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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Jamagdani et Rénouka (conte indien)

Jamagdani et Rénouka

Au Satya Yuga, l'âge parfait, avait donc succédé le Tetra Yuga, l'âge d'argent, et des guerres terribles commencèrent à déchirer la terre, menées par les guerriers de la caste des kshatriyas, cette même caste qui était censée garantir la paix et la sécurité aux peuples dont elle avait la garde.

Afin de rétablir les rituels qui avaient été dérangés par les perpétuelles brimades des kshatriyas, Vishnou dut s'incarner une nouvelle fois et choisit de se trouver un avatar dans la caste sacerdotale des brahmanes, dont le rôle est de proposer un modèle de sagesse aux autres castes.

Sur terre vivait alors Jamagdani, un rishi fils du prajapati Brigou, qui était strictement obsédé par le respect du Dharma sur Terre. Vishnou prit donc la forme de son plus jeune fils, Parashu-rama, un jeune et vaillant brahmane dont le destin était de rétablir sur Terre le juste équilibre entre les rois et les prêtres, entre les Kshatriyas et les Brahmanes, son nom signifiant littéralement « celui qui veille, armé d'une hache », et pourrait être traduit par « l'ascète guerrier », « le prêtre enragé » ou encore « le guerrier-magicien. »

Parashu-Rama était un des fils qu'eut Jamadagni, un descendant du prajapati Brigou, avec Rénouka, qui se révéla être elle-même un des avatars de la déesse Parvati. Jamadagni avait eu cinq fils de son union avec Rénouka, et Parashu-rama était le plus jeune.

Issu de la lignée de Brigou, Jamadagni était donc aussi un héritier direct de Brahma, et c'est pour cela qu'il maîtrisait parfaitement les Védas, mais aussi les arts martiaux les plus redoutables, et ceci sans jamais les avoir étudiés ni les avoir appris de personne. Grâce à ces qualités, lors de l'âge d'argent, les dieux en avaient fait un des rishis, gardiens de l'ordre cosmique et de la justice sur terre. Ils lui avaient même confié la garde de Kamadéniou, la vache sacrée grâce à qui ceux qui habitent la Terre pouvaient boire, manger et prospérer.

Jamadagni vivait en ascète avec sa famille, reculé du monde, mais il était craint des dieux eux-mêmes, parce qu'il avait la réputation d'avoir mauvais caractère et de ne pas supporter être dérangé lors de ses médiations. Un jour de forte chaleur, alors que le Soleil brillait trop fort au dessus de sa tête, le rishi s'était emporté contre lui, l'avait menacé de son arc et même tiré des flèches. Pour calmer le courroux du rishi, l'astre effrayé lui offrit une ombrelle et des sandales, que Jamadagni s'empressa d'offrir à son tour à l'humanité, qui depuis souffre bien moins de la canicule.

Il y eut aussi dans la vie de Jamadagni un événement bien plus anodin, mais qui eut d'immenses répercutions : sa femme Rénouka allait chaque matin chercher l'eau du puits en utilisant un vase en terre non cuite que la pureté et la grâce seule de ses pensées maintenaient solide.

Seulement, un matin, un groupe de Gandharvas et de nymphes, ces espiègles créatures célestes dont l'occupation consiste à satisfaire tous les plaisirs des dieux, vint badiner devant elle alors qu'elle faisait ses ablutions matinales. Un instant seulement, mais un instant tout de même, Rénouka éprouva du désir pour la vie légère de ces créatures, ce qui eut pour effet de dissoudre le vase de terre qu'elle tenait en main et qui était censé ramener de l'eau fraîche au pied de son mari et gourou Jamadagni.

Ce dernier, ayant reçu de Brahma le don de clairvoyance, vit en esprit sa femme sans eau ni cruche et sut dès lors que des pensées impures avaient effleuré son esprit et pour un instant s'étaient glissées en elle.

Saisie de honte, n'osant pas croiser le regard plein de désapprobation de son mari, Rénouka n'osa plus revenir au foyer. Elle vécut dès lors dans la pénitence, isolée d'abord dans la forêt, puis elle déménagea dans une ville où personne ne le reconnaîtrait ni ne pourrait faire de tort à son mari.

Voyant qu'elle ne rentrerait pas, et qu'ainsi elle attirerait sur lui et ses fils l'opprobre et la honte, Jamadagni fut pris de colère et voulut qu'elle soit mise à mort. Il demanda pour cela à ses fils de se charger de le venger. Mais tous se défilèrent, n'osant pas agresser leur mère. Renforcé dans sa colère, Jamadagni changea ses quatre fils aînés en pierre. Seul Parashurama, le plus jeune, accepta la terrible tâche qu'était la vengeance de son père. Si Parashu-rama accepta la sinistre tâche qui lui incombait, ce n'était bien sûr pas de gaieté de cœur, mais comme il savait l'immense pouvoir de son père, il préféra ne pas s'y opposer ni le décevoir.

Durant de longs mois, Parashurama rechercha sa mère, puis la tua dans l'espoir que grâce à son acte, elle renaîtrait un jour plus vertueuse. La légende raconte qu'il alla retrouver sa mère jusque dans les plus sinistres bas-fonds de la société. Elle vivait alors sous la protection d'une femme Intouchable, nommée Yellamma, qu'un amour saphique avait poussé à l'aider. De son arme fétiche, une hache, symbole des sentiments que la sage retranche impitoyablement de son âme, Parashu-rama décapita les deux femmes, puis ramena leur corps à son père.

Celui-ci en fut si heureux qu 'il offrit deux vœux à son fils, en remerciement de sa fidélité. Ces vœux, qui tout naturellement furent exaucés, consistaient pour Parashu-rama à demander la résurrection de ses frères et de sa mère, sans qu'ils fussent pour autant affectés du souvenir ainsi que de la raison de leur mort.

Cependant, Jamadagni, dont l'esprit avec été brouillé par la joie de découvrir en son fils de son plus fidèle disciple, intervertit les têtes et les corps des deux femmes, de sorte que la tête de Rénouka fût placée sur le corps de Yellamma et vice versa.

Depuis, Rénouka est vénérée comme un avatar de Parvati et Yellamma est vénérée comme un avatar de Kali.

Jamagdani et Rénouka (conte indien)
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