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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Cosmogonie et théogonie japonaises

Cosmogonie et théogonie japonaises

 

Dans B. Bizalion, chapitre Japon, dans Les Grandes civilisations du monde, vol. 2, Celiv, 1996 :

« Tout n'est que magma, boue informe, « chaos initial » ; les fines essences s'élèvent, les lourdes substances descendent. Alors se forment le ciel et la terre. « Ensuite, alors que la terre qui vient de naître est comme une tache d'huile flottante et vogue comme une méduse ordonnent aux deux divinités Izanaki-no-Mikoto et Izanami-no-Mikoto, de réparer, de consolider cette terre voguante » (Kojiki). L'union des deux premiers êtres, Izanaki et Izanami, est à l'origine du mythe de la crétion de l'archipel japonais. Les kamis, divinités célestes, leur offrent une lance, afin de stabiliser cette terre informe : «Alors que les deux kamis se tiennent sur le Pont Flottant du Ciel, ils plongent la hallebarde divine, l'agitent en cercle dans le sel marin, et la retirent en faisant clapoter l'eau. Ace moment-là, les gouttes salées qui tombent de la hallebarde, se superposent et deviennent des îles» (Kojiki). La fille des deux kamis, Amaterasu, déesse du Soleil, rendue furieuse par la mauvaise conduite de son frère, (celui-ci avait écorché vif un cheval sous ses yeux), se retire dans une sombre caverne. Cette retraite plonge le Monde dans les ténèbres, les mauvais esprits affluent de toutes parts. Les dieux se réunissent et mettent sur pied un stratagème pour faire sortir Amaterasu de sa grotte : ils plantent un arbre sacré, accrochent à ses branches toutes sortes d'objets brillants et de miroirs, et une déesse, réputée pour sa gaité, danse avec drôlerie devant eux. Amaterasu, attirée par les éclats de rires des dieux, entrouve la porte de la caverne et s'arrête, surprise par son propre reflet dans les miroirs de l'arbre. Les dieux en profitent pour fermer derrière elle l'ouverture de la caverne et le Monde est à nouveau baigné de lumière. L'énergie et la puissance bénéfique d'Amaterasu, donnant lieu à de nombreux rites et cérémonies, consacre la naissance de la religion Shinto. »

 

Alain Rocher, dans "Mythes japonais", dans le Dictionnaire des mythes littéraires :

« La genèse retrace la formation progressive de l'univers concomitante à l'émergence des premières divinités. Trois monades invisibles, le dieu du centre du ciel et les deux kamï de la génération viennent à l'existence dans la Plaine Céleste (Takamanôpara). D'une materia prima encore liquide, que le texte compare à une méduse, poindront des pousses de roseaux d'où naîtront deux nouveaux dei otiosi. La série généalogique suivante est faite de paires divines dont le corps semble se concrétiser et se différencier au même rythme que le monde. La naissance d'Izanagi et de sa sœur Izanami marque l'aboutissement de la cosmogonie. Ils se voient confier par les divinités célestes la mission d'aller consolider la terre encore flottante. Ils descendent, portés par l'Amë nô Ukipasi (échelle, pont ou vaisseau), et produisent une île en plongeant dans l'océan primordial une hallebarde magique qu'ils ont reçue des dieux. Prenant pied sur l'île, qu'ils nomment Onôgôrô, ils y dressent un pilier (Amë nô mipasira), et érigent un palais, le Yapirô dônô. Découvrant ensuite la différence de leurs corps, les deux dieux décident de s'unir après avoir tourné autour de l'axis mundi. Le frère et la soeur sont maintenant des époux, la paire s'est faite couple, l'identité complémentarité. Il leur naît ensuite deux enfants ratés : Pirugo, l'enfant-sangsue, et l'île d'Apa. Ils remontent au ciel, rapportent cet échec, pour s'entendre dire que tout vient d'une faute accomplie par la femme au moment de la giration : elle a eu tort de prendre l'initiative en prononçant la formule rituelle de mariage. Les deux dieux redescendent, répètent la giration, s'unissent à nouveau, et donnent naissance aux îles du Japon. Indéniable, la dimension cosmogonique n'épuise pourtant pas le sens de ce « travail » accompli par les deux démiurges. Ce n'est pas un univers abstrait qu'ils produisent, mais un espace culturel centré autour de cette Mer Intérieure dont on connaît l'importance pour les communications à l'époque protohistorique. L'itinéraire tracé par les dieux nous fait découvrir une géographie politique déjà marquée par le découpage administratif en « kuni ». Puis, une deuxième série généalogique raconte l'apparition des divinités de la nature : kamï de la mer, des rivières et des montagnes. La naissance du dieu Pï nô Kagututi vient clore cette séquence. La déesse Izanami, le sexe brûlé par son dernier enfant, meurt après avoir vomi par tous les orifices de son corps des divinités liées aux arts du feu : la poterie et la métallurgie. Izanagi se lamente sur le corps de sa sœur-épouse, puis il se venge en tuant le fils coupable du corps duquel, par scissiparité, naîtront de nouvelles divinités. »

Cosmogonie et théogonie japonaises
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