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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Le bouddhisme tibétain admet-il, ou non, la réincarnation ? Entre exotérisme et ésotérisme (par Alexandra David-Neel)

« Les profanes imaginent, en général, que les bouddhistes croient à la réincarnation de l'âme, voire même à la métempsycose. C'est là une erreur. Ce que le bouddhisme enseigne, c'est que l'énergie produite par l'activité mentale et physique d'un être, cause l'apparition de nouveaux phénomènes mentaux et physiques après que cet être a été dissous par la mort. Il existe, sur ce sujet, nombre de théories subtiles ; et les mystiques du Tibet paraissent avoir acquis une vue plus profonde de la question que la plupart des autres bouddhistes.

Sans qu'il soit nécessaire d'insister sur ce point, l'on comprend que les conceptions des philosophes ne sont comprises que par une élite. Quant aux masses, bien qu'elles répètent le credo orthodoxe : « Tous les agrégats sont impermanents, il n'existe aucun « moi » dans la personne », elles demeurent attachées à la croyance plus simple en une entité indéfinie qui pérégrine de monde en monde, revêtant des formes diverses. Cependant les lamaïstes conçoivent les conditions de ce pèlerinage d'une façon particulière différant beaucoup des vues de leurs coreligionnaires des pays du sud Ceylan, Birmanie, etc. D'après eux, un laps de temps plus ou moins long s'écoule entre le moment de la mort et celui où le défunt renaît parmi l'une ou l'autre des six espèces d'êtres animés qu'ils reconnaissent. Ces six espèces sont respectivement : 1) les dieux ; 2) les non-dieux, sorte de Titans ; 3) les hommes ; 4) les non-hommes, comprenant les génies, esprits, fées, etc., les uns d'un caractère aimable, les autres malfaisants ; 5) les animaux ; 6) les yidags, êtres monstrueux perpétuellement torturés par la faim et la soif, et les habitants des divers purgatoires qui y endurent des souffrances cruelles.

Aucune de ces conditions n'est éternelle. La mort survient pour tous, pour les dieux comme pour les malheureux qui gémissent dans les purgatoires, et la mort est suivie d'une renaissance, soit dans la même classe d'êtres, soit dans une classe différente. Selon la croyance populaire, le défunt renaît dans une condition plus ou moins heureuse d'après les actes bons ou mauvais qu'il a accomplis. Les lamas, plus éclairés, enseignent que, par ses actions et ses pensées, l'homme, ou n'importe quel autre être, développe en lui des affinités qui le conduisent tout naturellement vers une condition d'existence en rapport avec elles. D'autres disent enfin que par ses actes et surtout par son activité mentale, un être modifie la nature de la substance dont il est composé et se transforme ainsi, lui-même, en dieu, en bête, en damné, etc... » (David-Neel, Mystiques et magiciens du Tibet, 1929, Plon.)

Le bouddhisme tibétain admet-il, ou non, la réincarnation ? Entre exotérisme et ésotérisme (par Alexandra David-Neel)
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