24 Janvier 2022
La langue de Zarathoustra était l'avestan, qui est la langue éponyme de la partie la plus ancienne de l'Avestan, le livre sacré des zoroastriens et des mazdéens. Parlée quelque 2000 ans avant J.-C. Cette langue est très proche du sanskrit, tant dans son vocabulaire que dans son orthographe et sa grammaire. De l'avestan découle le persan ancien, parlé dans les prestigieux empires de Darius et Nabuchodonosor. Mentionnons aussi le parthe et le mède.
Le persan moyen est appelé pahlavi, c'est la langue des textes zoroastriens tardifs.
Le persan moderne, aussi appelé iranien par les Iraniens ou farsi par la diaspora iranienne zoroastrienne, est étonnamment semblable au perse ancien, comme l'est l'italien du latin. Cependant, à la suite de l'islamisation du pays, qui survint quelques décennies seulement après la mort du prophète Mahomet, l'iranien moderne s'inspira de l'arabe, langue sacrée de l'islam. Le persan emprunta de nombreux mots de vocabulaire, mais aussi l'alphabet, passant d'une écriture de type sanskrit (devanagari), à un alphabet arabe.
L'iranien est aujourd'hui parlé par plus de 110 millions de locuteurs, principalement natifs d'Iran, du Tadjikistan et d'Afghanistan (où cette langue est connue sous le nom du dialecte aristocratique dari, largement parlé par la population afghane moderne). Afin de compléter cet aperçu des langues persiques, mentionnons aussi le Pachtoune (38 millions de locuteurs), parlé lui aussi en Afghanistan, et le baloutche (7 millions), dont les locuteurs résident sur le littoral du golfe persique, autour de la ville de Karachi.
Enfin, le kurde (21 millions), parlé en Anatolie et au Proche-Orient, peut être rapproché de la famille persique.
La langue des Aryens indiens est le sanskrit. Le sanskrit, à travers son alphabet, son vocabulaire et sa culture (védisme), fut prépondérant de l'an 1000 avant notre ère jusqu'au milieu du millénaire suivant ; et ce du golfe du Tonkin jusqu'aux montagnes du Caucase, en incluant bien sûr l'ensemble du sous-continent indien, du Baloutchistan jusqu'au plateau tibétain. Cependant le sanskrit n'a jamais été une langue vernaculaire, des dialectes moins sophistiqués lui étant préférés.
C'est en sanskrit classique que furent composés 4000 ans de philosophie et de théologie hindoues. Les Vedas, les grandes épopées hindoues du Ramayana et du Mahabharata, les Puranas, de même que les traités de métaphysique, de médecine, de danse et de linguistique, furent composés en sanskrit.
Cette langue se divise entre le vieux, le moyen, et le sanskrit récent, qui n'est plus parlé de nos jours que par quelque 25 000 prêtres hindous qui la revendiquent comme langue première, pour un total de 1,3 million de locuteurs qui la maîtrisent comme seconde langue. De nombreuses traditions hindoues considèrent le sanskrit comme une langue divine qui doit demeurer inaccessible à ceux qui ne sont pas en mesure de la comprendre et n'encouragent donc pas les castes, outre les brahmanes, à pratiquer et à apprendre cette langue. L'entière population des locuteurs de sanskrit est donc originaire de la caste des brahmanes.
Du sanskrit découla les langues de l'âge brahmanique et classique indien, que sont le prakrit et le palit, la langue sacrée des premiers bouddhistes.
Le sanskrit est la langue dont furent originaires la plupart des langues vernaculaires du sous-continent indien, telle que, dans leur ordre d'importance en termes de locuteurs :
- L'hindi, parlé par 543 millions de locuteurs, principalement au nord de l'Inde et au Pakistan. Ce chiffre comprend aussi les locuteurs de l'ourdou, la version islamisée de l'hindi, avec un apport de vocabulaire arabe et son adaptation à l'alphabet arabe, parlée principalement à l'ouest de la plaine gangétique et autour de l'embouchure de l'Indus. La dénomination hindi comprend aussi le rajasthani, parlé par 50 millions de locuteurs vivant dans la région éponyme.
- Le bengali, parlé par 267 millions de locuteurs, installés des deux côtés de la frontière indo-bangladaise.
- Le penjabi, parlé par 148 millions de locuteurs, installés des deux côtés de la frontière indo-pakistanaise de la région éponyme.
- Le marathi, parlé par 71 millions de locuteurs marathes, une ethnie rurale et guerrière du centre de l'Inde qui connut son âge d'or lors des guerres du Deccan (16e siècle).
- Le gujarati, parlé par 50 millions d'habitants installés au nord-ouest de l'Inde, du sud du désert du Thar et jusqu'à l'embouchure de la Narmada.
En plus de ces langues célèbres et parlées par plus de 50 millions de locuteurs, s'ajoutent une myriade de dialectes régionaux dont la plupart sont reconnus par l’État indien comme langues officielles, si ce n'est administratives. Citons :
- Les dialectes du nord de l'Inde tels le bhojpuri (29 millions de locuteurs autour du Bihar), le maithili (27 millions de locuteurs dans le Bihar et le Jarkhand), le sindhi (26 millions dans la région du Sindh, c’est-à-dire du bas-Indus), le népalais (apparu vers la seconde moitié du premier millénaire après J.-C., et parlé par 16 millions de locuteurs), le chittagonien et le chitasgari (parlés par 16 et 12 millions de personnes de la région située entre le Népal, le Bangladesh et l'Assam) et enfin l'assamais (15 millions).
- Les dialectes du sud, tels l'oriya (33 millions de locuteurs dans la région située de l'Orissa jusqu'au sud des ghats orientaux) et le cinghalais (16 millions), introduit sur l’île de Ceylan en même temps que les Vedas.
Les langues helléniques sont le dorien, le thessalien, l’attique, l’ionique et le grec ancien. Le grec moderne semble le seul héritier de cette lignée, avec actuellement 12 millions de locuteurs.
Les Louvites, les Lydiens et les Phrygiens
De la dislocation de l'Empire hittite (-1600 à -1200), naîtront les nations phrygiennes et lydiennes (vers. -1000, avec un zénith vers -800). La Troiade et sa ville mythique de Troie font partie de l'aire culturelle post-hittite.
La famille linguistique à laquelle appartient le hittite comprend aussi le louvite, le lydien et vraisemblablement le phrygien.
Les Louvites sont locuteurs d'une langue indo-européenne anatolienne proche du hittite. Les Lydiens sont un peuple hellénisé d'Asie Mineur, locuteur d'une langue anatolienne associée aux précédentes.
La Phrygie est située à l'ouest de l'Anatolie. Gordion est la cité royale du roi Midas est sa capitale historique. L'identité de la langue phrygienne repose sur quelques centaines de mots et il est difficile de bien la connaître. Il semblerait cependant que le phrygien se rapproche de la branche balkanique des langues indo-européennes (donc probablement du grec).
La langue arménienne, une des plus anciennes langues du monde encore parlée de manière vivante et active par son peuple (3,8 millions). De nos jours, avec les Kurdes, les Arméniens sont les derniers descendants des premiers indo-européens d'Anatolie, entrés dans la région depuis l'Europe et les Balkans, vers -2000).
Les Bretons français, associés aux Irlandais, aux Gallois, aux Écossais, aux Galiciens et aux Asturiens, sont de nos jours les derniers héritiers culturels de l'Europe celtique. Les langues celtiques ne sont plus parlées aujourd'hui que par quelques millions de locuteurs bretons, gallois, irlandais ou écossais.
Sont qualifiées de romanes les langues dérivées d'une forme de latin vernaculaire, introduite par la présence romaine en Europe. Les principales langues romanes sont le français, l'espagnol, le portugais, l’italien et le roumain.
Proches des langues celtiques, les langues italiques concernent le latin, dont sont dérivés le romanche, possiblement le corse et dans une certaine mesure le roumain-moldave (26 millions de locuteurs) et les langues d’Oïl et d'Oc. Elles donneront plus tard naissance aux dialectes vernaculaires ou aux reconstructions administratives et littéraires que sont le français, l'espagnol, le catalan (10 millions de locuteurs), le portugais et l'italien. Ces langues se sont exportées aux quatre coins du monde, suivant les conquêtes des peuples européens, ainsi que leur colonisation des continents les plus éloignés. L'espagnol comprend aujourd’hui 577 millions de locuteurs, dont la plupart résident en Amérique du Sud. Il en va de même pour le portugais, et ses 240 millions de locuteurs, dont 210 millions sont Brésiliens. Le français, s'il est parlé en langue première par moins de 100 millions de personnes, est maîtrisé et employé à divers niveaux par près de 300 millions de locuteurs, principalement en Afrique. Quand le français se mâtine de vocabulaire indigène ou emprunté, il devient créole (10 millions de locuteurs) et se parle en particulier dans les îles des DOM-TOM. L'italien, s'il fut une langue internationale il y a quelques siècles encore, n'est plus parlé aujourd'hui qu'en Italie, avec 61 millions de locuteurs (même si cette langue reste relativement étudiée à travers le monde).
Les peuples balkaniques
Les Roumains sont un peuple héritiers des civilisations balkaniques, en particulier dace et thrace, mais aussi de la romanisation de la région entreprise dès le début du premier millénaire. Avec les Moldaves, les Roms et les Bulgares musulmans (et autres tartares), les Roumains sont les seuls peuples non slaves d'Europe de l'est. Par ailleurs, ils ont adopté le courant chrétien orthodoxe.
Les Moldaves sont le dernier peuple locuteur d'une langue romane en Europe de l'est avant l'hégémonie slavophone ukrainienne et russe qui s'étend jusqu'à l'Oural. Tout comme les Roumains, les Moldaves ont cependant adopté la tradition orthodoxe.
Les Dalmates sont un peuple installé sur les rives de l'Adriatique ayant parlé un dialecte indo-européen romanisé à présent disparu. Ils ont donné leur nom à la Dalmatie.
Les Illyriens occupaient la côte orientale de l'Adriatique. Sa famille linguistique ne perdure plus de nos jours qu'en infimes traces dans l'Albanais et dans les autres langues des Balkans.
Les Albanais sont donc un peuple descendant des premiers Indo-Européens ayant colonisé les Balkans. Leur langue est le dernier vestige d'une branche indo-européenne balkano-anatolienne éteinte. Originalité en Europe, les Albanais sont le seul peuple indo-européen musulman de ce continent (60 % de la population totale du pays), de même qu’ils sont le seul peuple non slave des Balkans.
Le peuple kosovar leur est apparenté (1,9 million d'habitants, musulman à 88 %).
La famille des langues germaniques comprend l'anglais, qui est la langue la plus parlée dans le monde avec 1,5 milliard de locuteurs peuplant les cinq continents, mais aussi de l'allemand (134 millions de locuteurs en Autriche et en Allemagne), et le hollandais (21 millions, comprenant ses variantes belges regroupées sous la dénomination de flamand).
Il existe de très nombreuses variations régionales et historiques de cette famille de langues. Certaines sont encore parlées, comme l’alsacien, le lorrain, le frison ou le bavarois, tandis que d'autres sont éteintes, comme le vandale ou le bourguignon. Tout comme le français et l'anglais, l'allemand possède aussi son créole, nommé yiddish et issu du mélange du vocabulaire slave et hébreu des juifs d’Europe, les Ashkénazes, émigrés durant la seconde moitié du second millénaire depuis les plaines Khazars d'Europe orientale.
Très proches des langues germaniques sont les langues scandinaves : le norvégien (4,5 millions), le suédois (9 millions), le danois (5 millions) et l'islandais (360 000). Ces langues sont parlées par la diaspora scandinave depuis la Laponie jusqu'au Groenland et même jusque dans certains États américains comme le Dakota ou le Minnesota, où ces langues étaient encore largement parlées par les émigrés d'Europe du Nord jusqu'à la moitié du 20e siècle. De nos jours, selon le dernier recensement américain datant de 2017, quelque 55 000 Américains parleraient encore le norvégien.
Les langues slaves
La famille des langues slaves est de nos jours celle qui est dotée de la plus grande diversité. À part le russe, il s'agit pour la plupart de langues nationales, voire régionales. Elles reflètent les différents clans slaves entrés en Europe à la fin du premier millénaire après J.-C., tels que les Russes, les Cosaques, les Bulgares ou les Slaves du sud. Certaines de ces langues s'écrivent en alphabet romain, comme le polonais (40 millions de locuteurs), le tchécoslovaque (10 millions) et le slovène (2,2 millions), quand d'autres s'écrivent en alphabet cyrillique, comme le russe (268 millions), le bulgare (8 millions), ou l'ukrainien (300 000). Quant au serbo-croate, il s’écrit en cyrillique dans sa version serbe (12 millions) et en alphabet romain dans sa version croate (4,2 millions).
Mentionnons enfin les langues baltiques, dont fait partie le lituanien (3 millions de locuteurs). Dans sa thèse publiée, Janis R. Palieps résume justement :
Les langues baltes ont souvent été reconnues comme comportant des éléments extrêmement archaïques. Les Lettons sont demeurés relativement isolés des influences extérieures pendant quelque 4000 ans. Donc, on peut postuler que les Lettons ont retenu certains éléments de la langue, du mode de pensée ainsi que des traditions de l'origine indo-européenne commune. Cela fait aussi penser que les Lettons d'aujourd'hui sont plutôt les gardiens que les créateurs de leur mytho-poésie.
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