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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Le LIVRE D'ARDA VIRAF (récit zoroastrien)

Illustrations du Livre d'Arda Viraf

Le Livre d'Arda Viraf fut probablement composé en moyen perse (pahlavi) sous l'empire sassanide (224 à 651 apr. J.-C.) mais sa rédaction définitive est bien plus tardive (v. 900 à 1 100 apr. J.-C.)

Le titre orignal est Arta Viraf-Namak. « Arta » signifie la justice, c'est le pendant perse au Rta védique. Il s'agit de l'ordre cosmique assurant la stabilité de l'Univers. « Viraf » est un prénom. « Namak » signifie livre. Littéralement, Arta Viraf-Namak se traduirait par « Le Livre de Viraf le juste. »

La qualité littéraire de ce récit est moindre et il ne s'agit pas d'un texte sacré, ni inclus dans la liturgie zoroastrienne. Il s'agit pourtant d'un des derniers textes inclus dans le canon zoroastrien classique. Composé alors que cette doctrine était la religion d'état de l'empire sassanide, il ne fut mis à l'écrit que de nombreux siècles plus tard, alors que la communauté mazdéenne subissait l'Inquisition islamique.

Dans son introduction au Livre d'Arda Viraf, Charles F. Horne, prévient :

« De son auteur nous ne savons rien, exempté ce que nous en dit le livre lui-même. Il est parfois attribué à un religieux érudit qui a écrit des commentaires de l'Avesta sous l'empire Sassanide. [...] Il est bon de noter que selon la religion zoroastrienne, l'enfer n'est pas un châtiment éternel, mais ne dure que jusqu'à la rénovation du monde. »

Ce texte est donc mystérieux. Ceux qui ignorent les spiritualités indiennes y retrouveront l'influence du christianisme. Ceux qui dénient au texte d'avoir été composé sous les Sassanides, y trouveront l'influence de l'islam. Les familiers des anciennes spiritualités panthéistes trouveront quant à eux quelques thèmes chers à la culture indo-européenne, tels que l'Hadès, le pont qui traverse une rivière infernale, les morts qui souffrent éternellement d'une peine liée aux fautes qu'ils ont commis sur terre etc.

Quant aux indianistes et hindous, ils trouveront dans ce texte une version perse de ce que certains puranas décrivent comme le Naraka : un enfer divisé en une infinité de petites grottes qui sont autant de salles de torture. Ce Naraka est aussi nommé Yamaloka, c’est-à-dire le domaine de Yama, dieu de la mort. Cependant, Yama n'est ni Ahriman, l'Esprit du Mal, ni Satan son pendant abrahamique. Yama est un juge, un fils du soleil, un monarque qui n'est pas cruel mais juste. Si les yamadutas, les monstres des enfers, sont sous ses ordres, lui-même est une figure paternelle et sereine. Yama est celui qui punit les morts, mais aussi le gardien de la vie. C'est lui qui défia Bouddha afin que la stabilité de l’Univers ne soit pas perturbée par l'accès au paranirvana du Shakyamouni.

Au contraire, Ahriman est lui-même un monstre. Il est le plus cruel, le plus actif, le plus violent de tous les monstres de l'enfer. En cela, il correspond parfaitement au Sheitan des musulmans. Ahriman n'est cependant pas le Lucifer des chrétiens, il n'est pas tombé du ciel. Jumeau en négatif d'Ahura-Mazda, Ahriman n'a jamais été bon et n'a jamais porté la lumière. Dans le mazdéisme, le porteur de flambeaux est Mithra, la plus belle des créatures d'Ahura-Mazda.

Par ailleurs, on trouvera dans le Livre d'Arda Viraf une possible source d'inspiration du poète italien Dante Alighieri (1265-1321). Les universitaires y observèrent des similitudes laissant à penser que le poète italien s'inspira directement du Livre d'Arda Viraf pour composer sa Divine comédie. Plus qu'aucune autre, la vision infernale de Dante influencera la mythologie chrétienne de la Renaissance jusqu'à nos jours.

 

Le récit qui va suivre est adapté du texte anglais traduit du pahlavi par Martin Haug (1 827 – 1 876), professeur à l'université de Munich. Cette première version pour un public occidentale, fut révisée par le prêtre parsi Hoshangji Jamaspji Asa. Par ailleurs, Hoshangji publia l'édition originale du texte pahlavi à Bombay, en 1 872. Cette version connut six éditions entre sa parution en 1 872 et 1 971. La version anglaise de ce texte fut publiée par Martin Haug dans la prestigieuse revue The Sacred Books and Early Literature of the East (vol. 7, éd. Charles F. Horne, 1 917). Transcrite par Chris Weimer, cette version est disponible sur avesta.org.

Il existe une traduction française : Arta Viraf-Namak Ou Livre D'Arda Viraf par Adrien Barthélemy, publié en 1 887.

Des titres de chapitres et de parties ont été ajoutés pour la présente édition. Héritées du caractère oral de cette composition, des redondances inutiles à la compréhension du texte ont été supprimées.

 

Partie I - Introduction

1 - Au nom de Dieu

Il est dit qu'il était une fois, le pieux Zarathoustra établit la religion qu'il avait reçue et la propagea par le monde. Durant une période de 300 ans, cette religion était pure et les hommes la suivaient sans douter. Mais ensuite, le Mauvais Esprit, le Méchant, afin de les égarer, inspira Alexandre, le romain [sic] qui vivait alors en Égypte, à conquérir puis dévaster le pays des Aryens [la Perse, l'Iran], laissant derrière lui la guerre, la dévastation et diverses des plus sévères cruautés. Il assassina aussi le roi de Perse et détruisit les métropoles, démantela l'empire et désola le pays.

Cette religion fut alors consignée dans l'Avesta et ses commentaires, le Zend, qui furent écrits à l'encre d'or sur des parchemins en peaux de vache, puis déposés aux archives du temple de Stakhar Papakan [Ishtakhr, près de Persépolis et Chiraz.]

L’hostilité de ceux qui sont destinés au Mal, les méchants hérétiques, les pécheurs, tous portèrent Alexandre plus en avant, ce Romain qui habitait l’Égypte… Mais il finit par tous les immoler. Furent aussi massacrés des prêtres, des juges, des moines, d'autres dignitaires de la religion ainsi que des gens sages et compétents. Il sema la haine et la discorde entre la noblesse et les chefs des clans aryens. Enfin, en se suicidant, le tyran s’échappa en enfer.

Après son passage, régna la confusion parmi les Aryens. L'un affrontait l'autre et il n'y avait plus ni seigneur, ni dirigeant, ni chef, ni prêtre qui connaisse la religion. Tous doutaient de Dieu et les religions dissidentes, le scepticisme et de nombreuses sectes et différentes lois et codes pullulaient de par le monde.

Les choses furent ainsi jusqu'à ce qu'advienne le temps de la naissance du glorieux et immortel Ataropad-i Marspendan, dont le Denkard raconte qu'à sa naissance fut versé sur son corps du métal fondu. Alors, de nombreuses lois furent promulguées, inspirées et en accord avec les différentes religions et les différentes croyances. Le peuple qui croyait en la religion gardée au temple de Stakhar Papakan doutait, mais il restait dans le pays des mages et des prêtres qui étaient restés fidèles, malgré leurs inquiétudes. Ceux-là se réunirent en assemblée dans la demeure du feu :

« Il est nécessaire que nous trouvions un moyen d'envoyer l'un de nous à la recherche de l'intelligence des Esprits, et qu'il revienne nous en éclairer. Il faut que nos contemporains sachent si les rituels, les cérémonies, les chants sacrés, les ablutions, les purifications, plaisent à Dieu ou au diable, et si tout ceci possède ou non le pouvoir de sauver nos âmes. »

Parmi cette foule, sept des plus croyants furent désignés pour sélectionner celui qui d'entre eux devait être choisi. Aucune de ces sept personnes n'avait le moindre doute envers Dieu et la religion ; leurs pensées, leurs paroles et leurs actes étaient des plus raisonnées et des plus appropriées.

Ces sept hommes s'assirent en tailleur, puis trois furent sélectionnés. Eux-mêmes en choisir un, qui s'appelait Viraf, et qui s'en venait de la ville de Nishapur [Khorassan, nord-est de l'Iran]. Quand celui-ci apprit la nouvelle, il se leva, joignit ses mains à hauteur de sa poitrine et parla ainsi :

« Si vous le désirez, donnez-moi donc la boisson narcotique qui convient à mon voyage, et si c'est moi que vous avez choisi, alors j'irai volontiers au pays des pieux et des méchants pour porter ce message et vous en rapporter sa véritable réponse. »

Ensuite, « la pensée correcte », puis « la parole correcte » et enfin « l'action correcte », furent attribuées à Viraf.

 

2 – La préparation du voyage de Viraf vers la réalité spirituelle

Ce Viraf avait sept sœurs qui toutes étaient pour lui comme ses femmes. Elles avaient appris par cœur les textes sacrés et récitaient les prières.

Quand elles apprirent les dessins de Viraf, elles entrèrent dans une colère noire, elles crièrent et hurlèrent, puis se présentèrent à l'assemblée des mazdéens. Après s'être prosternées, elles dirent :

« Ne faites pas ça, nous sommes sept sœurs et il est notre seul frère, tout autant qu'il est notre mari à toutes. Tout comme celui qui retire le linteau d'une porte verra la maison s'écrouler, nous sommes sept sœurs qui tirent de lui notre subsistance. Tout ce qui nous vient de lui nous vient de Dieu. En l'envoyant, avant son temps, du pays des vivants au pays des morts, vous commettez envers nous une injustice sans cause. »

Après avoir entendu ces paroles, les mazdéens assurèrent aux sept sœurs qu'au bout de sept jours, Viraf leur serait rendu sain et sauf, son nom ennoblit d'une heureuse renommée. Alors elles se calmèrent, satisfaites.

Viraf joignit ses mains à sa poitrine devant les mazdéens et leur dit ceci : « C'est la coutume que j'honore les ancêtres, que je mange de la nourriture et que je fasse un souhait. Ensuite, vous me donnerez le narcotique. » Ce à quoi les prêtres répondirent : « il en sera fait ainsi. »

Les prêtres choisirent alors un lieu dans le monde des esprits qui était situé à trente pas du Bien. Viraf se lava la tête et le corps, revêtit des vêtements neufs et s'entoura de la fumée de l'encens, puis plaça un tapis neuf et propre sous lui et en fit une couche. Il consacra les offrandes de nourriture, se souvint des ancêtres, et mangea. Les prêtres remplirent ses trois coupes en or avec du vin et du bhang [poussière de chanvre mélangée à du lait]. Ils tendirent la première coupe à Viraf en lui disant « voici la juste pensée », puis la seconde en disant « voici la juste parole », puis ils remplirent la troisième coupe en disant : « voici l'acte juste. » Alors, Viraf but le breuvage de vin et de narcotique. Encore conscient, il chanta quelques instants les grâces, puis s'endormit sur sa paillasse.

Sept jours et sept nuits durant, les mazdéens et les sept sœurs s'affairèrent à maintenir le foyer du feu éternel. Ils se tenaient dans l'obscurité comme des vigies. Les sept sœurs de Viraf étaient assises autour de son tapis et sept jours et sept nuits durant les récitations de l'Avesta furent répétés. Les prêtres, les moines et les sept sœurs ne relâchant jamais leur garde.

 

Partie II – Voyage vers les cieux

3 – Le retour

L'âme de Viraf s'en fut dès lors de son corps vers le pont de Chinwat, puis revint le septième jour dans son corps. Viraf s'éveilla alors comme s'il émergeait d'un rêve plaisant, joyeux et l'esprit plein de bénéfiques pensées [Vohu Manah].

Ses sœurs, ainsi que les prêtres et les mazdéens, quand ils virent Viraf content lui dirent : « Sois bienvenue Viraf, le messager de nous autres les mazdéens, qui est revenu du monde des morts pour rejoindre la réalité des vivants. Les prêtres et les moines s'inclinèrent devant Viraf qui leur répondit en s'inclinant à son tour, puis leur dit :

« J'ai pour vous la bénédiction d'Ahura-Mazda, le Seigneur, et des archanges ainsi que la bénédiction du pieux Zarathoustra, le descendant de Spitama. J'apporte aussi la bénédiction de Sraosha-le-pieu, de l'ange Adar, de la glorieuse religion mazdéenne. J'apporte aussi la bénédiction de ceux qui sont au paradis et qui s'y reposent dans le bonheur. »

Les prêtres lui répondirent :

« Tu es un ministre loyal, Viraf, tu es notre messager, à nous les mazdéens, que ces bénédictions te soient donc aussi adressées. Quoi que tu aies vu, relate-le nous fidèlement. »

C'est alors que Viraf leur répondit :

« Tout d'abord, donnez à manger à celui qui a faim et soif. Après seulement vous pourrez vous enquérir de ce qu'il a à vous dire. »

On lui apporta des mets savoureux et bien cuits, des bouillons, ainsi que de l'eau fraîche et du vin. On consacra aussi le gâteau cérémoniel. Viraf remercia, mangea, et après avoir fini son repas cérémoniel il chanta la grâce d'Ahura-Mazda et des archanges et remercia Haurvatat, la perfection de la plénitude et Amerdad, l'immortalité de l'existence. Encore une fois il remercia les archanges et récita encore des paroles sacrées.

Il ordonna ensuite qu'on aille chercher un écrivain sage et érudit. Un écrivain accomplit et cultivé fut amené devant lui et s'assit à ses côtés. Quoi que dise Viraf, ses paroles devaient être reproduites correctement, clairement et explicitement.

 

4 – Les trois premiers jours après la mort

Alors Viraf dicta :

« La première nuit, Sraosha-le-pieu et l'ange Adar vinrent à moi et s'inclinèrent devant moi en disant ceci : « sois le bienvenu, Arda Viraf, bien que tu te présentes avant ton heure. »

Je leur ai alors répondu que j'étais un messager, alors ils me prirent par la main et me firent franchir la première marche de la pensée juste, puis la seconde marche de la parole juste et enfin la troisième marche de l'acte juste. Puis je suis arrivé au pont de Chinwat. Celui-ci, construit par Ahura-Mazda lui-même, était très large et très solide. Depuis ce pont, j'apercevais les âmes des défunts qui depuis trois nuits étaient bloquées dans la partie supérieure de leurs corps. C'est alors que j'ai récité les paroles des Gathas : « heureux celui pour qui son propre bénéfice est aussi celui de n'importe quel autre. » Sur terre, de telles paroles apportent aux hommes le bonheur et la joie et il en allait de même où j'étais : alors que je les prononçais, un grand réconfort ainsi qu'une grande jouissance s’insufflèrent dans ces âmes en attente.

Alors que se levait la troisième aube, l'âme des pieux s'en est allée dans le doux parfum des arbres. Inspiré par Dieu, qui souffle le vent du sud, ce doux parfum passe à travers le nez des vivants.

Apparaissent alors devant eux leurs propres actions, sous la forme gracieuse d'une belle demoiselle, qui a grandi dans la vertu et qui possède de généreux seins lourds. Elle charme tout autant le cœur que l'âme. Cette vision était aussi brillante qu'elle était agréable et désirable.

C'est alors que l'âme du juste demanda à cette demoiselle : « qui es-tu ? Quelle personne es-tu ? Je n'ai jamais vu dans le monde des vivants une femme plus élégante et dont le corps est plus magnifique que le tien. »

Celle qui était ses propres actions et sa propre religion lui répondit : « Je suis tes actions, ô jeune aux justes pensées, aux justes paroles, aux correctes actions et à la bonne religion. C'est grâce à tes vœux et à tes actions que je suis aussi splendide, aussi parfumé, aussi triomphante et sans stress. Si je suis ainsi, c'est parce que tu as chanté les Gathas, que tu as consacré l'eau qui purifie et que tu as entretenu le feu sacré. De même, les justes qui venaient de loin et qui passaient près de toi, tu les honorais. Bien que je fusse solide, je me suis encore consolidé grâce à toi, bien que je fusse vertueuse, je le suis devenu encore plus à travers toi. Bien que précieuse, j'ai encore gagné avec toi. Moi qui étais déjà assise sur un trône resplendissant, j'ai encore plus resplendi à travers toi. Tes justes pensées, tes justes paroles et tes justes actions, tes longues séances de rituels et de communion avec Ahura-Mazda, t’honorent. Que de tout cela jaillisse la paix. »

 

5 – Le pont de Chinwat

Avec l'aide des anges Sraosha et Adar, je passais cependant facilement, heureusement, courageusement et triomphalement le pont du Chinwat. Les anges gardiens des justes et les esprits des ancêtres s'inclinèrent devant moi, Arda Viraf. Je reçus ainsi la protection de l'ange Mithra et de Rashnu-le-juste, de Vai-le-bon, de l'ange Warharan, et d'Ashtad, l'ange protecteur de l'Univers.

Rashnu tenait dans ses mains la balance en or et pesait le juste comme le méchant. C'est alors que Sraosha et l'ange Adar me prirent la main et me dirent :

« Viens avec nous, afin que l'on te montre le paradis et l'enfer, ainsi que les splendeurs, la gloire, la facilité, le confort, le plaisir, la joie, le délice, le contentement et le parfum qui est la récompense des justes quand ils rejoignent le ciel. Nous te montrerons aussi l'obscurité, le confinement, la honte, la mauvaise fortune, la détresse, le mal, la souffrance, la maladie, la peur, la terreur, la blessure, la puanteur des punitions des enfers, qui sont de toutes sortent et où exercent les démons, les sorciers et les pécheurs. Nous te montrerons où sont les justes et où sont les faux. Nous te montrerons la récompense qui attend les fidèles d'Ahura-Mazda, les archanges, et tout le bien qui réside dans les cieux, ainsi que tout le mal qui est en enfer. Nous te montrerons la réalité de Dieu et des archanges et la non-réalité d'Ahriman et des démons. Tu sauras enfin l'existence de la résurrection des morts et leur future incarnation. Nous te montrerons la récompense que réserve Ahura-Mazda aux justes. Nous te montrerons les tourments et les punitions de toutes sortes qui attendent les méchants au plus profond de l'enfer et que leur infligent Ahriman et ses démons. »

 

6 – Le purgatoire [Hamistagan]

Je vis les âmes d'une foule immobile. Alors que je leur demandai ce qu'il en était, Sraosha et Adar me répondirent :

« Cet endroit est appelé Hamistagan [l'immobile]. Les âmes restent ainsi immobiles jusqu'à ce qu'elles rejoignent un futur corps. Ce sont les âmes de ceux dont les actions positives et négatives se valent. Rapporte donc dans le monde des vivants qu'il ne faut pas laisser l'avarice et la vexation empêcher que se déroule une action. Celui qui possède à son compte plus de trois bonnes actions d'avances sur ses mauvaises va au ciel, ceux qui possèdent plus de mauvaises actions vont en enfers et ceux qui en ont trois ou autant, reste en Hamistagan jusqu'à ce qu'ils incorporent un nouveau corps. À part leur punition, qui est d'être exposé au froid et à la chaleur en fonction de l'évolution de l'atmosphère, ils ne connaissent pas d'autre souffrance. »

 

7 – La voie des étoiles

Ensuite, mon premier pas me mena vers le chemin des étoiles pour rejoindre Humat, où sont accueillies les pensées positives. Je vis alors scintiller comme des étoiles les âmes des justes, qui étaient assis sur des trônes radieux de splendeur et de gloire. J'ai demandé à Sraosha et Adar quel était ce lieu, et quels étaient ceux qui l'habitaient. Mes guides me répondirent :

« Voici la voie des étoiles. Ceux que tu vois là sont les âmes de ceux qui ne prient pas, ni ne chantent l'avesta, mais qui n'ont pas exercé la souveraineté, la domination ou le pouvoir. À travers leurs bonnes œuvres, ils sont donc tout de même devenus pieux. »

 

8 – La voie de la lune

Mon second pas me fit rejoindre Hukht, le domaine des paroles positives. Je vis une grande assemblée de pieux. « Quel est ce lieu, et qui sont ces gens ? » demandai-je alors à Sraosha et Adar, qui me répondirent :

« Voici la voie de la lune. Ceux que tu vois là sont les âmes de ceux qui ne prient pas, ni ne chantent l'Avesta, mais grâce à leurs bonnes œuvres, sont parvenus jusqu'ici. La lueur qui émane d'eux est semblable à celle de la lune. »

 

9 – La voie du soleil

Mon troisième pas me fit rejoindre Huvarsht, le domaine des actions bénéfiques. Là, brillait la plus brillante des lumières qui soit. Je vis alors les pieux assis sur des trônes et des tapis en or. De ces gens émanait une lueur semblable à celle du soleil. « Où sommes-nous ? » demandai-je à mes deux guides, qui me dirent :

« Voici la voie du soleil. Ceux que tu aperçois ont fait le bien sûr Terre, ils ont exercé la juste souveraineté, la juste domination et le juste pouvoir. »

 

Partie III – Le paradis

10 – Les larmes du bois vert

Mon quatrième pas me mena jusqu'à la radiance du Garonmana, le très glorieux paradis. Les âmes des morts se réunirent autour de nous et nous demandèrent leur bénédiction en nous lançant des louanges :

« Comment se fait-il que tu sois arrivé jusqu'à nous ? Comment as-tu fait pour quitter ce monde périssable et mauvais pour rejoindre ce monde-ci, éternel et immaculé ? Goûte donc à l'immortalité, car il s'agit du plaisir éternel. »

Ensuite, Adar, le feu sacré d'Ahura-Mazda, se rapprocha de moi, me salua et dit :

« Te voilà, Arda Viraf, le messager des mazdéens, toi qui t'es spécialisé dans l'offrande de bois vert ! »

Je le saluai en retour et lui répondis :

« Oui, ô Ange Adar, je suis ton serviteur. Alors que j'étais vivant, je n'avais de cesse de t'offrir en offrande des bouquets d'herbes sacrées et des parfums précieux… Ainsi, pourquoi me reproches-tu de ne t'avoir offert que du bois vert ? »

_ Suis-moi, que je te montre ce que tu m'as offert. »

Et Adar me mena en un lieu où je vis un très grand réservoir d'eau. « Vois, me dit-il, voici là toute l'eau que les bois verts que tu as coupés ont pleurée. »

 

11 – La cour d’Ahura-Mazda

L’archange Vohu Manah se leva de son trône en or et me prit la main en prononçant les paroles suivantes : « juste pensée, juste parole et action juste ». Puis il m'emmena auprès d'Ahura-Mazda et de sa cour, composée d'archanges, de saints et des anges gardiens de Zarathoustra, du roi Vistashpa, de Jamasp, de Isadvastar, des fils de Zarathoustra ainsi que de bien d'autres grands chefs religieux qui étaient tous plus lumineux et plus glorieux que jamais.

« Voici Ahura-Mazda ! » proclama Vohu Manah.

Alors que je voulais me prosterner devant Lui, il me dit :

« Salutation à toi, Arda Viraf, sois le bienvenu. Depuis ce monde périssable tu as fait le chemin jusqu'à ce domaine de pureté et de lumière. »

Il s'adressa ensuite à Sraosha et à Adar :

« Emmenez Arda Viraf et montrez-lui où les pieux reçoivent leur récompense et où sont punis les méchants. »

Alors Sraosha et Adar prirent ma main et me menèrent de lieu en lieu. Je pus alors apercevoir les archanges, toutes sortes d'anges, mais aussi les anges gardiens des rois et des maîtres spirituels.

 

12 – Diverses âmes pieuses, I

Je parvins en un endroit où je vis les âmes de ceux qui furent tolérants, marcher parées d'une splendeur encore supérieure aux autres âmes alentour, car Ahura-Mazda les exaltait. Je leur adressai alors ces quelques paroles qui me semblèrent subtiles : « heureux sont les âmes des libéraux, qui se sont élevés au-dessus des autres âmes ! »

Je vis ensuite les âmes de ceux qui sur Terre ont chanté les gathas, utilisé les prières prescrites pour chacun des rituels et sont demeurés fermes dans la religion mazdéenne telle qu'Ahura-Mazda l'a enseigné à Zarathoustra. Alors que je m'avançais vers eux, je pus voir qu'ils étaient habillés des plus beaux vêtements qui soient, cousus d'or et d'argent.

Je vis aussi les âmes de ceux qui s'étaient unis selon les règles du mariage de même sang et elle brillait d'une splendeur matérielle plus éclatante encore que jamais.

Je vis les âmes des bons dirigeants et des bons monarques, qui en ces lieux encore agrandissaient leur grandeur, leur bonté, leur force et leur triomphe, tandis qu'ils marchaient revêtus de pagne d'or.

Je vis, accompagné d'une gloire immense, l'âme de Zarathoustra, le grand discoureur de vérité, qui jadis marcha sur Terre.

Et tout ceci me parut sublime.

 

13 – Les âmes des femmes vertueuses

Je vis aussi les âmes de femmes dotées d'excellentes pensées, d'excellentes paroles et d'excellentes actions, soumises au contrôle, et considérant leur mari comme un maître. Elles étaient revêtues d'habits cousus d'or et d'argent et couvertes de bijoux. Je demandai alors de quelle sorte d'âmes il s'agissait.

Sraosha et Adar me répondirent :

« Ce sont les âmes des femmes qui ont, dans leur vie, honoré l'eau, le feu, la terre, les arbres, le bétail, les moutons, et toutes les autres bonnes créations d'Ahura-Mazda. Elles assistaient aux cérémonies et adressaient des louanges à Dieu, se mirent à son service. Elles accomplirent les rites et les louanges des anges gardiens des existences célestes comme des existences terrestres. Elles pratiquaient l'acquiescement et la conformité, ainsi que le respect et l'obéissance à leurs maris et seigneurs. Elles ne doutaient pas de la religion mazdéenne. Elles firent preuve de diligence dans la pratique des bonnes œuvres et se sont abstenues du péché. »

Tout cela m'a paru sublime.

 

14 – Diverses âmes pieuses, II

Je vis aussi les âmes de ceux qui pratiquaient les rituels et connaissaient l'Avesta par cœur. Ils étaient splendides parmi les nobles et exaltés parmi les grands.

Je vis également les âmes de ceux qui célébraient tous les rituels et envoyaient leurs prières à Dieu. Ils étaient assis au-dessus même des autres âmes et leurs bonnes actions s'empilaient pour monter au plus haut des cieux.

Je vis également les âmes des guerriers, revêtus de pagnes magnifiques, marchant avec beaucoup de pompe, de puissance et de gloire, dans la plus pure allégresse, aux côtés des rois. Ils arboraient des armes solides et un équipement de héros fait d'or, constellé de joyaux, d'ornements et de broderies.

Je vis également les âmes de ceux qui, sur Terre, tuèrent de nombreuses créatures malfaisantes.

Je vis également les âmes des agriculteurs, dans un splendide domaine, revêtu d'habit ample et majestueux. Ils se tenaient là et offraient des prières aux esprits des eaux, de la terre, des arbres et du bétail. Ils exprimaient ainsi leur remerciement et leur bénédiction. Leurs trônes à eux tous étaient grandioses et la place qu'ils occupaient d'une grande valeur.

Je vis également les âmes des artisans qui, sur Terre, avaient servi leur chef. Ils étaient assis sur de glorieux trônes embellis d'ornement.

Tout cela me paru sublime.

 

15 – Les âmes de différentes professions vertueuses

Je vis également les âmes des bergers, grâce à qui, sur terre, les quadrupèdes et les moutons étaient employés, nourris et protégés des loups, des voleurs et des hommes violents. En temps voulu, on leur donnait de l'eau et du fourrage et ils furent préservés du froid intense et de la chaleur. Les mâles étaient laissés libres et restreint seulement en cas d'absolu nécessité. Profits et bénéfices, nourriture et vêtement, tout était à présent offert à ces bergers, qui se promenaient au sommet d'une colline, scintillants de bonheur et de plaisir.

Je vis également de nombreux trônes d'or, des fins tapis et des coussins de riches tissus, sur lesquels étaient assises les âmes des chefs de clans et de villages. Ils étaient écoutés, avaient de l'autorité et exerçaient en tant que médiateurs. Ceux-là transformaient la ruine en prospérité. Afin de faciliter les récoltes et le travaille des champs, ils avaient fait construire de nombreux canaux, creusé des sources et placé des fontaines. Ces âmes se tenaient devant les anges gardiens des eaux, des arbres et des saints et leur adressaient des louanges, des prières et des bénédictions sans cesse renouvelées.

Je vis également, dans le reflet les plus brillant du trône éclatant, les âmes des fidèles, des enseignants et des étudiants.

Je vis également les âmes des intercesseurs et celles des protecteurs de la paix. Leur valeur brillait aussi intensément que les étoiles et le soleil et pour l'éternité ils s'en allaient, marchant dans la lumière.

J'ai donc visité le monde supérieur des pieux, lequel est semblable à la toute glorieuse lumière de l'espace, parfumée au basilic, ornée, vénérée de tous, magnifique, pleine de gloire et contenant toutes les joies et tous les plaisirs qui ne peuvent être rassasiés.

 

Partie IV – L'enfer

16 – Le fleuve des enfers

Ensuite, les anges Sraosha et Adar me prirent la main et nous continuâmes notre chemin pour arriver en un endroit où j’aperçus un large fleuve, sombre et triste comme l'enfer. Sur les rives de cette rivière, se trouvaient de nombreuses âmes et des anges gardiens. Certains d'entre eux ne passaient sur l'autre rive qu'avec de grandes difficultés tandis que d'autres passaient facilement. Je demandai donc quelle était cette rivière et qui étaient ces gens si affligés.

Sraosha et Adar me répondirent : « ce fleuve est formé des larmes qui proviennent des yeux des hommes, qui pleurent et se lamentent sur leurs morts. Ces larmes indues ont coulé jusqu'ici et ceux que tu vois incapables de franchir le gué sont ceux qui ont été trop pleurés à leur décès, tandis que ceux qui le franchissent sont ceux que l'on a moins pleurés. Quand tu seras de retour à la vie, n'oublie pas de dire aux hommes de ne pas se plaindre ni de pleurer indûment, car plus ils souffriront, plus l'âme de leur proche connaîtra d'obstacle au départ. »

 

17 – De la mort à l'enfer

De retour au pont de Chinwat, je vis les âmes des méchants. Les trois premières nuits, ils avaient vu plus de vices et de mal que dans toute leur existence sur Terre. Je demandai donc à Sraosha et Adar quelles étaient ces âmes et ils me répondirent :

« D'abord, l'âme des méchants erre là où la vie les a quittés, puis elle s'inquiète et dit : « Créateur, Ahura-Mazda, où dois-je aller, où dois-je me réfugier ? » Cette première nuit, l'âme la passe à vivre autant de malheur et de peine que peut causer la vie d'un homme qui vit du malheur et de la peine des autres hommes.

Un vent glacial se lève alors sur cette âme. Ce vent souffle depuis le nord, depuis la demeure des démons, et ce vent pue plus que toutes les mauvaises odeurs que cette existence aurait pu sentir alors qu'elle était encore en vie. À travers ce blizzard, le méchant aperçoit sa religion et ses propres actions sous la forme d'une femme alanguie, nue, décomposée, étouffée, aux jambes difformes et aux maigres hanches. Aux difformités s'ajoutent d'autres difformités et cette créature était bien la plus hideuse, la plus dégénérée, la plus sale et la plus puante qui jamais ne fut. L'âme du méchant s'adresse alors à cette créature :

« Qui es-tu, toi qui est la plus laide, la plus sale et la plus puante créature d'Ahura-Mazda et d'Ahriman que je n'ai jamais eu l'occasion de rencontrer ? »

Et le monstre lui répond :

« Je suis tes mauvaises actions, tes mauvaises pensées, et tes mauvaises paroles. C'est par ta faute et par ta volonté que je suis vile et hideuse, fausse, malade, pourrie et nauséabonde, malchanceuse et angoissée. Quand tu trouvais sur ton chemin ceux qui pratiquaient les cérémonies zoroastriennes, quand tu les voyais adresser leurs louanges et prier, être au service de Dieu, préserver et protéger l'eau et le feu, le bétail et les vergers et toutes les autres créations bénéfiques, quand tu fus témoin de tout cela, par tes mauvaises actions, tu as fait la volonté d'Ahriman et des démons. Quand tu voyais ton voisin offrir l'hospitalité et donner à celui qui venait de loin et qui était du coin, tu étais avaricieux et tu fermais ta porte. Ainsi, bien que je fusse impure, je me suis encore salie à travers toi, et bien que je fusse effrayante, je le suis devenue encore plus à travers toi. Bien que je fusse effrayé, je le suis encore plus après toi, et bien que j'habitasse dans les régions nordiques où résident les démons, j'ai vécu encore plus au nord avec toi. Tout ceci fut par la faute de tes mauvaises pensées, de tes mauvaises paroles et de tes mauvaises actions. Ce sont elles qui m'ont maudit depuis longtemps en me forçant à communier avec l'exécration et l'esprit malfaisant. »

Ensuite, l'âme du méchant s'avance ; son premier pas la mène à Dush-humat, le domaine des idées malsaines, le second à Dush-hukt, le domaine des insultes, le troisième à Dush-huvarsht, le domaine des mauvaises actions et après leur quatrième pas, elle se retrouve en enfer. »

 

18 – Vision de l'enfer

Sraosha et Adar me prirent alors la main pour que je puisse passer plus en avant sans en souffrir. De cette manière, je pus éviter le froid et la chaleur, la sécheresse et la puanteur qui régnaient en enfer et qui atteignait des niveaux inédits sur Terre. Continuant d'avancer, je vis les mâchoires affamées de l'enfer, semblables au plus effrayants des trous insondables, et qui s'enfonçait vers un étroit et horrifique goulot. Là, les ténèbres étaient si épaisses que nous devions nous tenir la main pour ne pas nous perdre. Une odeur pestilentielle flottait dans l'air et cette odeur était une telle abomination que quiconque l'aurait respiré aurait aussitôt convulsé pour tomber inanimé. Dans de telle condition, où aucune vie n'était possible, les âmes se morfondaient, se pensant seules dans cet enfer. Une fois que trois jours et trois nuits se passèrent, elles se dirent :

« 9 000 ans se sont passés, mais on ne me libère toujours pas ! »

Partout grouillaient des créatures, dont les moins nocives étaient des monstres aussi hauts que des montagnes et ceux-là déchiraient de leurs griffes les âmes, s'en saisissant et les malmenant d'une manière indigne d'un chien. Cependant, aux côtés de Sraosha et d'Adar, je passais sans encombre.

 

19 – Le sodomite

En quelque lieu, je vis l'âme d'un homme qui était embroché par un serpent, qui entrait et sortait de sa bouche. D'autres serpents s'étaient saisis de ses membres et le torturaient. Je demandai alors à Sraosha et Adar quel péché avait commis ce corps pour subir une punition si sévère. Ils me répondirent :

« C'est l'âme d'un méchant, qui, alors en vie, a pratiqué la sodomie et a permis à un homme de jouir sur son corps. À présent, son âme subit une très sévère punition. »

 

20 – La femme qui n'a pas respecté l'interdit des menstruations

Arrivant en un autre lieu, je vis l'âme d'une femme qui ne recevait à manger que des coupes des impuretés et des immondices des hommes. Quand je leur demandai quel péché elle avait commis pour souffrir une telle punition, Sraosha et Adar me répondirent :

« Voici l'âme des mauvaises femmes qui ne se sont pas restreintes et qui se sont approchées de l'eau et du feu durant leurs règles. »

 

21 - L'assassin

Je vis également l'âme d'un homme cruellement torturé et dont la tête avait été écorchée. Alors que je demandai quel péché avait été commis par ce corps dont l'âme subissait une telle punition, Sraosha et Adar me répondirent qu'il s'agissait de l'âme d'un homme qui sur Terre avait assassiné quelqu'un de pieux.

 

22 – Celui qui eut des rapports avec une femme qui avait ses règles

Je vis également l'âme d'un homme qui recevait par la bouche les impuretés et les menstruations des femmes. Il cuisinait même ce qui semblait être son propre enfant et le mangeait. Je demandai alors quel péché avait pu commettre son corps pour souffrir une telle punition. Sraosha et Adar me répondirent :

« Voici l'âme d'un méchant qui, lorsqu'il était dans le monde, eut des rapports sexuels avec une femme qui avait ses règles. Chaque fois qu'il le fit, ce fut pour lui un péché valant quinze fois et demie la mort. »

 

23 – L'eau d'Haurvatat et les fruits d'Ameretat

Je vis également l'âme d'un homme qui désirait mourir tellement il souffrait de la faim et de la soif. Sans cesse il se tirait les cheveux et la barbe et se rangeait les sangs, tandis que sa bouche écumait. Quand je demandai quel péché ce corps avait pu commettre pour que son âme souffre une telle punition, Sraosha et Adar me dirent :

« C'est l'âme d'un méchant qui dans son existence a consommé illégalement, en bavardant et sans s'en repentir, l'eau et les fruits de la perfection [Haurvatat] et de l'immortalité [Ameretat]. Piégé par le péché, il n'a pas célébré les rituels et a méprisé l'eau d'Haurvatat et les fruits d'Ameretat. À présent, cette âme doit souffrir une sévère punition. »

 

24 – La femme adultère

Je vis aussi l'âme d'une femme suspendue par les seins à l'enfer, dont des créatures malfaisantes torturaient le corps. Demandant à mes guides quel péché avait commis ce corps pour que cette âme souffre une telle punition, on me répondit :

« Voici l'âme d'une méchante qui, sur Terre, a quitté son mari pour se donner à d'autres et a commis l'adultère. »

 

25 – Les exhibitionnistes

Je vis également les âmes de nombreux hommes et de nombreuses femmes dont les jambes, les coups et les troncs étaient séparés les uns des autres par des monstres qui leur rongeaient les membres. Demandant quel péché avait commis ce corps pour que cette âme souffre une telle punition, Sraosha et Adar me répondirent :

« Ce sont les âmes des méchants qui sur Terre ont marché sans chaussures, s'en sont allés nus et ont pratiqué toutes sortes d'activités démoniaques. »

 

26 – La femme insoumise et insolente

Je vis également l'âme d'une femme dont la langue pendait autour de son cou et qui était suspendue dans les airs. Demandant de quelle âme il s'agissait, Sraosha et Adar dirent :

« C'est une méchante qui dans son existence a méprisé, maudit, abusé et défié son mari et maître. »

 

27 – L'escroc, I

Je vis également l'âme d'un homme qui était forcé de ramasser de la poussière et des cendres avec un bâton et un récipient. Ce qu'il ramassait lui était ensuite donné à manger. Alors que je demandai quel péché ce corps avait commis pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme d'un méchant qui sur Terre ne respectait ni les boisseaux ni les mesures ni les poids et qui mélangeait l'eau au vin et ajoutait aux grains de la poussière pour escroquer plus d'argent aux gens. Il volait et s'évertuait à sous-tirer quelque chose au bien. »

 

28 – Le mauvais chef

Je vis également l'âme d'un homme qui était suspendu dans les airs tandis que cinquante démons le fouettaient de tous les côtés avec des serpents venimeux. Alors que je demandai quel péché ce corps avait commis pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme d'un méchant qui fut mauvais chef, sans pitié et destructeur, et qui, de plusieurs manières différentes, causa le tourment. »

 

29 – Le calomnieux

Je vis également l'âme d'un homme dont la langue avait été arrachée en dehors de sa bouche pour être dévorée par des monstres. Alors que je demandai quel péché ce corps avait commis pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme d'un homme qui a calomnié et dressé les gens les uns contre les autres. En fin de compte, son âme a rejoint l'enfer. »

 

30 – L'agresseur des animaux, I

Je vis également l'âme d'un homme dont les membres se faisaient écarteler et qui se détachaient les uns des autres. Alors que je demandai quel péché avait commis ce corps, on me répondit :

« Voici l'âme de celui qui a injustement tué le bétail, les troupeaux ou tout autre quadrupède. »

 

31 - L’égoïste

Je vis également l'âme d'un homme attaché à un crochet tandis que des milliers de démons le piétinaient et le frappaient avec une incommensurable violence. Alors que je demandai quel péché avait commis ce corps, on me répondit :

« Voici l'âme de celui qui amassa les richesses, mais qui ne les consomma pas pour lui-même, ni ne les offrit et qui empêcha même les autres d'en jouir. »

 

32 – Le paresseux

Je vis également l'âme d'un fainéant appelé Davanos et dont le corps était sans cesse dévoré par un monstre pour ne laisser intacte que le pouce de sa main droite. Alors que je demandai quel péché avait commis ce corps, on me répondit :

« Voici l'âme de ce fainéant de Davanos, un roi fainéant qui n'a jamais rien fait dans sa vie que de jeter du bout de ses pieds une botte de foin à un bœuf affamé. »

 

33 – Le menteur

Je vis également l'âme d'un homme dont la langue se faisait dévorer par un ver. Alors que je demandai quel péché avait commis ce corps, on me répondit :

« Voici l'âme du menteur et du faux, par sa faute sur Terre fut déversé beaucoup de souffrances, ce qui infligea de nombreuses blessures à toutes les créatures. »

 

34 - L'allumeuse

Je vis également l'âme d'une femme dont le corps était entièrement dévoré par des monstres. Alors que je demandai quel péché avait commis ce corps, on me répondit :

« Voici l'âme de celle qui bouclait ses cheveux, les laissait défaits et mit le feu à son corps à et à celui des autres. »

 

35 – La sorcière

Je vis également l'âme d'une femme qui à jamais grinçait des dents et qui mangeait ses propres déjections. Alors que je demandai quelle était cette âme, on me répondit :

« Voici l'âme d'une femme qui sur Terre pratiqua la sorcellerie. »

 

36 - L'apostat

Je vis également l'âme d'un homme qui en enfer avait revêtu l'aspect d'une créature reptilienne. Il se tenait droit comme une colonne et si sa tête était celle d'un être humain, le reste de son corps était celui d'un serpent. Alors que je demandai quel péché avait commis ce corps, on me répondit :

« Voici l'âme de celui qui commit l'apostasie. C'est en enfer qu'il s’est enfui, sous la forme d'un serpent. »

37 – Les inattentifs à l'eau et au feu sacré

Je vis également les âmes de nombreux hommes et femmes qui étaient suspendus la tête en bas tandis que des serpents et des scorpions leur mordaient le corps. Alors que je demandai à qui appartenaient ces âmes, on me répondit :

« Voici les âmes de ceux qui sur Terre n'ont pas prêté assez attention à l'eau et au feu, qui ont amené dans l'eau et dans le feu la corruption et qui ont laissé s'éteindre le feu intentionnellement. »

 

38 - L'impure

Je vis également l'âme d'un homme qui ne se nourrissait de chaires, d'excréments, de sang et d'autres suppurations de toutes sortes. Alors que je demandai quel péché avait commis ce corps, on me répondit :

« Voici l'âme de celui qui a pollué l'eau, le feu, son propre corps et celui des autres. Où qu'il aille il était suivi de la mort car il était impur et ne se lavait pas. »

 

39 – L'escroc, II

Je vis également l'âme d'un homme qui sans discontinuer mangeait de la peau et de la chair humaine. Alors que je demandai à qui appartenait cette âme, on me répondit :

« Voici l'âme de celui qui soutirait aux travailleurs leur salaire ainsi que la part de ses associés. À présent, son âme doit subir une sévère punition. »

 

40 - L'irrespectueux

Je vis également l'âme d'un homme qui supportait une montagne sur son dos, laquelle était enneigée et glaciale. Alors que je demandai quel péché avait commis ce corps, on me répondit :

« Voici l'âme de celui qui répandit le mensonge, l'irrespect et dont les paroles n'étaient qu'insultes. À présent il souffre les tourments du gel. »

 

41 – Le sale

Je vis également l'âme d'un homme à qui on avait donné à manger des excréments, des suppurations et des immondices à manger. Les démons le frappaient avec des pierres et des haches. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme de celui qui fréquenta les bains publics et les pollua de sa saleté, ce qui eut pour conséquence de rendre celui qui le suivait et qui était pure, impur. »

 

42 – Les enfants non reconnus par leur père

Je vis également les âmes de nombreuses personnes qui pleuraient en poussant des cris pitoyables. Alors que je demandai qui étaient ces gens, on me répondit :

« Voici les âmes de ceux qui eurent une mère à la place d'un père, car celui-ci ne les a pas reconnues à leur naissance. À présent, et pour toujours, ils pleurent leur père. »

 

43 – Le père indigne

Je vis également l'âme d'un homme qui était entouré d'enfants tombés à ses pieds et qui pour toujours pleuraient. Des démons aussi l'entouraient et le mordaient comme des chiens. Alors que je demandai quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme de celui qui n’a pas reconnu son enfant. »

 

44 – La femme qui a avorté

Je vis également l'âme d'une femme à jamais écrasée contre une colline et écrasée par ses propres seins. Une meule pesait lourdement sur sa tête. Alors que je demandai quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme de celle qui tua sa propre engeance et se débarrassa du corps. »

 

45 – Le parjure

Je vis également l'âme d'un homme [passage perdu] Alors que je demandai quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme de celui […] qui a commis le parjure et a soustrait la prospérité du bien pour la donner au mal. »

 

46 – Le mauvais riche

Je vis également l'âme d'un homme [qui se faisait battre à mort par d'autres hommes.] Alors que je demandai quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme de celui qui ne s’est pas enrichi par l’honnêteté mais qui a volé les biens des autres. Il est laissé à ses propres ennemis, mais lui seul réside en enfer. »

 

47 – Les infidèles

Je vis également les âmes de nombreux hommes qui [passage perdu] Alors que je demandai quel péché avait commis ces hommes, on me répondit :

« Voici les âmes de ceux qui ont apostasié ou cessé de croire. À cause d'eux des hommes se sont perdus en cessant d'appliquer les lois de la vertu pour suivre celles du mal et de nombreuses sectes et conduites inappropriées se sont généralisées. »

 

48 – Les agresseurs des bêtes domestiquées

Je vis également les âmes de nombreux hommes qui [...] Alors que je demandai quel péché avait commis ces hommes, on me répondit :

« Voici les âmes de ceux qui ont affamé leurs bêtes, les ont battues ou les ont tuées. »

 

49 – Les escrocs financiers

Je vis également les âmes de nombreux hommes qui [...] Alors que je demandai quel péché avait commis ces hommes, on me répondit :

« Voici les âmes de ceux qui ont faussé les mesures quand ils eurent à en faire et par la faute de qui des familles furent poussées à l'inactivité puis à la ruine. Il est nécessaire de s’acquitter de ses charges et de payer de lourds impôts. »

 

50 – Les pilleurs et les voleurs

Je vis également les âmes de nombreux hommes qui [...] Alors que je demandai quel péché avait commis ces hommes, on me répondit :

« Voici les âmes de ceux qui détruisent les bornes des autres ou se les approprient. »

 

51 – Les traites

Je vis également les âmes de nombreux hommes qui [...] Alors que je demandai quel péché avait commis ces hommes, on me répondit :

« Voici les âmes de ceux n'ont pas de paroles et ont trahi. »

 

52 – Ceux qui ne tiennent pas leur promesse

Je vis également les âmes de nombreux hommes qui [...] Alors que je demandai quel péché avait commis ces hommes, on me répondit :

« Voici les âmes de ceux qui ont rompu leur promesse, tant celles qu'ils avaient faites avec les justes qu'avec les méchants, car dans les deux cas il s'agissait d'une promesse, envers ce qui est bon comme envers ce qui est mauvais. »

 

53 – Chakat-i-Daitih, sous le pont de Chinvat

Ensuite, Sraosha et Adar me saisirent les mains et me transportèrent à Chakat-i-Daitih, situé sous le pont de Chinwat. C'était un désert et je vis l'enfer au milieu de ce désert. Les cris d’agonie d'Ahriman, des démons, des démones et des âmes des pécheurs provenaient de là et ces hurlements m'effrayèrent car je les crus capable d'ébranler les sept régions de la Terre. Je suppliai donc Sraosha et Adar de rebrousser chemin, mais ils me dirent :

« N'aie pas peur, puisqu'il n'y a pour toi aucun danger à craindre. »

Alors, à la suite de Sraosha et d'Adar, moi, Arda Viraf, je me suis enfoncé sans peur dans les profondeurs infernales.

 

54 – Le brasier de l'enfer

Je vis alors le plus noir des enfers, et il était terrible, fatal, douloureux, malin et puant. Après quelques instants d'observation, j'aperçus une fosse que des milliers de coudées n'auraient pas sondée. Tout le bois du monde brûlait là, mais aucune odeur ne s'en échappait pour couvrir la putrescence des enfers. Ici aussi, aussi proches que peut l'être le nez de l'oreille, aussi nombreux que les cheveux de la crinière d'un cheval, se tenaient entassées les âmes des damnées. Cependant, comme elles ne peuvent ni se voir, ni s'entendre, chacune se croit seul. C'est pour elles que rayonne la noirceur des enfers et à qui sont destinés ses ignobles châtiments de toutes sortes. Ceux qui ne sont ici que depuis un jour pensent être là depuis 9 000 ans, et leur souffrance est encore renforcée de se savoir encore prisonnier après tant d'éons. « Quand me libéreront-ils de cet enfer ? » s'écrient-ils.

 

55 – Le péché mortel

Je vis les âmes des pécheurs souffrir ici encore après leur mort, dans ce lieu effrayant où se déroulaient des châtiments de toutes sortes, telle que la marche forcée dans la neige, l'exposition au froid intense, à la chaleur brûlante, aux odeurs pestilentielles, aux chutes de pierre et de cendre, à la grêle, à la pluie et à bien d'autres calamités encore. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme de ceux qui commirent un péché mortel, qui éteignirent le feu sacré du temple, qui démolirent le pont d'une rivière tumultueuse, qui parlaient avec fausseté et irrévérence, ou qui apportaient de nombreuses fausses preuves. Parce que leur désir était l'anarchie, à cause de leur avidité, de leur avarice, de leur convoitise, de leur colère et de leur envie, l'innocent et le juste sont morts. En conséquence de leur méfait, ils souffrent à présent de sévères tourments. »

 

56 – Les fraudeurs en religion

Je vis ensuite les âmes d'hommes que des serpents harcelaient en les mordant. Alors que je demandais à qui appartenaient ces âmes, on me répondit :

« Voici les âmes de ceux qui ont fraudé avec leur Dieu et leur religion. »

 

57 – Les femmes qui se sont trop plaintes

Je vis ensuite les âmes de femmes [...]. Alors que je demandais à qui appartenaient ces âmes, on me répondit :

« Voici les âmes de celles qui se sont trop apitoyées, trop lamentées et qui se sont battu le front et arracher les cheveux. »

 

58 – Le pollueur des eaux publiques

Je vis ensuite l'âme d'un homme qui [...]. Alors que je demandais à qui appartenait cette âme, on me répondit :

« Voici l'âme de celui qui avait l'habitude de se laver les mains, le visage et les cheveux et de se soulager de ses impuretés dans les réservoirs, les fontaines et les sources, en conséquence de quoi il dérangea Haurvatat, l'archange de la perfection. »

 

59 – La mère indigne

Je vis également l'âme d'une femme qui gémissait, se tordant de douleur et mangeant la chair de ses propres seins. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme de celle qui laissa son enfant dans le besoin et pleurant de faim. »

 

60 – Le séducteur des femmes mariées

Je vis également l'âme d'un homme dont le corps avait été plongé dans un chaudron de bronze et que des démons cuisinaient. Seul son pied droit demeurait en dehors du chaudron. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps, on me répondit :

« Voici l'âme de celui dont l'illégitime inclinaison allait aux femmes mariées. Son corps tout entier est devenu l'esclave du vice, mais son pied droit servi à écraser les grenouilles, les serpents, les scorpions et de bien d'autres créatures nocives. »

 

61 – Les ingrats incroyants

Je vis également les âmes d'hommes qui avalaient puis vomissaient, puis avalaient encore pour à nouveau revomir, et cela sans cesse. Alors que je demandais à qui appartenaient ces âmes, on me répondit :

« Voici les âmes de ceux qui n'ont pas cru à l'esprit et n'ont pas été reconnaissants envers leur créateur Ahura-Mazda. Ils ont douté du bonheur qui se trouve au ciel, des tourments qui se trouvent en enfer et aussi de la réalité de la résurrection des morts et du corps à venir. »

 

62 – La femme irrespectueuse et infidèle

Je vis également l'âme d'une femme qui se grattait le cou et les seins avec un peigne en fer. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme d'une femme qui manquait de respect à son mari ou à son maître [gardien], et était méchante avec lui. Aussi, elle lui mentait et avait une attitude incorrecte avec les autres hommes. »

 

63 – La mauvaise compagne

Je vis également l'âme d'une femme qui léchait un four avec sa langue tandis que ses mains brûlaient dedans. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme d'une femme qui défia son propre maître et mari et devint agressive. Elle désobéissait, ne répondait pas positivement à ses désirs mais cela ne l'empêchait pas de voler son mari et de se constituer un trésor secret. »

 

64 – La femme qui avorta d'un enfant illégitime

Je vis également l'âme d'une femme qui allait et venait en hurlant des pleurs et en se déchirant le visage avec un couteau. Sur sa tête tombait de la grêle et elle marchait sur du métal fondu à jamais fumant. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme de celle qui illégitimement est tombée enceinte d'un homme et qui a avorté cet enfant. Sa punition est de croire, à cause de sa tristesse, que son enfant pleure, alors elle court enragée, comme si elle courait sur du métal en fusion. Comme elle ne cesse d'entendre les cris de cet enfant, elle se lacère la tête et le visage avec un couteau en réclamant l'enfant, mais elle ne le reverra pas avant le rétablissement de l'Univers. Voici donc le châtiment qu'elle doit souffrir. »

 

65 – Les enfants qui affligent leurs parents

Je vis également de nombreuses âmes engoncées dans la boue et la puanteur jusqu'à la poitrine. Tandis qu'ils appelaient au secours leur père et leur mère, une faucille tranchante leur traversait les membres. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici les âmes de ceux qui ont affligé leurs parents et qui ne leur demandèrent ni absolution, ni pardon. »

 

66 – Les calomnieux et les fauteurs de troubles

Je vis également les âmes d'un homme et d'une femme, dont les langues sortaient de la tête et étaient mordues par les crocs d'un serpent. Alors que je demandais quel péché avait commis ces corps et qui ils étaient, on me répondit :

« Voici les âmes de ceux qui ont calomnié et semé la dispute. »

 

67 – L'administrateur corrompu

Je vis également l'âme d'un homme suspendu par un pied dans la plus sombre obscurité des ténèbres. Avec une faucille en métal, il se lacérait la poitrine et le dos tandis qu'une pointe en fer était plantée dans un de ses yeux. Alors que je demandais qui était cette âme et quel péché elle avait commis, on me répondit :

« Voici l'âme de celui à qui une cité avait confié son administration mais qui n'a pas fait ni ordonné ce qu'il aurait dû faire et ordonner. Il détourna les poids et les mesures à son profit et ne prêta pas l'oreille aux pauvres et aux caravaniers. »

 

68 – Le couple

Je vis également les âmes d'un homme et d'une femme. Si l'homme s'envolait vers le ciel, la femme était maintenue en enfer, alors sa main s'accrochait au nœud et au fil sacré [kusti] qui étaient autour de la taille de l'homme. Le retenant ainsi de s'envoler au paradis, elle gémissait :

« Comment se peut-il qu'après avoir connu une union bénéfique parmi les vivants, à présent tu ailles au ciel tandis que je m'en vais en enfer ? »

L'homme lui répondit :

« C'est parce que j'ai reçu les justes, les dignes et les pauvres et [que je fus généreux avec eux.] J'ai pratiqué la juste pensée, la juste parole et le juste devoir. J'ai aussi écouté Dieu, rejeté les démons et pratiqué la bonne religion des mazdéens. Toi par contre tu as méprisé les pauvres, les dignes et les voyageurs. Tu as aussi méprisé Dieu, adoré les idoles et pratiqué la mauvaise pensée, la mauvaise parole et le mauvais devoir, de sorte que tu es demeuré ferme dans le culte d'Ahriman et des démons. »

Sa femme lui dit alors :

« Lorsque nous étions vivants, tu fus mon maître absolu et mon corps comme mon âme étaient à toi. Ma nourriture, mes vêtements, tout ce que j'avais me venait de toi. Ainsi, pourquoi ne m'as-tu jamais puni ni châtié pour mon attitude ? Tu ne m'as même pas enseigné la bonté ni la sagesse que tu te revendiques. Que ne m'as-tu pas appris la bonté et l'excellence, grâce à quoi, à présent, je n'aurais pas eu à supporter les affres de l'enfer ? »

L'homme a finalement rejoint le ciel et la femme resta en enfer. Cependant, en considération de sa repentance, elle ne fut pas affligée de souffrances et châtiment fut de demeurer dans un coin sordide et obscur de l'enfer. Quant à l'homme, il s'est assis au paradis parmi les pieux et fut honteux de ne pas avoir converti sa femme, qui grâce à lui aurait pu être vertueuse.

 

69 – La femme infidèle

Je vis également l'âme d'une femme dont les deux yeux étaient percés de pieux et qui était retenue la tête en bas, suspendu par un pied. Des grenouilles, des scorpions, des serpents, des fourmis, des mouches, des verres et d'autres créatures nuisibles entraient et sortaient de sa bouche, de son nez, de ses oreilles, de son anus et de son sexe. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme d'une femme mariée qui trompait son mari, laissant le lit de son mari défait et son corps malade. »

 

70 – La compagne distante

Je vis également les âmes de femmes maintenues la tête en bas, tandis que des hérissons aux pics de fer étaient introduits dans leur corps, dedans lequel ces monstres allaient et venaient. Au-dessus d'elles, un doigt lâchait une goutte de semence de démon, qui leur tombait dans la gorge et le nez et qui les étouffait. Alors que je demandais quelles étaient ces âmes qui souffraient une si sévère punition, on me répondit :

« Voici les âmes des femmes qui ont manqué aux promesses faites à leur mari en se tenant à l’écart, en n'étant jamais satisfaites et en se refusant à eux. »

 

71 – Le séducteur sodomite

Je vis également l'âme d'un homme qu'un serpent mordait sans le lâcher. Ses deux yeux étaient vides et grouillaient de serpents et de vers, tandis que sa langue était traversée d'un clou en métal. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici l'âme d'un sodomite. À cause de son penchant pour le vice, il a débauché les femmes des autres. Ses douces paroles ont séduit les femmes des autres, qui se séparèrent de leur mari. »

 

72 – Les femmes qui ne prêtent pas attention à leur règle

Je vis également les âmes de femmes pour qui leurs menstruations ne s'arrêtaient pas de couler et de les faire souffrir. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Voici les âmes de celles qui ne prêtèrent pas attention à leurs menstruations et qui en conséquence polluèrent l'eau, le feu, la Terre de Spenta Armaiti [déesse de la pureté], mais aussi Haurvatat et Ameretat, la Perfection et l'Éternité. Elles levaient les yeux au ciel, rêvaient au soleil et à la lune et par leur faute le bétail et les troupeaux furent blessés. À cause de leurs règles, les Aryens furent pollués. »

 

73 – Les séductrices

Je vis également les âmes des femmes qui mangeaient leurs doigts et en suçaient le sang, tandis que des vers sortaient de leurs yeux. Alors que je demandais quel péché avait commis ces corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Ce sont les âmes des femmes qui ont embelli leur visage [avec du maquillage] et utilisé les cheveux d'une autre comme parure. Elles captivèrent les yeux des hommes de Dieu. »

 

74 - Les assassins d'animaux

Je vis également les âmes de personnes attachées et suspendu la tête en bas par un pied, un couteau leur étant planté dans le cœur. Alors que je demandais quelle était cette âme, on me répondit :

« Ce sont les âmes de ceux qui ont injustement tué des bêtes sauvages, des bovins ou des ovidés. »

 

75 – Les cruels envers les animaux de trait

Je vis également les âmes de personnes qui se faisaient marcher dessus par du bétail et transpercé par leurs cornes. Alors qu'ils hurlaient de douleur, leur ventre s'ouvrant pour déverser les viscères et les os cassés. Alors que je demandais qui étaient ces gens, on me répondit :

« Ce sont les âmes de ceux qui muselaient les bêtes de trait et qui ne leur donnaient pas à boire quand ils travaillaient dans la chaleur, bien qu'affamés et assoiffés. »

 

76 – Les femmes qui cuisinent malgré leurs règles et les sorcières

Je vis également les âmes de femmes qui se laceraient les seins avec leurs propres ongles et leurs dents. Des chiens les éventraient et mangeaient leur ventre tandis qu'elles se tenaient debout sur du métal en fusion. Alors que je demandais quelles étaient ces âmes et quel péché elles avaient commis, on me répondit :

« Ce sont les âmes de celles qui ont préparé les repas en période de menstruation et ont servi à manger de cette nourriture aux Aryens en les forçant à accepter. Elles pratiquèrent aussi la sorcellerie et blessèrent la Terre de Spenta Armaiti et des justes. »

 

77 – Les négligents envers leurs animaux

Je vis ensuite les âmes de personne qui avaient des blessures partout sur les membres et qui étaient suspendus la tête en bas, tandis qu'une violente pluie de pluie leur tombait dessus. Alors que je demandais qui ils étaient et quel péché ils avaient commis, on me répondit :

« Ce sont les âmes de ceux qui avaient des bêtes, les ont fait travailler à une tâche trop lourde, puis ne leur ont pas donné suffisamment de nourriture, de sorte qu'à la suite de leur mauvais traitement, elles tombèrent malades. Quand les blessures apparurent, ils les forcèrent encore à travailler et ne les soignèrent pas. À présent ils souffrent un sévère châtiment. »

 

78 – La femme infidèle qui nia sa grossesse et avorta

Je vis ensuite l'âme d'une femme qui se cognait contre une muraille de fer. Un enfant ne cessait de pleurer de l'autre côté, mais l'enfant ne pouvait rejoindre la mère ni la mère l'enfant. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« C'est l'âme d'une femme qui tomba enceinte d'un homme qui n'était pas son mari et qui, prétendant n'être pas enceinte, avorta l'enfant. »

 

79 – Les juges corrompus

Je vis ensuite l'âme d'un homme qui avait les yeux arrachés et la langue coupée. Il était suspendu par le pied à l'enfer et son corps était griffé par les deux dents d'une fourche de bronze. Un pieu en fer était planté dans sa tête. Alors que je demandais quel type d'homme était-ce là et quel péché il avait commis, on me répondit :

« C'est l'âme de celui qui rendait mal la justice, qui acceptait les dessous-de-table et rendait des jugements faussés. »

 

80 – Les commerçants malhonnêtes

Je vis ensuite les nombreuses âmes de ceux qui étaient suspendus en l'air la tête en bas, forcé de manger du sang, des purulences et des bouts de cervelle, des excréments plein les narines. Ceux qui les tourmentaient leur criaient : « Nous ne faisons que prendre les mesures ! » Alors que je demandais quelles étaient ces âmes et quel péché elles avaient commis, on me répondit :

« Ce sont les âmes de ceux qui rognaient les mesures et commerçaient en escroquant. »

 

81 – La femme adultère et sorcière

Je vis ensuite l'âme d'une femme dont la langue était coupée et les yeux arrachés. Des serpents, des scorpions, des vers et d'autres monstres lui suçaient la cervelle en dehors du crâne. De temps en temps, elle se mordait le corps et se dévorait sa propre chaire. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps, on me répondit : « c'est l'âme d'une femme adultère. Elle pratiqua aussi la sorcellerie et fut la cause de nombreux malheurs. »

 

82 – La femme insolente

Je vis ensuite l'âme d'une femme dont la langue était entaillée de larges coupures. Alors que je demandais quel péché avait commis cette femme, on me répondit :

« C'est l'âme d'une femme qui avait la langue déliée et qui causait du tort à son mari et maître. »

 

83 – La dévoreuse

Je vis ensuite l'âme d'une femme qui mangeait son propre cadavre. Alors que je demandais quel péché avait commis cette femme, on me répondit :

« C'est l'âme d'une femme qui mangeait la viande de son mari et lui soustrayait sa part pour l'offrir à un autre. »

 

84 – La fabricante et vendeuse d'opium

Je vis ensuite l'âme d'une femme dont les seins étaient coupés et le ventre ouvert tandis que ses entrailles gisaient au sol et étaient mangées par des chiens. Alors que je demandais quel péché avait commis cette femme, on me répondit :

« C'est l'âme d'une femme qui fabriquait, conservait et distribuait les poisons et l'opium. »

 

85 – La femme adultère

Je vis ensuite l'âme d'une femme dont le corps était emprisonné dans une cage de fer. Elle avait été mise la tête en bas et enfournée dans un four brûlant la bouche ouverte. Alors que je demandais quel péché avait commis cette femme, on me répondit :

« C'est l'âme d'une femme qui était la compagne d'un homme bon et intelligent, mais qui l'a trompé avec un pécheur débile. »

 

86 – Celle qui viola son mariage consanguin (khwetodas)

Je vis ensuite l'âme d'une femme dont le corps était enserré par un serpent qui s'introduisait dans sa bouche. Alors que je demandais quel péché avait commis cette femme, dont l'âme souffrait de si sévères punitions, on me répondit :

« C'est l'âme d'une femme qui a violé le mariage qu'elle avait contracté avec un de ses proches parents [khwetodas]. »

 

87 – La femme avide qui négligeait son enfant

Je vis ensuite l'âme d'une femme qui se griffait le corps et le visage avec un peigne de fer et qui creusait une colline en fer avec ses seins. Alors que je demandais quel péché avait commis cette femme, on me répondit :

« C'est l'âme d'une femme qui a commis un crime car par appât du gain, elle ne donna pas le lait à son propre enfant. À présent, elle agonise : « laissez-moi passer à travers cette colline que je puisse nourrir mon enfant » s'écrient-elle. Cependant, elle ne rejoindra pas cet enfant avant l'établissement du nouveau monde. »

 

88 – Le dépravé sexuel

Je vis ensuite l'âme d'un homme qui était suspendu à une pitance la tête en bas, sans cesse se faisant sodomiser. Du sperme était déversé dans sa gorge et dans son nez. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« C'est l'âme de celui qui eut des pratiques sexuelles non convenables et qui ont séduit et dépravés les femmes des autres. »

 

89 – Ceux qui manquent de générosité

Je vis ensuite les âmes de ceux qui, trop faibles, se laissaient bousculer d'un endroit à l'autre des enfers, hurlant à cause de la douleur de la faim et de la soif, du froid et de la chaleur, tandis que des monstres leur mordaient les mollets et les jambes. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Ce sont les âmes de ceux qui profitèrent seuls de leur repas et de leur vêtement et qui ne donnèrent jamais rien ni jamais ne furent généreux. Quand à ceux qui se mettaient à leur service, ils demeuraient affamés, assoiffés et nus. À présent qu'ils sont morts, et que leur richesse fut distribuée aux autres, ces âmes souffrent de sévères punitions en rétribution de leurs actions. »

 

90 – Les menteurs et les fourbes

Je vis ensuite l'âme de ceux que des serpents mordaient et dévoraient. Alors que je demandais quel péché avait commis ces corps pour que ces âmes souffrent une si sévère punition, on me répondit :

« Ce sont les âmes des menteurs et des fourbes qui ont beaucoup menti, injuriés et blasphémé. »

 

91 – Le juge déloyal

Je vis ensuite l'âme d'un homme qui découpait son propre enfant et lui mangeait la cervelle. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« C'est l'âme d'un juge qui prenait le mauvais parti entre deux plaignants et qui ne considéraient pas les justiciables avec considération, de sorte qu'il rendait la justice en étant intéressé par le gain et motivé par la convoitise, en hurlant sur les plaignants avec colère et sévérité. »

 

92 – Les confiscateurs de bienfaits

Je vis ensuite les âmes de ceux qui avaient dans l’œil un pieu en bois. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Ce sont les âmes de ceux qui ont soustrait à l'humanité des bienfaits. »

 

93 – Les inhospitaliers

Je vis ensuite l'âme de ceux qui avaient été plongés tête la première en enfer. Une épaisse fumée et une intense chaleur les enveloppaient en s'élevant du sol tandis qu'un vent glacial soufflait sur eux. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Ce sont les âmes de ceux qui n'ont pas reçu les voyageurs et ne leur ont ni accordé de chambre, ni de campement, ni d'endroit d'aucune sorte pour se reposer. Ils n'ont pas non plus fait chauffer leur four pour leur offrir un repas. Et quand ils pratiquaient l'hospitalité, ils demandaient à être payés. »

 

94 – La mère de lait indigne

Je vis ensuite les âmes de femmes qui faisaient frire leurs seins dans des poêles, les faisant sauter d'un côté et de l'autre. Alors que je demandais quel péché avait commis ces femmes pour que leurs âmes souffrent une si sévère punition, on me répondit :

« Ce sont les âmes de celles qui ne donnèrent pas de lait à leurs enfants, qui par sa faute déprécièrent et tombèrent malades. Pourtant, pour gagner de l'argent, cette femme donnait son lait aux enfants des autres. »

 

95 – La mère indigne qui se prostitue

Je vis ensuite l'âme d'une femme qui creusa une colline avec ses seins. Elle avait soif et faim. Alors que je demandais quel péché avait commis cette femme, on me répondit :

« Ce sont les âmes de celles qui ne donnèrent pas de lait à leurs enfants, et les laissèrent affamés et assoiffés alors même que, par appât du gain, elles s'en sont allées coucher illicitement avec des hommes louches. »

 

96 – Celui qui ne planta pas ses graines mais les mangea

Je vis ensuite l'âme d'un homme dont la langue était coupée et qui se faisait traîner par les cheveux, lesquels tombaient au sol arrachés. Il les ramassait ensuite et les collectait dans un saut à céréale. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« C'est l'âme de celui qui a pris des graines en promettant de les planter, mais qui à la place les a mangés, ce qui causa un préjudice à la Terre de Spenta Armaiti. »

 

97 – Les menteurs

Je vis ensuite les âmes d'un homme et d'une femme dont les langues avaient été arrachées. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Ce sont les âmes d'un homme et d'une femme qui ont beaucoup dit n'importe quoi, beaucoup menti, et qui en vinrent à tromper leur propre âme. »

 

98 – Les coprophages et les meurtriers d’animaux sacrés

Je vis ensuite les âmes d'une femme et d'un homme qui avaient été évidés de l'intérieur et qui se tenaient au sommet d'un tas d'excrément. Alors que je demandais quel péché avait commis ce corps pour que son âme souffre une si sévère punition, on me répondit :

« Ce sont les âmes de celui et de celle qui ont mangé leurs excréments et tué la loutre d'eau ainsi que d'autres créatures d'Ahura-Mazda. »

 

99 – Les insoumis et les rebelles

Je vis ensuite de nombreuses âmes d'hommes et de femmes qui souffraient des tourments et des punitions terribles et de toutes sortes, à la fois effrayants, violents, pénibles, douloureux et sombres. Je vis alors des âmes dont la langue avait été clouée par un pieu en bois, la tête la première projetée en enfer, tandis que des démons leur griffaient le corps avec des peignes de fer. Alors que je demandais quelles étaient ces âmes et quel péché elles avaient commis pour souffrir une si sévère punition, on me répondit :

« Ce sont les âmes de ceux qui ont désobéi à leur chef et qui ont été les ennemis des armées de celui-ci. À présent ils doivent souffrir ici de sévères tourments punitifs. »

 

100 – Ahriman, le mauvais esprit

Je vis ensuite le Mauvais Esprit [Angra-Mainyu, Ahriman], le fatal, le destructeur du monde, celui dont la religion est le mal : Il humiliait et se moquait à jamais des âmes des pécheurs en leur disant :

« Ne mangiez-vous pas le pain d'Ahura-Mazda tout en œuvrant pour moi ? Alors comment se fait-il que vous n'ayez pas songé à votre propre créateur mais que vous ayez continué à travailler pour moi ? » leur criait-il rieur.

 

Partie V - Épilogue

101 – La parole d'Ahura-Mazda

Ensuite, Sraosha et Adar me prirent la main et m'emmenèrent loin de ce terrible endroit ténébreux et effrayant. Ils me ramenèrent à la lumière éternelle, où se tenait l'assemblée d'Ahura-Mazda et des archanges.

J'ai alors présenté mes hommages à Ahura-Mazda, qui les accepta me dit dans toute sa grâce :

« Tu es un parfait serviteur, Arda Viraf le pieu, messager des mazdéens. Retourne donc dans le monde matériel et raconte la vérité de ce que tu as vu et compris. Moi, Ahura-Mazda, je serai avec toi car j'honore de ma présence quiconque parle juste et vrai. Va-t’en répéter cela aux sages de la Terre. »

Alors qu'Ahura-Mazda prononçait ces paroles, je demeurai surpris. Si je percevais une lumière, je ne voyais personne. Seule cette voix se faisait entendre et je compris que cette voix était Ahura-Mazda !

Le créateur Ahura-Mazda, le plus magnifique des esprits, me disait :

« Va, Arda Viraf, va transmettre cette parole parmi les mazdéens :

Il n'y a qu'une façon d'être pieux et c'est en suivant l'enseignement de la religion initiale. Les autres chemins sont des impasses. Prenez donc la voie de la piété et ne vous en écartez pas, ni dans la prospérité, ni dans l'adversité, ni sous aucun prétexte d'aucune sorte. Pratiquez la pensée juste, la parole juste et le juste devoir. Demeurez dans la religion telle que vous l'avez reçu de Vishtaspa et de son maître Zarathoustra, qui la reçut de moi-même et la diffusa par le monde. Observer les règles, abstenez-vous des impuretés. Sachez que le bétail est de la poussière, que les chevaux sont de la poussière, que l'or et l'argent sont de la poussière et que le corps des hommes est aussi de la poussière. Seul celui qui prie les divinités, qui remplit son devoir et qui pratique les bonnes œuvres se tient éloigné de la poussière.

Tu es parfait, Arda Viraf, va donc et prospère. À chaque fois que, conscient du divin, tu pratiqueras une cérémonie de purification, à chaque fois que tu t'astreindras fidèlement à un rituel, je serai là. »

Entendant ces paroles, je m'inclinai bien bas devant le créateur, puis Sraosha me conduisit jusqu'ici, en ce lieu rempli de tapis et de coussins.

Ainsi, Arda Viraf termina son voyage en bonne santé, satisfait et heureux. Pour conclure son récit, il eut ces dernières paroles :

« Que triomphe la glorieuse religion mazdéenne ! »

Le LIVRE D'ARDA VIRAF (récit zoroastrien)
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