23 Décembre 2021
« [Les fées] appartiennent d’abord uniquement à cette immense histoire anonyme et quotidienne que personne ne songe à dater, pas plus qu’à écrire, et qui serait pourtant si passionnante à deviner, à ressaisir en quelques-unes de ses parcelles. Qui donc aurait noté la vision de l’aurore qu’eurent, un matin préhistorique, des bergers perdus dans l’immensité du plateau de l’Asie centrale ? Ou la craintive émotion qu’éprouva quelques voyageurs cheminant à travers une forêt celtique, parce qu’un rayon de lune faisait, entre les feuillages, scintiller l’eau d’une petite source ? Ou l’anxiété d’un homme errant au sein d’une plaine infinie, et cherchant sa route dans les étoiles, semées comme les cailloux du Petit-Poucet ? Mais toutes ces minutes oubliées, qu’une poésie latente au fond de l’âme humaine, et jaillissant, sous l’influence de l’espoir ou de la terreur, avec la grâce des sources sauvages, a transformées en perles merveilleuses, sont allées grossir les trésors du « royaume de féerie. Les fées n’existent point, mais il existe chez l’homme un esprit féerique. » L. Faure-Goyau, La vie et la mort des fées, essai d’histoire littéraire.