Le foyer civilisationnel égyptien

Dans la vallée du Nil, quatre foyers de civilisations se développent : la Nubie (Soudan-Éthiopie), la Haute-Égypte (Nagada, Thèbes, Éléphantine, Edfou, Esna, Hermopolis, Philae, Louxor, Assouan), l'oasis du Fayoum (Crocodilopolis) et la Basse-Égypte (dont les centres religieux seront Memphis, Héliopolis, Buto, Gizeh, Saqqarah et bien plus tard Alexandrie).

L’Égypte ancienne fut la civilisation la plus durable, du néolithique jusqu'à son islamisation vers 650. Si le clergé fut parfois pressant et si ce n'est l'épisode iconoclaste attribué à Akhenaton (et à ses opposants), il n'y a pas eu de guerre de religion d'importance. Sur plus de 4500 ans, son panthéon, sa langue et sa culture connaîtront des évolutions mais resteront dans l'ensemble très stables.

Si les Pyramides sont construites en premier en Basse-Égypte et si c'est cette région qui sera le cœur civilisationnelle de l’Égypte unifiée, influençant alors les civilisations phéniciennes, gréco-romaines et nord-africaines, l’origine de la religion égyptienne se situe en Haute-Égypte, où se concentrent la plupart des lieux saints, comme la Vallée des rois, celle des reines, les sanctuaires de Om, Hermopolis, Esna, Edfou et Éléphantine.

C'est en Haute-Égypte que la civilisation est plus ancienne, bien que ce soit en Basse-Égypte, du fait de l'influence Mésopotamienne, que se développa en premier les villages sédentaires et l'agriculture. Dès la fin du Paléolithique, on retrouve en Haute-Égypte ce qui constitue la base de la civilisation égyptienne tels que les momies et le zoomorphisme des dieux.

C'est aussi depuis la Haute-Égypte que les porteurs de l'haplogroupe Y-E migreront vers l’Afrique subsaharienne occidentale et l'Afrique du nord, afin d'influencer (ou de constituer) les civilisations dogone vers le sud-ouest et berbère vers le nord-ouest.

La Haute-Égypte possède plus de similitudes mythologiques avec l'Inde, que n'en présente la Basse Égypte avec la Mésopotamie, ce qui nous indique qu'avant sa désertification, la zone arabo-égyptienne méridionale, qui s'étend de la Nubie aux rivages pakistanais, était un véritable creuset culturel, probablement plus dynamique que celui qui reliait la région des deux fleuves et la Méditerranée.

On décèle en Basse-Égypte une influence nettement mésopotamienne : le zoomorphisme y est beaucoup moins présent qu'au sud, tandis que la présence d'une divinité féminine l'est beaucoup plus. Plutôt que des dieux classiques de la Haute-Égypte (Amon, Thot, Râ), on y vénère le démiurge « Ptah », dont le théonyme évoque les mots sanskrits « Piter », « Pitar »(des termes qui se traduisent par l'« Ancêtre », le « Père »), mais aussi le dieu du ciel védique Dyaus Pitar (« Ciel-le-Père »).