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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

MANU, le premier homme (mythe indien)

L'hindouisme propose des connexions avec les mythes sémites et sumériens les plus importants, comme par exemple le mythe de Manou, que nous connaissons sous nos latitudes comme celui de l'arche de Noé. Ce mythe, loin de se limiter à sa version judaïque, trouve en vérité son origine dans les plus ancienne tablettes d'argile jamais gravées par les scribes. Le Manou indien, le Noé juif est en effet l'Athrahasis acadien et le Uta-Napishtim sumérien, dont la légende remonte pour ses première traces au troisième millénaire avant notre erre.

*

Le déluge provoqué par les asuras avait détruit toutes les créatures vivantes... Toutes exceptées Manou, le premier homme qui fut donc aussi le dernier.

Seul au monde, celui-ci passa dès lors sa vie à prier et à jeûner, dans l’espoir d’obtenir des enfants. De très longues années, il fut solitaire des sacrifices en honorant la mer par de continuelles offrandes de lait, de fromage et de beurre clarifié, quand enfin, suite à l'intervention du divin sanglier, les eaux refluèrent.

Manou s'installa alors dans une grotte qui surplombait une vallée de très haute montagne. En vue des pics enneigés de l'Himalaya qui lui fournissaient la plus belle matière à réflexion et à contemplation, Manou recommença alors à prier, à méditer et à honorer les dieux, les prajapatis et la sainte Trimurti afin qu'il puisse connaître une femme qui lui donnerait un enfant pouvant assurer la pérennité du genre humain.

Au bout d’un an, une femme sortit des eaux qui n'avaient pas encore totalement refluées, . Les dévas Mitra et Varouna s’approchèrent d’elle et lui demandèrent:

«  Qui es-tu ?

- La fille de Manou.

- Veux-tu nous appartenir ?

- Nullement car je suis à celui qui m’a mise au monde. »

Les deux dieux eurent beau la presser, elle résista à leurs avances et s’en vint trouver Manou qui lui demanda à son tour :

«  Qui es-tu ?

- Ta fille.

- Et comment serait-ce donc possible ?

- Les offrandes de lait, de fromage et de beurre clarifié que tu faisais à la mer m’ont donné la naissance ; je suis la personnification d’un vœu formé jadis par toi. Unissons-nous ensemble pendant le sacrifice et, si tu y consens, tu auras de riches troupeaux et une grande postérité. Je te l'assure, les souhaits que nous exprimerons en commun ne manqueront pas de se réaliser. »

Manou s’unit donc à elle, dans sa grotte, sur l'emplacement même où il avait l'habitude d'allumer le feu sacrificiel et d'effectuer ses rituels. Longtemps ils vécurent ensemble, priant, jeûnant, désirant de nombreux descendants. Grâce à elle, Manou donna naissance à cette race dont nous faisons tous partie et qui encore de nos jours est appelé la race de Manou.

Grâce aux graines, plantes et diverses espèces animales domestiques et sauvages que Manou avait eu la présence d'esprit d'entreposer dans son navire, le couple n'eut pas de mal à continuer la Vie sur Terre.

Impressionné par sa piété dont la renommée franchissait les barrière du temps et de l'espace, le prajapati Brigou se rendit sur Terre pour rendre visite à Manou. Émerveillé par la sagesse du roi des hommes, qui avait su attirer à lui la confiance de Vishnou lors du déluge, Brigou le nomma gardien de l'univers pour la période qui s'étend d'un déluge à l'autre, fondant ainsi sur Terre une dynastie qui donnerait naissance, entre autres héros légendaires, aux pieux rois Dhruva, Harishandra, Bharata et Rama.

Au long de l'Histoire, il exista donc plusieurs Manous, qui furent tous l'incarnation du même Manou initial, apparaissant de manière récurrente pour annoncer le début ou la fin d'un cycle. Chaque Manou règne alors pendant une période de temps appelée Manwantara, longue de plus de 306 millions d'années et durant laquelle la civilisation humaine naît, prospère puis périclite. Lors du Déluge cyclique, la Grande Ours descendra alors sur Terre en amenant les prajapatis, afin que ceux-ci sauvent Manou et les Védas en les emportant avec eux au plus haut de l'univers, dans les domaines de Vishnou, Brahma et Shiva, qui ne connaissent ni début ni fin et donc qui ne sont pas sujets au déluge et au chaos régénérateur qui le suit.

Après l'avoir intronisé gardien des Védas, Brigou se mit ensuite en devoir d'enseigner à Manou tous les secrets du Dharma, la loi cosmique censée régir les existences. Pour ce faire, le prajapati s’assit un soir près de Manou puis lui dit simplement :

« Manou, celui qui t'a sauvé n'est autre que Vishnou. Grâce à lui le monde t'est à nouveau offert, chante donc sa grâce pour l’éternité. »

Puis le prajapati dicta les sentences suivantes au roi des hommes:

« Manou, il faut que tu saches que chaque existence doit chérir l'existence et non la combattre. Enseigne donc à tes congénères que l'Ahimsa doit être pratiqué. Il s'agit du refus de violenter et de nuire aux créatures que les dévas ont jugé bon de faire vivre et se reproduire. L' Ahimsa induit la pratique de la véracité, l'abstinence du vol, ainsi que la pureté et le contrôle des sens. Quant à ceux qui permettent que soient tuer des animaux, ceux qui amènent ces animaux à l’ abattoir, ceux qui les massacrent, ceux qui vendent leur viande, ceux qui l'achètent, ceux qui la cuisinent, ceux qui la servent, ainsi que ceux qui la mangent, tous sont des meurtriers et tu devras les considérer comme tels. »

Après ces dures paroles qui avaient pour dessein de sauvegarder la vie des centaines de milliards d'êtres vivants à venir, Brigou s'assura que Manou avait bien tout mémorisé en lui demandant de répéter ce qu'il venait de dire. Manou ayant récité sans faute les divins mots du rishi, celui-ci continua son sermon en abordant le thème central des castes et du respect que devaient avoir les hommes envers elles.

« Manou, sois en certain, le rôle qui a été assigné aux quatre castes universelles que sont les varnas doit être respecté par chacun des membres de la société. Un brahmane se doit donc d’exceller dans la pratiques des rites mystiques, un soldat doit savoir défendre sa nation en cas de guerre et l'administrer avec justice en cas de paix, un commerçant ou un propriétaire terrien, doit savoir faire prospérer sa société et non pas seulement s'enrichir individuellement. Enfin, un travailleur doit travailler dur et avec zèle pour que les trois autres catégories sociales puissent s'épanouir correctement. C'est ceci, et exactement ceci que tu enseigneras à tes sujets. En cas de litige, sache enfin qu'une femme, issue d'un brahmane et d'une shoudra, et qui porte l'enfant d'un membre d'une plus haute caste, cette nouvelle lignée n'attendra la plus haute caste qu'au sein de la la septième génération issue de cette union. Durant sept générations, la descendance d'une telle union devra être considérée comme appartenant à la caste inférieure. Quant à celui qui a été engendré par un noble avec une femme non-noble, il peut devenir noble par ses vertus. Cependant, celui qui a été porté par une mère de sang noble, mais qui a pour père un homme du commun, celui-là restera pour toujours l'opposé d'un aryen.

Selon cette règle, continua le prajapati, si un homme d'origine impure n'appartient à aucune caste, et que son caractère n'est pas connu, qu'il n'est pas aryen mais en a l'apparence, alors tu pourras découvrir ce qu'il est véritablement en observant ses actes. S'il a le sang pur, il s'abstiendra par exemple de certains comportements tout à fait indignes d'un aristocrate, telles la grossièreté, la dureté, la cruauté, et la négligence des devoirs prescrits, qui sont autant de faiblesse trahissant un homme d'origine impure.

Enfin, s'il est difficile mais possible à un shoudra d'attendre le rang d'un brahmane, il est beaucoup plus facile pour un brahmane de choir au niveau d'un shoudra, et il en va de même pour la progéniture d'un guerrier kshatriya ou d'un commerçant vaishyas. »

Ces derniers mots prononcés, Brigou laissa Manou libre de veiller au maintien de la vie sur Terre, à travers le respect des règles fondamentales du Dharma. Grâce à ses précieuses recommandations, Manou put donner naissance à une civilisation glorieuse et accomplie en tous les domaines.

 

Manou, qui eut des dizaines d'enfants, est donc notre le père de l'humanité car c'est de lui que descendent les castes brahmane, kshatriya, vaishya et shoudra, qui composent, depuis, toute société humaine. Cependant, au temps du premier Manou, brahmanes et kshatriyas étaient élevés dans le même amour, le même respect et la même connaissance des Védas. Ce n'est que plus tard, alors que l'humanité s'éloignait du passage de Brigou sur Terre, que les castes et leurs membres se tinrent à distance les unes de autres. Quant à ses nombreuses filles, Manou les éleva comme de véritables kshatriyas, tenant à ce qu'elles soient elles-mêmes des championnes dans la maîtrise des arts guerriers.

Manou offrit d'ailleurs une de ses filles, Prasuti, la Maternité, au rishi Daksha, qui s'accoupla alors à elle et obtenu de nombreuses autres filles. Dans leur ordre de naissance, il s'est agit de la Foi, de Bhakti, l'Adoration, de la Rigueur, de la Résignation, de l’Épanouissement, du Sacrifice, de la Dévotion, de l'Intelligence, de la Modestie, du Charnel, de l'Expiation, de la Perfection, de la Gloire, de la Célébrité, de Sati, la Vérité, de la Forme, de la Mémoire, de la Compassion, du Pardon, de l'Humilité, de l’Indifférence, de l’Énergie, de l'Offrande rituelle et enfin de la Libation.

Les treize premières filles de Daksha se consacrèrent au Dharma, l'Ordre Suprême de l'univers. Les femmes du Dharma sont donc Piété, Adoration (Bhakti), Rigueur, Résignation, Épanouissement, Sacrifice, Dévotion, Intelligence, Modestie, Charnel, Expiation, Perfection et Gloire.

Daksha maria ses autres filles avec les rishis célestes de sorte que la Célébrité se maria avec Bhrigou, la Forme avec Mariatchi, la Mémoire avec Angiras, la Compassion avec Pulastya, le Pardon avec Pulaha, l'Humilité, avec Cratou, l'Indiférence, avec Atri et l'Énergie, avec Vashishte. De ces unions, le plus productif des rishis, fut Cratou, car avec Humilité il eut 60 000 enfants, qui dès lors peuplèrent les trois mondes.

Daksha maria enfin deux de ses filles avec des dévas : l'Offrande se maria avec Agni, le dieu du feu, et la Libation fut associée aux services des Ancêtres, les Pitris. Quant à la Vérité, Sati, contre l'avis de son père, se consacra à Roudra.

Enfin, Manou fut aussi le père de cinquante autres enfants, qui n'appartenaient à aucune des quatre castes, mais de cette engeance, tous moururent en se disputant et en s’entre-tuant.

MANU, le premier homme (mythe indien)

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