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Arya-Dharma, l'héritage des spiritualités premières

Dharma-Yuddha

Le Dharma-Yuddha

Nous pouvons reconstituer le Code de guerre des kshatriyas indiens en étudiant le Mahabharata et en particulier le Bhishma Parva, « le Livre de Bhishma ». Il s'agit du 6e tome sur les 18 que compte l'épopée indienne. C'est au début de ce volume que se trouve la célèbre Bhagavad Gita, qui relate le dialogue entre Arjuna, le chef des Pandavas, et Krishna, l'avatar de Vishnou, quelques minutes seulement avant la collision entre les deux armées. Le Bhishma Parva décrit ensuite les dix premières journées de la légendaire bataille du Kurukshetra, qui en comptera 18 au total.

Cette bataille oppose le clan des Pandavas, dont le prince et champion est Arjuna, à celui des Kauravas, dont Bhishma est le commandant en chef. Avant que ne commence la guerre, Bhishma énonça des règles, que les belligérants acceptèrent sans pour autant réussir à les respecter. À la tête d'une armée initialement composée de 100 000 éléphants, dix millions de chars et d'un million de soldats, Bhishma est mortellement blessé lors de la 10e journée de combat. Le corps criblé de flèches, il délivre alors un dernier sermon, dont les dernières paroles furent les suivantes :

« Une vie qui s’éteint dans un lit est une vie perdue, mais mourir à la bataille pour une juste cause est le plus grand honneur qu'un homme puisse obtenir ».

Selon le Mahabharata et les paroles de Bhishma, le Code de guerre (Dharma-Yuddha) des anciens Aryens s'apparentait à ceci :

 

La diplomatie et le pacifisme

La réponse à une attaque doit être proportionnelle à cette attaque. Ceux qui combattent avec des mots doivent être combattus par des mots. Ceux qui combattent avec un char doivent être combattus par des chars. Ceux qui combattent à cheval doivent être combattus par des cavaliers. L'emploi d'arme disproportionné ou inéquitable est une cause de souffrance et de mort qui doit être évitée.

Ceux qui s'engagent dans des combats de mots et qui insultent, ne doivent être combattus que par des mots. Les armes ne doivent pas être employées contre les paroles, aussi blessantes soient-elles.

Si l'adversaire est pieux et honnête, toutes les tentatives possibles doivent être entreprises pour trouver une solution pacifique et honorable au conflit. Combattre ne doit être envisagé qu'en extrême recours. Faire la guerre est hasardeux, car l'issu d'une bataille dépend de la chance, la victoire est toujours incertaine et même les vainqueurs souffrent d'immenses pertes. Le succès s’obtient donc en négociant, et pas autrement. Les guerriers ne devront jamais s'affronter dans une guerre injuste, quelle qu’elle soit.

Un succès assuré grâce à la division parmi les rangs ennemis n'est qu'un succès temporaire. Un succès assuré par une guerre est le pire des succès. Indépendamment de l'issue de la guerre, les combats terminés, la fraternité et les bonnes relations entre les peuples belligérants doivent être restaurés.

Ceux qui désirent la victoire ne doivent pas tant conquérir par leur puissance et leurs exploits, que par leur vérité, leur piété et leur vertu. Combattre sans arrogance est le meilleur moyen de remporter la victoire, car celle-ci est toujours là où se trouve la droiture.

Un roi doit toujours être du côté du Dharma, c’est-à-dire de la vérité et de la justice. S'il ne sait pas déceler où se situe exactement le Dharma, alors il doit s'abstenir de guerroyer.

Les alliés ne peuvent être attaqués.

 

Avant la bataille

Avant d'attaquer, une armée ou un guerrier doit prévenir son adversaire. Personne ne doit être frappée par surprise.

Si un guerrier veut changer de camp, il peut le faire librement avant que ne débutent les hostilités (Yudhishthira).

Les combats ne débuteront pas avant le lever du soleil et devront avoir cessé au moment où le soleil se couche. Ce n'est qu'en de très exceptionnelles circonstances que les combats pourront se poursuivre de nuit.

Le début d'une bataille est marqué par le soufflement des conques. La victoire est, elle aussi annoncée par les conques.

 

Les règles sur le champ de bataille

Fuir le champ de bataille est un acte irréligieux.

Seuls les guerriers armés peuvent être attaqués.

Ne peuvent être frappés que les guerriers vêtus d'une armure.

Sur le champ de bataille, il est interdit :

- D’attaquer un adversaire de condition et d'armement plus modeste. Par exemple, un guerrier spécialisé dans le tir à l’arc ne doit donc pas combattre contre un adversaire maniant le javelot. Les soldats combattent donc d'autres soldats, les guerriers (rathi) combattent d'autres guerriers et les super-guerriers (maharathi) combattent d'autres super-guerriers. Un roi ne doit combattre qu'un roi. Deux guerriers peuvent se combattre en duel seulement s'ils sont tous les deux armés de la même arme et s'ils sont montés sur le même type de véhicule. Un guerrier sur un char doit donc combattre un autre guerrier de même nature. Un guerrier qui combat, perché sur le dos d'un éléphant doit combattre un autre guerrier de même nature. Un cavalier doit combattre un autre cavalier. Enfin, un fantassin doit combattre un autre fantassin.

- De frapper un guerrier déjà engagé dans un combat. Lorsque deux guerriers se battent, il n'est pas permis à un troisième guerrier d'intervenir. Un groupe de soldats ne doit pas attaquer un homme seul.

- D’attaquer un adversaire qui aurait le dos tourné.

- D’attaquer un guerrier dont l'armure ou l'arme sont fêlées, dont le char est cassé ou dont la monture est blessée.

- D’attaquer un guerrier tombé à terre.

- De frapper un homme tétanisé par la peur ou qui demande le salut. De même, il est interdit de frapper un guerrier qui recherche un endroit pour se mettre à l’abri.

- D’attaquer un adversaire manifestement en mauvaise santé ou ne présentant pas les dispositions nécessaires au combat. On ne doit pas s'en prendre à une personne qui a l'air, d'une quelconque manière que ce soit, anormal.

- D’attaquer à un adversaire qui pratique un rituel religieux.

- D’attaquer un guerrier dont le drapeau est au sol ou qui aurait sur son blason de mauvais augure.

Si une femme participe aux combats, elle ne peut s'opposer qu'à une autre femme. Il est interdit à un homme de combattre une femme. Un homme ne doit donc pas entreprendre le combat face à une femme.

 

Le personnel de guerre non-combattant

Les chevaux et les auriges des chars de guerre ne devront donc pas être blessés ou tués intentionnellement. Il n'est pas permis à un aurige de prendre part aux combats autrement qu'en conduisant son char.

Le personnel assurant la logistique de guerre ne doit pas être attaqué ou tué intentionnellement. Il s'agit par exemple des joueurs de trompettes et de tambours, des porteurs d'armes, de nourriture, de drapeaux ou des souffleurs de conques annonçant le début et la fin des combats.

Les animaux qui ne représentent pas une menace directe ne doivent pas être pris pour cible.

 

Les armes

Des règles spécifiques s'appliquent à chacune des armes employées. Concernant les combats à la massue, il est interdit de frapper en dessous de la ceinture. Concernant la bataille de char, il est interdit de blesser ou de tuer intentionnellement les chevaux de l'adversaire.

Il est interdit d'employer des flèches empoisonnées. Seules des personnes sans morale ni valeur emploieraient de telles odieuses méthodes. Si un guerrier est blessé de cette manière, il devra quitter le champ de bataille pour se soigner au campement, où il restera à l'écart le temps de se remettre complètement. Il méritera lui aussi les honneurs dus aux combattants.

 

Le sort des vaincus

Après avoir loyalement et courageusement combattu, la retraite est gratifiante.

On ne doit ni pourchasser, ni tuer un fuyard désarmé. Il est interdit de frapper un guerrier qui demande pitié. Les ennemis désarmés et blessés doivent être aidés et non pas attaqués ou tués.

Le guerrier qui se rend devient prisonnier de guerre. Il jouit alors d'un statut protecteur qui interdit sa mise à mort ou les violences à son égard.

Tous ceux qui meurent à la bataille doivent être honorés de la même manière, qu'ils soient du camp des vainqueurs ou des vaincus. Des rituels et des cérémonies doivent être célébrés pour tous les guerriers morts au combat, sans distinction ni discrimination.

 

 

Le sort des civils

Il est interdit de blesser ou de tuer une personne ou un animal qui n'aurait pas pris part aux combats.

Il est interdit d'attaquer le père qui n'a qu'un fils.

Il est interdit d'attaquer une femme, ou un homme qui porte un nom de femme.

Les vies des femmes, des prisonniers de guerre et des paysans sont sacrées.

Le pillage des villes, villages et campagnes est interdit.

Indépendamment de l'issue de la guerre, les combats terminés, la fraternité et les bonnes relations entre les peuples belligérants doivent être restaurés.

 

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