23 Décembre 2021
Dans Les Celtes, André Varagnac (1894 - 1983), éminent spécialiste du monde celtique et préceltique, propose des hypothèses pour tenter de percer les mystères des mégalithes présents des côtes de l'Atlantique à celles du Pacifique. Sa lecture des menhirs est bien sûr à rapprocher du Shiva Lingam, la pierre-phallus du dieu-nature :
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Le menhir serait ainsi comme l'incarnation indestructible d'un personnage ayant mérité la reconnaissance collective en favorisant par ses bienfaits les récoltes. Ce caractère fécondant des pierres levées est corroboré par des croyances traditionnelles à Carnac au début du siècle, les femmes désireuses d'avoir des enfants allaient de nuit se frotter le ventre contre un menhir. Les cultes mégalithiques ont également été en relation avec la foudre, comme le prouvent de nombreuses figurations de haches (le coup de foudre étant jadis interprété comme la chute d'une hache de pierre à travers les nuages) ; ils devaient vraisemblablement comporter des rituels du feu, ainsi que l'attestent des représentations de briquet à archet sur certaines statues-menhirs. Le feu et la foudre apparaissent dans de nombreux mythes antiques comme agents de la fécondité (Sémélé foudroyée et fécondée par Zeus ; l'un des Dioscures fils de la foudre, ...)
La religion des mégalithes, probablement axée sur la fécondité attribuée aux trépassés, correspondait étroitement aux soucis des populations néolithiques dont l'existence dépendait de la fertilité des champs et de la multiplication des troupeaux. [...]
Dès les derniers temps du 4e millénaire, apparaissent en Bretagne des monuments attestant ce culte qui, faute d'un meilleur terme, nous appelons mégalithique : pierres levées, tables de pierre, cistes et cercles de pierres. Nous devons reconnaître aujourd'hui qu'il s'agit de la plus ancienne des religions internationales propagées par conversions lointaines. Bien que les avis des spécialistes demeurent à cet égard encore partagé, je pense pour ma part que les analogies architectoniques de tels monuments obligent à parler d'une même religion probablement originaire du Proche-Orient. Elle s’est étendue d'abord jusqu'à l'Extrême-Occident, puis, aux environs de l'ère chrétienne, vers l'Extrême-Orient en s'implantant définitivement en Birmanie et à Madagascar.
Comme les druides ont utilisé les monuments mégalithiques au point que les anciens archéologues leur en attribuaient la construction, nous ne saurions manquer de résumer brièvement ce que l'on peut actuellement présumer de cette religion : n'ayant jamais eu de livres sacrés, elle est restée profondément mystérieuse. Incontestablement, les dolmens et allées couvertes sont des tombes collectives. Les fouilles, récemment menées avec grand soin, ont permis de constater que ce genre de monument servait à des générations successives, les anciens ossements étant repoussés de côté pour faire place aux nouveaux inhumés. Les corps étaient vraisemblablement introduits dans les « allées couvertes », qui sont les plus récentes de ces monuments dolméniques, par un orifice semi-rectangulaire percé dans la dalle fermant l'entrée. On a supposé que cette lucarne était périodiquement ouverte à certaines saisons pour permettre aux âmes des trépassés de venir fertiliser les champs. Cette hypothèse, qui concorde avec de nombreuses traditions populaires, n'est, il est vrai, nullement assurée. Les pierres levées, ou menhirs, peuvent être interprétées d'après les coutumes birmanes encore en usage. Dans ce pays, tout notable de village est autorisé à organiser à ses frais une « fête de mérite » au cours de laquelle sera érigé un menhir portant désormais son nom, ce qui assurera une pérennité dans l'au-delà.
Mégalithes retour dans le passé - science grand format
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