28 Janvier 2022
Dès la Haute Antiquité, des lois garantissent le droit des animaux. Le Code hittite stipule que les amendes infligées à ceux qui maltraitent les chiens domestiques sont élevées :
Si quelqu’un frappe fatalement le chien d’un berger, il devra s’acquitter de 20 sicles d’argent1. Somme à prendre sur ses biens.
Si quelqu’un frappe fatalement le chien d’un chasseur, il devra s’acquitter de 12 sicles d’argent. Somme à prendre sur ses biens. » 88
Si quelqu’un frappe fatalement un chien de garde, il devra payer 1 sicle d’argent.
Les chiens doivent cependant être bien dressés et bien gardés, car :
Si un chien dévore un pot de saindoux et que le propriétaire de ce pot le surprend, l’animal sera mis à mort, et on ouvrira son corps pour en récupérer le saindoux. Il n’y aura pas de compensation pour le chien.
Les animaux sont considérés comme les principaux objets de valeur que l'on puisse posséder. Leur vol est donc sévèrement réprimé :
Si quelqu'un vole un mouton de race, autrefois on avait l'habitude de donner trente moutons, maintenant le coupable donne quinze moutons : cinq brebis, cinq béliers, cinq agneaux, il les donne et il s'acquitte pour sa maison.
Le respect des animaux
Voici un florilège védique à propos de la condamnation de la consommation de viande bovine. Ces versets sont parmi les plus violents que l'on puisse trouver, bien qu'ils soient par ailleurs rares dans les écrits saints de l'hindouisme.
Ô dents ! Vous mangerez du riz, de l'orge des graines de sésame, voilà les céréales qui vous seront bénéfiques. Mais ne tuez pas ce qui peut être père ou mère.
Nous devons éradiquer ceux qui mangent de la viande crue comme cuite, ainsi que ceux qui se nourrissent en impliquant dans leur régime la mort de ce qui est mâle et femelle, et qui provient d'un œuf ou d'un fœtus.
C'est un immense péché que de tuer des innocents. Ne tuez donc pas nos vaches, nos chevaux et notre peuple.
Ô humains, les animaux n'ont pas été créés pour être tués et vous devez plutôt les protéger.
Manu, il faut que tu saches que chaque existence doit chérir l'existence et non la combattre. Enseigne donc à tes congénères que l'Ahimsa doit être pratiqué. Il s'agit du refus de violenter et de nuire aux créatures que les dévas ont jugé bon de faire vivre et se reproduire. L' Ahimsa induit la pratique de la véracité, l'abstinence du vol, ainsi que la pureté et le contrôle des sens. Quant à ceux qui permettent que soient tuer des animaux, ceux qui amènent ces animaux à l’abattoir, ceux qui les massacrent, ceux qui vendent leur viande, ceux qui l'achètent, ceux qui la cuisinent, ceux qui la servent, ainsi que ceux qui la mangent, tous sont des meurtriers et tu devras les considérer comme tels.
Dans le Tirumantiram de Tirumular, surnommé le « Veda tamoul », on trouve le même rigoureux interdit :
Les mangeurs de viande devront supporter les tourments de l'enfer. Les ignobles qui mâchent la chair, les serviteurs de la Mort les attachent et, à la vue de tous, les amènent en enfer pour qu'ils y périssent à jamais.
On retrouve ces mêmes invectives dans la tradition mazdéenne. Contre les assassins d'animaux et plus particulièrement contre ceux qui sont cruels envers leurs bœufs :
Je vis également les âmes de personnes attachées et suspendues la tête en bas par un pied, un couteau leur étant planté dans le cœur. Alors que je demandais quelle était cette âme, on me répondit : " ce sont les âmes de ceux qui ont injustement tué des bêtes sauvages, des bovins ou des ovidés. "
Au Néolithique, le bœuf est le compagnon indispensable à toute prospérité ; il est la principale richesse et le principal outil. Ceux qui sont cruels envers les bêtes de trait souffriront en enfer :
Je vis également les âmes de personnes qui se faisaient marcher dessus par du bétail et transpercer par leurs cornes. Alors qu'ils hurlaient de douleur, leur ventre s'ouvrant pour déverser les viscères et les os cassés. Alors que je demandais qui étaient ces gens, on me répondit : « ce sont les âmes de ceux qui muselaient les bêtes de trait et qui ne leur donnaient pas à boire quand ils travaillaient dans la chaleur, bien qu'affamés et assoiffés.
Seront aussi en enfer ceux qui maltraitent leurs animaux, mais aussi ceux qui les négligent :
Je vis ensuite les âmes de personnes qui avaient des blessures partout sur les membres et qui étaient suspendues la tête en bas, tandis qu'une violente pluie leur tombait dessus. Alors que je demandais qui ils étaient et quel péché ils avaient commis, on me répondit : « ce sont les âmes de ceux qui avaient des bêtes, les ont fait travailler à une tâche trop lourde, puis ne leur ont pas donné suffisamment de nourriture, de sorte qu'à la suite de leurs mauvais traitements, elles tombèrent malades. Quand les blessures apparurent, ils les forcèrent encore à travailler et ne les soignèrent pas. À présent ils souffrent un sévère châtiment.
Hérité de l'animiste et du chamanisme initial, ce respect du monde animal s'exprima de longs millénaires et perdura malgré le remplacement du polythéisme par le monothéisme.
À propos des héros qui peuplent le folklore slave, Alexandre Chodzko ne peut manquer d'évoquer la tradition indienne de l'Ahimsa (non violence envers le vivant) :
[Les héros des contes slaves] sont très sympathiques envers les animaux, et s’approchent ainsi du modèle dont il y a plusieurs exemples dans les livres sacrés de l’Inde. On n’a qu’à ouvrir une légende du Mahabharata où, pour épargner la vie d’un pigeon, et en même temps pour satisfaire la faim d’un faucon qui le poursuivait, le vertueux prince se fit couper, dans sa propre chair, l’équivalent du poids du pigeon. Au dénouement de la légende, on voit que le pigeon n’était autre chose que le dieu Agni, et le faucon, le dieu Indra, qui, ayant ainsi éprouvé la vertu du roi, le portent, corps et âme, au séjour des bienheureux. Ailleurs, le même prince ne veut habiter le Paradis qu’à la condition qu’on lui permettra de se faire accompagner de tous ses amis, y compris un chien qu’il affectionnait.
La brutale rupture entre le gourou Parashurama (6e avatar de Vishnou) et son élève Karna illustre parfaitement le propos de Chodzko :
Parashurama était le maître d'arme de Kana, le demi-frère rival d'Arjuna et l’ennemi des Pandavas. Karna avait une force physique et une dextérité que n'avait aucun Pandavas, pas même Arjuna, qui craignait même de se mesurer à lui, ne serait-ce qu'au tir à l'arc. Cependant, Kana était né sans que son père ne l'eût reconnu officiellement et ne pouvait donc prétendre au titre de brahmane. De fait, comme il était interdit par les Règles de Manu d'enseigner la science védique à un non-initié, et qu'il eût fallu obligatoirement être un brahmane de sexe masculin pour prétendre à l'initiation, Kana avait trouvé porte close devant chaque ashram.
Le Mahabharata raconte que Kana, après avoir fait tant d'efforts pour se faire accepter d'un brahmane qui lui enseignerait l'art de la guerre à travers la maîtrise des armes mystiques, en fut réduit à prétendre qu'il était lui-même un brahmane. Parashurama, le plus prestigieux et le plus puissant de tous les gourous capables d'enseigner la maîtrise de l'arme céleste, crut son mensonge et l'accepta comme élève.
Un temps, Parashurama accueillit Kana à ses côtés afin de l'instruire dans le maniement des armes divines, jusqu'au jour où Parashurama fit une sieste, la tête reposant sur un caillou. Karna, qui n'avait pas un mauvais font et était un disciple dévoué, lui proposa de reposer plutôt sa tête sur son genou, ce qu'accepta Parashurama. Malheureusement, une guêpe vint bientôt se poser sur le pied de Karna. Sans risquer de réveiller son maître, Karna ne put pas chasser l'insecte. La guêpe était en vérité Vishnou lui-même, et afin que la guerre prochaine du Kurukshetra ne connût pas un dénouement autre que la victoire des Pandavas, dont Krishna avait pris la tête, elle piqua Karna.
L'intense douleur, Karna la ré-freina en lui et fit tous ses efforts pour ne pas réveiller Parashurama par ses cris ou ses gestes. Quelques temps plus tard, alors que son gourou se réveillait, il constata que Kana saignait et que son sang coulait. Or, comme un authentique brahmane ne pouvait supporter une telle douleur, Karna devait donc être un kshatriya. Pour avoir menti à son gourou, Karna dût quitter sur-le-champ l'ashram.
Le mythe de Karna s'infligeant les pires sévices pour prouver à son maître qu'il est digne de son enseignement, est une variation sur le thème de l’autoflagellation, afin de dominer sa douleur, et donc son corps.
À propos de l'éducation des jeunes spartiates, Tony Severin rapporte des faits similaires :
On raconte qu'un jour un enfant vola un petit renard et le cacha sous son manteau. Des gens vinrent à passer et entrèrent en conversation avec lui. Pendant ce temps, le renard furieux lui déchirait le ventre à coups de dent. L'enfant, pour n'être pas découvert, souffrit cette atroce douleur sans une plainte. Pour habituer les enfants à supporter bravement la souffrance, une coutume barbare et cruelle régnait à Sparte. Chaque année, il y avait un concours de flagellation devant l'autel d'Artémis, déesse de la chasse. C’était à qui se laisserait fouetter le plus longtemps sans se plaindre ni cesser de sourire. Celui qui avait reçu le plus grand nombre de coups sans faiblir était proclamé vainqueur.
Les repas
Le repas est un des éléments clés de la culture indo-européenne car le régime alimentaire est doté d'une dimension holistique. Le corps est considéré comme un temple, et son alimentation est un rituel. Aux habitudes et interdits correspond un certain degré de pureté.
La question du régime végétarien ou carnivore est centrale ; elle permet en effet de situer un individu dans la hiérarchie des castes en fonction de ses habitudes alimentaires. Selon le système des castes et des clans, les corps ne sont pas tous aussi purs. Qu'un individu appartienne à une caste noble (prêtre, chevalier) ou basse (travailleur manuel), il ne s'imposera pas la même rigueur alimentaire. En clair, un travailleur mangera du poulet, du poisson et boira des boissons toxiques ou fermentées, sans peur de se voir déprécier dans sa nature, tandis qu'un chef et un prêtre auront tendance à refuser strictement ces aliments, sous peine de corrompre leur pureté initiale.
Le repas d'un brahmane ne doit être préparé que par un autre brahmane, afin de s'assurer qu'il le soit dans les règles de l'art culinaire aryen (pas d'épices trop fortes, pas d'oignons ni d'ail, pas de viande, pas d'œuf, etc.) Quant aux zoroastriens, ils avaient jadis pour coutume de ne pas manger à la table ni aux côtés d'étranger à leur culte. Pour les mêmes raisons, chez les Gitans d'Europe, une extrême importance est donnée à la propreté et à l'usage strictement individuel des verres, des assiettes et des ustensiles de cuisines.
Chez les Celtes, le chaudron des festins est un objet de culte à la symbolique souvent reprise. Le chaudron c'est ce qui permet de recevoir les aliments, de les cuisiner puis de les distribuer. C'est le bol des bouddhistes et le crâne des Shivaïtes ; c'est le récipient qui permet de recevoir la manne céleste (c'est-à-dire la charité).
L'Ahimsa
Celui qui offre le sacrifice du cheval tous les jours pour une durée de cent ans, et celui qui ne mange pas de viande, ces deux-là mangent du même fruit de leur bonne action.
Dans l’Antiquité, la tradition de L’Ahimsa était présente en Occident. Les traditions hyperboréennes (Abaris), orphiques, pythagoriciennes et égyptiennes prônaient en effet un régime strictement végétarien. L'orphisme et le pythagorisme ou le vishnavisme moderne, condamnent en conséquence tout objet en cuir, ou fabriqué à la suite de la mise à mort, de la souffrance ou de l'aliénation d'un animal.
Strabon certifie que les populations d'Asie Mineure, de Lydie et de Phrygie, autant de peuples indo-européens originaires de Thrace (patrie d'Orphée), suivaient un régime religieux végétarien :
Suivant Posidonius, les Mysiens [de la rive nord de Marmara] sont des populations tranquilles et pieuses qui, par dévotion, s’abstiennent de ne rien manger qui ait eu vie et se privent à cause de cela de la chair même de leurs troupeaux, pour ne se nourrir que de miel, de lait et de fromage.
Anacharsis, qui bien que Scythe, était un des sept sages de la Grèce, suivait lui aussi un régime de fromage et de lait. « La laine est mon vêtement, le lait et le fromage ma nourriture » sont les paroles que nous lui prêtons.
À propos de l'initiation des prêtres daço-gètes de Zalmoxis, Strabon avance qu'ils suivaient un régime strictement végétarien, ne consommaient pas de vin, ni ne fréquentaient les femmes. Le végétarisme est en effet la condition essentielle à l'ascétisme.
De même, dans Stromates (1, 15) Clément d'Alexandrie rapporte des propos d'Hellanicus à propos de la diet hyperboréenne :
Les Hyperboréens qui habitent au delà des monts Ryphées [Carpates, Oural ?], sont élevés dans la justice et se nourrissent, non de chair, mais de fruits.
Véritable mémoire inversée du paganisme, le Dictionnaire infernal de Jacques Collin de Plancy fait mention du jeûne comme d'une pratique courante :
On prétend qu’Abaris [sage scythe] ne mangeait pas et que les magiciens habiles peuvent s’abstenir de manger et de boire. »
Le terme de magicien doit se comprendre comme un synonyme de mage, donc de prêtre de Zoroastre, ou d'une autre spiritualité orientale (dont le brahmanisme et les spiritualités mésopotamiennes). En vérité, Collin de Plancy ne fait pas référence au jeûne en tant que tel, mais plutôt à la pratique du végétarisme, ou de l'hyper sélection alimentaire ; doctrine qui pouvait effectivement condamner la plupart des aliments, mais non le fait de manger en tant que tel.
Le pythagorisme, tout comme l'orphisme dont il s'inspire sont des religions dissidentes qui prônent ouvertement le végétarisme.
En outre, ce régime alimentaire est plutôt commun à travers le monde méditerranéen et sémite. Hérodote (4, 184 à 186) dit des habitants des versants de l'Atlas, qu'
« Ils ont pris de cette montagne le nom d’Atlantes, et l’on dit qu’ils ne mangent de rien qui ait eu vie. » Le régime alimentaire qui épargne la vache semble d'ailleurs partagé, à des degrés divers, par tous les peuples sémites : « Tout le pays qui s’étend depuis l’Égypte jusqu’au lac Tritonis [Libye] est habité par des Libyens nomades, qui vivent de chair et de lait. Ils ne mangent point de vaches, non plus que les Égyptiens, et ne se nourrissent point de porcs. Les femmes de Cyrène [Libye] ne se croient pas permis non plus de manger de la vache, par respect pour la déesse Isis, qu’on adore en Égypte ; elles jeûnent même, et célèbrent des fêtes solennelles en son honneur. Les femmes de Barcé non seulement ne mangent point de vache, mais elles s’abstiennent encore de manger de la chair de porc. »
On observera ce goût pour une alimentation végétarienne jusqu'à la période tardive du Moyen Âge. Dans la sinistre introduction du roman de Robert-le-diable, ce n'est pas un petit péché que de manger trop souvent de la viande :
Tout le peuple les craignait donc et les redoutait, comme les brebis craignent les loups ; car, à la vérité, ils étaient tous des loups, ravissant et dévorant ce qu’ils pouvaient rencontrer. Robert le Diable mena en ce lieu une très-mauvaise vie avec ses compagnons ; à toute heure il voulait manger et gourmander, et jamais il ne jeûna, que ce fût grande vigile, carême ou quatre-temps. Tous les jours il mangeait de la chair, le vendredi comme le dimanche. Mais après que lui et tous ses gens eurent commis une foule de crimes, il eut lui-même à souffrir beaucoup, comme vous verrez ci-après.
Groupes religieux |
Population (en % de la pop. totale) |
Consommateurs de bœuf (en %) |
---|---|---|
Jaïns |
0.37 |
0.04 |
Sikhs |
1.72 |
0.01 |
Hindous (toutes les castes) |
79.80 |
1.4 |
Hindous (Parias) |
16.6 |
4.0 |
Bouddhistes |
0.70 |
9.3 |
Autres (zoroastriens) |
0.90 |
13.8 |
Chrétiens |
2.30 |
26.5 |
Musulmans |
14.23 |
42 |
Total |
100 |
6.6 |
National Sample Survey Office (NSSO), Gouvernement de la République Indienne, 2011-2012. Sur un panel représentatif de 101 000 foyers indiens.
Comme le montrent les chiffres de la consommation du bœuf en Inde, les adeptes des religions dharmiques respectent massivement l'interdit alimentaire et reprennent à leur compte le concept de l'Ahimsa (non-violence envers le vivant). En revanche, les monothéismes chrétien et musulman ne respectent pas cette coutume. Il s'agit en effet de religions importées d'Arabie et d'Europe, de type abrahamiques et non dharmiques. Beaucoup des tensions entre hindous et musulmans et chrétiens s'expliquent en grande partie par la non-intégration des cultes monothéistes carnivores au modèle local favorisant le régime végétarien et sacralisant la vache. La consommation de la vache en est un parfait exemple. Les membres des cultes les plus anciens s'abstiennent massivement de manger du bœuf, mais les monothéismes, amenés en Inde avec la colonisation islamique puis britannique, sont encore loin d'accepter L’Ahimsa ou le végétarisme comme valeur fondamentale. Or, comme nous l'avons déjà mentionné, le régime alimentaire possède une importance fondamentale en Inde. Ne pas accepter le régime alimentaire des Indiens, qu'ils soient hindous, bouddhistes, sikhs ou jaïnes, c'est donc se condamner à ne jamais s'en faire accepter.
Le régime alimentaire jaïn
Le régime alimentaire jaïn est parmi les plus stricts qui soient. La consommation de chair est interdite, ce qui en fait la population indienne la plus végétarienne, avec près de 100 % des jaïns qui ne mangent pas de bœuf. La volaille, le poisson sont aussi strictement interdits, de même que les œufs, les champignons mais aussi toute forme de vie qui pousse sous la terre. Les légumes pour leur majorité sont donc aussi prohibés.
Les raisons de tels comportements peuvent être variées. Soit la plante est jugée vivante et la déterrer pour la manger équivaudrait à un meurtre. Soit, en la récoltant, manuellement ou industriellement, le sol agricole sera dérangé et pourrait entraîner la mort d'insectes, d'araignées et de vers de terre.
Les produits issus du labeur des animaux sont aussi mis à l'amende, comme le miel ou les produits issus de l'exploitation intensive des vaches et brebis. La consommation d'alcool et de drogue est elle aussi interdite, car il s'agit de vices qui perturbent l'homme dans sa quête mystique du calme intérieur et de la vie juste. De même, les épices sont rares dans la cuisine jaïne, car elles sont pour la plupart vues comme des excitants ou comme le produit de l'exploitation d'un arbre, ou d'une plante et de ses racines.
La nourriture, dans son ensemble, est vue comme un moindre mal à consentir pour rester en vie, sans infliger de violence sur le vivant. S'ils pouvaient vivre sans manger, les jaïns seraient les plus heureux du monde. La tradition jaïne impose donc une attention très particulière à l'alimentation. Les produits consommés devant être frais, les jaïns cuisinent trois fois par jour.
Leur cuisine est à base de pois chiches, de céréales bouillies, de yaourts et de fruits. Les fruits cueillis doivent attendre 48 minutes avant d'être consommés, ce qui est le temps nécessaire à l'âme du fruit pour passer de vie à trépas, permettant au fruit de ne pas souffrir d'être mangé.
Afin de favoriser la digestion et la frugalité, la tradition jaïne juge contraire à sa doctrine de manger après le coucher du soleil. L'origine d'une telle tradition remonte à des temps pas si lointains où l'on s'éclairait à la bougie, ce qui attirait de nombreux insectes à venir mourir dans les flammes.
Enfin, les jaïns pensent que la frugalité associée à la pratique régulière du jeûne, outre le fait de faciliter la digestion et d'améliorer le sommeil, leur permet d'avoir l'esprit plus vif et le corps plus alerte.
Le BESTIAIRE PRÉHISTORIQUE - Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières
Illustrations de Martin Losvik sur le thème de la mythologie norvégienne Vous trouverez sur cette page tous nos articles concernant la mythologie des animaux durant la Préhistoire et l'Antiquit...
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