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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

GILGAMESH résiste à ISHTAR (mythe mésopotamien)

Traduction Sauveplane

La déesse Ishtar courut droit au héros, et, dès l’abord, lui fit des propositions : « Allons, Gilgamesh, consens à devenir mon époux ! Ton amour ! je veux ton amour ! Fais-moi ce beau présent, de grâce, ne me refuse pas ! Toi, sois mon mari, moi, je serai ta femme !

La déesse Ishtar, en cette circonstance, mit en œuvre toutes ses ressources de séduction. Elle aussi, maintes fois, avait éprouvé le pouvoir, sur des âmes simples, de ce qui luit, de ce qui brille, de tout ce qui tire l’œil, cuivre ou or. C’est pourquoi, elle fit miroiter complaisamment aux regards du héros, les trésors qu’elle lui réservait en retour de ses faveurs :

« Tout ce que tu désireras, Gilgamesh, je te le donnerai. Tu feras ton entrée triomphale dans Uruk, sur un char resplendissant d’or et de pierres précieuses. Son timon sera en or et en diamant, y seront attelé de grands mulets blancs. Je t’introduirai dans notre sanctuaire, au milieu d’un nuage d’encens. A peine installé dans cette nouvelle demeure, tu recevras les hommages que l’on ne rend qu’aux dieux. Les peuples riverains de l’Euphrate viendront baiser tes pieds ; devant toi, se prosterneront les rois, les seigneurs et les grands. Comme gage de leur soumission, tous, ils t’apporteront en tribut les produits de la montagne et de la plaine. Je mettrai, moi, ta prospérité à son comble, en faisant produire à tes brebis des jumeaux. Voyons, Gilgamesh, que veux-tu ? Tiens, je t'offre de grands bœufs, à la fois fiers et dociles, incomparables dans la course aux chars, incomparable sous le joug ! »

Gilgamesh n’avait plus l’âme assez neuve pour se laisser tenter par un riche étalage de promesses. Aussi, tous les beaux discours de la déesse ne suffirent-ils pas à l’enjôler. Du premier coup, sans plus réfléchir, il repoussa dédaigneusement son amour.

« Voyons, où sont-ils tous ceux qui furent tes époux ? Attends, que je te révèle, moi, tes perfidies sans nombre ! Qu’as-tu fait de Tammuz (Dumuzi) ? Ton premier amour, il fut aussi ta première victime. Il est vrai que, pour le dédommager, tu fais célébrer son anniversaire en grande pompe. Qu’as-tu fait du bel oiseau, au plumage diapré ? Tu l’as frappé, tu lui as brisé les ailes. L’entends-tu sans cesse gémir au fond des bois : il pleure sur ses ailes, ses pauvres ailes ! Où donc est le lion superbe ? Tant de fois tu lui as labouré les chairs, impitoyablement. Où donc est le cheval, à la fière allure ? Tu lui as mis le mors et la bride, tu l’as pressé de l’éperon, tant, qu’un jour, après avoir fourni une course de quatorze heures, altéré, brûlant de fièvre, il a succombé sous toi. Cruelle, qui as fait verser des larmes à sa mère ! Où sont tous les autres, hélas !... Car, qui n’as-tu pas aimé et fait souffrir ! Qu’est-il advenu, dis-moi, du maître berger, l’un de tes fidèles adorateurs, qui, sans cesse, faisait fumer de l’encens et égorgeait des victimes en ton honneur. Eh bien, lui non plus, tu ne l’as pas épargné ! Tu l’as métamorphosé en léopard. A présent, ses propres gardiens le pourchassent, ses chiens s’acharnent sur lui et le mordent jusqu’au sang. Qu’est-il advenu, enfin, du jardinier, préposé à la garde du verger de ton père ? Plein d’attentions pour toi, chaque jour, il ornait ta table de présents choisis. Or, ayant levé les yeux sur lui, tu te pris à le convoiter. Tu vins droit à lui, tu lui tins des discours déshonnêtes : « Allons, mon jardinier chéri, goûtons, veux-tu, des fruits de ton verger. » Et le jardinier de te répondre : « Que me demandes-tu là ? Ma mère, ne fais point d’apprêts. Je ne toucherai pas à tes mets empoisonnés, car je le sais, qui les effleure seulement, est, bientôt, en proie à une fièvre mortelle. » Alors, toi, irritée de son refus, tu l’as frappé, tu l’as rendu infirme. Maintenant, cloué sur son lit de repos, il ne peut ni monter, ni descendre, il ne peut plus bouger... Et tu oses encore, après cela, impudente, me faire des propositions ! Tiens, tu m’aimes moi, comme tu as aimé tous les autres, pour me perdre! »

Outrée, Ishtar s'en vint trouver son père Anu, le dieu du ciel :

« Mon père, Gilgamesh m’a outragée ! Ne s’est-il pas avisé, l’impertinent, de me reprocher mes trahisons, oui, mes trahisons et mes méfaits ! Allons, mon père, crée le taureau divin. Vengeance ! Vengeance ! »

 

[Concernant l'épisode de la mort du taureau céleste, nous préférernt la traduction plus littérale d'Abed Azrié. La scène qui va suivre évoque un sacrifice au soleil, le Shamash des sémite. Des raprochements ayant édjé été fait entre Shamash et le Mithra aryen. Il n'est donc pas étonnant que l'iconographie mithriaque présent un mithrra enfonçant son couteau dans la gorge du taureau de la même manière que le fait Gilgamesh, adorateur du soleil.]

 

« Anou ouvre la bouche et répond à la souveraine Ishtar :

« Si je fais ce que tu me demandes, si je te donne le taureau céleste, sur la terre d'Uruk il y aura sept années de disette. As-tu rassemblé du grain ? As-tu entassé de l'herbe ? »

Ishtar dit à son père Anou :

« J'ai rassemblé du grain pour les hommes, j'ai entassé de l'herbe pour les troupeaux. Pour les sept années de disette, j'ai ramassé du grain et de l'herbe en abondance, pour les hommes et les troupeaux. »

Anou entendant ses paroles donne à Ishtar la longe du taureau céleste. Ishtar le fait descendre sur la terre, puis le conduit sur la terre d'Uruk.

Son arrivée répand la terreur. À son premier mugissement, cent hommes tombent. À son deuxième mugissement trois cents autres tombent. À son troisième mugissement, il se dirige vers Enkidu, mais Enkidu fait un saut de côté et attrape le taureau céleste par les cornes. Le taureau céleste lui lance au visage son écume et sa bave et avec sa queue l'asperge de sa bouse. [...]

Enkidu pourchasse le taureau céleste, il l'attrape par la queue et Gilgamesh habilement de ses mains enfonce son glaive entre le cou et les cornes et frappe à mort le taureau céleste. Après la mort du taureau céleste, ils lui arrachent le cœur, le déposent en offrande devant le dieu Shamash (Soleil) et se prosternent. » Légèrement adapté depuis Abed Azrié (op. cit.)

 

Reprenons la traduction de Sauveplane :

« Puis, accord touchant, ils s’assirent l’un à côté de l’autre comme deux frères. La déesse, elle, la colère dans l’âme, monta sur le rempart d’Uruk, et, ayant déchiré ses vêtements, fulmina cette imprécation : « Maudit soit Gilgamesh qui a osé me contredire ! Maudit soit celui qui a tué le taureau divin ! Enkidu, entendant de telles exécrations, ne se contenait plus de rage. Dans sa fureur, il arracha violemment la jambe droite du taureau divin et la jeta à la face de la déesse, avec cette violente apostrophe : « Ah ! si je pouvais te tenir, toi aussi, si je pouvais t’en faire autant ! Certes, j’aurais grande joie à voir la poitrine de cet animal suspendue à ton flanc. [...]

Les deux héros, cette cérémonie une fois accomplie, se purifièrent en lavant leurs mains dans l’Euphrate, puis, s’étant mis en route ; ils se dirigèrent vers Uruk. Bientôt, ils firent leur entrée triomphale dans la ville... Les notables d’Uruk étant venus lui rendre leurs soumissions, Gilgamesh, en pleine assemblée, leur adressa cette proclamation : « Qui donc est brave parmi les braves ? qui est fort parmi les forts ? » Une seule voix s’éleva de toutes parts : « Gilgamesh est brave parmi les braves ! Gilgamesh est fort parmi les forts ! »

Gilgamesh donna ensuite dans son palais une fête splendide. On mangea et on but tant, que, sur la fin du repas, les convives en liesse s’endormirent sur leurs lits de repos. » extrait de Jules-Justin Sauveplane, op. cit.

 

GILGAMESH résiste à ISHTAR (mythe mésopotamien)

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