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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

La vie de GURU NANAK (récit sikh)

Guru Nanak par Raja Ravi Varma

Besant, Annie. Des religions pratiquées actuellement dans l’Inde (conférences données à Adyar en 1896 et 1901), Publications théosophiques, Paris, 1907. chapitre le sikhisme. et Life of Guru Nânak, par Jogendra Singh, dans la C. H. C. Magazine.

*

Depuis l’enfance, le petit garçon présentait des signes distincts, comme en présentent tous les prophètes de Dieu, qui le différenciaient de ses compagnons. L’histoire de son enfance n’est pas marquée par des événements nombreux mais elle est très pathétique et très bizarre, bizarre en ce sens qu’il était né dans une famille de braves gens, des plus communs, comme un aigle dans un nid de moineaux ; mais les moineaux ne comprenaient pas l’aigle et ne pouvaient démêler quelle sorte de créature c’était.

Tranquille, réservé, silencieux, s’écartant pour méditer tandis que les autres petits garçons jouaient ; étrange enfant, qui n’apprend pas comme d’autres apprennent, ne joue pas comme d’autres jouent, qui, lorsqu’il va chez son maître, veut savoir le sens mystique des lettres et irrite le Pandit en lui posant des questions auxquelles celui-ci, le brave homme, ne peut pas répondre. L’enfant est toujours en lutte avec son entourage parce qu’il veut absolument savoir ce qui est dans les choses ; il ne peut se contenter de leur aspect extérieur. Et il n’y a rien de plus ennuyeux pour un être ordinaire, homme ou femme, que d’être pressé de questions quant à la réalité des choses, alors qu’il se trouve tout à fait à l’aise sur l’oreiller rassurant des formules ; ainsi Nânak, dans son enfance, met son père à une rude épreuve. Sûrement, il doit être fou ; il reste assis pendant des heures, méditant, sans prendre aucune nourriture ; il doit avoir la fièvre. On amène un docteur pour l’examiner, Nânak demande à celui-ci s’il pourrait guérir les maladies de son âme. Quelle espèce de malade est-ce, qui accueille son médecin de cette manière ?

Observez encore Nânak au moment où va s’accomplir la cérémonie du cordon sacré […] :

« Lorsque tout fut prêt et que le Purohit (le prêtre de la famille) fut sur le point de le lui conférer, Nânak se retourna et demanda ; « Dis-moi, Pandit-ji, quelle est l’utilité de ce cordon ? Quels devoirs impose-t-il à l’homme qui le porte ? Pourquoi est-il nécessaire de le mettre ?

— Nul ne peut accomplir les cérémonies du sacrifice sans le porter sur lui, répondit le Purohit, qui n’était qu’un Pandit de village et ignorait la signification secrète du cordon sacré ; ce fil purifie celui qui le porte, le met en état d’assister à toutes les cérémonies et même de les accomplir.

— Si un homme qui porte ce cordon sacré, reprit Nânak, ne change pas de conduite et mène une vie impure, est-ce que ce cordon le purifiera et l’aidera en aucune façon à atteindre le but ? Cet homme ne récoltera-t-il pas le fruit de ses actes ?

— Je ne sais pas, répliqua le Purohit, mais c’est ordonné dans les Shâstras et nous devons suivre l’exemple de nos ancêtres.

— Avec le coton de la compassion, tissez le cordon de l’amour ; que l’abstinence et la vérité forment les nœuds ; que votre esprit revête ce cordon, qu’il ne soit ni cassé, ni souillé, ni brûlé, ni perdu. Louanges à ceux qui ont revêtu ce cordon, dit Nânak.

— Vous avez bien parlé, dit le Purohit, mais songez aux frais et dérangements qu’a eus votre père. Voyez vos parents et amis ; tous seront désappointés si vous ne voulez pas le porter.

— Je suis sincèrement désolé de ne pouvoir vous obliger, dit Nânak ; je ne peux pas mettre sur moi ce cordon et je vous conseillerai, à votre tour, de vous préoccuper davantage de l’essence des choses que de leur forme. C’est seulement par une conviction sincère qu’on obtient le respect, et c’est en louant Dieu et en vivant selon la vérité que l’homme atteint à la perfection. »

À la fin, sa mère le supplia pour son salut ne ne pas lui causer cette déception. Nânak alors répondit simplement : « Mère, j’obéis », il prit le cordon et le mit.


Guru Nanak à la mosquée

Il grandit et ce fils ne donne aucune satisfaction au brave père un peu borné, car il ne veut pas embrasser la vie agricole, il ne veut pas d’une boutique et il ne veut pas voyager pour faire du commerce. Son occupation consiste à donner de l’argent, ou plutôt des vivres aux Sannyâsis ; le père trouve que ce n’est pas une bonne affaire et il est peu satisfait, bien que Nânak trouve que c’est la meilleure affaire qu’on puisse réaliser. À quoi emploiera-t-on un jeune homme pareil ? Le père l’envoie chez sa sœur et son beau-frère qui l’aiment beaucoup. Il prend du service sous un Nawab, il sert fidèlement et bien ; mais il dépense sans cesse en charités et à la fin, lassé du monde, il décide de quitter le service, de quitter la vie d’intérieur dans laquelle il est entré, d’errer à la recherche de Dieu et des occasions de réaliser son amour de Dieu. Ici se place une autre scène caractéristique avec le Nawab, après que Nânak eût quitté son service. Le Nawab envoie chercher le jeune homme qui, au bout d’un certain temps arrive. Le Nawab est fâché qu’il ne soit pas venu de suite.

— Je ne suis plus actuellement votre serviteur, Nawab Sahib, répond Nânak. Je suis actuellement le serviteur de Dieu.

— Croyez-vous en un seul Dieu, ou en plusieurs Dieux ? s’informe le Nawab.

— En un seul Dieu, indivisible, existant par lui-même, incompréhensible, pénétrant tout et adorable, répond Nânak.

— Eh bien, puisque vous croyez en un seul Dieu et moi aussi, votre Dieu doit être le même que le mien ; donc, si vous êtes un fervent croyant, venez avec moi à la mosquée et offrez des prières avec nous.

— Je suis prêt, dit Nânak.

Son beau-frère en demeura muet d’étonnement et il quitta aussitôt la cour, croyant que Nânak avait embrassé l’Islam. C’était un vendredi et comme l’heure de la prière approchait, le Nawab se leva et, accompagné de Nânak, se dirigea vers la mosquée. Lorsque le Kâzi commença à réciter la prière, le Nawab et son groupe commencèrent, selon l’usage, la cérémonie de la prosternation, tandis que Nânak, silencieux, se tenait immobile. Lorsque la prière fut terminée le Nawab se tourna vers lui et lui demanda avec indignation : « Pourquoi n’avez-vous pas fait les cérémonies d’usage ? Vous êtes un menteur et vos prétentions sont fausses. Vous n’êtes pas venu ici pour y rester comme une bûche. »

_ Vous vous prosterniez le visage contre terre, fit observer Nânak, tandis que votre pensée courait, échevelée, dans les nuages ; vous songiez à faire venir des chevaux de Kandahâr, et non à offrir des prières ; quant à votre prêtre, seigneur, tandis qu’il accomplissait automatiquement la cérémonie de la prosternation, il pensait à sauver la jument qui a mis bas l’autre jour. Comment pourrais-je offrir des prières avec des gens qui font les génuflexions d’usage et répètent des paroles comme un perroquet ? »


Guru Nanak dédaigne la nourriture d'un brahmane

Il commence ses pérégrinations. Il va, errant, chantant avec le musicien et un ami qui le suit, Mardânâ et Bâlâ, et il arrive à un village où il a besoin de se restaurer. Il y trouve un pauvre homme nommé Lâlu, un charpentier qui mène une vie pure, et cet homme souhaite la bienvenue au Sannyâsi errant, lui donne son propre lit, lui apporte des aliments chauds : Nânak mange. Le jour suivant, un riche banquier de la ville donne une grande fête aux Brâhmanes et invite Nânak à se joindre à eux. Nânak y va, mais il refuse de prendre de la nourriture ; l’hôte lui demande :

« Pourquoi ne touchez-vous pas à mes vivres ? »

— Parce qu’ils ne sont pas purs, dit Nânak, attendu que vous avez fait préparer ces aliments pour votre propre glorification ; c’est un don tâmasique et par conséquent impur.

— Vous appelez ma nourriture impure, tandis que celle de ce Lâlu de caste inférieure est pure ? Comment cela se fait-il ? » demanda Rai Bhag avec mépris.

— Vous traitez vos hôtes avec irrévérence et mépris, dit Nânak, cela montre votre but tâmasique. J’ai mangé de la nourriture préparée par Lâlu, car elle était préparée avec amour et m’était servie avec respect, sans désir d’être remercié et gratifié en retour. Vous avez une leçon à prendre de l’humble Lâlu. Votre nourriture est pleine de sang.

— Quelle preuve avez-vous que ma nourriture soit impure ? demanda Rai Bhag, courroucé.

« Nânak prit, dans une main, la nourriture de Rai Bhag, dans l’autre celle préparée par Lâlu et les pressa toutes deux : des aliments de Rai Bhag des gouttes de sang s'écoulèrent, tandis que ceux de Lâlu laissaient filtrer le lait. »


La mort et la disparition du corps de Nanak

Lorsqu’il mourut, après soixante-dix ans d’une noble vie et d’un enseignement sans prix, ses disciples se disputèrent sur la question de savoir à quelle religion il appartenait réellement ; fallait-il le brûler comme un Hindou, ou l’enterrer comme un Musulman ? Tandis qu’ils se disputaient, quelqu’un souleva le linceul qui recouvrait le cadavre ; le corps avait disparu, il ne fut donc ni brûlé, ni enterré.

La vie de GURU NANAK (récit sikh)
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