24 Décembre 2021
Le rituel védique
Texte composé de l'hymne à la création (Rig-Véda) et d'un extrait du Mahabharata
L’œuvre de création sur le point de se terminer, sous la direction du Soma et présidé par Brahma, les dieux se disposaient donc à faire un sacrifice selon les règles établies par les Védas. Ils réunirent pour cela les offrandes, les produits et les objets propres au rituel, et désignèrent les divinités dignes d’y prendre part.
Cependant, Rudra ne fut pas invité car , n'étant pas un fils de Brahma, il n'était pas brahmane et donc ne pouvait pas prétendre y assister, les cérémonies védiques étant en principe réservées aux « deux fois nés », c'est à dire aux brahmanes initiés et capables de ne pas faire mauvais usage de leurs pouvoirs.
La toile du Sacrifice s’est alors à nouveau étendue sur l'univers, tirée par les fils de Brahma. Les Ancêtres, indispensables au bon déroulement des saintes cérémonies, se sont ensuite assis près de cette toile pour la tisser, la monter et la démonter.
Brahma développa, découpa, étendu cette toile dans le ciel, comme un boulanger divise la pâte qui vient de gonfler. Sur elle, et près de lui, furent placés les prajapatis dont les mélodies des chants védiques s'enroulèrent autour des dévas et de Brahma.
Se présenta alors Agni, le dieu du feu, venu à la cérémonie en amenant avec lui Gayatri, le divin mantra miraculeux de 24 syllabes, composé de trois vers contenant huit pieds chacun, dont la récitation est aussi douce à l'âme que le miel sur la langue.
Saviter, le fils de la Lumière, le soleil de la nuit, le dieu des saisons et des récoltes est venu à cette cérémonie avec Ushni, le vers de 28 syllabes, composé de 3 vers dont le dernier est le plus long. Quant à Soma, dont la voix et le souffle excellaient aux chants, il chanta en choisissant Anouchtoubh, le vers de 32 syllabes composé de quatre vers de huit pieds.
Brihaspati, le dieu des incantations religieuses et de la magie, né de l'union de Brahma avec Sarasvati, officia en tant que prêtre et il accompagna ses psalmodies en suivant le rythme Brihati, composé de 36 syllabes, divisé en quatre vers inégaux.
Pour la libation de mi-journée, les dévas Mitra et Varouna, accompagnées de leur roi Indra, entonnèrent le Tristubh, composé de 44 syllabes divisé en quatre vers contenant le même nombre de pieds.
Enfin, les Dévas à l'unisson reprirent en fin de journée le chant Djagati, composé de 48 syllabes divisé en quatre vers contenant le même nombre de pieds.
C'est donc en chantant, que nos ancêtres les rishis ont montré avec fermeté les rayons qui éclairent les voies qui mènent à Brahma et c’est ainsi que prièrent jadis les premiers rishis qui marchaient sur la Terre. Depuis, les ancêtres n'ont eu de cesse de faire de même, gardant précieusement dans les Védas les règles traditionnelles et la juste prosodie qui permettent de mener à bien les sacrifices sans lesquels jamais rien n'aurait X été, ni ne serait .
La colère de Rudra
Extrait du Mahabharata
Ne participant pas au rituel, Rudra, le dieu de la fertilité n'en perçut pas les bénéfices, ce qui le mit en colère. Connaissant mal Rudra, le collège des dieux n’avait pas invité ce dieu mystérieux et secret dont le seul habit est un pagne en peau de bête.
Rudra sortit alors de sa retraite sous-marine pour se précipiter au sommet du Mérou où se tenait la cérémonie. Tout juste sortit de l’eau sous laquelle il méditait depuis si longtemps, Rudra vit des créatures arpenter la Terre. Réalisant que ces êtres se débattraient à jamais dans l'océan des incarnations, Rudra s’irrita et agita son phallus puis le planta dans la terre. Voulant l’apaiser par des paroles, Brahma lui dit :
« C’est par ton ascétisme, ô Rudra, que la nourriture a été obtenue pour les êtres vivants. C'est grâce à toi que croissent les plantes et que vivent les créatures en se développant continuellement. C'est grâce à tes chakras et à tes tantras que l'univers a pu émerger du chaos et subir la lois éternelle du Dharma.»
Sur ces paroles, toujours en colère, le grand ascète Rudra se retira au sommet du mont Kailash. Afin de perturber la réunion des dieux, il se construisit un arc magique doté d'un flèche si puissante qu'elle était un missile que craindrait les dieux eux-mêmes. Rudra construisit cette arme avec l'ensemble des sacrifices que les mortels lui avait adressés depuis la nuit des temps.
Alors Rudra ainsi armé, irrité d'avoir été mis à l’écart d'un si précieux rituel,se dirigea vers l’endroit même où les dieux offraient leur sacrifice. En voyant ce guerrier inarrêtable qui tenait un tel arc en main, la déesse Terre chancela et les montagnes tremblèrent. Le vent cessa de souffler, le feu allumé cessa de briller et les étoiles épouvantées se mirent à errer dans le ciel. Le Soleil lui aussi cessa de briller, tout comme le disque magnifique de la Lune , et le ciel entier fut plongé dans l’obscurité.
Le feu du sacrifice cessa alors de brûler et les divinités se mirent à trembler.
Alors Rudra atteignit le Rituel d’une flèche au cœur, lequel se transforma aussitôt en gazelle et s’enfuit avec les dernières flammes.
Le rituel parti, l’intelligence n’éclaira plus les dieux qui ne reconnurent plus rien. C'est alors que Rudra sauta auprès d'eux et leur asséna de sévères coups, utilisant son arc comme une massue. Des fils de la Lumière furent blessés par sa colère ; par exemple, Tvastar, l'artisan céleste, eut deux de ses bras coupés, le Soleil les yeux crevés et Poushan le protecteur les dents brisées.
Les dieux s’enfuirent alors de toute part. Quelques-uns chancelaient, comme s’ils avaient été sur le point de perdre leur souffle vital dont Rudra était la véritable condition primordiale.
C'est alors que Rudra rit violemment tandis qu'il retenait les dieux autour de lui, à l’aide de l’extrémité recourbée de son arc. Magnanime, il rendit ses deux yeux au Soleil, ses deux bras à Savitar et ses dents à Poushan. Puis, après avoir jeté sa colère dans l’Océan , il rendit aussi le Rituel aux dieux qui imploraient sa pitié et lui témoignaient le regret de ne pas l'avoir convié. Enfin, il accorda à tous sa protection.
Tout rentra alors dans l’ordre ; les dieux reconnaissants lui assignèrent en remerciement la totalité du sacrifice.
Voici donc qui est Rudra-Shiva: quand il est irrité, le monde est en désordre ; c'est alors qu'il est Rudra, la Colère. Cependant, quand il est apaisé, le miséricordieux Shiva est doux, et c'est grâce à lui que l’ordre renaît du chaos.
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