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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

L'origine des ASURAS (mythe indien)

Récit inspiré du Bhagavata Purana (trad Burnouf)

 

Au plus haut des cieux, dans le paradis de Vishnou appelé le Vaikunta, les quadruplés Kumaras passaient rendre hommage à leur gourou, l'être cosmique qui résidait en ce lieu. Cependant, les deux gardiens du Vaikunta, Jaya, la Victoire et Vijaya, le Succès, leur refusèrent l'entrée. Ces monstres infaillibles, chargés par Vishnou de défendre son domaine de toute incursion étrangère à sa propre nature, arguèrent que ces enfants n'étaient pas assez matures pour être conscients de la véritable nature de Vishnou, ni assez âgés pour prétendre jouir des plaisirs accessibles dans le Vaikunta.

Les Kumaras leur répondirent en chœur qu'ils n'étaient là que pour saluer Vishnou sous la forme de Krishna et lui rendre visite dans les prairies de Goloka, la planète des vaches. Aussi, dirent-ils à Jaya et Vijaya qu'ils étaient fils de Brahma et qu'ils n'étaient donc animés d'aucune hostile intention. Mais les deux monstres ne fléchirent pas, et c'est avec la plus grande fermeté qu'ils leur barrèrent le passage.

C'est alors que les Kumaras, qui possédaient de leur père le pouvoir de créer la vie et d'influencer le destin par le verbe, maudirent les deux monstres du Paradis en leur garantissant que dans une prochaine vie, ils connaîtraient les tourments de la vie sur Terre et des affres de la matérialité, pour avoir osé mépriser ce qui est jeune, innocent et plein d'espoir.

Enfin, après avoir fait la démonstration de leur sagesse à travers l'univers, les Kumaras furent accueillis lors de leur prochain passage à Vaikunta par Vishnou lui-même, qui leur permit dès lors de le visiter comme bon leur semblait ainsi que d'habiter en lui et en Vaikunta aussi souvent qu'ils le souhaiteraient.

Cependant, la malédiction avait été jetée et devait donc se réaliser. Vishnou, qui possédait bien sûr le don de clairvoyance, n'eut donc aucune objection à ce que ses deux gardiens Jaya et Vijaya, une fois leur existence arrivée à son terme, ne soient pas réincarnés en Vaikunta mais sur Terre afin de purger leur peine.

Alors qu'au ciel Vishnou et les Kumaras échafaudaient ensemble le plan divin qui donnerait une leçon à Jaya et Vijaya, et à travers eux à l'humanité tout entière ainsi qu'au dévas, sur Terre, l'infatigable pénitent Kashyapa, en être vertueux, se retirait tous les soirs dans un lieu solitaire pour se livrer à la prière et à la contemplation.

Outre Aditi, et Vak, le prajapati Kashyapa avait eu aussi Viniata pour femme. Viniata était la mère de tous les oiseaux qui peuplaient le ciel de toutes les planètes de l'univers. De son union avec Kashyapa étaient nés Garouda et Arouna.

Garouda, l'homme-oiseau, fut offert à Vishnou qui s'en servit dès lors comme monture pour parcourir les univers. Satisfait de ses services, Vishnou chargea Garouda de chasser les serpents nagas qui peuplent les dimensions les plus basses de l'existence et dont le royaume se trouve à Mahatala, le cinquième monde souterrain. Craint de tout ce qui rampe, espéré de tous ceux qui respectent le Dharma, Garouda est depuis l'oiseau de vérité dont le vol indique la direction que doivent prendre les prières des sages.

Quant à Arouna, Kashyapa le confia à son demi-frère Surya afin qu'il soit pour lui l'aurige de son char céleste.

Cependant, Kashyapa, qui aimait beaucoup les femmes, ne fut pas toujours aussi heureux avec sa descendance. C'est ainsi que pour le malheur de l'humanité, il rencontra un jour Diti, la déesse de la Matière. Malgré ses airs tristes, Diti sut séduire Kashyapa, et elle prit sa place dans le cœur du rishi à la suite d'Aditi, la déesse de la Lumière et de Viniata. Ceci dit, Kashyapa menait une vie d'ascétisme le plus fanatique ; ses trois femmes se partageaient la couche d'une simple cabane en bois.

Satisfaites car le prajapati leur avait donné de beaux enfants, Aditi et Viniata ne se plaignaient point, mais ce n'était pas le cas de Diti dont les espoirs d'être mère s'amenuisaient de jour en jour.

Un jour, Diti le suivit dans cette solitude pour lui faire part du chagrin qu’elle ressentait de se voir sans postérité. Lorsqu’ils se trouvèrent tous les deux sans témoins, elle lui tint ce langage :

« Voilà déjà longtemps que je vous ai pour époux mais j’ai la douleur de n’avoir pas encore mis d'enfants au monde. Vous savez bien qu’une femme stérile est partout regardée avec mépris ; délivrez-moi donc de cet opprobre en me donnant des enfants. »

Pour se délivrer des sollicitations importunes de sa femme, Kashyapa lui répondit qu’il tâcherait de satisfaire ses désirs mais que pour cela, il n'était pas bon qu'il choisisse un temps et un lieu destinés à la contemplation. Il la renvoya donc à leur foyer en lui promettant de s’occuper plus tard de ses ardents désirs.

Cependant Kashyapa ne parvint pas à éluder la demande de sa femme ni même à fuir en quelque lieu plus reculé encore pour se soustraire à ses poursuites. Enfin, elle le saisit par la toge et exigea qu'à l’instant même il satisfît ses désirs et mît un terme à sa douleur.

Kashyapa, Rishi Céleste, savait bien des choses grâce à son don de clairvoyance, mais aussi parce qu'il était lui-même l'un des créateurs de la vie dans l'univers ; ce n'était pas sans raison qu'il avait souhaité se défiler de ses devoirs envers Diti. Kashyapa savait en effet qu’elles devaient être leurs suites funestes puisque sa femme était condamnée à ne mettre au monde que des Assura, des fils de la Matière, des géants brutaux, parfois démoniaques, toujours orgueilleux et à jamais dépourvus de ce qui rendaient les dieux, leurs demi-frères, doux et magnanimes.

Kashyapa, la divinité céleste qui incarne la Conscience Créatrice, s'adressa alors à sa femme Diti, la Mère de la Matière et lui dit :

« Malgré tout ce que je t'ai enseigné jusqu’à présent sur le contrôle de soi, tu n'es toujours pas capable de te restreindre. Peut-être que si je t'avoue que tu es condamnée à ne mettre au monde que des monstres, serais-tu plus touchée ? Renonce donc à ta postérité car des malheurs en dépendent ! »

Diti n’écouta cependant pas son mari mais seulement sa passion. Elle ne varia pas sa demande et exigea qu’elle fût satisfaite à l'instant même. Kashyapa dut alors se résoudre à satisfaire ses désirs. Diti conçut et mit au monde deux jumeaux qui furent bien entendu des monstres. Il s'agissait de Hiranyaksha, l’Avarice et de Hiranyakashipu, la Cupidité, deux démons qui n'étaient autres que les réincarnations de Jaya, la Victoire et Vijaya, le Succès, les deux gardiens du Vaikuntha auxquels les fils rebelles de Brahma, les quatre jumeaux Kumaras, avaient infligé une malédiction.

L'origine des ASURAS (mythe indien)
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