14 Janvier 2022
Le chant de fête de la poétesse Andal
La tradition témoigne que Krishna, au moment de quitter sa dépouille terrestre pour retrouver sa forme infinie, prophétisa que s'il ne reviendrait plus sur terre avant la fin des temps, des chanteurs et des poètes inspirés seraient envoyés sur terre pour chanter ses louanges, et que ceux-ci seraient inspirés par Vishnou, qui vivrait en eux : ce sont les Alvars.
Leurs œuvres poétiques, qualifiées de « Védas dravidiens », sont composées de chants d'extase et de dévotion, qui permirent de populariser le vishnavisme. À la fin du premier millénaire, ils vont composer un très grand nombre de traités, de poésies et de chants dont les thèmes seront les plus communs de l’hindouisme : le sens de la vie, le renoncement à la vie, l'attente d'un signe divin, la vénération et la dévotion totale à une divinité suprême, déification de la vie elle-même.
Les Alvars furent des sages et des contemplateurs qui dédièrent leur vie à Vishnou et à son avatar Krishna. Leurs œuvres poétiques, qualifiées de « Védas dravidiens » sont composées de chants d'extase, de dévotion et ont permis de populariser le vishnavisme. Le Naalayira Divya Prabhandham, compilé par Nathamun vers l'an 1000 est une anthologie de leurs œuvres. Autre chef-d’œuvre tamoul, le Periya Thiruvandhadhi. il fut composé durant le premier millénaire de notre ère, selon la légende par l'enfant ermite et muet Nammalvar, « le premier des Alvars ».
Dans les rangs des Alvars se comptait une femme, Andal, dont la poésie érotico-mystique est encore chantée de nos jours dans les fêtes populaires du sud de l'Inde.
Andal est une poétesse aussi connue sous le nom de Nachiyar. Elle aurait vécu entre 600 et 800 apr. J.-C. Sa légende propose cependant une naissance 98 ans après le début du Kali Yuga, lequel aurait commencé à la mort de Krishna (intervenue selon les vishnavites vers 3102 av. J.-C.)
Originaire de Kodhai, la ville fréquentée des cygnes, Andal a chanté de sa voix douce quelques-unes des mélodies les plus enchanteresses que l'on entonne lors des rituels du festival de Pavai. Durant la cérémonie, une idole de Krishna est ornée d'une guirlande de fleurs qui aura été préalablement portée par l'idole de la poétesse Andal.
1
(mi-décembre à mi-janvier)
En ce mois de margazhi, en ce jour qui est pâle comme la lune, femmes de bergers, mes amies, vous qui êtes riches et élégantes mais qui vous ennuyez dans vos foyers, venez avec moi vous baigner !
Celui qui est armé d'une lance acérée, le fils adoré que la reine Yashoda dut abandonner et qui fut recueilli par un bouvier, celui-là même qui tue ses ennemis sans pitié, tout en portant au coup des guirlandes de fleurs à l'odeur enivrante, le lionceau au teint noir, aux petits yeux rouges, celui dont le visage est semblable à la pleine lune, notre Seigneur Vishnou, sera notre protecteur !
Grâce à lui, nous pourrons honorer le mois de la pluie d'une si gracieuse baignade que le monde entier en sera émerveillé.
2
Ô braves gens, soyez satisfaits d'entendre que chaque jour durant, nous rendrons un culte pour que pleuve la pluie. Nous chanterons la gloire de celui qui se repose sur un océan de lait, nous nous abstiendrons de consommer du beurre, mais aussi du lait, aussi bon soit-il pour notre santé.
Chaque jour nous nous baignerons avant l'aube. Nous ne nous maquillerons pas, nous ne parerons pas nos chevelures de fleurs. Nous ne ferons rien d'interdit et nous ne parlerons en mal de personne. Autant que nous le pouvons, nous donnerons l'aumône et nous ferons preuve de charité, car notre rituel consiste à venir en aide à ceux qui souffrent.
3
Si nous chantons les louanges de celui qui est si vaste qu'il est la mesure de l'univers et si nous rendons un culte à notre déesse Pavai, il pleuvra au moins trois fois par mois ; les céréales pousseront vigoureusement et les rizières seront tellement irriguées que les poissons joueront dedans.
Les abeilles s'en iront collecter le miel, puis une fois leur ventre lourd du nectar, elles s'endormiront sur un pétale. Les vaches aux grosses mamelles seront si généreuses en lait qu'elles en feront déborder la cruche qu'on aura mise sous elle. Enfin, le bétail ne sera jamais malade et traversera fièrement le pays
Tout cela, je vous l'assure, peut être obtenu grâce à nos dévotions !
4
Ô dieu de la pluie, toi qui viens de la mer, obéit à nos prières ! Depuis les flots des océans, je t'en prie et gorge toi d'eau, puis revient à nous. Alors, semblable à la sombre et divine colère qui provoqua déluge, fait sonner le tonnerre comme une conque, et que pleuve la pluie comme les flèches sur le champ de bataille.
Depuis l'arc cosmique de Vishnou, que la pluie descende sur nous et fasse de ce monde un paradis en remplissant les bassins dans lesquelles nous allons nous baigner !
5
Krishna, le farceur, le moqueur, qui jadis badinait sur les berges de la Yamuna, est celui qui enchante l'univers, il est la lampe qui guide le bétail. Il est celui qui fit de sa mère celle qui enfanta le divin.
Après avoir fait nos ablutions, nous avons déposé des fleurs parfumées à ses pieds et nous avons chanté en pensant très fort à lui, et alors nous avons pris conscience que la seule chose dont nous soyons certaines, c'est que nos erreurs appartiennent au passé et que tout ce que nous ferons dans le futur n'est jamais que cendre.
6
N'avez-vous pas entendu les oiseaux piailler en se réveillant ? N'avez-vous pas entendu le vibrant appel de la conque, qui résonne depuis le temple de Garuda ?
Allez, filles ! Levez-vous ! Allons écouter les sages et les savants qui chantent le nom de Dieu : « Hari ! Hari ! » écoutez comme ils l'invoquent afin qu'il entre en nous et qu'il nous apaise, celui qui a bu le lait empoisonné que lui tendaient les fantômes, celui qui a vaincu tant de démons pour finir par s'endormir sur Sesha, le serpent qui vit dans les eaux de l'océan du chaos.
7
Ô mes sœurs à l'esprit endormi, n'entendez-vous donc pas le piaillement des merles dans le matin ? N'entendez-vous pas leur discussion, semblable au frottement de deux bracelets N'entendez-vous pas l'écho de la baratte que l'on remue vigoureusement dans un pot de crème ? N'entendez-vous pas le tintement des cloches du bétail ?
Vous qui êtes mes meilleures amies, comment pouvez-vous dormir alors que tout chante les noms de Vishnou et Krishna ?
Ô mes jolies sœurs, s'il vous plaît ouvrez-moi votre porte !
8
À l'est, le ciel a blanchi, les buffles viennent d'être relâchés et sont libres de paître où bon leur semble. Pourtant ils ne vont pas loin aujourd’hui, et se sont arrêtés sous vos fenêtres pour vous appeler !
Ô filles pleines de vie et de joie, je vous en prie réveillez-vous ! Allons tous ensemble chanter les louanges et recevoir les cadeaux de celui qui d'un coup de poing dans la mâchoire tua le cheval enragé, de celui qui massacra les assassins qui avaient été envoyés pour le tuer, de Vishnou, le premier des dieux, celui devant lequel tous se prosternent.
Venez écouter ce que l'univers a à vous dire et vous déciderez ensuite s'il vous est préférable de rester au lit !
9
Ô ma cousine, toi qui dors sous de douillettes couvertures en coton, dans une lumineuse villa richement décorée, dans l'air de laquelle flottent des volutes d'encens, je t'en prie ouvre donc le portillon de ta terrasse ! Allons célébrer le grand enchanteur, l'habitant de Vaikuntha, allons chanter ses nombreux noms et recevoir sa grâce !
Ô ma tante, pourquoi ne la réveilles-tu pas ? Ta fille est-elle sourde, idiote ou simplement paresseuse ? Ou bien est-elle en trance, plongée dans quelques rêves que lui inspire le désir ?
10
Ô ma jolie demoiselle, toi à qui est promis le ciel, en conséquence des pénitences que tu as menées durant ta vie précédente, je t'en supplie répond moi ! Ô paresseuse pucelle, belle comme une poignée de bijoux, réveille-toi enfin et ouvre ta porte !
Si nous adorons Vishnou, si nous lui offrons de parfumer guirlandes de tulsi [basilic sacré], il nous couvrira de cadeaux ! Car il n'a pas changé celui qui jadis, après l'avoir terrassé sur le champ de bataille, envoya le démon Kumbhakarna dans la mort ! D'ailleurs, ma sœur, serait-ce ce démon qui t'aurait fatigué, lui qui à l'aube s'en est allé ?
11
Ô ma sœur, fille du chef du bétail, toi qui es chargée de traire les vaches et qui en temps de guerre est le salaire des ennemis dont tu fais perdre la tête, toi dont le clitoris, épanoui comme les feuilles du calicia, est comme la tête d'un cobra, réveille-toi et rejoins-nous !
Nous t'attendons, toutes réunies dans ta cour ! Nous chantons Krishna, qui a la couleur des nuages qui s'amoncellent au-dessus de nous !
Fillette gâtée, comment peux-tu ni nous répondre ni ouvrir ta porte ? Quelle étrange et profonde transe te maintient donc ainsi allongée ?
12
Hé, toi ! Sœur de celui qui est riche car il possède une vache qui vient de vêler et qui est si généreuse en lait qu'elle inonde votre cour à chaque traite, nous sommes assemblées devant chez toi, et dans la bruine qui commence à tomber, nous le chantons, notre bien aimé qui tua le démon de l'île de Lanka !
Que dis-tu ? Tu ne dis rien ! Réveille-toi au moins ! Pourquoi ce sommeil si profond alors qu'autour de toi les maisons sont ouvertes et que leurs habitants vaquent à leurs occupations ?
13
Les jeunes filles sont arrivées au temple en chantant la gloire du Seigneur qui depuis la nuit des temps, l'un après l'autre, rend les démons dociles.
Suivant la disparition de Jupiter, Vénus l'étoile du matin est apparue. Les oiseaux piaillent et toi, ma jolie aux yeux rouges comme des boutons de fleur, plutôt que de te baigner dans le fleuve aux flots glacés, tu préfères dormir ? Ô jeune fille, en ce jour sacré, ne reste pas à l'écart et viens te baigner avec nous !
14
Dans la mare de ton jardin, en réponse aux fleurs de nuit qui se sont refermées, le lys a éclos. Au son de la conque, les moines errants et les sages, revêtus de toges rouges comme la brique, de toutes parts, des forêts et des collines, se dirigent vers les temples de la ville.
Hier encore, que tu disais que tu allais nous réveiller ce matin, lève-toi donc ! N'as-tu pas honte, bavarde, de rester au lit alors que nous chantons celui qui a l’œil en forme de lotus, un disque foudroyant dans une main et une conque dans l'autre ?
15
Hé ! Petit oiseau, dors-tu encore ?
- Les filles, ne m'ennuyez pas, j'arrive dans un instant !
Tu parles ! On connaît la chanson !
- Je vous en prie laissez-moi tranquille !
Nous sommes toutes levées, pourquoi en serait-il autrement pour toi ? Dépêche-toi de nous rejoindre !
- Est-ce que tout le monde est parti ?
Oui, tous s'en sont allés chanter au temple les louanges du divin enchanteur de l'univers, qui tua l’éléphant Kuvalayapida et arbora sa tête en triomphe, le seul qui puisse ôter aux ennemis la haine qui les habite.
16
Hé, toi qui gardes le portail orné de fanions du temple, ouvre tes portes et fait sonner les clochettes !
Krishna l'enchanteur nous a promis de jouer spécialement pour nous, les filles des vachers, un concert de tambour. Nous sommes donc venues après nous être purifiées, et nous souhaitons le réveiller avec nos chansons !
Ainsi, pas un mot, cher ami, mais ouvrez sans attendre ce loquet !
17
Ô Nanda-Gopa, roi des vachers, toi qui juste et charitable, ô Yashoda, notre mère à toutes, lumière du bétail, je vous en prie réveillez vos enfants !
Ô Krishna, roi des dieux, à la mort de qui les cieux se sont ouverts, je t'en supplie réveille-toi ! Va réveiller ton frère, Balarama, qui porte aux chevilles des bracelets d'or !
18
Ô Radha, belle-fille de Nanda-Gopa, toi qui possèdes plusieurs éléphants et les cheveux parfumés d'encens, tu es l’héroïne qui devant aucun obstacle ne recule !
La rosée est montée sur les pétales du jasmin ! Les coqs ont chanté et nous ont réveillés ! Soit donc assez aimable pour nous ouvrir la porte !
Toi qui mènes le bal, viens avec nous chanter la gloire de ton seigneur et de tes mains ornées de bracelets qui entrechoquent, ouvre-nous donc ta porte de bon cœur !
19
Dans la lumière d'une lampe à huile, sur un lit à pieds d'ivoires, sur un doux matelas de coton, en face d'une statue de Radha, tu dors, toi qui as le cœur en forme de fleur…
S'il te plaît dit quelque chose, ta femme est en colère, elle refuse de nous ouvrir ! Elle ne veut pas que tu nous suives !
20
Réveille-toi, ô Seigneur ! À ton approche les 33 dévas courbent le dos ! Tu es celui qui détruit la souffrance et éloigne la peur !
Ô Radha, toi dont les seins sont ronds comme des cruches en terre cuite, dont les lèvres sont minces et rouges, à la hanche légère, va donc le chercher ! Ô déesse de la jouissance et des richesses, apporte donc le miroir et le peigne à ton époux et permet nous d'enfin commencer nos ablutions.
21
Ô fils du roi des vachers, seigneur miséricordieux, plus justes des justes, lumière par laquelle commença le monde, lève-toi donc ! Nous sommes venus te célébrer comme des légions d'ennemis vaincus, tombées à tes pieds. Nous te sommes soumises et c'est en te priant que nous espérons la rédemption !
22
Les plus grands rois de la Terre, après avoir abandonné leur ego, ont jeté leur couronne au pied de ton lit, et c'est là même où nous sommes à présent, espérant que ton premier regard se pose sur l'une d'entre nous !
Il suffit que tu nous couves de tes yeux, qui sont le Soleil et la Lune, pour que toutes nous soyons purifiées des malédictions.
23
Comme le lion qui pendant la saison des pluies vit dans les cavernes montagneuses, il se réveilla en rugissant, puis grogna en regardant fièrement au lointain.
Ô Seigneur à la peau bleue, viens nous rejoindre, assis toi sur ton trône et écoute avec compassion les raisons qui nous ont poussés à venir te déranger.
24
Nous nous prosternons à tes pieds, qui en quelques pas mesurent l'univers. Nous nous prosternons devant ta victoire sur le roi des démons de Lanka. Nous nous prosternons devant toi, qui fais des montagnes des parasols. Nous nous prosternons devant toi, qui portes en main la lance sacrée qui assure la victoire.
Nous sommes venues chanter pour toi et t'entendre jouer pour nous des tambours !
25
Apprenant la prophétie annonçant ta naissance, le démon Kamsa tua tous les enfants de la province de Matura. Étant né d'une femme qui du te cacher le soir même de ta naissance, tu es devenu le fils d'un autre, puis de retour, glorieux, tu as mis fin aux maléfices de Kamsa.
Nous sommes venues pour t'écouter battre le tambour ! Nous sommes prêtes à t'accompagner en chantant des odes à ta grandeur et à ta santé ! Il n'y a qu'ainsi que notre chagrin prendrait fin et qu'à nouveau nous rayonnerons de félicité !
26
Ô Vishnou, Seigneur à la peau saphir, pour célébrer ce mois d'hivers qui annonce les pluies, immensément généreux, tu nous demandes ce dont nous avons besoin : nous voulons que retentissent des conques blanches comme le lait, semblables à celle que tu tiens dans la main, nous voulons aussi des tambours et du rythme, et que le bruit s'entende au loin dans la campagne. Envoie-nous aussi quelques musiciens de renoms qui entonneront avec nous les chants sacrés !
De quelques chiffons nous ferons des tentes, au coin desquels nous placerons de petites lampes ! Ô toi qui à l'heure du déluge dormiras enroulé dans une feuille de ficus, accorde-nous tout ce que nous te demandons !
27
Ô Krishna, protecteur du bétail, célèbre pour tes innombrables victoires, nous t'avons chanté, maintenant nous allons danser et te couvrir de cadeaux ! Une fois que chacune t'aura prié, ressortie du bain, habillée de nouvelles robes, des fleurs dans les cheveux, nous ferons vibrer nos bracelets, nos boucles d’oreilles et nous dessinerons sur nos corps !
Enfin, nous nous délecterons de riz au lait : nous serons ensemble et nous serons heureuses.
28
Nous appartenons à la caste ignorante des vachers, nous ne sommes bonnes qu'à mener le bétail dans la forêt, et c'est avec nos bêtes que nous mangeons nos repas. Pourtant nous avons de la chance, car tu es un dès notre, ô parfait Krishna et jamais rien ne pourra nous séparer.
Cependant nous sommes de bien innocentes jeunes filles, ignorantes du monde et de ses usages, et s'il s'avère que nous t'avons offensé, ne t'énerve pas et vite, je t'en supplie, fait battre le tambour !
29
Ce n'est pas seulement pour les tambours que nous sommes venues t'adorer à l'aube ; tu as grandi dans une famille de vachers comme la nôtre et pour les dizaines de milliers d'années à venir, nous n'avons d'autre devoir que de te satisfaire tes moindres désirs.
Ô Krishna, fait donc de nous tes esclaves, et retire de nous tous les désirs qui ne te sont pas consacrés.
30
Celui qui saura chanter sans fausse note les trente couplets tamouls qui racontent comment les jeunes filles d'un village firent battre les tambours de leur temple, puis comment elles invoquèrent le Seigneur tout-puissant qui n'est autre que Vishnou, qui jadis fit battre l'océan de lait afin qu'un tambour en sortît, dont on se sert encore aujourd'hui pour honorer la déesse Pavai…
Celui qui saura donc chanter les chansons composées par la prêtresse Andal, la fille adorée de son père le sage Vishnou-Chittar, de la sainte ville de Khodai, sera heureux et vivra dans la grâce éternelle de Vishnou, dont les épaules sont les quatre piliers de l'Univers.
Thiruppavai: Le chant de la prêtresse Andal
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