16 Janvier 2024
Trois phases succéssives de la diffusion des langues indo-européennes
Depuis quelques décennies, il est de bon ton, dans certains milieux universitaires et médiatiques, de nier l’existence des Indo-Européens, qui ne seraient que la chimère des suprémacistes de la race blanche. Cependant, la seconde guerre mondiale s'éloignant de nous, l'hypothèse indo-européenne revient en force, nettoyée de ses dérives idéologiques et s'appuyant cette fois non seulement sur la mythographie, l'histoire des religions, la littérature comparée et la linguistique, mais aussi sur des outils modernes et indubitables, comme la génétique.
S'il était encore possible il y a peu, de douter de l'existence d'un peuple proto-indo-européen originel, cela n'est plus possible aujourd'hui. L'étude des migrations des haplogroupes durant le Paléolithique supérieur a en effet prouvé que, si l'exacte localisation du foyer démographique originel des Proto-Indo-Européens demeure encore un mystère, il n'y a plus de raison de douter de la communauté ethnique, culturelle et religieuse qui unit les peuples de langues, de cultures et de religions indo-européennes.
Durant l'été 2023, le très célèbre et consensuel Institut Max Planck dévoila donc une étude à la méthodologie inédite : il s'agissait de réunir les travaux de dizaines d'universitaires spécialistes de génétique, d'archéologie et d’anthropologie, afin de proposer une approche pluridisciplinaire de la problématique indo-européenne. La pertinence de cette étude reposait sur le fait qu'au lieu d'opposer les théories steppique et anatolienne (qui sont deux théories peu convaincantes), elle les unissait en une seule et même « théorie hybride ». Celle-ci reprenait le meilleur des deux propositions précédentes, en y ajoutant une datation haute, qui plaçait l'existence des Proto-Indo-Européens plus proche du Mésolithique que du Néolithique. Enfin, l'étude allemande proposait comme lieu d'origine le nord de la Mésopotamie et en particulier les rivages sud de la Caspienne et les versants sud du Caucase.
De telles conclusions rejoignent en grande partie les miennes, que j'avais publiées un an plus tôt dans l'encyclopédie Arya-Dharma, l'héritage indo-européen (2022). J'avançais effectivement l'argument d'une théorie hybride, à 75% semblable à celle développée par l’institut Max Planck ; la principale différence étant que je proposais une datation encore plus haute et les rives nord de la mer Caspienne comme foyer d'origine (associé à une zone située entre le Caucase et l’Altaï).
En somme, si certains ont décidé, suivant leur agenda et leurs œillères politiques, de bouder les recherches indo-européennes, d'autres s'y engagent et continuent de défricher la matière qu'avait travaillée avant eux, les Muller, Darmesteter et Dumézil... Rappelons à propos le mot de ce dernier lorsqu'on lui demandait ce qu'il pensait des théories sur le « foyer indo-européen ». N'étant ni archéologue ni historien, mais anthropologue et spécialiste de la mythologie comparée, celui-ci répondait simplement :
Sur ces points fort débattus, la méthode ici employée n'a pas de prise et, d'autre part, la solution n'en importe guère aux problèmes ici posés. La “civilisation indo-européenne” que nous envisageons est celle de l'esprit.
Pour en savoir plus, cliquez sur les liens qui suivent :
L'article de Sciences et Avenir (été 2023)
L'article original de l'Institut allemand est disponible en cliquant sur le lien suivant :
New insights into the origin of the Indo-European languages
Linguistics and genetics combine to suggest a new hybrid hypothesis for the origin of the Indo-European languages
https://www.mpg.de/20666229/0725-evan-origin-of-the-indo-european-languages-150495-x
Sous forme de cartes, quelques théories géographiques et linguistiques sur l'origine et l'aire de diffusion des Proto-Indo-Européens, puis des différents peuples de tradition indo-européenne :
Sous forme de cartes, quelques théories géographiques et linguistiques sur l'origine des Proto-Indo-Européens