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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Le SIKHISME (religion indienne)

Le sikhisme

En 1469 naît Guru Nanak, le fondateur de la doctrine sikhe. Après avoir voyagé dans le monde indien puis dans le monde arabe, il enseigne une doctrine qui se propose de dépasser les différences entre les différentes traditions religieuses, pour favoriser une étude œcuménique du divin.

« [Le sikhisme] a surgi au milieu de l’Hindouisme ; l’idée du grand fondateur, le Gourou Nanak (1469 - 1539), étant de réunir les Hindous et les Musulmans dans une ligue d’amour envers Dieu et de serviabilité envers les hommes. La pensée de Gourou Nanak, telle qu’elle est exprimée non seulement par ses paroles, mais surtout par sa vie, c’était de faire converger ces éléments hostiles du peuple hindou, vers un centre que tous pussent accepter. Ce centre, c’est avant tout l’amour de Dieu, Bhakti, la dévotion — Bhakti envers Dieu et aussi envers le Gourou, le Maître, car le mot même de Sikh vient du mot Shishya, disciple, et cette idée de l’amour de Dieu et du Maître est la base même, la vraie racine du Sikhisme. C’est donc, originairement, un mouvement de dévotion. La philosophie est la même que celle des Hindous, mais le mouvement est réformateur dans sa nature, en lutte contre le formalisme du temps, contre le cérémonial, afin de trouver la vie cachée sous les formes, l’essence de la vérité qui a inspiré les cérémonies. À l’époque de Gourou Nanak, ainsi que cela se présente trop souvent dans l’histoire du monde, une grande religion était devenue de plus en plus formaliste et les hommes dépérissaient en mangeant l’enveloppe du grain au lieu de se nourrir du grain lui-même. Le Gourou Nanak s’efforça de trouver le grain et, en agissant ainsi, il rejeta, en grande partie, l’enveloppe ; il s’efforça d’amener les hommes à voir la réalité de la religion, la vie, l’essence de cette religion, et à trouver cette vie et cette essence dans l’amour de Dieu et du Gourou, dans l’amour des hommes considérés comme les enfants d’un même Dieu. […] Lorsqu’il mourut, après soixante-dix ans d’une noble vie et d’un enseignement sans prix, ses disciples se disputèrent sur la question de savoir à quelle religion il appartenait réellement ; fallait-il le brûler comme un Hindou, ou l’enterrer comme un Musulman ? Tandis qu’ils se disputaient, quelqu’un souleva le linceul qui recouvrait le cadavre ; le corps avait disparu, il ne fut donc ni brûlé, ni enterré. » A. Besant, Des religions pratiquées actuellement dans l’Inde.

 

Guru Nanak

 

Le sikhisme n'est d'abord pas une religion à part entière, mais juste une tradition qui ne souhaite pas faire sécession ni se présenter comme un nouveau culte.

Né dans un contexte de guerre de religions entre hindous et musulmans, le sikhisme proposa de surmonter les différences de culte pour ne s’intéresser qu'à l'enseignement divin de chacune d'elles. L'étude du Coran, comme de la Bible ou des Védas est encouragée, mais c'est le Guru Grand Sahid qui est considéré comme le livre le plus saint des sikhs. Il raconte la vie de Guru Nanak, le fondateur de la tradition, ainsi que des neuf autres successeurs qui suivirent à la tête de ce culte, à la fois indépendants de l'hindouisme et jugés hérétiques par l'islam. Le sikhisme considère comme une perte de temps de comparer les religions et les dieux entre eux. L'unité de Dieu, malgré ses représentations, ses prophètes supposés et ses incarnations, est placée au-dessus de tout et est considérée comme une valeur suprême de cette religion. « Il n'y a pas de musulmans, pas d'hindous, il y a des sikhs ! » clamait Guru Nanak.

Avant de mourir, Nanak désigne un second gourou pour perpétuer la tradition. Neuf autres gourous suivront, et chacun ajoutera son enseignement en complétant celui de Nanak. L'édition d'un livre fédérateur, semblable à une bible ou un coran, est l’œuvre du cinquième gourou, Guru Arjun. Celui-ci instaurera aussi un baptême sikh, ce qui en fera une religion à part quelque 160 ans après la mort de Guru Nanak.

En 1708, Guru Gobind Singh, le dernier et ultime gourou canonique, refuse de se convertir à l'islam. En conséquence de quoi, il est assassiné par les autorités musulmanes. Dès lors, les sikhs se révoltent et créent l'État indépendant sikh du Penjab. La puissante cavalerie sikhe empêchera dans un premier temps une reconquête, puis suite à la prise de Lahore, l'Empire sikh est fondé.

De 1799 à 1849, il ne cessera de s'étendre du Penjab aux pieds de l'Himalaya et du Cachemire. L'ennemi musulman perdant de la puissance, les sikhs tourneront alors leurs efforts de guerre contre la présence colonisatrice des Anglais. Depuis ce combat pour défendre la terre indienne contre les envahisseurs, les sikhs et leur religion jouissent parmi les Indiens de toutes confessions d'un très grand respect.

 

Le sikhisme refuse les idoles et prône un dieu unique, semblable à celui tout puissant et omniscient du monothéisme abrahamique. Mais il reprend aussi à son compte les principes essentiels de l'héritage védique, tels que le karma, les avatars et les réincarnations.

Dans le sikhisme, une vie intègre et honnête permet de se rapprocher de Dieu et de connaître la mukti, c'est-à-dire la libération de l'âme. Par ailleurs, l'ascétisme ou le retrait du monde ne sont pas nécessaires pour parfaire l'élévation spirituelle. Les richesses matérielles ne sont pas non plus condamnées, mieux : elles sont une récompense à celui qui agit comme il plaît à Dieu.

Un autre concept védique, la maya, c'est-à-dire le caractère illusoire de la réalité est repris par les sikhs. Il s'agit d'un mur érigé entre Dieu et ses créatures, et que seules l'étude et la prière peuvent faire tomber. Sikh est un terme qui veut d'ailleurs dire « étudiant ».

Comme les hindous, les bouddhistes et les jaïnes, les sikhs respectent l'ahimsa (refus de la violence envers le vivant). Le sikhisme bannit la viande (avec cependant une rigueur relative), et l'ensemble des activités qui maltraitent ou encouragent la maltraitance animale, car « Dieu est en toute existence ».

De même, les vices comme les jeux de hasard et l'alcool sont interdits. Afin de marquer leur respect envers tout ce que Dieu fait pousser, les sikhs ne se coupent ni la barbe, ni les cheveux. Les sikhs initiés, plus âgés, ou faisant partie des classes les plus nobles, s'entourent donc les cheveux d'un turban et portent la barbe. Entre autres, leur panoplie distinctive comprend un petit couteau, qui se porte cérémonieusement mais quotidiennement à la ceinture, afin de symboliser la lutte contre les forces du mal, mais aussi le courage que donnent la prière et l'adoration de Dieu (qu'ils appellent indistinctement Satnam, « le véritable Nom »).

Bien que lui ressemblant, le sikhisme se distingue nettement de l'hindouisme : il ne reconnaît pas les idoles ni le caractère divin des gourous, prophètes et avatars, tout en acceptant leur existence, et refuse théoriquement le système des castes et les mariages arrangés (le mariage sikh est plutôt le couronnement d'une union spirituelle et mystique entre deux personnes, qui se rapproche du tantrisme).

Le principal lieu sacré du sikhisme est le temple d'or de Amritsar, à quelques kilomètres de la frontière pakistanaise, au Penjab indien. Bien qu'ils représentent 60 % de la population de cet État, où leur culte trouve ses origines, les sikhs ne sont que 1,7 % de la population nationale indienne, soit quelque 21 millions. Jadis très présents dans la vallée de l'Indus, mais en raison de plusieurs siècles de persécutions religieuses, les sikhs ne sont plus aujourd'hui que quelques milliers au Pakistan et en Afghanistan. En outre, une diaspora prospère de commerçants et d'hommes d'affaires sikhs, mais aussi de chauffeurs de taxi, est installée à Singapour, au Canada, aux États-Unis, en Australie et à Londres. En France, les sikhs seraient 10 000, concentrés particulièrement aux alentours de la ville de Bobigny, en banlieue parisienne.

Le SIKHISME (religion indienne)
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