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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Cosmogonie du mythe manichéen

Un texte chinois (« Fragment Pelliot », section VI 49) présente la doctrine, sous la rubrique Règles pour entrer en religion :

« D'abord [il faut] discerner les deux principes. Celui qui demande à entrer en religion doit savoir que les deux principes de la lumière et de l'obscurité ont des natures absolument distinctes : s'il ne discerne pas cela, comment [pourrait-il] mettre en pratique [la doctrine] ? Ensuite, [il faut] comprendre les trois moments, [qui sont] : 1, le moment antérieur ; 2, le moment médian ; 3, le moment postérieur. Dans le moment antérieur, il n'y a pas encore les cieux et les terres ; il existe seulement, à part l'une de l'autre, la lumière et l'obscurité ; la nature de la lumière est la sagesse ; la nature de l'obscurité est la sottise ; dans tout leur mouvement et dans tout leur repos, il n 'est aucun cas où ces principes ne s 'opposent. Dans le moment médian, l'obscurité a envahi la lumière ; elle se donne libre carrière pour la chasser ; la clarté vient et entre dans I 'obscurité, et s'emploie tout entière pour la repoussen Par la « grande calamité » [z le corps] on a le dégoût [qui fait qu 'on veut] se séparer du corps ; dans la « demeure enflammée » [= l'homme vit dans les trois mondes, au milieu de la souffrance, comme dans une maison qui brûle et d'où il cherche à fuir], on fait le vœu [par lequel] on cherche à s'échappen On fatigue le corps pour sauver la nature [lumineuse] ; la sainte doctrine est fermement établie. Si on faisait du faux le vrai, qui oserait écouter les ordres [reçus] ? Il faut bien discerner et chercher les causes qui délivrent. Dans le moment postérieur, l'instruction et la conversion sont ache- vées ; le vrai et le faux sont retournés chacun à sa racine ; la lumière est retournée à la grande lumière ; l'obscurité, de son côté, est retournée à l'obscurité amassée. Les clëux principes sont reconstitués ; tous deux se sont restitué [ce qu 'ils détenaient l'un de l'autre].

 

L'Épître du Fondement donne une description très colorée des deux Royaumes avant la conflagration du Temps Médian (Contra Epistulam Fundamenti, 13, 16 et 15, 19) :

 

« Dès le Commencement, il y eut deux Substances essentiellement distinctes. Dieu le Père, d'une part, dominant l'Empire de la Lumière, perpétuel en sa sainte Racine, magnifique par sa Puissance, vrai par sa nature même, toujours exultant en sa propre éternité, possédant en lui-même la Sagesse et les attributs de la Vie, au moyen desquels encore il embrasse les douze Membres de sa Lumière, à savoir les richesses débordantes de son propre Royaume. [ ...l Ses Royaumes, d'une extrême splendeur, ont été si bienfondés sur la bien-heureuse Terre de la Lumière que nul ne peut jamais les ébranler ou les renverser. Confinant à une partie et à un côté de cette sainte Terre éclatante de Lumière, il y avait, masse immense et profonde, la Terre des Ténèbres, où habitaient des corps ignés, genres de pestiférés. Ici c 'étaient des Ténèbres infinies émanant de la même Nature, avec leurs innombrables rejetons ; au-delà les Eaux bourbeuses et furieuses, avec leurs habitants, et, en leur centre, les Vents — qui avaient leur Prince et leurs géniteurs — soufflaient avec une violence terrifiante. Puis venait la Région corruptible du Feu, contenant ses Chefs et ses Nations. A l'intérieur encore de cette Région, se trouvait une race toute de sombre Fumée : c'est en elle que résidait le Prince féroce, Souverain de tous, entouré de Princes innombrables, dont il était lui-même 1'« esprit » et qui tiraient de lui leur origine. Telles étaient les cinq Natures de la Terre de la Peste. »

 

« L'Homme Primordial se cuirassa avec les cinq espèces qui sont les cinq dieux : la brise, le vent, la lumière, l'eau et le feu. Il s'en servit comme armes. Le premier de ces revêtements fut la brise, puis sur cette grande brise splendide, il s'enveloppa de la pleine lumière rayonnante, il recouvrit la lumière avec l'eau fine et légère, enfin il fixa comme une toile le souffle du vent. Il se saisit alors du feu comme bouclier et il descendit promptement du paradis jusqu'à ce qu'il parvînt à la frontière qui limite la région en guerre. » Fihrist.

 

« Mais l'Homme Primordial et ses « éléments » sont engloutis par les démons : ainsi l'affrontement du Temps Médian commence par une défaite de la Lumière qui est « mélangée » à la substance des Ténèbres. Le mythe se poursuit et il expose, dans sa transposition imagée, la suite du Combat. En effet, ce premier échec n'était qu'apparent : la « race » des Ténèbres était tombée dans le piège qui lui était tendu, car il y a incompatibilité absolue entre les deux « substances ». Les démons seront obligés de rejeter cette Lumière, qu'ils ne peuvent assimiler, et la stratégie divine atteindra son but. » F. Decret, Mani et la tradition manichéenne.

 

« Mani a dit : « Il créa ensuite le Soleil et la Lune pour la purification de la Lumière qui est dans ce monde. Le Soleil purifie la Lumière qui a été souillée par les "Démons du chaud" et la Lune purifie la Lumière souillée par les "Démons du froid". Cette Lumière est purifiée dans la Colonne de Louange où elle remonte avec les hommages et les glorifications et les bonnes paroles et les actions pieuses. » Et il dit : « Tout cela parvient au Soleil qui le transmet à une Lumière supérieure dans le Monde de la Glorification... » Ibn an-Nadîm.

 

[Sur le grand Luminaire] « sont exposés de belles jeunes filles et de beaux jeunes gens dont les corps d'une grâce parfaite enflamment les passions des Princes des Ténèbres, mâles pour femelles et femelles pour mâles, afin que, dans l'ardeur de la concupiscence et le désir de la jouissance, les membres de Dieu soient délivrés de leurs liens ignobles et impurs » Contra Faustum, XX, 6.

 

Cosmogonie du mythe manichéen
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