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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Les SLAVES

Costumes traditionnels slaves

Costumes traditionnels slaves

Les Slaves

Vers le milieu du premier millénaire de notre ère, les dernières vagues de nomades indo-européens à s'installer en Europe sont les Slaves. Après les vagues celtique, germanique, alaine, hunnique, il s'agit du dernier groupe ethnique à avoir massivement déferlé sur l’Europe. Originaires des steppes eurasiennes, les Slaves s'installèrent dès le début du premier millénaire de notre ère dans les vastes plaines germano-russes, colonisant ainsi la Bohême, la Thrace, les Balkans mais aussi toute la Russie Blanche.

La Chronique des temps passés (1111), est le plus ancien texte écrit en slave, par un Slave, à propos de l'Histoire de la Russie. Composée par le moine orthodoxe Nestor, qui recopia pour cela des manuscrits antérieurs, ce texte raconte l'origine de l'ethnie slave. À travers une référence biblique, Nestor évoque les divisions linguistiques pour expliquer la généalogie des peuples européens :

Après la destruction de la tour de Babel et la division des langues, les fils de Sem occupèrent les contrées orientales ; les fils de Cham, les contrées méridionales ; et les fils de Japhet l'occident et les contrées septentrionales. Parmi ces soixante-douze nations était la nation slave de la race de Japhet et le peuple des Noriciens [Germains] qui est slave.

L'intuition de Nestor se révèle parfaitement exacte : les Slaves sont un peuple locuteur d'une langue dérivée de la branche indo-iranienne des langues indo-européennes, elle-même dérivée du tronc commun celto-germanique, lui-même dérivé du foyer linguistique comprenant le proto-grec et le proto-hittite.

Les Slaves possèdent de très nombreux points communs avec les autres civilisations européennes, en particulier avec les Germains. Si la langue slave se rapproche plus du perse ou du sanskrit que du celte ou de l'allemand, la proximité géographique a soudé la culture slave aux sociétés voisines germaniques. C'est même en se mettant sous la protection des Varègues suédois que ceux qui allèrent devenir les Ukrainiens et les Russes fondèrent leurs premiers États historiques. Par ailleurs, le code vestimentaire de Slaves est similaire à celui des Germains, tout comme leurs habitations, qui sont faites en bois sur des fondations rectangulaires et renouvelées à chaque génération. Enfin, le panthéon slave est dominé par un dieu similaire à Thor, c'est Péroun. Armé d'éclairs, maître de la pluie, il évoque aussi l'Indo-Aryen Indra.

 

Le Kolovrat, symbole slave
La croix de Svarog, symbole du polythéisme slave

Comme les Germains et les Celtes, les nombreux clans slaves se réunissaient lors de festivals en plein air. Se déroulant dans des lieux sacrés et rassemblant les principales autorités claniques et religieuses, ces festivals possédaient de nombreux points communs avec le Althing scandinave (qui réunissait annuellement les chefs des tribus originaires de Norvège, d'Islande et des îles britanniques).

Robert Cyprien (1807 - 1865), spécialiste du monde slave et fondateur des études slaves en France, nous renseigne sur une coutume qui remonte à la nuit des temps :

« C’est après la Saint-Georges [le 6 mai pour les Slaves] qu’ont lieu les grandes assemblées nationales des tribus libres de la Turquie. Dans ces assemblées, qui rappellent les champs-de-mai de l’ancienne France, on arrête, comme chez les Gaulois du temps de Clovis, le taux de l’impôt que doit payer chaque tribu dans l’année ; ou, si l’on est en guerre, on trace le plan de la prochaine campagne. À ces réunions, qui se tiennent dans certains couvents privilégiés, le laboureur et le marchand se rendent d’une distance de cinquante à soixante lieues. Le premier jour est voué aux prières ; le commencement et l’issue des offices sont annoncés par des salves de carabines ; on couche en plein champ autour du monastère ; on prie, on délibère, on danse, et le peuple dans ses hymnes célèbre deux choses que jamais Oriental n’a pu séparer, son Dieu et sa patrie. La slivovitsa (eau-de-vie slave) coule en abondance ; des chèvres, des moutons entiers sont cuits et servis sur l’herbe. Les cimetières, autour desquels se tiennent ordinairement ces réunions, sont ornés çà et là de drapeaux de diverses couleurs ; et, comme pour réjouir les mânes plaintifs, on se livre sur les tombes à des divertissements variés. Pendant ce temps, les vieillards discutent gravement des plans politiques ou des projets d’alliances entre les familles ou les villages. Chacun parle à son tour et motive son vote. Il y a parmi les capitaines de la tribu des orateurs pleins d’éloquence, parfois des Gracchus, dont les moines sont obligés de tempérer la fougue. » Le Monde gréco-slave.

Avant de lister les peuples slavophones modernes, revenons à La Chronique de Nestor. Il y est fait mention de coutumes slaves pré-orthodoxes. Mais Nestor les évoque avec tant de mépris, qu'il est difficile d'estimer la valeur du témoignage. Les coutumes de mariage des Polianes et des autres tribus slaves primitives paraissent cependant similaires à celles des Gréco-Romains : elles reposent sur le patriarcat et peuvent s'illustrer par un simulacre de rapt de la fiancée.

« Les Polianes ont les mœurs douces et modestes de leurs ancêtres : ils avaient un grand respect pour leurs brus, leurs sœurs, leurs mères, leurs parents, pour leurs belles-mères et pour leurs beaux-frères. Voici comment ils se mariaient : le fiancé n'allait point chercher sa fiancée ; mais on la lui amenait le soir, et le lendemain on lui apportait la dot. Quant aux Drevlianes ils vivaient brutalement, comme des bêtes féroces : ils se tuaient les uns les autres ; ils mangeaient toutes sortes d’immondices ; ils ne connaissaient point le mariage et enlevaient les jeunes filles qui allaient puiser de l'eau. Les Radimitches, les Viatitches et les Sévériens avaient les mêmes mœurs ; ils vivaient dans les bois comme des bêtes fauves, se nourrissaient de choses immondes et tenaient des propos obscènes devant leurs pères et leurs brus ; le mariage n'existait point chez eux ; seulement il y avait des jeux entre les villages. Ils allaient à ces jeux : on y dansait, on y jouait des jeux diaboliques, et là chacun enlevait la femme avec laquelle il s'était déjà entendu : ils avaient jusqu'à deux et trois femmes. » Nestor, 10.

 

 

Les ethnies slaves modernes se divisent en trois groupes : les Slaves du sud, les « Yougoslaves », composés des Serbes, des Bosniaques, des Croates et des Slovènes, les Slaves du nord-ouest, composés des Polonais originaires des steppes kazakhes (les Cosaques), des Slovaques et des Tchèques, et enfin des Slaves du nord-est, composés des Russes et des Ukrainiens. Si les cités russes devinrent très tôt des places fortes du catholicisme orthodoxe, les campagnes salves demeurèrent longtemps sensibles au paganisme ancestral. Ne reconnaissant pas l'autorité du pape et de Rome, le catholicisme orthodoxe repose sur un maillage de patriarcats plus ou moins indépendants. La plupart des Slaves orientaux et les Serbes sont orthodoxes. Les Slaves occidentaux et les Croates sont chrétiens. Suite à la domination ottomane commencée en 1386, les Bosniaques sont en majorité musulmans.

Les Ruthènes sont le peuple germano-slave né du contact entre les Varègues scandinaves et les peuplades salves de Russie. Maîtres du commerce le long des fleuves qui relient la Moscovici et l'Ukraine, mais aussi pilleurs redoutables, ils sont à l'origine de la nation russe. Les Varègues sont le peuple scandinave germanique associé aux Suédois qui dominèrent les vallées des fleuves russes. Ils furent aussi mercenaires pour le compte de Byzance et commercèrent dès lors activement avec la Mésopotamie islamique (la traite des blanches). Les Boyards sont l'aristocratie slave. Les Cosaques sont les nomades des steppes russes orientales, appartenant indistinctement aux ethnies slaves, tatares (trucs) ou caucasiennes.

Les Russes sont le peuple le plus démographiquement important de toutes les ethnies slavophones. Loin d'être un peuple premier comme les Celtes ou les Germains, les Russes sont une création nationaliste relativement récente, issus du brassage ethnique des steppes eurasiennes et des migrations varègues et slaves. Le patriarcat de Kiev et de Moscou ayant refusé l'autorité unique de Rome, les Russes et son peuple-frère ukrainien suivent donc la tradition catholique orthodoxe.

Les Ukrainiens, dont la langue est proche du Russe, ont tout comme leur voisin adopté la foi orthodoxe.

Les Biélorusses sont les habitants du pays éponyme de Biélorussie et parlant soit le russe moderne, soit le dialecte biélorusse local, lequel a tendance à disparaître.

Les Polonais sont un peuple slave occidental demeuré longtemps sans nation, et qui partagea son espace vital avec des peuplades germaniques. La Pologne, à l'instar des autres nations slaves d’Europe centrale comme la Tchéquie ou la Slovaquie, a adopté le catholicisme romain. La Pologne connaît de nos jours un certain engouement pour le néo-paganisme.

Les Bulgares sont un peuple composite dont l'origine est triple : pour former la nation bulgare, un fond indo-européen balkanique thrace se voit associé à des migrations massives de Slaves puis à des migrations plus superficielles de « Bulgares orientaux ». Les Bulgares orientaux sont des peuplades nomades d'Asie centrale appartenant à des ethnies diverses mais réunies en hordes sous le commandement d'un chef, sur le modèle du Grand Khan turco-mongol. Ces Bulgares orientaux s’installèrent dans l'actuelle Bulgarie après s'être convertis au christianisme orthodoxe. Ils créèrent la première nation typiquement bulgare, en associant à leur pouvoir les communautés romane, grecque, slave et bien sûr tatare (nombre de ces bulgares étaient alors musulmans et appartenaient à une ethnie turco-mongole). La langue bulgare est apparentée à la langue liturgique slavonne mais aussi au macédonien moderne. Le Slavon est la langue liturgique d’église employée par les traditions orthodoxes bulgares et macédoniennes.

Les Moraves parlent un dialecte slave occidental, et habitent la région éponyme de Tchéquie. La Moravie était historiquement peuplée par des Celtes puis des Germains.

Les Tchèques sont membres de la nation tchèque de Bohême. La langue tchèque est tout à fait apparentée à la langue jumelle slovaque. Tout comme leurs voisins slavophones, les Tchèques ont adopté le catholicisme romain.

Les Slovaques sont les membres de la nation slovaque de Bohême. La langue slovaque est tout à fait apparentée au tchèque. Avec les Polonais, les Tchèques et les Slovènes, les Slovaques sont les seuls peuples slaves à avoir adopté le catholicisme romain. L'Histoire de ces pays les rapproche donc de l’Allemagne, de l’Italie ou de l’Autriche plutôt que de la Grèce ou la Russie.

Les Slovènes sont membres de la nation slovène slavophone des Alpes orientales. Contrairement aux Slaves orientaux, les Slovènes adoptèrent le catholicisme romain au contact de pays tels que l’Allemagne, l’Italie ou l’Autriche.

Yougoslave est un terme signifiant « Slave du sud » et regroupant les ethnies slaves, serbo-croates, bosniaques, macédoniennes et slovènes. Durant la seconde moitié du 20e siècle, une entité politique porta ce nom fondé par le dictateur Josip Broz Tito (1892 – 1980). La Yougoslavie adopta alors une position non-alignée et se tint à l'écart des rivalités de pouvoir américano-russe. Possédant un fort potentiel à la fois agricole et touristique, mais aussi industriel, la Yougoslavie d'avant sa dislocation figurait parmi les nations non alignées les plus prometteuses. Depuis la fin de la dictature, la zone géographique yougoslave n'a cessé de se morceler, chaque nouvelle pièce du puzzle se détachant bien souvent dans la guerre civile et l'ingérence atlantiste.

Les Serbes sont locuteurs d'une langue écrite en cyrillique très proche du croate. Ils sont de religion orthodoxe. De fait, le peuple serbe entretient de forts liens avec la Russie, elle aussi « orthodoxe, cyrillique et continentale ». Les Croates sont locuteurs d'une langue très proche du serbe mais qui s'écrit en alphabet romain. Ils sont catholiques.

« C’est au 7e siècle de notre ère que la race croato-serbe, descendant des Carpates, s’établit en Illyrie, débordant dans le sud de la Pannonie et dans l’ouest de la Mœsie. Bientôt les Serbes recevaient le christianisme de Byzance et adoptaient l’écriture cyrillique, tandis que les Croates, fixés plus à l’ouest, devenaient catholiques latins et, sectateurs de Rome, écrivaient leur langue avec l’alphabet latin. De là cette scission qui a distingué sinon en deux nationalités, du moins en deux peuples, une seule et même race. La différence de religion qui s’est transmise avec les siècles la rend presque irrémédiable. Cette scission a pourtant disparu sur le terrain littéraire. Par suite d’accord entre les écrivains des deux peuples croate et serbe, ils n’ont aujourd’hui qu’une langue littéraire ; mais chacun l’écrit avec son alphabet traditionnel. » H. Gaidoz, Les nationalités de la Hongrie.

Les Monténégrins sont un peuple orthodoxe associé aux serbo-croates. Ils sont les habitants de la « Montagne Noire », un petit État des Balkans possédant un rivage Adriatique de quelques kilomètres entre l'Albanie et la Bosnie.

Une petite majorité des Bosniaques a adopté la foi musulmane des envahisseurs ottomans durant le milieu du second millénaire.

Enfin, les Macédoniens modernes sont un peuple de Slaves du sud, habitants du pays éponyme, dont la population est orthodoxe ou musulmane.

 

Les langues slaves

La famille des langues slaves est de nos jours celle qui est dotée de la plus grande diversité. À part le russe, il s'agit pour la plupart de langues nationales, voire régionales. Elles reflètent les différents clans slaves entrés en Europe à la fin du premier millénaire après J.-C., tels que les Russes, les Cosaques, les Bulgares ou les Slaves du sud. Certaines de ces langues s'écrivent en alphabet romain, comme le polonais (40 millions de locuteurs), le tchécoslovaque (10 millions) et le slovène (2,2 millions), quand d'autres s'écrivent en alphabet cyrillique, comme le russe (268 millions), le bulgare (8 millions), ou l'ukrainien (300 000). Quant au serbo-croate, il s’écrit en cyrillique dans sa version serbe (12 millions) et en alphabet romain dans sa version croate (4,2 millions).

 

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