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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Le BRAHMAN (concept philosophique indien)

Dans Maîtraya Upanishad. Traduit pat F. M Muller

 

Un vieux roi a abandonné la couronne à son fils et s’est retiré dans la forêt pour méditer sur la vie et la mort. Il y rencontra un ermite et se jeta à ses pieds en disant :

« Ô Saint homme, toi qui connais la nature de la réalité, dis-moi à quoi sert de jouir des plaisirs dans un corps dégoûtant et sans substance, qui n’est qu’un amas d’os, de peau, de muscles, de moelle, de chair, de sperme, de sang, de mucosités, de larmes, de flegmes, d’ordure, d’eau, de bile et de glaires ?

À quoi bon jouir des plaisirs dans ce corps qui est assailli par la luxure, la haine, la gourmandise, l’illusion, la crainte, l’angoisse, la jalousie, la séparation de ce que nous aimons, l’union avec ce que nous n’aimons pas, la faim, la soif, la vieillesse, la mort, la maladie, la souffrance et d’autres maux ?

Je vois bien que tout est périssable, comme les insectes, comme les plantes et les arbres qui croissent puis dépérissent. Des rois puissants, habiles à mener leur armée, sous les yeux de leur famille ont abandonné toute leur fortune pour passer en un instant de ce monde dans l’autre. De même, l'Histoire vu les océans se dessécher, les montagnes tomber, l’étoile polaire elle-même se déplacer. Jadis, durant le Déluge dont nous parle tant les écritures, les cordes qui retiennent les astres furent coupées, la terre fut submergée et les dieux eux-même durent s'enfuir de leurs séjours.

Dans un monde tel que celui-ci, dans lequel je suis comme une grenouille dans une mare desséchée, à quoi bon jouir des plaisirs ?

Car je sens bien que mon corps est sans intelligence, et qu'il n'est après tout qu'un véhicule, dont j'ignore qui est le véritable conducteur. Ô Saint homme, toi qui es la voie, toi que je considère comme ma voie, apprend-moi donc ce que je désire tant savoir.

Alors l'ermite, qui s'avéra être un avatar de Brahma, lui répondit:

« Celui qui est sans passion au milieu des objets de l'univers, infini, impérissable, incréé et indépendant, celui qui est dans le feu et celui qui est dans le cœur, celui qui est dans le soleil, ne sont tous qu’un seul et même existence ; c'est le Brahmane. Le sage qui connaît ce secret ne fait plus qu’un avec lui, car il est l'Être Unique et l'âme cosmique de l'univers.

Comme les oiseaux et les daims n’approchent pas d’une forêt en feu, de même le vice n’approche jamais celui qui connaît le Brahman. Celui qui connaît le Brahman est serein car il a tué en lui tout Karma, qu'il soit la résultante de bonnes ou de mauvaises actions. En faisant de sa propre personnalité une partie du Brahmane, c'est ainsi que le sage vit dans le bonheur qui ne connaît ni fin ni limite.

Les pensées seules sont la cause du cycle de la naissance et de la mort, elles seules produisent le karma. Il faut donc que tu t'efforces de purifier tes pensées. Ce qu’un homme pense, il l’es, voici le secret. Si tu fixes ta pensée sur l’Éternel Brahman, au lieu de les laisser se poser sur les choses de ce monde, comment ne pourrais-tu pas te libérer de cette servitude dont tu te plaints ?

Délivre-toi de tes pensées, affranchit ton esprit de la paresse, de la distraction et de l’inquiétude ; voici le but suprême que tu dois atteindre. Comme on ne peut distinguer l’eau dans l’eau, le feu dans le feu ou le vide dans le vide, tu dois pouvoir ne plus distinguer de différence entre ce que tu es et le Brahman. C'est ainsi que tu obtiendras la Moksha, l'ultime libération qui fera que plus jamais tu ne repasseras par là. »

Le BRAHMAN (concept philosophique indien)
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