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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

LA GENÈSE, le récit biblique initiale (mythe cosmogonique abrahamique)

Traduction Zadok Kahn

 

LA CRÉATION DU MONDE

 

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre n’était que solitude et chaos ; des ténèbres couvraient la face de l’abîme, et le souffle de Dieu planait à la surface des eaux. Dieu dit :

« Que la lumière soit ! »

Et la lumière fut.

Dieu considéra que la lumière était bonne, et il établit une distinction entre la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et les ténèbres, il les appela Nuit. Il fut soir, il fut matin, un jour.

Dieu dit :

« Qu’un espace s’étende au milieu des eaux et forme une barrière entre les unes et les autres. »

Dieu fit l’espace, opéra une séparation entre les eaux qui sont au-dessous et les eaux qui sont au-dessus, et cela demeura ainsi. Dieu nomma cet espace le Ciel. Le soir se fit, le matin se fit ; second jour.

Dieu dit : « Que les eaux répandues sous le ciel se réunissent sur un même point, et que le sol apparaisse. »

Cela s’accomplit. Dieu nomma le sol la Terre, et l’agglomération des eaux, il la nomma les Mers. Et Dieu considéra que c’était bien.

Dieu dit :

« Que la terre produise des végétaux : des herbes renfermant une semence ; des arbres fruitiers portant, selon leur espèce, un fruit qui perpétue sa semence sur la terre. »

Et cela s’accomplit. La terre donna naissance aux végétaux : aux herbes qui développent leur semence selon leur espèce, et aux arbres portant, selon leur espèce, un fruit qui renferme sa semence. Et Dieu considéra que c’était bien. Le soir se fit, le matin se fit ; troisième jour.

Dieu dit :

« Que des corps lumineux apparaissent dans l’espace des cieux, pour distinguer entre le jour et la nuit ; ils serviront de signes pour les saisons, pour les jours, pour les années ; et ils serviront de luminaires, dans l’espace céleste, pour éclairer la terre. »

Et cela s’accomplit. Dieu fit les deux grands luminaires : le plus grand luminaire pour la royauté du jour, le plus petit luminaire pour la royauté de la nuit, et aussi les étoiles. Et Dieu les plaça dans l’espace céleste pour rayonner sur la terre ; pour régner le jour et la nuit, et pour séparer la lumière des ténèbres. Dieu considéra que c’était bien. Le soir se fit, le matin se fit ; quatrième jour.

Dieu dit :

« Que les eaux fourmillent d’une multitude animée, vivante ; et que des oiseaux volent au dessus de ta terre, à travers l’espace des cieux. »

Dieu créa les cétacés énormes, et tous les êtres animés qui se meuvent dans les eaux, où ils pullulèrent selon leurs espèces, puis tout ce qui vole au moyen d’ailes, selon son espèce ; et Dieu considéra que c’était bien. Dieu les bénit en disant :

« Croissez et multipliez remplissez les eaux, habitants des mers oiseaux, multipliez sur la terre ! »

Le soir se fit, le matin se fit ; cinquième jour.

Dieu dit :

« Que la terre produise des êtres animés selon leurs espèces : bétail, reptiles, bêtes sauvages de chaque sorte. » Et cela s’accomplit.

Dieu forma les bêtes sauvages selon leurs espèces, de même les animaux qui paissent, de même ceux qui rampent sur le sol. Et Dieu considéra que c’était bien. Dieu dit :

« Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail ; enfin sur toute la terre, et sur tous les êtres qui s’y meuvent. »

Dieu créa l’homme à son image ; c’est à l’image de Dieu qu’il le créa. Mâle et femelle furent créés à la fois. Dieu les bénit en leur disant :

« Croissez et multipliez ! Remplissez la terre et soumettez-la ! Commandez aux poissons de la mer, aux oiseaux du ciel, à tous les animaux qui se meuvent sur la terre ! »

Dieu ajouta :

« Or, je vous accorde tout herbage portant graine, sur toute la face de la terre, et tout arbre portant des fruits qui deviendront arbres par le développement du germe. Ils serviront à votre nourriture. Et aux animaux sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui se meut sur la terre et possède un principe de vie, j’assigne toute verdure végétale pour nourriture. »

Et il en fut ainsi. Dieu examina tout ce qu’il avait fait c’était éminemment bien. Le soir se fit, puis le matin ; ce fut le sixième jour.

Ainsi furent terminés les cieux et la terre, avec tout ce qu’ils renferment. Dieu mit fin, le septième jour, à l’oeuvre faite par lui ; et il se reposa, le septième jour, de toute l’oeuvre qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour et le proclama saint, parce qu’en ce jour il se reposa de l’oeuvre entière qu’il avait produite et organisée. [...]

 

 

LE JARDIN D'ÉDEN

 

Or, aucun produit des champs ne paraissait encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne poussait encore ; car l’Éternel-Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre, et d’homme, il n’y en avait point pour cultiver la terre. Mais une exhalaison s’élevait de la terre et humectait toute la surface du sol. L’Éternel-Dieu façonna l’homme (poussière détachée du sol), fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant.

L’Éternel-Dieu planta un jardin en Éden, vers l’orient et y plaça l’homme qu’il avait façonné. L’Éternel-Dieu fit surgir du sol toute espèce d’arbres, beaux à voir et propres à la nourriture ; et l’arbre de vie au milieu du jardin, avec l’arbre de la science du bien et du mal. Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin ; de là il se divisait et formait quatre bras. Le nom du premier : Pichon ; c’est celui qui coule tout autour du pays de Havila, où se trouve l’or. L’or de ce pays-là est bon ; là aussi le bdellium et la pierre de chôham. Le nom du deuxième fleuve : Ghihôn ; c’est lui qui coule tout autour du pays de Kouch. Le nom du troisième fleuve : Hiddékel ; c’est celui qui coule à l’orient d’Assur ; et le quatrième fleuve était l’Euphrate.

L’Éternel-Dieu prit donc l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le soigner. L’Éternel-Dieu donna un ordre à l’homme, en disant :

« Tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir ; mais l’arbre de la science du bien et du mal, tu n’en mangeras point : car du jour où tu en mangeras, tu dois mourir ! »

L’Éternel-Dieu dit :

« Il n’est pas bon que l’homme soit isolé ; je lui ferai une aide digne de lui. »

L’Éternel-Dieu avait formé de matière terrestre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel. Il les amena devant l’homme pour qu’il avisât à les nommer ; et telle chaque espèce animée serait nommée par l’homme, tel serait son nom.

L’homme imposa des noms à tous les animaux qui paissent, aux oiseaux du ciel, à toutes les bêtes sauvages ; mais pour lui-même, il ne trouva pas de compagne qui lui fût assortie.

L’Éternel-Dieu fit peser une torpeur sur l’Homme, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes, et forma un tissu de chair à la place. L’Éternel-Dieu organisa en une femme la côte qu’il avait prise à l’homme, et il la présenta à l’homme. Et l’homme dit :

« Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair ; celle-ci sera nommée Icha, parce qu’elle a été prise de Ich. »

C’est pourquoi l’homme abandonne son père et sa mère ; il s’unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair.

Or ils étaient tous deux nus, l’homme et sa femme, et ils n’en éprouvaient point de honte. Mais le serpent était rusé, plus qu’aucun des animaux terrestres qu’avait faits l’Éternel-Dieu. Il dit à la femme :

« Est-il vrai que Dieu a dit : vous ne mangerez rien de tous les arbres du jardin ? »

La femme répondit au serpent : « Les fruits des arbres du jardin, nous pouvons en manger ; mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez point, sous peine de mourir. »

Le serpent dit à la femme :

« Non, vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que, du jour où vous en mangerez, vos yeux seront dessillés, et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal. »

La femme jugea que l’arbre était bon comme nourriture, qu’il était attrayant à la vue et précieux pour l’intelligence ; elle cueillit de son fruit et en mangea ; puis en donna à son époux, et il mangea. Leurs yeux à tous deux se dessillèrent, et ils connurent qu’ils étaient nus ; ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et s’en firent des pagnes. Ils entendirent la voix de l’Éternel-Dieu, parcourant le jardin du côté d’où vient le jour. L’homme et sa compagne se cachèrent de la face de l’Éternel-Dieu, parmi les arbres du jardin. L’Éternel-Dieu appela l’homme, et lui dit :

« Où es-tu ? »

Il répondit :

« J’ai entendu ta voix dans le jardin ; j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. »

Alors il dit :

« Qui t’a appris que tu étais nu ? Cet arbre dont je t’avais défendu de manger, tu en as donc mangé ? »

L’homme répondit :

« La femme que tu m’as associée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’ai mangé. »

L’Éternel-Dieu dit à la femme :

« Pourquoi as-tu fait cela ? »

La femme répondit :

« Le serpent m’a entraînée, et j’ai mangé. »

L’Éternel-Dieu dit au serpent :

« Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et entre toutes les créatures terrestres : tu te traîneras sur le ventre, et tu te nourriras de poussière tous les jours de ta vie. Je ferai régner la haine entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne : celle-ci te visera à la tête, et toi, tu l’attaqueras au talon. »

À la femme il dit :

« J’aggraverai tes labeurs et ta grossesse ; tu enfanteras avec douleur ; la passion t’attirera, vers ton époux, et lui te dominera. »

Et à l’homme il dit :

« Parce que tu as cédé à la voix de ton épouse, et que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais enjoint de ne pas manger, maudite est la terre à cause de toi : c’est avec effort que tu en tireras ta nourriture, tant que tu vivras. Elle produira pour toi des buissons et de l’ivraie, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre d’où tu as été tiré : car poussière tu fus, et poussière tu redeviendras ! »

L’homme donna pour nom à sa compagne « Ève » parce qu’elle fut la mère de tous les vivants. L’Éternel-Dieu fit pour l’homme et pour sa femme des tuniques de peau, et les en vêtit. L’Éternel-Dieu dit :

« Voici l’homme devenu comme l’un de nous, en ce qu’il connaît le bien et le mal. Et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l’arbre de vie ; il en mangerait, et vivrait à jamais. »

Et l’Éternel-Dieu le renvoya du jardin d’Éden, pour cultiver la terre d’où il avait été tiré. Ayant chassé l’homme, il posta en avant du jardin d’Éden les chérubins, avec la lame de l’épée flamboyante, pour garder les abords de l’arbre de vie.

 

 

DE CAÏN À NOÉ

 

Or, l’homme s’était uni à Ève, sa femme. Elle conçut et enfanta Caïn, en disant :

« J’ai fait naître un homme, conjointement avec l’Éternel ! »

Elle enfanta ensuite son frère, Abel. Abel devint pasteur de menu bétail, et Caïn cultiva la terre. Au bout d’un certain temps, Caïn présenta, du produit de la terre, une offrande au Seigneur ; et Abel offrit, de son côté, des premiers-nés de son bétail, de leurs parties grasses. Le Seigneur se montra favorable à Abel et à son offrande, mais à Caïn et à son offrande il ne fut pas favorable ;

Caïn en conçut un grand chagrin, et son visage fut abattu. Le Seigneur dit à Caïn :

« Pourquoi es-tu chagrin, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu t’améliores, tu pourras te relever, sinon le Péché est tapi à ta porte : il aspire à t’atteindre, mais toi, sache le dominer ! »

Caïn parla à son frère Abel ; mais il advint, comme ils étaient aux champs, que Caïn se jeta sur Abel, son frère, et le tua. L’Éternel dit à Caïn :

« Où est Abel ton frère ? »

Il répondit :

« Je ne sais ; suis-je le gardien de mon frère ? »

Dieu dit :

« Qu’as-tu fait ! Le cri du sang de ton frère s’élève, jusqu’à moi, de la terre. Eh bien ! tu es maudit à cause de cette terre, qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère ! Lorsque tu cultiveras la terre, elle cessera de te faire part de sa fécondité ; tu seras errant et fugitif par le monde. »

Caïn dit à l’Éternel :

« Mon crime est trop grand pour qu’on me supporte. Vois, tu me proscris aujourd’hui de dessus la face de la terre ; mais puis-je me dérober à ta face ? Je vais errer et fuir par le monde, mais le premier qui me trouvera me tuera. »

L’Éternel lui dit :

« Aussi, quiconque tuera Caïn sera puni au septuple. »

Et l’Éternel le marqua d’un signe, pour que personne, le rencontrant, ne le frappât. Caïn se retira de devant l’Éternel, et séjourna dans le pays de Nôd, à l’orient d’Éden. Caïn connut sa femme ; elle conçut et enfanta Hénoc. Caïn bâtissait alors une ville, qu’il désigna du nom de son fils Hénoc. Hénoc devint père d’Iràd ; celui-ci engendra Mehouyaél, qui engendra Lamec. Lamec prit deux femmes, la première nommée Ada, et la seconde Cilla. Ada enfanta Jabal, souche de ceux qui habitent sous des tentes et conduisent des troupeaux. Le nom de son frère était Jabal : celui ci fut la souche de ceux qui manient la harpe et la lyre. Cilla, de son côté, enfanta Tubalcaïn, qui façonna toute sorte d’instruments de cuivre et de fer, et qui eut pour soeur Naama. Lamec dit à ses femmes :

« Ada et Cilla, écoutez ma voix ! Femmes de Lamec, prêtez l’oreille à ma parole ! J’ai tué un homme parce qu’il m’avait frappé, et un jeune homme à cause de ma blessure. Si Caïn doit être vengé sept fois, Lamec le sera soixante-dix-sept fois. »

Adam connut de nouveau sa femme ; elle enfanta un fils, et lui donna pour nom Seth :

« Parce que Dieu m’a accordé une nouvelle postérité au lieu d’Abel, Caïn l’ayant tué. »

À Seth, lui aussi, il naquit un fils ; il lui donna pour nom Énos. Alors on commença d’invoquer le nom de l’Éternel. [...]

Après avoir engendré Seth, Adam vécut huit cents ans, engendrant des fils et des filles.

Tout le temps qu’Adam vécut fut donc de neuf cent trente ans ; et il mourut.

Après avoir engendré Énos, Seth vécut huit cent sept ans, engendrant des fils et des filles. Tous les jours de Seth furent de neuf cent douze ans, après quoi il mourut. Énos vécut quatre-vingt-dix ans, et engendra Kênân. Enos vécut, après avoir engendré Kênân, huit cent quinze ans ; et il eut des fils et des filles. Tous les jours d’Énos furent de neuf cent cinq ans, après quoi il mourut. Kênân, ayant vécu soixante-dix ans, engendra Mahalalêl. Kènan vécut, après la naissance, de Mahalalêl, huit cent quarante ans, et eut des fils et des filles. Toute la vie de Kênân fut de neuf cent dix ans, après quoi il mourut. Mahalalêl, ayant vécu soixante-cinq ans, engendra Yéred. Mahalalél, après avoir engendré Yéred, vécut huit cent trente ans, et engendra des fils et des filles. Tous les jours de Mahalalèl furent de huit cent quatre-vingt-quinze ans, puis il mourut. Véred, ayant vécu cent soixante-deux ans, engendra Hénoc. Yéred vécut, après la naissance d’Hénoc, huit cents ans ; il eut des fils et des filles. La vie entière de Yéred fut de neuf cent soixante-deux ans, après quoi il mourut. Hénoc vécut soixante-cinq ans, et engendra Mathusalem. Hénoc se conduisit selon Dieu, après avoir engendré Mathusalem, durant trois cents ans, et engendra des fils et des filles. Tous les jours d’Hénoc furent de trois cent soixante-cinq ans ; Hénoc se conduisait selon Dieu, lorsqu’il disparut, Dieu l’ayant retiré du monde. Mathusalem, ayant vécu cent quatre-vingt-sept ans, engendra Lamec. Mathusalem vécut, après avoir engendré Lamec, sept cent quatre-vingt-deux ans ; il eut encore des fils et des filles. Tous les jours de Mathusalem furent de neuf cent soixante-neuf ans, après quoi il mourut.

Lamec, ayant vécu cent quatre-vingt-deux ans, engendra un fils. Il énonça son nom Noé, en disant :

« Puisse-t-il nous soulager de notre tâche et du labeur de nos mains, causé par cette terre qu’a maudite l’Éternel ! » Lamec vécut, après avoir engendré Noé, cinq cent quatre-vingt-quinze ans ; il engendra des fils et des filles. Toute la vie de Lamec fut de sept cent soixante-dix sept ans ; et il mourut.

Noé, étant âgé de cinq cents ans, engendra Sem, puis Cham et Japhet.

 

 

LE DÉLUGE

 

Or, quand les hommes eurent commencé à se multiplier sur la terre, et que des filles leur naquirent, les fils de la race divine trouvèrent que les filles de l’homme étaient belles, et ils choisirent pour femmes toutes celles qui leur convinrent.

L’Éternel dit :

« Mon esprit n’animera plus les hommes pendant une longue durée, car lui aussi devient chair. Leurs jours seront réduits à cent vingt ans. »

Les Nephilims parurent sur la terre à cette époque et aussi depuis, lorsque les hommes de Dieu se mêlaient aux filles de l’homme et qu’elles leur donnaient des enfants. Ce furent ces forts d’autrefois, ces hommes si renommés. L’Éternel vit que les méfaits de l’homme se multipliaient sur la terre, et que le produit des pensées de son cœur était uniquement, constamment mauvais ; et l’Éternel regretta d’avoir créé l’homme sur la terre, et il s’affligea en lui-même. Et l’Éternel dit :

« J’effacerai l’homme que j’ai créé de dessus la face de la terre ; depuis l’homme jusqu’à la brute, jusqu’à l’insecte, jusqu’à l’oiseau du ciel, car je regrette de les avoir faits. »

Mais Noé trouva grâce aux yeux de l’Éternel. Noé fut un homme juste, irréprochable, entre ses contemporains ; il se conduisit selon Dieu. Noé engendra trois fils : Sem, Cham et Japhet.

Or, la terre s’était corrompue devant Dieu, et elle s’était remplie d’iniquité. Dieu considéra que la terre était corrompue, toute créature ayant perverti sa voie sur la terre. Et Dieu dit à Noé :

« Le terme de toutes les créatures est arrivé à mes yeux, parce que la terre, à cause d’elles, est remplie d’iniquité ; et je vais les détruire avec la terre. Fais-toi une arche de bois de gôfèr ; tu distribueras cette arche en cellules, et tu l’enduiras, en dedans et en dehors, de poix. Et voici comment tu la feras : trois cents coudées seront la longueur de l’arche ; cinquante coudées sa largeur, et trente coudées sa hauteur. Tu donneras du jour à l’arche, que tu réduiras, vers le

haut, à la largeur d’une coudée ; tu placeras la porte de l’arche sur le côté. Tu la composeras d’une charpente inférieure, d’une seconde et d’une troisième. Et moi, je vais amener sur la terre le Déluge (les eaux) pour détruire toute chair animée d’un souffle de vie sous les cieux ; tout ce qui habite la terre périra. J’établirai mon pacte avec toi : tu entreras dans l’arche, toi et tes fils, et ta femme et les femmes de tes fils avec toi. Et de tous les êtres vivants, de chaque espèce, tu en recueilleras deux dans l’arche pour les conserver avec toi : ce sera un mâle et une femelle. Des oiseaux selon leur espèce ; des quadrupèdes selon leur espèce ; de tout ce qui rampe sur la terre, selon son espèce, qu’un couple vienne auprès de toi pour conserver la vie. Munis-toi aussi de toutes provisions comestibles, et mets-les en réserve : pour toi et pour eux, cela servira de nourriture. »

Noé obéit, tout ce que Dieu lui avait prescrit, il l’exécuta ponctuellement.

L’Éternel dit à Noé :

« Entre, toi et toute ta famille, dans l’arche ; car c’est toi que j’ai reconnu honnête parmi cette génération. » De tout quadrupède pur, tu prendras sept couples, le mâle et sa femelle ; et des quadrupèdes non purs, deux, le mâle et sa femelle. De même, des oiseaux du ciel, respectivement sept, mâles et femelles, pour perpétuer les espèces sur toute la face de la terre. Car encore sept jours, et je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits ; et j’effacerai de la surface du sol tous les êtres que j’ai créés. »

Noé se conforma à tout ce que lui avait ordonné l’Éternel.

Or, il était âgé de six cents ans lorsque arriva le Déluge, ces eaux qui couvrirent la terre. Noé entra avec ses fils, sa femme, et les épouses de ses fils dans l’arche, pour se garantir des eaux du Déluge. Des quadrupèdes purs ; de ceux qui ne le sont point ; des oiseaux, et de tout ce qui rampe sur le sol, deux à deux ils vinrent vers Noé dans l’arche, mâles et femelles, ainsi que Dieu l’avait prescrit à Noé. Au bout des sept jours, les eaux du Déluge étaient sur la terre. Dans l’année six cent de la vie de Noé, le deuxième mois, le dix-septième jour du mois, en ce jour jaillirent toutes les sources de l’immense Abîme, et les cataractes du ciel s’ouvrirent. La pluie tomba sur la terre, quarante jours et quarante nuits.

Ce jour-là même étaient entrés dans l’arche : Noé, Sem, Cham et Japhet, fils de Noé, et avec eux la femme de Noé et les trois femmes de ses fils ; eux, et toute bête fauve selon son espèce, et tout le bétail selon son espèce, et tout animal rampant sur la terre selon son espèce, et tout volatile selon son espèce : tout oiseau, tout être ailé. Ils vinrent vers Noé, dans l’arche, deux à deux, de toutes les espèces douées du souffle de vie. Ceux qui entrèrent furent le mâle et la femelle de chaque espèce, comme Dieu l’avait commandé. Alors l’Éternel ferma sur Noé la porte de l’arche. Le Déluge ayant duré quarante jours sur la terre, les eaux, devenues grosses, soulevèrent l’arche, qui se trouva au-dessus de la terre. Les eaux augmentèrent et grossirent considérablement sur la terre, de sorte que l’arche flotta à la surface des eaux. Puis les eaux redoublèrent d’intensité sur la terre et les plus hautes montagnes qui sont sous le ciel furent submergées. De quinze coudées plus haut les eaux s’étaient élevées ; et les montagnes avaient disparu. Alors périt toute créature se mouvant sur la terre : oiseaux, bétail, bêtes sauvages, tous les êtres pullulant sur la terre, et toute l’espèce humaine. Tout ce qui était animé du souffle de la vie, tout ce qui peuplait le sol, expira. Dieu effaça toutes les créatures qui étaient sur la face de la terre, depuis l’homme jusqu’à la brute, jusqu’au reptile, jusqu’à l’oiseau du ciel et ils furent effacés de la terre. Il ne resta que Noé et ce qui était avec lui dans l’arche. La crue des eaux sur la terre dura cent cinquante jours.

Alors Dieu se souvint de Noé, et de tous les animaux sauvages et domestiques qui étaient avec lui dans l’arche. Dieu fit passer un souffle sur la terre, et les eaux se calmèrent. Les sources de l’Abîme et les cataractes célestes se refermèrent, et la pluie ne s’échappa plus du ciel. Les eaux se retirèrent de dessus la terre, se retirèrent par degrés ; elles avaient commencé à diminuer au bout de cent cinquante jours. Le septième mois, le dix-septième jour du mois, l’arche s’arrêta sur les monts Ararat. Les eaux allèrent toujours décroissant jusqu’au dixième mois ; le premier jour du dixième mois, apparurent les cimes des montagnes. Au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre qu’il avait pratiquée à l’arche.

Il lâcha le corbeau, qui partit, allant et revenant jusqu’à ce que les eaux eussent laissé la terre à sec. Puis, il lâcha la colombe, pour voir si les eaux avaient baissé sur la face du sol. Mais la colombe ne trouva pas de point d’appui pour la plante de ses pieds, et elle revint vers lui dans l’arche, parce que l’eau couvrait encore la surface de la terre. Il étendit la main, la prit et la fit rentrer auprès de lui dans l’arche. Il attendit encore sept autres jours, et renvoya de nouveau la colombe de l’arche. La colombe revint vers lui sur le soir, tenant dans son bec une feuille d’olivier fraîche. Noé jugea que les eaux avaient baissé sur la terre. Ayant attendu sept autres jours encore, il fit partir la colombe, qui ne revint plus auprès de lui. Ce fut dans la six cent unième année, au premier mois, le premier jour du mois, que les eaux laissèrent la terre à sec. Noé écarta le plafond de l’arche et vit que la surface du sol était desséchée. Et au deuxième mois, le vingt-septième jour du mois, la terre était sèche. Dieu parla à Noé en ces termes :

« Sors de l’arche, toi et ta femme, et tes fils et leurs femmes avec toi. Tout être vivant de toute espèce qui est avec toi : volatile, quadrupède, reptile se traînant sur la terre, fais-les sortir avec toi ; qu’ils foisonnent dans la terre, qu’ils croissent et multiplient sur la terre ! »

Noé sortit avec ses fils, sa femme, et les femmes de ses fils. Tous les quadrupèdes, tous les reptiles, tous les oiseaux, tout ce qui se meut sur la terre sortit, selon ses espèces, de l’arche. Noé érigea un autel à l’Éternel ; il prit de tous les quadrupèdes purs, de tous les oiseaux purs, et les offrit en holocauste sur l’autel. L’Éternel aspira la délectable odeur, et il dit en lui-même :

« Désormais, je ne maudirai plus la terre à cause de l’homme, car les conceptions du coeur de l’homme sont mauvaises dès son enfance ; désormais, je ne frapperai plus tous les vivants, comme je l’ai fait. Plus jamais, tant que durera la terre, semailles et récolte, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit, ne seront interrompus. »

Dieu bénit Noé et ses fils, en leur disant :

« Croissez et multipliez, et remplissez la terre ! Que votre ascendant et votre terreur soient sur tous les animaux de la terre et sur tous les oiseaux du ciel ; tous les êtres dont fourmille le sol, tous les poissons de la mer, est livrés en vos mains. Tout ce qui se meut, tout ce qui vit, servira à votre nourriture ; de même que les végétaux, je vous livre tout. Toutefois aucune créature, tant que son sang maintient sa vie, vous n’en mangerez. Toutefois encore, votre sang, qui fait votre vie, j’en demanderai compte : je le redemanderai à tout animal et à l’homme lui-même, si l’homme frappe son frère, je redemanderai la vie de l’homme. Celui qui verse le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé car l’homme a été fait à l’image de Dieu. Pour vous, croissez et multipliez ; foisonnez sur la terre et devenez y nombreux. »

Dieu adressa à Noé et à ses enfants ces paroles :

« Et moi, je veux établir mon alliance avec vous et avec la postérité qui vous suivra ; et avec toute créature vivante qui est avec vous, oiseaux, bétail, animaux des champs qui sont avec vous, tous les animaux terrestres qui sont sortis de l’arche. Je confirmerai mon alliance avec vous nulle chair, désormais, ne périra par les eaux du déluge ; nul déluge, désormais, ne désolera la terre. »

Dieu ajouta :

« Ceci est le signe de l’alliance que j’établis, pour une durée perpétuelle, entre moi et vous, et tous les êtres animés qui sont avec vous. J’ai placé mon arc dans la nue et il deviendra un signe d’alliance entre moi et la terre. A l’avenir, lorsque j’amoncellerai des nuages sur la terre et que l’arc apparaîtra dans la nue, je me souviendrai de mon alliance avec vous et tous les êtres animés et les eaux ne deviendront plus un déluge, anéantissant toute chair. L’arc étant dans les nuages, je le regarderai et me rappellerai le pacte perpétuel de Dieu avec toutes les créatures vivantes qui sont sur la terre. Dieu dit à Noé :

« C’est là le signe de l’alliance que j’ai établie entre moi et toutes les créatures de la terre. »

Les fils de Noé qui sortirent de l’arche furent Sem, Cham et Japhet ; Cham était le père de Canaan. Ce sont là les trois fils de Noé par lesquels toute la terre fut peuplée.

Noé, auparavant cultivateur, planta une vigne. Il but de son vin et s’enivra, et il se mit à nu au milieu de sa tente. Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père, et alla dehors l’annoncer à ses deux frères. Sem et Japhet prirent la couverture, la déployèrent sur leurs épaules, et, marchant à reculons, couvrirent la nudité de leur père, mais ne la virent point, leur visage étant retourné. Noé, réveillé de son ivresse, connut ce que lui avait fait son plus jeune fils, et il dit :

« Maudit soit Canaan ! Qu’il soit l’esclave des esclaves de ses frères ! »

Il ajouta : « Soit béni l’Éternel, divinité de Sem et que Canaan soit leur esclave, que Dieu agrandisse Japhet ! Qu’il réside dans les tentes de Sem et que Canaan soit leur esclave ! »

Noé vécut, après le Déluge, trois cent cinquante ans. Toute la vie de Noé avait été de neuf cent cinquante ans lorsqu’il mourut. Voici la descendance des fils de Noé, Sem, Cham et

Japhet, à qui des enfants naquirent après le Déluge.

 

[Énumération de la descendance de Noé et de ses fils Sem, Japhet et Cham.]1

 

 

LA TOUR DE BABEL

 

Toute la terre avait une même langue et des paroles semblables. Or, en émigrant de l’Orient, les hommes avaient trouvé une vallée dans le pays de Sennaar, et s’y étaient arrêtés. Ils se dirent l’un à l’autre :

« Préparons des briques et cuisons-les au feu. »

Et la brique leur tint lieu de pierre, et le bitume de mortier. Ils dirent :

« Allons, bâtissons-nous une ville, et une tour dont le sommet atteigne le ciel ; faisons-nous un établissement durable, pour ne pas nous disperser sur toute la face de la terre. »

Le Seigneur descendit sur la terre, pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils de l’homme ; et il dit :

« Voici un peuple uni, tous ayant une même langue. C’est ainsi qu’ils ont pu commencer leur entreprise et dès lors tout ce qu’ils ont projeté leur réussirait également. Ici même, confondons leur langage, de sorte que l’un n’entende pas le langage de l’autre. »

Le Seigneur les dispersa donc de ce lieu sur toute la face de la terre, les hommes ayant renoncé à bâtir la ville. C’est pourquoi on la nomma Babel, parce que là le Seigneur confondit le langage de tous les hommes et de là l’Éternel les dispersa sur toute la face de la terre.

1« Tels sont les fils de Japhet : Gomer, Iavan, Thiras, Madai, Magog, Mosoch, Thubal. Les enfants de Gomer ou Kmer sont les Kmiris, les Cimbres, les Cimmériens, d’où vient le nom de la Crimée ou de la Chersonèse Cimbrique, au nord de l’Europe. Les enfants de Iavan ou Ion sont les Ioniens établis d’abord dans l’Asie Mineure et ensuite dans la Grèce. Les peuples ioniens ont pris ensuite le nom d’Hellènes, d’après Hellen, fils de Iavan. Les Thraces viennent de Thiras. Madai est le père des Mèdes, Magog l’ancêtre des Scythes, Mosoch, des Moscovites, Thubal, des Tibelli ou Ibériens. Le souvenir de ce nom de Magog se conserva longtemps. On voyait à la porte de plusieurs églises deux statues à figure barbare qui se nommaient Gog et Magog ; on les voit aussi à l’Hôtel de Ville de Londres, au palais Guild Hall. Les fils de Gomer sont les Askènes, qui ont donné leur nom au Pont-Euxin ; les Riphei, d’où les Riphai Montes, ou Mont Obi ; Thogorama, d’où les Turcomans. Les découvertes des signes égyptiens et des caractères cunéiformes de l’Assyrie ont expliqué bien des choses sur la race de Japhet. Dans les textes cunéiformes, Madai veut dire la Médie, Iavinus ou Iavan veut dire l’Ionie ou la Grèce. C’est ce que l’on voit dans le palais de Korsabad ou à l’inscription de Béhistoun. Sidonis veut dire Sidon dans le cylindre de Sennachérib ; Gibal, c’est Biblos. Ces derniers noms, Thubal et Mosoch, se retrouvent dans les monuments assyriens. Gomer se dit Gimirai dans les textes cunéiformes. » Adam-Charles-Gustave, Cours d’archéologie - les Indes, l’Égypte, l’Assyrie, la Palestine, Desmazures, Montréal, 1890.

LA GENÈSE, le récit biblique initiale (mythe cosmogonique abrahamique)
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