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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

PARVATI (divinité indienne)

Le bien comme le mal, voilà qui m'est bien égal. Pour ce que j'en sais, rien ne m'appartient, ni ma vie, ni le reste. Tout ce que j'ai, c'est de l'amour à te donner, fille de l'Himalaya, éternelle montagne de vertus, océan de miséricorde, car tu es la plus belle et la plus tendre des amies. »

Abhirami Andati, 95.

Parvati est l'une des divinités hindoues les plus anciennes et son culte est encore très largement diffusé de nos jours. Du mont Kailash et du lac Manrosvar (Tibet occidental), jusqu'au temple de Kanchipuram en pays tamoul, se trouvent des dizaines de milliers de lieux de culte qui lui sont dédiés, sans compter encore les temples shivaïtes qui lui dédicacent toujours un autel en tant que compagne du Grand-Dieu (Mahadeva).

Parvati est le pendant indien de la Cybèle d'Asie Mineure, et de l'Ishtar-Inana des peuples mésopotamiens ; elle incarne les liens familiaux, l'amour conjugal, la persévérance, mais aussi la fertilité, le passage des saisons, la nature et ses richesses. Fille d'Himavat, le roi-Himalaya, Parvati est littéralement « la fille des montagnes » ; une étymologie qui rappelle en effet la Cybèle phrygienne. Celle-ci, selon Diodore (3, 58), « composa des remèdes purifiants pour les bestiaux malades et les nouveau-nés ; et, comme par des chants magiques elle guérissait beaucoup d'enfants qu'elle tenait dans ses bras, elle reçut pour ces bienfaits le nom de Mère de la montagne. »

Quand elle apparaît sous les traits de ses avatars Durga ou Kali, Parvati incarne la force sans égale de la nature, du temps et de la féminité. Sous sa forme idolâtre, elle apparaît drapée d'un sari rouge brodé de fils d'or, symbole du sang, de la passion et de la Terre. Son arme est un lasso, avec lequel elle réunit ses disciples et punit ses ennemis. En tant que Parvati, sa monture est un tigre, en tant que Durga, c'est un lion.

Comme les autres divinités du panthéon hindou, Parvati possède de très nombreux avatars. En tant que femme de Shiva, elle est une yogini dévouée mais en tant que Durga ou Kali, elle est la destructrice de tous les obstacles.

Durga est une figure élégante, magnifique de puissance. Elle possède 8 à 10 bras, qui tiennent autant d'armes, dont le disque cosmique de Vishnou (l'arme la plus puissante d'entre toute, car elle sépare le bien du mal) mais aussi la massue de Vasudeva, l'arc et les flèches du Désir (Kamadeva) ou le trident de Shiva.

Reine de l'Univers, Parvati est Rajareshwari, maîtresse de l'Univers, c’est-à-dire gardienne des illusions et de la beauté, elle est Lalita, tandis que déesse de l'amour et de la dévotion, elle est Kamakshi. La planète Terre est aussi un de ses avatars.

Dans le tantrisme, Parvati est aussi connue sous les noms de Gauri ou Uma et elle est à la tête de 64 (ou selon les traditions 81) yoginis qui lui sont autant d'avatars. En pays tamoul, elle est Amman (« la Mère »), ou Mari-amman (« la Mère Mari, la Mère de toutes les Shaktis »). Comme déesse de la séduction elle est Abirami « celle qui attire à elle l'Univers ». Déesse de la matière, reine de tout ce qui permet que les choses soient, maîtresse de la réalité et de son apparence, elle est Prakriti. À Goa, sous la forme de Kali, elle est Shanta, en Assam elle est Kamakya, dans le Gujarat et ailleurs elle est Amba.

1008 de ses formes sont ainsi répertoriées, comme autant d'adjectifs pouvant la qualifier.

Les dangereuses nymphes magiciennes, les daïkinis (ou dakinis), sont parfois présentées comme des avatars de Kali.

Dans la tradition tibétaine bouddhiste, Parvati peut être reconnue en Tara-la-Verte, surnommée « la mère de la libération », ou encore « la mère de tous les êtres éveillés (bouddhas, tathagatas) ».

Sachant qu'il existait en Sogdiane une version locale de la Durga hindoue, nous pouvons retracer un arc culturel qui s'étendrait du bassin du Gange à la Chine intérieure.

 

Le texte suivant est à la gloire de la Grande Déesse et comprend des extraits de l' Ananda Lahari de Shankara, du Lalitha Pancha Rathnam, attribué à Shankara, et de l' Abirami Andati, d'Abhirami Pattar.

Abhirami
Abhirami

*

Le culte de la Shakti se déroule à l'aube alors qu'elle apparaît sous la forme d'Ushas, l'annonciatrice d'un nouveau jour et d'une nouvelle victoire de la lumière, de la vérité et de l'espoir. D'elle émanent les rayons rougeoyants du soleil levant, tandis que les sages la reconnaissent et l'honorent car elle est le pourpre annonciateur de la lumière. On dit alors que celui qui médite sur la beauté de son corps bénit par les rayons de l'aube, verra se dissoudre le ciel et la terre. Alors, les Asparas, ces divines créatures aux yeux de biche qui peuplent l'espace, viendront toutes se coucher à ses pieds. De même, celui qui médite sur Shakti se verra couvert d'un nectar qui , directement du ciel, tombera sur sa tête, et semblable à l'amulette qui repousse le mauvais œil, d'un coup d’œil il fera fuir les serpents et d'un simple regard il soignera les malades.

La Terre, L'eau, le feu, le vent et le ciel, le goût, la vue, l’ouïe, l'odorat et le toucher, tout est enraciné là où Shakti pose ses pas. Elle est derrière chacun des arbres de la forêt de lotus qui poussent dans l'esprit des plus grands poètes. C'est d'elle que provient la parole royale et éternellement nouvelle de Sarasvati, la femme de Brahma, la gardienne des Védas. Lotus depuis lequel jaillit le miel au soleil de midi, elle est aussi le plaisir éprouvé sous la lune. Elle est l'esprit et l’éther, le feu et l'air, l'eau et la Terre : elle est l'univers et rien n'existe qui ne soit une partie d'elle... La conscience qui habite l'être humain n'est qu'une de ses nombreuses manifestations.

En somme, Shakti est le vaisseau sur lequel l'humanité toute entière est embarquée et avec lequel elle traverse l'océan de la naissance et celui de la mort.

 

Où qu'elle soit, les plus vénérables rishis sont troublés car Rati la séduction, et Kama l'amour, composent le nectar qui coule de son regard. Toutes les forces de l'univers émanent d'elle et se réunissent en elle, comme autant d'incarnation d'elle-même sous diverses formes.

Au dessus de tout ceux qui la contemplent, tout en ne cessant jamais d'occuper leur esprit, la déesse est vénérée par toutes les créatures célestes, y compris par Brahma lui-même. De fait, elle dépasse la vision pourtant parfaite des Védas, de même qu'elle dépasse tout ce qui peut s'énoncer ou se concevoir ainsi que tout le reste. Elle est la compassion sans faille, la cause de la création, de l'existence et de la destruction de l'univers. Elle est la divinité tutélaire des initiations mystiques. Elle est le pouvoir qui mène vers la connaissance de Shiva, elle est la graine dont la sagesse est la fleur.

Accompagné de Shiva et Shakti, le sage accède à l'autre coté de la vie, là où n'entrent ni les rayons du soleil, ni ceux de la lune. Un monde imperceptible lui devient familier, et un univers si différent de celui auquel il était habitué se révèle à lui. Car la grande déesse est de toutes les divinités celle qui a la réputation d'être la plus difficile à prier, mais aussi la plus généreuse avec ses fidèles.

Quand elle apparaît dans les nues, des nuées d'abeilles la suivent, figurant ses fidèles qui trouvent en elle un trésor de réconfort. En plus d'un lasso, la Déesse arbore un arc fait d'une tige de canne à sucre, qu'elle arme avec des flèches qui sont en réalité des fleurs. Ceux qui ont eu le rare et intense plaisir de l'apercevoir, nous racontèrent que la déesse possède de fines lèvres, une voix plus douce encore que le lait ou le sucre de canne et que ses seins sont recouverts de poudre de safran.

Semblable à des milliards de torches enflammées, elle est donc ce qui embrase l'esprit de ses millions d'adorateurs qui trouvèrent la paix dans sa contemplation. Que l'on croie ou non en son existence, Shakti est la seule vérité qui est, qui a été et qui sera. Et cette vérité est la seule chose à posséder et la seule force à maîtriser.

Quelque soit le rôle des autres divinités dans la Création, Parvati a toujours été l'impératrice de l'univers. Elle a dépassé la mort et ne connaîtra plus de naissance. Elle n'a ni commencement, ni fin. Il est très difficile de parler d'elle, car il est vain d'utiliser des mots pour la décrire et ses disciples viennent à elle en empruntant non pas le chemin du langage mais celui du désir !

Ses disciples ne désirent en effet qu'elle et ne pensent qu'à elle. À sa vue, leurs yeux sont mouillés de larmes de joie, ils tremblent, et leur esprit s'emplit de bonheur ! L'adoration de la déesse les a même poussés à tout abandonner pour elle. Elle a ainsi fait d'eux des fous qui balbutient, le regard livide et l’œil écarlate, car il s'agit de la seule manière d'entreprendre le bon et le juste chemin qui mène à elle.

Florissant dans leur esprit comme un bourgeon de lotus au printemps, elle en fait sortir la tristesse et les peurs. Grâce à elle, les sages n'ont plus besoin des plaisirs terrestres, si délectables soient-ils, car ils n'ont plus d'attaches et demeurent incapables de suivre les pas d'un autre ou même de sourire à une autre. En les laissant contempler ses fines hanches, elle les a fait goûter au meilleur des nectars et comme la poussière d'or devient lingot, à son contact, leur esprit a fondu pour être versé dans un moule qui a fait d'eux des esclaves condamnés à chanter ses louanges, reprenant à l'unisson les louanges que lui adresse déjà la Sainte Trimurti. D’innombrables fois les dieux ont même imploré son aide, en pleurant à ses pieds comme le ferait le moindre de ses disciples.

Une fois que la déesse aura posé ses yeux sur eux, ils obtiendront d'elle de nombreuses richesses dont la connaissance illimitée, un esprit jamais fatigué, et une divine beauté. Leur seul désir est donc qu'un jour Shakti pose sur ses pieds sur leur tête, ce qui serait pour eux la plus belle des illuminations car les adorateurs qu'elle choisit d'honorer, la déesse Shakti les installent sur l'éléphant d'Indra afin que leur esprit puisse connaître la paix.

On dit aussi qu'un seul de ses regard fera du plus vieux, du plus laid et du plus impotent des hommes, l'objet du désir des jeunes femmes et que pour un être sur lequel elle aurait posé son regard, toutes se rueront à en perdre leur saris dans une course folle tandis qu'elles se battront à s'en arracher les cheveux pour être aimées de celui qui a connu l'amour de la déesse Shakti.

 

Enfin, et ce n'est pas peu dire, Vishnou lui-même se prosterne à ses pieds, car c'est là que se trouve toute la beauté de l'univers et tous les trésors qu'elle offre à ceux qui se sont soumis à elle.

Quant à Shiva, comme nous l'avons vu, il n'est tout puissant que s'il s'unit à elle car, sans elle, il n'est pas même en mesure de bouger le petit doigt ni de cligner l’œil. Reine de tous les univers, maîtresse du seigneur Shiva dont elle est sa moitié, c'est à travers lui qu'elle insuffle le désir dans le corps des jeunes filles ainsi qu'en chacune des créatures qui vivent entre le soleil et la lune.

Pourtant généreuse, Shakti a choisi de ne pas vivre seule, et c'est donc grâce à elle que l'univers a pu exister et l'avoir comme mère. En le choisissant, Shakti fit de Shiva le gardien du cycle du temps en lui permettant de créer en ouvrant les yeux et de détruire en les fermant. Depuis, Shiva est à ses ordres et lui obéit d'un regard. À ses cotés, Shiva danse et dansera encore lorsque, plusieurs milliers de yugas plus tard, toujours suivant le rythme de son chant, il reconstruira les mondes. Ainsi, même si elle vit aux côtés du Seigneur-tout-puissant Shiva, elle demeurera sa mère à l'heure du déluge, et si elle lui est subordonnée à présent, à l'heure glorieuse de la Nouvelle Création, ce sera Shiva qui lui sera subordonné. Ainsi, leur relation incarne l'équilibre parfait qui procure le bonheur sans égal.

Enfin, comme chacun le sait, Brahma crée l'univers, Vishnou le préserve et Roudra le détruit. Quant à la toile de l'univers sur laquelle s'expose la réalité (Ishwara), et qui les contient tous, elle disparaîtra à son tour avant de réapparaître. Cependant, il n'y a jamais eu que Shakti de permanente, flottant au dessus de l'océan du temps, car les univers créés par Brahma ont un terme... Vishnou connaît le prix de la mort, et Shiva lui-même mourra... Tout disparaîtra, les richesses de Kubera, comme la puissance d'Indra...

L'un après l'autre, tous seront dissous, tous entreront dans le sommeil que rien ne trouble, lors de l'ultime déluge qui les submergera tous.

C'est alors que Shakti convolera avec son amant au dessus de l'océan du vide. Et pour elle, qui est l'âme et l'inspiratrice du déluge, le destin de notre monde n'aura pas plus d'importance que l'humble feuille morte qui sèche au soleil.

PARVATI (divinité indienne)
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