épreuve.

 

L'ARMÉE

La défense de Sparte

Une ville bien défendue est celle qui est entourée d’un mur d’hommes, et non d’un mur de briques (L). Sparte ne possède donc pas de muraille.

Les jeunes Spartiates ne doivent plus rechercher, comme aux siècles antérieurs, leur gloire personnelle (idéal homérique), mais la gloire collective, la victoire de la cité.

Il est beau de mourir, au premier rang, en brave qui combat pour la patrie (Ty).

Les Spartiates avaient un corps de police secrète pour traiter le danger des soulèvements hilotes.

 

Le service militaire (X, 5)

L’accomplissement du service militaire de 12 ans est indispensable pour pouvoir voter et être élu à l'Assemblée après 30 ans.

Le service militaire succède à l’entraînement des jeunes. Il commence à 18 ans et les deux premières années sont passées dans un camp de travail préparatoire. Quiconque se dispense de ces exercices est exclu des hautes fonctions.

Un homme attend d'avoir fini son service militaire pour se marier.

Tant qu'un homme est en service militaire, il n’a pas le droit d'éclairer la nuit sa marche d’un flambeau.

De 20 à 60 ans, un Spartiate est soldat de métier. Il vit de la rente qui lui a été allouée à sa naissance et du terrain qui est cultivé par un Hilote.

 

La cryptie (P)

Chaque automne, les éphores spartiates déclarent la guerre à la population hilote, afin que tout citoyen spartiate puisse tuer un Hilote sans s'exposer à sanction.

Les jeunes ont donc la permission de tuer les esclaves sans procès, ni représailles, ni compte à rendre.

La nuit, les soldats choisis sont envoyés à la campagne, munis uniquement d'un couteau et de la nourriture indispensable, pieds nus et sans vêtements chauds, avec pour instructions de tuer tout h

Hilote qu'ils rencontrent et de prendre toute la nourriture dont ils ont besoin. Les soldats s'infiltrent alors dans les villages hilotes et la campagne environnante, et espionnent la population hilotes. Ils ont pour consigne spécifique d'exécuter sommairement les plus puissants, les meilleurs ou les plus gênants des Hilotes.

 

Les différentes compagnies (X, 11)

Les cavaliers et les hoplites sont partagés en six corps (mora). Chacun de ces corps a :

- un polémarque (« chef de guerre ») qui dirige 576 soldats, organisés de la manière suivante :

- 4 lochages (« chef de bataillon »), chaque lochage dirige 144 hommes.

- 8 pentécostères (capitaine), chacun en charge de deux unités de 72 hommes,

-16 énomotarques (« cadre d'unité »), ces unités de combat mixtes sont formées de citoyens et de Périèques. L'unité de base est l'énomotie, avec 36 hommes répartis en trois colonnes de douze hommes.

Suivant leur commandement, ces mores peuvent être disposées en une seule, trois ou six colonnes.

Dans l’ordonnance des troupes, les chefs occupent les têtes de file. Les uns marchent en tête, les autres suivent, et chaque colonne doit se tenir prête à faire ce qu'on attend d'elle.

 

La marine

La flotte est commandée par des navarques, nommés pour un mandat d'un an non reconductible.

Les navarques sont assistés d'un commandant en second, dont la fonction n'est pas concernée par la clause de durée d'un an.

 

Les hoplites

Tous les citoyens en âge de porter les armes (20 à 60 ans), sans distinction de richesse, doivent servir comme hoplites.

Le territoire de Sparte est composé de cinq divisions territoriales, qui chacune fournissent 1 000 hommes à l'armée.

Les peltastes (troupes légères) spartiates n'existent pas, toute la puissance de frappe est concentrée dans la phalange hoplite.

Les hoplites doivent constamment s'entraîner.

Les hoplites montent au combat en marchant.

 

L'uniforme (X, 11)

L'uniforme hoplite est composé d'une tunique rouge, d'un long manteau rouge et d'un casque rouge. Il est permis aux hommes, sortis de la puberté, de porter les longs cheveux, car ils ont ainsi l’air plus grands, plus libres et plus farouches.

À la guerre, afin que les morts soient plus facilement reconnaissables, il est permis aux soldats de porter au bras une plaquette de bois avec leur nom écrit dessus (J).

 

L'armement

L'armement et la protection des hoplites comprennent un bouclier rond, un casque à plumes rouges, une cuirasse, un protège-tibia, une petite épée et deux lances.

Le casque doit posséder un toupet en crin de cheval et être doté d'un protège-nez, de protège-joues et être constitué d'une plaque unique de bronze martelée, doublé de cuir ou de feutre.

La cuirasse est constituée de deux plaques de bronze, l'une pour la poitrine et l'abdomen, l'autre pour le dos. Les plaques sont séparées et attachées ensemble par des boucles et des courroies à gauche, à droite et aux épaules. Elles se terminent, au niveau des hanches, par une collerette qui permet une meilleure liberté de mouvement.

Le bouclier est en bois, possiblement en osier, généralement cerclé de bronze, de forme ronde et concave et doté sur sa face interne d'un brassard et d'une poignée qui permettent de le porter sur l'avant-bras gauche. Il peut mesurer jusqu'à un mètre de diamètre et peser 6 kg. Il porte un emblème distinctif de chaque cité, en l'occurrence un Λ (lambda) pour « Lacédémone ». Il est néanmoins possible d'arborer un emblème personnel sur le bouclier.

La lance mesure de 2 m à 2 m 50, doublée d'une plus petite si elle se casse. Les hoplites sont armés de deux lances, une de jet à une pointe, et une de contact à deux pointes.

 

Les campements (X, 12)

Les campements doivent avoir une forme circulaire. .

Les campements doivent changer souvent de site, pour nuire à l’ennemi et pour être utiles aux alliés.

En campagne, le roi décide du site du campement.

 

Le rôle du roi en campagne (X, 13)

Les rois sont les chefs de l’armée.

Ce n'est qu'une fois les sacrifices nécessaires terminés, que le roi convoque les officiers et donne ses ordres.

Anciennement, les deux allaient en campagne, mais à présent l'un reste à Sparte l'autre part.

C’est le roi qui envoie les députations aux alliés comme aux ennemis. C'est du roi dont dépend toute initiative. Il décide des trêves.

En période de guerre, l’État nourrit et pourvoit aux besoins du roi et de sa maison.

En période de guerre, s’il s’agit de justice, le roi renvoie aux juges ; s'il s'agit d’argent, il renvoie aux trésoriers ; s'il s'agit de butin pris sur l’ennemi, il renvoie enfin aux commissaires chargés de vendre le butin.

L’opportunité et l’emplacement convenables au campement sont entièrement laissés à la disposition du roi.

En campagne, un roi partage sa tente avec les polémarques (chef de guerre), afin qu'ils puissent, au besoin, l’aider de leurs conseils. Trois aides de camps, citoyens libres, leur seront affectés, et leur procureront toutes les choses nécessaires à la vie, afin qu’ils aient tout le temps de s’occuper des affaires de la guerre.

Une garde de 100 hommes protège le roi en campagne.

 

Le protocole de combat (X, 13)

Ce n'est qu'une fois les sacrifices effectués, que le roi convoquera ses officiers et donnera ses ordres.

Sous la forme d'amphores jumelles, des idoles des Dioscures partent en campagne aux côtés des rois.

S’il n’y a aucun ennemi en vue, le roi marche à la tête des troupes, personne ne le précède, et il n’a devant lui que les Skirites et les cavaliers envoyés en éclaireurs.

S'il y a risque de combat, le roi prendra le commandement de la première compagnie, et se placera entre deux Moras et deux polémarques.

Derrière le roi, on se range en ordre en commençant par le plus âgé de ceux qui campent sous la tente nationale. Après eux, viennent tous les compagnons de chambrée des Homoioi : devins, médecins, joueurs de flûte, chefs de troupes, quiconque a pris part à l’expédition.

En présence des ennemis, on immole une chèvre, et la loi ordonne à tous les joueurs de flûte présents de jouer de leur instrument, et à chaque Lacédémonien de porter une couronne.

Il est permis aux jeunes recrues soldats de s’avancer au combat, parés et brillants, mais il est interdit aux autres d’avoir leurs armes trop bien polies.

Ce sont les plus jeunes qui servent à transmettre les ordres à chaque chef d'unité, qui, placé à l’extrémité de leur unité, ne sont pas à portée de voix.

Arrivée sur le lieu désigné de la bataille, la troupe d'hoplites se déploie en lignes serrées, épaule contre épaule, bras gauche replié vers le corps, en général sur 8 à 12 rangs.

L'armée spartiate monte au combat en marchant.

Si la phalange hoplite subit une contre-attaque et se fait entourer, elle divise ses lignes et fait front des deux côtés.

Le combat se déroule en deux phases : d'abord c'est la poussée, puis ce sont les duels.

 

Les hippeis

Trois cents hommes sélectionnés spécialement font partie de la garde royale. Ces hippeis (cavaliers) appartenaient à la 1re Mora et sont l’élite de l'Armée Spartiate.

Tous les ans, ils sont tous soigneusement sélectionnés par les officiers qui les commandent, parmi les fils des hommes expérimentés, de sorte que leur lignée soit poursuivie.

Ils sont déployés de manière honorifique sur le côté droit de la ligne de bataille.

 

Les cavaliers

C'est de la colonie de Tarente, au sud de la péninsule italienne, que viennent les meilleurs cavaliers de la Grande Grèce. Ce sont d'utiles mercenaires.

 

Les gymnètes

Le gymnète (le nu) est un fantassin léger issu des classes pauvres. Il ne porte pas d'armure, mais seulement une tunique. Il est armé d'un arc, d'une fronde, de javelots, d'une épée ou d'un gourdin.

Ils ouvrent le combat par des tirs de projectiles, avant de se retirer derrière les phalanges d'hoplites, qui constituent le cœur de l'armée et décident de l'issue des batailles rangées.

Ils excellent dans les embuscades car leurs mouvements sont plus libres et lestes que ceux des hoplites.

 

Les Trésantes (X, 9)

Tout homme qui, par lâcheté, se soustrait aux exigences de la loi, se place hors de la loi d’égalité (X, 10).

Les citoyens considérés comme des lâches au combat sont appelés « Trésantes » (tremblants). Ils peuvent être soumis aux brimades et aux vexations publiques, lesquelles peuvent être variées :

- Ils ne peuvent ni faire partie des équipes sportives, ni des chœurs, ni participer aux syssities, les repas en commun.

- Ils sont aussi exclus du gymnase et n'occupent que les dernières places lors des danses rituelles. Il est honteux d’avoir un lâche pour compagnon de table ou de l’avoir pour lutteur dans une palestre.

- Dans la rue, ils doivent céder le pas et se promener d'un air morne, faute de quoi leurs concitoyens peuvent les frapper. Les Trésantes n'ont alors pas le droit de se défendre.

- Il leur est interdit de se donner l’air d’hommes bien faits, sous peine de recevoir des coups de ceux qui valent mieux qu'eux. À Sparte, on préfère la mort à une vie de mépris et de déshonneur.

- Les Trésantes doivent porter des vêtements sales et rapiécés et se raser seulement une partie de la barbe.

- Il leur est interdit de se promener frotté d’huile.

- Ils doivent se lever même devant leurs cadets et personne ne leur adresse la parole en public, ni n'accepte de leur donner de feu. Dans les assemblées, ils doivent se lever même devant les plus jeunes.

- Ils sont exclus des magistratures (P).

- Ils ne peuvent faire des transactions légales (T).

- Leurs filles restent célibataires et à leur charge. Ils doivent garder chez eux ses filles et leur faire subir la honte du célibat.

- S'ils sont célibataires, ils ne peuvent se marier, et restent redevables de l'amende des célibataires.

Cependant, malgré ces discriminations, les Trésantes peuvent accéder aux lieux publics.

Les Trésantes peuvent se racheter à la guerre.

Les trafiquants d’esclaves, les fraudeurs, les voleurs, ne causent de préjudice qu’à leurs dupes, tandis que les lâches et les efféminés trahissent des villes entières. C’est donc avec raison qu'on inflige aux gens de cette espèce les plus rigoureux châtiments (X, 10).

 

Les honneurs pour services rendus

Après 60 ans, les soldats méritants peuvent occuper des postes subalternes ou être relégués à l'arrière.

La « belle mort », celle qui convient aux soldats, est la mort au combat, avec des blessures faites par-devant.

La mort d'un fils au combat est un motif de satisfaction pour sa mère, qui marchera fière et souriante dans les rues à l'annonce de son sacrifice. Inversement, un fils qui survit grâce à sa lâcheté est un motif de honte pour toute sa famille.

L’État rend les honneurs à ses meilleurs soldats en leur offrant des terres en campagne.

L’État récompense aussi les mercenaires étrangers pour service rendu.

L’État peut affranchir les Hilotes qui se sont battus pour sauver la cité.

Pour qu'une pierre tombale porte un nom, il faut qu'un homme soit mort sur le champ de bataille, ou qu'une femme soit morte en accouchant. Ces deux types de morts sont des dons de soi au service de la cité.

Léonidas et la bataille des Thermopyles (J.-L. David)

Léonidas et la bataille des Thermopyles (J.-L. David)

La CONSTITUTION de SPARTE

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