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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

La civilisation mésopotamienne et son influence

La Mésopotamie a dynamisé la néolithisation dans sa région (sédentarisation, agriculture). D'abord domestiquer pour leurs viandes, les moutons, chèvres et bœufs le sont ensuite pour tous les produits qu'ils permettent de fabriquer, comme le lait, le beurre, le cuir et le coton, mais aussi pour leur force de travail.

L'interdiction de manger de la viande bovine est un tabou religieux qui naît au Néolithique et qui était respecté en Égypte, en Inde et très vraisemblablement en Mésopotamie. Il s'agissait alors de sanctuariser des animaux plus utiles vivants que morts : la vache est nécessaire grâce à son lait, très utile aux nouveaux-nés, tandis que le bœuf, en vertu de sa force, permet de largement faciliter les travaux agricoles.

Étalé sur plusieurs millénaires, le développement de la charrue à roue pleine et de l'animal de trait, comme le buffle ou l'onagre, permet d'atteindre des rendements importants et donc de dégager un surplus encourageant le commerce.

C'est en Mésopotamie qu’apparaît le tour de potier, dont la technique se diffusera rapidement en Afrique et en Inde. Aux castes urbaines de prêtres et de guerriers s’ajoutent donc celles des artisans, qui vivent dans des quartiers spécialisés et qui produisent en grande quantité et de manière standardisée, des produits utiles pour la vie quotidienne. L'âne est utilisé pour mener les caravanes de produits à bon ports et la production à bas coût de la céramique permet de transporter sans difficulté des produits parfois périssables, puis de les stocker.

Des cités à la structure sociale fortement hiérarchisée sont bâties sur des sites déjà très anciennement peuplés. Ces cités fondent des colonies commerciales et des factories vers les sites miniers et agricoles les plus importants. Les Urukéens surtout, créèrent un ensemble de colonies en Basse et Haute Mésopotamie (Habuba Kabira, Djebel Aruda, Ninive, Tell Brak, Samsat), mais aussi en Susiane et sur le plateau Iranien.

On importe le lapis-lazuli des montagnes de l'actuel Afghanistan, la cornaline de l'actuel Iran, le cuivre et l'obsidienne d'Anatolie, mais aussi les pierres précieuses turquoise, hématite et diorite. Ces produits sont ensuite exportés à nouveau vers d'autres régions dont l'Anatolie, l'Afrique du nord et l’Égypte.

 

La Ville de Babylone, au temps de nabuchodonosor II selon les fouilles de 1899 et 1917, par Maurice Bardin

 

Alors que la civilisation sumérienne périclite, les Sémites en devinrent les héritiers et en perpétuèrent la spiritualité. Nimrod, Akkad, Assur, Dilmun, Nippur1 sont alors des cités religieuses très importantes, mais c'est Babylone2 qui est véritablement la ville sainte et la capitale du monde religieux mésopotamien. La cité influença à la fois le zoroastrisme, le judaïsme et le manichéisme. Entre Memphis en Basse-Égypte, Thèbes en Haute-Égypte et Babylone, se concentre alors l'essentiel du savoir antique de la région. C'est en Mésopotamie que naîtront les monothéismes exclusifs, que sont le judaïsme, le christianisme, l'islam, le manichéisme, le zoroastrisme, ainsi que les cultes à mystères méditerranéens tels que le mithriacisme, inspiré du culte solaire élamite de Shamash, ou le culte d'Isis, inspiré du culte infernale et sensuel d'Inana-Ishtar.

On doit vraisemblablement à des commerçants assyriens la diffusion de mythes comme le sacrifice d'un fils au démiurge (le sacrifice d'Isaac témoigne d'une ancienne coutume phénicienne d'offrir le premier né à Dieu) ou celui du jugement d'un roi envers deux mères qui se disputent un fils (et que nous connaissons dans la Bible avec l'épisode du jugement de Salomon). Ces mythes se retrouvent presque à l'identique dans le mythe indien du roi Harishchandra et de son fils Rohita, ainsi que dans le conte jaïn du jugement magnanime de la reine Mangala. Le mythe le plus évocateur demeurant celui d'Uta-Napishtim (le Noé biblique), l'homme aimé de dieu et sauvé du déluge pour repeupler le monde. Ce mythe se retrouve presque à l'identique dans le récit védique du déluge et de Manu, le pieux roi des hommes choisi par Vishnou pour sauver les Védas et la vie sur terre.

 

Ashur, dieu d'Assur

 

Notes :

 

1Cette dernière ville restera très importante pour le manichéisme et le zoroastrisme.

2« En 689, Sennachérib [...] décida de rayer de la surface de la terre Babylone, une fois encore rebelle. Tous les habitants furent exterminés, les maisons démolies, le temple Esagil et sa tour furent précipités dans le canal d'Araktou, la ville enfin inondée et les rues, les places et les maisons réduites au niveau de la plaine. La fureur du tyran était sans bornes. Il ne lui suffisait pas d'avoir anéanti la ville. Il fit charger sur des navires de la terre de Babylone, que l'on transporta à Tilmoun pour la répandre à tous les vents. » C. W. Ceram, Des Dieux, des tombeaux, des savants.

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