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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

De la Grèce ORPHIQUE à la quête du GRAAL

A. Hoog, préface à Perceval de Chrétien de Troyes

 

D'où vient-elle donc, cette mythologie naturelle de l'Occident ? Le Moyen Âge l'a reçue de la Grèce orphique, et ne l'a pas trouvée inconciliable avec la symbolique chrétienne. La plus haute tentative de dépassement métaphysique des hommes nés, avant le christianisme, au carrefour d'Europe et d'Asie, se conjugue dans l'histoire du Graal avec la nouvelle liberté. [...] Récits mythiques ou rituels d'initiation, ce qu'ils expriment, ce n'est rien moins que la destinée humaine confrontée à la mort et qui refuse de s'y tenir, son angoisse essentielle, son rêve éveillé, ce chant contre le mur, un vertige de dépassement qui n'est justifié par rien mon par son propre élan, les espérances contradictoires enfin de ce qu'il faut bien nommer salut. [...] Les chapelles d'Attis et d’Adonis, les confréries de Mithra, proposaient à leurs affiliés, selon leur élévation propre, une sorcellerie ou une métaphysique. Le fond magique ancestral affleure dans ces rites qui célèbrent la toute-puissance de la vie, le retour de la végétation sur la terre malade. Un cortège de femmes escorte déjà le dieu mort. Il ressuscite. Les danses de fertilité des Korybantes élèvent alors au-dessus des assistants les symboles phalliques de la lance et de la coupe.

Passé ce stade élémentaire, de plus hauts enseignements parlent au fidèle de sa mort symbolique, de sa résurrection et de son salut. Conduit aux extrémités de l'existence, ravagé de nuit et de terreur, l'initié débouche dans une lumière soudaine, sur le monde de l'au-delà, celui dont on ne revient pas si l'on ne sait. Il prend dans un vase mystique la nourriture de vie. Le voilà éternel, uni à son dieu d'une union enivrante. Au banquet divin transformé pour toujours. Ces images préchrétiennes disparaissent.

Des siècles après, au sortir d'un long tunnel de silence, vers la fin du 12e siècle, une floraison de mythes surgit dans l'Occident chrétien latinisé. Ils parlent du Graal. Le Graal est une coupe de vie. Il n'est pas vrai de dire que le motif du Graal est lié au motif de la quête. Ces deux thèmes sont indépendants. Mais le Graal est associé à la terre malade. Des mystères anciens à la « matière de Bretagne » une chaîne est là, nous la reconstituons. Les rumeurs d'Avalon, de Cardoël et de Camaalot, qui sortent des forêts françaises et anglaises, on les a déjà entendues à la bouche des souterrains de la Phrygie. En retrouvant le vieux thème de la rédemption symbolique, la France épouse les permanentes images du salut. L’imagination chrétienne prend naturellement et sans effort la suite de l'imagination Païenne. À vrai dire, elles sont pour une part identique. Il n'est pas question en effet de doctrine, mais de mythe. Les auteurs du 13e siècle qui infléchissent l'histoire du Graal vers une interprétation chrétienne ont seulement fait triompher la bouleversante correspondance du christianisme avec les archétypes de l'inconscient mystique.

De la Grèce ORPHIQUE à la quête du GRAAL

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