La vision paradisiaque du Bardo Thodol (Mythe tibétain extrait du livre tibétain des Morts)

La vision paradisiaque du Bardo Todol :

« Le cycle des existences est renversé et tout apparaît comme étant lumière et corps des divinités. Les cieux te paraissent d'un bleu clair. La vision de Vairocana, le Très-Haut, se manifeste à toi. Du Royaume Céleste Central, il siège sur le trône du Lion, de couleur blanche, tenant en sa main la roue à huit rayons et enlaçant la mère divine, Akasadhatesvari, souveraine de l'espace céleste. Ils sont bouche à bouche. L'agrégat de conscience étant purifié, la lumière bleu clair qui est la sagesse fondamentale de la sphère de tout objet de connaissance, jaillit devant toi, claire, transparente, brillante et lumineuse. Du cœur du divin Vairocana et de la mère, cette lumière te frappe si soudainement que tes yeux peuvent à peine en soutenir l'éclat. Accompagnant cette lumière, une pâle lueur du monde des dieux, blanchâtre et terne te frappera. A cause de ton mauvais karma, tu chercheras, à ce moment-là, à fuir la lumière bleu clair, éclatante, qui est la sagesse de la sphère de tout objet de connaissance. Tu ressentiras la peur et l'angoisse. Par contre, la terne lueur du monde des dieux t'attirera agréablement... A ce moment-là, tu ne dois pas avoir peur de la lumière bleu clair éclatante et transparente ; c'est la lumière de la sagesse suprême.

Ne crains rien ! On l'appelle la lumière du Tathagata, elle est la lumière fondamentale de la sphère de tout objet de connaissance. Mets ta foi en elle, abandonne-toi en elle, pense qu'elle est la lumière de la compassion de BaghavanVairocana ! Supplie-la ! Le Baghavan Vairocana est venu te tirer des passages difficiles de l'état intermédiaire. C'est la lumière de la compassion de Vairocana. N'aspire pas à la lueur du monde des dieux, blanchâtre et terne, n'y aspire pas, ne la désire pas, ne t'y attache pas ! Si tu t'y attaches, tu erreras dans les états divins, tournant dans les six états d'existence. Cette lueur blanchâtre étant un obstacle à la voie de la libération, ne tourne donc pas ton regard vers elle, regarde la lumière bleu clair, brillante, appelle-la et, plein d'aspiration envers Vairocana, adresse avec ferveur cette prière que tu répèteras après moi :

« Hélas ! maintenant que j'erre à cause de mon profond aveuglement dans le cycle des existences, que sur le chemin de lumière qui fait apparaftre la sagesse de la sphère de tout objet de connaissance, le Baghavan Vairocana me guide en avant ! Que sa sublime parèdre Akasadhatesvari (souveraine de l'espace céleste) me pousse par derrière. Libérez-moi du chemin périlleux des peurs de l'état intermédiaire et conduisez-moi à la bouddhéité parfaite. » Acharaya Sri Sing-ha, Bardo Thödol, Le Livre tibétain des morts (trad. E. Dargyay), Dervy, Paris, 1991.