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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

PARÈDRES et COUPLES divins (divinités indo-européennes)

Outre la triade, les dieux indo-européens sont souvent présentés en couple : les divinités sont alors adorées ensemble, une statue plus petite accompagnant un totem plus imposant. Il s'agit souvent de parèdre, c’est-à-dire qu'à un dieu prépondérant est associée à une divinité subordonnée.

Les dyades ou groupes de deux divinités abondent dans toutes les parties de la Gaule. Maints cultes locaux sont ainsi placés sous l'invocation d'un dieu et d'une déesse. C'est le cas d'un grand nombre de génies des eaux, Grannos et Sirona, Luxovius et Brixia à Luxeuil, Bormo et Damona à Bourbon-Lancy.

E. Thevenot, Histoire des Gaulois

« Le groupe [de divinités celtes] le plus caractéristique est peut-être le couple anonyme dont le culte eut pour centre le pays des Éduens. À l’époque gallo-romaine, ce couple est représenté de la façon suivante : le dieu ordinairement barbu, revêtu de la saie gauloise, porte de la main droite un vase et tient de la main gauche un maillet à long manche ; ses traits expriment la gravité, mais aussi la bienveillance ; il est assis, comme sa compagne, sur un banc à dossier. La déesse drapée tient fréquemment une patère chargée de fruits et une corne d'abondance. Les attributs invitent à considérer ces images comme celles de divinités bienfaisantes. Les dimensions réduites des monuments, les lieux de trouvaille prouvent d'autre part que ces divinités étaient l'objet d'un culte privé. Sous les traits humanisés par la plastique gallo-romaine, se cachent de très anciennes divinités. Dans la déesse il est permis de reconnaître la Terre-Mère, c'est-à-dire la vieille divinité des temps préhistoriques, dont les premières images apparaissent dans les grottes de la vallée du Petit-Morin. Son compagnon ne peut être qu'un Dieu-Père, peut-être celui dont les Gaulois, au rapport de César, se disaient issus. » É. Thevenot. Histoire des Gaulois.

 

Couples et parèdres divines

védiques

Dyaus Pitar (Ciel) / Prithvi (Terre) - Mitra / Varuna - les Ashvins – Pururavas / Urvashi

hindous

Brahma / Sarasvati - Vishnou / Lakshmi - Shiva / Parvati - Rama / Sita - Krishna / Radha

mazdéens

Ahura Mazda / Spenta Armaiti - Zurvan / Khvashizagh

mithriaques

Mithra / Anahita

arméniens

Aramazd / Sandaramet (Ahura Mazda / Spenta Armaiti)

hourrites*

Hebat / Sharruma

hittites

Teshub / Khepat, Dieu « Soleil du Ciel » / déesse « Soleil de la Terre », « Grand Couple de Hattusa »

scythes

Papaios (Ciel) / Apia (Terre)

phrygiens

Cybèle / Attis

mycéniens

« Zeus mycénien » / Diwia (Héra) -

« Poséidon mycénien » / Posidaeja

grecs

Téthys / Océan - Zeus / Héra – Zeus / Dioné -

Héphaïstos / Aphrodite - Adonis / Hyacinthe -

Achille / Patrocle

romains

Liber Pater / Libera - Jupiter / Junon – Eros / Psyché

ligures

Lug et Lugina

daces

Sabazios (Jupiter, Bacchus) / Magna Mater

thraces

Sabazios (Jupiter, Bacchus) / Magna Mater –

Zalmoxis / Hestia

celtes

Sucellos / Nantosuelta

gaulois

Borvo (ou Albius, ou Moritasgus) / Damona - Bélénos (Grannos, soleil) / Sirona (la lune)

gallo-romains

Smertios / Ancamna (Inciona) – Lunus / Ancamna (Inciona)

bretons

Gwion / Koridgwen, Tristan / Yseult

lorrains

St Nicolas / Père Fouettard

scandinaves

Odin / Frigg

slaves

Lada / Yarillo - Siebog / Jiva -

Péroun / Vélès (Indra-Varuna)

Le trône partagé de Shiva et Shakti

Au principe créateur et masculin est associé un principe préservateur et féminin. Dans la tradition shaktiste, le principe féminin universel régissant l'Univers est la grande déesse Adi-Parashakti (« la mère de toutes les énergies »).

Les divinités féminines peuvent être totalement subordonnées à leur partenaire ou être considérées comme des divinités contrôlant les dieux eux-mêmes. Dans la tradition shaktiste, la déesse-mère Parashakti est le moteur féminin de l'existence. Elle est le principe régulant le Shiva, qui est la toile sur laquelle s'incarne l'Univers (Ishvara).

Selon la définition de Mircéa Eliade (Patanjali et le yoga), Shakti est la « force cosmique promue au rang d'une Mère divine, qui soutient aussi bien l'Univers et tous ses êtres, que les multiples manifestations des dieux ».

Comme nous l'enseigne les Agamas, c'est à Shiva-Loka, c'est-à-dire au sommet du Kailash métaphorique, que vivent Shiva, la princesse des montagnes Parvati, le boeuf Nandi, ainsi que l'ensemble des Ganas (saints-guerriers). D'un côté du Kailash s'étend un monde glacé et enneigé, tandis que de l'autre côté s'étend un monde lumineux et luxuriant.

Au sommet de l'axe de l'univers, demeure donc le couple divin Shiva-Shakti, qui depuis la nuit des temps, incarne le couple idéal, l'exemple à suivre pour tous les couples de créatures qui arpentent les quatorze domaines de l'existence (sept supérieurs, dont la Terre, et sept inférieurs, dont les narakas et Yamaloka).

Dans le shaktisme tamoul, le trône de Shiva et Parvati n'est pas au sommet d'une montagne, mais au cœur d'une île paradisiaque (Sveta-Dvipa / Sripura) : « Au cœur de l'île aux pierres précieuses se trouve le jardin de Kampala, un vergé composé d'arbres à souhait. Dans ce jardin, se trouve la pagode de la sagesse, uniquement composée de joyaux étincelants. Dans cette pagode, se trouve le trône de Shiva, où Shakti est assise. » Abhirami Andati.

Depuis le trône de pierre qu'ils partagent, Shiva et Shakti sont donc le centre de toute existence. Shiva, le corps de l'Univers, médite sur sa création, tandis que sa femme, à la fois mère, femme et maîtresse, s'efforce de maintenir pour lui les conditions nécessaires au bon déroulement de sa transe. Tandis que Shiva médite sans relâche, Shakti, sous la forme de Parvati, lui lave les pieds, comme le ferait un disciple pour son gourou. Elle veille aussi à ce que sa cruche soit remplie d'eau de source tous les matins du monde.

Mais plus encore, Shakti inspire chacune des pensées de Shiva et motive ses moindres actions, de sorte que l'entité maîtresse du cosmos n'est pas tant le sauvage et taciturne Shiva mais la douce et généreuse Parvati.

 

Le mythe du trône céleste partagé par deux divinités d'un genre différent, se retrouve en Europe. Chez Ammien Marcellin, qui évoque la pratique des oracles, on peut lire :

Thémis préside à ces oracles ; Thémis, ainsi nommée parce qu’elle révèle au présent les immuables décrets des destins [...]. Et c’est comme symbole de ce pouvoir que les anciens théologiens assignent à cette déesse une place au lit et sur le trône de Jupiter, le principe créateur.

Histoire de Rome, 21, 1, 8.

PARÈDRES et COUPLES divins (divinités indo-européennes)

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