20 Janvier 2022
L'islam est la deuxième religion du sous-continent indien (comprenant l'Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le Bouthan, le Népal, le Sri Lanka et l'Afghanistan) : elle compte 578 millions d'adeptes, ce qui représente 32 % de l'entière population du sous-continent. Si l'islam est minoritaire en Inde (ses adeptes représentent tout de même 15 % de sa population), à l'échelle de l'Asie, la présence musulmane est très diffuse et très souvent majoritaire (Pakistan, Bangladesh, Asie centrale, Indonésie, Proche et Moyen-Orient.)
Depuis la partition indienne, refusant de cohabiter avec les hindous, qu'ils jugeaient trop nombreux pour ne pas leur être hostiles, les musulmans du sous-continent se sont regroupés dans les bassins démographiques que sont le Bengale (Bangladesh) et la vallée de l'Indus (Pakistan). Dans ces régions, l'islam représente aujourd'hui plus de 90 % de la population.
En Afghanistan, contrée jadis ancré dans le sous-continent indien et faisant partie intégrante de l'Hindustan britannique, la proportion de musulmans culmine à plus de 99,7 % de la population. Cette proportion est impressionnante, surtout si l'on songe que de longs millénaires durant, ce pays accueillait une grande diversité culturelle et religieuse, marquée par la cohabitation harmonieuse entre bouddhistes, hindous et zoroastriens.
De même, un territoire comme l'Anatolie (actuelle Turquie), qui a connu dans l'Histoire des dizaines de cultes, est aujourd'hui occupé à 99 % de musulmans. En Iran, berceau du mazdéisme, du manichéisme et du mazdakisme, la majorité musulmane représente aujourd'hui 99,4 % de la population. Le Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie), qui connaissait jadis une très grande mixité cultuelle (marquée par les influences des Carthaginois, des Romains, des Berbères et des Germains), est de nos jours peuplé à 99 % que de musulmans, pour la plupart sunnites et traditionalistes.
En 1951, les musulmans indiens représentaient 35 millions de citoyens indiens sur une population totale de 356 millions. Ils représentaient donc 9,8 % de la population totale du pays. Ils sont aujourd'hui près de 200 millions sur une population totale d’1,3 milliard d'Indiens. Ils représentent donc plus de 16 % de la population indienne. La communauté musulmane a donc augmenté de plus de 400 % en 60 ans et a presque doublé sa part dans la population totale de la nation indienne.
Inversement, le nombre d'hindous et de sikhs au Pakistan et au Bangladesh n'a cessé de baisser pour devenir négligeable : en 2019, 8,5 % de la population du Bangladesh étaient hindoues, et seulement 1,8 % de la population du Pakistan.
Une telle baisse de la population hindoue est le résultat de l'épuration ethnique méthodique entreprise par le gouvernement pakistanais afin d'islamiser le pays et d'éradiquer les minorités ethniques ou religieuses récalcitrantes à un régime politique inspiré de la charia.
En conséquence, depuis bientôt un siècle, les populations hindoues du Bangladesh et du Pakistan s'amenuisent dangereusement à cause des persécutions dont elles sont la cible.
Au Bangladesh, en 1988, la constitution est amendée pour faire de l'islam la religion d'État. Ceci a pour conséquence de minorer la place sociale des minorités religieuses hindoues et bouddhistes. Huit ans plus tard, en 2006, des organisations non gouvernementales critiquent la persécution permanente dont sont victimes les minorités religieuses dans ce pays. L'administration Bush est saisie du dossier et le Bangladesh est mis sous pression avant les élections nationales de 2007.
En 2010, le temple de l'ancienne capitale du Bengale hindou, Sonargaon, est attaqué par une foule musulmane fanatique. Le temple est finalement détruit, cinq personnes sont blessées dans l'attaque. L'année suivante, d'autres temples hindous sont encore détruits dont l'énumération serait longue et fastidieuse.
Le 28 février 2013, des émeutes contre les hindous éclatent une nouvelle fois au Bangladesh. La cause est cette fois un jugement qui vient d'être rendu et condamne des militaires de l'armée régulière bangladaise dans les crimes de guerres qui ont dévasté le pays durant la guerre d'indépendance en 1971. Mécontents de la sentence, des partis musulmans fanatiques se vengent sur des communautés hindoues. Les maisons sont pillées, les hommes massacrés, les femmes violées. Les rares temples encore debout furent détruits. Selon les communautés hindoues, 50 temples furent détruits et 1500 foyers pillés et incendiés à travers le pays.
En 2017 le Bangladesh Jatiya Hindu Mohajote (B.J.H.M.) une association communautaire hindoue du Bangladesh, publie une étude saisissante. Sur la seule année 2017, 107 hindous ont été assassinés. 31 furent enlevés et portés disparus. 782 ont été forcés à quitter le pays ou menacés de mort s'ils ne le faisaient pas. 23 hindous furent convertis de force. 25 femmes et enfants furent victimes de viols. Enfin, le BJHM recense dans l'année plus de 6 474 agressions à l'encontre de la communauté hindoue du pays.
Durant les élections de 2019, huit maisons de famille hindoues furent brûlées dans la seule ville de Thakurgaon. Plus tard dans l'année, les statues de Lakshmi et Sarasvati, ainsi que d'autres idoles en construction furent vandalisées de sorte qu'elles durent être désacralisées.
Au Pakistan, en 1988 est élue la première femme à la tête d'une nation islamique, Bénazir Bhutto, elle meurt assassinée quelques années plus tard. Cette même année, Deen Mohammad Shaikh, un prédicateur du Sindh, entreprend ses premières campagnes de conversion à grande échelle et à grand renfort médiatique. Jusqu'à ce jour (2019), il se vante d'avoir converti plus de 100 000 infidèles à travers tout le territoire pakistanais.
En 2005, au Baloutchistan, des troubles éclatent entre paysans musulmans et militaires de l'armée régulière pakistanaise. Les combats détruisent un village de la communauté hindoue et 32 hindous sont victimes des combats. L'année suivante, un temple hindou de Lahore est détruit pour construire à la place un centre commercial de plusieurs étages. Interrogés par les médias, les promoteurs du centre commercial déclarent alors qu'aucun temple n'a jamais été édifié.
En 2014, un policier posté devant un temple hindou est assassiné. Cette même année, un rapport rendu public de la All Pakistan Hindu Rights Movement (P.H.R.M.) déclare que 90 % des temples hindous ont depuis l'Indépendance et la Partition du pays été détruits ou transformés en mosquées. Depuis un demi-siècle, la moindre violence à l'encontre d'une mosquée ou d'une communauté musulmane à travers l'Asie, est saisie comme prétexte aux fanatiques pakistanais pour détruire de nouveaux temples. En 2017, un temple hindou est détruit dans le district d'Haripur. En 2019, dans le Sindh, un incendie criminel ravage la bibliothèque d'un temple hindou et toute sa bibliothèque de livres saints.
De 2009 à 2011, se développent aux alentours de Karachi et dans le sud du pays des vastes conversions de masse contre rétribution, où les hindous adoptent la foi musulmane en échange d'un accès à une carte d'identité ou d'autres avantages réservés aux citoyens musulmans du pays. Le gouvernement peut aussi offrir un terrain ou tout simplement de l'argent en échange de la conversion d'une famille entière. 428 hindous sont ainsi convertis par l'école coranique Baitul Islam à Malti, 250 autres le sont à Chohar Jamali, dans le Sindh.
En 2010, l'Observatoire des droits de l'homme (Human Right Watch) publie un rapport sur les persécutions subies par les hindous au Pakistan. Le rapport remarque un nombre toujours important d'hindous obligés de fuir le pays pour cause des persécutions, il note également une augmentation des kidnappings et des viols, engendrant une dégradation drastique des conditions de vie des hindous pakistanais. La communauté chrétienne est aussi victime de ce genre de violences. L'ONG estime que 20 à 25 jeunes filles sont kidnappées chaque mois dans tout le Pakistan, pour être ensuite mariées de force ou réduites à la prostitution.
Enfin, l'arrivée des Talibans dans le nord du pays a rendu encore plus difficile la vie des hindous vivant dans cette région. Depuis les années 2010, ces derniers ne cessent de fuir pour s'installer définitivement en Inde ou en Occident. Les Talibans ont repris les épurations ethniques commencées dans les années 1970 et les communautés hindoues ont été éradiquées en ville et ostracisées à la campagne, où elles périssent d'un massacre à l'autre.
Les persécutions contre les hindous, pourtant acculés au pacifisme et à la passivité la plus totale, atteignent au Pakistan des proportions absurdes. Ainsi, dans une entreprise de restauration, 57 employés hindous furent obligés de se convertir car la clientèle musulmane, s'apercevant un jour qu'ils ne l'étaient pas, la boycotta, craignant que la nourriture qu'on y servait ne fût pas halal, c'est-à-dire préparée selon les rites préconisés par le Coran. Dépendants de leur emploi pour survivre, les 57 employés se convertirent, ce qui relança les affaires de l'usine. Tout aussi insensé mais plus fatal, à Karachi, 60 hindous sont attaqués et roués de coups parce qu'un membre de leur communauté a osé boire dans un puits situé près d’une mosquée et réservé aux musulmans, interdit aux mécréants.
En 2013, suite à une énième vague de persécutions, 1 000 hindous, c'est-à-dire 1/4 à 1/8e de la population totale des hindous vivant encore au Pakistan, s'enfuient vers l'Inde. L'année suivante, devant le parlement pakistanais, le docteur Ramesh Kumar Vankwani, membre du Pakistan Muslim League-Nawaz (P.M.L.-N.) révèle que 5 000 hindous quittent le pays chaque année pour rejoindre l'Inde, dans le silence le plus total de la communauté ou de l'opinion internationale. Selon le Pakistan Hindu Council, la principale cause de départ des familles hindoues est la peur du viol ou de l’enlèvement de leurs filles pour être mariées de force à des soldats djihadistes. On estime que plus d'un millier de jeunes filles des communautés hindoues et chrétiennes sont réduites chaque année à vivre ainsi une nouvelle vie loin de leur famille.
En Afghanistan, quelques rares communautés hindoues et bouddhistes avaient survécu aux invasions turques et mongoles, mais elles furent éradiquées par les Talibans. Au fil des années, ces communautés ont fui le pays pour rejoindre en grand nombre l'Inde ou l'Allemagne. En 2001, sous le régime taliban, les hindous devaient porter une étoffe jaune afin d'être identifiés par les musulmans comme infidèles et idolâtres. Les femmes hindoues furent forcées de se couvrir d'un voile qui les différenciait des autres femmes. Ces signes indiquaient en toutes circonstances leur identité communautaire et religieuse et leur interdisaient la proximité avec le reste de la population.
Cette même funeste année, selon la doctrine islamique condamnant la représentation humaine, les Talibans détruisirent les bouddhas de Bamiyans après un mois de bombardement d'artillerie. Ce trésor de l'humanité disparut sous le regard médusé mais impuissant de la communauté internationale. Même après le départ des Talibans et malgré de nombreuses propositions de reconstruction financées par l’étranger, voire un déplacement du monument, l’Afghanistan refusa toujours, de reconstruire les statues. En 2015, une mosquée et une école coranique sont même construites sur les lieux même où jadis s'érigeaient les statues.
Le 7 juillet 2008, un kamikaze fait exploser une voiture piégée devant l'ambassade de l'Inde à Kaboul, faisant 41 morts. Les services secrets américains soupçonnent les services secrets pakistanais d'avoir aidé les terroristes.
Le Kazakhstan contre Hare Krishna
Au Kazakhstan, la petite communauté vishnavite de la Conscience de Krishna (ISKON) est l'objet d'une violente campagne de haine. Le gouvernement tente par tous les moyens de fermer les quelques congrégations du pays, qui pour la plupart sont de simples fermes, tandis que des hommes de main payés par le gouvernement n'hésitent pas à agresser physiquement ces membres. Le mouvement connu en France sous le nom de "Hare Krishna" est plutôt populaire en Russie et en Ukraine. Ainsi, le Kazakhstan était un pays naturellement destiné à recevoir leur influence et leur humble présence (limitée à quelques milliers, si ce n'est quelques centaines d'adeptes). Cependant, le Kazakhstan étant un pays musulman, son gouvernement ne peut tolérer qu'une religion idolâtre et perçue comme polythéiste s'installe sur son territoire.
En 2006, treize maisons et les familles qui les occupaient sont évacuées par une légion de policiers kazakhs, qui démolirent ensuite leurs maisons. Les journalistes de Forum 18 rapportent que « la police jeta les affaires personnelles des membres de ce culte dans la neige, et laissa certains adeptes nus comme des vers. Une fois l’électricité et le gaz coupés, les policiers ont embarqué les meubles et les biens, dont les idoles des disciples dans des camions, assurant qu'ils allaient être détruits, puis les destructions des bâtiments commencèrent. Deux adeptes, qui tentèrent de s'interposer entre les bulldozers et leur maison furent arrêtés puis conduits dans une voiture de police. »
Pogroms d'idoles en Arabie saoudite
En Arabie saoudite, en 2005, un pogrom d'idoles est organisé publiquement par la police, une fois découvert un temple hindou clandestin dans un appartement privé de Riyad. Dans ce pays, tout autre pratique religieuse que l'islam est formellement interdite et légalement proscrite, cependant y vivent comme expatriés de très nombreux hindous. De plus, la nationalité ne s’obtient dans ce pays qu'en se convertissant.
Les Kalashas font partie du groupe ethnolinguistique des locuteurs du nuristani. Le nuristani appartient à la famille des langues dardiques, une sous-branche de la famille linguistique indo-aryenne.
L'aire culturelle kalasha s'étendait jadis entre l'est du Cachemire à l'ouest de la Bactriane. Aussi connu sous le nom de Peristan, ce pays montagneux n'a jamais été parmi les plus prospères, ni les plus célèbres. Cette contrée est cependant mentionnée dans les chroniques historiques, lors de la campagne d'Alexandre le Grand vers l'Inde. Le biographe du Macédonien, Arrien, décrit les Kalashas comme « distinctement différents » des autres peuples environnant. D'ailleurs, Alexandre ne vainquit pas les Kalashas, mais s'en fit des alliés, afin de continuer plus en avant son chemin à travers les vallées himalayennes.
D'une nature exclusivement paysanne, la société kalasha traditionnelle exclue toute forme de commerce. Les Kalashas ont demeuré près de trois mille ans dans leur vallée de haute altitude sans subir outre mesure l'acculturation étrangère. Encastrés et isolés, les Kalashas n’ont que très peu subit l'influence des Empires perses, scythes ou indiens. Près d'un millénaire durant, les Kailashas eurent le bouddhisme comme voisin, mais celui-ci ne tenta jamais de s'imposer, ni même de devenir une sorte de religion d’État qui légitimerait soumission ou domination. Ce n’est que très récemment, depuis moins de quelques siècles, que le modèle kalasha est véritablement mis en danger par une acculturation forcenée au modèle islamique. En 2020, seuls quelques milliers de personnes, résidant dans la vallée du Chitral (frontalière du Pakistan et de l’Afghanistan) se revendiquaient encore de la tradition ancestrale et panthéiste kalasha.
Au 19e siècle, l’Afghan Abdur Rahman Khan et son armée y entreprennent des conversions de masse. Avec l'appuie des Britanniques, 100 000 païens sont convertis, ce qui représente une grande part de la démographie nuristanie. Cette région connue jusqu'alors sous le nom de Péristan, devient le Nuristan, c’est-à-dire « le pays de ceux qui ont connu la lumière ». Cette appellation fait alors référence aux temps obscurs du panthéisme que souhaite voir disparaître l'envahisseur.
À la campagne de conversion et de déportation des autochtones païens, succède l'émigration de très nombreux Afghans vers le Nuristan. Dans ces nouveaux arrivants, il y a beaucoup d’imams, qui sont envoyés gérer les nouveaux territoires conquis. Leur mission est d'éduquer leurs habitants, de les faire vivre dans le respect des règles de la charia. Il s'agit par ailleurs d'ouvrir les hautes vallées aux commerces. Les noms des villages sont islamisés, les temples et les idoles détruits et brûlés.
En réponse, les Kalashas émigrent encore plus hauts dans les montagnes et cachent leurs icônes et leurs idoles dans des grottes, ou encore les enterrent. Quant au riche mobilier du culte, et aux meubles de valeur des villages du Péristan, ils sont saisis comme trésor de guerre par les soldats afghans et envoyés à Kaboul comme butin. On estime de nos jours la population nuristanie à 125 000 personnes, pour la plupart musulmans sunnites. Les Nuristanis qui ne se convertirent pas furent affublés du sobriquet de kafir : une injure musulmane signifiant « porc » et qui est réservée aux mécréants. Le Kafiristan, tel que cartographié par les Britanniques, est donc « le pays des mécréants ».
Les Nuristanis païens, dont font partis les Kalashas ne sont plus que quelques milliers de nos jours à encore pratiquer un culte panthéiste. Estimés à 20 000 avant les premières compagnes musulmanes de 14e siècle, les Kalashas ont vu leur démographie sans cesse décroître, pour ne plus représenter que 8000 personnes en 1951 et 3000 à 6000 de nos jours (2020). Ce chiffre de 3000 à 6000 ne concerne que les Kalashas encore polythéistes, car l'ethnie kalasha elle-même, en grande partie islamisée ou occidentalisée à des degrés divers, représenterait 10 000 à 30 000 personnes. Ceux-ci parlent d'ailleurs la langue nuristani classique et non le dialecte kalasha. Ce dernier n'est plus parlé que par les quelques milliers d'habitants polythéistes de la région du Chitral (Pakistan).
En outre, les relevés topographiques indiquent que le domaine kalasha est passé de 560 km² à moins de 28 km². Avant la création des États pakistanais et afghan, les Kalashas n'étaient isolés qu'en partie. D'un versant à l'autre des sommets himalayens, des sages, des bergers, mais aussi des sherpas se déplaçaient. Malheureusement, depuis la création d'une frontière (pourtant régulièrement bafouée par les groupes djihadistes), les Kalashas sont coupés des autres groupes ethniques avec lesquels ils entretenaient pourtant des relations culturelles depuis des millénaires. Sans possibilité de communiquer avec d'autres clans qui leur seraient apparentés, les Kalashas sont donc condamnés à voir leur culture péricliter.
Dans les années 1970, l’économie kalasha fut bouleversée par la création de la première route carrossable, ce qui amena quelques touristes, mais aussi des organisations non gouvernementales. Depuis, l’économie locale s'est transformée, passant de l'agriculture à la pratique assidue des services. De tout temps, le troc avait été la principale forme d'échange entre vallée, l'argent liquide a donc permis une explosion des activités de services mais aussi l'importation massive de produits manufacturés à bas prix.
Pour décourager la visite des touristes dans une région dangereuse et non musulmane, le gouvernement pakistanais prélève une taxe sur la présence des étrangers en pays kalasha. Il faut donc un permis pour s’y rendre. Cependant, outre cette route principale et quelques villages qui se développèrent, les versant montagneux kalasha sont encore peu desservis, et ne comprennent bien sûr ni école ni hôpitaux.
Du fait de sa situation géographique, à la frontière entre l'Afghanistan, le Pakistan et le Cachemire, la région connaît des graves problèmes de terrorisme. La région est en effet soumise à une pression à la fois du gouvernement d’Islamabad qui désire islamiser la région, mais aussi des divers clans talibans, qui souhaitent l'annexer. Des jeunes filles kalashas sont donc régulièrement enlevées et violées. Les quelques rares temples polythéistes sont régulièrement incendiés, tandis que les rares travailleurs humanitaires sont pris pour cible. Un musée en l'honneur de la culture kalasha fut ainsi incendié par des djihadistes. Pour ces derniers, il est en effet impensable qu'on puisse célébrer un autre culte que celui prôné par le Coran. Dans ces conditions, il est très difficile de construire des écoles kalashas, tandis que fleurissent les madrasas dans les vallées islamisées environnantes. Par ailleurs, un kalasha scolarisé devra apprendre en ourdou (une langue non dardique), un enseignement inspiré des lois coraniques. Enfin, le gouvernement pakistanais appliquant la charia, il interdit aux mécréants kalashas de contracter des dettes ou d’occuper des postes dans la fonction publique. Subissant un racisme institutionnalisé, il n’est pas rare que les Kalashas se fassent lapider.
La pression musulmane pour convertir les Kalashas est de nos jours plus prégnante que jamais. Des missionnaires, agissant comme des chefs d'entreprise, sur le modèle des évangélistes américains, ne cessent en effet de harceler le pays kalasha. En 2016, suite à la conversion houleuse d'une jeune kalasha à l'islam, des heurts éclatent, qui pousseront Islamabad à interdire de présence dans les montagnes un groupe de missionnaire nommé Tablighi. Depuis, les conversions n'ont cependant pas cessé. Celles-ci reposent sur une stratégie mêlant séduction économique et sociale, promesse d'accès à l'éducation et aux soins, mais aussi propagande ayant pour objectif de faire passer la culture kalasha pour arriérée, primitive et sauvage. C'est ainsi que des groupes de pression musulmans accusent les Kalashas de rendre un culte au diable, ou de pratiquer la sorcellerie (de mêmes entreprises de diabolisation sont menées auprès des Yézidis d'Anatolie). Ces techniques de conversions ne sont cependant pas typiques aux fanatiques musulmans, les catholiques l'employèrent en Amérique et les évangélistes l'emploient encore de nos jours en Afrique, en Australie, en Inde ou en Indochine.
Quand un Kalasha quitte sa famille pour se convertir, un emploi lui est offert et il est célébré comme un « Nouristani », c’est-à-dire un « être éclairée ». Ce n'est qu'au prix du reniement absolu de ses convictions panthéistes qu'un Kalasha peut donc prétendre entrer dans la communauté des « justes », c'est-à-dire des Pakistanais (le Pakistan étant littéralement le « pays des purs »). Les Kalashas convertis à l'islam ne le sont donc pas par conviction, mais dans l'espoir de connaître une vie meilleure et d'avoir enfin accès à une certaine forme de progrès, tant au niveau de l'éducation que de la santé ou du travail. Cependant, une fois converti, un Kalasha ne peut apostasier de sa nouvelle foi, tandis qu'il est exclu pour toujours de sa communauté d’origine. La charia et la loi des clans kalashas, punissent en effet de mort l'apostasie. Ainsi, si un Kalasha se convertit à l'islam, il est exclu de sa communauté et doit donc quitter les vallées du Chitral.
Pour la seule année 2016 on estime à 300 le nombre de Kalashas convertis, ce qui, rapporté à la population globale de quelque 3 000 à 6 000 personnes, situe à une dizaine d'années l'espérance de vie de la culture polythéiste kalasha.
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