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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Florilège de la sagesse DRAVIDIENNE

Aphorismes extraits du saint Kural

v. -300

 

L'anthologie qui va suivre est extrait du Tirukkural, « le Saint Condensé », surnommé le Livre de la sagesse ou encore le Véda dravidien (tamoul). Il s'agit d'un ouvrage de morale non religieux ni théologique, que l'on considère habituellement comme le premier chef d’œuvre de la littérature dravidienne. Largement diffusé et traduit à travers le monde depuis deux millénaires, le Koural fut composé vraisemblablement entre -300 et 500 de notre ère, par l'ermite et ascète Tiruvalluvar. Pour réunir ce florilège thématique, nous avons utilisé les traductions de Pierre-Eugène de Lamairesse (1867), de Gérard de Barrigue de Fontainieu (1889) et Gnanou Diagou (publiée à Pondichéry en 1942).

À bien des égards, le Kural est un des premiers traités qui s’intéressent à l'art de diriger un royaume, mais aussi à celui de fonder une famille et d'aimer correctement une femme.

Tiruvalluvar

LE SAVOIR ET L'INSTRUCTION

Le nombre et la lettre sont nos deux yeux.

De même que la source jaillit du sol seulement si l'on a creusé à sa rencontre, la connaissance jaillit chez qui a étudié.

La richesse glorieuse et impérissable d’un homme est son instruction seule; tous les autres biens ne sont pas recommandables.

La connaissance acquise dans une existence servira durant les sept naissances à venir.

La richesse des illettrés engendre plus de souffrances que la pauvreté des instruits.

Les gens instruits semblent vertueux à ceux qui s'en approchent, mais pitoyables à ceux qui en prennent congé.

Tant savant que l'on soit dans la connaissance des livres, il faut savoir ce qu'il se passe dans le monde et conformer ses actes avec lui.

Discourir dans une réunion, sans avoir une instruction pleine et entière, c'est jouer aux dés sans damier.

Le savoir d'un érudit ne brille de toute sa splendeur qu'entouré d'initiés.

Que ceux qui sont aptes à discourir sur le Bien dans une réunion d'hommes vertueux, ne parlent pas, même par inadvertance, dans une assemblée de méchants. Que le sage évite de parler dans une assemblée qui n'est pas composée de ses paires, car un tel discours sera semblable à du nectar jeté au caniveau.

 

LA FAMILLE

Si les sentiments semblent résider dans l'âme d'un individu; ils sont, en réalité, le résultat de son entourage et de son environnement. Ainsi, de même que l'eau est altéré par la nature du sol qu'elle traverse, de même, l'intelligence d'un homme est altérée par ceux qu'ils fréquentent et qu'il cherche à imiter.

Les parent peuvent dire que leurs enfants sont leurs fruits, car leur valeur morale dépend des œuvres de leurs pères.

L'homme marié doit soutenir les trois classes qui se consacrent à la vertu : les savants voués au célibat, les pénitents et les religieux. Il doit pourvoir à leurs besoins pour qu'ils puissent poursuivre leur vocation.

La chance d'un homme est de vivre entouré de sa famille.

Ceux qui vantent la douceur de la flûte sont ceux qui n'ont pas encore entendu balbutier leurs enfants.

Celui dont les paroles sont douces se verra entouré de parents empressés.

Il n'y a que ses parents pour aider celui que la chance a abandonné.

 

L'AMOUR

Vouloir vivre sans amour dans le mariage, c'est vouloir faire verdir un arbre mort dans une terre sèche. Comme le soleil consume tout corps qui n'est plus en vie, de même Dieu détruira tout ce qui n'est point animé par l'amour.

Comme un poison qui trouve son remède en lui-même, la femme est le remède au mal qu'elle produit.

La mort, le charme, la sauvagerie d'une biche, voici ce qui brillent dans le regard d'une jeune fille.

Il est inutile d'offrir des parures à celle qui a la pudeur et le regard de la biche.

Comme est attaché l'âme au corps, je suis attaché à cette femme.

Voir, entendre, goûter, sentir, toucher ; les cinq sens sont réunis auprès d'une femme.

 

LA VERTU

Si tu souffres d'injustice, tu ne dois rien faire qui ne soit contraire à la charité, mais seulement plaindre ton agresseur de tout le mal qu'il s'est préparé pour une autre vie.

L'injure que l'on t'a faite, tu dois la supporter avec patience et même si tu es en mesure de la venger, tu ne dois rien tenter. Ce qui est le mieux, c'est de l'oublier tout-à-fait.

Celui qui venge une injure n'a qu'une joie éphémère comme sa colère ; celui au contraire qui la souffre avec patience est loué jusqu'à sa mort.

La ruine suit le pécheur comme son ombre, surveille donc ton esprit pour qu'il ne médite point à faire le mal ; car Dieu prépare la ruine de celui qui rêve la perte des autres.

Quand bien même il s'agirait de soulager la faim qui torture ta propre mère, évite de faire ce que condamnent les sages. L'extrême pauvreté vaut mieux pour le vertueux que les richesses amassées en se rendant coupable de mauvaises actions.

Celui qui respecte toute vie et qui ne se nourrit d'aucune chair, est vénéré par l'univers comme un Dieu.

L'abstinence conserve le pouvoir créateur de la vie

 

LA GÉNÉROSITÉ

Pourquoi, plutôt que de vivre dans la forêt, habitons-nous en ville et prenons-nous femme en nous efforçant d’acquérir et de conserver les biens et la fortune, si ce n'est pour pouvoir faire bon accueil à nos invités ?

La mort, le plus grand des fléaux, est bienfaisante quand elle frappe l'avare, car elle débarrasse la terre d'un fardeau inutile.

On a moins à rougir de faire le métier de mendiant que de n'avoir jamais personne à sa table.

Au lieu de répondre sordidement « je n'ai rien », le sage donne immédiatement ce qu'il peut.

 

LE PAYS

Un pays, c'est où vivent ensemble des cultivateurs qui font de riches récoltes et des gens de bien dont la richesse n'est pas mal acquise.

Un pays, c'est où l'on vit heureux, à l'abri de la famine, des maladies et des ruineuses invasions venus de l'extérieur.

Un pays c'est un endroit où ne s'unissent pas des partis contraires et qui n'est pas déchiré de l'intérieur par diverses factions.

Un pays, c'est où ne vivent ni les méchants, ni ceux qui ont pour profession l'assassinat, ni ceux qui complotent.

Une contrée qui produit sa richesse sans labeur est tout de même un pays, mais une région qui ne créé sa richesse que dans le travail n'est pas un pays.

 

LES QUALITÉS D'UN ROI

Ceux que l'on appelle « les possédants» sont avant tout ceux qui ont de l'énergie. Ceux qui n'ont pas d'énergie, comment pourraient-ils posséder quoi que ce soit ?

Voici les quatre qualités naturelles que dois posséder un roi : la vaillance, la libéralité, la sagesse et le dynamisme. Si en plus de cela il accueille avec grâce les opinions et qu'il recouvre l’impôt en fonction des possibilités de chacun de ses contribuables, il sera le meilleur des rois.

comme le cultivateur arrache les mauvaises herbes pour fortifier ses cultures, le roi puni à mort les criminels.

Avant d'agir, il faut considérer : les ressources, les moyens, la nature de l'entreprise, le temps et le lieu propices à l'exécution. Ensuite, il faut mesurer son effort, jaugé des difficultés qui peuvent advenir et des profits que l'on peut en retirer, puis agir.

Il n'y a rien d'impossible pour celui qui, sait employer l'arme appropriée et tirer profit du moment opportun. Le Roi qui désire régner sur l'univers attendra avec patience le moment opportun et n'entreprendra rien avant d'avoir trouvé un terrain où l’ennemi puisse être pris au piège. Il ne faut jamais sous-estimer un adversaire.

Celui qui engage la bataille après avoir mûrement arrêté son plan d'attaque et étudier ses positions, n'a besoin de rien d'autre que sa propre valeur.

Dans le marécage, le crocodile triomphe, mais en dehors, il est une proie facile.

 

LA JUSTICE ET LA CORRUPTION

Ne pas faillir à la vertu, abolir ce qui n’est pas vertueux, garder l’honneur en ne manquant jamais aux lois de la bravoure : voilà le propre du Roi.

Que le Roi considère le service des Renseignements et la science du Droit, comme les prunelles de ses yeux. Il n'a pas d'autre moyen pour vaincre ses ennemis que de se faire renseigner par ses espions et de savoir tirer profit de ces renseignements.

Le Roi qui ne s'informe pas quotidiennement des injustices commises dans son état et qui ne punit pas les coupables, perd son royaume jour après jour.

La prospérité du Roi est diminuée par les larmes versées par les sujets opprimés par l'injustice et qui ne peuvent pas supporter leurs maux.

Le monarque dont les justiciables n'ont pas l'oreille et qui ne rend pas la justice après information et délibération, règne honteusement et se perd lui-même.

Aux sujets, qui vivent sous le sceptre d'un Roi qui ne rend pas la justice, la richesse cause plus de mal que la pauvreté

Le Roi qui opprime ses sujets et emploie des procédés illégaux pour leur voler leurs biens est plus cruel que ceux qui tuent par haine.

La réquisition de donner, faite par un tyran détenteur d'un sceptre, équivaut à l'acte du voleur de grand chemin qui, armé de son arc et de ses flèches, détrousse le passant solitaire.

 

LES MINISTRES

Il est bon pour le Roi de ne choisir à son service que ceux qui possèdent d'une manière parfaite les quatre qualités suivantes: l'affection, l'intelligence, la décision et l'absence de cupidité.

Que le Roi choisisse ceux qui ont satisfait aux épreuves de la vertu, de l'argent, de la luxure et qui n'ont plus peur pour leur vie. Que le choix s'arrête sur celui qui est de bonne naissance, libre du vice, réfléchie, prudent et craignant le déshonneur.

Il faut renoncer à choisir ceux qui n'ont pas de parents: n'ayant aucune attache avec le monde, ils ne craignent pas le déshonneur.

Il ne faut jamais promouvoir quelqu'un sans l'avoir au paravent éprouvé et ne choisir que ceux qui ont passé à l'épreuve.

Choisir ceux qui sont ignorants de ce qu'il faut savoir, uniquement à cause de l'affection qu'il ressent eux, conduira le Roi à faire toutes les erreurs.

Si, au lieu de traiter tous indistinctement, le Roi traite ses parents selon leur mérite, nombreux seront ceux qui escompteront ce privilège et vivront de ses bienfaits.

Il y a sept cent millions d'ennemis dans la personne du ministre qui auprès du Roi, médite à lui faire du tort.

Un bon ministre est celui qui, en verve, généreux et agréable, est capable de pardonner à ceux qui se sont séparés de lui, est habile à faire naître la scission parmi les rangs ennemis, tout en conservant l'union parmi ses alliés.

Exposer habilement l'objet de sa mission, éviter les paroles hâtives sur les sujets délicats, captiver l'interlocuteur, se le rendre propice et ainsi rendre service à son Roi, voici le propre de l'ambassadeur.

Florilège de la sagesse DRAVIDIENNE

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