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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

ROSTAM (héros perse)

Rostam à la chasse

Rustem se leva un matin le cœur en souci ; il se prépara pour la chasse, revêtit sa ceinture et remplit de flèches son carquois. Il sortit, monta sur Raksch, et lança ce cheval semblable à un éléphant. Il se dirigea vers la frontière du Touran, comme un lion qui, dans sa colère, désire le combat. Arrivé près de la ville de Semengan, il trouva une plaine remplie d'onagres sauvages ; la joue du distributeur des couronnes se colora comme la rose ; il sourit, fit bondir Raksch, et tua un grand nombre de bêtes avec la flèche et l'arc, avec la massue et le lacet. Ensuite il alluma un grand feu de broussailles, d'épines et de branches d'arbres ; et lorsque le feu eut bien pris, il choisit un arbre pour lui servir de broche et en perça le corps d'un onagre mâle qui ne pesait pas dans sa main ce que pèse une plume d'oiseau. Quand l'onagre fut rôti, il le dépeça, en mangea, et brisa les os qui contenaient la moelle ; puis il s'endormit et se reposa des fatigues de la journée, pendant que Raksch paissait dans la plaine. Or il arriva que sept ou huit cavaliers turcs passèrent par le lieu de la chasse ; ils aperçurent dans la prairie les traces des pieds de Raksch qui errait le long des bords de la rivière ; à la fin ils le rencontrèrent dans la plaine et coururent pour s'en emparer. Ils fondirent sur lui de tous côtés et lancèrent contre lui un lacet royal. Quand Raksch vit le lacet des cavaliers, il s'élança contre eux comme un lion indomptable, en tua deux en les frappant de ses pieds, et arracha avec les dents la tête à un autre. Trois de la troupe étaient morts et le courageux Raksch n'était pas encore lié ; mais ils jetèrent sur lui leurs lacets de tous côtés et prirent sa tête dedans ; ils le saisirent et le menèrent en courant à la ville, où chacun voulait tirer parti de lui.

Quand Rostam se réveilla de son doux sommeil, il eut besoin de sa monture ; il regarda dans la prairie ; mais nulle part il n'aperçut de cheval. Il fut courroucé lorsqu'il se vit privé de cheval, et prit, tout confus, le chemin de Samangan, disant : Maintenant qu'il me faut marcher, comment pourrai-je avancer, accablé de honte, portant mon carquois et ma massue, armé de ce casque pesant, de cette épée et de cette cuirasse ? Comment traverserai-je le désert ? Comment me défendrai-je contre ceux qui m'attaqueront ? Les Turcs diront : Qui a donc emmené son cheval ? Rostam s'est endormi et il est mort. Il faut maintenant que je parte dans cet embarras, que je, laisse aller entièrement mon cœur à cette douleur ; il faut que je mette ma ceinture et que je me charge de mes armes, peut-être arriverai-je à un endroit où je trouverai des traces de Raksch. C'est ainsi qu'il partit le cœur plein de trouble et de soucis, le corps dans la souffrance, l'esprit à la torture. » Le livre des rois, 2,1

 

Rostam à la guerre

Rustem dit aux Iraniens : « Nous n'avons fait dans ce combat aucune perte. Maintenant les Iraniens seuls posséderont ces éléphants, ces trésors, ce trône et cette couronne brillante, et je n'ai besoin pour cela que des pieds de Raksch et de la grâce de Dieu. Je ne laisserai plus fouler du pied la terre à aucun homme du pays de Seklab, de Schikin et de la Chine ; car ce jour est le jour de notre victoire, et le ciel sublime couvre de gloire notre armée. Leurs crimes les ont marqués pour la destruction, et les mauvaises actions des méchants les perdent. Si Dieu le distributeur de la justice me donne des forces, si Raksch montre son brillant courage, je ferai de cette plaine un cimetière, je convertirai en marais cette terre fertile. Chacun de vous se rendra à son poste en toute hâte et en courant comme le vent ; vous écouterez, et lorsque je m'élancerai de cette place, vous ferez sonner les conques et les clochettes, vous rendrez la terre noire comme l’ébène par la poussière que soulèveront vos chevaux, on battra les timbales, vous frapperez sur les masses d'armes et les lourdes massues des Touraniens comme le marteau du forgeron frappe sur l'acier ; vous n'aurez pas peur de leur nombre ; vous ferez voler l’écume des flots de la rivière jusqu'aux nuages, vous romprez les rangs des Seklabs et des Chinois, et il faut que la terre ne puisse apercevoir le ciel d'azur. Tenez tous les yeux sur moi ; quand je pousserai le cri de guerre, vous vous ébranlerez et vous frapperez. »

Ensuite il partit, semblable à un éléphant en rut, tenant en main une massue à tête de bœuf ; il s'approcha de l'aile gauche des Touraniens en poussant des cris, et aborda leur armée du côté où commandait Kender ; il rompit entièrement l'aile gauche, et bien des têtes couvertes d'un casque ne revirent plus les corps auxquels elles avaient appartenu. Or il y avait là un parent de Kamous qui portait le nom de Saweh, homme orgueilleux et d'une ambition immodérée. Il s'avança contre Tehemten une épée indienne à la main, tournant autour de lui à droite et à gauche, et désirant venger la mort de Kamous. Il dit à Rostam : « O éléphant furieux, tu vas voir le tumulte des flots de l'Indus ; je vais venger le malheureux Kamous, et c'est la dernière bataille à laquelle tu assistes. Lorsque Rustem entendit les paroles de Saweh, il saisit sa lourde massue, la détacha et l'en frappa sur la tête ; l'âme de Saweh quitta son corps misérablement. Rustem le jeta par terre, le fit fouler aux pieds par Raksch, et il ne resta pas de trace de lui dans le monde. Le drapeau de Kaschan fut baissé, et le sort de Saweh remplit son armée de tristesse. Personne ne tenait plus devant Rustem ; il était capable de faire porter des fruits à la poussière et aux ronces. [...]

[Après la bataille,] Rostam dit aux Iraniens : Il faut maintenant déposer vos armes, car il ne sied pas de paraître devant Dieu qui donne la victoire, avec des massues, des flèches et des boucliers. Inclinez tous vos fronts jusqu'à la terre noire, ensuite mettez des couronnes sur vos têtes, car il ne nous manque aucun des grands sur lesquels nous avions de l'inquiétude. [...] Maintenant il est de notre devoir de nous prosterner humblement dans la poussière devant Dieu le tout saint ; car c'est lui qui nous a donné de la force, une étoile puissante et la faveur de Saturne et du Soleil. Puisse notre fortune ne pas baisser ! puissions-nous échapper aux angoisses du malheur ! [...] Maintenant dépouillez-vous de vos armures, et que la parure embellisse votre repos. Sans doute les soucis et les joies du cœur sont également fugitifs, et le destin compte nos respirations ; mais il vaut mieux les compter la coupe en main, et oublier cette voûte du ciel qui n'est l'amie de personne. Buvons donc du vin jusqu'à minuit, célébrons la mémoire des braves, rendons grâces au Maître du monde, au Maître de la victoire, de qui viennent la bravoure, le bonheur et les hauts faits ; et n'attachons pas, au milieu des soucis et des peines, notre cœur à ce séjour passager. Les grands le bénirent, disant : Puissent le diadème et le sceau n'être jamais privés de toi ! Celui qui te ressemble, ô héros au corps d'éléphant, élève sa tête au-dessus du ciel qui tourne, même quand il est le sujet d'un autre. Tu sais ce que tu as fait par affection pour nous : que le ciel se réjouisse de ce que tu vis ! Nous étions battus, notre jour avait baissé, c'est à toi que nous devons notre vie et notre gloire. Bénies soient ta famille et ta race ! bénie la mère qui met au monde un fils comme toi ! » Le Livre des rois, 3,2.

ROSTAM (héros perse)

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