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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

LE MYTHE DU SAUVEUR

LE MYTHE DU SAUVEUR

Chez les zoroastriens, le sauveur est Saoshyant, de la lignée de Zarathoustra, dont le sperme aurait été conservé dans un lac : « Quarante-cinq générations après Yima, naît Zarathoustra, le prophète d'Ahura-Mazda. De la lignée de sa troisième femme, elle-même pourtant stérile de son vivant, naîtra Saoshyant dans un futur lointain. » C'est lui qui sera l'ultime sauveur de la juste et pure tradition mazdéenne. Il régnera cinquante-sept ans, puis ce sera la fin des temps. Durant son règne, seront d'abord réveillés les os de Yima, puis ceux de Mashye et Mashyane, et enfin ceux du reste de l'humanité. Tous les morts et tous les humains se lèveront ; les justes comme les méchants. Chaque créature humaine s'éveillera à la vie, à l'endroit même où sa vie avait commencé. C'est alors que Saoshyant préparera le homa, la blanche, pure et sainte boisson d'immortalité. Il en offrira à tous les hommes, et tous les hommes deviendront immortels pour toujours et à jamais.

Jésus serait le messie, que la tradition juive présente comme descendant de la lignée du roi David.

En Indonésie hindo-bouddhiste, après 500 ans de domination étrangère, on attendait le retour de Sabdopalon, le dernier roi historique du Majapahit et avatar du dieu suprême Semar.

Chez les Peuls, Koumen est l'auxiliaire du dieu suprême Guéno. Il est son berger, qui détient les secrets de l'initiation pastorale.

Le sauveur est en effet un berger (Jésus, Mohammed), ou un vacher (Enkidu, Krishna).

Anti-sauveur, le Madhi des chiites et l'Antéchrist des catholiques arrivent avant le messie et préparent sa venue par leurs actions, qu'elles soient fastes ou néfastes.

« Vous savez comment s’y prit Mahomet pour faire sa religion. Quand il parut, il y avait en Arabie, à côté du vieux paganisme national, trois religions étrangères : le judaïsme, le christianisme et la religion de Zoroastre, c’est-à-dire la religion qui régnait en Perse avant la conquête musulmane et qui s’était propagée en Arabie, au Nord par le commerce, et au Sud, dans le Yémen, par la conquête. Mahomet ne se mit pas en frais d’originalité : il prit ses dogmes aux juifs et aux chrétiens ; il prit sa mythologie aux juifs, aux chrétiens et aux Persans : il n’y eut jamais religion fabriquée à meilleur compte. Or, un trait qui était commun à ces trois religions, c’était la croyance en un être surnaturel qui devait, à la fin des temps, ramener dans le monde l’ordre et la justice qui en sont bannis et préluder au règne de l’immortalité et de la félicité sans fin. Ce n’est pas ici le lieu de faire l’histoire de cette idée, que l’on appelle l’idée messianique, [...] il suffit ici de vous rappeler que cette conception, qui est née dans le judaïsme et qui a donné naissance au christianisme, n’avait pris chez les juifs et les chrétiens eux-mêmes sa forme définitive que sous l’influence de la mythologie persane. De là, sous ses trois formes, juive, chrétienne et persane, malgré une certaine variété de détails, une ressemblance profonde dans les grandes lignes. Dans les trois religions, l’arrivée du Sauveur devait être précédée d’un immense déchaînement des forces du Mal, personnifié chez les juifs par l’invasion et les ravages de Gog et Magog ; chez les chrétiens, par le Dragon ou la Bête de l’Apocalypse et par un faux prophète, le prophète de Satan, appelé l’Antéchrist ; chez les Persans, par le serpent Zohâk, incarnation d’Ahriman, le mauvais principe. Des trois côtés également, le Sauveur devait descendre en droite ligne du personnage le plus auguste de la tradition nationale : chez les juifs et les chrétiens, il s’appelait le Messie et descendait du roi-prophète d’Israël, David ; chez les Persans, il s’appelait Saoshyant et était fils du prophète de la Perse, Zoroastre : il fallait que la figure qui, dans les trois religions, dominait l’histoire du monde, dominât aussi la fin du drame. La doctrine messianique des musulmans est empruntée au christianisme. Les musulmans croient, comme les chrétiens, que Jésus doit, le jour venu, anéantir le démon déchaîné, la Bête de l’Apocalypse, le faux prophète de la dernière heure, l’Antéchrist, qu’ils appellent Deddjâl, c’est-à-dire l’imposteur. Mais l’Islam ne pouvait laisser à Jésus le rôle suprême et décisif. L’Islam croit à la mission de Jésus, mais non pas à sa divinité. Cinq prophètes jusqu’à Mahomet ont paru depuis la création : Adam, Noé, Abraham, Moïse, Jésus, chacun plus grand que son prédécesseur, chacun apportant une révélation plus complète et plus haute que la précédente. Jésus est audessus des prophètes de la loi ancienne, mais il est audessous des prophètes de la loi nouvelle, celle qu’inaugura Mahomet. Il ne sera donc dans la lutte finale que le serviteur et l’auxiliaire d’un personnage plus auguste : ce personnage est le Mahdi. » James Darmesteter, Le Mahdi : depuis les origines de l'Islam jusqu'à nos jours.

En Inde, le sauveur est Kalki, le cavalier de Vishnou au cheval blanc et à la longue épée. Il sauvera les derniers adorateurs des védas et rétablira l'ordre dharmique sur Terre.

En Corée, mentionnons Haemosu, fils de l'empereur du ciel et porteur des lois qu'il donna aux hommes. Lui aussi manie un sabre étincelant. Il conduit un attelage de cinq dragons. Il est « le Souverain céleste ».

Pour les Altaïques, c'est Oirot-Khan. Bourkhan (ou Üč-Kurbustan), la divinité suprême, qui envoya Oïrot-Khan unir et sauver le peuple altaïen.

Au Tibet bön, Tonpa Shenrab le dit lui-même : « Je suis venu en maître sauveur pour purifier tous les êtres de leur ignorance et de leur souffrance ! » Acte 1, thanka 1.

Dans le bouddhisme tibétain, Maitreya est le Bouddha du futur, dont le rôle est similaire à celui de Kalki.

En Amérique du sud, le dieu qui revient est Viracocha, au Mexique toltèque, c'est Quetzalcóatl, l'inventeur de l'agriculture, qu'il a volée au royaume des morts pour l'offrir aux hommes.

En Amérique du nord, ce sont les propagagetrus de la Ghost Dance, Joseph, Smohalla, Tavilo et Wovoka, des messies nationalistes et agitateurs politiques. « De 1870 à 1888, certains Indiens eurent des visions dont ils traduisirent la nature pour l'entendement de leurs frères de race. Au Nord-Ouest d'abord, au Sud-Ouest puis Nord ensuite, la géographie des visions et des visionnaires embrassa l'ensemble des montagnes et des plaines, d'une réserve à l'autre » (cité par M.F. Schmitt et Dee Brown, Fighting Indians of the West, 1850 – 1897).

De tous, Tavilo (1870), est le précurseur. C'est un chef paiute :

« Conformément aux rites, il s'était exilé dans les montagnes où les ministres du Grand Mystère (nommons-les les Esprits) lui répondirent. Ils lui annoncent la proche destruction des peuples de la Terre et la résurrection éternelle au troisième jour des seuls Indiens. Les terrains d'abondance leur reviendraient alors, peuplés de bisons, et les rivières regorgeraient de poissons. Un second séjour au désert lui apporta des recommandations précises du Grand Esprit qui demandait aux Indiens de danser sans cesse, où qu'ils soient. En retour, les bisons hanteraient de nouveau les riches pâturages « aussi nombreux que le chemin des âmes » c'est-à-dire les étoiles de la Voie lactée. Tavilo répandit la nouvelle, suscita quelques fidèles mais en nombre insuffisant pour changer le cours des choses. A sa mort, un fils lui resta, âgé de quatorze ans, Wovoka. Trop jeune à la mort de son père pour le relever dans sa tâche mystique, Wovoka reçut asile chez un fermier, David Wilson. Jack Wilson fut son nouveau nom pour les Blancs mais c'est Wovoka qui, grandissant, apparut progressivement aux yeux des Paiutes comme l'héritier spirituel des visions paternelles. Pratiquant les rites sacrés avec une application particulière, il partit à son tour solliciter une vision, un éclair venu du Grand Mystère. Il la reçut à plusieurs reprises, moins nette toutefois que celle dont une éclipse de soleil le gratifia. Alors qu'il était endormi, raconta-t-il, le Grand Esprit l'emporta dans son royaume. A son retour, à son réveil, Wovoka détenait un pouvoir fondé sur la vision ainsi révélée « J'ai vu le Grand Esprit et tous ceux qui sont morts depuis longtemps. Le Grand Esprit m'a dit de revenir et de recommander à mon peuple d'être bon et de s'aimer l'un l'autre, de ne pas se battre, voler ni mentir. Il me donna une danse pour mon peuple. » J.-L. Pieupeyrout, Histoire du far-west, 1967.

La mythologie iroquoise évoque la confrontation des deux chamanes Attotarho et Hiawatha :

« On finit par recevoir un libérateur depuis longtemps promis. Un parti d’Agniers traverse, un jour, une sombre forêt de pins, vrai dédale de vieux troncs et de rochers caverneux entremêlés d’antiques tombeaux. Un chant rauque arrive, de loin, jusqu’à leurs oreilles. Ils approchent pour mieux entendre, et aperçoivent un monstre repoussant. À ses cornes formidables, s’enroulent et se tordent des serpents à sonnettes ; autour de lui gisent des instruments d’incantation faits de crânes et d’autres ossements humains. Avec précaution les guerriers avancent encore ; bientôt ils reconnaissent que le chant est articulé et conseille aux tribus iroquoises de s’unir en confédération pour vaincre leurs ennemis. Voyant qu’il leur est sympathique, ils s’emparent du monstre et l’emmènent à Onnontagué. Là, il prend la forme humaine, devient leur sachem, les rend victorieux de leurs ennemis, leur donne des lois d’une sagesse divine, et meurt enfin en léguant à leurs chefs son esprit et son nom glorieux d’Attotarho. […] Hiawatha, un de ses contemporains, chef aussi et dans la même tribu que lui. Le peuple a également fait de ce dernier un demi-dieu ; mais sur le premier rejaillit la gloire extérieure de l’entreprise, bien qu’en réalité, il s’y soit opposé tant qu’on ne lui eut pas offert le premier rang. Tout se fit par Hiawatha dont l’éloquence, la sagesse, le désintéressement, contrastaient avec l’orgueil féroce et les maléfices d’Attotarho. Il dut même quitter Onnontagué où la peur qu’inspirait son rival avait fait échouer son projet. Il se réfugia chez les Agniers où l’attendait le succès. [...] Les Cinq Nations, surtout les Agniers, n’oublièrent pas plus le bienfaisant Hiawatha que le redoutable Attotarho, et autour de leurs noms se forma, en deux cycles merveilleux, le plus riche fond du folklore iroquois. » Arthur Guindon, En Mocassins, Imprimerie de l'Institution des Sourd-Muées, Montréal, 1920

Glouskap est le prophète guerrier et ancêtre des Abénaquis :

« Les animaux ont cessé de parler et de se comprendre entre espèces différentes depuis qu’il a quitté notre monde. Obligé de s’en aller à cause de la méchanceté des hommes et des bêtes, il s’est montré bon jusque dans le châtiment que fut son départ et l’a célébré par un grand festin donné à tous les animaux. Depuis qu’il est parti, la nature gémit et tous les êtres attendent avec anxiété son retour, car il doit revenir et ramener l’âge d’or. Glouskap se grandit à volonté jusqu’aux étoiles. En canot de pierre ou sur le dos des baleines, il traverse l’océan. Il est allé jusqu’à l’extrême Nord, attacher les deux ailes à l’Oiseau du Vent ; puis y est retourné pour lui en détacher une, afin de remédier au calme trop plat que son exploit avait fait succéder aux anciens et presque continuels ouragans. Les rochers de l’Acadie sont des monstres qu’il a pétrifiés, et c’est lui qui a réduit la taille des animaux si grands avant le création de l’homme, que celui-ci n’aurait pu réussir à s’en défendre. Glouskap a tué son frère Malsum, l’Esprit du Mal, le fameux Winpé et d’autres sorciers encore. Enfin, il a tant humilié la sorcière Poujinkouesse qu’elle s’est changée en maringouin, et cela uniquement pour se venger, car elle est devenue, grâce à cette métamorphose, la mère d’une engeance persécutrice des hommes que protège son puissant ennemi. » Arthur Guindon, En Mocassins, Imprimerie de l'Institution des Sourd-Muées, Montréal, 1920

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