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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

LE JUGEMENT DIVIN (mythe primordial)

LE JUGEMENT DIVIN (mythe primordial)

En Égypte, le cœur est le siège de la pensée. Le défunt est jugé en fonction du poids de son cœur par rapport à la plume du maat. Si le jugement est favorable, l'âme devient Osiris et mène une nouvelle vie dans l’au-delà. Si le cœur est plus lourd que la plume, il est alors dévoré par la Grande Dévorante monstre hybride à tête de crocodile (à relier avec l'apparition zoroastrienne sous forme de goule ou de nymphe.) Le cœur est incapable de mentir, alors il sert de support d'enregistrement pour ensuite être présenté à Thot le scribe, qui note le résultat de la pesée.

« L'Égypte affrontait la mort en face, non sans crainte, mais avec la certitude de la vaincre. disparition physique n'est pas la plus effrayante ; ultime moment de l'existence terrestre, elle marque le terme des souffrances corporelles. Instant de passage entre le visible et l'invisible, elle se caractérise par la dissociation des éléments qui composent la personnalité : la puissance créatrice (le ka), la capacité de sublimation (le ba), le nom, l'ombre, la parcelle de lumière, la faculté de mutation. Survient alors le passage le plus dangereux, le cheminement dans les ténèbres ; Anubis, le conducteur des défunts, ouvre le chemin menant au tribunal du grand dieu que préside Osiris, l'être perpétuellement régénéré. Chaque trépassé est jugé ; son cœur est déposé dans l'un des plateaux de la balance et ne doit pas peser plus lourd que la plume d'autruche, symbole de la Règle divine, née avant le temps qui perdurera après l'extinction de la race humaine. En cas de condamnation, c'est la seconde mort. Les éléments constitutifs de la personne demeurent dispersés, l'individu est anéanti ou, plus exactement, retourne dans le cycle naturel Dévoré par « l'avaleuse », une bête monstrueuse formée de plusieurs animaux, il sort à jamais du domaine de la conscience. En cas de jugement favorable, l'être ressuscite dans la lumière, et entreprend un voyage dans l'univers, sous mille et une formes, en compagnie des étoiles ; voyage éternel, dans un processus renaissance permanente. » C. Jacq, La Vallée des rois, Librairie académique Perrin, 1994.

Dans le tradition abrahamique, le jugement de Dieu intervient à la fin des temps, après la descente de la Jérusalem céleste. Le jugement de dieu s'exprime aussi par le retour du messie qui sauve ou condamne. Dans le Livre d'Enoch, le croyant garde espoir :

« Il sera propice au juste, il lui donnera une éternelle justice et il lui donnera la puissance, et lui le juste sera dans la vertu et dans la justice et il marchera dans une lumière éternelle. Mais le péché sera perdu dans les ténèbres pour toujours. Enoch, XCII.

« Dans la dixième semaine, dans sa septième partie, aura lieu le grand jugement éternel dans lequel il exercera la vengeance au milieu des anges. Et le premier ciel disparaîtra et passera, et un ciel nouveau paraîtra, et toutes les puissances des cieux brilleront éternellement sept fois plus. Et après cela viendront des semaines nombreuses qui s’écouleront innombrables, éternelles, dans la bonté et dans la justice, et dès lors le péché ne sera plus nommé jusqu’à l’éternité.] [...] Malheur à ceux qui édifient l’iniquité et l’oppression et fondent sur la fraude , car ils seront renversés soudain et il n y aura pas pour eux de paix. Malheur à ceux qui édifient leurs maisons par le péché, car de tous leurs fondements ils seront arrachés et ils tomberont sous le glaive, et ceux qui possèdent de l’or et de l’argent périront soudain dans le jugement. Malheur à vous riches, parce que vous vous confiez dans vos richesses ; vous en serez privés, parce que vous ne vous êtes pas souvenus du Très-Haut aux jours de votre richesse. Vous avez commis le blasphème et l’iniquité , vous êtes mûrs pour le jour de l’effusion du sang, pour le jour de ténèbres et pour le jour du grand jugement. Ainsi moi je vous dis et je vous annonce que celui qui vous a créés vous renversera, et sur votre ruine il n’y aura pas de pitié, et votre créateur se réjouira de votre destruction. Et vos justes en ces jours seront un reproche pour les pécheurs et pour les impies. Ayez confiance, ô justes, car les pécheurs seront bientôt anéantis devant vous et vous aurez sur eux le pouvoir que vous voudrez. » Enoch, XCIII à XCVI

« Mais vous, vous n’avez pas persévéré ; vous n'avez pas exécuté le précepte du Seigneur, mais vous l’avez transgressé, et vous avez outragé sa grandeur par les paroles hautaines et blessantes de votre bouche impure ; secs de cœur, il n’y aura point de paix pour vous. C’est pourquoi vous, vous maudirez vos jours, et les années de votre vie seront perdues ; mais les années de votre perdition se multiplieront dans une éternelle malédiction ; et il n’y aura point de miséricorde pour vous. Dans ces jours vous livrerez votre propre nom à l’éternelle exécration de tous les justes ; et ils vous maudiront éternellement, vous pécheurs, vous tout ensemble avec les autres pécheurs. Et pour les élus, il y aura lumière, et joie, et paix, et ils hériteront la terre ; mais pour vous, impies, il y aura malédiction. Et alors la sagesse sera donnée aux élus ; et ils vivront tous, et ils ne pécheront plus ni par oubli, ni par orgueil ; mais les sages s’humilieront. Ils ne pécheront plus, ni ne seront châtiés tous les jours de leur vie, et ils ne mourront pas par un châtiment ou par la colère (divine) ; mais ils achèveront le nombre des jours de leur vie, et leur vie s’avancera dans la paix, et les années de leur joie se multiplieront dans une allégresse et une paix éternelles, tous les jours de leur vie.» Enoch, 5.

Dans l'Avesta : « Les lois données au monde primitif régissent toute chose. Le méchant sera puni et le bon récompensé. Le sage qui demande la science des lois et du culte divin et les biens promis aux justes, offre en contrepartie tout son être au ciel. » Trad. De Harlez.

Pour la tradition archétypique gréco-romaine, Hadès seigneur des enfers juge les morts. Il envoie les soldats courageux aux Champs Élysées puis les lâche et les gens du commun dans le tartare, sorte de néant. Les enfants morts en bas âge, encore innocents, vont dans les limbes. Seuls les héros morts au combat peuvent donc espérer une vie après la mort. Cette conception néolithique voire historique car inégalitaire, est peu en phase avec les sociétés non hiérarchiques du Paléolithique.

La cour infernale est un mythème commun. En Asie (Inde, Chine), il s'agit de la cour de Yama. Les Chinois furent sensibles à cette cour impériale funèbre, symbole de l'ordre et de la hiérarchie qui doit régner partout... Autant en enfer, qu'au ciel, car la mythologie chinoise reprendra aussi du bouddhisme et du védisme le concept du Brahmaloka, la ville divine au sommet du Mérou, gardée par quatre (ou huit) divinités cardinales.

Au Tibet, le Bardo Thodol (Livre tibétain des morts) traite du chemin des âmes après leur mort puis de leur réincarnation en un être valorisé ou non. Le choix revient au croyant lui-même, qui cède, ou non, à ses peurs post-mortem et ataviques.

« Si de cette manière tu ne parviens pas à la vue pénétrante et que la peur te fait fuir ces apparitions, ta douleur réapparaîtra et augmentera et tu devras errer encore. Si donc tu n'es pas arrivé à la vue pénétrante, tu croiras que toutes les légions célestes buveuses de sang sont les démons de la mort. Tu seras saisi de peur, de crainte et d'effroi et tu t'évanouiras. Tu prendras tes propres projections pour des démons (Mara) et tu devras encore errer dans la ronde des existences. Mais si tu n'as ni peur ni angoisse, tu n'as plus besoin d'errer. Noble fils, n'aie donc aucune peur des très hautes divinités paisibles et courroucées, même si elles sont grandes et vastes comme le ciel. N'aie aucune peur des divinités moyennes semblables au Mont Mérou, n'aie aucune peur des libellules, même si elles sont dix-huit fois plus grandes que toi. Tous les phénomènes ou possibilités de manifestation t'apparaîtront sous la forme des corps des divinités et des lumières, reconnais-les comme étant l'irradiation de ton propre esprit. Tout ce qui est tes propres corps, tes propres lumières, tes propres irradiations, se fondront pour n'être plus qu'un et tu seras Bouddha. [...] Noble fils, si tu ne reconnais pas [cela] et que tu as peur, les divinités paisibles se changeront en le Noir Protecteur. Et toutes les divinités courroucées t’apparaîtront sous la forme du Roi de la Loi (Yama, dieu de la mort). Ainsi tes propres apparitions te sembleront être le diable (Mara) et tu devras errer dans le cycle des existences. Noble fils, si tu ne reconnais pas tes propres projections pour ce qu'elles sont en réalité, tu ne seras pas Bouddha, même si tu connais tous les enseignements, les sutras, les tantras. Si tu reconnais tout comme étant tes propres projections, avec ce seul secret et ce seul mot, tu seras Bouddha. Mais si tu ne reconnais pas cela, à peine seras-tu mort, le Roi de la Loi, Yama le Dieu de la Mort, t'apparaîtra dans l'état intermédiaire de la Vérité en Soi. [...] Elles apparaissent les yeux vitreux, mordant leur lèvre inférieure de leurs dents, le cheveu relevé en chignon sur la tête, le ventre énorme, le cou maigre, et de la main brandissant la planche du relevé de tous nos actes, criant « frappe-tue ». Elles aspirent la cervelle, arrachent les têtes de leur corps et extirpent les entrailles. Elles arrivent et remplissent tout l'univers. » Bardo Thödol, Le Livre tibétain des morts (depuis la trad. Dargyay), Enseignement final partie 2.

LE JUGEMENT DIVIN (mythe primordial)
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