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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

OPIUM - courte introduction à un enthéogène ancestral

OPIUM - courte introduction à un enthéogène ancestral

Dès le début du 3e millénaire avant notre ère, les Sumériens cultivent l'opium, appelée localement « hul gul », qui veut dire littéralement « la plante de l’ivresse ». Au cours du second millénaire, les Assyriens et les Babyloniens exportent l'opium en Égypte, contrée très vite séduite par ses propriétés médicinales, mais aussi mystiques. L'opium est la plante qui « se tient aux portes de la nuit » et qui « effraie la mort elle-même », provoquant un sommeil si lourd qu'elle « fait s'enfuir les rêves. » En Europe, on trouve la trace de sa consommation récréative dans les villages lacustres alpins, de même que dans les îles de la Méditerranée, notamment à Chypre. Dans la mythologie grecque, chantée par Homère dans l'Odyssée, l'opium est associé à Hypnos, Morphée et Thanatos, respectivement dieu du sommeil, des rêves et de la mort. Un des fleuves des enfers, le Léthé, dont le rôle est de faire oublier aux âmes le souvenir de leurs incarnations passées, longe des champs d'opium infernal et puise sa puissance à leurs racines. Les médecins Hippocrate (v. 460-377) Théophraste (372-287) et Dioscoride (40-90) en recommandent l'usage. À Rome, l'opium est l'attribut de Somnos, le dieu di sommeil. Tout comme Homère, Virgile en chante les bienfaits, mais aussi les dangers. C'est donnant une galette d'opium à Cerbère, le chien des enfers, que la Pythie peut conduire Énée en enfer, à la recherche de son père. L'opium est donc une plante à la puissance telle, que le gardien de la mort lui-même ne peut y résister. Vers l'an 60, sous le règne de Néron, on ne recense pas moins de 800 revendeurs d'opium. Vers l'an 750, comme en témoignent les annales de l'empire byzantin, l'opium fait des ravages dans les basses classes de la société. La plante est alors consommée hors contexte religieux ou médical, et en trop grande quantité. Vers la même époque, les soldats musulmans en consomment eux aussi beaucoup, attirés par les propriétés de désinhibition, particulièrement recherchées durant les violentes batailles, ou après celles-ci, afin de se remettre des combats et de leurs excès criminels. Les commerçants musulmans, alors maîtres de la Route de la soie, utilisèrent l'opium comme une monnaie d'échange complémentaire à l'or, à l'argent et au sel. La plante et sa résine font alors leur entrée sur les marchés de Delhi et du Bengale.

Succédant aux musulmans dans la domination des Indes, les Britanniques introduisirent la culture de masse de l'opium au Bengale et en Indochine. Depuis le milieu du second millénaire, la culture agricole du pavot est par ailleurs diffuse à travers l'Asie du sud-est. En 1584, sachant le goût immodéré de l'empereur chinois pour l'opium, l'île de Lanka en envoie 150 kg comme cadeau diplomatique. En effet, outre ses vertus curatives et psychédéliques, l'opium était considéré en Chine comme un aphrodisiaque.

La Chine était alors rebelle à la colonisation européenne. Il s'agissait d'un des derniers pays asiatiques indépendants de la domination économique occidentale. Ne pouvant utiliser le réseau financier classique entrer sur le marché local, les Britanniques imposèrent alors l'opium comme monnaie de substitution. Or, l'opium, très vite devenu indispensable à l'économie chinoise, était produit en masse par la Compagnie des Indes de l'autre côté de l'Himalaya…

« En 1757, le Bengale passa sous autorité britannique, et la Compagnie des Indes orientales en vint à détenir le monopole du commerce de l'opium bengali. En raison des grandes disparités constatées dans la qualité de l'opium qui y était transformé, dès 1773, la Compagnie prit en charge sa propre production. Des fabriques furent créées à Patna et à Ghazipore afin de transformer l'opium en matière première de négoce, en veillant à ce qu'il présente un degré de qualité homogène. Le pavot était cultivé dans des champs loués, disséminés dans d'immenses zones agricoles. Dès 1786, la production annuelle de ces fabriques d'opium s'élevait à vingt tonnes. » F. M. Bertholet, Opium, Art et histoire d'un rituel perdu.

Le pavot est une plante annuelle, qui se sème en septembre. Sa culture nécessite peu d'entretien et un sol convenable, c'est-à-dire bien drainé, tel que celui que l'on peut trouver dans les versants de l’Himalaya, du Zagros ou des collines indochinoises. Sa croissance dure quatre mois, au terme de laquelle la plante peut atteindre deux mètres de haut. Chaque pied possède jusqu'à cinq boutons. Ce sont dans les boutons que sont contenus les alcaloïdes.

Une fois fleurit, les boutons laissent tomber leurs pétales très rapidement (le pavot est de la même famille que les coquelicots). Une fois la plante mis à nue, le récoltant attend huit jours avant d'entailler la surface des boutons de petites stries parallèles les unes aux autres. Les jours suivants, l'opium, c'est-à-dire la résine de pavot, va goutter depuis ces entailles, sous la forme d'une crème laiteuse. Une fois séché, le liquide devient brun. Une fois collecté et décanté, il prendra sa couleur typique, d'un noir bleuté. La récolte dure quelques jours durant lesquelles les entailles qui se referment sont réouvertes.

Si la culture du pavot est universelle, le processus d'extraction du principe actif varie grandement à travers les siècles et les nations. Dans l'ouvrage de référence Opium, Art et histoire d'un rituel perdu, F. M. Bertholet nous renseigne cependant : il faudrait cultiver un hectare de pavot pour récolter mois de 2 kilos d'opium de la meilleure qualité.

« Un hectare de plants de pavot produit une récolte équivalente à huit a quatorze kilos d'opium brut. On laisse la substance décanter dans des jarres en terre, et on l'égoutte régulièrement jusqu'à ce que sa masse ne soit plus composée que pour moitié d'eau. Dans la fabrique d'opium, la substance brute produite est d'abord triée en fonction de son degré de fermeté, puis répartie dans des cuves en cuivre. Le contenu est ensuite brassé et retourné tous les jours, pendant un mois, ce qui permet de réduire encore son humidité à un cinquième. Les balles pétries à partir de cette masse initiale pèsent un peu moins de deux kilos. Elles sont placées dans des moules en argile. Ces moules seront stockés dans un hangar de séchage ventilé pendant deux mois et retournés quotidiennement, jusqu'à ce que le poids prescrit soit atteint. Les balles d'opium étaient ensuite emballées dans des coffres en bois de manguier, sur deux claies, à raison de vingt par claie. »

 

En 1757, le Bengale passa sous autorité britannique, et la Compagnie des Indes orientales en vint à détenir le monopole du commerce de l'opium bengali. En raison des grandes disparités constatées dans la qualité de l'opium qui y était transformé, dès 1773, la Compagnie prit en charge sa propre production. Des fabriques furent créées à Patna et à Ghazipore afin de transformer l'opium en matière première de négoce, en veillant à ce qu'il présente un degré de qualité homogène. Le pavot était cultivé dans des champs loués, disséminés dans d'immenses zones agricoles. Dès 1786, la production annuelle de ces fabriques d'opium s'élevait à vingt tonnes.

F. M. Bertholet, Opium, Art et histoire d'un rituel perdu.

Le pavot est une plante annuelle, qui se sème en septembre. Sa culture nécessite peu d'entretien et un sol convenable, c'est-à-dire bien drainé, tel que celui que l'on peut trouver dans les versants de l’Himalaya, du Zagros ou des collines indochinoises. Sa croissance dure quatre mois, au terme de laquelle la plante peut atteindre deux mètres de haut. Chaque pied possède jusqu'à cinq boutons. Ce sont dans les boutons que sont contenus les alcaloïdes.

Une fois fleurit, les boutons laissent tomber leurs pétales très rapidement (le pavot est de la même famille que les coquelicots). Une fois la plante mis à nue, le récoltant attend huit jours avant d'entailler la surface des boutons de petites stries parallèles les unes aux autres. Les jours suivants, l'opium, c'est-à-dire la résine de pavot, va goutter depuis ces entailles, sous la forme d'une crème laiteuse. Une fois séché, le liquide devient brun. Une fois collecté et décanté, il prendra sa couleur typique, d'un noir bleuté. La récolte dure quelques jours durant lesquelles les entailles qui se referment sont réouvertes.

Si la culture du pavot est universelle, le processus d'extraction du principe actif varie grandement à travers les siècles et les nations. Dans l'ouvrage de référence Opium, Art et histoire d'un rituel perdu, F. M. Bertholet nous renseigne cependant : il faudrait cultiver un hectare de pavot pour récolter mois de 2 kilos d'opium de la meilleure qualité.

"Un hectare de plants de pavot produit une récolte équivalente à huit a quatorze kilos d'opium brut. On laisse la substance décanter dans des jarres en terre, et on l'égoutte régulièrement jusqu'à ce que sa masse ne soit plus composée que pour moitié d'eau. Dans la fabrique d'opium, la substance brute produite est d'abord triée en fonction de son degré de fermeté, puis répartie dans des cuves en cuivre. Le contenu est ensuite brassé et retourné tous les jours, pendant un mois, ce qui permet de réduire encore son humidité à un cinquième. Les balles pétries à partir de cette masse initiale pèsent un peu moins de deux kilos. Elles sont placées dans des moules en argile. Ces moules seront stockés dans un hangar de séchage ventilé pendant deux mois et retournés quotidiennement, jusqu'à ce que le poids prescrit soit atteint. Les balles d'opium étaient ensuite emballées dans des coffres en bois de manguier, sur deux claies, à raison de vingt par claie."

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